Le Gabon

 

 

Les anciens Africains

Pour l'époque historique, les premiers habitants du Gabon sont des Pygmées émigrés d'Afrique centrale. Ils ont été poussés par les migrations bantoues qui, à leur tour, peuplent le Gabon du XIe siècle au XIXe siècle.

L’histoire du pays avant l’arrivée des Européens est une panoplie de récits de chasse, de pêche, de cueillette mais aussi d’agriculture et de guerre des différentes ethnies. Les Mpongwés et les Oroungous occupent les côtes tandis que les Loumbous exploitent le sel et que les Akélés et les Nzebis sont connus pour être de hardis chasseurs d’éléphants. Les dernières populations arrivées au XIXe siècle, les Fang, constituent de nos jours un tiers de la population du pays.

Étudier le Gabon ancien n'est pas facile faute de témoignage écrit. Les traditions orales des différents peuples ne sont pas faciles à interpréter notamment quant à déterminer la part de la réalité et de l'imagination dans le mythe. En outre, le climat équatorial et la nature des sols ne permettent pas une bonne conservation des restes humains et des traces de leurs activités. Néanmoins, il reste probablement des découvertes à faire.

 

L'esclavage et la traite

Les Portugais furent les premiers Européens à accoster au Gabon, en 1472, sur les bords du Komo. L'estuaire de ce fleuve en forme de caban, un manteau de marin, en portugais gabâo, donna son nom au Gabon. Lopez Gonzalvez, Fernan Vaz, Diego Cam reconnurent le rivage du Gabon. À leur suite, plusieurs autres nations européennes établirent des comptoirs sur les côtes. Des activités commerciales s'y développèrent et aussi bientôt, comme sur les autres côtes occidentales africaines, la traite des Noirs mais aussi le commerce de l’ivoire ou du bois d’ébène. Les premiers esclaves capturés par les Portugais, dès le début du XVIe siècle, furent employés dans les plantations de canne à sucre de Sao Tomé avant que le commerce vers l'Amérique ne devienne prépondérant.

À cause des migrations internes en cours, le Gabon était à cette époque sur la voie d'un équilibrage démographique qui fut perturbé par les Européens. Ces derniers, pour alimenter la traite des Noirs, capturèrent et achetèrent des esclaves à des chefs côtiers, lesquels asseyaient ainsi leur prédominance sur d'autres ethnies de l'intérieur du pays. Ce fut une période faste pour les ethnies côtières comme les Mpongwe et surtout les Oroungou qui se constituèrent un royaume dans les premières décennies du XIXe siècle. Ce commerce perdura, même après son interdiction, jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Pendant cette période, les Européens ne cherchèrent pas à occuper le pays. Ils se contentaient d'avoir des comptoirs permettant à leurs navires de mouiller en sécurité, d'embarquer les esclaves et les marchandises. Quand un pays européen installait un fortin, c'était plus pour se protéger de ses concurrents que pour coloniser la région. À la fin du XVIe siècle, les Hollandais supplantèrent les Portugais. Mais ils eurent un grave différend avec les chefs mpongwés de l'Estuaire qui détruisirent le fortin qu'ils avaient construit dans l'île de Corisco (1601). En 1698, une nouvelle querelle poussa les Hollandais à détruire plusieurs villages mpongwés.

Le royaume de Loango, fief du Manicongo qui s'étendait du Shiloango dans l'actuelle République du Congo à la pointe Kouango, dans l'actuelle province de la Nyanga, fut un grand pourvoyeur d'esclaves. Une partie de ces infortunés était embarquée à bord des navires européens sur le site actuel de Mayumba.

Le centre de ce trafic était l'île de Pongo, du nom des Mpongwés, qui ferme l'embouchure du Como et que les occidentaux nommait Isle du Roi parce que le roi des Mpongwés y siégeait. Par métonymie, toute la région pourvoyeuse correspondant au Gabon actuel était également appelée Pongo sans pour autant avoir été jamais explorée par les navigateurs eux mêmes.

 

La colonisation française

C'est à partir du traité signé entre Louis Édouard Bouët-Willaumez et le souverain mpongwè nommé Rapontchombo le 9 février 1839 que les Français étendent progressivement leur influence sur le Gabon : ils créent un poste militaire dans l'estuaire du Komo et la future capitale, Libreville, est fondée par des anciens esclaves libérés d'un navire négrier. La naissance de Libreville (1850) est liée à l'incident du navire négrier brésilien Ilizia. En effet, à la suite de la capture de ce navire négrier plein d'esclaves, les autorités françaises décident de les regrouper dans un village un peu à l'image de ce qui a eu lieu à Freetown. Ainsi, au départ Libreville, nom choisi pour exprimer la liberté acquise par ces esclaves, est constituée dès le départ de 30 esclaves et constituera le fer de lance du processus d'occupation du territoire gabonais par les Français. À la suite de l'action d'explorateurs tels que le Marquis Victor de Compiègne, son ami Alfred Marche, ou encore Pierre Savorgnan de Brazza, les accords avec les groupes de population intérieure se multiplient ainsi que les missions catholiques. En 1886, le Gabon fait partie intégrante de l'empire colonial français par le décret du 26 juillet.

 

La fixation des frontières du Gabon s'est faite progressivement, d'une part à cause de différends avec le Cameroun allemand, puis d'autre part du fait que, dans le cadre de l'Afrique-Équatoriale française, le Gabon a d'abord été rattaché au Congo français dont Libreville a été la capitale avant de céder la place à Brazzaville en 1910.

 

La population du Gabon travaille pour la puissance coloniale afin d'exploiter principalement ses ressources forestières. Lors de la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan, les conditions de travail sont si dures qu'elles provoquent les premières grandes révoltes. Vient ensuite l'exploitation minière qui fut la cause du va-et-vient de la province du Haut-Ogooué entre le Congo et le Gabon en 1925 et 1946.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Gabon se range du côté de la France libre après des affrontements entre colons Gaullistes et vichystes, pendant la bataille du Gabon. En 1946 le pays devient un territoire français d'outre-mer dans le cadre de l’union française et envoie des députés à l’Assemblée nationale en France. En 1958, le Gabon devient une république autonome, et Léon Mba en est élu président.

En octobre 1958, la Communauté française étant nouvellement créée, le Conseil de gouvernement du Gabon, s'appuyant sur l'article 76 de la Constitution, demanda à devenir un département français. Léon Mba, président du Gabon, chargea Louis Sanmarco de présenter la demande auprès du gouvernement métropolitain. Reçu à Paris par le ministre de l'Outre-mer, Bernard Cornut-Gentille, Louis Sanmarco reçut cette réponse sans ambiguïté : « Sanmarco, vous êtes tombé sur la tête ? N’avons-nous pas assez des Antilles ? Allez, indépendance comme tout le monde ! »

La réponse du ministre Cornut-Gentille reflétait la pensée du général de Gaulle, qui confia à Alain Peyrefitte : « Nous ne pouvons pas tenir à bout de bras cette population prolifique comme des lapins (…). Nos comptoirs, nos escales, nos petits territoires d’outre-mer, ça va, ce sont des poussières. Le reste est trop lourd ». Le général de Gaulle s'expliqua en ces termes sur l'"affaire gabonaise" : « Au Gabon, Léon M'Ba voulait opter pour le statut de département français. En pleine Afrique équatoriale ! Ils nous seraient restés attachés comme des pierres au cou d'un nageur ! Nous avons eu toutes les peines du monde à les dissuader de choisir ce statut. »

 

Les premiers temps de l'indépendance

Le Gabon devint indépendant le 17 août 1960 et en 1961 Léon Mba, poussé par Charles de Gaulle, fut élu président de la République indépendante. Mais la monnaie nationale est fabriquée par la France qui en fixe aussi la valeur.

 

Le 17 août est devenu la date de la fête nationale du Gabon, qui commémore ainsi la proclamation de l'indépendance du pays par Léon Mba et son accession à la souveraineté internationale, après plus de cinquante ans de colonisation française.

