Le Botswana

 

Préhistoire-Moyen Âge

L'histoire du Botswana commence avec la présence de deux tribus principales sur cet espace : les San (communément appelés Bushmen) et les Khoïkhoï. Puis les Bantous Tswanas, émigrés de l'est africain aux alentours de 1800 ont forcé les populations en place à migrer à leur tour. Les Bantous Tswana se séparèrent en trois sous-groupes : les Pedi qui investirent le Transvaal, les Basotho, occupant l'actuel Lesotho et les Basutho de l'ouest (également appelés Tswana) qui occupèrent le Bechuanaland, lequel deviendra le Botswana actuel.

 

De nombreux migrants vinrent trouver refuge dans cette contrée, à l'image du peuple Herero, fuyant la domination allemande en Namibie. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, des missionnaires parmi lesquels David Livingstone et Robert Moffat eurent une influence non négligeable sur le pays : d'une part ils convertirent peu à peu les Tswana, mais ils développèrent également l'éducation et aidèrent les Tswana à obtenir la protection des Britanniques contre l'avancée des Boers dans la région.

 

Le protectorat britannique

C'est en 1885 que cette protection temporaire des Britanniques devint à proprement parler un protectorat à la demande des Tswana. Mais le Royaume-Uni voulut déplacer la capitale en dehors du Bechuanaland, à Mafeking en Afrique du Sud. De plus, son administration est confiée à la British South Africa Company, dirigée par Cecil Rhodes. Suite à la négociation des Tswana, Londres accepta d'annuler ces décisions, mais accorda à Cecil Rhodes une bande de terre pour y construire sa ligne de chemin de fer « Le Cap - Le Caire ».

Le protectorat britannique a fait entrer l'anglais dans les administrations, bien que la langue majoritaire dans le pays demeure le Tswana. Cette colonisation britannique se déroula sans heurts.

À la suite de leur victoire dans la guerre des Boers et de la création de l'Union Sud-Africaine en 1910, la nouvelle colonie proposa au Bechuanaland d'y prendre part, ce que les Tswana refusèrent. Les Tswana obtinrent tout de même une voix dans le Conseil consultatif africain créé en 1920.1

Les proclamations de 1934 régularisent les lois et pouvoirs des tribus. Un conseil consultatif euro-africain est formé en 1951, et la constitution de 1961 crée un conseil consultatif législatif.

 

Le Botswana indépendant

En juin 1964, la Grande-Bretagne accepte les propositions de création d'un gouvernement autonome élu démocratiquement au Botswana. En 1965, le siège du gouvernement est transféré depuis Mafikeng en Afrique du Sud, vers Gaborone nouvellement créée. La constitution de 1965 mène aux premières élections générales et à l'indépendance, le 30 septembre 1966. Seretse Khama, un chef de file du mouvement pour l'indépendance, est élu premier président de la République du Botswana.2

Au moment de son indépendance, le Botswana figure parmi les pays les plus pauvres au monde, encore plus pauvre que la plupart des autres pays africains. Le président Khama met au point un vigoureux programme économique visant à transformer le pays via l'exportation économique de bœuf, de cuivre et de diamants. La découverte en 1967 de gisements de diamants d'Orapa aide ce programme.

Entre 1966 et 1980, le Botswana connaît la plus forte croissance économique dans le monde. Une grande partie de cet argent est réinvesti dans différentes infrastructures, les soins de santé et l'éducation, ce qui entraîne le développement économique. Khama prend également des mesures énergiques contre la corruption, fléau de tant d'autres nations nouvellement indépendantes d'Afrique.

Contrairement à d'autres pays africains, l'administration de Khama adopte des politiques favorables au marché pour favoriser le développement économique. Il a promis des impôts peu élevés et stables à des sociétés minières, le libre-échange et l'augmentation des libertés publiques. Il maintient un faible impôt sur le revenu pour éviter la fraude fiscale et la corruption. Pendant son mandat, il confirme les principes de la démocratie libérale et d'antiracisme dans cette région victime de guerres civiles, de haine raciale et de corruption.

