La Corée du Nord

 

Jusqu'à l'établissement de la dynastie Han chinoise, en l'année 206 av. J.-C. il n'y a pas de document attestant de civilisation en Corée. Jusqu'à cette date il s'agit d'une période mythique qui commence en 2333 av. J.-C. avec la naissance légendaire de la civilisation coréenne.

 

Trois royaume de Corée

L'expression Trois royaumes de Corée désigne la période de l'histoire coréenne, s'étendant entre le Ier siècle av. J.-C. et le VIIe siècle ap. J.-C., qui vit le développement des royaumes de Goguryeo, Baekje et Silla, dans la péninsule coréenne et en Mandchourie. D'autres petits royaumes et États tribaux coexistèrent avec ces trois royaumes, dont la Confédération de Gaya (Kaya) (42-562), Dongye, Okjeo, Buyeo, Usan. 1

 

Période Silla

Le royaume de Silla naît au Ier siècle av. J.-C., et abandonne son nom de royaume de Saro pour celui de Silla au début du Ve siècle. De taille réduite, il réussit à s'imposer face à ses voisins et à les conquérir les uns après les autres (Kaya, Paekche et Koguryŏ en 668) avant d'expulser les Chinois Tang de la péninsule en 676.

C'est donc dans le dernier tiers du VIIe siècle que commence la période unifiée Silla.

Après l'unification de la péninsule en 672 par Munmu, le trentième roi de Silla, le royaume de Silla connut un siècle de prospérité, sa civilisation atteignant un haut-degré de développement. L'alliance avec la Chine des Tang permit à Silla de prospérer dans la paix.

Après des luttes pour le contrôle des territoires du nord qui durèrent jusqu'en 735, le milieu du VIIIe siècle fut le commencement d'une période d'instabilité : les aristocrates se déchiraient entre eux, des rébellions éclatèrent, voulant rétablir les anciens royaumes de Paekche et Koguryŏ.

La capitale de Silla, Kumsong (actuelle Kyongju, ou Gyeongjiu), devint florissante et compta (peut-être) jusqu'à 1 million d'habitants.

 

Le Parhae 

Au nord de la péninsule, un général du royaume de Koguryŏ, Dae Jo-yeong, chassa les Chinois Tang de Mandchourie et créa le royaume de Parhae en 698, approximativement sur la zone des tribus Puyŏ. Ce royaume était peuplé de Coréens de Koguryŏ et de Malgales. Il repoussa une offensive Silla-Tang en 733. Il est abattu par les Khitans en 926.

Ce royaume possédait cinq capitales régionales, et s'étendait de l'Amour à la Mandchourie. Il eut des relations diplomatiques avec le Japon et Byzance.

 

Société et culture

La société de Silla était fortement hiérarchisée, et les différentes classes sociales de plus en plus hermétiques. Le système des os déterminait le rang de chacun dans la société et les fonctions éligibles auxquelles il pouvait prétendre. La plupart des nobles de Koguryo et de Paekche sont entrés dans l'administration ou ont adopté le système des os.

Les caractères chinois commencent à être utilisés pour écrire le coréen. Une nouvelle forme littéraire apparaît : les Hyangga, qui sont des poèmes sacrés incantatoire.

 

La fin de la dynastie Silla 

Le titre royal perdit peu à peu de son importance, avec l'incapacité de ses titulaires à s'imposer face aux aristocrates qui se déchiraient entre eux. Le royaume de Paekche postérieur fut fondé en 900 ; en 901, c'est Koguryo postérieur. Finalement, la dynastie de Silla abandonna le pouvoir en 918 à un de ses généraux, Wanggeon ou Wang Kon. Ce général qui était également un riche marchand, fonda une nouvelle dynastie, déplaça sa capitale à Song-ak (actuelle Kaesong) et lança une reconquête du Koguryo. Il s'appuie sur les structures administratives de Silla, épouse la fille du dernier roi. Le nom de cette période de tentative de reconquête est la période Koryŏ, en référence au royaume Koguryo ; c'est également ce nom qui est à l'origine de l'actuelle nom de la Corée.

 

Référence moderne

Depuis la partition de la Corée, en 1945, les Coréens utilisent de plus en plus le terme période unifiée de Silla, même si le nord de la péninsule n'était pas sous le contrôle de Silla. C'est bien évidemment par nostalgie pour une époque prospère où leur nation vivait en un seul État que cette terminologie a été choisie.2

En 918, Wanggeon ou Wang Kon, fils d'un riche marchand de Songak (actuelle Gaeseong) et ancien dignitaire de Silla, se proclame chef d'un État dit de Goryeo, ce qui marque la fin de l'époque de la Corée unifiée dans le royaume de Silla, et le début d'une période intermédiaire, dite Période des Trois Royaumes postérieurs, qui dura jusqu'en 935. Deux autres royaumes sont fondés : Hu-Goguryeo, soit Goguryeo postérieur, plus tard renommé Taebong par Gung Ye, et Hu-Baekje (후백제, soit Baekje postérieur). La période prend fin avec la défaite et l'annexion d'Hu-Baekje par Wang Kon, allié à Taebong, en 935.

 

Période Goryeo

De 918 à 935, Goryeo prend le contrôle de la péninsule, et s'étend. La conquête vers le nord va jusqu'au fleuve Chongcheon, et s'arrête face aux Khitans. Plusieurs guerres ont lieu contre les Khitans à partir de 993, s’achevant par la bataille de Kwiju en 1019 qui les repousse définitivement hors de la péninsule.

 

Afin d'affermir son pouvoir, le quatrième roi de Goryeo, Gwangjong, édicte une série de lois, dont l'affranchissement des esclaves en 958, et la création d'un concours de recrutement pour les fonctionnaires. Il se proclame Empereur. Petit à petit, par cette œuvre administrative, les rois Goryeo réussissent à discipliner progressivement les seigneurs locaux, but atteint sous le onzième roi de la dynastie, Munjong (문종, 文宗). Munjong et ses successeurs affirment l'autorité du civil sur le militaire.

Malgré l'œuvre administrative accomplie jusqu'en 1000 environ (concours, sinisation, assimilation des élites antérieures), le pouvoir de la dynastie ne peut s'imposer complètement. Les potentats locaux gardent une part de leur autonomie.

 

Invasion Mongole

Dès les débuts de l'expansion mongole, le Goryeo souffre de ses raids. Tout d'abord ce sont les Khitans qui furent refoulés dans la péninsule. Les Jins (Empire de Chine) exigent ensuite un tribut.

Une alliance est cependant nouée avec les Mongols, ce qui permet de chasser les Khitans de Corée. Un tribut doit ensuite être versé aux Mongols.

Les Mongols envahissent le Goryeo en 1231, et le roi signe sa reddition en 1232 : un général représentant l'empereur mongol s'installe à Gaeseong. Le roi Choi Chungheon fuit sur l'île de Ganghwa la même année, exhortant tout le monde à la résistance armée. Une deuxième invasion est déclenchée par la mort du général mongol. En 1235, après une troisième invasion, des garnisons permanentes sont imposées. Les campagnes comme les villes sont mises à sac. Le roi résiste à Ganghwado, mais n'intervient pas.

En 1254, 200 000 Coréens meurent lors de la quatrième invasion mongole. Le Tripitaka est détruit. Le roi refuse quant à lui de revenir sur le continent tant que les Mongols sont présents, puis cède en 1258. Quelques dignitaires militaires refusent cette reddition, et forment la rébellion Sambyeolcho, qui lutte dans les îles du détroit de Corée, entre le sud de la péninsule et le Japon. La cour ne peut revenir à Gaegyong qu'en 1270, moyennant de dures conditions :

  • le nord de la Corée est distribuée en colonies ;
  • Jeju-do devient haras mongol ;
  • le représentant mongol fait et défait la loi, selon les volontés de Pékin ;
  • des humiliations protocolaires et vestimentaires sont imposées.

 

La Corée sert de base d'invasion du Japon (1274 et 1281), qui est sauvé par les kamikaze, les vents divins qui coulent la flotte mongole.

 

Expulsion des Mongols

La présence mongole provoque un recul important de la foi dans Bouddha, et le confucianisme occupe le terrain libéré. C'est avec le roi Gongmin (régnant de 1351 à 1374) que le début du recul mongol commence. La Corée subit cependant l'invasion des Turbans rouges (rebelles chinois) qui ravagent le pays en 1360. Le général Yi Seonggye vainc Mongols et Djourchet en 1364, mais la nouvelle dynastie Ming en Chine l'empêche de reprendre la Mandchourie.

Il s'attaque aux pirates japonais : ceux-ci menaient des raids sur les côtes depuis le XIIIe siècle, mais leurs pillages avaient pris une telle ampleur au XIVe siècle que les zones côtières étaient totalement abandonnées. Yi Seonggye organise la chasse aux pirates et éradique ce danger, ce qui lui vaut une grande popularité. Le roi, passé sous l'influence du moine Sin-Ton, est assassiné (1374) et la faction mongole prend le pouvoir. Elle paie tribut aux Ming à partir de 1384, qui décident d'établir une commanderie dans le Hamgyeong.

Ceci provoque la décision d'envahir le Yodong, en Chine, en 1388. Le général Yi Seonggye est chargé du commandement de l'armée (38 000 hommes). Mais celui-ci fait demi-tour à la frontière et prend le pouvoir en 1392. Il fonde la dynastie Joseon, et renforce son pouvoir par des réformes agraires3. Il mit fin du même coup à la période de domination mongole qui durait depuis 1259.4

 

Période Joseon

Le général Yi Song-gye (empereur Taejo) monte sur le trône le 5 août 1392. Il fonde une nouvelle capitale, Hanyang, actuelle Séoul. Contrairement à Wanggeon, il se débarrasse de ses adversaires sans clémence et réorganise le pays en profondeur. Le confucianisme est érigé en modèle de pensée principal, ce qui permet de revivifier la vie intellectuelle. Parallèlement, le bouddhisme est marginalisé, ce qui permet à ses successeurs d'enrichir la Couronne en s'emparant des monastères délaissés, et des richesses accumulées pendant la période Goryeo.

Son fils Taejong lui succède, après avoir assassiné trois de ses frères. Il promulgue quelques réformes qui consolident la dynastie. Ces premiers règnes se distinguent par la perte d'influence des moines bouddhistes et par la lutte contre les fonctionnaires corrompus de Goryeo. Les lettrés, formant la classe des Yangban, occupent seuls les postes à responsabilité, écartant les aristocrates et les militaires.

 

Sejong le Grand

Le troisième roi de la dynastie, Sejong le Grand fils de Taejong, inaugure un nouvel âge d'or. Le royaume s'étend désormais jusqu'à l'Amnokgang, après la victoire sur les Jurchens. L'installation de colons consolide cette avancée territoriale. Les côtes sont pacifiées par la victoire définitive sur les pirates de Tsushima. Le confucianisme s'applique du bas au haut de la sommet de la société, roi compris, en passant par une administration qui est l'un des meilleurs soutiens de la dynastie.

Scientifiquement et culturellement, son règne marque également un apogée : l'alphabet hangul est inventé. Le but de cette écriture, plus simple d'utilisation, était de réduire le taux d'analphabétisme du pays. Bien que méprisée pendant plusieurs siècles, elle remplacera les Hanjas (écriture de l'époque, utilisant les caractères chinois) dans les années 1900.

 

Successeurs

Cette période prospère se poursuit entre autres sous le règne de son fils Sejo (qui massacra frères et sœurs pour monter sur le trône), et du petit-fils de celui-ci, Seongjong. Celui-ci préside à la plus importante période littéraire de son pays. Yeonsangun fut déposé par la cour, à cause de ses excès.

 

Guerre Imjin ou guerre de Sept Ans

La guerre Imjin commence en 1592 lorsque le shogun Hideyoshi Toyotomi tente d'envahir la Corée, première étape dans son projet d'invasion de la Chine. Son débarquement réussit, et il commence à mettre à sac le sud de la péninsule, mais la flotte coréenne, disposant des premiers navires cuirassés de l'histoire navale, les bateaux-tortues, et dirigée par l'amiral Yi Sun-sin, intercepte son ravitaillement et l'oblige à rembarquer en 1593, sous la pression du suzerain chinois.

La guerre reprend en 1597, et tourne une nouvelle fois à l'avantage de la flotte coréenne, toujours dirigée par Yi Sun-sin, qui meurt lors de la dernière bataille.

 

La conquête Mandchoue 

Les tribus de nomades Jurchens (Djourchets, Mandchous) s'unissent sous la direction de Nurhaci à la fin du XVIe siècle. Profitant de l'invasion japonaise, il attaque la Mandchourie chinoise, puis se proclame khan en 1616. En réaction, les Chinois et les Coréens attaquent ensemble le royaume Djourchet en 1619, mais sont repoussés. La Chine continue néanmoins son effort, la Corée étant en proie à des luttes de factions tentant de s'emparer du pouvoir. Cela permet aux Djourchets d'affermir en 1625 la conquête de la Mandchourie, et d'envahir la Corée dès 1627. L'armée coréenne est écrasée.

En 1637, une grande révolte soulève la péninsule contre l'occupant, qui est chassé dans un premier temps, mais qui reconquiert tout aussi vite le terrain perdu. La dynastie Joseon est dès lors discréditée, tout comme l'administration confucéenne et l'armée. Des paysans s'organisent en guérillas : les Troupes de justice.

Après cette guerre, la Corée devient isolationniste, les rois successifs empêchant tout contact avec les pays étrangers, autre que la Chine mandchoue à laquelle ils versent tribut. C'est de cette période que vient le surnom de « royaume ermite » pour désigner la Corée ; cet isolement, empêchant le progrès technique et toute réforme des institutions, entraîne un long déclin, et fait de la Corée la proie des puissances étrangères.

En 1644, la dynastie chinoise à Pékin, déjà tributaire des Djourchets, est remplacée par la dynastie Qing (ou mandchoue), issue des Djourchets.

 

Œuvre administrative 

Le confucianisme permet l'instauration d'un système politique généralement considéré comme équilibré et sophistiqué. L'éducation progresse partout, et une école supérieure formant les fonctionnaires est même créée. Enfin, le système des examens tend à se généraliser pour le recrutement des fonctionnaires, mais n'empêche pas, tout au long de la période, les coteries et les luttes d'influence pour nommer à certains postes certaines personnes figurant dans les cercles relationnels.

La Corée est divisée en huit provinces en 1413, améliorant ainsi l’administration. Ces huit provinces forment un cadre dans tous les domaines, y compris culturel, jusqu’à nos jours.

L'un des faits marquant de la dynastie est la création du hangul, qui permet de noter les sons de la langue coréenne (langue agglutinante). Les plus grands esprits du royaume, réunis au sein de l'Académie royale, se penchent sur le problème avec le roi Sejong et élaborent cet alphabet. Quatorze consonnes et dix voyelles se combinent en syllabes, lesquelles sont notées. Le premier nom du hangul est Hunmin chongum : « sons corrects pour l'instruction du peuple ». C'est également le titre du décret royal qui préconise le remplacement des sinogrammes par cet alphabet.5

 

L'attaque française de 1866

La Corée de la dynastie Joseon (1392-1910) doit faire face, au XIXe siècle, aux entreprises européennes en Extrême-Orient qui s'ajoutent aux visées coloniales du Japon. L’expédition du contre-amiral Pierre-Gustave Roze, en 1866, est la première action militaire d'une nation occidentale – en l'occurrence la France – contre la Corée alors surnommée le « royaume ermite » du fait de son isolationnisme farouche.