En 1964, Mba essaie d’arranger les élections pour se maintenir au pouvoir. Le 18 février 1964 il fut déposé par l’armée gabonaise et confie le pouvoir à son opposant civil Jean-Hilaire Aubame. Le 19 août 1964, l'armée française intervient pour remettre Mba au pouvoir. En 1967 il mourut d'un cancer en France et fut remplacé par Albert Bernard Bongo, directeur de cabinet de Mba soutenu par Jacques Foccart, responsable de la cellule africaine de l'Élysée. Pour assurer la transition, le SDECE fait enregistrer à Mba, alors agonisant, un message radio désignant Bongo comme vice-président.

Omar Bongo qui avait fait son service militaire dans l’armée française, au temps des colonies, qui avait par la suite aussi travaillé pour les services secrets français fut en fait jugé par les experts politiques français, comme celui qui serait le plus apte à défendre les intérêts économiques de celle-ci. En janvier 1968, Bongo est reçu par de Gaulle à l'Élysée, qu'il avait déjà visité en 1965.

 

L'ère Bongo

Le 12 mars 1968, ce dernier instaura le monopartisme avec la création du Parti démocratique gabonais. À partir de ce moment et pour une vingtaine d'années, les activités de l'opposition furent cantonnées à l'étranger. L'économie se développa autour de l'exploitation forestière (okoumé), minière (manganèse, uranium) et surtout pétrolière (Elf, sous la présidence de Giscard).1

En 1968, l'année de son arrivée au pouvoir, Bongo se fait baptiser dans le seul but d'obtenir une audience avec le pape Paul VI. En 1973, il se convertit à l'islam et devient El Hadj Omar Bongo. Pour certains, cette conversion ne fut qu'un moyen de se faire bien voir des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, principalement à majorité musulmane, le Gabon étant producteur de pétrole.

Fin 1968, Omar Bongo, toujours sous l'influence de Jacques Foccart, est contraint par la France de reconnaître la pseudo-indépendance du Biafra (sud-est du Nigeria). Il doit même accepter que l'aéroport de Libreville serve de plaque tournante aux livraisons d'armes opérées en faveur du colonel Ojukwu (le dirigeant sécessionniste du Biafra).

Son principal opposant, Germain Mba, est assassiné en 1970 à Libreville, par deux mercenaires français. Rien, cependant, ne permet d'incriminer le président gabonais.

En février 1973, Omar Bongo organise une première élection présidentielle, que, seul candidat, il remporte avec 99,6 % des voix. La même année, le choc pétrolier lui ouvre une décennie de prospérité (le cours du baril ayant explosé). Il en profite pour mener une politique d'infrastructures de grande envergure : créations de routes, de chemins de fer, de ports, d'Air Gabon, de centrales électriques… Mais aussi, nouveau palais présidentiel, Palais des conférences, Cité du 12 mars… La presse internationale parle en ce temps-là de « miracle gabonais ».

En 1977, un nouvel opposant, le poète Ndouna Depenaud, est assassiné dans des conditions mystérieuses. Une nouvelle fois, aucune preuve ne permet d'impliquer Omar Bongo.

Il est réélu président de la République du Gabon en 1979 : toujours candidat unique, il obtient 99,8 % des suffrages.

Dans les années 1980, le Gabon est victime d'une crise économique qui oblige son président à faire appel à la France. Le Fonds monétaire international (FMI) critique alors durement la politique économique gabonaise. Cette situation délicate n'empêche toutefois pas Omar Bongo d'être réélu une seconde fois, en 1986, avec 99,97 % des voix.

En 1990, Omar Bongo, à la suite d'une grève générale initiée par une révolte étudiante, est néanmoins poussé à organiser une conférence nationale à l'issue de laquelle il accepte la restauration du multipartisme et diverses réformes démocratiques. Il nomme alors Premier ministre le pseudo opposant Casimir Oyé Mba. Mais la mort, dans des circonstances encore obscures aujourd'hui, d'un autre leader de l'opposition, Joseph Rendjambé, relance la révolte. En septembre, des élections législatives, libres et transparentes, ne donnent qu'une faible majorité au Parti démocratique gabonais (PDG). Le Président gabonais démontre qu'en dépit de 20 ans de pouvoir, il maîtrise parfaitement le jeu politique d'une démocratie, et parvient ainsi à asseoir de nouveau son autorité.

En décembre 1993, il concourt à sa première élection présidentielle concurrentielle. Il est réélu au premier tour avec 51 % des suffrages, résultat non reconnu par les candidats de l'opposition.

En 1994, il s'oppose vainement à la dévaluation du franc CFA.

En 1998, il est une nouvelle fois réélu, avec 66 % des voix.

Dans les années 2000, Omar Bongo profite d'une nouvelle flambée du prix du baril de pétrole. La dette extérieure gabonaise demeure cependant très importante.

Il est réélu le 27 novembre 2005 avec 79,18 % des suffrages, selon les résultats officiels. L’opposition, avec à sa tête Pierre Mamboundou, a contesté ce scrutin.

Omar Bongo a, durant toute sa présidence (près de 42 ans), dirigé le pays de façon très directe, monopartisme ou multipartisme important peu.2

 

Morocco-Gabon connexion

Depuis l’arrivée au pouvoir de Bongo en 1967, les relations diplomatiques entre le Maroc et le Gabon sont restées fortes et soutenues. Converti à l’islam et devenu Hadj Omar Bongo dès les années 1970, ami et proche de Hassan II, Bongo a soutenu la position marocaine sur le Sahara. Des marocains sont intégrés dans sa Garde Présidentielle (GP) et prêtent main forte en cas de besoin. Les exactions de la GP, les meurtres par “accident”, les emprisonnements des opposants sont quotidiens.
Dans son livre “Les Affaires Africaines” publié en 1984 et resté interdit au Maroc, Pierre Péan révéla dans son enquête sur le Gabon que le poète Ndouma Depenaud, ancien mari de Mme Bongo a été exécuté par certains marocains de la GP en 1977.
“De 1975 à 1978, le Gabon a été la plaque tournante des mercenaires notamment Bob Denard, le plus célèbre d’entre eux”. Le parcours de ce mercenaire né au Maroc en 1929, mort en France en 2007, impliqué dans plusieurs coups d’État en Afrique est éloquent.

Bob Denard : fils d’un militaire de la “coloniale”, il fait ses premières armes en Indochine. Après un stage aux USA en 1952, il rentre au Maroc, embauché dans une société américaine de gardiennage. Il est recruté dans la police du Maroc colonisé, il traque les nationalistes et prépare la destitution de Mohamed V. Il travaille au SDECE et pour l’Élysée dans le “réseau Foccard” au service de Jacques Foccard, maître tout puissant de l’ex - empire français. Mercenaire, on le retrouve lieutenant-colonel au Zaïre de Mobutu. En 1967 il monte la mutinerie du Katanga, puis envoyé au Biafra, fermier au Gabon, ami de Bongo, il se retrouve chef de sa Garde Présidentielle, et participe aux différents coups d’État commandités par le “réseau Foccard”.

Après la mort de Hassan II, l’amitié s’est poursuivie entre Bongo et Mohamed VI qui a fait plusieurs séjours au Gabon et s’intéresse au marché gabonais qui offre de grandes opportunités pour faire des affaires juteuses grâce aux privatisations des secteurs publics.
En 2007, Maroc Télécom signe avec le Gabon un accord de cession de 52% du capital de Gabon Télécom et un programme destiné à moderniser ce secteur estimé à 100 milliards de CFA. En 2008, la banque marocaine Attijariwafa Bank a acquis 51% du capital de l’Union Gabonaise Banque (UGB), 2ème banque du Gabon.
À l’apogée du néo-libéralisme, le marché gabonais attise les convoitises d’hommes d’affaires marocains qui y font de nombreuses visites. Jusque là, le Gabon exportait au Maroc essentiellement son bois et le Maroc lui exportait quelques produits alimentaires, des vêtements, des chaussures. Le Maroc accueille par ailleurs 300 étudiants gabonais et forme des cadres civils et militaires.

 

Le Gabon de Bongo

La vie économique de ce petit pays d’1,3 million d’habitants est ponctuée de gigantesques escroqueries et projets aussi insensés que coûteux qui enrichissent Bongo et son entourage.
Assuré d’être élu à plus de 90% de suffrages à chaque élection, muselant toute contestation, supprimant ses opposants, Omar Bongo dirige le pays comme s’il s’agissait de sa propriété privée. Avec la crise du pétrole à la fin des années 70, Bongo déclare la priorité à l’agriculture, le Gabon lance la culture hors-sol (hydroponique) dans un pays qui ne manque pourtant pas de terre fertile et un projet sucrier de 30 000 tonnes/an alors que les Gabonais n’en consomment que 8000 tonnes.