Sur le front de la politique étrangère, Khama évite de permettre à des groupes militants d'opérer à l'intérieur du Botswana. Selon Richard Dale, « le gouvernement de Khama avait le pouvoir de le faire en vertu de la prévention de 1963 sur l'acte de violence à l'étranger, et une semaine après l'indépendance, Seretse Khama a annoncé devant l'Assemblée nationale la politique de son gouvernement pour assurer que le Botswana ne serait pas devenu une base des opérations pour attaquer un voisin ». Peu de temps avant sa mort, Khama devait jouer un rôle majeur dans la négociation de la fin de la guerre du Bush de Rhodésie du Sud, la création qui en résulte, et l'indépendance du Zimbabwe.

Khama reste président du Botswana jusqu'à sa mort, causée par un cancer du pancréas, le 13 juillet 1980. Il est ensuite remplacé par son vice-président Ketumile Masire.3

 

En 1998, Masire se retire de la vie politique. La présidence est transmise au vice-président, Festus Mogae, qui remporte ensuite l'élection de 1999 et est réélu en 2004. Au cours de sa présidence, Mogae a diversifié l'économie de son pays, et contribué à assurer la prospérité du Botswana. Il a voué une large partie du budget national à la lutte contre le SIDA, qui ravage le pays. Toutefois, Mogae a également été critiqué par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme, pour avoir tenté d'expulser des bushmen San de leurs terres ancestrales du désert du Kalahari.4

Mogae démissionne du poste de président le 1er avril 2008, laissant la place à son vice-président Seretse Ian Khama, fils du premier président du Botswana. L'élection suivante, en octobre 2009, le confirme au pouvoir : son parti, le Parti démocratique du Botswana (BDP) remporte 45 des 57 sièges du Parlement.5

 

 

Une grève qui fera date

En 2011, la grève du secteur public est certainement l’une des plus grande grève qu’ait connu le pays. Depuis trois ans les 100 000 fonctionnaires étaient confrontés à un gel des salaires, pendant que l’inflation avoisinait les 14%.

La fédération des syndicats du secteur public du Botswana, la BOFEPUSO revendiquait une augmentation de 16%, prenant en compte l’inflation et intégrant 2% au titre de l’augmentation du pouvoir d’achat.

En réponse le gouvernement du Botswana Democratic Party et le Président de la république Ian Khama se sont transformés en véritable machine de guerre contre les grévistes et leur organisation syndicale.

En effet, les dirigeants du pays n’ont pas seulement refusé toutes négociations, mais de plus ils ont développé une politique agressive contre les salariés ; les manifestations, les rassemblements et les sit-in qui se sont déroulés à Gaborone, la capitale, ont été attaqués avec violence par les forces de l’ordre, les médias publics bâillonnés alors que la télévision d’état déversait, pendant les deux mois de conflit, mensonges et calomnies contre les grévistes, les traitant d’anti-patriotes et d’égoïstes. Accusant même les dirigeants syndicaux de se faire manipuler par l’opposition et de politiser le conflit.

Le président de la république lui-même, lors d’un meeting dans une commune rurale, a tenté d’opposer les travailleurs aux paysans, dans un pays qui est resté très largement agricole. Il a accusé les travailleurs de vouloir s’attribuer l’essentiel des richesses de la nation.

Ces manœuvres ont échoué en raison même de la situation sociologique du pays. En effet, comme pour la plupart des pays africains, la classe ouvrière est relativement récente et est issue de la paysannerie avec laquelle elle maintient des liens extrêmement forts. La plupart du temps, les travailleurs aident leur familles restées à la campagne pour l’achat du bétail, l’entretien de la ferme ; certains d’entre eux se portent garant pour des prêts bancaires et participent aux frais de scolarité des enfants ... Ainsi l’augmentation des salaires des travailleurs ne pouvait que se répercuter positivement sur la situation sociale dans les campagnes.