Les origines de cette attaque (il est difficile de parler de guerre ici, mais plutôt de coup de main à caractère punitif) sont religieuses.

En effet, « en 1864, le régent Taiwon instaure une politique de repli destinée à préserver l'indépendance de la Corée et prend des mesures visant à extirper le christianisme (persécutions de 1866). Les démonstrations miliaires des Occidentaux, en particulier celles des Français (expédition de l'amiral Roze, 1866) et des Américains, provoquent la chute du régent (1873) et l'apparition en Corée d'un courant d'opinion favorable aux relations avec l'étranger. Le Japon, s'appuyant sur le parti réformiste et tout en exerçant de fortes pressions sur le gouvernement, obtient l'ouverture du pays en 1876, et, entre 1882 et 1886, la Corée conclut des traités d'amitié et de commerce avec les principales puissances. Mais, en 1884, avec l'aide militaire de la Chine, le parti conservateur regagne du terrain ».6

 

La fin de l'isolationisme 

Au début de l'année 1894, une révolte paysanne finit par éclater dans le sud-est de la péninsule. Le 4 juin, le roi Kojong demande l'aide de son suzerain chinois. Mais la rivalité de ce pays avec le Japon sur la péninsule entraîne la guerre sino-japonaise et la victoire de ces derniers.

Le conflit se termine par le traité de Shimonoseki signé le 17 avril 1895, confirmant la perte par les Chinois de leur suzeraineté sur la Corée et la mainmise japonaise sur le pays (Japon et Corée étant déjà liés depuis un an par un traité d'alliance militaire).

Le gouvernement du roi Kojong mis en place en 1896 met fin à la société confucéenne coréenne traditionnelle par le biais des réformes, dites réformes Kabo.

 

Empire de Taehan

En 1897, Kojong change le statut politique du pays : le royaume de Chosŏn laisse la place à l'empire de Taehan, le deuxième empire coréen de l'histoire (après celui du Koguryŏ) ; le roi Kojong prend le titre impérial de Kwangmu.

Les liens privilégiés qu'entretiennent Japonais et Coréens n'empêchent pas le pays de tisser des relations avec d'autres nations. Ainsi, en 1900-1901, la France obtient le contrôle des postes et télécommunications, puis des concessions dans le chemin de fer.

Cependant, le traité de Shimonoseki n'a pas effacé toutes les menaces pour les Japonais : la Russie a également des ambitions territoriales, tant sur la Mandchourie que sur la Corée. La guerre russo-japonaise éclate alors en février 1904 et la péninsule en est l'un des théâtres d'opérations. Le Japon sort finalement vainqueur du conflit et fait reconnaître sa domination en Corée au traité de Portsmouth (5 septembre 1905).

Le 17 novembre suivant, l'Empire du Soleil Levant en profite pour accroître son emprise sur le pays en imposant par la force à l'empereur Kojong un traité de protectorat.

En raison d'une « résistance symbolique » du souverain, les Japonais obligent Kojong à abdiquer en juillet 1907 en faveur de son fils Sunjong (empereur Yunghui), tandis que le premier ministre Li Wan-Yong (1858-1926), collabore activement avec les Japonais.

 

Fin et annexion de l'Empire

Le protectorat n'est absolument pas accepté par la population, et un mouvement de résistance se développe.

Le 26 octobre 1909, le représentant du Japon en Corée, Hirobumi Itō est assassiné par An Jung-geun. En réaction à cet acte, le Japon annexe la Corée le 29 août 1910, et dépose l'empereur Sunjong / Yunghui pour mettre en place un gouvernement militaire. La Corée devient alors une nouvelle province japonaise : la province de Chosun.7

 

Politique coloniale japonaise

La colonisation de l'Empire coréen, pays pauvre et archaïque, divisait au Japon. Le clan Chōshu l'avait soutenu, et c'est un de ses membres, Hirobumi Itō, qui est nommé Résident général en 1906. Après l'assassinat d'Hirobumi par le résistant coréen An Jung-geun le 26 octobre 1909, c'est le général Terauchi, ministre de la Guerre depuis 1902, qui prend en main l'administration du pays et qui fait signer à celui-ci le traité d'annexion d'août 1910 à l'Empereur Sunjong, à la grande satisfaction du gouvernement japonais.

La politique japonaise de colonisation de la Corée comprend divers volets  :

  • propagation de l'éducation élémentaire.
  • développement de l'économie mal organisée.
  • promotion de la culture japonaise en réservant la culture coréenne.

Ces mesures suscitent dès 1905 (et même avant, car c'est un mouvement allant croissant) l'hostilité des Coréens, et donnent lieu à toutes sortes de manifestations. Ces manifestations entraînent une présence militaire croissante, provoquant des attentats en réponse, eux-mêmes suivis par de fortes répressions.

 

Exploitation économique

La domination japonaise méprisa la majeure partie de la population coréenne, pour deux raisons principales :

  • les Japonais n'avaient pas préparé cette annexion, qu'ils estiment dès le départ trop coûteuse, et qu'ils cherchent à rentabiliser en modernisant un pays archaïque ;
  • les Japonais méprisaient les Coréens, peuple vaincu, jugé mou et peu travailleur.

Déjà commencée à la fin du XIXe siècle, elle prend de plus en plus d'ampleur après la mise en place du protectorat :

  • création de la Tōyō Takushoku Kabushiki Kaisha (Compagnie orientale de mise en valeur) en 1908 ;
  • création de la Banque de Chosen en 1909, avec imposition d'une monnaie unique, le yen coréen, en 1910 ;
  • délocalisation des zaibatsus dans les années 1930, afin d'industrialiser la Corée, puis de produire des armes au plus près du front chinois après 1937.

 

Outre l’exploitation économique, le Japon impérial a effectué des recherches sur les tombes royales du Koguryŏ, datant des premiers siècles de l'ère chrétienne, ce qui a été considéré par les Coréens comme un pillage du pays.

 

Agriculture

En 1905, la Corée était à peine autosuffisante. Le recensement dynastique de 1906 donne environ 6 millions d'habitants, mais ce chiffre était notoirement connu pour être sous-évalué, car il servait de base à l'imposition. Le recensement japonais trouve lui 12 millions d'habitants. La population est en augmentation rapide : dès 1910, elle atteint 14 millions d'habitants. Il faut donc que le colonisateur trouve de quoi nourrir tous ces nouveaux venus avant d'espérer importer chez lui des denrées nouvelles.

Les paysans coréens sont massivement expropriés, et deviennent métayers à 77 % ; 25 % de la surface agricole utile est directement aux mains des Japonais. Des cultures d'hiver sont introduites, et permettent d'obtenir une double récolte. C'est ainsi qu'avec une SAU (surface agricole utile) de 4,5 millions d'hectares par an au début du siècle, la Corée passe à 6 millions d'hectares cultivés à la veille de la guerre. La culture du riz est généralisée, pour son meilleur rendement calorifique, et les récoltes sont destinées en priorité vers la métropole : 40 % en 1938. La ration de riz des Coréens passe de 126 litres par an et par personne à 72 litres pendant la colonisation japonaise ; même si cette baisse est en partie compensée par de nouvelles cultures (maïs, millet), la malnutrition est patente.

Celle-ci, jointe aux expropriations, à la modernisation de l'agriculture et à l'augmentation de la population coréenne, provoque une forte baisse de la population agricole et un exode rural ; de 90 % en 1905, la proportion d'agriculteurs passe à 75 % en 1938. L'exode rural et l'augmentation de la population (qui passe de 14 millions en 1910 à 25 millions en 1944) fournit aux usines japonaises une main-d'œuvre abondante. Une partie de celle-ci est partie au Japon dans les années 1920, une autre étant déportée pour travailler dans les usines, soit comme domestiques, au moment de la Seconde Guerre mondiale.

 

Infrastructure et industries

C'est d'abord dans le domaine des infrastructures que l'effort japonais s'est fait le plus important : 25 000 km de routes et 5000 kilomètres de chemin de fer sont construits en un tiers de siècle, dans un pays montagneux, avec tous les ouvrages d'art que cela suppose. De grands ports sont aménagés à Incheon, Pusan, Ulsan.

Afin de disposer d'une main-d'œuvre de qualité, le Japon crée de nombreuses écoles : le nombre d'enfants allant à l'école passe de 20 000 à 900 000 de 1910 à 1937. Les cadres subalternes sont ainsi directement disponibles sur place.

Des centrales hydro-électriques sont construites dans le nord, principalement sur le Yalou et le Tiumen.

Enfin, les richesses minières du nord de la Corée sont exploitées, et en partie transformées sur place, les vallées du Yalou et du Tiumen devenant d'importantes régions industrielles. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, 20 % de la production industrielle japonaise provenait de la Corée.

 

La résistance à la colonisation 

Assez rapidement, un sentiment fortement hostile au colonisateur se développe. Des soulèvements populaires ont lieu. À la seconde conférence de La Haye, en 1907, les officiels du régime protestent officiellement contre le protectorat japonais. Le 26 octobre 1909, le représentant du Japon en Corée, Hirobumi Itō, est assassiné à Harbin en Mandchourie. Après le traité d'annexion (28 août 1910), arrestations arbitraires, tortures et brimades furent couramment utilisées par le colonisateur japonais, afin de briser l'opposition et d'asseoir le régime colonial. Cette opposition se manifeste cependant au moment des funérailles du dernier roi de Joseon, Kojong (고종), mort dans son palais de Toksu. Les funérailles du 1er mars donnent lieu à un vaste mouvement de protestation (mouvement Samil), avec une proclamation d'indépendance rédigée par un comité réunissant tous les intellectuels du pays et s'inspirant des 14 points du président Wilson, pourtant déconsidéré à Versailles, et des manifestations rassemblant dans tout le pays des millions de personnes. Celles-ci sont réprimées dans le sang. Environ 7000 opposants sont tués, dont certains sous la torture, et 40 000 jetés en prison, dont Ryu Gwansun, une héroïne de ce mouvement ayant soulevé plusieurs villages.

 

Fuite des Coréens

Menacés de massacre, expulsés de leurs terres au profit des colons japonais, de nombreux paysans coréens quittent leur pays. Certains choisissent la Mandchourie, terre traditionnellement proche culturellement de la Corée (elle a longtemps fait partie des divers royaumes coréens, bien que ce point soit réfuté par la Chine, Baekje, Koguryo et Choson) ; d'autres acceptent l'émigration au Japon.

 

Résistance culturelle

Dans les années 1920, la littérature coréenne connaît un renouveau, entamé dans les premières années du siècle, appelé shinmunhak (littérature nouvelle). Il profite de la détente relative survenue après la répression du mouvement Samil. En effet, l'ampleur du mouvement remet en cause l'efficacité de la méthode choisie, et une politique culturelle (bunka seiji) est mise en place par le gouverneur général japonais Saitô Makoto. Ce mouvement qui compte surtout des poètes, fait un grand usage des vers libres, et s'écrit en hangul, l'alphabet typiquement coréen. Ch'oe Namsŏn est la tête de file de ce mouvement.

 

Résistance politique et militaire

Le 1er mars 1919, soulèvement contre l'occupant japonais et déclaration d'indépendance.

Un gouvernement coréen en exil est formé le 19 mars 1919 sous la direction de Syngman Rhee, dans la concession française de Shanghai. En 1932, il plaide la cause de son pays devant la Société des Nations. Le 9 décembre 1941, il déclare la guerre à l'Allemagne et au Japon et crée l'Armée pour la restauration de l'indépendance. Enfin, en 1943, il participe à la conférence du Caire, qui prévoit l'indépendance de la Corée.

Des activistes se réfugient en Mandchourie et forment des commandos qui lancent des raids en Corée ou harcèlent les colons japonais du Mandchoukouo. Parmi eux, se trouve Kim Il Sung, qui intègre le parti communiste coréen fondé en 1925. Il crée l'Union pour abattre l'impérialisme en 1926, puis le 25 avril 1932, l'armée de guérilla populaire anti-japonaise, qui devient ensuite l'Armée révolutionnaire populaire de Corée. Le 5 mai 1936, il crée l'Association pour la restauration de la patrie en Mandchourie. Ces groupes sont cependant plus utilisés par le Parti communiste chinois pour lutter en Chine contre les Japonais. Certains activistes rejoignent les troupes du Kuomintang.

 

Réduction en esclavages et cobayes

Deux millions de Coréens ont été directement réduits en esclavage durant la Seconde Guerre mondiale. Certains sont partis travailler au Japon, d'abord volontairement, pour échapper aux dures conditions de vie en Corée ; d'autres ont été déportés pour répondre aux besoins de l'industrie nippone, au moment de la guerre sino-japonaise. Les cadences de travail, les conditions d'hébergement, l'absence de soin en fit mourir beaucoup. Les principales sociétés japonaises à les avoir exploités, Kajima Gumi, Naji-Fujikoshi, Mitsubishi, Nippon Steel Corporation n'ont jamais reconnu ce fait, et ont été indemnisées par le gouvernement japonais en 1945, à la libération des Zainichi, pour compenser la perte de main-d'œuvre. Des enrôlements de force dans l'armée ont également eu lieu. Enfin, il y eut des Coréennes qui ont été forcées de se prostituer pour l’armée et la marine japonaise.

De plus, en vertu de l'ordonnance impériale de prévention de la lèpre, les malades coréens pouvaient être soumis à des travaux forcés et stérilisés de force. Les Lois sur la Prévention de la Lèpre de 1907 et 1931 permettaient l'internement des malades dans des sanatorium où l'avortement et la stérilisation étaient monnaie courante, en raison notamment du fait que bon nombre de scientifiques nippons soutenaient que la constitution physique prédisposant à la lèpre était héréditaire.

Des témoins racontent d'autre part qu'en plus des prisonniers chinois, russes, indonésiens et australiens, plusieurs coréens ont été utilisés par les unités de recherche bactériologiques de Shiro Ishii comme cobayes humains pour tester sur des organes vivants les effets de maladies et de gaz toxiques.

Certains des Coréens déplacés au Japon y sont restés, créant une situation post-coloniale typique des décolonisations. Aujourd'hui, il reste encore 625 000 Zainichi, ces Coréens du Japon, qui refuse en 1947 de leur accorder la nationalité japonaise. Deux organismes coréens, le Chôsen Rôren, qui soutient la politique de Pyongyang, et le Mindan, soutien de la Corée du Sud, tentent dès les années 1950 de les contrôler, au bénéfice de leur État. Dans les années 1960, environ 90 000 Zainichi ont choisi de s'installer en Corée du Nord.8

 

La partition de la Corée 

La farouche résistance coréenne à la colonisation japonaise, menée notamment en Corée, en Chine et en Russie par les troupes communistes de Kim Il-sung, vaut au gouvernement provisoire coréen en exil à Washington et dirigé par Syngman Rhee d'obtenir des grandes puissances l'indépendance de son pays à la conférence du Caire de 1943. À la conférence de Potsdam, il est décidé que les quatre Grands (Union soviétique, États-Unis, Chine et Royaume-Uni) garantiront conjointement l'indépendance du pays.

