Le Tchad

 

L'espace tchadien possède une histoire riche et relativement bien connue. Il est sans doute un des berceaux de l'Humanité (découverte récente de « Toumaï »). Il a été le siège de trois grands royaumes sahéliens : le Kanem-Bornou, le Baguirmi et le Ouaddaï.

 

Préhistoire

« Abel » est le surnom donné au premier spécimen de l'hominidé fossile Australopithecus bahrelghazali, découvert en 1995 au Tchad par une équipe conduite par Michel Brunet. Il aurait vécu entre 3,5 et 3,0 millions d'années BP et serait contemporain d'Australopithecus afarensis.

 

Anciens États

Plusieurs entités politiques ont existé dans l'espace tchadien actuel. Elles ont souvent coexisté, entretenant entre elles des rapports de rivalité, de domination, de suzeraineté ou d'alliance. Chacune a son histoire et ses caractéristiques. La nature du pouvoir et du chef n'est pas la même partout et à toutes les époques : chef religieux, chef politique et militaire. Certaines de ces formations sont très anciennes et ont un prolongement dans le Tchad d'aujourd'hui par les autorités traditionnelles (sultans, chefs traditionnels) qui coexistent avec les autorités administratives.

 

Le royaume du Kanem (Kanem-Bornou)

Le royaume du Kanem est fondé vers le VIIIe siècle par la dynastie Teda (Toubous, population noire originellement établie au Nord du Tibesti). Sa capitale fut la ville de Ndjimi. Musulman à partir du règne d’Oumé (vers 1085), il atteignit son apogée avec Dounama Dibalami (1220/1259), qui l’étendit vers le Fezzan et le Nil et lia des relations avec les royaumes berbères, en particulier avec les Almohades.

Après la mort de Dounama le royaume se morcela rapidement. Au XIVe siècle, il fut menacé par les Saos et les Boulala venus de l'est. Pour échapper à ces attaques extérieures, les souverains du Kanem durent se réfugier sur la rive ouest du lac Tchad où ils fondèrent le royaume de Bornou en 1395.

Le Bornou reconquit le Kanem et devint le Kanem-Bornou au XVIe siècle. L'empire atteint son apogée sous le règne d'Idriss III Alaoma (1580-1603). À la fin du XVIIIe siècle, le Bornou a retrouvé une puissance certaine et étend son influence jusque sur les peuplades de la Bénoué moyenne. Sa prospérité est essentiellement basée sur le trafic des esclaves. À la fin du XIXe siècle, la région est ravagée par le négrier soudanais Rabah qui s'impose comme le dernier sultan du royaume ; puis ce dernier est écrasé par les troupes coloniales françaises en 1900.

 

Le royaume de Ouaddaï

Le royaume du Ouaddaï émergea du Darfour au XVIe siècle. Au début du siècle suivant, des clans de la région se rallièrent au sultan Abd el Karim, qui renversa les Tunjur et fit de Ouaddaï un sultanat islamique.

Au cours du XVIIIe siècle, le pays résista aux tentatives d'annexion du Darfour et vers 1800, le sultan Sabon commença à étendre son pouvoir. Une nouvelle route commerciale vers le nord fut ouverte et Sabun se mit à frapper sa propre monnaie. Il importa des armes et fit venir des conseillers militaires d'Afrique du Nord. Ses successeurs furent moins habiles que lui, et le Darfour tira parti d'une dispute successorale en 1838 pour placer son propre candidat au pouvoir, Mohammed Sharif. Ce dernier se retourna cependant contre le Darfour et instaura son propre règne, ce qui lui permit de se faire accepter par les différents clans de Ouaddaï. Il étendit l'hégémonie du sultanat sur le royaume de Baguirmi et jusqu'au fleuve Chari, et résista aux colons français jusqu'en 1912.

Ouaddaï subsiste comme chefferie traditionnelle en relation avec les autorités administratives tchadiennes modernes.

 

Le royaume du Baguirmi

Le royaume du Baguirmi émergea au sud-est de Kanem-Bornou au XVIe siècle. Il adopta rapidement l'Islam et devint un sultanat. Absorbé par le Kanem-Bornou, il recouvra son indépendance au cours du XVIIe siècle, pour être à nouveau annexé au milieu du XVIIIe. Il tomba en déclin au cours des années 1900 et se trouva sous la menace militaire du royaume du Ouaddaï. Il résista, mais accepta la tutelle de son voisin dans l'espoir de mettre fin à des dissensions internes. Lorsque sa capitale brûla en 1893, le sultan demanda et obtint le statut de protectorat auprès des autorités françaises.

Baguirmi subsiste comme chefferie traditionnelle en relation avec les autorités administratives tchadiennes modernes.1

 

Une position stratégique pour le colonialisme français

Lors du partage de l’Afrique entre les puissances colonisatrices européennes, qui fut officialisé par la Conférence de Berlin de 1885, la France se fit attribuer la rive nord du lac Tchad. Il s’agissait pour elle de se constituer un empire africain d’un seul tenant en reliant les territoires de l’Afrique équatoriale française et ceux de l’Afrique occidentale française. En outre, par sa situation au cœur de l’Afrique noire, cette région faisait obstacle à l’extension des zones d’influence des puissances rivales de la France : l’Angleterre marquant sa présence à l’est avec le Soudan, au sud-ouest avec le Nigeria, et l’Allemagne au sud avec le Cameroun.

Encore fallait-il que la France prenne possession de cette région dominée par Rabah, un négociant et puissant chef militaire d’origine soudanaise. Sous le prétexte de mettre fin au trafic d’esclaves auquel il se livrait, la France envoya trois colonnes militaires qui, à marche forcée, convergèrent vers le lac Tchad. Au cours de cette conquête qui dura de 1898 à 1900, l’armée française, dont la tristement célèbre colonne Voulet et Chanoine, s’illustra par ses atrocités : villages pillés et rasés, femmes, enfants et vieillards massacrés par milliers à coups de baïonnette ou pendus, hommes décapités ou enrôlés de force pour le portage. En 1900, le pays fut considéré comme conquis. Pourtant le nord demeura longtemps insoumis et resta sous administration militaire française durant toute la période coloniale, et même plusieurs années après l’indépendance.

En 1920, le Tchad passa du statut de protectorat à celui de colonie autonome. Dans le sud fertile, l’administration coloniale rendit obligatoire la culture intensive du coton, chaque village étant tenu de fournir un certain nombre de « cordes ». Cette culture allait contribuer à la fortune du français Boussac, en lui fournissant une matière première à bas prix pour ses nombreuses usines textiles implantées en métropole. En dehors de cela, le Tchad offrait peu de ressources minières. Il fut donc utilisé par l’administration coloniale comme un réservoir de main-d’œuvre corvéable à merci. Les populations furent massivement soumises au travail forcé dans les autres colonies françaises, notamment pour la construction de la voie ferrée reliant les mines du Congo à l’océan. Cette politique - et la très forte mortalité qu’elle entraînait - fut à l’origine de nombreuses révoltes.

