Préhistoire
Le territoire de l'actuel Kazakhstan est habité depuis l'âge de pierre par des pasteurs nomades. Les cultures de l'âge de bronze qui se sont étendues sur ce territoire comprennent la Culture de Srubna, la Culture d'Afanasievo et la Culture d'Andronovo. Entre -500 et 500, le Kazakhstan abrite des cultures nomades guerrière des Saka et des Huns.
Du Ier au VIIIe siècle
Selon Tacite, les Huns Yuezhi étaient présents en -91 dans les terres de Turan de la Province d'Atyraou. Au début du IVe siècle, un noble Kushan nommé Malkar de Khi, est devénu le chef des Huns installés à cet endroit. On pense que Malkar a été le premier à emmener les Huns dans le delta de la Volga (en) où ils rencontrent les Alains. S'alliant avec le roi des Alains, Malkar réunit 10 tribus pour former la première proto-Confédération tribale turque (en). Cette première proto-Confédération tribale turque (en) du clan des Doulo aura une influence jusqu'au sud du sous-continent sous le règne de Kitolo prince des Scythes et jusqu'en Europe centrale sous le règne d'Attila.
En quelques années, la confédération des Dix tribus Doulos de la province d'Atyraou s'allient aux Achinas (en) formant la partie occidentale de l'Empire Köktürk. Ils réussissent à reprendre Phanagoria aux Avars et renomment Sabires les Khazars. Par les liens étroits des Avars avec la Perse, une fois de plus les dix tribus du clan Doulo s'allient avec Byzance. Le premier état bien documenté dans la région a été le Khanat turc (en), l'état Köktürk, établi par le clan des Achinas (en) au VIe siècle de notre ère. Toutefois, le clan des dix tribus Doulo fait rapidement sécession des Köktürks pour devenir le Khanat tuc occidental qui prospérera jusqu'à 630 quand ils deviendront les Khazars.
Kaghan Kubrat établit l'état de ancienne grande Bulgarie (en) qui durera peu de temps. Il se désintégrera à sa mort quand la majorité des membres migrera vers l'ouest pour la première conquête de la Hongrie de 677 par Kotrag (en). Kotrag (en) a aussi installé les Bulgares de Batbayan au nord de la Volga et ses Balkars s'installent avec les Circassiens au nord du Caucase. Les Kara-Khazars de la province d'Atyraou se joignent aux Oghouzes, se révoltent contre l'état d'Aq-Khazar et établissent l'état de Yabgu Oghouze de la dynastie Kara qui deviendra l'Empire des Seldjoukides. Les Kara tatars (en) se battront jusqu'à ce que leur dynastie soit dominée par les Temüdjin.
Du VIIIe au XVe siècle
En 766, les Karlouks, une confédération de tribus turques, établissent un état dans la partie orientale de l'actuel Kazakhstan. Aux VIIIe et IXe siècles, les Arabes conquièrent des parties du sud du Kazakhstan et y introduisent l'Islam. Du IXe au XIe siècle, les Oghouzes contrôlent l'ouest du Kazakhstan. À peu près à la même époque, les Kimak et les Kipchak, aussi d'origine turque contrôlent l'est. Des années 1100 aux années 1220 les Coumans dominent le Kazakhstan occidental. Le grand désert central du Kazakhstan est encore appelé Dashti-Kipchak, ou Steppe des Kipchak. La capitale Astana était habitée par de nombreux Huns et Saka.
Au IXe siècle, les Karlouks fondent l'état Qarakhanide qui conquiert la Transoxiane, la zone au nord et à l'est de la Rivière Oxus (l'actuelle Amou-Daria).
Dès le début du XIe siècle les Qarakhanides sont en guerre permanente entre eux et avec les Seldjoukides au sud. Les Qarakhanides, convertis à l'Islam sont conquis dans les années 1130 par les Kara-Khitans, un peuple Mongole venus du nord de la Chine. Au milieu du XIIe siècle, un état indépendant de Khwarezm est fondé en bordure de la rivière Oxus se détachant du Kara-Khitan affaibli. Mais le reste du Kara-Khitan durera jusqu'à l'invasion Mongole de l'Asie centrale (en) par Genghis Khan en 1219–1221.