Ces attaques du gouvernement ne se sont pas arrêtées aux intimidations et aux calomnies, des leaders syndicaux ont été emprisonnés tandis que 3000 fonctionnaires en grève ont été licenciés pour avoir refusé d’obtempérer à des décrets gouvernementaux les obligeant à reprendre le travail.

Dans sa besogne le gouvernement de Gaborone a eu un allié de taille lorsque le FMI déclara, le 6 juin en pleine négociation entre les syndicats et la Direction de la gestion des services publics (DPSM), que les salaires des fonctionnaires étaient trop élevés.

Les résultats de la grève n’ont pas été à la hauteur des espérances : une augmentation de 3% pour tous alors que les syndicats préféraient une augmentation différenciée afin d’améliorer les salaires les plus bas. Le gouvernement concède la réembauche des fonctionnaires licenciés, mais pas forcément dans leur même poste et au même endroit.

Cette grève a largement mis à nu la réalité du pouvoir au Botswana considéré, dans les instances internationales, comme un modèle de démocratie qui a visiblement bien du mal à s’appliquer lorsque les travailleurs sont en lutte. Ce pouvoir a montré à l’ensemble de la population qu’il était prêt à tout pour défendre les possédants et l’ordre capitaliste.

La décision de suspendre la grève, qui est toujours un moment délicat, n’a pas été l’objet d’une consultation réellement démocratique des fonctionnaires en grève. D’autre part, les directions syndicales n’ont pas favorisé l’implication et la prise en main de la lutte par les grévistes eux-mêmes.

Certains observateurs font remarquer que la grève générale se posait avec acuité dans le pays et que le monde syndical, mais aussi politique, aurait dû tout faire pour élargir la lutte à d’autres secteurs. Il est indéniable que le renforcement des organisations syndicales, la sympathie profonde de la population à l’endroit des fonctionnaires en lutte et l’émergence d’une nouvelle couche militante qui ont fait leurs premières armes dans l’un des conflits les plus durs qu’a connu la pays, sont des éléments d’une grande valeur pour les luttes et les résistances à venir.6

 

 

Khama réélu en 2014

Le 26 octobre 2014, Khama est réélu par le parlement après les élections générales du 24 marquées par une forte participation (800 000 électeurs inscrits) et une victoire du BDP qui obtient la majorité des sièges.7

 

 

Économie

Le Botswana pourrait passer pour un modèle de réussite économique sur le continent africain. Il a bâti son avenir sur une administration démocratique, stable, et peu corrompue (Transparency International le classe régulièrement comme le pays le moins corrompu d'Afrique), une gestion prudente et un sous-sol riche en diamants (dont il est le troisième producteur mondial) et en minéraux (cuivre, nickel), mais aussi en charbon et pétrole. Ce pays, qui lors de son indépendance en 1966 était l'un des vingt-cinq plus pauvres du monde, se classe désormais parmi les plus prospères du continent. Il s'agit du seul pays au monde qui a pu afficher, lors de la période 1970-2000, une croissance annuelle moyenne de près de 9 % ; il est en outre le seul pays avec le Cap-Vert en 2007, les Maldives en 2011 et les Samoa en 2014 à être sorti du groupe des pays les moins avancés, en 1994.

Cette richesse théorique est cependant menacée par une trop grande dépendance de l'économie vis-à-vis du secteur minier, ainsi que par l'épidémie de SIDA qui sévit dans toutes les couches de la population.8

Malgré la croissance économique, environ 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

 

En janvier 2014, le pays figure sur la liste française des paradis fiscaux.

 

Santé

Le Botswana est fortement touché par le SIDA. Depuis le diagnostic du premier cas de Syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) en 1985, l'épidémie toucherait selon Onusida entre 25 et 30 % de la population botswanaise en 2005, réduisant la croissance démographique du pays à 0,1 % par an : selon certaines projections, la diminution de l’espérance de vie moyenne à la naissance due à l'épidémie serait en 2015 de près de 42,6 ans. Contrairement à une politique de planning familial qui viserait à réduire le nombre de naissances, l'impact de cette maladie se fait pleinement sentir au niveau de la population en âge de travailler, qui représente également la frange la plus sexuellement active.