 

L’indépendance et le maintien de la domination française

La fin de la Deuxième Guerre mondiale créa une situation nouvelle. Des mouvements anticolonialistes et nationalistes commencèrent à s’exprimer en Inde, en Chine, en Indonésie et en Indochine. Dans un premier temps, la France, comme les autres puissances coloniales, s’accrocha à ses colonies, mais elle fut contrainte de lâcher du lest. Lors de la conférence de Brazzaville qui, en janvier 1944, rassembla des représentants de l’administration coloniale, De Gaulle, après avoir écarté toute idée d’indépendance, avait d’ailleurs envisagé l’évolution vers une autonomie et l’association d’une certaine « élite indigène » à la gestion des affaires locales. La Constitution de 1946 consacra cette évolution, en accordant le droit de vote à une partie seulement des populations et en substituant à l’ancien terme d’Empire français celui d’Union française.

Dans les colonies, des partis politiques apparurent. Au Tchad, Gabriel Lisette, un administrateur français d’origine antillaise, fonda en 1946 le premier parti politique, le Parti progressiste tchadien (PPT), affilié au Rassemblement démocratique africain (RDA) d’Houphouët-Boigny. Après avoir été suspecté de sympathies communistes, Lisette, qui prônait une décolonisation progressive et pacifique, bénéficia finalement de la bienveillance de l’administration coloniale. Quant au PPT, il devint rapidement populaire et, en 1956, il remporta les premières élections au suffrage universel, organisées dans le cadre de la loi renforçant l’autonomie locale.

À la fin des années cinquante, la bourgeoisie française s’apprêta à abandonner la forme coloniale de sa domination sur le Tchad comme sur la plupart de ses colonies d’Afrique. C’est que son armée, malgré un déploiement massif, malgré la répression, les tortures, ne parvenait pas à vaincre la lutte du peuple algérien pour l’indépendance. Cette guerre, impossible à gagner, devenait trop chère. Du coup, la grande bourgeoisie s’est convaincue que cela ne valait pas la peine de s’accrocher à la domination coloniale dans le reste de l’Afrique non plus.

Mettre fin à la guerre d’Algérie et décoloniser l’Afrique coloniale française ne vint pas de la gauche, pourtant au pouvoir depuis 1956 avec Guy Mollet. Au contraire, arrivé à la tête du gouvernement en promettant la paix en Algérie, celui-ci intensifia la guerre. La crise politique ne fut dénouée que par le retour de De Gaulle au pouvoir. Cet homme politique réactionnaire osa faire ce que la gauche n’avait pas osé : donner l’indépendance à l’Algérie et, au-delà, organiser l’indépendance des colonies françaises d’Afrique noire.

Mais renoncer à la forme coloniale de sa domination ne signifiait pas pour la bourgeoisie française renoncer à sa domination. Toute sa politique visa dès lors à conserver sa mainmise sur sa zone d’influence africaine, qui constituait une source privilégiée d’approvisionnement en matières premières, mais aussi un débouché pour les produits de son industrie. Cela passait par un contrôle étroit des appareils d’État autochtones, assuré notamment par des liens humains avec le personnel dirigeant, sous la protection de troupes françaises implantées dans les endroits stratégiques.

En 1958, le Tchad devint une république autonome intégrée dans la Communauté française, avec Lisette comme Premier ministre. De Gaulle, qui venait de revenir au pouvoir, voyait en lui l’un des relais potentiels de sa politique africaine, comme l’étaient l’ivoirien Houphouët-Boigny et le sénégalais Léopold Senghor. Mais en février 1959, l’assemblée tchadienne le démit de ses fonctions. François Tombalbaye, un instituteur originaire du sud, prit la direction du PPT et du gouvernement.

 

La dictature de Tombalbaye

Le 11 août 1960, le Tchad accéda donc à l’indépendance avec, à sa tête, Tombalbaye. Ce dernier élimina rapidement toute opposition à l’intérieur du PPT comme à l’extérieur et, sous couvert d’unité nationale, il assura à son parti le monopole du pouvoir.

Le Tchad, comme la plupart des pays africains, restait une création artificielle de l’époque coloniale. Il réunissait des régions très dissemblables et plus d’une centaine d’ethnies différentes. Il restait surtout marqué par un clivage historique entre les tribus d’éleveurs nomades islamisés au nord, et des agriculteurs sédentarisés animistes et partiellement christianisés au sud. De plus, le pouvoir colonial avait amplifié les tensions en jouant les ethnies les unes contre les autres, en privilégiant notamment la fraction christianisée des populations du sud.

Or, Tombalbaye poursuivit la politique du colonisateur français. Il favorisa l’accès des chrétiens du sud aux postes dans l’administration et dans l’appareil d’État, alors que les musulmans du nord étaient dans leur grande majorité délaissés et soumis à l’arbitraire des administrateurs venus du sud. Le résultat ne se fit pas attendre : dès 1963, des émeutes éclatèrent dans le nord suivies, un an plus tard, d’émeutes dans le nord-est. La répression féroce, qui fit des centaines de morts, n’éteignit pas la colère de ces populations.

C’est dans ce contexte que naquit, en 1966, le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat), mouvement de rébellion s’appuyant sur les populations du Tibesti et bénéficiant du soutien de la Libye, de l’Algérie et du Soudan. Incapable de venir à bout de cette insurrection, Tombalbaye réclama, en 1968, l’aide militaire française, en vertu d’accords de défense signés lors de l’indépendance. La France envoya un important corps expéditionnaire.

Le soutien de la Libye au Frolinat n’était pas désintéressé, le colonel Kadhafi revendiquant des droits sur la bande d’Aouzou, une bande désertique mais riche d’uranium située à la frontière nord du Tchad. Profitant de la guerre civile, il annexa d’ailleurs cette région en 1973.

De leur côté, les rebelles entreprirent des actions spectaculaires, comme les prises d’otages. La plus célèbre fut l’enlèvement de l’ethnologue Françoise Claustre par les combattants toubous d’Hissène Habré, dans le désert du Tibesti en 1974. Elle ne fut libérée qu’en 1977.

Par sa politique despotique, Tombalbaye s’était de plus en plus isolé. Lorsqu’il s’en prit aux cadres de l’armée qu’il suspectait de comploter contre lui, son sort fut scellé. Le 13 avril 1975, un coup d’État mit fin à la dictature de Tombalbaye qui fut tué dans les combats. Les putschistes désignèrent le général Malloum pour lui succéder. Celui-ci joua la carte de la réconciliation nationale en renouant le dialogue avec des représentants de l’opposition armée. Parallèlement, les relations avec la France se dégradèrent. La tutelle de l’ancien colonisateur était dénoncée par les mouvements rebelles comme par les militaires tchadiens. Le nouveau gouvernement réclama donc le départ des troupes françaises, qui se retirèrent en octobre 1975.

Bien que divisé, le Frolinat continua à gagner du terrain. Début 1978, la chute de plusieurs villes du nord, dont la préfecture de région Faya-Largeau, montra l’ampleur de la rébellion qui contrôla bientôt les deux tiers du pays. Finalement, en 1979, le général Malloum dut céder la place à Goukouni Weddeye, devenu le leader du Frolinat. Ce dernier prit la tête d’un gouvernement d’union nationale et son rival Hissène Habré fut nommé ministre de la Défense.

