Djibouti

 

Période précoloniale

L'espace autour du golfe de Tadjourah ne constitue pas un territoire spécifique et autonome avant l'installation coloniale. Aride et désertique, il est parcouru par des pasteurs transhumants qui suivent le rythme des pâturages, et des caravanes qui relient la côte aux hautes terres de l'intérieur, Harar, Shewa, etc.

Il semble que deux lieux faisaient l'objet d'un habitat permanent sur la côte, les villes de Tadjourah et Zeila.

L'histoire antérieure au XIXe siècle reste encore peu connue. Les sources évoquent plusieurs peuplements, sans qu'il soit possible de préciser les circulations, confrontations, échanges... entre ces groupes.

Les récits des voyageurs européens qui traversent la zone à partir de 1839 (Isemberg et Kraft, Rochet d’Héricourt, Harris, Kirk et Johnston) permettent de voir un espace structuré politiquement entre Tadjourah d'une part, une alliance autour de Lo’oytá vers le sud-ouest d'autre part, et l'Awsa.

La ville de Tadjourah est occupée par des troupes égyptiennes entre 1875 et 1884. Le port de Zeilah paie des taxes à l'empire ottoman puis à l'Égypte jusqu'aux années 1880. Les parties occidentales de l'actuel territoire djiboutien étaient en lien avec le sultanat d'Awsa.1

 

La colonisation française

Le 4 juin 1859, le commerçant réunionnais Henri Lambert, ancien consul de France à Aden, est assassiné dans le golfe de Tadjourah. Une mission conduite par le commandant de la station navale de la Côte orientale, le vicomte Alphonse Fleuriot de Langle, arrête les coupables, remis aux autorités turques, puis envoie une délégation de notables locaux à Paris. C'est avec un membre de cette délégation, le « représentant » du « sultan de Tadjourah », Diny Ahmed Aboubekr, que le 11 mars 1862, Édouard Thouvenel, alors ministre de Napoléon III, signe un traité de paix et d'amitié perpétuelle par lequel la France achète « les ports, rade et mouillage d’Obock situés près du cap Ras Bir avec la plaine qui s’étend depuis Ras Aly au sud jusqu’à Ras Doumeirah au nord » pour 10 000 thalers de Marie-Thérèse.

Ce n'est qu'en 1884 qu'une prise de possession réelle a lieu, avec l'arrivée d'un commandant le 1er août : Léonce Lagarde. Il s'agit alors, dans le cadre de l'expansion coloniale française vers Madagascar et l'Indochine, de créer une escale de ravitaillement pour les navires sur une route impériale.
Cependant, Léonce Lagarde étend le Territoire d'Obock et dépendances sous souveraineté française à toute la côte nord du golfe de Tadjourah, qui est occupée en octobre-novembre.
Après un accord sans suites avec le « sultan de Gobad » en janvier 1885, le 26 mars 1885, un accord avec les « chefs Issas » place la côte sud sous souveraineté française. Un accord territorial avec la Grande-Bretagne, par l'échange de notes des 2 et 9 février 1888, arrête cette expansion.

C'est la même année, en 1888, qu'est créé le port de Djibouti qui devient le chef-lieu de la nouvelle Côte française des Somalis en 1896. En 1895, la ville compte 5 000 habitants. Elle est placée sous l'autorité administrative de Bourhan Bey, fils de l'ancien gouverneur de Zeila, Abu Bakr Ibrahim.2

Le territoire s'étend avec la construction du chemin de fer vers l'Éthiopie. Sa construction commence à Djibouti en octobre 1897 et s'arrête d'abord à Dire Dawa. Créée pour le chemin de fer, cette ville est atteinte en décembre 1902. Le partage de l'Éthiopie en sphères d'influence entre l'Italie la Grande-Bretagne et la France par le traité du 13 décembre 1906 permet de continuer la construction de la ligne. Les travaux reprennent en 1910, et Addis-Abeba, le terminus, est atteint en 1917.