Mais l'amertume du sort de la Corée se révèle bientôt : peu après, il est décidé entre l'URSS et les États-Unis qu'ils désarmeront ensemble l'armée japonaise présente en Corée, les premiers au nord, les seconds au sud. Les États-Unis proposent le 38e parallèle.

Entrée en guerre contre le Japon le 9 août 1945, l'URSS franchit peu après la frontière coréenne, alors que les Américains ne débarquent en Corée que le 8 septembre 1945, après la capitulation japonaise ayant entraîné le départ des troupes japonaises de Corée.

Dans la zone sud, Yo Unhyŏng (nationaliste de gauche) crée un "comité pour la préparation de l'indépendance de la Corée", à majorité communiste, qui proclame l'établissement d'une république populaire de Corée le 6 septembre opposé au gouvernement provisoire de Syngman Rhee.

Les États-Unis décident alors l'installation d'un gouvernement militaire à Séoul le 7. Le général Hodge, chef des troupes d'occupation américaines, supprime les comités de libération nationale, et maintient les fonctionnaires japonais et coréens de l'administration impériale japonaise, tout en confiant le maintien de l'ordre à la police japonaise. Contrairement à la Corée du Nord, la Corée du Sud n'a ainsi pas conduit d'épuration du personnel ayant travaillé avec les Japonais, au sein de la nouvelle administration sud-coréenne.

Le gouvernement militaire américain déclare illégale la république proclamée le 6, et démet Yo Unhyŏng de ses fonctions. Syngman Rhee rentre en Corée en octobre.

La question de l'indépendance de la Corée ne peut être résolue entre les deux Grands réunis au sein d'une commission américano-soviétique, dont les travaux commencent en janvier 1946. Les États-Unis font adopter par l'Assemblée générale des Nations unies en 1947 le principe d'élections organisées sous l'égide de l'ONU, malgré le vote contre de l'URSS qui considère alors les Nations unies comme une organisation pro-américaine.

En réponse, une conférence réunissant des organisations du Nord et du Sud se tient à Pyongyang, au nord, en avril 1948.

Des élections organisées dans la seule partie sud, dans le cadre de la résolution adoptée par l'ONU sur l'initiative des États-Unis, se tiennent le 10 mai 1948 et conduisent à l'élection de Syngman Rhee comme premier président de la République de Corée (généralement appelée Corée du Sud), le 15 août 1948, troisième anniversaire de la libération. Des guérillas de gauche, très actives, s'opposent toutefois au nouveau régime sud-coréen dès sa fondation.

Au Nord, des élections législatives (organisées clandestinement au Sud) sont tenues le 25 août 1948. Le 9 septembre 1948, l'Assemblée populaire suprême ainsi élue proclame la République populaire démocratique de Corée (appelée couramment Corée du Nord) à Pyongyang.9

 

La guerre de Corée

La « guerre de Corée » a lieu du 25 juin 1950 au 27 juillet 1953 entre la République de Corée (Corée du Sud), soutenue par les Nations unies, et la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), soutenue par la République populaire de Chine et l'Union soviétique

Bien que les négociations pour la réunification continuèrent dans les mois précédant la guerre, les tensions s'intensifièrent. Des escarmouches et des raids inter-frontaliers persistèrent. La situation se transforma en guerre ouverte lorsque des forces du Nord envahirent le Sud le 25 juin 1950. En 1950, l'Union soviétique boycotta le Conseil de sécurité des Nations unies. En l'absence d'un veto de l'Union soviétique, les États-Unis et d'autres pays passèrent une résolution autorisant une intervention militaire en Corée.

Les États-Unis fournirent 88% des 341 000 soldats internationaux qui aidèrent les forces du Sud, complété par l'assistance de vingt autres pays. Si elle n'amena pas directement de troupes sur le terrain, l'Union soviétique fournit de l'aide matérielle aux armées chinoise et nord-coréenne.

Le conflit se déroula en quatre phases principales :

  • mal préparée, face aux 200 000 soldats nord-coréens bien équipés par les Soviétiques, les forces du Sud accusèrent de lourdes pertes durant les deux premiers mois et, à la mi-septembre 1950, elles se retrouvèrent acculées dans le sud-est de la péninsule, repliées sur le périmètre de Busan ;
  • une rapide contre-offensive des forces de l'ONU, dirigées par le général MacArthur, avec un débarquement le 15 septembre à Incheon, non loin de Séoul, repoussa en octobre 1950 les Nord-Coréens bien au-delà du 38e parallèle, presque jusqu'au fleuve Yalou, à la frontière chinoise ;
  • la République populaire de Chine entra en guerre aux côtés de la Corée du Nord. 1,7 million de « volontaires chinois », commandés par Peng Dehuai, forcèrent les Sud-Coréens et les troupes de l'ONU à se replier derrière le 38e parallèle à la mi-octobre 1950. En janvier 1951, les communistes reprirent Séoul, reconquise par les Américains en mars 1951 ;
  • au printemps 1951, ce sont les troupes onusiennes qui gagnèrent peu à peu du terrain au nord, et le front s'établit de nouveau aux alentours du 38e parallèle, revenant aux peu ou prou aux positions d'avant le début du conflit.

 

Les négociations reprirent alors et la guerre s'acheva le 27 juillet 1953, lorsqu'un pacte de non-agression fut signé. L'accord restaurait la frontière entre les deux Corées près du 38e parallèle et créait la zone coréenne démilitarisée, une zone tampon fortifiée entre les deux nations coréennes. Les deux pays étant encore officiellement en guerre, des incidents mineurs continuent de se produire encore aujourd'hui.

Du point de vue militaire, la guerre de Corée combine les stratégies et tactiques des deux guerres mondiales : elle commence par une rapide campagne offensive d'infanterie suivie par des bombardements aériens, mais devint une guerre statique à partir de juillet 1951.

 

Bilan du conflit

Avec environ un million et demi de morts et une situation militaire inchangée (la tension reste toujours vive entre le Nord et le Sud), le pays a subi la pire destruction matérielle et humaine de son histoire. Ce conflit fut le premier d'importance internationale après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a aussi constitué la première intervention armée de l'ONU dans un conflit ouvert. Le coût du conflit fut estimé pour les seuls États-Unis à environ 50 milliards de dollars américains de l'époque soit environ 215 milliards de dollars valeur de 2010.

Au total, l'armée sud-coréenne a perdu 147 000 soldats, celle du Nord au moins 520 000. Les forces de l'ONU comptabilisent 55 000 morts, essentiellement des Américains. Les pertes chinoises sont estimées à 200 000 tués. 315 militaires soviétiques sont morts dans ce conflit.

Mais les pertes civiles sont plus considérables encore : entre 4 et 5 millions de morts sur les 30 millions d'habitants de la péninsule. L'ampleur des pertes civiles s'explique par les bombardements massifs. Selon les statistiques officielles américaines, l'US Air Force a déversé au moins 454 000 tonnes de bombes et Bruce Cumings a calculé que 3,2 millions de litres de napalm avaient été utilisés par celle-ci durant la guerre de Corée.10

Après la fin de la guerre de Corée, l'ONU fixe la frontière maritime entre les deux États. La frontière terrestre, longue de 248 kilomètres coupe la péninsule en deux le long du 38e parallèle.11

 

 

La Corée du Nord

 

 

Arrivée au pouvoir de Kim Il-Sung

En septembre 1945, Kim est installé par les Soviétiques à la tête du Comité provisoire du Peuple. Il n'est pas à cette époque à la tête du parti communiste, dont le siège est à Séoul, mais il occupe néanmoins une position influente de par sa lutte contre l'occupant japonais.

Sa réalisation majeure est l'établissement d'une armée professionnelle, l'Armée populaire de Corée (APC) formée à partir des anciens soldats qui avaient acquis une expérience au combat contre les Japonais et plus tard les nationalistes chinois. Avec l'aide de conseillers soviétiques, Kim construit une armée spécialisée dans les tactiques d'infiltration et la guérilla. Avant le déclenchement de la guerre de Corée, Joseph Staline munit l'APC de chars lourds modernes, de camions, d'artillerie et d'armes légères. Kim crée également une armée de l'air, équipée d'abord avec des vieux avions de chasse à hélice de l'URSS. Les futurs pilotes nord-coréens sont envoyés en Union soviétique et en Chine pour se former sur des MiG-15 dans des bases secrètes.

Au départ les élections parrainées par les Nations Unies en mai 1948 doivent permettre de réunifier la Corée, mais le Sud se déclare comme un Etat (la République de Corée), et le nord suit le 9 septembre en proclamant la République populaire démocratique de Corée, avec Kim comme premier ministre. Le 12 octobre, l'Union soviétique reconnaît le régime de Kim comme le seul gouvernement légal de la péninsule. Le parti communiste fusionne avec le New People's Party pour former le parti des travailleurs de Corée du Nord (dont Kim est le vice-président). En 1949, ce parti fusionne son homologue du sud (parti des travailleurs de Corée du Sud) pour devenir le parti du travail de Corée (PTC) avec Kim comme président du parti.

En 1949, la Corée du Nord devient une dictature communiste à part entière. Tous les partis et organisations de masse sont réunis dans une sorte de « front populaire », le Front démocratique pour la réunification de la patrie, mais qui est en réalité entièrement dominé par les communistes. À partir de cet instant Kim commence à développer un culte de la personnalité et se fait appeler le « Grand Leader ».

 

Guerre de Corée

Les documents d'archives suggèrent que la décision nord-coréenne d'envahir la Corée du Sud est à l'initiative de Kim plutôt que des soviétiques. Les sources suggèrent que l'intelligence soviétique, à travers ses réseaux d'espionnage au sein du gouvernement américain et britannique ont obtenu des informations sur les limites des stocks américains de bombes atomiques ainsi que sur des réductions de programmes de défense, ce qui conduit Staline à conclure que l'administration de Truman ne serait pas en mesure d'intervenir en Corée.

La République populaire de Chine approuve à contrecœur à l'idée de la réunification de la Corée après avoir été informé par Kim que Staline a approuvé l'action. La Chine ne soutient pas directement la Corée du Nord jusqu'à ce que les troupes des Nations Unies, en grande partie des forces américaines, atteignent la rivière Yalou à la fin de 1950. Au début de la guerre en juin et juillet, les forces nord-coréennes occupent pratiquement tout le sud à l'exception du périmètre de Busan. Mais en septembre, les Nord-Coréens sont repoussés par l'attaque menée par les États-Unis. En octobre, les forces de l'ONU ont repris Séoul et envahissent le nord afin de réunifier le pays sous l'égide du Sud. Le 19 octobre, les troupes américaines et sud-coréens capturent Pyongyang, obligeant Kim et son gouvernement à fuir vers le nord, d'abord à Sinuiju et finalement en Chine.

Le 25 octobre 1950, la Chine, après avoir averti à plusieurs reprises l'ONU de son intention d'intervenir si elle ne stoppait pas son avance, entre en guerre et envoie ses troupes traverser la rivière Yalou. Les troupes de l'ONU sont obligées de se retirer et les troupes chinoises reprennent Pyongyang en décembre et en janvier Séoul. En mars, les forces de l'ONU commencent une nouvelle offensive, reprenant Séoul et son avance est stoppée juste au nord du 38e parallèle. Après une série d'offensives et de contre-offensives des deux côtés, suivie d'une période épuisante de guerre de tranchées largement statique qui a duré de l'été 1951 à juillet 1953, le front se stabilise le long de ce qui allait devenir la zone coréenne démilitarisée. Pendant la guerre de position la Corée du Nord est dévasté par des raids aériens américains causant de grand dommages dans la capitale et ailleurs dans le pays. Au moment de l'armistice, 3,5 millions de Coréens des deux côtés ont péri dans le conflit.

Pendant la guerre, Kim Il-sung semble avoir voyagé en Chine et en Union Soviétique cherchant un moyen de mettre fin au conflit. Les documents chinois et russes de l'époque révèlent que Kim est devenu impuissant à unifier la Corée sous son règne et qu'il souffre que son armée soit reléguée en seconde ligne, la majorité des combats étant livrés par l'armée populaire de Chine.

 

Modernisation économique et indépendance politique

Après la guerre de Corée (1950-1953), la Corée du Nord a reconstruit rapidement son économie en s'industrialisant « au rythme de Chollima », le cheval ailé des légendes coréennes qui parcourait 1 000 li par jour. Le taux de croissance économique, estimé à plus de 10 % par an dans les années 1960, se ralentit ensuite puis devient négatif au début des années 1990, sous l'effet de la disparition des démocraties populaires en URSS et en Europe de l'Est qui prive la Corée du Nord de ses partenaires traditionnels.

Kim Il-sung a défini la diplomatie nord-coréenne selon une politique d'équilibre et d'indépendance à l'égard de ses deux puissants voisins communistes, la Chine et l'URSS, ce qui a longtemps contribué à lui donner une image meilleure que celle d'autres dirigeants socialistes auprès des chefs d'État et de gouvernement occidentaux. Conformément à cette volonté d'indépendance, les troupes soviétiques ont quitté la Corée dès la fin de l'année 1948 et la Corée du Nord n'a jamais adhéré au CAEM.

Dans le domaine religieux, l’Église catholique a dénoncé des persécutions, à l'origine de l'ouverture d'un procès en béatification de 53 martyrs morts entre 1949 et 1952.

Dès 1960 puis à nouveau en 1972, Kim Il-sung a effectué des propositions en vue d'une réunification pacifique de la Corée finalisées dans le projet d'une « République confédérale démocratique de Koryŏ », consistant à proposer (selon une formule pouvant être comparée à celle aujourd'hui envisagée pour la Chine et Taïwan) un seul État pour deux systèmes.12

 

Tensions entre le Nord et le Sud

De 1962 à 1968, le régime nord-coréen crut que le sud se soulèverait de lui-même. Pour hâter l'apparition du "moment décisif," il avait envoyé dans le sud des agents subversifs et des équipes de guérillas qui furent vite neutralisés avec quelques fois de lourdes pertes dans les deux camps. Plusieurs attentats sont commis contre des membres du gouvernements de la Corée du Sud jusqu'aux années 1980, dont deux contre le président Park Chung-hee.

Les années records d'infiltrations ont été 1967 et 1968 avec 743 agents armés recensé sur les 3 693 infiltrés connus entre 1954 et 1992.

Le 21 janvier 1968, un commando des forces spéciales de Corée du Nord de 31 hommes attaque la résidence présidentielle à Séoul ; 28 seront tués et un sera fait prisonnier ; 68 Sud-Coréens civils et militaires seront tués et 66 blessés ; 3 soldats américains seront tués et 3 autres blessés.

Le 23 janvier 1968, la Corée du Nord arraisonne le navire-espion américain Pueblo qui avait pénétré selon lui dans ses eaux territoriales. L'équipage, dont un membre est tué, n'est libéré qu'après des excuses officielles du gouvernement américain.

En octobre 1968, ce sont 130 commandos nord-coréens venus par la mer qui tenteront un raid sur la côte est de la Corée du Sud : 110 seront tués et 3 autres capturés.