 

Pour préparer le sommet de l’OUA (Organisation de l’Unité africaine) à Libreville en 1977, des travaux démesurés sont lancés : palais des congrès, hôtels, routes, tous ces marchés sont passés sans appel d’offre.
La construction du Palais présidentiel confiée à trois architectes français et à une société française (SETIMEG), coûtera 1,5 milliard de francs français.
Puis vient son chemin de fer Le Trangabonais, pour exporter le fer de Belinga situé à l’extrême est du pays, qui traverse sa région natale, le Haut Ogoué et passe par Franceville destinée à devenir une nouvelle capitale. Ce gigantesque ouvrage, l’un des plus grands chantiers du monde, commencé en 1975, a entraîné la déforestation de 3 millions d’hectares.
Avec tous ces travaux, la dette du Gabon explose. La facture sera laissée au peuple gabonais, qui n’a que faire de ces projets faramineux.3

 

La Mort du dictateur

Omar Bongo est mort à Barcelone, le 8 juin 2009. Il n'est guère d'homme politique français qui n'ait tenu a exprimer publiquement « ses regrets » ou « sa vive émotion », pas un président africain qui n'ait ressenti le besoin de saluer « la mémoire de l'illustre disparu », ou de pleurer « la perte d'un ami », « d'un frère », voire celle « d'un père ». Sarkozy y est allé de son couplet, regrettant « la perte d'un grand et fidèle ami de la France », qui aurait œuvré... « en faveur de la paix sur le continent africain » ! Tandis que Chirac a, lui, pleuré la disparition « d'un sage » ! Et voilà comment, de dictateur de son vivant, on devient presque un saint quelques heures après sa mort !

Omar Bongo a été l'un des dictateurs les plus corrompus du continent africain et un fidèle serviteur des intérêts de la bourgeoisie française. Il a été le symbole de l'affairisme. Il s'est maintenu au pouvoir grâce à l'armée française, qui n'a jamais quitté le Gabon depuis la colonisation. Mis en selle en 1967, grâce à l'appui de de Gaulle et d'Elf Aquitaine, Omar Bongo s'est cramponné à son fauteuil pendant plus de quarante ans. Il s'est fait réélire en 2005, avec près de 80 % des voix, fraude massive oblige. Il faut dire que la place était et est toujours lucrative. Tout en laissant Elf, puis Total, piller le pétrole gabonais, Bongo et son clan familial (son fils Ali Ben Bongo est ministre de la Défense) ont fait main basse sur l'économie du pays. Le vieux dictateur a été de tous les coups tordus de la France en Afrique, jouant les entremetteurs entre pouvoir et rebelles au Tchad, sauvant la mise à un autre dictateur en passe d'être renversé en Centrafrique, tandis que son pays servait - et sert toujours - de base arrière de l'armée française afin qu'elle puisse intervenir rapidement dans les autres pays du pré carré africain.

Ami de de Gaulle, de Pompidou, de Giscard, de Mitterrand, de Chirac et de Sarkozy, Bongo a maintenu les liens privilégiés entre la France et le Gabon sous tous les présidents français. Et pour cause, il était aussi connu pour ses largesses financières et payait les campagnes électorales de ses protecteurs, de gauche comme de droite.4

"Les subsides de Bongo servent à tout le monde lors des élections françaises et créent une sorte de colonialisme à l'envers", résumait en 2001 l'ancien patron des services secrets, Pierre Marion. Au fil des années, Omar Bongo a pris l'habitude de financer les candidats en campagne. Libreville s'impose comme étape obligatoire sur la route des campagnes électorales. En 2007, les candidats Jean-Marie Le Pen, François Bayrou et Nicolas Sarkozy s'y arrêtent. Et Omar Bongo est le premier chef d'État joint par un Nicolas Sarkozy devenu président. Sur Europe 1, l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a évoqué "un régime très personnel, fondé sur des systèmes financiers très contestables". Il est entre autres revenu sur la campagne présidentielle de 1981. "Normalement on n'accepte pas des financements étrangers mais j'ai appris que Jacques Chirac, mon concurrent, avait reçu des fonds d'Omar Bongo. Je lui ai alors téléphoné pour obtenir des explications : 'Ah, vous le savez', s'était-il simplement étonné", a-t-il ainsi raconté.5

 

Des casseroles aux marmites

Comme un dernier pied de nez à son peuple, Omar Bongo a eu la chance de mourir sans être jugé ni puni pour les crimes qu’il a commis. Le président gabonais est pourtant impliqué dans de nombreuses affaires comme l’affaire Elf, celle du financement de campagnes électorales en France ou encore, dernière en date, celle des biens mal acquis.

En 1994, éclate l’affaire Elf. Ce procès portant sur des détournements de fonds d’un montant global de plusieurs centaines de millions d’euros entre 1989 et 1993, a mis au jour les circuits de l’argent « noir » du pétrole, entre chefs d’État étrangers, les réseaux politiques français et les grands patrons. Omar Bongo est au première loge de cette affaire politico-financière, accusé de détournement de fond. L’instruction et les débats révèlent par exemple que le président du Gabon pouvait toucher des bonus à la signature d’un contrat, compris entre 1 et 5 millions de dollars, ou bénéficier des abonnements (de 40 cents à 1 dollar par baril de brut). Dans un rapport sur le blanchiment de l’argent sale aux États-Unis, le Congrès américain a estimé à 100 millions de dollars les sommes détournées chaque année par le président Bongo et son entourage. Bongo et les membres de son clan n’ont pourtant pas été condamnés par la justice.

Ce n’est pas tout, en 2007 commence un feuilleton judiciaire dans lequel Omar Bongo joue un des premiers rôles. En effet, une enquête judiciaire révèle l’important patrimoine mobilier et immobilier français d’Omar Bongo Ondimba du Gabon, de Denis Sassou Nguesso du Congo et de Teodoro Obiang Nguéma de la Guinée équatoriale. Dans cette affaire, ils sont tous trois accusés de « recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicités ». Selon Transparence international France et l’association Sherpa, ces biens mal acquis seraient constitués de 70 comptes bancaires ouverts en France au nom de sa famille et de 33 biens immobiliers prestigieux, dont une dizaine d’appartements à Paris, équivalant à plus de 150 millions d’euros. Deux plaintes, déposées par ces associations, ont été classées sans suite en 2007 et 2008 par le parquet.

Dans cette affaire, les pressions politiques sur les Congolais et les Gabonais qui dénoncent les biens mal acquis et se portent partie civile sont de mise. L’objectif est belle et bien de les faire taire puisque le 21 janvier 2009, deux incendies, l’un à Brazzaville et l’autre près d’Orléans, aux domiciles de Bruno Jacquet Ossebi et Benjamin Toungamani, deux militants congolais, ont entraîné la mort du premier et de sa famille.

Le 5 mai 2009 Françoise Desset, la doyenne des juges d’instruction au pôle financier de Paris, ordonne de nouveau l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les biens mal acquis, estimant que la plainte de Transparence international France et de l’association Sherpa est recevable. Deux jours plus tard, le Parquet de Paris, qui avait annoncé début avril qu’il s’opposerait à une telle décision, fait appel, expliquant que le plaignant, Transparency International n’a pas d’intérêt à agir. Cette ONG est pourtant spécialisée dans la lutte contre la corruption au niveau international...

La décision revient maintenant à la Cour d’appel de Paris.

Alors qu’une fenêtre de justice s’ouvrait sur l’affaire des biens mal acquis, Omar Bongo disparaît par la petite porte de secours, après 40 années de pillage de son propre peuple. Toutes les personnes impliquées directement dans les crimes commis par Omar Bongo doivent être poursuivies, jugées et condamnées qu’elles soient membres de sa famille, de son clan ou non, qu’elles soient gabonaises, françaises ou d’autres nationalités. Toutes les institutions complices doivent également être poursuivies et condamnées (banques, institution de l’État, sociétés pétrolières,…) à verser des indemnités à la population gabonaise qui a été spoliée.