Le port de Djibouti se développe ensuite au rythme du commerce avec l'Éthiopie et des besoins de la navigation coloniale. L'invasion puis l'occupation de l'Éthiopie par l'Italie entraîne un bref boom économique à Djibouti, avec un très important accroissement du trafic du port et des liaisons vers Addis-Abeba entre 1936 et 1938.

Il faut attendre la fin des années 1920 pour que la conquête de l'intérieur du territoire par l'administration coloniale commence, symbolisée par la mort de l'administrateur Albert Bernard le 17 janvier 1935. Elle aboutit en 1943, après de durs affrontements avec les tribus nomades, et de nombreuses exactions, à l'installation d'un poste français à Afambo. Il faut ensuite 10 ans de négociations avec l'Éthiopie (1945-1955) pour que la frontière du territoire soit tracée à l'est des lacs.3

 

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés instaurent un blocus du pays dont les autorités ont choisi de soutenir le gouvernement de Vichy. Une partie de la « population indigène » est expulsée de la ville de Djibouti, qui connaît alors une grave crise, voire une véritable famine. Le ralliement du territoire aux Alliés en décembre 1942 permet sa réintégration dans les circuits économiques.4

 

La fin de la période coloniale

La colonie devient un territoire d'outre-mer (TOM) français en 1958.

Les 25 et 26 août 1966, le général De Gaulle, alors président de la République française, fait escale à Djibouti en se rendant en Éthiopie. Sur le passage de son cortège, quelques manifestants arborent des banderoles demandant l'indépendance du territoire. Selon Ahmed Dini, la revendication d'indépendance n'était pas partagée par tous les organisateurs mais destinée à attirer la foule. Un « dispositif de sécurité » est alors mis en place par les autorités, causant officiellement 36 blessés parmi les forces de l’ordre et 19 parmi les manifestants et également quatre morts chez les manifestants. Le lendemain matin, un « dispositif de rétablissement de l’ordre » fait deux morts. L'après-midi, des troupes de la Légion étrangère viennent renforcer gendarmerie et milice territoriale. Ces troupes dispersent en 45 minutes une foule estimée à 3000 personnes venues écouter un discours présidentiel. Ces nouveaux affrontements font officiellement un mort et 46 blessés parmi les forces de l’ordre, trois morts et 238 blessés dans la population. La ville est ensuite placée sous couvre-feu et une chasse aux opposants est organisée. Lorsque De Gaulle repasse le 28 août, il n'y a pas de manifestations. L'agitation ne cesse cependant pas et, le 14 septembre 1966, les autorités coloniales mettent en place le « Barrage de Djibouti », enceinte militarisée tout autour de la ville, dont la mission est de restreindre les migrations et de permettre le contrôle politique du territoire. Cet ouvrage n'est démantelé que quelques années après l'indépendance.

En 1967, le territoire change de nom pour devenir le Territoire français des Afars et des Issas.

La mise en place concomitante d'une politique de contrôle de la population de la ville de Djibouti, et d'expulsions massives des « indésirables » à partir de 1960 (10 000 entre 1947 et 1962, 10 000 entre 1963 et 1968, encore plus sans doute ensuite) n'empêche pas l'accroissement de la population. Les tentions politiques et sociales s'accroissent, que la répression ne parvient pas à endiguer. Plusieurs mouvements indépendantistes sont créés dans les pays limitrophes, en particulier en Éthiopie et Somalie. En 1975, après une résolution de l'ONU, la France reconnaît le droit à l'indépendance du territoire, dont l'évidence s'impose après la prise en otage d'un bus scolaire à Loyada en février 1976.

Après un référendum le 8 mai 1977 (98,8 % de « oui »), le territoire devient indépendant le 27 juin 1977 sous le nom de République de Djibouti.5

 

Depuis l'indépendance

Hassan Gouled Aptidon, est élu premier président de la République de Djibouti. Il installe en 1981, un régime autoritaire avec un parti unique, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP). Selon l'opposition, il aurait alors pratiqué une politique « tribale » en faveur de son clan, les Mamassan, et en particulier visant à exclure les Djiboutiens identifiés comme « Afars ». La pratique de la torture par les forces de l'ordre sur les opposants est aussi dénoncée.6