Le 15 avril 1969, un EC-121 Constellation de reconnaissance électronique américain est abattu au-dessus de la mer du Japon, à plus de 160 km des côtes coréennes, par des MiG-21 de l'armée de l'air nord-coréenne. Ses 31 membres d'équipage sont tués.13

 

 

La dictature personnelle de Kim Il-Sung

 

Le culte du Grand Leader

La vénération dont Kim Il-sung a été et est toujours l'objet en Corée du Nord s'inscrit dans une filiation confucéenne qui a déifié les empereurs de Corée et affirmé le principe du respect de l'autorité, des pères et des maîtres. Ce « respect », selon le terme utilisé par les Nord-Coréens, est aussi interprété par les Occidentaux comme un culte de la personnalité propre au stalinisme. Tous les Nord-Coréens portent le badge du Grand Leader. Son portrait orne l'ensemble des bâtiments officiels et est accroché dans tous les logements privés en Corée du Nord.

Le « Grand Leader » a reçu le titre posthume, en 1998, de « Président éternel ». Le préambule de la Constitution nord-coréenne annonce : « Le président Kim Il-sung, grand Leader, est le Soleil de la nation et le symbole de la réunification du pays. (...) La République populaire démocratique de Corée et le peuple coréen sous la direction du Parti du travail de Corée honoreront éternellement le camarade Kim Il-sung, grand Leader, comme Président de la République, défendront et développeront ses idées et ses hauts faits pour mener jusqu'à son achèvement l'œuvre révolutionnaire Juche ». Il est le père de Kim Jong-il, « le cher dirigeant » : la Corée du Nord constitue ainsi le premier cas d'une succession dynastique dans un État se réclamant du socialisme, et plus précisément des idées du juche définies par le président Kim Il-sung (le deuxième cas étant l'accession au pouvoir de Kim Jong-un après la mort de Kim Jong-il en 2011).

Le corps de Kim Il-sung repose désormais dans le palais du Soleil Kumsusan, ancien palais présidentiel de Pyongyang, transformé pour l'occasion en mausolée. De nombreux Nord-Coréens, notamment les habitants de Pyongyang, vont à l'occasion des dates anniversaires du calendrier révolutionnaire, se recueillir devant la dépouille du « Cher Dirigeant ». Ces rassemblements donnent lieu à de longues files d'attente se poursuivant loin jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Ce type de scène rappelle également, à l'époque de l'URSS, les longues processions devant le mausolée de Lénine. Kim Il-sung est l'un des quatre derniers chefs d'États de l'ancien bloc de l'Est avec Lénine, Mao Zedong et Hô Chi Minh à être embaumé et non enterré. Il est possible pour les rares touristes voyageant en RPDC d'aller visiter le site à condition d'en obtenir l'accord préalable des autorités de Pyongyang et d'être vêtus pour l'occasion de manière très formelle, Kim Il-sung restant encore à ce jour la plus haute personnalité du régime en tant que « Président éternel ».

L'ère officielle pour la datation des actes, en Corée du Nord, débute à sa naissance en tant qu'année d'origine de l'ère juche, fixée au 1er janvier et non au 15 avril, date qui est l'une des fêtes nationales de la Corée du Nord

Kim Il-sung — tout comme Kim Jong-il — fait l'objet de chansons patriotiques, d'histoires apprises par cœur dès le plus jeune âge à l'école, ainsi que de chants et de quasi-prières sur les lieux de travail. De nombreuses réalisations monumentales à sa gloire (inscriptions laudatives sur des montagnes, mausolées, musées) sont également l'objet de pèlerinages réguliers, montrés de façon régulière sur la seule chaîne de télévision nationale. Les images du grand leader ainsi que de son fils sont montrées un peu partout en Corée du Nord (notamment dans la rue, dans les écoles, ou dans les rames de métro).

Une orchidée a été baptisée Kimilsungia par référence au président Kim Il-sung.14

 

Une société hiérarchisée 

La société nord-coréenne est sans doute l’une des plus hiérarchisées du monde. L’une des plus policières aussi : ses membres font l’objet d’une surveillance constante et sont l'objet de dossiers individuels constamment mis à jour.

En 1970, Kim Il-sung présenta, au Ve Congrès du Parti des travailleurs, un système de classification structurant la société en trois classes — le noyau, les « tièdes » et les hostiles — et cinquante et une catégories. Depuis le système a évolué au rythme des opérations régulières de reclassification, mais le statut de chacun continue d’être déterminé par la loyauté politique et les antécédents familiaux. Cette hiérarchie complexe régit tous les aspects de la vie sociale : elle est bien entendu déterminante pour les possibilités d’accéder à des postes d’encadrement au sein du parti et de l’armée mais elle influe également sur l’accès aux biens matériels. L’appartenance de classe ouvre ou ferme un accès discriminatoire à l’éducation, aux promotions et aux postes de responsabilités mais aussi aux privilèges qui y sont attachés : voitures, magasins spéciaux, appartements chauffés, soins de santé, etc.15

« Chaque sujet nord-coréen doit s'inscrire auprès de la sécurité d'État entre 1964 et 1969. Il est recensé dans une des 51 sous-catégories politico-sociales qui divisent les trois grandes classes de la société.

La première est celle des « masses du noyau central », formées des héros du peuple et de leurs familles, notamment des nombreuses pupilles de la nation, élevés dans des écoles spéciales. Ces privilégiés vivent à Pyongyang et sont en relation avec le cercle des dirigeants qui, logés dans une dizaine de lotissements luxueux et protégés, joints entre eux par 40 km de souterrains, peuvent se rendre visite à l'insu de tous. Ils sont les seuls à avoir droit à une information véritable, le reste de la population devant se contenter de ce que lui fait croire la propagande.

La deuxième classe sociale est celle de la « masse extérieure au noyau » : ces paysans, ouvriers et intellectuels n'ont pas d'engagement politique, mais appuient le régime sans réserve.

Le troisième cercle est celui des « masses mélangées », ennemis de classe des premières années, renforcés sans cesse par les réprouvés des campagnes politiques, les familles de ceux qui ont fui le pays ou des gens qui ne se sont pas méfié des espions politiques et des mouchards omniprésents. Interdite d'université, soumise aux brimades lors des mouvements politiques, cette partie de la population ne peut s'établir dans la capitale, réservée aux bien-pensants.

Un réseau de camps de concentration complète le dispositif, où les détenus ne touchent que des rations alimentaires minimales et peuvent être condamnés à une bastonnade souvent mortelle. L'exécution sommaire des opposants, ou supposés tels, est courante. »16

 

 

Relation entre le Nord et le Sud à partir de 1972

Les premières discussions entre les gouvernements des deux Corées en vue d'un traité de paix et d'une réunification se tiennent en 1972. Dans ce cadre, la Corée du Nord a proposé en 1980 la constitution d'une république fédérale démocratique de Koryo sur la base d'une autonomie régionale.

La Corée du Sud a accusé la Corée du Nord d'avoir organisé en 1983 un attentat à la bombe à Rangoon (actuelle Yangon) en Birmanie, qui tua 17 Sud-Coréens en visite officielle, dont quatre membre de cabinets ministériels, ainsi qu'un autre attentat qui a causé la mort des cent quinze passagers du vol 858 de Korean Airlines. Les éléments de preuve manquent à l'appui et le gouvernement nord-coréen a toujours nié toute implication dans l'attentat de Rangoon. Un agent nord-coréen aurait en revanche reconnu avoir placé une bombe dans l'attentat du vol de Korean Airlines.

En septembre 1984, la Corée du Nord a versé une aide de 12 millions de dollars aux victimes d'inondations en Corée du Sud.

Le 21 septembre 1991, les deux Corées intègrent officiellement l’ONU et trois mois plus tard, elles signent un « accord de réconciliation, de non-agression, d’échanges et de coopération ». Selon Jeong Se-hyun, ministre sud-coréen de l’unification entre 2002 et 2004, les dirigeants nord-coréens veulent alors profiter de ce réchauffement diplomatique pour normaliser leurs rapports avec les Etats-Unis. Ainsi en janvier 1992, Kim Il-sung envoya son propre secrétaire au siège de l’ONU à New York pour une rencontre secrète avec un délégué américain. L'ambassadeur nord-coréen était alors porteur d’un seul message : “Nous renonçons à réclamer le retrait des troupes américaines du Sud ; en contrepartie, vous garantissez que vous ne remettrez pas en cause l’existence de notre pays.” George H. W. Bush, président des États-Unis, répondra à l’offre nord-coréenne par le silence. C’est à ce moment que Kim Il-sung lança sa politique de nucléaire militaire, convaincu que Washington souhaitait rayer son pays de la carte. Ce sont donc les menaces américaines qui ont vraisemblablement incité la Corée du Nord à se doter de l'arme nucléaire, et qui encore aujourd'hui bloque le processus d'unification des deux Corées.

 

Le lancement, en 1991, en pleine période d’opulence statistique, de la campagne « ne mangeons que deux repas par jour », permettait de douter, dès le début des années 1990, de la réussite affichée dans les discours officiels.17

 

 

Idéologie de Kim II-sung : Le juche

Le « juche » est une idéologie autocratique développée par  Kim Il-sung  et qui fonde le régime de la République populaire démocratique de la Corée. Elle guide les activités du Parti du travail de Corée, dominant en Corée du Nord, et du Front démocratique national anti-impérialiste en Corée du Sud. Elle règle le destin de chaque citoyen.

 

Cette idéologie a été baptisée ainsi par un de ses principaux théoriciens, le Nord-Coréen Hwang Jang-yop. Celui-ci fait d'ailleurs défection, en se réfugiant à l'ambassade de Corée du Sud à Pékin en février 1997.

 

La doctrine du juche reprend les idées du communisme qui prône une société sans classes et repose également sur le principe d'indépendance politique, d'auto-suffisance économique et d'autonomie militaire. Elle a comme objectif la réunification avec la Corée du Sud. Selon le discours officiel de la Corée du Nord, « la prémisse idéologique et théorique des idées du juche réside dans l’idéologie et l’aspiration marxiste-léninistes ». La doctrine du juche constitue cependant « une nouvelle idéologie révolutionnaire originale », Kim Il-sung ayant perçu les limites historiques du marxisme-léninisme, « découvert les nouveaux principes de la révolution » et « formé le noyau des idées du juche, idées révolutionnaires de la souveraineté ». Ainsi, certains livres traitant de Marx ou de Lénine sont désormais interdits dans le pays, car ils pourraient servir à questionner l'idéologie du Juche.

D'après le site officiel Naenara, « les idées du juche peuvent se résumer à ceci : le peuple est le maître de la révolution et du développement du pays et a les capacités à les promouvoir. Ces idées reposent sur le principe philosophique selon lequel l'homme est maître de tout et décide de tout. Les idées du juche présentent une conception du monde axée sur l'homme et une philosophie politique visant à réaliser la souveraineté des masses populaires, c'est-à-dire une philosophie précisant le fondement de la politique qui permet de conduire la société à son développement par la voie la plus droite. »

La politique de songun a été développée par son fils, Kim Jong-il, depuis 1995 comme prolongement des idées du juche.

À l'occasion du soixante-dixième anniversaire du président Kim Il-sung, la tour du Juche a été érigée à Pyongyang.

En 1995 est érigé à Pyongyang le monument à la fondation du parti représentant un marteau, un pinceau et une faucille, symboles du Parti du travail de Corée et des idées du juche. Ces trois attributs représentent respectivement l'ouvrier, l'intellectuel et le paysan.18

 

 

Kim Il-sung a fondé la doctrine du JUCHE.

 

Le verbe « JUCHER » signifie, pour un oiseau, être perché sur une branche.

 

La fable « Le Corbeau et le Renard » débute par le vers suivant :

 

Maître corbeau, sur un arbre perché,

tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l'odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage :

Et bonjour, Monsieur du Corbeau,

Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.

À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie,

Et pour montrer sa belle voix,

Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,

Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.

Le Corbeau honteux et confus

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

 

Ainsi, dans cette célèbre fable de Jean de la Fontaine, le Renard veut récupérer le fromage, alors il flatte le Corbeau afin qu'il ouvre la bouche et fasse tomber le fromage par terre. Le stratagème fonctionne et le Renard dit au Corbeau : « Mon bon monsieur, apprenez que tout flatteur vit au dépens de celui qui l'écoute. »

Dans l'histoire, nous sommes le Corbeau et l'homme politique est le Renard.

Les hommes politiques nous flattent lors de la campagne présidentielle et nous lâchons naïvement le fromage entre leurs mains. Comprenez bien que ces prédateurs, qu'ils soient hommes politiques ou capitalistes, vivent à nos crochets en se nourrissant uniquement des fruits de notre travail.

 

Kim Il-sung était également un renard manipulateur. Il a fondé la doctrine du JUCHE dont l'un des principes de base stipule que le peuple est le maître de la révolution et du développement du pays, et a les capacités à les promouvoir ; or dans les faits, Kim Il-sung a imposé sa propre personne comme figure unique de la révolution et il a établi un régime totalitaire en privant les Nord-Coréens de la liberté d'expression ; par conséquent, le peuple n'était clairement pas le maître de la révolution. Voilà pourquoi Kim Il-sung est un renard  manipulateur.

 

JUCHE = 10x21x3x8x5 = 25200

 

2520 = BET

 

BET = BETE

 

Kim Il-sung est né le 15 avril 1912 (15 4 1912).

 

15 4 19 = DOS

 

12 = L = AILE

 

Les mots « AILES » et « DOS » symbolisent le CORBEAU, et le mot « BÊTE », obtenu à partir du JUCHE, symbolise le RENARD.

 

L'homme politique est la BÊTE et nous sommes le CORBEAU.

 

Dans l'Apocalypse, Jean voit surgir une deuxième BÊTE.

 

Le successeur de Kim Il-sung fut son fils, Kim Jong-il, né selon des sources russes, le 16 février 1941 (16 2 1941).

 

16x2x1941 = 62112

 

Le code postal 62112 est celui de la commune de CORBEHEM.

 

CORBEHEM = CORBEAU

 

HEM se prononce AIME.

 

L'électeur AIME être flatté par la BÊTE et c'est la raison pour laquelle il se comporte comme le CORBEAU dans la fable.

« Tout au long de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a évoqué les ''travailleurs qui rentrent crevés'', ceux qui ''se trimbalent avec une dent qui manque''. Il a même écrit : ''Dans les usines, on parle peu. Il y a chez les ouvriers une noblesse de sentiments qui s'exprime plus par des silences enveloppés dans une forme extrême de pudeur que par des mots. J'ai appris à les comprendre et j'ai l'impression qu'ils me comprennent.'' »19

Sarkozy a ainsi flatté les ouvriers et les autres citoyens pendant la campagne présidentielle avant de les traiter de « pauv' cons » et de prendre leur argent pour sauver les banques. Donc les Français ont perdu des centaines de milliards d'euros car cet argent ne leur appartenait plus à partir du moment où ils ont fait tomber le fromage entre les mains de la BÊTE le jour de l'élection présidentielle.