 

Justice et réparation pour le peuple gabonais

Peuplé de 1,3 million d’habitants, l’« émirat » gabonais est un pays riche de son pétrole, de sa filière bois et de ses gisements de manganèse et de fer. Malgré ses immenses ressources naturelles et alors que le Gabon est le 84e pays le plus riche du monde si on considère son Produit Intérieur Brut par habitant , le pays est relégué à la 119éme place sur 177 au classement de l’indicateur de développement humain. « Cet écart de 35 places, l’une des pires performances de la planète, illustre combien les richesses du pays profitent peu à la population et sont concentrées dans les mains du clan au pouvoir et des entreprises françaises. Ces dernières sont présentes dans tous les secteurs de l’économie, la France constituant 80 % des investissements étrangers au Gabon. La principale entreprise est Elf, désormais TotalFinaElf. Une proximité franco-gabonaise ouvertement assumée par Omar Bongo : " L’Afrique sans la France, c’est la voiture sans le chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant '' ».

La population gabonaise est ainsi privée de ses richesses. En 2009, 62% des Gabonais vivent en dessous du seuil de pauvreté. En plus des détournements d’argent public, les plans d’ajustement structurel successifs, imposés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (privatisations, réduction des budgets sociaux, libéralisation de l’économie, ouverture des marchés, suppression des subventions aux produits de base, etc.) ont permis l’enrichissement de quelques-uns et ouvert des marchés aux multinationales. Dans le même temps ces plans ont entraîné chômage et pauvreté pour le peuple gabonais. La moitié du budget de l’État gabonais passe dans le service de la dette. Dette qui, rappelons le, est largement illégitime puisqu’en 1960, la Banque mondiale a transféré au nouvel état indépendant les dettes précédemment contractées par la France, et ce en violation complète des règles du droit international.

La mort de Bongo, ne doit pas empêcher que justice soit rendue au peuple congolais. Comme le stipule la Convention des Nations unies contre la corruption, que la France a ratifiée, il est obligatoire de restituer la totalité des avoirs détournés (art 51) après avoir levé le secret bancaire (article 40). Cette dernière mesure est absolument nécessaire et urgente pour restituer les biens mal acquis aux populations du tiers-monde, victimes directes de ces détournements d’argent public et des complaisances occidentales. Au total, ce sont entre 20 et 40 milliards de dollars qui fuient chaque année les pays du Sud à cause de la corruption ; ce qui représente 20 à 40 % des chiffres affichés d’« aide publique au développement ».

Bongo (tout comme d’autres dictateurs protégés par la France ou d’autres puissances occidentales) est mort avant que justice ne soit rendue à son peuple. La France a une grave responsabilité devant le peuple gabonais, il est temps qu’elle arrête de soutenir, de protéger et de considérer comme « amis » les pires dictateurs. Aujourd’hui son clan, ses complices et ceux qui comme lui ont violé les droits humains doivent être condamnés et des réparations doivent être accordées aux populations, premières victimes de ces bourreaux. Dans la lignée de ces réparations la dette des pays africains, outil néocolonial de domination, de pillage et de violation des droits des peuples doit être immédiatement et sans condition annulée.6

 

Le roi de la Françafrique est mort, son fils Ali Bongo lui succède

Malgré les résultats des élections présidentielles contestés et les mobilisations populaires pour exiger leur annulation, Ali Bongo, candidat de la Françafrique a été déclaré Président du Gabon le 30 août 2009. La tristement célèbre Garde Présidentielle et l’armée ont quadrillé Libreville et dispersé avec violence les manifestants. Symboles de la Françafrique et du régime d’Omar Bongo, le consulat de France et l’édifice du groupe français Total ont été incendiés. Au mépris de l’opposition du peuple gabonais, Sarkozy et Mohamed VI ont été les premiers à féliciter Ali Bongo et lui accorder leur bénédiction.7

 

 

Omar Bongo était le symbole de la Françafrique. Au pouvoir pendant 41 ans, il a vu passer tous les présidents de la Ve République et participé au financement de partis politiques français, notamment de la mouvance gaulliste. Avec son clan familial, il a fait main basse sur l'économie du Gabon tout en laissant Elf, puis Total, piller le pétrole, condamnant ainsi la majeure partie du peuple gabonais à vivre sous le seuil de pauvreté. L'AFRIQUE mérite bien son surnom de POMPE A FRIC.

 

Le règne d'Omar Bongo a débuté le 2 décembre 1967 jusqu'à sa mort en 2009.

 

2 décembre 1967 = 2x12x1967 = 47208

 

47208 est le code commune de POMPOGNE dans le Lot-et-Garonne.

 

POMPOGNE = POMPE ONG

 

Une POMPE à carburant est un dispositif permettant d'aspirer le PÉTROLE.

 

Le 2 décembre 1967, Omar Bongo a été mis en selle par la France pour notamment permettre à Elf de POMPER les richesses du pays à travers l'exploitation du PÉTROLE.

 

Une ONG (Organisation Non Gouvernementale) est une organisation d'intérêts publics qui ne relève ni de l'état ni d'institutions internationales8. Une ONG est une association à but non lucratif qui agit pour le BIEN COLLECTIF.

 

ONG = 15x14x7 = 1470

 

1470 = 14 07

 

Le 14 07 (14 juillet) est le jour symbolique de la RÉVOLUTION française.

 

Dieu appelle les peuples à faire la RÉVOLUTION car les multinationales sont de véritables « POMPES À FRIC » qui pillent les ressources naturelles de la Terre avec l'appui des puissances impérialistes.

Dieu nous demande de prendre le contrôle de ces multinationales en les nationalisant sans indemnité.

Actuellement, « les populations des pays riches en matières premières vivent dans une pauvreté qui ne cesse d'augmenter. L'Afrique est le continent le plus riche sur la planète : le Nigeria, le 6e exportateur de pétrole au monde, l’Algérie, le 6e exportateur de gaz naturel, l’Afrique du Sud, le 4e producteur d’or, la Namibie et le Niger, le 3e et le 4e exportateur d’uranium, etc. Pourquoi alors la plupart des pays africains sont-ils sous-développés et leurs populations vivent dans la misère ? Tout simplement parce que les Africains n'ont pas le droit de profiter des richesses de leur propre terre car elle ne leur appartient plus9. » Toutes les ressources d'Afrique sont privatisées par des multinationales, des entreprises étrangères privées, dont les patrons s’enrichissent au prix des millions de vies humaines. « Le système capitaliste, la mondialisation et la ''démocratie'' ne sont que des outils qui aident les gouvernements des pays développés à légaliser le vol. Un vol dont les conséquences expliquent la situation économique actuelle. Un vol qui, aujourd’hui, est devenu un crime contre l’humanité. »10

Le secteur pétrolier est l’un de ceux où la domination du capital s’exerce de la façon la plus absolue, en quelque sorte la plus pure. Il est sous la coupe de quelques gigantesques sociétés, qui concentrent une masse de capitaux, comme jamais sans doute dans l’histoire du capitalisme.

Au nom même de la concurrence et de la libre entreprise, quelques trusts, adossés à leurs États, dominent grâce à l’opacité la plus totale, aux mensonges, aux manipulations et aux guerres menées en notre nom.

Ces compagnies ont dicté leurs lois aux États et mis la planète en coupe réglée au mépris des peuples et de l’environnement, c’est-à-dire au mépris de l’avenir même de l’humanité.

Elles décident en toute impunité de la gestion et du devenir des ressources naturelles.

C’est pourquoi ce qui devrait être à l’ordre du jour, c’est bien l’expropriation des grands moyens de production et l’organisation de celle-ci en fonction des besoins du plus grand nombre.

La gestion collective et planifiée des ressources du sous-sol comme de toute l’économie, sous le contrôle démocratique de la population, reste plus que jamais une urgente nécessité.11

Dieu nous demande ainsi de faire la RÉVOLUTION pour prendre le contrôle des richesses afin qu'elles servent uniquement l'INTERET COLLECTIF.

 

Après la mort d'Omar Bongo, son fils ALI lui a succédé.

ALI = AIL

Si tu veux obtenir des AILES pour t'envoler au paradis, tu dois faire la RÉVOLUTION contre le système capitaliste.