En 1987, un attentat – attribué par le gouvernement à des opposants qualifiés d'Afars – tue 5 Français à la terrasse d'un café. Le 27 septembre 1990 se déroule un attentat à la grenade au Café de Paris, lieu de rencontre de la communauté française qui fait un mort (un enfant de six ans, fils d’un militaire français basé à Djibouti), et blesse une dizaine de personnes.7

 

La révolte du FRUD

En mai 1991, des milliers de soldats éthiopiens en déroute pénètrent sur le territoire djiboutien. Encadrés par les troupes françaises, ils sont rapatriés en Éthiopie, laissant de nombreuses armes derrière eux. À partir d'octobre 1991, le FRUD, un groupe armé qui se réclame de l'identité afar – habitants du Nord et de l'Ouest du pays - prend le contrôle d'une grande partie du pays et s'avance vers la capitale. Sa revendication principale est une véritable intégration dans la nation. Une intervention des troupes françaises stationnées sur place bloque l'offensive en décembre.

Une modification contestée de la constitution est adoptée en septembre 1992, puis un Parlement dont est exclue l'opposition est élu en décembre. Au prix de nombreux sacrifices pour la population, le gouvernement reconstitue une importante armée. Elle lance une offensive militaire en mars 1993, qui lui permet de prendre le contrôle du pays en juillet. Mais des actions de guérilla continuent de se dérouler. L'opposition dénonce de nombreuses exactions contre les populations civiles.
Un premier accord est signé avec une partie du FRUD en 1994, dont quelques membres intègrent le gouvernement. Mais des combats continuent jusqu'à un accord cadre signé en février 2000 à Paris, puis un accord de paix le 12 mai 2001.8

Hassan Gouled Aptidon quitte son poste en 1999, à l'âge officiel de 83 ans, après plus de 22 ans au pouvoir. Ismail Omar Guelleh, son neveu et chef de cabinet, lui succède.9

 

La présidence d' Ismaïl Omar Guelle (1999-)

Ismaïl Omar Gelleh est investi par le RPP, puis élu président de la République le 9 avril 1999, avec officiellement plus de 74 % des suffrages.

Le nouveau chef de l’État bénéficie d’un contexte international favorable, bien que l’opposition ne cesse de grandir face au clientélisme et au tribalisme dont elle accuse le pouvoir. Le 12 mai 2001, une partie du FRUD restée dans l'opposition signe à son tour un accord de paix.

À partir de l'an 2000, Ismaïl Omar Guelleh poursuit une politique de développement de l'économie nationale, dans l'objectif de sortir le pays de la crise économique des années de guerre. À travers une politique de privatisation massive tel le Port Autonome International de Djibouti (PAID) qui a vu sa gestion privatisée le 1er juin 2000 sous la forme d’une concession au profit du Dubaï Port International et une série de projets analogues, la situation économique du pays se transforme. Les retards des salaires se régularisent.

Une réforme globale du système éducatif est mise en place avec la création des nombreux établissements éducatifs et l'ouverture de la première université djiboutienne qui voit le jour en 2000. La création d'emploi est mise au cœur de la politique de l'État et le taux de chômage régresse bien qu'il persiste toujours.

Ismaïl Omar Guelleh est réélu avec officiellement 94 % des suffrages exprimés lors des élections présidentielles du 8 avril 2005, l'opposition ayant appelé au boycott. La participation a été officiellement de 79 % (20 % selon l'opposition), mais le corps électoral ne représente qu'un quart de la population (environ 200 000 électeurs pour 800 000 habitants estimés).

En avril 2010, le Parlement vote une réforme constitutionnelle permettant à Ismaïl Omar Guelleh de se briguer un troisième mandat. Il est donc réélu président de la République au premier tour le 8 avril 2011, obtenant 80,6 % des suffrages exprimés contre 19,4 % à Mohamed Warsama Ragueh, avec un taux de participation de 69,7 %.10

 

La contestation de 2011

La contestation à Djibouti en 2011 prend forme le 28 janvier 2011. Elle s'inscrit dans le contexte révolutionnaire dans les pays arabes durant le mois. Comme lors de la révolution tunisienne et de la révolution égyptienne, les manifestants demandent plus de libertés et de démocratie, ainsi qu'un meilleur respect des droits de l'homme. Au moins deux morts sont à déplorer, et le nombre de blessés n'est pas déterminé.