À la suite de la conquête du Kara-Khitan par les Mongols, le Kazakhstan tombe sous la domination de chefs de la Horde d'or, la branche occidentale de l'Empire mongol. La horde, ou jüz, est le précurseur de la structure clanique actuelle. Au début du XVe siècle, la structure de gouvernance a éclaté en plusieurs groupes nommés khanates, dont la Horde Nogaï et le Khanat de Boukhara.
Le Khanat kazakh (1465–1731)
Le Khanat kazakh est fondé en 1465, par Janybek Khan et Kerey Khan, sur les rives de la Zhetysu dans le sud-ouest de l'actuel Kazakhstan. Il a d'abord en été opposé aux Chaybanides puis s'est imposé face à ses nombreux voisins avec lesquels il a souvent été en guerre.
Durant le règne de Kasym Khan (1511–1523), le Khanat kazakh s'étend considérablement. En 1520, Kasym Khan institue le premier code de Loi Kazakh appelé "Qasym Khannyn Qasqa Zholy" (Route brillante de Kasym Khan). À son apogée le Khanat règne sur une grande partie de l'Asie centrale et contrôle la Coumanie. Parmi les éminents khans Kazakh citons Haknazar Khan, Esim Khan, Tauke Khan et Ablai Khan. C'est à la fin du XVIIe siècle qu’apparaît son plus redoutable rival, le Khanat dzoungar. Ce dernier finira par affaiblir considérablement l'État kazakh qui se scindera en 1718 en trois jüz (le Grand juz, le Moyen Juz et le Metit juz). Les Juz devaient choisir ensemble leur Khan commun. En 1731, en l'absence de leadership fort, les 3 Juz sont incorporés l'un après l'autre à l'Empire russe et le Khanat Kazakh cesse d'exister.
La conquête russe du Kazakhstan
L'occupation puis la colonisation du Kazakhstan par la Russie tsariste s'inscrit dans le cadre plus large de la conquête de l'Asie centrale (alors appelée Turkestan). Elle s'est effectuée très progressivement et ne s'est réellement achevée que par la création de la République socialiste soviétique kazakhe. Elle débute par l'installation, dès le début du XVIIIe siècle de forteresses russes sur le territoire kazakh (fondation de Semipalatinsk (aujourd’hui Semeï) en 1718 et d'Oust-Kamenogorsk (aujourd’hui Öskemen) en 1720) dans le but de sécuriser la frontière méridionale de l'empire russe.
En 1731, Aboul Khaïr Khan, khan de la Horde moyenne, demande la protection de la Russie contre la menace que constitue pour son peuple les guerriers venus de Djoungarie. Il se voit en échange contraint de faire allégeance à l'impératrice de Russie. Les forteresses et postes militaires se multiplient au nord et à l'est du Kazakhstan.
En 1756, un décret impérial interdit aux Kazakhs (que les Russes de cette époque nomment « Kirghizes ») de franchir le fleuve Oural. En 1764, c'est le nord de l'Irtych qui se voit interdit d'accès aux Kazakhs. L'occupation militaire russe des territoires kazakhs se double donc d'une interdiction pour les Kazakhs de pénétrer en Russie et en Sibérie. L'occupation russe se déroule cependant sans trop de heurts tant que le pouvoir impérial s'abstient de s'immiscer dans les affaires intérieures kazakhes. Mais vers la fin du XVIIIe siècle, l'administration tsariste s'emploie d'une part à tenter de briser l'organisation hiérarchique de la petite et de la moyenne Horde et d'autre part commence à annexer certains territoires. En 1791, le Khanat de Boukey est soustrait à la petite Horde et mis sous tutelle russe. En 1822, est créée la province de Sibérie occidentale à laquelle est rattachée le territoire de la moyenne Horde. Le pouvoir des khans est liquidé et fait place à l'administration russe. De 1837 à 1847, les Kazakhs se soulèvent en nombre derrière Kenesary Kasymov, chef de la Horde moyenne, contre les Russes. D'autres révoltes plus ou moins importantes se produisent tout au long du XIXe siècle et au-delà.
Peu à peu les territoires de la grande Horde passent eux aussi sous domination impériale et, en 1891, la totalité du Kazakhstan est intégrée à la Russie. La colonisation russe cause de profonds bouleversements dans la société kazakhe : l'arrivée massive de colons slaves à partir de 1889 entraîne une réduction des terres de pâturage disponibles pour les nomades ; la levée d'impôts par les autorités russes impose l'usage de l'argent dans une économie jusqu'ici fondée sur le troc ; le pouvoir des khans est réduit à néant.