Le mot d'ordre est « Ben ALI DÉGAGE ! »

Après être arrivé au pouvoir, les querelles de succession entre Ali Bongo, successeur de son père à la tête de l’État gabonais, et sa sœur aînée Pascaline, qui a organisé l’inventaire de la succession paternelle à partager avec les 51 autres héritiers, ont fait apparaître une société financière, la société holding Delta Synergie.

Au travers de cette nébuleuse financière, la famille Bongo a fait main basse sur plus de quarante sociétés, s’assurant la mainmise sur des pans entiers de l’économie du pays.

Delta Synergie est en relation avec des sociétés françaises qui s’octroient, selon Le Monde, plus de 30 % du marché du Gabon. Elle est liée à Total au travers d’une société de raffinage. Aux côtés de la famille Bongo, plusieurs sociétés françaises font partie du capital de Delta Synergie, directement ou par filiales interposées : la BNP, Bolloré, Bouygues, Veolia, qui détient depuis 1997 le monopole de l’eau et de l’électricité dans le pays, ou encore Eramet, groupe dont l’actionnaire principal est la famille Duval, 68e fortune de France, qui exploite plusieurs mines de manganèse au Gabon. Quant à l’entreprise française Rougier, qui dispose de plus de deux millions d’hectares de concessions forestières au Gabon et dans les pays voisins, elle n’a semble-t-il pas de lien avec Delta Synergie, mais l’État du Gabon l’a renflouée en 2012 à hauteur de 35 % du capital de sa filiale africaine.

Si on ajoute que plus d’un tiers des 1,6 million de Gabonais vivent sous le seuil de pauvreté, on a un tableau du système d’exploitation qui pèse sur le pays.12

Donc en France, nous devons prendre le contrôle de ces multinationales françaises pour que les richesses reviennent enfin aux Gabonais lorsqu'ils auront renversé leur dictateur et pris le pouvoir en main.

 

BONGO = BO ONG

ONG = 1470

14 7 = 14 juillet = RÉVOLUTION

BO = 2x15 = 30

Le chef-lieu du département 30 est la ville de NIMES.

NIMES = MINES

Dieu nous demande de faire la RÉVOLUTION avec les MINES de nos stylos, car lorsque nous aurons pris le pouvoir politique en main, nous renverserons le capitalisme en réécrivant les Constitutions pour supprimer la propriété privée des moyens de production et ainsi prendre le contrôle des multinationales sans indemniser leurs actionnaires. C'est la marche à suivre pour que les peuples prennent enfin le contrôle des richesses et construisent un nouveau monde.

 

BONGO = 2x15x14x7x15 = 44100

44100 = 100 44

Jules César est né en l'an 100 et mort en 44 av. J-C.

Dieu nous montre qu'Omar BONGO était César : il régnait sans partage sur le Gabon.

Or César a besoin d'une armée pour le protéger, et au Gabon, c'est l'armée française qui protégeait le règne de César BONGO.

 

Omar BONGO est né le 30 décembre 1935 : le 364e jour de l'année.

364 = 36x4 = 144

144 se prononce 100 44.

Jules César est né en l'an 100 et mort en 44 av. J-C.

Le 30 décembre est le 365e jour d'une année bissextile.

365 = 153+212

153 = Jules César a été tué un 15 3 (15 mars).

2 12 = 2 L = 2 AILES

À travers Omar BONGO – né un 30 décembre – Dieu nous précise que pour obtenir les 2 AILES qui mènent au paradis, la nouvelle Alliance nous impose de signer l'arrêt de mort de César – en prenant collectivement le pouvoir politique et économique en main – afin de partager équitablement les richesses.

 

Omar BONGO est devenu président du Gabon un 2 décembre (2 12).

2 12 = 2 L = 2 AILES

Dieu met ainsi en lumière les 2 AILES que nous obtiendrons en luttant pour prendre collectivement la place du président de la République – qui est actuellement au service de César.

 

BONGO = 2x15x14x7x15 = 44100

44100 était le numéro de mon code postal lorsque j'ai vu Dieu le 20 avril 2008, alors que j'habitais au 43 rue des Plantes à NANTES.

NANTES = SATAN

Omar BONGO est le symbole de la Françafrique : la politique impérialiste de la bourgeoisie française qui installe et soutient des dictateurs pour permettre aux capitalistes français de piller les richesses naturelles du continent. Ce pillage condamne des millions d'Africains à mourir de faim et de maladies chaque année ; par conséquent, Dieu nous demande de faire la RÉVOLUTION pour renverser le pouvoir de SATAN.

Si nous suivons son message à la lettre, Dieu nous donnera les 2 AILES qui mènent au paradis.

 

 

Mascarade électorale et répression

À peine la victoire d’Ali Bongo, l’actuel président du Gabon, était-elle proclamée dans la soirée du 31 août 2016 que les émeutes ont commencé dans la capitale Libreville et la ville pétrolière de Port-Gentil. Les partisans de Jean Ping, son principal opposant, avaient toutes les raisons de crier à la fraude électorale. Une répression sauvage s’est aussitôt abattue sur eux.

Les résultats de l’élection présidentielle se sont fait attendre pendant quatre jours, alors que les deux candidats s’étaient par avance proclamés vainqueurs. La population de Libreville, elle, s’était calfeutrée chez elle et les commerçants avaient baissé les rideaux de leurs boutiques en prévision des affrontements. Des camions chargés de militaires lourdement armés patrouillaient dans la ville. À l’annonce du résultat les partisans de Jean Ping sont descendus dans la rue et ont incendié le bâtiment de l’Assemblée nationale. Ils ont été rapidement refoulés par la police et l’armée qui a attaqué leur quartier général à l’arme lourde. Ce soir-là et les jours suivants, un millier de personnes ont été arrêtées, et les tirs ont fait de nombreuses victimes.

Selon les résultats officiels, Ali Bongo n’aurait devancé son rival que de 5 594 voix. Cela est d’autant plus sujet à caution que les résultats de la province dont est originaire le président ne sont arrivés qu’après plusieurs jours, et que ce sont eux qui ont assuré sa victoire. Dans cette province, le Haut-Ogooué, Ali Bongo a recueilli 95 % des voix avec une participation de 99,93 % au scrutin, alors que la participation était de 53 % dans la plupart des autres provinces. Et le gouvernement gabonais s’est opposé à la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote que réclamait Jean Ping.

Le clan Bongo règne sur le Gabon depuis maintenant cinquante ans. Omar Bongo avait été mis en place par de Gaulle pour assurer à Elf le monopole dans ce petit territoire riche en réserves pétrolières. Son fils Ali lui a succédé à sa mort, après des élections truquées, qui elles aussi avaient étés suivies de troubles et d’une répression féroce. Le clan n’a cessé d’accorder une place de choix aux trusts français et aussi de garantir à l’armée française l’une de ses plus importantes bases en Afrique. Elf, devenu par la suite Total, exploite les gisements pétroliers, Bouygues bénéficie de marchés profitables dans les travaux publics, Bolloré contrôle les ports gabonais, Eramet possède l’immense mine de manganèse de Moanda et assure 90 % de la production gabonaise, et Rougier est l’une des principales sociétés pour les bois tropicaux et les scieries.

Les revenus tirés de ces richesses pourraient largement permettre aux Gabonais, qui ne sont qu’un million sept cent mille, de vivre correctement. Il n’en est rien, car ces sommes vont directement dans les poches du clan Bongo, qui les dilapide en voitures de luxe, villas sur toutes les Riviera, voyages facturés à des prix faramineux et autres dépenses somptuaires. Pendant ce temps une partie de la population reste plongée dans la misère, notamment dans les bidonvilles qui entourent la capitale, où elle est dépourvue d’eau potable et d’électricité. L’éducation, les soins médicaux lui sont inaccessibles.

Face à cette mascarade électorale et à la répression qui a suivi, la France s’est bornée à réclamer mollement la publication des résultats bureau par bureau, de même que l’Union européenne, l’ONU ou les USA. Le gouvernement français aurait certes préféré qu’Ali Bongo passe la main à Jean Ping. Celui-ci présentait toutes les garanties aux yeux des puissances impérialistes. Ancien ministre des Affaires étrangères, puis des mines et de l’énergie sous Omar Bongo, il avait été au cœur du système. En outre, ancien compagnon de la sœur d’Omar Bongo, connue pour avoir dilapidé des sommes folles en voyages autour du monde, il était clair que la corruption ne le rebutait pas. Ping était le candidat idéal pour un ravalement de façade, préférable du point de vue de l’impérialisme à l’acharnement avec lequel Ali Bongo s’accroche au pouvoir et qui peut toujours faire craindre une explosion de colère populaire, semblable à celle qui a renversé il y a deux ans au Burkina Faso un autre dictateur, Blaise Compaoré.