La disparition prématurée d'une partie de la force de travail du pays a bien sur de multiples conséquences au niveau économique : dans un pays où les qualifications s'acquièrent d'abord par l'expérience, la baisse de l’âge moyen des actifs entraîne des tensions sur le marché des travailleurs qualifiés. La baisse de productivité, des investissements, des revenus de l'État et la hausse des dépenses de santé coûteront sur la période 2000-2015 près de 2 points de croissance annuels au pays.

Les causes de la progression fulgurante de la maladie au sein de la population sont multiples : pratiques sexuelles libérales (une étude locale de 1992 auprès des 18-25 ans avait montré que 55 % des hommes et 29 % des femmes avaient eu un ou plusieurs partenaires occasionnels dans l'année précédente, en sus de leur partenaire régulier) ; baisse de l’âge du 1er rapport, surtout chez les femmes. Les partenariats multiples sont en outre facilités par la mobilité des populations (exode rural, bonne qualité du réseau routier), ainsi que par l'usage local de posséder plusieurs lieux de résidence (au village, ainsi qu'à proximité immédiate des champs ou pâturages). En outre, la pauvreté, les inégalités hommes/femmes, ainsi que l'érosion de la structure sociale (en partie liée aux ravages de la maladie) conduisent à un contrôle social plus faible vis-à-vis des comportements sexuels. Enfin, le manque relatif de données statistiques précises limite aussi l'efficacité de campagnes de préventions moins ou mal ciblées.9

 

Éducation

Le Botswana a fait de grands progrès dans le développement de l'éducation depuis l'indépendance en 1966. À cette époque il y avait très peu de diplômés dans le pays, et seul un très faible pourcentage de la population parvenait jusqu'à l'école secondaire.

Avec la découverte de filons de diamants et l'augmentation du budget du gouvernement qui s'en est suivi, le Botswana a acquis les moyens financiers pour développer le domaine de l'éducation. Tous les étudiants sont garantis de bénéficier de dix ans d'éducation de base, conduisant à un certificat de qualification junior. Environ la moitié de la population scolaire participe à deux autres années de l'enseignement secondaire menant à l'attribution du Botswana General Certificate of Education (BGCSE). Après avoir quitté l'école, les élèves peuvent s'inscrire dans l'un des six collèges techniques du pays, ou prendre des cours de formation professionnelle pour l'enseignement ou pour devenir infirmières par exemple. Les meilleurs élèves entrent à l'université du Botswana de Gaborone, une université moderne et bien équipée, avec une population étudiante dépassant les dix mille inscrits.

Les gains quantitatifs n'ont pas toujours été récompensés par un gain qualitatif. Les écoles primaires en particulier, manquent encore de ressources, et les enseignants sont moins bien rémunérés que leurs collègues du secondaire. Le gouvernement du Botswana espère qu'en investissant une large part de recettes nationales dans l'éducation, l'économie du pays deviendra moins dépendante des revenus du diamant, mais également moins dépendante des expatriés pour alimenter son marché du travail en travailleurs qualifiés.

En janvier 2006, le Botswana annonce la réintroduction des frais de scolarité après deux décennies d'éducation exclusivement financée par l'État. Néanmoins, le gouvernement prévoit toujours d'accorder des bourses à tout étudiant de l'université du Botswana ou si la formation n'est pas assurée localement, comme les études de médecine, lorsque les étudiants doivent étudier à l'étranger.10

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Botswana
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Botswana
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Seretse_Khama
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Festus_Mogae
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Seretse_Ian_Khama
(6) Paul Martial http://npa2009.org/content/botswana%C2%A0-une-gr%C3%A8ve-qui-fera-date
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Seretse_Ian_Khama
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Botswana
(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Botswana
(10) https://fr.wikipedia.org/wiki/Botswana