Le Cap-Vert

 

 

Premiers explorateurs

La date exacte à laquelle accosta le premier bateau portugais n’est pas connue. Ils décrivirent alors l’archipel comme étant inhabité, bien qu'il ait été connu depuis les Grecs anciens qui les décrivirent dans le mythe des Hespérides. Cependant, vu le régime des vents et courants dominants de la région, il n’est pas exclu que des pêcheurs maures, wolofs, sérères ou encore lébous y aient débarqué. Selon certains récits, des Arabes ou des Phéniciens auraient visité l’archipel plusieurs siècles avant les Européens. L’historien portugais Jaime Cortesão rapporte une légende selon laquelle les Arabes auraient visité une île, qu’ils nommaient « Aulil » ou « Ulil », où ils récoltèrent du sel dans des marais salants naturels. Selon lui, il pourrait s’agir de l’île de Sal.

 

En 1456, l’explorateur portugais Alvise Cadamosto découvrit quelques îles du Cap-Vert, puis Diogo Dias et Antonio Noli, capitaines au service d’Henri le Navigateur, découvrirent le reste de l’archipel les années suivantes. Ribeira Grande, première ville européenne permanente sous les tropiques, qui porte actuellement le nom de Cidade Velha, fut fondée en 1462. Les îles – du moins les îles montagneuses – étaient alors couvertes de végétation.

Les Portugais importèrent rapidement des esclaves depuis la côte ouest du continent. Situé sur les grandes voies commerciales entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques, l’archipel s’enrichit grâce au commerce triangulaire au cours du XVIe siècle. Cette prospérité attira les convoitises de nombreux pirates, dont Francis Drake qui saccagea Ribeira Grande en 1582 et 1585. La ville déclina après une attaque française en 1712 et Praia devint la nouvelle capitale.

 

Déclin

La première sécheresse frappa le Cap-Vert en 1747 – par la suite, le pays en connaîtra une tous les cinq ans en moyenne. La déforestation et les cultures intensives empirèrent la situation en détruisant la végétation qui procurait de l’humidité. Au cours du XVIIIe puis du XIXe siècle, trois grandes sécheresses provoquèrent plus de 100 000 morts. Le gouvernement portugais n’envoya presque aucune aide pendant ces famines. À la fin du XVIIIe siècle, João da Silva Feijó est envoyé en mission au Cap-Vert pour évaluer la possibilité d'exploiter des minéraux tels que salpêtre et soufre mais sans succès.

 

À partir de 1810, les baleiniers venus du Massachusetts et de Rhode Island recrutaient des matelots sur les îles de Brava et de Fogo.

 

En 1866, l’abolition de l'esclavage porta un coup durable à l’économie capverdienne. C’est à cette époque que débuta la première vague d’émigration vers les États-Unis.

 

À la fin du XIXe siècle, l’ouverture des lignes transatlantiques fut l’occasion d’une embellie économique, Mindelo devenant une escale privilégiée de ravitaillement en fuel, eau et vivres. L’archipel continua cependant à souffrir de fréquentes sécheresses et famines qui firent des milliers de victimes au cours de la première moitié du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, Mindelo cessa d’être une escale commerciale et le pays replongea dans la misère.

 

Nationalisme et indépendance

Étant donné que les Européens forment la première population connue du pays, les Cap-verdiens ont bénéficié d'une plus grande proximité culturelle avec la métropole portugaise. La première école élémentaire ouvrit en 1817, et le Cap-Vert fut la première colonie portugaise à être dotée d’un lycée dès 1866. Au jour de l’indépendance, un quart de la population était alphabétisée, contre 5 % en Guinée-Bissau.1

Le manque de ressources naturelles et d'investissements effectués par les Portugais provoquent le mécontentement de la population. Les colons refusent en outre toute velléité d'autonomie locale. Les revendications autonomistes croissent au cours du XXe siècle. Afin d'apaiser la situation politique et satisfaire le mouvement nationaliste émergent, le Portugal modifie le statut juridique du Cap-Vert en 1951 : de simple colonie, l'archipel devient un territoire d'outre-mer. À partir de 1956, les indépendantistes du Cap-Vert, menés par Amílcar Cabral, et de la Guinée portugaise, autre possession portugaise en Afrique de l'Ouest, s'allient pour former le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC)2. C'est à l'origine un mouvement pacifique, dont la stratégie première est de demander aux Portugais de se retirer paisiblement de leurs colonies de Guinée et du Cap-Vert. Le Portugal ayant attaqué des militants indépendantistes en Guinée-Conakry où ils avaient établi leur base, les militants du PAIGC décident d'entrer dans la lutte révolutionnaire armée. La PIDE, police politique portugaise réprime dans le sang des manifestations et des réseaux du PAIGC jusqu’en Guinée voisine, où des camps d’entraînement et des écoles formaient les cadres et les combattants de l’indépendance, avec l’accord du président guinéen Ahmed Sékou Touré.

Le PAIGC déclenche la guerre de libération nationale. Les attaques, d’une redoutable efficacité, deviennent un piège pour les Portugais tant sur le plan humain que financier (au plus fort de la guerre le Portugal dépense plus de 50 % de son budget pour mater la « rébellion »). Des Casamançais traversent la frontière pour soutenir les Bissau-guinéens. Le PAIGC soutenu par l’URSS et Cuba contrôle deux tiers du pays et déclare l’indépendance le 24 septembre 1973.