Mais, puisqu’Ali Bongo a réussi à s’imposer par la force, les dirigeants français sauront en prendre leur parti. Ils l’ont fait pour d’autres dictateurs africains reconduits au pouvoir la même année, comme Sassou-Nguesso au Congo. Les intérêts des trusts français et la présence militaire en Afrique sont à ce prix.

Quant à la population gabonaise, elle n’a rien à attendre de ces deux créatures de l’impérialisme.13

 

 

Au cœur de la Françafrique

Le putsch du 30 août 2023 au Gabon a renversé le président Ali Bongo, quelques heures après la proclamation de sa réélection, à l’issue d’un scrutin vraisemblablement truqué comme au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ses initiateurs s’appuyaient sur le rejet dans la population de la politique de pillage de l’impérialisme français.

Il est cependant rapidement apparu que le nouveau président, le général Oligui Nguema, cousin d’Ali Bongo et responsable de sa Garde présidentielle jusqu’au coup de force, n’avait pas l’intention de mettre en question la présence française dans ce pays d’Afrique centrale de 2,4 millions d’habitants. Il a tout de suite dit qu’il ne remettrait pas en cause les engagements internationaux du Gabon. Après la condamnation d’usage, les autorités françaises se sont donc accommodées de cette succession. Oligui Nguema n’était pas plus soucieux de démocratie que son prédécesseur. Il n’a ainsi prêté aucune attention au candidat concurrent d’Ali Bongo, qui lui demandait simplement de procéder à un décompte officiel des voix, ce qui lui aurait vraisemblablement donné la victoire. Le chef de la junte entendait bien rester au pouvoir, promettant juste une transition à durée indéterminée qui lui permettrait de mettre la main sur les richesses que l’impérialisme daigne laisser à ses serviteurs locaux.

Pour 3 milliards de chiffre d’affaires en 2022, quelque quatre-vingts sociétés françaises étaient présentes au Gabon, comme Air France, Eiffage et Colas dans les travaux publics, Air liquide pour le gaz industriel, CMA CGM dans le transport maritime, ainsi qu’un fonds d’investissement dans les infrastructures, Meridiam.

Depuis l’indépendance, l’histoire du Gabon est inséparable de l’exploitation pétrolière qui a enrichi Elf, devenu aujourd’hui Total­Energies, qui continue à pomper l’or noir du pays et à y exploiter des stations-service. Le Gabon n’est peut-être plus le fleuron pétrolier qu’il était du temps du père Bongo, mais il reste une manne pour des sociétés d’extraction de second rang, spécialisées dans le rachat de gisements en fin de vie, comme Perenco, propriété de la famille Perrodo, 15e fortune française.

La grande affaire semble toutefois être désormais l’extraction du manganèse dans les mines de Moanda, les plus importantes du monde, qui ont fait du pays le deuxième producteur mondial de ce minerai essentiel à la fabrication des batteries des véhicules électriques. C’est la multinationale française Eramet qui l’extrait et le convoie à travers le pays et en fait profiter ses actionnaires.

« La Françafrique est morte depuis longtemps », a répété Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères. Le Gabon reste largement sous la coupe de grands groupes capitalistes français, qui exploitent une population parmi les plus pauvres du monde. La présence permanente de quelque 400 soldats français au Gabon illustre la continuité de cette politique impérialiste.14

 

Le dictateur est parti, pas les militaires

Le Gabon vivait désormais sous le règne des militaires qui ont chassé le dictateur, Bongo. Mais, pour les classes populaires, la situation restait très difficile et la contestation se développait.

Les militaires ont essayé de trouver un soutien populaire. Ils ont montré les valises de billets trouvées dans les maisons de la famille Bongo ou chez certains dignitaires du régime. La presse était aussi plus libre, dévoilait ce qui jusque-là était caché, et se permettait même de critiquer l’ancien régime et ceux qui y participaient. Surtout, les retraites des fonctionnaires étaient de nouveau payées, alors que ce n’était plus le cas depuis 2020 et que toutes les réclamations étaient violemment réprimées.

Mais le nouveau régime a aussi vite montré ce qu’il avait en tête. Ainsi, un décret a interdit à tous les membres du gouvernement dit de transition de se présenter à la future élection présidentielle, sauf au chef de la junte, Brice Oligui Nguema, alors qu’il dirigeait la garde présidentielle de Bongo ! Les militaires ont refusé de donner le pouvoir aux partis de l’opposition à Bongo, comme ceux-ci le demandaient au début du coup d’État. Nguema a rencontré le candidat de l’opposition, Albert Ondo Ossa, sans que leurs tractations soient révélées. Et ensuite, ce politicien est devenu bien discret.

Par ailleurs, le chef de la junte a rencontré tous les dignitaires de l’ancien régime pour leur demander des conseils, parait-il. Cela a été ressenti par beaucoup comme une provocation. Et les militaires n’ont pas entrepris de démarches pour toucher aux nombreux biens de la famille Bongo, en France notamment. D’autant plus que leur chef possédait lui-même plusieurs maisons luxueuses aux États-Unis.

Surtout, si une grande partie des malversations des Bongo et consorts ont été révélées au grand jour, les militaires se sont bien gardé de dénoncer la domination de l’impérialisme, français notamment, et les énormes profits de Total dans le pétrole ou d’Eramet dans le manganèse. De nombreuses entreprises françaises continuent de s’enrichir grâce aux contrats très avantageux que la dictature leur avait concédés. L’ambassadeur de France fut d’ailleurs le premier reçu par Nguema, qui a aussi eu une entrevue avec le directeur au Gabon du trust Eramet. Cela expliquait certainement le silence du gouvernement français sur ce coup d’État, les intérêts des capitalistes français étaient toujours bien protégés.

Si, en général, la population était satisfaite d’être débarrassée de la dictature de Bongo, elle n’avait pas vraiment d’illusions sur les militaires au pouvoir. D’ailleurs, la presse gabonaise a rapporté des grèves contre les conditions de travail.15

La seule perspective pour que les choses changent réellement, ce serait que la population, dont la classe ouvrière, importante au Gabon, notamment dans les mines, intervienne pour prendre son sort en main. Il n’y a en effet rien à attendre des chefs militaires, formés à la répression des révoltes populaires, et pas davantage des politiciens de l’opposition, qui ne rêvent que d’arriver au pouvoir pour s’enrichir en maintenant la population dans la misère.

 

 

Retour sur l'Affaire Elf : le symbole de la Francafrique

Par Antoine Lerougetel. Le 25 Novembre 2003.

Le procès Elf pour corruption dont le verdict et les condamnations ont été rendues le 12 novembre 2003 par le juge Michel Desplan, président du tribunal correctionnel de Paris, donne un aperçu à vous glacer le sang sur la nature de l'État français, de la politique française et de l'impérialisme français dans son ensemble depuis les années soixante.

Elf, entreprise pétrolière française publique et première entreprise de France au chiffre d'affaire de 232,6 milliards de francs en 1996 fut dévalisée de plus de 2 milliards de francs -305 millions d'euros - par ses cadres dirigeants, surtout durant le second septennat du Président socialiste François Mitterrand (1988-1995). Loïk Le Floch-Prigent, PDG de Elf de 1989 à 1993, a été condamné à cinq ans de prison et une amende de 375 000 euros. Alfred Sirven, ex-directeur des affaires générales s'est vu infliger une peine similaire assortie d'une amende d'un million d'euros. André Tarallo, 76 ans, ex-numéro deux dans la hiérarchie et connu sous le nom de 'M. Afrique' a été condamné à quatre ans de prison et une amende de deux millions d'euros et Alain Gillon, ex-directeur du raffinage, trois ans de prison et trois millions d'euros d'amende.

Parmi les 37 cadres et intermédiaires traduits en justice, 30 ont été déclarés coupables, les chefs d'accusation étant 'abus de biens sociaux et crédits', 'abus de pouvoir', 'complicité d'abus de biens sociaux' et 'usage de faux documents'.