Mais la trêve fut de courte durée. Un an plus tard, les bandes armées des deux anciens maquisards s’affrontèrent dans N’Djamena pour le contrôle du pouvoir. Dans un premier temps, Weddeye l’emporta avec l’aide des troupes libyennes, qui en profitèrent pour occuper une grande partie du pays. Mais en 1982, Habré, ayant obtenu le soutien de la France, reprit le pouvoir à l’issue d’un nouveau coup de force militaire.

Aux termes d’accords signés en 1976, la France s’était engagée à ne plus intervenir dans les affaires tchadiennes. Mais à partir de 1978, elle prit prétexte de l’invasion du pays par les troupes libyennes pour faire un retour en force. À partir de 1983, des centaines de soldats, des blindés et des avions de combat furent déployés dans le cadre de « l’opération Manta ». Les forces libyennes étant repassées à l’offensive en 1986, la France fit bombarder l’aéroport libyen de Ouadi-Doum et déploya de nouvelles troupes dans le cadre du dispositif Épervier. Les Libyens furent finalement repoussés et abandonnèrent leurs prétentions territoriales.

Le dispositif Épervier est alors resté en place jusqu'en 2014 (remplacé par l'opération Barkhane). Le dispositif Épervier s’intégrait au réseau de bases militaires que la France maintient depuis l’époque des indépendances du Gabon au Sénégal, en passant par la Côte d’Ivoire et Djibouti, réseau qui lui permet d’avoir en permanence plusieurs milliers d’hommes capables d’intervenir partout en Afrique pour défendre les intérêts de l’impérialisme français.

 

L’ère d’Idriss Deby

Durant toute la période qui s’est écoulée depuis l’indépendance du Tchad, la France s’est à chaque fois accommodée de l’homme fort du moment, fût-il un sanglant dictateur. Ce ne sont donc pas les soupçons pesant sur la disparition de dizaines de milliers d’opposants qui peuvent expliquer le lâchage d’Hissène Habré au profit d’Idriss Deby en 1990. Aux yeux du gouvernement de Mitterrand, son crime était plus odieux : Habré n’avait pas accordé à Elf la place - et les profits - que le trust français attendait dans l’exploitation des gisements pétroliers récemment découverts.

Or, l’effondrement de l’URSS entraînant la fin de la guerre froide, ainsi que la stagnation économique ont changé la donne dans les rapports entre les pays occidentaux. La concurrence entre les grandes puissances pour mettre la main sur les richesses naturelles de l’Afrique s’est accrue. Et la France voit son influence de plus en plus contestée, notamment par les États-Unis, même dans les pays qui lui étaient jusque-là subordonnés. Ainsi, l’exploitation du pétrole tchadien a été confiée à un consortium dirigé par l’américain ExxonMobil.

Pour tenter de résister, l’impérialisme français dispose d’un argument : sa longue tradition d’engagements militaires aux côtés des dirigeants africains soucieux de défendre ses intérêts. Cela explique que, quel qu’ait été le locataire de l’Élysée, l’attitude du gouvernement français vis-à-vis de Deby a peu varié.

Officiellement, le Tchad est une république démocratique. Dans les faits, Deby et son clan monopolisent le pouvoir depuis plus de 25 ans. Deby a même fait modifier la Constitution pour pouvoir prolonger son mandat présidentiel. La presse étant soumise à un sévère contrôle, on ne compte plus les articles censurés, les journaux saisis et les arrestations de journalistes.2

 

Une dictature criminelle qui survit grâce au soutien de la France

Déby est élu président pour un premier mandat en 1996 puis pour un second mandat en 2001. Le 21 décembre 1999, treize mouvements politico-militaires et partis politiques s'unissent dans le but de renverser le régime qui se centralise progressivement sur le président.

En 2000, on estime à 25 000 morts le bilan du régime.

Le 26 mai 2004, les députés adoptent une modification constitutionnelle qui lève la limitation des mandats présidentiels auparavant fixée à deux.3

En novembre 2006, le régime a rétabli l’état de siège et la censure dans la majorité du pays, mais il n’avait pas attendu pour emprisonner plusieurs journalistes pour des délits de presse. Pour dénoncer la parodie de démocratie, l’opposition politique a également boycotté l’élection présidentielle du 3 mai 2006, relativisant ainsi la victoire de Déby.

À l’usure du régime s’ajoutent les répercussions de la guerre au Darfour, région soudanaise située à la frontière nord-est du Tchad. Depuis le début du conflit en 2003, les exactions de l’armée soudanaise et de ses alliés ont poussé à l’exil 200 000 habitants du Darfour. Ces réfugiés s’entassent dans une douzaine de camps sommairement aménagés au Tchad, à la frontière avec le Soudan. L’extension de ce conflit au territoire tchadien était prévisible et a été facilitée par le fait que plusieurs groupes ethniques, comme les Zaghawas auxquels Déby appartient, vivent de part et d’autre de la frontière. En quelques mois, les violences entre les communautés tchadiennes de la région se multiplient. En novembre 2006, les affrontements entre populations arabe et non arabe ont ainsi fait plusieurs centaines de morts et contraint 70 000 civils tchadiens à fuir leur foyer.

Dans ce contexte, le régime de Déby ne survit que grâce au soutien militaire de la France. Depuis le printemps 2006, les troupes françaises stationnées au Tchad lui ont plusieurs fois prêté main forte et sauvé la mise. Une première fois, fin mars, en aidant Déby à déjouer un coup d’État, alors qu’il se trouvait en voyage en Guinée équatoriale. Une deuxième fois, un mois plus tard, en stoppant un raid éclair des forces armées du Front uni pour le changement (FUC) qui, parties du Soudan, menaçaient la capitale tchadienne N’Djamena.

Le gouvernement français, avec son hypocrisie habituelle, a d’abord prétendu n’avoir apporté qu’un « soutien logistique » (transport de troupes sur le terrain des opérations, repérage des positions de rebelles, etc.) avant de reconnaître avoir fait feu -un « coup de semonce » selon la version officielle- pour arrêter la progression d’une colonne. Le fait est que cette intervention des forces françaises a obligé les rebelles à se replier.

La ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a justifié cette intervention en invoquant des accords de « coopération » militaire qui prévoient un appui logistique à l’armée tchadienne. Elle a également prétexté la protection des mille cinq cents civils français et des ressortissants étrangers présents au Tchad, l’opposition de la France à toute prise du pouvoir par la force (ce qui ne manque pas de sel étant donné les circonstances dans lesquelles Déby est arrivé au pouvoir) et l’importance du Tchad par rapport à l’ensemble de la région.

En octobre et novembre 2006, les forces françaises stationnées à N’Djamena, renforcées par 150 soldats et du matériel venus du Gabon et de la métropole, ont prêté main forte à l’armée tchadienne afin de reprendre une zone occupée par des rebelles à la frontière soudanaise. Cette « coopération » s’est poursuivie dans le cadre d’une intervention conjointe des armées tchadienne et centrafricaine pour reconquérir le nord-est de la République centrafricaine passé sous le contrôle d’éléments armés de l’opposition. Dans les deux cas, les troupes françaises, appuyées par des Mirage F1, ont participé directement aux combats, même si, officiellement, ces opérations s’inscrivaient dans le cadre d’une « mission africaine pour la paix ».4

 

 

Guerre civile tchadienne (2005-2010)

Depuis 2004, des milices Janjawid impliquées dans le conflit voisin du Darfour lancent des raids sur des villes et villages de l'est du Tchad, tuant des civils, volant du bétail et brûlant des maisons. Plus de 200 000 habitants du Darfour sont réfugiés au Tchad et y demandent l'asile. Idriss Déby accusa el-Béchir de tenter d'exporter volontairement la guerre du Darfour au Tchad. Parallèlement, le Tchad fait également face à un afflux de réfugiés en provenance de la République centrafricaine.