 

Contexte

Malgré une forte croissance économique, due à sa position stratégique à l'entrée de la mer Rouge qui vaut au pays l'installation de bases militaires française, américaine et japonaise, la population reste pauvre (42 %), le chômage reste élevé (60 %) et l'alphabétisation est à la peine (73 %).

Le président de la République, Ismaël Omar Guelleh, occupe cette fonction depuis 1999 mais il exerce des responsabilités importantes depuis l'indépendance en 1977. Il est tenu par l'opposition comme responsable des problèmes du pays.

 

Manifestations

Des manifestations d’étudiants ont lieu les 5 et 6 février. Le vendredi 18 février, des manifestations réclamant le départ du dictateur donnent lieu à de violents affrontements. Les manifestants se rassemblent au stade Gouled à l'appel de l’Union pour l'alternance démocratique (UAD), principale formation d'opposition, dont le dirigeant Ismaël Guedi Hared est arrêté par la police, puis libéré. Les affrontements entre étudiants et police se poursuivent le 19 février dans le quartier de Balbala. La répression fait deux morts selon le pouvoir, cinq selon les opposants. Plus de 80 manifestants sont jugés, et 25 condamnés.

Selon l'opposition et la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), neuf opposants politiques ont également été arrêtés, sept membres de l'Union pour l’alternance démocratique ainsi que les responsables de la Ligue djiboutienne des droits de l'homme (LDDH), Farah Abadid Heldid et Jean-Paul Noël Abdi.

Par la suite, les manifestations et rassemblements sont interdits. Les membres de l'ONG Démocratie internationale présents à Djibouti sont expulsés.11

 

 

La France et les grandes puissances complices de la dictature

Une répression sauvage s'est abattue sur les manifestants qui contestaient la victoire du parti présidentiel aux élections législatives du 20 février 2013. La police a tiré à balles réelles dans la foule et tué au moins dix personnes. Plus de 900 opposants ont été incarcérés en centre de rétention ou en prison.

Les principaux leaders de l'opposition ont été arrêtés. Tout cela se déroule dans un silence complice de la part de la France et des USA, dont les principales bases en Afrique sont implantées dans ce petit pays.

La dictature règne en fait, dans cette ancienne colonie française, depuis l'indépendance proclamée en 1977. Le même parti y a toujours occupé le pouvoir, le Rassemblement populaire pour le progrès, qui fut même pendant longtemps proclamé parti unique. C'est aussi la même famille qui est à la tête de l'État, celle de l'actuel président Ismaël Omar Guelleh, qui a succédé en 1999 à son oncle Hassan Gouled. La pratique de la torture par la police est régulièrement dénoncée par les opposants et les associations des droits de l'homme. En février 2011, des manifestations massives ont eu lieu dans le pays, au moment où la population se soulevait en Tunisie et en Égypte. Là aussi la police avait tiré dans la foule, arrêté, torturé et tué.

La population, d'environ 800 000 habitants, vit dans la misère. Dans le nord et le sud-ouest du pays, un blocus alimentaire et sanitaire est imposé depuis 1991 aux populations nomades, et en 2013, une épidémie de paludisme s'y est propagé.

Cette dictature féroce se perpétue à l'ombre des bases étrangères. Pour la France, Djibouti est la plus importante de ses bases en Afrique, selon un accord négocié en 1977 avec l'oncle de l'actuel président. 2 900 hommes y sont positionnés, prêts à intervenir sur tout le continent. Les USA y maintiennent également une base de taille équivalente. Mais ils ne sont pas les seuls. Sous prétexte de lutter contre la piraterie, l'Allemagne, le Japon et dernièrement l'Italie ont installé leurs propres équipements militaires.