Le Floch-Prigent avait détourné 16,2 millions d'euros pour ses dépenses personnelles. Il avait placé son épouse Fatima Belaïd à un poste de direction dans l'entreprise et après dix huit mois de mariage il entame une procédure de divorce qu'il fait financer par Elf. Elle a ainsi reçu 18 millions de francs, payés sur un compte en Suisse. Elle se plaignit de devoir passer d'un appartement de 300 mètres carrés à un appartement de 170 mètres carrés.

Alfred Sirven, 76 ans, prit 6,2 millions d'euros pour ses dépenses personnelles sur les 168 millions d'euros qu'il est accusé d'avoir détournés. Ailleurs il est déclaré qu'il a détourné 172 millions d'euros, l'équivalent du résultat consolidé net du groupe en 1993.

Alfred Tarallo, essayant de justifier ses 300 millions de francs de dépenses, prétendit que cet argent ainsi que la grande villa qu'il avait achetée et meublée en Corse faisaient partie d'un projet de créer une 'fondation franco-africaine'. Son réseau et ses contacts parmi les politiciens et potentats africains ont représenté pendant des décennies une part essentielle de la politique néo-coloniale de la France en Afrique. Il déclara lors des audiences que les millions de francs qui transitèrent sur ses comptes bancaires suisses étaient la responsabilité de son mandant Omar Bongo, président du Gabon, ex-colonie française, et dont Alfred Tarallo n'était rien de plus que le discret conseiller financier.

 

ELF- un bras séculier de la politique étrangère française

Pour comprendre l'importance des révélations et des protagonistes lors du procès, il faut remonter à l'histoire d'Elf. C'est une histoire salutaire pour tous ceux qui croient qu'on mesure le socialisme à l'aune des nationalisations effectuées, plutôt qu'à l'organisation de la société par la classe ouvrière consciente et au moyen de ses organes de pouvoir.

L'entreprise nationalisée Elf fut crée par le général de Gaulle en 1963 ''pour assurer l'indépendance pétrolière de la France et qui a vécu, grandi et prospéré sur sa relation particulière et incestueuse avec l'Afrique'' (Le Monde, 13 novembre 2003). Comme le dit Loïk Le Floch-Prigent : 'En 1962, [Pierre Guillaumat] convainc [le général de Gaulle] de mettre en place une structure parallèle autour de vrais techniciens du pétrole. [En créant Elf à côté de Total] les gaullistes voulaient un véritable bras séculier d'Etat, en particulier en Afrique, (...) une sorte de ministère du pétrole inamovible, (...) une sorte d'officine de renseignements dans les pays pétroliers'.

Dès sa création, le général de Gaulle nomma le fondateur de la DGSS (Direction générale des services spéciaux) et ancien ministre de la Défense, Pierre Guillaumat, comme premier directeur du groupe pétrolier qui allait devenir Elf-Aquitaine. En 2003, Elf, bien que privatisée, reste le premier service français de renseignements et d'action en Afrique.

Elf fournit une couverture et des fonds au président pour des opérations politiques et militaires dans ses prés carrés africains. Avec la présidence de Georges Pompidou (1969-1974) puis de Valéry Giscard D'Estaing (1974-1981), conservateur non-gaulliste, Elf s'autonomisa progressivement par rapport à l'Élysée. Les cadres d'Elf considéraient les barons gaullistes comme seules autorités légitimes et attendaient leur retour au pouvoir. Ils financèrent des machinations pour affaiblir l'autorité de Giscard.

 

Mitterrand prend la relève

Un document produit par le Réseau Voltaire - 'association crée en 1994 pour combattre le retour de la censure, du cléricalisme et de l'ordre moral' - résume ainsi la relation avec Elf entretenue par la présidence de Mitterrand :

''À la surprise générale, les élections de 1981 ne permettent pas le retour des gaullistes, mais l'accession des socialistes. Plus habile que son prédécesseur, François Mitterrand reprend partiellement le contrôle d'Elf, qui obéit désormais à la fois à l'Élysée et au RPR (parti gaulliste). L'alibi de la légitimité nationale s'efface devant une logique de clan et de partage mafieux des richesses africaines. Certains dirigeants d'Elf se comportent dès lors comme des entremetteurs et acquièrent des fortunes personnelles considérables. La compagnie fait et défait les dirigeants au Gabon, au Congo, au Cameroun, en Angola ; elle étend son influence dans toute l'Afrique francophone et même parfois anglophone, comme au Nigeria. Par l'intermédiaire d'Omar Bongo, elle s'impose au sein de l'OPEP ou participe à des transferts illégaux de technologie nucléaire. Elle finance tous les grands partis politiques français et s'immisce bientôt sur la scène européenne en finançant aussi bien les campagnes d'Helmut Kohl que celles de Felipe Gonzalez. Elle ambitionne même de s'implanter aussi bien en Ouzbékistan qu'au Venezuela dont elle achète également les principaux dirigeants.' [http ://www.globalwebco.net/bdp/elfvoltaire.htm]

Le document fournit aussi la copie d'un ordre de paiement de 100 millions de francs CFA (la monnaie de 14 pays africains) émis par la Société gabonaise de raffinage (Sogara), filiale d'Elf-Gabon à Port-Gentil, à l'ordre d'Omar Bongo, président du Gabon. Celui-ci est venu lui-même retirer la somme en liquide, le 21 janvier 1992, à la BIPG (une banque du Gabon) de Libreville.

Pour justifier les malversations commises au préjudice de la compagnie pétrolière, Loïk Le Floch-Prigent n'a cessé tout au long du procès de répéter : 'Je n'avais qu'un seul patron' - le président François Mitterrand. Entreprise publique, Elf voyait ses dirigeants nommés par le président de la République et Loïk Le Floch-Prigent était 'l'homme que François Mitterrand, réélu pour un deuxième septennat, imposa à tout le monde.' (Le Monde, 13 novembre 2003) L'homme du président expliqua à la cour le fonctionnement de la 'caisse noire' d'Elf : 'Ce système existait essentiellement pour le parti gaulliste, le RPR ; Je m'en suis ouvert au président François Mitterrand qui m'a dit qu'il vaudrait mieux rééquilibrer les choses, sans toutefois oublier le RPR.' Ainsi tous les principaux partis parlementaires de France et les dirigeants de ces partis, de gauche comme de droite, ont profité du clientélisme d'Elf ou plus précisément de François Mitterrand et lui devinrent redevables au fur et à mesure que sa présidence prenait un tour toujours plus monarchique.

C'est Le Floch-Prigent qui racheta, sur ordre de son maître, à un ami du président, avec l'argent d'Elf et à un prix rocambolesque, la villa de Louveciennes afin de servir de pied à terre à Mitterrand lors de ses occasionnelles parties de golf sur un terrain à proximité.

 

Elf et l'axe Mitterrand - Kohl

Il facilita aussi l'amitié politique de Mitterrand avec le Chancelier conservateur allemand, Helmut Kohl avec la transaction secrète Leuna-Minol, qui avait pour but de donner un coup de pouce à l'influence politique du chancelier. Pour reprendre les paroles du juge Desplan, ce projet 'comportait un enjeu politique majeur : renforcer l'union franco-allemande. (...) On a l'impression que Leuna était un canard très, très boiteux et que la France s'est en quelque sorte dévouée'.

Dans cette transaction, Elf racheta la raffinerie est-allemande Leuna qui battait de l'aile et le réseau de distribution Minol, pour rendre service à Kohl que l'effondrement imminent de ces industries dans l'Allemagne unifiée embarrassait. Pour citer encore une fois le juge Desplan, Elf était censée verser 'la plus importante des commissions que le tribunal ait à juger', en trois versements : 256 millions de francs, puis 13 millions de francs en décembre 1992 et 13 millions de marks en 1993. Ces montants trouveraient leur justification dans la nécessité pour la compagnie pétrolière d'obtenir de Bruxelles, de Bonn et des différents länder allemands une subvention de deux milliards de marks sans laquelle l'investissement total évalué à six milliards de marks, ne serait pas viable économiquement. 'On appelle cela du 'lobbying', un mot délicat pour parler de corruption, car comme le dit Alfred Sirven, 'le lobbying sans argent, ça n'existe pas'. (Le Monde, 30 avril 2003)

Il expliqua que 'dans cette affaire il fallait avoir accès à un certain nombre de hautes personnalités de ce pays. J'ai reçu ordre de les financer. Je me souviens de deux ministres allemands et de la société SISIE, dirigée par Mme Edith Cresson (Ancien premier ministre socialiste français 1991-1992) - cette dernière a été rémunérée à hauteur de trois millions de francs, mais elle n'est pas poursuivie dans cette procédure.' 'Qui vous a donné l'instruction ?' demanda M. Desplan. 'Le président Le Floch' répliqua M. Sirven.