En 2005, Déby modifia la constitution pour pouvoir se présenter à un troisième mandat présidentiel, ce qui provoqua des désertions en masse au sein de l'armée. Déby fut contraint de dissoudre sa garde présidentielle et de former de nouvelles forces d'élite. Son pouvoir faiblit et plusieurs groupes armés d'opposition se formèrent. Le Rassemblement des forces démocratiques vit le jour en août 2005 et le Socle pour le changement, l'unité et la démocratie deux mois plus tard. Quelque temps plus tard, ils rejoignirent six autres groupes pour former le Front Uni pour le Changement Démocratique puis renommer en Forces unies pour le changement.

La guerre civile au Tchad commence vers décembre 2005, quand Mahamat Nour, ancien de l'ANR forme le mouvement RDL, mais des mouvements rebelles agissaient dans le pays depuis 1991. On peut aussi considérer qu'elle débute le 25 septembre 2005, lors d'un raid près de la ville de Modoyna, raid qui a été lié à Hassan al-Djinnedi.

Ce conflit implique les forces militaires du gouvernement tchadien à plusieurs groupes rebelles (FUC, RFC,...) qui changent de nom, font des alliances et connaissent des scissions au cours du temps.

Le conflit implique également les Janjawid mais surtout les rebelles du Darfour du MJE. Le Soudan est soupçonné de soutenir les rebelles tchadiens et le gouvernement tchadien soutient le MJE. La Libye et des diplomates d'autres pays ont tenté des médiations dans le conflit. La France est intervenu plusieurs fois contre les rebelles. Des troupes de l'EUFOR (regroupant plusieurs pays de l'Union Européenne ainsi que la Russie, la Croatie et l'Albanie) et des troupes de plusieurs pays africains sous mandat de l'ONU sont présents sur le terrain.

Le gouvernement tchadien a estimé en janvier 2006 à 614 le nombre de ses citoyens tués dans les combats frontaliers. Le 8 février 2006 voit la signature des Accords de Tripoli entre le président tchadien Idriss Déby, le président soudanais Omar el-Béchir, et le président libyen Mouammar Kadhafi. Les combats continuent cependant, malgré plusieurs tentatives d'accords.

Le conflit est également lié à la guerre civile au Darfour, et à la guerre en République centrafricaine. Le 15 janvier 2010, des accords de paix marqués par un rapprochement diplomatique entre le Tchad et le Soudan mettent fin à la guerre civile.5

 

 

Réélection d'Idriss Déby (2011)

Idriss Déby a sans surprise été reconduit à la présidence du Tchad, à l'issue de l'élection organisée le 25 avril 2011. La fraude électorale étant la règle et le résultat connu d'avance, peu d'électeurs se sont d'ailleurs déplacés jusqu'aux bureaux de vote. Comme lors des présidentielles de 2006, les principaux partis d'opposition avaient également boycotté cette parodie de démocratie.

Déby a donc succédé à lui-même, comme il le fait depuis 1990, date à laquelle il était arrivé au pouvoir, après avoir chassé Hissène Habré par un coup de force militaire. De Tombalbaye à Déby, en passant par le général Malloum en 1975, Goukouni Weddei en 1979 et Hissène Habré en 1982, le Tchad n'a connu qu'une succession de coups d'État et de régimes dictatoriaux depuis son indépendance.

Déby et son clan perpétuent donc cette situation, en imposant leur censure à la presse et une répression sanglante contre les opposants. En février 2008 une offensive rebelle, parvenue jusqu'aux portes du palais présidentiel dans la capitale N'Djamena, avait bien failli provoquer la chute du régime. Avec la complicité de l'armée française, Déby s'en était sorti. Il s'en était suivi une répression au cours de laquelle plusieurs opposants disparurent.

Malgré la découverte et l'exploitation de gisements pétroliers dans la région de Doba en 2003, la situation du pays, l'un des plus pauvres d'Afrique, n'a guère changé. Déby et son clan en ont certes profité pour s'enrichir, renforçant également les moyens mis à la disposition de l'armée, mais la population connaît toujours la misère et l'absence d'infrastructures. Le manque d'eau potable et les mauvaises conditions d'hygiène favorisent les épidémies : méningite, rougeole, choléra... Quant à la flambée des prix des denrées alimentaires, elle a aggravé la famine qui frappe de nombreuses familles.

Malgré ce tableau accablant, Déby, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, a toujours bénéficié du soutien de la France. Il faut dire que le Tchad occupe une position stratégique au cœur de l'Afrique. C'est pourquoi l'impérialisme français y maintient en permanence plusieurs centaines de soldats, prêts à intervenir aux quatre coins du continent, partout où les intérêts des Bouygues, Bolloré, Total, Areva et autres trusts seraient menacés. Et ce n'est pas le gouvernement de Sarkozy, puis ensuite Hollande, qui a remis en cause cette politique de soutien au dictateur tchadien.6

 

 

La France, soutien de la dictature

Lors du 15e sommet de la francophonie, du 29 au 30 novembre 2014 à Dakar au Sénégal, François Hollande a appelé, devant les chefs d'État africains, à faire preuve de « bonne gouvernance ». Faisant référence aux événements récents du Burkina Faso, il a expliqué qu'il ne fallait pas s'accrocher au pouvoir, et respecter les Constitutions.

Tout comme il y a deux ans, toujours à Dakar, lors de son premier voyage en Afrique, il a parlé de la fin de la Françafrique.

En dépit de ces beaux discours, l'impérialisme français multiplie les interventions pour défendre son pré carré et protéger les intérêts de ses grands groupes. Et s'il est une dictature africaine que la France continue à maintenir en place, c'est bien celle du Tchad.

Le dictateur tchadien Idriss Déby Itno, installé au pouvoir en 1990 par les services secrets français, n'a pas besoin de réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir : il l'a déjà fait depuis de nombreuses années, en abolissant toute limite en termes de nombre de mandats et d'âge. Sa prochaine candidature au pouvoir en 2016 est ainsi « légale ». Il a fait au passage disparaître l'un de ses opposants, Oumar Majamat Saleh, en 2008, qui dénonçait ce tripatouillage.

Tout ce que le Tchad compte de privilégiés qui gravitent autour du clan Déby se partage les dividendes de la rente pétrolière (le pays étant un producteur de pétrole depuis le début des années 2000). La population pauvre, elle, doit survivre avec moins de 1,5 euro par jour dans une misère intolérable. Le clan Deby a mis le pays en coupe réglée, pillant les richesses du pays, du pétrole au coton, en passant par la mainmise sur les transports et le commerce.