 

Les manœuvres portugaises

Le Portugal a indéniablement joué sur la vieille rivalité entre Capverdiens et Bissau-guinéens ou en d’autres termes entre métis et noirs. Il a chargé le Général António Spínola, responsable du commandement militaire en Guinée portugaise contre la lutte indépendantiste, de mettre en place le « Front Uni de Libération » pour concurrencer le PAIGC. Pour ce faire, le général devait remettre le Front à des nationalistes capturés et qui avaient retourné leur veste en faveur du Portugal. L’objectif des Portugais était de réussir à casser l’union entre le Cap-Vert et la Guinée-Bissau. Le « Front » était un instrument en vue de conserver le Cap-Vert et d’accorder l’indépendance à la Guinée portugaise. Avec le soutien des États-Unis, il comptait ainsi occuper la position stratégique fournie par l’archipel du Cap-Vert. Bien que l’ambassadeur de Guinée-Conakry envoyé par Ahmed Sékou Touré l'ait averti le jour de même de son assassinat, Amilcar Cabral fut tué à Conakry, par des dissidents guinéens proches du Portugal. Sékou Touré mettra aux arrêts les militants du PAIGC qui venaient l’avertir du drame. Le leader de la révolution sera tué donc avant l’indépendance.

En outre un projet de Grande Guinée existait et était débattu entre Bissau et Conakry, qui se sentaient proches idéologiquement (socialisme) et sociologiquement. Ce projet a été combattu par les Capverdiens jusqu’à leur éviction car il promettait la suprématie des Noirs. C’est avec la mort de Sékou Touré en 1984 que ce projet sera mis aux oubliettes. Le Portugal n’a pas réussi son pari car le PAIGC n’éclate pas ; des chefs du maquis comme João Bernardo Vieira apportèrent leur soutien aux successeurs d’Amilcar Cabral.

La Révolution des Œillets au Portugal en 1974 qui déposa le Caetano (successeur de Salazar) permit l’indépendance simultanée de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert formant un seul pays tout comme les autres pays lusophones (Angola, Mozambique, Sao Tomé-et-Principe).3

En décembre 1974, le PAIGC et le Portugal signent un accord prévoyant la constitution d'un gouvernement de transition composée de Portugais et de Capverdiens. Le 30 juin 1975, les Capverdiens élisent une Assemblée nationale à laquelle le Portugal reconnaît la souveraineté le 5 juillet. Aristides Pereira, figure du mouvement anti-colonial et dirigeant du PAIGC, devient le premier président du pays.

 

Depuis l'indépendance (1975-)

Dès 1975 est envisagée la réunion du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau. Le coup d'état en Guinée de novembre 1980 provoque un refroidissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le projet d'union est ainsi enterré, et le PAIGC modifie son nom en PAICV (Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert). Il instaure un régime à parti unique d'inspiration marxiste (bien que non-aligné) qui perdure jusqu'en 1990, année où le Cap-Vert s'ouvre au multipartisme. Contraint par la pression populaire, qui réclame davantage de démocratie, le PAICV réunit un congrès extraordinaire en février 1990 pour effectuer des modifications de la Constitution. Plusieurs partis d'opposition s'unissent pour former le Mouvement pour la Démocratie (MPD) en avril 1990 à Praia, et contestent la légitimité de l'élection présidentielle prévue en décembre 1990.

Le système à parti unique est officiellement aboli le 28 septembre 1990, et les premières élections libres ont lieu en janvier 1991. Elles voient la large victoire (73,5 %) du candidat du Mouvement pour la Démocratie, António Mascarenhas Monteiro, qui défait Aristides Pereira, président en fonction depuis 1975. Les élections législatives de décembre 1995 accordent une large majorité à l'Assemblée nationale au MPD, avec 50 sièges sur 72. Monteiro est réélu en 1996 et ne se représente pas en 2001. Le candidat du PAICV, Pedro Pires, remporte l'élection de février 2001 et est lui aussi réélu pour un second mandat. Depuis 2011, le président est le dirigeant du MPD Jorge Carlos Fonseca.

En raison de sa stabilité politique et de la régularité des élections, le Cap-Vert est considéré comme l'un des pays africains les plus démocratiques. Le 23 juillet 2008, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) accueille le Cap-Vert qui devient le 153e pays membre.4

 

 

Économie

Le PIB du Cap-Vert se situe au 190e rang mondial, en raison de la faiblesse de ses ressources naturelles. En particulier, le Cap-Vert est régulièrement victime de pénuries d'eau dues à la déforestation ancienne et à de longues périodes de sécheresse. Seules quatre des dix îles de l'archipel peuvent soutenir une production agricole pendant les périodes de pluie normales. En 2007, le Cap-Vert a quitté le groupe des pays les moins avancés.

L'économie est orientée vers les services avec le commerce, les transports, le tourisme et les services publics. Ce qui représente trois quarts du PIB. L'aide internationale représente un complément de budget essentiel. Le tourisme est en développement mais l'éloignement des pays riches en fait une destination relativement marginale malgré des attraits réels. Ses ressources naturelles principales sont le sel, la pouzzolane (utilisée dans la fabrication du ciment), la pêche (langouste et thon) et la production de bananes.5

Selon la Banque mondiale, 26,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté en 2007.6

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Cap-Vert
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Cap-Vert
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_africain_pour_l'ind%C3%A9pendance_de_la_Guin%C3%A9e_et_du_Cap-Vert
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Cap-Vert
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Cap-Vert
(6) http://donnees.banquemondiale.org/pays/cap-vert