Sirven avait engagé les services de Pierre Léthier, colonel retraité des renseignements qui reçut une commission de 96 millions de francs et lui-même travailla avec Dieter Holtzer, homme d'affaires et figure familière des milieux politiques allemands, qui fut rémunéré à hauteur de160 millions de francs pour ses efforts. Impliqué dans l'affaire il y avait aussi Holger Pfahls, aujourd'hui porté disparu, ancien secrétaire d'État à la défense et membre du parti conservateur CDU (Union démocrate chrétienne), parti de l'ancien chancelier Kohl.

 

L'affaire des frégates pour Taïwan

Un épisode particulièrement sinistre est l'affaire des six frégates fournies à Taïwan par Thompson, compagnie française d'armement, pour 16 milliards de francs (2,5 milliards d'euros) dont 5 milliards de francs donnèrent lieu au versement de commissions. Sirven et l'équipe d'Elf furent impliqués, tout comme Roland Dumas, socialiste et ami de longue date de Mitterrand, ancien ministre des affaires étrangères et président du Conseil constitutionnel, déjà mis en accusation dans cette affaire. Le gouvernement taïwanais s'est porté partie civile étant donné que le contrat de vente stipule explicitement qu'aucune commission ne peut être inclue dans le prix.

L'examen judiciaire de l'affaire s'est heurté constamment au mur dressé par les entreprises impliquées ainsi que les gouvernements français successifs. L'ancien juge Thierry Jean-Pierre, dans un ouvrage consacré à l'affaire dénonce 'l'obstination des gouvernements de droite et de gauche à maintenir le secret-défense sur un dossier susceptible de provoquer un scandale d'une ampleur inégalée' et il cite le nom d'un dirigeant actuel du Parti socialiste et ancien premier ministre, Laurent Fabius.

En France, une enquête fut ouverte à propos des rétrocommissions (interdites par la loi), mais les juges se sont vu opposer le secret défense par les gouvernements de droite comme de gauche. Ce sera la France qui remboursera cette somme en 2011.

Une dizaine de personnes qui 'en savaient trop' ont perdu la vie dans des circonstances douteuses, circonstances considérées, dans quatre de ces cas, comme extrêmement suspectes par les magistrats français alors en charge de l'affaire.

L'une de ces personnes est Thierry Imbot, membre du département des renseignements (DGSE), dont son père avait été directeur de 1985 à 1987. L'histoire dit qu'il serait tombé de son appartement parisien alors qu'il manipulait un volet. Il est mort le 10 avril 2000. Cependant son père a semé le trouble en insistant sur le fait que son fils lui avait dit détenir des détails sur la répartition des commissions perçues non seulement sur la vente des frégates mais aussi des avions Mirages 2000. Il affirma : 'Mon fils m'avait dit que les gens à Taïwan et en France, au plus haut niveau chez Thompson, avaient fait des fortunes colossales à propos de ces contrats.'

 

L'État rappelle à l'ordre l'appareil judiciaire

Dans son livre relatant ses expériences de juge d'instruction dans l'affaire Elf, la juge Eva Joly montre les dangers encourus par quiconque cherche à investiguer de trop près la mafia d'Elf. Elle révèle que sa ligne téléphonique de bureau fut mise sur écoute, qu'elle fut filée, que sa maison fut mise ouvertement sous surveillance. Lorsque après avoir reçu une menace de mort fixée à la porte de son bureau on lui accorda une protection policière 24 heures sur 24, elle eut le sentiment que plus qu'une protection policière cela ressemblait à une surveillance 24 heures sur 24. Quand elle demanda que soit levée cette 'protection', sa requête lui fut refusée et sa garde permanente de deux policiers fut doublée. La protection policière dura six ans.

Un article du Monde de Fabrice Lhomme et Cécile Prieur daté du 13 février 2003 suggère que l'appareil judiciaire français fut rappelé à l'ordre par l'État au sujet de l'investigation de corruption financière en hauts lieux. Il fait allusion à la relaxe de Roland Dumas le 29 janvier, 'passée inaperçue au regard du tintamarre politique, judiciaire et médiatique que la mise en cause de l'ancien ministre avait provoqué en 1998. Qui se souvient que M. Dumas avait été condamné en première instance à six mois de prison ferme, le 30 mai 2001, par le tribunal correctionnel de Paris ?'

Les auteurs font ensuite une liste des scandales de corruption en rapport avec les abus de biens sociaux impliquant Dominique Strauss Kahn, ancien ministre socialiste de l'économie, Robert Hue, ancien dirigeant du Parti communiste, le RPR, et l'office des HLM de la ville de Paris, affaire dont le juge Eric Halfen avait été dessaisi. D'autres juges d'instruction gênants qui ont quitté ou ont été forcés de quitter leurs fonctions sont cités : Eva Joly, qui partit en Norvège en 2002 ; Laurence Vichnievsky, qui instruisait l'affaire Elf avec Eva Joly ; Patrick Desmure, chargé de l'enquête sur le financement du RPR, dossier dans lequel figuraient les noms d'Alain Juppé, ancien premier ministre gaulliste et du président Jacques Chirac.

Lhomme et Prieur commentent ainsi la vie politique et judiciaire françaises actuelle :

''Les velléités du ministère de la justice du gouvernement Raffarin de renforcer substantiellement les pouvoirs du parquet et de la police, à leur détriment [celui des juges d'instruction], les confortent dans l'idée que, à terme, c'est l'existence même du juge d'instruction qui est menacée. Enfin ce n'est pas sans amertume que les juges ont constaté que l'opération 'mains propres' à la française a eu une portée plus symbolique que réelle : les réélections successives d'anciens élus impliqués dans les affaires judiciaires, comme Patrick Balkany à Levallois-Perret ou Jacques Mellick à Béthunes et jusqu'au président de la République lui-même, n'ont fait qu'accroître leurs désillusions.''

De fait, la sphère politique semble avoir reconquis un pouvoir que la justice avait pu lui contester.'

Les élites dirigeantes de France et d'ailleurs essaient de se libérer de toutes restrictions légales afin de mener à bien le pillage des ressources du monde, et des droits et du niveau de vie de la classe ouvrière chez eux et à l'étranger.16

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Gabon
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Omar_Bongo
(3) Souad Guennoun http://www.cadtm.org/Le-roi-de-la-Francafrique-est-mort
(4) René Cyrille http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2132/dans-le-monde/article/2009/06/10/20178-gabon-mort-du-dictateur-omar-bongo.html
(5) http://www.lejdd.fr/International/Actualite/La-Francafrique-version-Bongo-17649
(6) Pauline Imbach https://npa2009.org/content/gabon-enfin-la-rupture-omar-bongo-est-mort-par-imbach-pauline
(7) Souad Guennoun http://www.cadtm.org/Le-roi-de-la-Francafrique-est-mort
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_non_gouvernementale
(9) Biyana Petrova https://www.investigaction.net/fr/Bulgarie-la-voix-du-peuple/
(10) Ibid.
(11) https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/petrole-la-dictature-des-trusts
(12) Jean Sanday http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2015/05/05/gabon-sous-la-coupe-de-la-famille-bongo-et-de-la-france_37036.html
(13) Daniel Mescla http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/09/07/gabon-mascarade-electorale-et-repression_70495.html
(14) Boris Savin https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/09/06/gabon-au-coeur-de-la-francafrique_726419.html
(15) Arnaud Vautard https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/10/04/gabon-le-dictateur-est-parti-pas-les-militaires_726901.html
(16) Antoine Lerougetel http://www.wsws.org/francais/News/2003/novembre03/251103_AffaireElf.shtml