La corruption généralisée, la cherté des produits de première nécessité, la pénurie et la hausse du carburant, le non-paiement des salaires des professeurs, ont fait éclater le mécontentement. La pénurie d'essence - un comble dans un pays producteur de pétrole - et la hausse qui en découle sont organisées par les commerçants proches du pouvoir, qui détiennent le monopole de la distribution du carburant et en profitent pour s'enrichir.

Le 11 novembre 2014, à l'appel des syndicats et d'associations pour protester contre la vie chère, élèves, étudiants et enseignants sont descendus dans la rue à Moundou et Sarh, deux villes du sud du pays, et à N'Djamena, la capitale. Ces manifestations ont été violemment réprimées. À Sahr, deux élèves ont été tués, deux autres écrasés par une citerne de l'armée. En tout, ces manifestations ont fait environ dix morts, sans compter les dizaines de blessés, interpellations et arrestations parmi les manifestants.

Que la dictature d'Idriss Déby Itno réprime dans le sang les manifestations, torture et assassine les opposants, déstabilise les pays voisins comme la Centrafrique, l'impérialisme français s'en accommode parfaitement, du moment que ses intérêts sont préservés. La dictature tchadienne est le pivot du dispositif militaire français au Sahel et en Afrique de l'Ouest.

Depuis 2013 et son intervention aux côtés des forces françaises de l'opération Serval, au Mali, Idriss Déby a été érigé par Paris en « rempart contre le terrorisme au Sahel ». François Hollande l'a reçu à l'Élysée et est aussi allé lui rendre visite en juillet 2014. Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, et Jean-Claude Le Drian, ministre de la Défense, ont été accueillis à bras ouverts par le régime. Enfin, Manuel Valls, Premier ministre, s'est également rendu au Tchad le 20 novembre 2014, quelques jours après la répression des manifestations.

Est-ce là l'expression de la « non-ingérence » de la France dans les affaires africaines dont parlait François Hollande ? 7

 

 

Une dictature sanglante

Plusieurs lycéens qui manifestaient le 26 janvier 2015 à Doba, au Tchad, ont été tués par les forces anti-émeutes du régime. Le dictateur Idriss Déby est depuis longtemps l'un des principaux alliés de la France en Afrique. S'il n'a pas participé en personne à la manifestation parisienne du 11 janvier 2015, qui a suivi les assassinats à Charlie Hebdo, il y a délégué son Premier ministre. Mais on ne compte plus tous les Tchadiens qui sont morts pour avoir voulu protester contre son régime ou simplement exprimer une opinion critique.

La manifestation a débuté lorsque des élèves de terminale du lycée de Doba ont vu qu'ils ne figuraient pas sur la liste provisoire des inscriptions au baccalauréat 2015, qui venait d'être affichée. Le ministère de l'Enseignement supérieur, qui organise l'examen, avait en effet décidé que les recalés de la session 2014 qui ont eu une moyenne inférieure à 5 sur 20 cette année ne pourraient pas se représenter avant deux ans. Les jeunes ont occupé le lycée avant de partir en ville. Les policiers et les gendarmes ont alors ouvert le feu. Des forces anti-émeutes sont bientôt arrivées en renfort et un couvre-feu a été instauré.

Le pouvoir est coutumier de tels agissements. En novembre 2014, il avait violemment réprimé les jeunes et les travailleurs qui manifestaient contre la cherté de la vie, la pénurie de carburants ou le retard des salaires.

Cette répression bénéficie de la complicité des grandes puissances, et en particulier de la France. Au pouvoir depuis vingt-quatre ans, Idriss Déby s'est fait une spécialité des interventions militaires au service de l'impérialisme français dans les pays voisins. Il a forgé une armée réputée pour sa violence, non seulement contre ses ennemis mais aussi envers les populations qu'elle est censée protéger. On l'a vue à l'œuvre en Centrafrique et au Mali. Aujourd'hui N'Djamena, la capitale du Tchad, abrite l'état-major de l'opération Barkhane, composée de troupes françaises et africaines censées lutter contre les groupes djihadistes au Sahel. Mais, à l'intérieur du pays, c'est contre la population que les forces de répression exercent leur violence.

Hollande prétend faire la guerre au terrorisme, mais avalise la terreur exercée par ses alliés sur leur propre population. 8

 

 

Combien de temps la population restera-t-elle otage du pire dictateur de la Françafrique ?

Communiqué du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, Paris, 28 octobre 2013.

Applaudi à Bamako aux côtés de Hollande, Idriss Déby a d’obtenu un siège de membre non permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU : le dictateur tchadien sort très renforcé de la guerre au Mali. La lutte contre le ‘djihadisme’ au Sahel est passée par l’alliance de l’armée française avec les troupes claniques d’un chef d’État considéré comme l’un des pires dictateurs d’Afrique. Idriss Déby en profite pour se présenter désormais comme rempart contre le terrorisme islamique ou comme sous-traitant potentiel d’opérations militaires ou de maintien de la paix.

L’argent du pétrole a permis le renforcement rapide de l’armée tchadienne depuis 2003, sans que la rente ne profite à la population, même si des infrastructures sortent de terre. Selon International Crisis Group en 2009, « les ressources pétrolières sont devenues pour le pouvoir tchadien une source de renforcement militaire, de clientélisme et de cooptation politiques. Cette situation contribue à verrouiller davantage l’espace politique national et à maintenir le pays dans un blocage persistant qui radicalise des antagonismes entre le pouvoir et ses opposants. » Le pétro-État est 184e sur 186 au classement de l’indice de développement humain du PNUD. Le gouvernement tchadien a annoncé le triplement de sa production pétrolière en 2015, ce qui le placerait au niveau du Congo-Brazzavile. Récemment, il a décidé la création d’un fond d’investissement de 50 milliards de dollars avec l’aide de Samuel Maréchal, ancien dirigeant du Front National. Cette manne permet à Déby de financer des activités politiques en Afrique à la manière de Khadafi. Il intimide d’autres présidents, en particulier en Afrique de l’Ouest, et fragilise ainsi la démocratie, là où elle commence à s’installer.

Durant l’intervention au Mali, en mai 2013, Idriss Déby a pu écraser le peu d’opposition encore debout sans grande réaction internationale. Cependant, la répression au Tchad en 2013 où la présence des derniers enfants soldats tchadiens ne sont qu’une infime partie du bilan de 23 ans de règne : la liste des massacres perpétrés par les 10 000 ‘soudards’ de la Garde Républicaine, des exécutions extra-judiciaires, des exécutions d’opposants, des villages brûlés, des prisonniers torturés ou exécutés, est interminable. Un inventaire des crimes est impossible à dresser car les organisations de droits humains n’ont la possibilité d’enquêter que très partiellement au Tchad. Déby a évidemment garanti l’impunité aux exécutants de ses ordres. Il a tout autant l’habitude d’emprisonner ou d’expulser des opposants que de corrompre des journalistes, des militants des droits humains, des politiciens, selon ses besoins, dans son pays et ailleurs.