 

La fable de la Fontaine se termine par : « Le Corbeau, honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrai plus. »

Contrairement au Corbeau dans la fable de Jean de la FONTAINE, l'électeur n'est jamais honteux et confus de s'être fait arnaquer par le Renard pendant 5 ans puisqu'il continue inlassablement à se laisser manipuler par les louanges prononcées par la BÊTE. Ainsi, lors des élections présidentielles de 2017 et 2022, les Français se sont majoritairement laissés séduire par les renards d'En Marche, du RN, de la France Insoumise et des Républicains.

Dieu fait désormais couler une FONTAINE d'eau pour ramener les électeurs à la raison.

 

Kim Il-sung est né 77 ans - jour pour jour - avant le début des manifestations de la place Tian'Anmen, le 15 avril 1989.

 

La traduction du signe de la place Tian'Anmen est le suivant :

 

TIAN = 20x9x1x14 = 2520

 

2520 = BET

 

BET = BETE

 

ANMEN = 1x14x13x5x14 = 12740

 

12 = L = AILE

 

740 = GOD

 

« GOD » signifie « DIEU » en anglais.

 

Si tu combats la BÊTE le jour de l'élection présidentielle, DIEU te donnera deux AILES dans le DOS afin que tu puisses t'envoler un jour vers le paradis.

 

Kim Il-sung est ainsi né 77 ans - jour pour jour - avant le début des manifestations de la place Tian'Anmen.

 

Dieu nous révèle que Kim Il-sung est la BÊTE car il exerçait un pouvoir totalitaire, et à travers lui, Dieu nous demande de combattre le pouvoir de la BÊTE : le capitalisme, à l'instar du peuple chinois qui s'est révolté contre le pouvoir de la BÊTE sur la place Tian'Anmen.

 

77 = 7x7 = 49

 

Le chef-lieu du département 49 est la ville d'ANGERS.

 

ANGERS = ANGE

 

Kim Il-sung est né le 15 avril 1912 (15 4 1912).

 

1912 = AIL

 

15 4 19 = DOS     12 = L = AILE

 

Un ANGE possède deux AILES dans le DOS.

 

Tu dois donc choisir ton modèle : l'ANGE ou le CORBEAU.

 

Les CORBEAUX sont des oiseaux de malheur associés traditionnellement à la mort et à la nécrophagie qui est le fait de manger des cadavres.

 

En votant pour le nazi-capitalisme, tu permets aux capitalistes de s'engraisser de profits en dévorant les cadavres de millions d'enfants dans les pays du Tiers Monde.

 

Le cri du CORBEAU est particulier, on dit qu'il CROASSE : alors ne CROA pas les mensonges de la Bête lors de la campagne présidentielle car si tu votes pour elle, tu te transformeras en soldat SS.

 

Pour devenir un ANGE, tu ne dois donc plus faire tomber le fromage entre les mains de la BÊTE, parce qu'une partie de cette nourriture pourrait permettre à des millions d'êtres humains de ne pas mourir de faim.

 

Je suis né dans le département 49 dont le chef-lieu est ANGERS.

 

ANGERS = ANGE

 

Dieu ne m'a pas fait naître dans le département de CORBEHEM alors comprends entre les lignes.

 

 

Kim Jong-il – l'ancien dirigeant de la Corée du Nord – est mort un 17 décembre (17 12).

 

17x12 = 204

 

Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est né un 20 4 (20 avril).

 

À travers la Corée du Nord : un régime totalitaire – Dieu nous révèle ainsi que nous vivons sous un régime totalitaire dans lequel le RICHE extermine des millions de pauvres chaque année.

 

Kim Jong-il est mort le 17 décembre 2011 et le Pape François est né le 17 décembre 1936.

 

1936 = 44x44

 

Jules César a été tué en 44 av. J-C.

 

Dieu nous fait ainsi comprendre que nous vivons sous un régime totalitaire car le christianisme a laissé le pouvoir politique entre les mains de César : le RICHE qui contrôle actuellement les médias et l'Éducation Nationale – à travers lesquels il nous endoctrine en cachant ses crimes.

 

Kim Jong-il est mort le 17 décembre 2011 et le Pape François est né le 17 décembre 1936 – soit 75 plus tôt.

 

Le département 75 est celui de la ville de PARIS.

 

Dieu te transmet ainsi le message suivant : « Ne PARI pas sur les renards qui te manipulent afin de continuer à voler les richesses de la Terre. »

 

Si tu PARIS sur le régime totalitaire, les CORBEAUX dévoreront un jour ton corps en enfer.

 

Mais si tu PARIS sur notre candidat(e) humaniste le jour de l'élection présidentielle – afin de sauver la vie des pauvres en construisant un monde égalitaire – tu deviendras un ANGE.

 

 

Mort du Grand Leader

Kim il-sung meurt le 8 juillet 1994. Sa mort, survenue lors d'une attaque cérébrale, a donné lieu à d'immenses scènes de pleurs dans toute la Corée du Nord, souvent interprétées comme surréalistes en Occident. Des récits des réfugiés nord-coréens témoignent toutefois de l'affection sincère des Nord-Coréens envers leur président. Cependant, selon Hwang Jang-yop, les scènes d'émotion étaient causées par la combinaison du culte de la personnalité voué à Kim Il-sung et de la peur de représailles. Ainsi, le parti menait des enquêtes sur l'intensité du chagrin de la population, dont il déduisait leur loyauté ; les patients qui ne sortaient pas des hôpitaux et ceux qui continuaient de boire ou de faire la fête après l'annonce de la mort étaient punis.20

 

Dictature de Kim Jong-il

La période de trois ans entre la mort de Kim Il-sung, en 1994, et la confirmation de son fils Kim Jong-il comme nouveau dirigeant de la Corée du Nord, en 1997, a souvent été interprétée à l'étranger comme le signe d'une succession plus difficile que prévue. Les autorités nord-coréennes font observer qu'il s'agissait seulement de respecter la durée du deuil de trois ans qui est d'usage en Corée lors de la mort du père. Le changement de pouvoir est intervenu à une période critique pour la Corée du Nord, dans un contexte de crise nucléaire et d'aggravation des difficultés agricoles ayant conduit à une sévère pénurie alimentaire.

Déjà président du Comité de la défense nationale, qui dirige l'Armée populaire de Corée dont le rôle est prépondérant dans le pays, Kim Jong-il attend trois ans pour prendre officiellement la tête du Parti du travail de Corée. La constitution de Corée du Nord est révisée en 1998 et précise désormais que le président du Comité de la défense nationale est le « Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée ». Kim Jong-il est donc le dirigeant de fait de la République populaire démocratique de Corée, bien que, sur un plan strictement juridique, le poste de chef de l'état soit détenu par Kim Yong-nam, en tant que président de l'Assemblée populaire suprême. Le rôle de ce dernier a cependant toujours été en retrait par rapport à celui de Kim Jong-il.

 

Diplomatie avec la Corée du Sud

Kim Jong-il a participé au relancement du dialogue entre les deux Corées, sur la base de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, en vue d'une réunification de la Corée. À l'occasion de cette rencontre historique entre les deux dirigeants coréens à Pyongyang, Kim Dae-jung, dont le pays est officiellement en guerre avec la Corée du Nord depuis cinquante ans, l'a décrit comme « un dirigeant pragmatique avec un solide jugement » et Madeleine Albright l'a qualifié de « très décidé et doué d'un grand sens pratique » — même si elle l'a également trouvé illogique lorsqu'il lui a dévoilé ses plans économiques pour la Corée du Nord.

Selon l'ancien ministre sud-coréen de l'unification Park Song-wu, qui avait préparé le sommet intercoréen de juin 2000, Kim Jong-il souhaitait d'abord rencontrer le président américain Bill Clinton avant de venir à son tour à Séoul. Cependant, l'élection à la présidence des États-Unis de George W. Bush - et non du vice-président Al Gore, comme l'escomptait Pyongyang - aurait empêché la concrétisation de ses projets.

Lors du second sommet intercoréen au niveau des chefs d'État, organisé à Pyongyang du 2 au 4 octobre 2007, Kim Jong-il reçoit Roh Moo-hyun et les deux dirigeants signent un document commun où ils s'engagent à promouvoir la paix et la prospérité économique dans la péninsule. À cette fin, ils négocieront avec les États-Unis et la Chine la mise en place, selon les termes de la déclaration conjointe du 4 octobre, d'« un système de paix permanent » qui remplacerait l'actuelle situation d'armistice, laquelle prévaut toujours dans la péninsule depuis la fin de guerre de Corée en 1953.

 

Politique et Constitution

L'accession de Kim Jong-il aux fonctions de principal dirigeant de la République populaire démocratique de Corée s'est traduite par une modification des équilibres institutionnels lors de la révision constitutionnelle de 1998 :

  • les pouvoirs du Comité central, prépondérants dans le système institutionnel issu de la Constitution de 1972, ont diminué au profit du Comité de la défense nationale, présidé par le dirigeant Kim Jong-il, qui définit les priorités militaires, économiques et politiques ;
  • le président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême exerce les fonctions de chef de l'État ;
  • un cabinet des ministres remplace le Conseil administratif, parallèlement à un renforcement de l'autonomie des autorités locales.

 

En outre, la transition politique a conduit à une certaine libéralisation politique :

« [La] transition politique s'est accompagnée d'une « décompression » politique graduelle, qui se manifeste par un semblant de glasnost dans les médias nord-coréens, en particulier pour la couverture des événements extérieurs, le recours à une langue non orthodoxe dans le compte rendu des nouvelles, quelques réhabilitations politiques sans précédent, ainsi qu'une transparence inhabituelle dans les processus de prises de décision gouvernementale et les modes de pensée. »

Sur le plan théorique, Kim Jong-il a créé et développé la politique de songun, présentée pour la première fois officiellement le 20 octobre 1998.21

 

La politique de Songun 

La « politique de Songun » est une doctrine donnant la priorité à l'armée dans la construction du socialisme nord-coréen,

Elle a été élaborée et développée par le dirigeant Kim Jong-il dans le prolongement des idées du Juche. Selon le site officiel nord-coréen Naenara, « la politique de Songun est un mode politique qui fait des affaires militaires les tâches prioritaires de l’État et permet de défendre la patrie, la révolution et le socialisme et de pousser avec force l’édification socialiste dans son ensemble en s’appuyant sur la nature révolutionnaire et la combativité de l’Armée populaire. »

Le renforcement de la puissance militaire doit avoir pour corollaire une puissance économique accrue, dans la perspective de la Réunification de la Corée. Ainsi, toujours selon le site Naenara, « c’est grâce à la politique de Songun et à la direction de la révolution fondée sur le Songun que la République populaire démocratique de Corée a pu donner lieu à de nouvelles réalisations dans l’édification d’une grande puissance prospère et que l’œuvre de réunification de la patrie a pu aborder une phase marquante. »

La politique de Songun a été présentée pour la première fois officiellement le 20 octobre 1998.

La mise en œuvre de la politique de Songun au milieu des années 1990 a amené l'armée à participer encore plus aux prises de décision sociales et économiques, au développement d'infrastructures à grande échelle et à la production de sa propre nourriture. Même si le service militaire dure 10 ans, il est en majorité consacré à des travaux dans divers secteurs de la vie socio-économique. L'idée selon laquelle l'armée serait un fardeau pour l'économie nord-coréenne devrait donc être relativisée, en ce qu'elle pourrait être aussi, sous certaines conditions, une ressource et un catalyseur pour le développement de l'économie nationale.

Selon Alexander Vorontsov, la priorité donnée à l'armée accompagne une transformation graduelle de l'économie planifiée de la Corée du Nord dans la direction d'une économie mixte. Le résultat final pourrait être un réseau de grandes sociétés sur lesquelles l'État exerce un moindre contrôle et partageant des relations étroites avec les agences gouvernementales, similaires aux chaebol créées par Park Chung-hee en Corée du Sud.22

 

Politique économique

Sur le plan intérieur, Kim Jong-il a initié des mesures d'ouverture économique, marquées par la libéralisation des prix et des salaires en 2002 et l'ouverture de zones économiques spéciales accueillant les investissements étrangers.

De 1995 à 1999, la Corée du Nord a traversé une période de pénurie alimentaire ayant entraîné de 200 000 morts (chiffre officiel) à 2 000 000 de morts (plusieurs ONG ont choisi de se retirer de Corée du Nord en estimant que l'aide n'arrivait pas aux populations qui en avait le plus besoin mais bénéficiait d'abord à l'armée et aux cadres dirigeants).23

L'urgence est telle que pour la première fois de son histoire, le pays sort de son isolationnisme et demande une aide humanitaire des pays étrangers en juin 1995.

Les raisons de cette crise sanitaire sont multiples selon les sources. Les autorités nord-coréennes soulignent l'impact négatif des inondations de 1995 et 1996, puis de la sécheresse de 1997 qui en est la cause. Pour les observateurs internationaux, comme Amnesty International ou encore Médecins sans frontières (MSF), le système économique en serait également responsable, ainsi que la rupture des liens économiques et stratégiques après la disparition de l'Union soviétique et la normalisation des relations entre la Chine et la Corée du Sud.

En 1995 et 1998, Pyongyang a bénéficié de volumes sans cesse croissants d’aide alimentaire (plus d’un milliard de dollars en quatre ans) et l'appel lancé en 1999 par les Nations unies, pour un montant de 376 millions de dollars, représente le second programme d’assistance internationale après l’ex-Yougoslavie, essentiellement pour raisons politiques et éviter l'écroulement potentiellement catastrophique du régime.24

 

Programme nucléaire

Depuis la fin des années 1980, la Corée du Nord est accusée de mener un programme nucléaire clandestin. Début 1993, la Corée du Nord annonce son retrait du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et une crise diplomatique s'engage résolue par l'accord-cadre de 1994. Après plusieurs cycles de négociations comprenant la Corée du Sud, le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine, la Corée du Nord a plus ou moins montré des signes d'apaisement dans sa volonté d'acquérir l'arme nucléaire. Mais finalement, elle procède à un essai nucléaire le 9 octobre 2006 et à un second, plus puissant et sans ambigüité sur sa nature, le 25 mai 2009.

La poursuite de ce programme par Kim Jong-il est un sujet d'inquiétude pour la communauté internationale, d'autant plus que la Corée du Nord développe un programme de missiles balistiques pouvant servir de vecteur à l'arme nucléaire.

 

Décès

Le dirigeant nord-coréen est décédé le 17 décembre 2011 au petit matin, à l'âge de 69 ans.

 

 

Controverses

 

Non-respect des Droits de l'Homme

Selon un rapport de Human Rights Watch de 2004, le gouvernement nord-coréen est parmi les gouvernements les plus répressifs au monde, ayant plus de 200 000 prisonniers politiques selon les autorités américaines et sud-coréennes, sans libertés pour la presse ou de liberté de cultes, d'opposition politique et où le droit à l'éducation diffère selon le sexe. « Tous les aspects politiques, sociaux et de la vie économiques sont contrôlés par l'État. »

Le gouvernement de Kim Jong-il est accusé de crimes contre l'humanité pour avoir favorisé et prolongé la famine de 1990.