Si Djibouti est un cauchemar pour la population, et particulièrement pour les opposants, elle est un « paradis stratégique » pour les puissances impérialistes. À ce titre, son gouvernement a droit à toute leur indulgence pour les crimes qu'il perpètre.12

 

 

Droits de l’homme et liberté de la presse en berne

L’opposition politique, à Djibouti, a retrouvé certains droits, à l’approche de l’élection présidentielle de 2016. Toutefois, les droits de l’homme en général, et la liberté de la presse en particulier, sont encore largement bafoués par le régime du président Ismael Omar Guelleh.

Comme chaque année, l’Organisation non gouvernementale (ONG) Reporters sans frontières (RSF) publie, début février, son classement sur la liberté de la presse à travers le monde. De l’avis général, l’année 2014 ne sera pas à marquer d’une pierre blanche ; selon RSF, la liberté de la presse a même connu une « régression brutale » en douze mois. D’un côté, il fallait s’y attendre, certains pays, gangrenés et littéralement pris en otages par les diverses factions terroristes du globe – Nigeria par Boko Haram, Irak et Syrie par l’État islamique – affichent un piètre résultat. De l’autre, certains États, que la conjoncture géopolitique actuelle n’ébranle pourtant pas, se positionnent tout en bas du classement. 170ème pays sur 180 recensés par RSF : la République de Djibouti.

 

La presse djiboutienne muselée

La cité-État, ancienne colonie française ayant obtenu son indépendance en 1977, suit le mouvement général puisqu’elle perd une place entre 2013 et 2014. Depuis de nombreuses années, l’ONG est alarmée par la multiplication des arrestations arbitraires de journalistes et par les méthodes employées, de plus en plus violentes, par la police envers les professionnels du milieu. En 2013, RSF citait le cas de Moustapha Abdourahman Houssein qui, s’il n’était tragique, serait simplement grotesque : arrêté alors qu’il couvrait une intervention policière, il avait été relâché avant de se faire à nouveau arrêter le lendemain. D’après les membres de l’organisation, qui parlent volontiers de « harcèlement systématique », « le gouvernement ne se donne même plus la peine de dissimuler son intention de persécuter l’unique média indépendant du pays », La Voix de Djibouti. En 2014, l’arrestation arbitraire de Maydaneh Abdallah Okieh, technicien pour le compte de ce même média, avait suscité de nouvelles dénonciations de la part de RSF. Son unique faute : avoir couvert une réunion de la coalition des mouvements d’opposition, l’Union pour le salut national.

Une énième atteinte à la liberté de la presse qui avait entraîné Cléa Kahn Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF, à se demander : « Le régime d’Ismaël Omar Guelleh est-il si fragile qu’il ne peut supporter la moindre critique ? » Une interrogation qui se veut oxymore rhétorique, tellement le président de la République djiboutienne semble avoir la mainmise sur son pays. Élu en 1999 avec près de 75 % des suffrages, Ismael Omar Guelleh est réélu en 2005 puis en 2011, après que le Parlement a adopté une réforme constitutionnelle, lui permettant de briguer – et d’obtenir – un troisième mandat consécutif. Au cours de ses quinze années au pouvoir, celui qui milita farouchement pour l’indépendance du pays est régulièrement accusé de clientélisme, tandis qu’il développe une importante politique de privatisation, notamment celle du port autonome international de Djibouti. Mais les accusations se veulent aussi dirigées sur le terrain des droits de l’homme, dont les atteintes à la liberté de la presse ne sont qu’une illustration.

 

L’opposition politique toujours persona non grata

Le 10 décembre 2014 pourtant, l’État africain célébrait, ainsi que le reste du monde, la journée internationale des droits de l’homme ; son président n’a à cette occasion pas manqué de défendre des « droits universels » qui ne sont pas des « valeurs uniquement occidentales ». Des déclarations, volontairement emphatiques, qui ne cachent toutefois pas la réalité de la situation.