La majorité des massacres a eu lieu dans les années 90 et sont liés à des guerres contre des rébellions, qui se sont créées en réaction aux massacres précédents, au caractère ethnique de l’armée, puis à l’accaparement des recettes pétrolières par la famille présidentielle et à l’impossibilité d’alternance politique. Une partie des crimes sont des crimes contre l’humanité imprescriptibles. La justice internationale s’est construite dans les années 2000, et Idriss Déby, très soutenu par Chirac jusqu’en 2007, s’est adapté pour éviter d’être poursuivi par la CPI comme l’a été le président soudanais El Béchir . En 1990, la Commission d’enquête nationale avait établi à 40 000 le nombre de victimes du régime Habré. Dès 1993, Amnesty alertait sur la continuité des méthodes des deux régimes. L’impunité de Déby rejoint celle de Habré d’autant plus que, comme Commandant en chef des Forces Armées du Nord, puis conseiller à la sécurité à la présidence jusqu’à sa défection en 1989, il a mené une partie des massacres attribués à Habré, dont ceux du ‘Septembre noir’ en 1984 dans le Sud, et ceux de la région de Guéra dans la répression du MOSANAT entre 1986 et 1988. Idriss Déby a déjà négocié son immunité au procès de Habré aux Chambres Africaines au Sénégal, où il est prévu qu’il intervienne comme témoin.

L’armée française a depuis 1990 été aux premières loges pour observer les crimes d’Idriss Déby et pour le protéger. En février 1998, à Sahr dans le Sud du Tchad, après l’enlèvement de 4 français par Mahamout Nahor, des massacres ont été commis sur ordre de Déby avec des soldats français à proximité. Concernant l’assassinat en février 2008 du leader de l’opposition démocratique Ibni Oumar Mahamat Saleh, l’enquête de la juge d’instruction française Emmanuelle Ducos permettra peut-être de connaître les témoignages des deux conseillers français présents et en particulier celui du colonel Gadoullet. L’armée française a maintenu sa collaboration alors que les crimes s’accumulaient, cautionnant ainsi l’impunité, et contribuant ainsi à une banalisation des crimes contre l’humanité. Cette collaboration a aidé Déby à rester au pouvoir, jusqu’aux deux interventions françaises pour le sauver en 2006 et 2008. Par ailleurs, et de façon positive, pour pallier les défaillances de l’État tchadien, l’armée française joue un rôle humanitaire et social, grâce à l’hôpital militaire Épervier, ou en intervenant en cas d’incendies ou de catastrophes naturelles.

Idriss Déby n’a aucune légitimité démocratique. Il est arrivé par les armes. Il a été installé durablement en 1996 par les experts en fraude électorale français à l’époque où la Françafrique pouvait tout se permettre. Il n’a eu ensuite qu’à profiter de l’expérience des dictateurs en scrutins frauduleux et à écraser toute opposition. La dernière mascarade, en 2011, cautionnée par l’Union Européenne suite au travail de l’expert des élections en dictature, Louis Michel, n’a apporté aucun progrès.

La démocratisation de l’Afrique centrale est actuellement impossible. Les destins du Tchad, de la Centrafrique, du Cameroun, du Congo Brazzaville et du Gabon sont liés. Les dictateurs sont globalement solidaires. Cette situation bloquée est aussi le résultat de l’historique de la politique française dans la région qui a favorisé son approvisionnement en pétrole. Actuellement, l’Union européenne qui souhaiterait commencer à définir sa politique de défense au Conseil européen de décembre, est entraînée par la politique française sous influence militaire dans des alliances avec les dictateurs de la Françafrique. La démocratisation est sacrifiée au profit du renforcement de la sécurité européenne et de son industrie d’armement. Le gouvernement français tente de (re)faire croire que les présidents peuvent construire « la paix et la stabilité » sans considération pour la nature des régimes. Les peuples, privés d’élections crédibles, sont toujours exclus du débat sur leur sécurité. Ainsi, Déby, qui a regagné une certaine ‘légitimité internationale’, se renforce militairement à l’extérieur et a réussi à s’imposer comme acteur incontournable en Centrafrique qu’il avait lui-même déstabilisée.9

 

 

Les élections passent, Idriss Déby reste

Le résultat final de l’élection présidentielle qui a eu lieu au Tchad le 10 avril 2016 ne faisait guère de doute. C’est Idriss Déby qui allait une nouvelle fois être élu. Depuis vingt-six ans qu’il règne sur le pays, il a pu bénéficier du soutien sans faille des gouvernements français et cela va certainement continuer.

Quatre dirigeants de l’opposition croupissaient alors depuis plus d’un mois en prison pour avoir appelé à manifester contre son cinquième mandat et lui avoir demandé de retirer sa candidature. Les syndicats ont organisé une grève générale le 25 mars, pour exiger leur libération mais aussi le paiement régulier des salaires et des arriérés. Elle a été largement suivie. Une marche de protestation a eu lieu quatre jours plus tard. La colère contre ces arrestations arbitraires s’est mêlée à l’indignation suscitée par le viol en février d’une lycéenne de 16 ans, Zouhoura, par les fils de trois généraux et d’un ministre. Les lycéens s’étaient alors rassemblés pour protester, jusqu’à ce que la police ouvre le feu à balles réelles, faisant un mort et plusieurs blessés. Toute une partie de la population se révolte contre l’impunité absolue de la caste dirigeante mais celle-ci a le moyen d’empêcher que cela se traduise dans les urnes.

Les ressources du pays, à commencer par le pétrole exploité par des compagnies américaines, sont détournées au profit d’Idriss Déby et de son clan. Le directeur des douanes du pays était ainsi jusqu’en octobre 2015 le frère cadet d’Idriss Déby. Il fut alors démis de ses fonctions, mais le directeur du journal Le Haut Parleur, qui avait dénoncé sa corruption, fut auparavant arrêté et torturé. Pendant ce temps, la population n’a ni eau potable ni électricité, et vit dans la misère. Les prix augmentent et les salaires ne sont souvent pas payés.

Le gouvernement français, protecteur du régime, reste très discret sur les crimes de la dictature tchadienne. Lorsque François Hollande est venu à N’Djaména, la capitale du Tchad, ce n’était pas pour parler des droits de l’homme mais pour y installer l’état-major de la force Barkhane, ces troupes françaises qui interviennent dans cinq pays du Sahel contre les groupes djihadistes et ont pris le relais de l’intervention française au Mali.

Le Tchad est en effet le principal allié de la France sur le plan militaire dans cette région du monde. Son armée a été l’auxiliaire le plus efficace de l’armée française au Mali et le sera peut-être demain en Libye. On ne fâche pas un tel allié ! 10

 

 

Hissène Habré condamné, pas l’impérialisme français

Hissène Habré, l’ancien dictateur tchadien, a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie par le tribunal de Dakar. Il avait régné sur le Tchad de 1982 à 1990, soutenu par la France, que dirigeait alors François Mitterrand, et par les USA. Selon une commission d’enquête tchadienne, 40 000 personnes sont mortes en prison ou ont été exécutées par sa police politique.

Après sa chute, Hissène Habré a continué à bénéficier de la bienveillance de ses anciens maîtres de Paris, même si ceux-ci soutenaient désormais l’actuel dictateur Idriss Déby. C’est le gouvernement français qui a demandé au président sénégalais Abdou Diouf de lui accorder l’asile politique en 1990. Cela permit à Hissène Habré de couler des jours paisibles pendant 24 ans, bien qu’une plainte ait été lancée contre lui dès 1992. L’argent du trésor tchadien qu’il avait emporté lui assura les complicités nécessaires. Cette longue impunité fut protégée par les gouvernements français, inquiets de voir mis en lumière leur complicité dans les crimes commis à l’époque, et par les dictateurs africains qui ne tenaient pas à voir jugé l’un des leurs. Mais les familles de victimes et leur avocat, soutenus par l’organisation Human Rights Watch, n’ont pas renoncé à traîner Hissène Habré à la barre des accusés.