Grâce à l'ouverture d'écoles russes destinées aux « indigènes », la fin du XIXe siècle voit apparaître une élite kazakhe russifiée et ayant parfois étudié en Russie. Le grand poète national Abaï, par exemple, est passé par le lycée russe de Semipalatinsk et encourage ses compatriotes à apprendre la langue russe dans laquelle il voit un précieux moyen d'accéder à la culture occidentale.
Le Kazakhstan durant la Révolution russe
La Révolution de février
La première révolution russe, dite « de février », débute le 25 février 1917 à Pétrograd (aujourd'hui Saint-Pétersbourg). Le tsar Nicolas II renonce au trône le 2 mars. Le lendemain un gouvernement provisoire est formé par Kerensky. Le 20 mars, l'égalité est proclamée entre tous les citoyens de Russie ce qui donne naissance à de grands espoirs au Kazakhstan et ailleurs. En juillet 1917, le Premier Congrès pan-kazakh a lieu à Orenbourg et revendique l'autonomie des régions kazakhs au sein d'une Russie démocratique.
La Révolution d'Octobre
Les Bolcheviks prennent le pouvoir à Pétrograd le 25 octobre 1917 (7 novembre, d'après notre calendrier). Les villes du Kazakhstan sont immédiatement touchées par l'insurrection. En mars 1918, le Kazakhstan vient de passer totalement sous contrôle bolchevik quand débute la guerre civile.
La République socialiste soviétique kazakhe
Le 5 décembre 1936, à l'occasion de l'adoption de la nouvelle constitution de l'URSS, la RSSA Kazakhe devient la République socialiste soviétique kazakhe ce qui signifie qu'elle n'est plus incluse dans la République socialiste fédérative soviétique de Russie et dispose donc, au sein de l'URSS, de son parlement et de son propre conseil des ministres.
La « grande guerre patriotique »
Le 22 juin 1941, l'Allemagne nazie pénètre sur le territoire de l'URSS qui entre ainsi dans la Seconde Guerre mondiale. Plus d'un million d'habitants du Kazakhstan (sur une population de 6 250 000 habitants, au début de la guerre) rejoindront l'Armée rouge au cours du conflit. En raison de la distance qui sépare la république du front allemand, celle-ci accueille de nombreuses entreprises évacuées des régions occidentales de l'Union soviétique. Les studios de cinéma moscovites Mosfilm sont également transférés à Alma-ata (aujourd'hui Almaty - Sergueï Eisenstein y tourne Ivan le Terrible). Ces déplacements s'accompagnent de l'arrivée de plus de 400 000 personnes, d'origine européenne pour la plupart. Cependant, les usines et les exploitations agricoles du Kazakhstan tournent à fond pour soutenir l'effort de guerre avec le concours indispensable des femmes, un grand nombre d'hommes ayant été envoyé au front.
Parallèlement, un grand nombre de populations soupçonnées ou accusées de sympathie pour l'envahisseur allemand sont déportées au Kazakhstan (et dans une moindre mesure en Ouzbékistan) afin d'être éloignées des lignes ennemies. En 1943, les Allemands de Russie, les Tchétchènes, les Ingouches, les Tatars de Crimée sont déportés en Asie centrale et au Kazakhstan. Les déportations de populations entières se poursuivront même après la guerre. Après la mort de Joseph Staline, certains peuples retourneront dans leur pays d'origine (la plupart des Tchétchènes, par exemple) mais beaucoup resteront au Kazakhstan. Ces déplacements massifs de populations expliquent en partie la grande variété ethnique du Kazakhstan.
Les grands projets menés au Kazakhstan soviétique
Au lendemain de la guerre, c'est la RSS Kazakhe qui est choisie par les autorités soviétiques comme lieu d'expérimentation nucléaire. Le polygone nucléaire de Semipalatinsk, vaste site consacré à la recherche et aux essais nucléaires est créé en 1948 dans l'est de la république. Plusieurs centaines d'essais nucléaires y auront lieu en plein atmosphère jusqu'en 1964, puis sous terre jusqu'en 1989. Le site de Semipalatinsk est à l'origine de la plus grande catastrophe sanitaire et écologique du pays. Les essais ont été d'autant plus néfastes pour la santé des populations voisines que celles-ci n'ont été nullement informées des risques qu'elles encouraient.