Ce sont, en particulier, les droits de l’opposition politique qui sont bafoués au sein de la cité-État. Djibouti sort d’ailleurs d’une période de crise ouverte après que l’opposition, estimant avoir remporté les législatives de 2013, s’est vu contredite par le pouvoir en place. Un accord-cadre a été signé, en décembre 2014, entre celui-ci et l’Union pour le salut national (USN), coalition de sept partis d’une opposition « criminalisée », selon Abdourahman Mohamed Guelleh, secrétaire général de l’USN. « Aujourd’hui, c’est positif, nous avons retrouvé tous ces droits qui étaient bafoués, confisqués », estime-t-il. Avant de confesser qu’ « il reste beaucoup à faire... Nous restons bloqués sur un point : la liberté des médias. »

Malgré l’accord-cadre signé en décembre 2014, la situation politique du pays n’est pas pour autant pacifiée. Dans le viseur des observateurs : la présidentielle de 2016, pour laquelle Ismaël Omar Guelleh n’avait toujours pas dit s’il était ou non candidat. Dans la continuité du réchauffement des relations entre pouvoir en place et opposition, celle-ci souhaite simplement « qu’il mette en place une commission électorale nationale indépendante. Il faut que les élections se déroulent d’une manière transparente, honnête et libre », milite Abdourahman Mohamed Guelleh. À ce titre, l’opposition djiboutienne a sûrement accueilli l’élection de Muhammadu Buhari, au Nigeria, comme une nouvelle encourageante : l’alternance politique, en Afrique, est possible.13

 

 

La dictature met Djibouti à feu et à sang

Par La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH). Le 23 décembre 2015.

Le régime en place à Djibouti transforme une cérémonie traditionnelle et commémorative en un drame sanglant et meurtrier.

Selon les informations recueillies par la LDDH, 37 personnes tuées par des balles réelles et plus de 150 blessés de balles, tel est le bilan provisoire de ce drame.

Le Haut Conseil de l’USN a été saccagé par un raid des policiers cagoulés. Et l’on dénombre un blessé grave. Il s’agit du plus jeune député de l’Assemblée Nationale Said Houssein Robleh qui a reçu 2 balles l’une sur la carotide et l’autre au niveau de la clavicule. Said est aussi Secrétaire Général de la LDDH.

Son état est jugé sérieux par le médecin qui l’a opéré hier soir fait grave, la Police s’est présentée à maintes reprises au Centre Médico-Hospitalier de Bouffard pour pouvoir emporter Said Houssein Robleh, devant le refus du médecin, la Police a rebroussé chemin mais la menace plane toujours. Il a toujours une balle dans la carotide qui ne peut être extraite que dans une structure spécialisée qui fait défaut à Djibouti.

Le Président de l’USN, Ahmed Youssouf a été tabassé et il se trouve hospitalisé à Bouffard. Il a une hanche fracturée et vu son âge et son état de santé, ceci présente un handicap à vie.

L’ancien Ministre Mr Hamoud Abdi Souldan est blessé au thorax et deux balles subsistent encore dans son corps.

Quant au Secrétaire Général de l’USN Mr Abdourahman Mohamed Guelleh dit Abdourahman Tx. Il a été sauvagement tabassé puis emporté par la police vers une destination inconnue.

Le Porte Parole de l’USN, Mr Daher Ahmed Farah est détenu au 3e Arrondissement sans aucun mandat depuis deux jours.

À Djibouti l’histoire se ressemble et se répète :

Le 18 Décembre 1991, des civils sans défense sont froidement exécutes par la Police et la gendarmerie djiboutiennes. Au total 63 personnes passent de la vie à la mort en quelques secondes.

Le 21 Décembre 2015, les forces gouvernementales (police gendarmerie et militaires) encerclent la tribu Yonis Moussa de l’ethnie Issa qui était rassemblé pour une cérémonie traditionnelle. Le feu est ouvert et la fin de la journée l’on dénombre 37 morts et plus de 150 blessés dont plusieurs dans un état grave.

D’autres parts, la Police et la gendarmerie ont procédé à plusieurs arrestations au sein de l’USN et de la Société Civile tant à Djibouti qu’à Dikhil.

Au Nord dans le district de Tadjourah à Adgueno 18 civils ont été arrêtés et emportés par les forces gouvernementales vers une destination inconnue.