Durant tout le procès, les témoignages se sont succédé pour décrire les sévices dont étaient victimes celles et ceux qu’il faisait arrêter. Chaque jour, des dizaines de prisonniers entraient dans les locaux de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), la police politique. Bien peu en sortaient. Ils étaient privés de nourriture et de boisson. La torture, qu’Hissène Habré suivait par talkie-walkie, était la règle. Les femmes étaient violées par les nervis du régime, et certaines même ont témoigné l’avoir été directement par Hissène Habré.

Toutes ces horreurs étaient perpétrées non seulement avec la complicité, mais avec l’aide des gouvernements français et américains qui voyaient en Hissène Habré un rempart contre la Libye de Kadhafi. Des agents de la DGSE, les services d’espionnage français, formaient les hommes de la DDS. Des « conseillers » de la CIA rivalisaient avec eux dans cette sinistre besogne. L’armée française intervint à plusieurs reprises pour sauver la mise à Hissène Habré, menacé par son rival Goukouni Oueddei que soutenait la Libye. Ce furent les opérations Manta et Épervier dès 1983. Les américains, eux, n’étaient pas avares en matériel militaire pour l’armée tchadienne.

François Mitterrand et ses gouvernements ont soutenu ce dictateur jusque dans les derniers mois, avant de le lâcher pour l’actuel président Idriss Déby. Celui-ci n’est pas plus reluisant. Ancien chef d’état-major d’Hissène Habré, conseiller pour les questions de défense et de sécurité, il coiffa pendant plusieurs années la DDS et fut lui aussi un tortionnaire en chef. Il dirigea en personne les tueries qui eurent lieu en 1984 dans le sud du Tchad contre les populations accusées de vouloir la sécession. Aujourd’hui, il aborde son cinquième mandat après un simulacre d’élection, emprisonne les opposants, fait tirer sur les manifestants et pille avec son clan les maigres ressources du Tchad.

Mais comme son prédécesseur, Idriss Déby jouit du soutien sans faille du gouvernement français. Hissène Habré servait de rempart contre Kadhafi. Idriss Déby reste le plus fidèle soutien de l’armée française au Mali et aujourd’hui l’état-major de l’opération Barkhane, censée arrêter les djihadistes, a son siège dans la capitale tchadienne. Pour les gouvernements français de toutes les époques, cela équivaut à un permis de faire régner la terreur sur sa population.

Les dictateurs tchadiens passent, et sont parfois jugés des années après, mais la politique de l’impérialisme français reste la même, toujours aussi sanglante.11

 

 

Les travailleurs contre un régime corrompu

Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, s’est déplacé au Tchad le 25 décembre 2016, accompagné du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Rendant visite aux troupes françaises dont ce pays est la plaque tournante en Afrique, il en a profité pour apporter son soutien au dictateur Idriss Déby, réélu en avril dernier pour un cinquième mandat, à l’issue d’un scrutin qualifié de hold-up électoral par l’opposition.

Cazeneuve a déclaré : « La France est aux côtés du Tchad sur la crise économique et sociale. » La crise sociale en question, ce sont les grèves qui se succèdent depuis maintenant plus de trois mois dans tout le pays, en réaction au renchérissement de la vie, aux attaques du gouvernement et à la corruption. Les enseignants et les personnels de santé notamment sont en première ligne.

Le mouvement doit faire face à la répression. Ainsi, le 6 décembre 2016, des travailleuses qui avaient décidé une marche pacifique nationale pour soutenir la grève ont été dispersées par la police. Une de leurs dirigeantes déclarait : « Les femmes souffrent beaucoup à cause de cette situation de grève sans salaire. Nos enfants ne vont plus à l’école, les femmes ne peuvent pas aller à l’hôpital, elles meurent en accouchant, les enfants meurent parce qu’ils sont malades, donc nous en avons assez. »

Dans le numéro du 2 décembre de leur journal Le pouvoir aux travailleurs, l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) décrivent les raisons de ce mouvement de protestation et dénoncent la corruption qui règne au Tchad.

La plateforme revendicative de l’Union des syndicats du Tchad (UST) est un ensemble de mesures revendicatives des travailleurs, comme l’augmentation générale des salaires pour faire face à la hausse incessante des prix des denrées de première nécessité, le versement régulier des salaires et le paiement des arriérés. Au lieu de satisfaire ces revendications légitimes, le gouvernement n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Sous prétexte de faire face à la crise due à la baisse des revenus pétroliers, mais en réalité à cause de la dilapidation des fonds publics par Déby et son clan, le gouvernement a unilatéralement pris 16 mesures drastiques et impopulaires, dont la suppression de 80 % des primes et indemnités des fonctionnaires et des agents de l’État pour une période de dix-huit mois. C’est ce qui a poussé l’UST à lancer une grève générale.

Pourtant, l’argent pour payer tous les fonctionnaires et agents de la fonction publique existe bel et bien, mais dans les poches de Déby, son clan et sa famille. Prenons par exemple le cas des deux neveux de Déby. L’un est placé depuis 2013 à la tête de la cimenterie de Baoré, localité située à 40 km de la ville de Pala, au sud. Ce grand complexe industriel construit par une entreprise chinoise abrite à la fois les installations de l’usine, les bureaux et les logements pour les employés. Les 900 millions de francs CFA de recettes par mois que touche ce neveu vont directement dans un compte personnel. Sa propre entreprise, la Simcobat, s’est vu attribuer toutes les tâches au sein de la cimenterie : entretien, nettoyage, gardiennage, etc.

L’autre neveu a fait main basse sur les recettes que rapporte l’aéroport international de Ndjaména. Il voulait le privatiser, mais son oncle Déby s’y est opposé. Néanmoins, il bénéficie gracieusement des 400 millions de recettes mensuelles.

Tout cet argent, s’il était confisqué, pourrait servir à payer en partie, voire même en totalité, les salaires des fonctionnaires et agents de l’État. Mais il ne faut pas attendre cela d’Idriss Deby, car il y va des intérêts de son clan et de sa famille. Espérons qu’un vent de mécontentement de la part des travailleurs et des classes pauvres puisse balayer un jour ces sangsues au pouvoir, et que les travailleurs aient toujours leur mot à dire, indépendamment d’autres catégories sociales et surtout des politiciens qui pourraient s’appuyer sur leur lutte pour parvenir au pouvoir.12

 

 

Mort d'Idriss Déby : Macron continue de soutenir la dictature

Emmanuel Macron s’est rendu le 23 avril 2021 aux funérailles du président Idriss Déby pour tresser des lauriers à celui qui fut un dictateur sanglant. « Cher Président, cher Maréchal, cher Idriss (…) vous avez vécu en soldat, vous êtes mort en soldat », a commencé Macron pour son éloge funéraire, avant de poursuivre : « La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. »

Après la mort d’Idriss Déby, tué en guerroyant contre une rébellion, Macron voulait pouvoir continuer à compter sur l’armée tchadienne pour défendre les intérêts de l’impérialisme français en Afrique. Ses paroles étaient donc aussi une manière d’adouber son fils, Mahamat Déby, qui s’est d’emblée imposé à la tête de l’État, flanqué d’une junte militaire, et se voyait déjà contesté.