 

Culte de la personnalité

Tout comme son père, la personne de Kim Jong-il est entourée d'un culte de la personnalité particulièrement poussé : monuments, défilés, portraits et badges. Ses anniversaires donnent en général lieu à des célébrations somptueuses. En 2002, la BBC note que 10 000 jeunes ont participé à un vaste spectacle afin de lui souhaiter un bon anniversaire. Cependant, en 2004, Kim Jong-il fit soudainement enlever tous ses portraits de la rue, ne laissant que ceux de son père, Kim Il-sung.

D'après d’anciens journalistes réfugiés, les étudiants de l'école de journalisme apprendraient à placer les articles concernant Kim Jong-il avant toute autre information et à écrire des textes flatteurs concernant Kim Jong-il, tout en suivant régulièrement des stages de mise à niveau en « grandes réalisations de Kim Jong-il et Kim Il-sung ». D'ailleurs, à titre d’exemple, toutes les universités du pays comptent un département dédié à Kim Jong-il, tandis que les programmes scolaires du primaire et du secondaire contiennent des leçons sur son enfance, souvent inventées de toutes pièces. Dès leur plus jeune âge, les écoliers nord-coréens doivent s'incliner tous les matins devant les portraits de ces deux leaders avant d'aller en cours.

Sa biographie officielle qui parfois frise le grotesque par son invraisemblance, diffère sur plusieurs points des biographies des observateurs occidentaux. Ainsi, on prétend qu'il serait né dans un « milyong » (camp secret) sur le Mont Paektu, montagne sacrée et point culminant de la péninsule coréenne, le 16 février 1942 (tandis que le monde occidental accorde sa naissance un an auparavant en Sibérie). La légende officielle raconte que ce jour-là, un grand glacier du mont Paedku aurait émis un son mystérieux, pour ensuite se briser et laisser échapper un double arc-en-ciel, puis serait apparue la plus haute étoile dans le ciel. Depuis, ce « camp secret » est considéré comme une terre sacrée que le peuple est encouragé à visiter tous les ans.

On prétend également, qu’à l'âge de 4 ans, Kim Jong-il aurait renversé un pot d'encre sur une carte du Japon. Un ouragan aurait foudroyé cet endroit précis quelques jours plus tard.

Toujours selon sa biographie officielle, il marcherait déjà depuis l'âge de trois semaines, et il aurait commencé à parler à l'âge de huit semaines. Durant son éducation à l'Université Kim Il-Sung, il aurait écrit pas moins de 1500 livres. Petit, il aurait été un mécanicien hors pair, un stratège génial, il surpassait les autres enfants par ses questions incisives et n'avait jamais l'air fatigué, bien qu'il aurait accompli plusieurs fois autant de travail que les autres. Kim Jong-il, dès son premier essai au golf, en 1994, aurait fait un score énorme, dont cinq trous-en-un, ce qui serait un record mondial. Le défunt dirigeant aurait aussi écrit six opéras en deux ans, chacun d'eux mieux que tout autre opéra de l'histoire de la musique. Selon le journal nord coréen Minju JoSon, il serait aussi l'inventeur du hamburger.25

 

Finances

Selon le Sunday Telegraph, Kim avait 4 milliards de dollars américains en dépôts dans des banques européennes au cas où il aurait eu besoin de fuir la Corée du Nord. Le Sunday Telegraph rapporte que la plupart de cet argent se trouverait dans des banques au Luxembourg.

 

 

Succession de Kim Jong-un

Le 17 décembre 2011, Kim Jong-il meurt soudainement alors qu'il voyage en train. Son fils cadet, Kim Jong-un, âgé de moins de trente ans, lui succède.

S’il n’était pas mort en 1994, Kim Il-sung, fondateur de la Corée du Nord en 1948, aurait célébré ses 100 ans le 19 avril 2012. Une date importante que le nouveau dictateur au pouvoir dans ce pays en pleine transition se devaient d’honorer.

La pièce maîtresse des festivités devait être le lancement d’un satellite Kwangmyongsong (Lodestar) 3 censé relever les conditions météorologiques et diffuser des musiques célestes en l’honneur du défunt « grand dirigeant ». En gage de bonne volonté pacifique, le régime nord-coréen a joué l’ouverture, invitant des journalistes et choisissant une trajectoire de tir qui n’était dirigé ni vers les États-Unis ni vers le Japon.
Cela n’a pas empêché Washington, Tokyo et Séoul d’affirmer qu’il s’agissait en fait du lancement d’un missile balistique violant une résolution des Nations unies qui l’interdit et représentant une menace régionale.
Le branle-bas de combat a finalement tourné à la farce. Le 13 avril 2012, le satellite n’aura pris son envol que deux minutes avant d’exploser. Il s’agissait de la troisième tentative ratée de la mise en orbite d’un satellite par la Corée du Nord, après deux échecs en 1998 et en 2006.

Dans son premier discours public, Kim Jong-un a néanmoins affirmé que le renforcement de sa capacité militaire restait une priorité et que la supériorité technologique n’était plus un monopole des puissances impérialistes. Ainsi, quelques jours plus tard, lors de l’un des plus grands défilés militaires organisés en Corée du Nord, un nouveau missile balistique, plus puissant, a été présenté. Mais la fiabilité de la technologie nord-coréenne est largement remise en question par de trop nombreux « ratés ».

Sur le plan intérieur, c’est un bien mauvais début pour Kim Jong-un qui doit encore consolider son pouvoir. Sur le plan international, l’échec du 13 avril fragilise la position du régime. Enfin, dans le domaine commercial, la Corée du Nord coopère sur des missiles avec l’Iran, notamment, et quelques autres puissances. Ces échanges étaient déjà très limitées vus les contrôles internationaux et ne semblent pas promis à un grand avenir…

Par mesure de rétorsion, les États-Unis ont annulé une aide alimentaire de 240 millions de tonnes négociée quelques semaines plus tôt contre le gel du programme nucléaire nord-coréen et l’arrêt d’essais de missiles à longue portée et d’armes nucléaires, ce qui risque de peser lourd pour une population confrontée à la disette.
Cette mini-crise intervenait alors que les tensions entre les deux Corées, du Nord et du Sud, juridiquement toujours en guerre, restaient vives. Le Conseil de sécurité de l’ONU annonçait un renforcement des sanctions contre Pyongyang. Ledit conseil est pourtant resté muet quand les États-Unis ont eux-mêmes violé des engagements qu’ils avaient pris pour favoriser le processus de paix dans la péninsule. La présidence Bush a notamment joué un rôle majeur dans le sabordage des accords précédemment conclus par Washington. Quant à Obama, il n’a rien fait pour relancer sérieusement le processus.26

Le 1er janvier 2013, Kim Jong-un a formulé le vœu de la fin de la confrontation avec la Corée du Sud et un « virage radical » permettant l'émergence d'un « géant économique », tout en réaffirmant les ambitions militaires du régime communiste. « Pour mettre fin à la division du pays et parvenir à sa réunification, il est important de cesser la confrontation entre le Nord et le Sud », a annoncé Kim Jong-un dans un communiqué diffusé par la télévision d'État.

En décembre 2013, la mise à l'écart de Jang Song-taek, puis son exécution sont analysées comme étant le parachèvement de la transition politique entre le « règne » de Kim Il-Sung et celui de Kim Jong-un et de sa mainmise sur le pouvoir.27

 

 

L’origine de la crise politique en Corée du Nord

Le procès sommaire et l’exécution le 12 décembre 2013 du numéro deux nord coréen, Jan Song-thaek, signale une profonde crise interne au sein du régime de Pyongyang. Depuis la mort du dirigeant Kim Jong-il deux ans auparavant, son fils et successeur, Kim Jong-un a limogé une centaine des 218 hauts fonctionnaires du pays, dont tous ceux, sauf deux, qui avaient suivi le corbillard de son père.

L’existence d’une crise interne en Corée du Nord est mise en évidence par la présumée « confession » de Jang où il dit avoir l’intention de prendre le pouvoir « lorsque l’économie aura fait faillite et que l’État sera sur le point de s’écrouler ». Jang a été présenté comme le bouc émissaire pour une économie stagnante, vulnérable à des crises et qui est en train de générer de profondes tensions sociales et une instabilité au sein de l’État policier.

Quelles que soient les raisons immédiates des luttes intestines en cours, la principale responsabilité des troubles politiques incombe non pas à Pyongyang mais à Washington. Dans le cadre de son « pivot vers l’Asie » qui vise à saper la Chine, l’allié de la Corée du nord, le gouvernement Obama a intensifié le blocus américain prolongé contre le pays en faisant de Pyongyang une poudrière politique.

Durant plus de six décennies, Washington adopte une attitude d’hostilité sans retenue à l’égard de la Corée du Nord. De 1950 à 1953, l’impérialisme américain et ses alliés avaient mené une guerre dévastatrice pour soutenir le régime droitier sud-coréen de l’homme fort Syngman Rhee, mis en place par les États-Unis, une guerre qui a tué des millions de soldats et de civils en laissant la péninsule coréenne en ruines. Un armistice a mis fin aux combats mais un traité de paix ne fut jamais signé, ce qui signifie que les deux parties sont toujours en situation de guerre.

Pour les États-Unis, la cible de la guerre coréenne n’était pas simplement la Corée du Nord, mais la Chine où le Kuomintang appuyé par les États-Unis fut renversé par la Révolution chinoise en 1949. Le commandant des forces menées par les États-Unis, le général Douglas MacArthur, avait préconisé le recours aux armes atomiques contre la Chine au moment où ses forces repoussaient les troupes américaines à l’approche de la frontière chinoise. Tout au long de la Guerre froide, l’armée américaine avait stationné des dizaines de milliers de soldats ainsi que des navires et des avions de guerre en Corée du Sud, et elle continue de le faire à ce jour.

L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et la fin de la Guerre froide eurent pour conséquence d’intensifier la pression américaine sur la Corée du Nord. Bien qu’ils aient maintenu des armes nucléaires tactiques en Corée du Sud des décennies durant, les États-Unis se sont servis du prétexte des installations nucléaires limitées de la Corée du Nord pour maintenir leurs bases militaires en Corée du Sud et au Japon. Après que la Corée du nord se soit retirée du traité de non-prolifération nucléaire, le gouvernement Clinton a entraîné la péninsule au bord de la guerre en 1994 avant de se rétracter et de signer l’accord connu comme l’accord-cadre de dénucléarisation de la Corée du Nord.

La difficile impasse et les tentatives de mise en œuvre entreprises en faveur d’un rapprochement entre la Corée du Nord et celle du Sud sous la soi-disant « politique du rayon de soleil » (Sunshine policy) a rapidement tourné court avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement Bush. En 2002, Bush afficha sa volonté d’intensifier la confrontation avec la Corée du Nord en l’accusant de faire partie de « l’axe du mal » aux côtés de l’Irak et de l’Iran. Dès le début, Bush avait explicitement dit ce qu’était la stratégie essentielle des États-Unis de paralyser économiquement le pays dans le but de produire une implosion politique à Pyongyang.

Alors que l’occupation menée par les États-Unis en Irak se transformait en bourbier militaire, Bush fut contraint de se tourner vers la Chine pour réduire les tensions à l’égard de la péninsule coréenne. Le gouvernement Bush participa aux pourparlers à six parrainés par Pékin mais, tout comme dans le cas de l’accord-cadre, il n’eut jamais la moindre intention de faire des concessions à Pyongyang.

L’arrêt de l’aide soviétique après 1991 rendit la Corée du Nord dépendante de la Chine en la laissant dans une situation de crise économique. Comme dans le cas de tous les régimes staliniens de par le monde, Pyongyang a réagi en décidant de restaurer le capitalisme. Ses projets furent cependant sapés par le refus des États-Unis de lui permettre d’accéder à l’économie mondiale et aux investissements étrangers. Les essais nucléaires effectués par Pyongyang depuis 2006 sont une tentative désespérée de tirer le meilleur parti des négociations.

Le gouvernement Obama a accru la pression sur la Corée du nord alors qu’il change sa politique étrangère pour l’éloigner des guerres en Irak et en Afghanistan et la réorienter vers l’Asie. Le soi-disant « pivot » est une stratégie générale extrêmement rigide qui vise à miner diplomatiquement et à encercler militairement la Chine. À son arrivée au pouvoir, Obama n’avait nullement tenté de relancer les pourparlers à six mais avait au contraire accru systématiquement les tensions contre la péninsule coréenne – en utilisant les essais nucléaires et les tirs de roquettes effectués par la Corée du Nord pour imposer de nouvelles sanctions et exercer des pressions sur la Chine pour en faire de même. Lorsque Pyongyang avait répliqué par des menaces exagérées mais néanmoins creuses aux  sanctions imposées en mars 2013 par l’ONU, les États-Unis ont envoyé de manière provocatrice au-dessus de la Corée du Sud des bombardiers B-52 et B-2 capables de transporter des charges nucléaires, en profitant de l’occasion pour renforcer leurs systèmes de missiles anti-balistiques en Asie.

Tout comme le « pivot » d’Obama a envenimé les conflits territoriaux en mers de Chine méridionale et orientale, il a engendré une situation hautement instable sur la péninsule coréenne. Pékin a certes soutenu le régime de Pyongyang en tant qu’important butoir stratégique contre les forces américaines dans la région mais ne peut guère se permettre un soulèvement politique à sa frontière septentrionale. Depuis avril 2013, la Chine fait pression sur la Corée du Nord pour qu’elle fasse des concessions aux États-Unis. L’exécution de Jang, qui était largement considéré comme étant étroitement aligné sur Pékin, semble en être la réponse.

Sous une façade d’unité, le régime de la Corée du Nord se trouve manifestement en situation de stress et de grande précarité. Un effondrement politique à Pyongyang soulèverait immédiatement le danger d’un conflit car les États-Unis et leurs alliés chercheraient à exploiter la crise en vue de mettre en place un régime plus aligné sur Washington – des décisions que la Chine tenterait très certainement de contrer.

La péninsule coréenne ne représente qu’un des dangereux points chauds dans la région indo-pacifique que l’impérialisme américain a attisé alors qu’il cherche à utiliser sa puissance militaire pour maintenir sa domination sur la région.28

 

 

Les États-Unis attisent le conflit avec la Corée du Nord au sujet du piratage de Sony

À partir du 24 novembre 2014, des pirates informatiques qui s’étaient donné le nom de « Gardiens de la paix » avaient déposé plusieurs lots d’informations internes de Sony sur Internet pour exiger que les studios de cinéma retirent leur film The Interview, un film comique dont l’intrigue se fonde sur le recrutement par la CIA de deux journalistes américains (interprétés par Seth Rogen et James Franco) dans l’objectif d’assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

L’affaire s’est ensuite intensifiée, le tout s’accompagnant de vagues menaces de violence contre les salles de cinéma qui prévoyaient de projeter le film lors de sa sortie le 25 décembre. Les quatre plus grandes chaînes américaines de cinéma ont alors annulé leurs premières, faisant état des menaces et puis Sony a entièrement retiré le film de la circulation.