L’Okal de la région, Mr Gaber Mohamed Gaber, a été sauvagement torturé et laissé pour mort.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive et rappelons le à titre de mémoire que les régions du Nord et Sud Ouest sont sous occupation militaire et vivent sous la loi martiale.

Soucieuse de la Paix Civile, la LDDH dénonce et condamne vigoureusement le massacre de Bouljougo, la fusillade du haut conseil de l’USN, les arrestations des responsables de l’opposition et la terrorisation et l’emprisonnement dans des camps militaires des populations civiles et nomades.

La LDDH lance un appel à soutien à toutes les organisations de défense des droits humains, à l’Union Africaine, à L’Union Européenne et à tous le bâilleurs de fonds de Djibouti à condamner et à faire pression sur le régime djiboutien pour qu’il arrête les graves violations des droits humains devenues quasi-quotidiennes.14

 

 

Économie de Djibouti

L'économie djiboutienne est très largement dépendante de son secteur tertiaire (82 % du PIB). Le pays est pauvre en activités industrielles (15 % du PIB) et surtout agricoles (3 % du PIB). La principale activité industrielle est le port de Djibouti, et maintenant son extension à Doraleh. Pour ses besoins alimentaires, Djibouti s'approvisionne auprès de ses voisins (Éthiopie, Somalie et Yémen) et, pour ce qui est des produits manufacturés principalement, de la France.

L'État est le principal employeur du pays, mais le pays connaît officiellement un très important taux de chômage (35 % des actifs).15

La stratégie actuelle du gouvernement djiboutien est de tirer profit de la bonne position géostratégique du pays avec son ouverture sur le détroit de Bab-el-Mandeb mais aussi des conflits armés qui opposent ses trois voisins, l'Éthiopie, l'Érythrée et la Somalie. Depuis son indépendance, Djibouti abrite la plus importante base militaire française au monde avec près de 3000 soldats, et depuis 2002 une importante base américaine (dans le camp Lemonnier, ancien camp de la Légion étrangère). Les baux de ces bases rapportent respectivement en 2007, 30 millions d'euros et 30 millions de dollars à la république de Djibouti. Ces devises sont investies dans de vastes projets portuaires.16

 

Santé

Les régions reculées ont un faible accès au système de soins alors que le pays doit faire face à diverses maladies :

  • paludisme (entre octobre et février dans les régions susceptibles de permettre la reproduction des moustiques : villes, Daï),
  • choléra (par période, notamment lors des grands pluies qui inondent certains quartiers de Djibouti ville comme Ambouli par exemple et permettent la prolifération de la maladie).
  • Djibouti serait relativement épargné par le SIDA qui toucherait 2 % de la population, en majorité des étrangers.

 

Un élément marquant la situation sanitaire de Djibouti est l'importance de la consommation du khat, drogue douce apportée tous les midis par avion des hauts plateaux éthiopiens. Les consommateurs, principalement masculins et de toutes les couches sociales, « broutent » ou « khatent » jusqu'au soir, ce qui les met dans un état d'excitation temporaire avant de provoquer une lourde somnolence. Cette passion locale représente une rentrée d'argent pour l'État par l'intermédiaire de la société concessionnaire mais entraîne une importante sortie de devises et assoupit une grande partie du pays à partir de 13h.17

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Djibouti
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Djibouti
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Djibouti
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Djibouti
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Djibouti
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_Gouled_Aptidon
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Borrel
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Djibouti
(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_Gouled_Aptidon
(10) https://fr.wikipedia.org/wiki/Isma%C3%AFl_Omar_Guelleh
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Contestation_%C3%A0_Djibouti_en_2011
(12) https://fr.wikipedia.org/wiki/Daher_Ahmed_Farah
(13) Ibrahim http://www.legrandsoir.info/djibouti-droits-de-l-homme-et-liberte-de-la-presse-en-berne.html
(14) Communiqué Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/djibouti/article/guelleh-met-djibouti-a-feu-et-a
(15) https://fr.wikipedia.org/wiki/Djibouti
(16) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_Djibouti
(17) https://fr.wikipedia.org/wiki/Djibouti