Les manifestants sont descendus dans la rue le 27 avril, brandissant des pancartes « Non à une monarchie au Tchad », mais aussi « Non aux soutiens de la France », visant le clan Déby pour le rôle de supplétifs de l’armée française qu’il fait jouer aux militaires tchadiens. Les forces de répression ont tiré, faisant au moins cinq morts. De leur côté certains membres de la famille du dictateur défunt ne se résignaient pas à avoir été écartés. Quant à l’armée tchadienne, elle pourrait bien éclater en bandes rivales, elle qui était surtout soudée par la fidélité à son chef. Autant dire que la stabilité au sujet de laquelle Macron s’inquiétait était loin d’être assurée.

Idriss Déby avait été réélu pour la sixième fois quelques jours avant sa mort. La campagne électorale, si l’on peut employer ce nom, avait été un condensé de violences et de répression. Les manifestations appelées par les syndicats, les partis d’opposition et les organisations humanitaires avaient été interdites et sauvagement réprimées. De nombreux manifestants avaient été passés à tabac, fouettés ou battus à coups de bâton par l’armée et la police, et certains entraînés dans les commissariats pour y être torturés à l’électricité. Le 28 février, les forces de répression avaient attaqué la maison d’un des principaux candidats, Yaya Dillo, tué sa mère de 80 ans et blessé cinq autres membres de sa famille.

Idriss Déby a dû la longueur de son règne au soutien ininterrompu des présidents français pendant plus de trente ans.

En 2008, alors que des rebelles étaient entrés dans la capitale N’Djamena, les militaires français avaient occupé l’aéroport sous prétexte de préparer l’évacuation des Européens. Ils avaient surtout permis d’approvisionner l’armée d’Idriss Déby en armes et en munitions et de renverser la situation à son profit.

Plus récemment, en février 2019, les Rafale français avaient détruit une colonne de rebelles marchant sur la capitale. C’est aussi à N’Djamena qu’est installé le poste de commandement du G5 Sahel, et que sont positionnés les bombardiers français capables d’intervenir dans tous les pays d’Afrique.

Idriss Déby choyait son armée, qui dévore une grande partie du maigre budget national d’un pays qui manque d’hôpitaux, d’écoles et plus généralement de tout service public. Il l’équipait en armes modernes et laissait les militaires faire ce qu’ils voulaient.

Les chefs, souvent issus de son cercle familial, ont ainsi amassé des fortunes en trafics, marchés publics détournés ou confiscation de troupeaux. Les hommes du rang quant à eux jouissent de l’impunité pour voler la population pauvre et s’en prendre aux femmes, allant parfois jusqu’à les fouetter.

Cette armée a garanti le pouvoir d’Idriss Déby, mais elle a aussi été sa carte de visite auprès des grandes puissances. Lorsque l’armée française est intervenue au Mali en 2013, c’est aux troupes tchadiennes qu’elle a fait appel pour pourchasser les djihadistes retranchés dans leur repaire du massif des Ifoghas.

En Centrafrique, les soldats tchadiens sont intervenus en soutien à l’armée française. Les États-Unis également sont redevables à Idriss Déby qu’ils ont longtemps appuyé en vertu du soutien qu’il leur apportait face au dictateur soudanais Omar el-Bechir, aujourd’hui renversé.

Ils ont continué à le faire pour l’aide apportée au Nigéria à la lutte contre Boko Haram. Même la Chine était redevable au dictateur puisqu’il l’a fait bénéficier d’une bonne partie du pétrole tchadien découvert en 2003.

C’est devant les méfaits de ce président criminel qu’est venu s’incliner Emmanuel Macron à N’Djamena, préoccupé de tout faire pour qu’une dictature odieuse, mais alliée de l’impérialisme français, se perpétue au Tchad.13

 

 

Économie du Tchad

Le Tchad est aux trois-quarts rural. L'agriculture et l'élevage du bétail sont les activités dominantes. La mise en exploitation des gisements pétroliers depuis 2003 a été très encadrée par la Banque mondiale. Dès 2004, le pétrole représentait plus de 80 % des exportations nationales, permettant à la balance commerciale de devenir nettement excédentaire.

 

L'exploitation commerciale des gisements pétroliers de Doba, dans le sud du pays à partir des années 2000 a un impact profond sur la vie économique et politique tchadienne.

L'exploitation a commencé après l'achèvement en 2003 de l'oléoduc Tchad-Cameroun qui permet d'acheminer le pétrole dans le golfe de Guinée. Les gisements sont exploités par un consortium associant ExxonMobil, Chevron, et Petronas. L'oléoduc a été partiellement financé par la banque mondiale. En échange du prêt, l'État tchadien touche des redevances et des dividendes, soient des recettes de 2 milliards de dollars/an sur 25 ans. Le Tchad s'est engagé auprès de la Banque mondiale à dépenser 80 % des redevances et 85 % des dividendes à la lutte contre la pauvreté. À la suite d'un différend entre la Banque et le gouvernement tchadien, un nouveau protocole d'accord a été signé en juin 2006, le gouvernement tchadien doit désormais consacrer 70 % de son budget total aux programmes prioritaires de réduction de la pauvreté. Le Tchad espère le triplement de la production du pétrole de son pays à partir de 2015. L’entrée en production d’un champ pétrolier à proximité du lac Tchad nourrit un tel optimisme.14

Or les revenus du pétrole sont détournés par le pouvoir en place, et 46% de la population vit sous le seuil de pauvreté.15

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Tchad
(2) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/tchad-une-dictature-qui-ne-survit
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Idriss_D%C3%A9by
(4) http://www.lutte-ouvriere-mensuel.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/tchad-l-armee-francaise-au-secours
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_tchadienne_%282005-2010%29
(6) Roger Meynier http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2230/dans-le-monde/article/2011/04/27/24688-tchad-reelection-didriss-deby-un-dictateur-soutenu-par-la-france.html
(7) René Cyrille http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2014/12/03/tchad-la-france-soutien-de-la-dictature_35892.html
(8) Daniel Mescla http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2426/dans-le-monde/article/2015/01/28/36284-tchad-une-dictature-sanglante-alliee-de-la-france.html
(9) http://www.tchadactuel.com/?p=9731
(10) Daniel Mescla http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2016/04/13/tchad-les-elections-passent-idriss-deby-reste_67259.html
(11) Daniel Mescla http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/06/01/tchad-hissene-habre-condamne-pas-limperialisme-francais_68382.html
(12) Le Pouvoir aux travailleurs http://journal.lutte-ouvriere.org/2017/01/04/tchad-les-travailleurs-contre-un-regime-corrompu_73843.html
(13) Daniel Mescla https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/04/28/tchad-macron-soutient-la-dictature_158104.html
(14) https://fr.wikipedia.org/wiki/Tchad
(15) http://donnees.banquemondiale.org/pays/tchad