Le Conseil national de sécurité américain a alors fait une première déclaration formelle, sans nommer le Corée du Nord, mais indiquant que la Maison-Blanche avait proposé son soutien à Sony contre les attaques cybernétiques. La déclaration expliquait : « Nous savons que des criminels et des pays étrangers cherchent régulièrement à accéder aux réseaux gouvernementaux et privés – aux États-Unis et ailleurs… Le gouvernement américain travaille sans relâche dans le but de traduire les responsables de cette attaque en justice et, considérant une réponse potentielle, nous envisageons un ensemble d’options. »

Les responsables du gouvernement Obama ont ensuite fait des déclarations non-attribuées aux médias américains affirmant que la Corée du Nord était responsable des attaques menées contre Sony, ce qui déclencha une frénésie médiatique et des spéculations sur une guerre cybernétique ou des ripostes militaires contre le régime de Pyongyang. Ceci était accompagné de suggestions que l’Iran était un des conjurés dans les attaques cybernétiques, en représailles de la guerre cybernétique menée par les États-Unis et Israël contre l’infrastructure nucléaire de l’Iran.

Aucune preuve quelle qu’elle soit n’a été présentée et les reportages de la presse se limitaient aux suggestions que le code du ‘malware’ utilisé pour infecter le système informatique d’entreprise de Sony avait été écrit en Corée et qu’il ressemblait à celui qui avait été utilisé dans les cyber-attaques précédentes en Corée et en Arabie saoudite.

De surcroît, les États-Unis se sont lourdement investis dans les mesures de guerre cybernétique, particulièrement dans celles qui ciblent la Chine. Au début de l’année, le lanceur d’alertes de la NSA, Edward Snowden, avait révélé des mesures offensives étendues de guerre cybernétique dont des attaques sur des cibles gouvernementales et militaires.

Il y a aussi des éléments qui démontrent que les États-Unis attisent des conflits avec la Corée du Nord dans plusieurs domaines simultanément. L’intensification de l’affaire de Sony Pictures coïncide avec la publication d’un rapport par un comité de l’ONU qui recommande le renvoi des responsables nord-coréens devant la Cour criminelle internationale (CCI) concernant des violations de droits de l’homme.

Au moment où le porte-parole de la Maison-Blanche menaçait d’une « réponse proportionnée » au piratage de Sony, l’Assemblée générale de l’ONU a approuvé le renvoi de la Corée du Nord devant la CCI, envoyant la résolution au Conseil de Sécurité de l’ONU, où on s’attendait à ce que la Russie et la Chine bloquent la poursuite de l’action.

Le rôle de Sony Pictures mérite également un examen approfondi. Le studio a des relations bien documentées avec la CIA, il a produit le film Zero Dark Thirty en 2012 en collaboration directe avec la CIA ; le film dépeint la torture des prisonniers comme étant vitale au repérage d’Oussama ben Laden par l’escadron de la mort des Navy Seals l’année précédente. Le film a servi de sorte de déni vidéo en avance du rapport du Comité du renseignement du Sénat sur la torture, achevé à l’été 2012, mais dont la publication a été retardée pendant deux ans par la Maison-Blanche jusqu’à ce qu’il soit rendu public sous forme lourdement censurée.

La décision de tourner un film qui atteint son point culminant dans l’assassinat de Kim Jong-un était pour le moins bizarre. Comme l’a écrit le New York Times : « Dépeindre l’assassinat d’un dirigeant mondial exerçant encore son mandat, drôlement ou pas, est quasiment sans précédent pour les grands studios cinématographiques, affirment les historiens du cinéma. » Si la Corée du Nord, l’Iran ou la Russie avaient produit un film semblable au sujet d’un plan d’assassinat d’Obama, couronné d’images épouvantables du président qui se fait anéantir par un missile (la dernière scène de The Interview), le gouvernement des États-Unis et les médias auraient fait un tollé.

De plus, étant donné que le gouvernement Obama prétend que le président a le droit d’ordonner l’assassinat par drone de tout individu sur la planète, y compris de citoyens américains, à sa discrétion, la représentation d’une telle attaque par un grand studio de cinéma pourrait bien être comprise comme une menace voilée. Il n’y a aucun doute qu’il y avait des éléments dans le gouvernement américain qui, conscients de la crise grandissante et de l’isolement de la dictature nord-coréenne, s’attendaient justement à ce que le film soit interprété de cette façon à Pyongyang.

Selon une information du service officiel de radiodiffusion Voice of America, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jennifer Psaki a confirmé que le diplomate américain qui coordonne la campagne contre la Chine, Daniel Russel, « avait tenu une réunion de routine avec les cadres de chez Sony pour discuter la politique étrangère en Asie. » La publication on-line Daily Beast rapporte avoir vu des courriers électroniques indiquant qu’au moins deux responsables américains avaient vu « The Interview » en avant-première et avaient donné leur bénédiction.

L’enquête sur le piratage de Sony était coordonnée par le FBI et l’unité de médecine légale Mandiant de l’entreprise FireEye Inc. Celle-ci est la même entreprise privée qui était à l’origine d’une série d’articles, publiés dans le New York Times et salués par le gouvernement Obama, prétendant qu’une unité de l’Armée chinoise était spécialisée dans le piratage des systèmes informatiques des entreprises et du gouvernement des États-Unis.

La campagne contre la Corée du Nord pourrait se transformer assez rapidement en une nouvelle composante des efforts permanents faits par le gouvernement des États-Unis pour mobiliser des ressources militaires et sécuritaires contre la Chine.29

 

 

Le test (thermo)nucléaire, prolifération et désarmement

Le 6 janvier 2016, la Corée du Nord a annoncé avoir effectué son premier test d’une bombe H (à hydrogène) dite aussi thermonucléaire. Pyongyang avait auparavant effectué trois essais sous-terrains de bombe A (atomique) en 2006, 2009 et 2013.

L’essai nucléaire du 6 janvier est confirmé par des experts en Corée du Sud et aux États-Unis, mais ils doutent qu’il s’agisse bien d’une bombe H – de même qu’il n’est pas certain que l’engin ait été miniaturisé, comme l’affirme Pyongyang, au point de pouvoir être porté par un missile de longue portée. Le régime nord-coréen a aussi affirmé, le 9 janvier, qu’il se doterait d’un sous-marin porteur d’ogives. « Nous rejoignons les rangs des États nucléaires avancés », s’est félicité un présentateur de la télévision officielle nord-coréenne.

 

Échec des négociations

Les Soviétiques ont enseigné à la Corée du Nord la maîtrise de l’atome à l’époque de la guerre froide, dans les années 1950-1960. Elle a depuis poursuivi ses recherches de façon indépendante et a engagé, au début des années 1980, un programme militaire secret, étant à même, à partir de ses centrales électriques, de créer le plutonium nécessaire ; puis d’enrichir l’uranium, présent dans les sols du pays, grâce à l’acquisition de technologies pakistanaises (centrifugeuses…).

Un premier accord international signé en 1994 a été dénoncé par l’administration Bush en octobre 2002. Des négociations multilatérales ont repris en 2003, à l’initiative de Pékin, à six : les deux Corées, la Chine, les États-Unis, le Japon et la Russie. À Washington, les néoconservateurs ont fait échouer un nouvel accord (pourtant quasiment conclu) en septembre 2005, recourant à des accusations infondées : création de fausses monnaies, blanchiment d’argent à partir de Macao. En 2006, Pyongyang a procédé à des tirs de missiles balistiques et à un premier essai nucléaire (utilisant le plutonium dont il avait gelé pendant 8 ans la production). En février 2007, un troisième accord était conclu, la Corée du Nord interrompant son programme et acceptant le retour des inspecteurs étrangers de l’AIEA : Washington devant fournir une assistance énergétique et normaliser les relations diplomatiques. Il a capoté en septembre 2008. Enfin, un quatrième accord a été signé en 2012, sous Obama, avortant en deux mois seulement. Le troisième essai a eu lieu en février 2013.

Les pourparlers n’ont pas repris depuis. Washington n’a plus grand-chose à offrir, tant la Corée du Nord est peu intégrée au monde (sur le plan économique ou diplomatique) – et a beaucoup à demander : renoncer à l’arme nucléaire déjà existante. Enfin, Pyongyang sait qu’aucune puissance de la région ne souhaite actuellement l’effondrement brutal du régime, non seulement parce que Pékin ne l’admettrait pas – pour des raisons géopolitiques et non pas de proximité politique –, mais aussi parce que cela ouvrirait une crise aux conséquences imprévisibles dans l’une des régions les plus sensibles, où les intérêts des grandes puissances rivales sont directement en cause (Chine, Russie, États-Unis, Japon).

Dans ce contexte, le régime nord-coréen pense qu’il peut et doit « pousser le bouchon » nucléaire aussi loin que possible. Il n’a aucun vrai allié et beaucoup d’ennemis jurés. Il augmente donc son pouvoir de nuisance pour faire monter les enchères et geler la situation au nom d’une politique de « dissuasion ». C’est rationnel, mais cela relève aussi d’une logique « après moi, le déluge » – nucléaire ?

 

La prolifération

C’est bien cet aspect rationnel qui est le plus inquiétant. La « dissuasion » du « faible au fort » a été l’argument clef justifiant la prolifération nucléaire, en commençant par la Russie face aux États-Unis, puis par des « puissances secondaires » comme la France avec De Gaulle ou la Grande-Bretagne en concurrence avec les États-Unis, ou encore la Chine en concurrence avec la Russie : ne pas laisser le monopole du feu atomique à une ou deux superpuissances militaires, dont on devient en ce domaine totalement dépendant.

La prolifération au nom de la dissuasion n’a pas cessé après la formation du club des cinq détenteurs officiels, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Pakistan face à l’Inde. Israël pour s’émanciper de la tutelle états-unienne et s’imposer sur le théâtre moyen oriental. La Corée du Nord face au déploiement nucléaire massif de l’armée US en Asie du Nord-Est et pour ne pas dépendre de la diplomatie chinoise…

Il n’y a aucune raison pour que la prolifération cesse. D’autres États sont d’ores et déjà « pré nucléaire ». L’instabilité géopolitique générale et l’incapacité des États-Unis à établir un nouvel ordre mondial stable inquiètent : la protection de Washington sera-t-elle toujours garantie, quoi qu’il arrive ? L’Amérique latine reste hors du champ de confrontation nucléaire. On voit mal quel autre pays européen pourrait aujourd’hui se lancer dans l’aventure, mais qu’en sera-t-il quand la crise de l’Union s’aggravera qualitativement ? L’accord avec l’Iran a repoussé les échéances au Moyen-Orient, mais pour combien de temps, vu l’acuité des contradictions entre puissances régionales, la menace israélienne, les errements de la politique US ? Et quid du continent africain ?

C’est cependant en Asie que pourrait naître la prochaine puissance nucléaire, là où des ogives sont déjà installées dans un grand nombre de pays (partout où il y a des bases états-uniennes, en sus de pays détenteurs) ainsi que dans toute la mer de Chine (sous-marins, flottes…). Tokyo s’avère le prétendant le plus immédiat. La droite nippone utilise chaque « provocation » nord-coréenne pour tenter de légitimer aux yeux d’une population profondément pacifiste la dédiabolisation de l’arme qui réduisit en cendre Hiroshima et Nagasaki. En Corée du Sud aussi, des politiciens interviennent ouvertement en ce sens, dont des élus du Saennuri, le parti au pouvoir.

La prolifération nous rapproche toujours plus du moment où l’arme nucléaire sera effectivement utilisée sur un théâtre d’opérations régional. On ne peut cependant la combattre tout en justifiant le maintien du monopole des cinq puissances, membres permanents du Conseil de sécurité. C’est bien la question du désarmement général, espéré et possible après la fin de la guerre froide, qui continue de se poser.

Il faut tout particulièrement le rappeler en France, où le développement de nouvelles armes nucléaires destinées à être utilisées se poursuit dans l’indifférence. En Grande-Bretagne, il existe un mouvement vivace contre le déploiement des missiles Trident. Rien de tel dans l’Hexagone. Jamais cette question n’est évoquée lors des campagnes électorales ; jamais elle n’est négociée (même par les Verts) dans le cadre d’un accord de gouvernement ; jamais la poignée de physiciens ou les petites associations qui luttent avec ténacité sur ce terrain ne reçoivent le soutien qu’elles méritent (même si heureusement, le mur érigé entre le combat antinucléaire civil et militaire a été finalement battu).

Les médias réduisent trop souvent la question nord-coréenne à l’autocratie et à la folie de la dynastie familiale des Kim. Dictature il y a. Instabilité mentale peut-être, mais les régimes présidentiels et autres pouvoirs personnels attirent, ailleurs aussi, de grands caractériels. En matière nucléaire cependant, la politique de Pyongyang fait malheureusement sens. Du point de vue des peuples de la région, elle est criminelle, contribuant à la spirale de militarisation engagée en Asie orientale – une dynamique mortifère initiée par d’autres puissances, que les médias considèrent cette fois « raisonnables », alors qu’elles n’en sont pas moins menaçantes. Rappelons encore une fois que les États-Unis sont les seuls à avoir effectivement utilisé l’arme, crime de guerre s’il en est !

Si nous n’imposons pas le désarmement nucléaire, nous aurons un jour ou l’autre la guerre nucléaire. Elle débutera probablement lors d’un conflit régional au prix de millions de vies. Et après ? 30

 

 

Qui provoque qui ?

Le 7 février 2016, la Corée du Nord a lancé un satellite d’observation de la Terre. Cela a suffi au Conseil de sécurité de l’ONU pour se réunir en urgence et dénoncer une « provocation intolérable » !

Selon le Conseil de sécurité, en effet, le lancement nord-coréen utilisait « la technologie des missiles balistiques ». Mais c’est le cas de tous les lancements de satellites de ce type et cela n’occasionne pas qu’il se réunisse à chaque fois. L’ONU a aussi annoncé que de nouvelles mesures coercitives contre la Corée du Nord étaient en discussion. On se demande bien quelles restrictions supplémentaires vont être infligées à la population nord-coréenne.

Il y a presque quatre ans, en avril 2012, déjà à l’occasion du lancement d’un satellite, les grandes puissances, États-Unis en tête, avaient décidé de profiter de l’occasion pour durcir le blocus qui étouffait le pays, interdisant tout commerce et transfert d’argent avec lui. Cela avait aussi été l’occasion d’intensifier l’exercice militaire annuel des armées américaines et sud-coréennes, en en faisant l’un des plus importants au monde. L’ONU n’a d’ailleurs pas trouvé « provocante » cette démonstration de force aux frontières de la Corée du Nord.

La réaction du Conseil de sécurité et les déclarations des grandes puissances visent à faire passer un pays de 25 millions d’habitants, affaibli par des décennies d’embargo, pour une menace militaire d’ordre international. Ce genre de mascarade fait penser aux fameuses armes de destruction massive de Saddam Hussein, qui n’ont jamais existé mais qui ont servi de prétexte à l’intervention militaire américaine de 2003 en Irak, intervention qui, elle, a massivement détruit le pays.

Le régime nord-coréen est une dictature, c’est certain. Mais ce n’est pas ce qui gêne les grandes puissances, qui s’accommodent et s’appuient sur de nombreuses dictatures et régimes autoritaires, à commencer par celui de la Corée du Sud, où les militaires n’ont quitté le pouvoir qu’après la vague de luttes ouvrières de la fin des années 1980. Le régime nord-coréen paye encore, plus de soixante ans après la fin de la guerre de Corée en 1953, le fait d’avoir refusé de se soumettre à l’impérialisme américain, qui lui s’arroge le droit de lancer les fusées qu’il veut et de bombarder où il veut et quand il veut. 31

 

 

La question des droits de l'homme

La Corée du Nord a signé plusieurs traités l'engageant à respecter les Droits de l'homme et plusieurs articles de sa Constitution défendent plusieurs libertés fondamentales. Mais en raison du manque d'informations disponibles, il est très difficile de vérifier leur respect. Les gouvernements tout comme des ONG étrangères, telles par exemple Amnesty International, accusent la Corée du Nord de ne pas respecter certaines libertés fondamentales comme celles d'expression, d'association, de religion ou encore de circulation et « exhorte le gouvernement de Corée du Nord à prendre sans plus attendre des mesures en vue d'améliorer le respect des droits humains dans le pays ». Il est strictement interdit de fonder une association ou encore de songer à manifester. Kim Jong-Il poursuivait quiconque œuvrant dans cette voie. Des témoignages recueillis par Médecins sans frontières font état de conditions sociales et politiques désastreuses entraînant des troubles psychiques chez les réfugiés ayant fui ce pays.

Le travail forcé serait très fréquent au sein « d'un grand nombre de camps de détention », comme ceux de Yodok, Kaechon et Haengyong. Les premières photos satellites de ces camps ont été rendues publiques en 2002. En 2003, le nombre de travailleurs forcés est estimé entre 150 000 et 200 000. En 2009, des associations, qualifiant ces camps de camp de concentration, estiment le nombre de ces travailleurs à 300 000. En 2011 Amnesty International estime à 200 000 le nombre de personnes enfermées dans ces camps dans des conditions « atroces », camps en augmentation en taille et en nombre depuis dix ans.

Amnesty International a exprimé ses préoccupations concernant la persécution religieuse en Corée du Nord. Selon un classement publié par Portes Ouvertes, une organisation internationale qui soutient les chrétiens persécutés, la Corée du Nord est actuellement le pays où les chrétiens sont le plus persécutés dans le monde. 32

 

 

Esclaves pour capitalistes

Le gouvernement nord-coréen loue quelque 50 000 travailleurs à d’autres pays, où ils travaillent dans le textile, les mines et le bâtiment. Grâce à ces accords, la Corée du Nord récupère un à deux milliards de dollars. Mais qui paye ?

En Pologne, par exemple, quelque 800 firmes américaines, européennes et asiatiques emploient des travailleurs nord-coréens. Les patrons détiennent leurs passeports. Les horaires de travail sont particulièrement durs : 12 heures par jour, six jours par semaine. 70 % du salaire est prélevé directement par l’entreprise et reversé au gouvernement nord-coréen. Les conditions sont dangereuses ; un de ces travailleurs a été mortellement brûlé, en 2014, parce que le patron lui avait fourni un vêtement en fibre synthétique pour faire de la soudure.

Les gouvernements occidentaux dénoncent la dictature sanglante en Corée du Nord, mais pas le quasi-esclavage par lequel des compagnies occidentales exploitent les travailleurs nord-coréens ! 33

 

 

La vraie menace, c’est l’impérialisme

L’essai d’une bombe nucléaire à hydrogène, réussi le 3 septembre 2017, a provoqué la condamnation de la Corée du Nord par les dirigeants de tous les pays, y compris la Chine et la Russie, alliés du régime nord-coréen.

Trump, qui avait promis, après des essais de tirs balistiques au mois d’août, de déchaîner « le feu et la fureur » sur ce pays de 25 millions d’habitants, a de nouveau jeté de l’huile sur le feu en dénonçant la supposée « politique d’apaisement » de la Corée du Sud vis-à-vis du Nord et en n’excluant pas un usage de l’arme atomique.

En réalité, on en est loin, car ni les dirigeants nord-coréens ni ceux des grandes puissances, à commencer par les États-Unis, n’ont intérêt à déclencher une guerre en Extrême-Orient. Les exercices militaires américains au large de la Corée du Nord, les tirs de missiles nord-coréens au-dessus de l’océan Pacifique, tout comme les rodomontades de Trump ou de Kim Jong-un, sont d’abord une partie de poker menteur dans laquelle, chacun dans son registre, la Corée du Nord et les États-Unis veulent montrer leurs muscles. Et, contrairement à ce que rabâchent dirigeants politiques et commentateurs, les responsables de cette crise sont d’abord les puissances impérialistes.

De l’Afrique au Moyen-Orient, elles installent des régimes dévoués à leurs intérêts et renversent ceux qu’elles ne jugent pas assez soumis. Elles bombardent des villes et des pays entiers, font débarquer leurs armées pour contrôler marchés et matières premières. En Corée, ce sont les États-Unis qui ont imposé la partition du pays dès 1945, puis une guerre féroce entre 1950 et 1953, pour montrer à tous les peuples dominés ce qu’il leur en coûterait s’ils osaient soutenir un régime tant soit peu indépendant ou se plaçant sous la tutelle de l’Union soviétique.

Le régime nord-coréen est certes une dictature. Mais son nationalisme se nourrit depuis l’origine de la politique américaine. Le sévère embargo exercé depuis 1953 par les États-Unis, sous toutes les présidences, a provoqué de véritables famines et le délabrement d’installations utiles à la population. À l’embargo américain s’ajoute désormais celui de la Chine, qui a officiellement cessé d’acheter le charbon, divers minerais et les produits de la pêche de la Corée du Nord. Soucieux de ménager leurs relations commerciales avec les États-Unis, les dirigeants chinois ont voté une résolution de l’ONU sanctionnant la Corée du Nord après les essais balistiques de cet été 2017.

Quant à la menace nucléaire elle-même, si Kim Jong-un prétend pouvoir fabriquer quelques dizaines de têtes nucléaires, les États-Unis en possèdent plus de 7 500. Ils dépensent plus pour entretenir cet arsenal nucléaire que tous les pays réunis. Et n’oublions pas qu’à ce jour le seul pays qui a fait usage de l’arme nucléaire, c’est les États-Unis, précisément contre le Japon, à Hiroshima et à Nagasaki. 34

 

 

Trump – Kim Jong-un : une rencontre symbolique et après ?

Le 12 juin 2018, prétendument en terrain neutre, à Singapour, le dirigeant des États-Unis, Donald Trump, a serré la main du dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-un. Cela n’était jamais arrivé entre chefs d’État de ces deux pays. Mais, au-delà du geste, presque rien de concret n’est sorti de cette rencontre, en tout cas officiellement.

La déclaration commune est très courte et ne comporte quasiment aucun engagement. Il y est essentiellement dit que « la Corée du Nord s’engage à travailler à une complète dénucléarisation de la péninsule coréenne » et que les deux pays « associeront leurs efforts pour bâtir un régime de paix durable et stable dans la péninsule ». Dans une conférence de presse qui a suivi, le président américain a rappelé que les sanctions imposées à la Corée du Nord ne cesseront que lorsque « la menace nucléaire sera complètement abandonnée ». Il n’a pas annoncé le retrait des 25 000 soldats américains présents en Corée du Sud, mais a seulement dit qu’il mettrait fin aux exercices militaires organisés avec ce pays.

On voit bien quels avantages Trump tire de la situation présente, imposant le leadership américain sur l’Asie du Nord aux autres protagonistes régionaux que sont la Chine, le Japon et la Russie. Rien ne garantit pour autant qu’il fera durablement le choix de rapports pacifiés avec la Corée du Nord.

Qu’est-ce que Kim Jong-un obtiendra vraiment de Donald Trump ? La Chine et la Corée du Sud seraient intéressées par un relâchement des sanctions économiques à l’encontre du Nord, qui possède des matières premières et une main-d’œuvre qualifiée très bon marché. Même dans ce cas, cela ne s’accompagnerait pas nécessairement d’une liberté de déplacement pour les populations du Nord, ni même pour celles du Sud qui souhaiteraient se rendre au Nord. Même la suppression de cette frontière hermétique qui sépare tout un peuple en deux est loin d’être à l’ordre du jour.

En fait, rien ne dit que les États-Unis souhaitent aller au-delà de quelques gestes de façade. Ils sont prêts aux revirements diplomatiques les plus brutaux, comme Trump le montre parfaitement. Quant à les justifier, ils ont toujours su le faire en en rendant responsable la Corée du Nord, qu’ils contribuent à maintenir depuis tant d’années dans le sous-développement, voire la misère.35

 

 

Le sommet intercoréen

Le sommet intercoréen organisé du 18 au 20 septembre 2018 à Pyongyang entre les chefs d’État Moon Jae-in et Kim Jong-un marque leur volonté de garder l’initiative politique.

La couverture médiatique du sommet de Pyongyang a été fort politique. Plus que jamais, elle a mis en scène la proximité personnelle de Moon Jae-in et Kim Jong-un, au point de faire froncer les sourcils en Corée du Sud.

Le rapprochement entre les deux Corées se poursuit, avec un calendrier serré. Un accord a été signé dans le domaine militaire en vue de réduire les risques de confrontation. Des postes avancés dans la zone démilitarisée (DMZ) seront supprimés d’ici à décembre. Des zones tampons seront établies le long de la DMZ et des frontières maritimes. La « zone de sécurité commune » à Panmunjom sera nettoyée de ses mines d’ici à octobre. Le site touristique nord-coréen du mont Kumgang doit être réactivé (les visites avaient été suspendues après qu’un touriste du Sud ait été, en 2008, abattu par des soldats du Nord). Les réunions des familles séparées par la guerre de Corée (1950-1953) doivent se multiplier. L’aide humanitaire à la population du Nord doit s’accroître. Les échanges économiques doivent se développer et les réseaux ferroviaires ou routiers entre des deux pays doivent être connectés avant la fin de l’année. En sus, Moon Jae-in et Kim Jong-un envisagent la présentation la présentation d’une candidature commune pour l’accueil des Jeux olympiques d’été en 2032.

Sur la question nucléaire, Kim Jong-un a fait un nouveau « petit pas » en avant, annonçant l’arrêt du site de tirs de missiles de Tongchang-ri et la promesse de suspendre les installations de Yongbyon sous condition (précision importante) de « réciprocité » américaine. La politique de dénucléarisation et de désescalade concerne en effet toute la péninsule et pas seulement la Corée du Nord. La balle est donc renvoyée à Donald Trump.

Le 9 septembre déjà, lors du défilé de célébration des 70 ans de la République populaire démocratique de Corée, Pyongyang avait affiché sa bonne volonté : aucun missile intercontinental n’avait été exhibé, toute référence à l’arme nucléaire avait disparu.

Donald Trump a été pris à contrepied. Il avait en effet brutalement annulé une visite à Pyongyang du secrétaire d’État Mike Pompeo et il avait dénoncé la Chine qui « compliquait les choses » avec la Corée du Nord.

 

Où peut aller la Corée du Nord ? 

Parmi les points d’interrogation qui rendent toute prévision périlleuse, il y a bien entendu les aléas de la politique étrangère de Trump et des États-Unis, mais aussi l’évolution de la situation en Corée du Nord. Cela ne concerne pas tant les objectifs de Kim Jong-un, qui semblent assez clairs, que leur mise en œuvre. Après avoir consenti un effort considérable pour développer la capacité nucléaire (ogives et missiles) du régime et avoir obtenu une forme de reconnaissance diplomatique internationale, le développement économique est déclaré la priorité des priorités, dans un contexte marqué par la formation d’une élite sociale élargie avide de consommation et d’une économie de marché tolérée, imbriquée au secteur étatique.

La dynamique semble être similaire à celle connue antérieurement en Chine, une transition capitaliste. Cependant, la Corée du Nord n’a pas les atouts de son voisin ni même ceux du Vietnam. Une grande partie de la population rurale vit encore dans une très grande pauvreté, à tel point qu’il serait difficile d’extraire du monde rural le financement nécessaire à la modernisation de l’industrie. Dans ces conditions, en cas d’ouverture, les entreprises seraient incapables de faire face à la concurrence de firmes étrangères, notamment chinoises et sud-coréennes.

Au sommet de Pyongyang, le président Moon Jae-in était accompagné des dirigeants des principaux chaebols (les conglomérats sud-coréens) tels que Hyundai, Samsung, LG, SK. A leurs yeux, l’ouverture de la Corée du Nord permettait d’exploiter une main-d’œuvre très bon marché, de s’approprier des ressources naturelles inexploitées, de créer de nouveaux canaux en direction du marché chinois. Ces perspectives sont néanmoins encore bloquées par le maintien des sanctions onusiennes isolant économiquement la Corée du Nord. De plus, de nombreuses considérations politiques devront être prises en compte par la direction des conglomérats, habitués à collaborer avec la présidence Moon.

Rien ne garantit que le régime nord-coréen pourra gérer les bouleversements suscités par les chocs d’une transition capitaliste sans entrer en crise, avec des conséquences imprévisibles.36

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_Silla
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Goryeo
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_Joseon
(6) http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Cor%C3%A9e/114666
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Empire_cor%C3%A9en
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e_durant_la_colonisation_japonaise
(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e
(10) https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cor%C3%A9e
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e
(12) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung
(13) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e_du_Nord
(14) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung
(15) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e_du_Nord
(16) http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/R%C3%A9publique_populaire_d%C3%A9mocratique_de_Cor%C3%A9e/114667
(17) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e_du_Nord
(18) https://fr.wikipedia.org/wiki/Juche
(19) Pourquoi les pauvres votent à droite,Thomas Frank.p.XXIII.
(20) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung
(21) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Jong-il
(22) https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_songun
(23) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Jong-il
(24) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Cor%C3%A9e_du_Nord
(25) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Jong-il
(26) Danielle Sabai et Pierre Rousset  http://npa2009.org/content/cor%C3%A9e-du-nord-p%C3%A9tard-mouill%C3%A9
(27) https://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Jong-un
(28) Peter Symonds  http://www.mondialisation.ca/lorigine-de-la-crise-politique-en-coree-du-nord/5362876  Article original, WSWS, paru le 23 décembre 2013
(29) Patrick Martin  http://www.mondialisation.ca/les-etats-unis-attisent-le-conflit-avec-la-coree-du-nord-au-sujet-du-piratage-de-sony/5421580  Article original, WSWS, publié le 19 décembre 2014
(30) Pierre Rousset  https://npa2009.org/actualite/international/le-test-thermonucleaire-en-coree-du-nord-proliferation-et-desarmement
(31) Pierre Royan  http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2016/02/10/coree-du-nord-qui-provoque-qui_65549.html
(32) https://fr.wikipedia.org/wiki/Cor%C3%A9e_du_Nord
(33) M.B. https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/05/03/coree-du-nord-esclaves-pour-capitalistes_90225.html
(34) Xavier Lachau  https://journal.lutte-ouvriere.org/2017/09/06/coree-du-nord-la-vraie-menace-cest-limperialisme_96309.html
(35) Pierre Royan https://journal.lutte-ouvriere.org/2018/06/13/trump-kim-jong-un-une-rencontre-symbolique-et-apres_108556.html
(36) Pierre Rousset https://npa2009.org/actualite/international/le-sommet-intercoreen-et-la-situation-en-asie-du-nord-est