En 1954, Nikita Khrouchtchev, qui a succédé à Staline à la tête du PCUS, lance la campagne des terres vierges, un vaste programme visant à améliorer la production agricole soviétique par le défrichement et la mise en culture des terres non exploitées. La campagne est lancée en Sibérie, dans l'Altaï, dans l'Oural et dans le nord du Kazakhstan. Environ deux millions de volontaires, la plupart d'origine russe, viennent s'établir dans cette dernière région pour prendre part au défrichement. Au début des années 1960, suite aux différentes vagues d'immigration, les Kazakhs ne représentent même plus un tiers de la population du Kazakhstan. La campagne des terres vierges, si elle permet d'augmenter de façon non négligeable la production agricole, aura toutefois des conséquences néfastes sur les sols de la steppe kazakhe qui, trop fragiles, s'épuiseront et se dégraderont assez rapidement.
Enfin, c'est aussi au Kazakhstan qu'a été inauguré le 2 février 1955 le cosmodrome de Baïkonour. Conçu au départ comme une simple base de tests pour missiles balistiques, il deviendra ensuite mondialement connu comme la piste de lancement de la fusée Vostok dans laquelle Youri Gagarine accomplira le premier vol d'un homme dans l'espace (12 avril 1961). Le cosmodrome de Baïkonour, bien que situé au Kazakhstan, est depuis l'éclatement de l'URSS administré par la Russie.
La Perestroika au Kazakhstan
Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev devient secrétaire général du PCUS. Il s'attaque rapidement à la corruption et à l'immobilisme des dirigeants du Kazakhstan (et d'ailleurs). Un grand nombre de dignitaires de la RSS Kazakhe sont démis de leurs fonctions. Le 16 décembre 1986, Din-Muhammed Kunaev, le secrétaire général du parti communiste du Kazakhstan, en poste depuis vingt-deux ans, est remplacé par Guennadi Kolbin. Cette décision est perçue par de nombreux Kazakhs comme une ingérence du pouvoir central et comme un affront car Kunaev, d'origine kazakhe, était populaire dans la république. Son remplacement par Kolbin, un Russe n'ayant aucun lien avec le Kazakhstan, déclenche dès le lendemain des manifestations à Alma-Ata, puis dans d'autres villes, manifestations qui deviennent bientôt des émeutes et sont sévèrement réprimées. Après l'indépendance, on fera de ces événements, dits de Jeltoqsan (« décembre » en kazakh), le symbole de la renaissance nationale kazakhe.
La Kazakhstan indépendant
À la suite de l'entente des dirigeants des trois républiques slaves pour dissoudre l'Union soviétique, le Kazakhstan proclame son indépendance en décembre 1991. Les dures années suivantes voient une émigration importante, notamment de nombreux citoyens kazakhstanais qui, n'appartenant pas à l'ethnie kazakhe, se sentent écartés des situations à responsabilités ; mais progressivement la situation économique se stabilise ces dernières années, avec une croissance sensible, et un solde migratoire tendant à redevenir positif.1
Présidence de Noursoultan Nazarbaïev (1990-)
Le 24 avril 1990, Nazarbaïev devint premier Président du Kazakhstan par le Soviet suprême.
Premier mandat (1991-1999)
Il renomme l'ancien Comité de défense de l’État en ministère de la défense et nomme Sagadat Nurmagambetov à la fonction de ministre le 7 mai 1992. Le Conseil suprême, sous la présidence de son président Serikbolsyn Abdilin commençait à débattre sur un projet constitutionnel en juin 1992. La Constitution créait un fort pouvoir exécutif soumis à un contrôle limité.
Les partis politiques d'opposition Ezat, Zheltoqsan et le parti républicain manifestèrent à Almaty du 10 au 17 juin en appelant à la formation d'un gouvernement de coalition et à la démission du gouvernement du Premier ministre Sergey Tereshchenko et du Conseil suprême. Les forces de sécurité kazakhes mirent fin aux protestations le 18 juin 1992. Le Parlement du Kazakhstan, composé de députés communistes et qui n’avaient pas encore fait l'objet d'une élection législative après l’indépendance, adopta la Constitution le 28 janvier 1993.
Extension du mandat
En avril 1995, un référendum fut organisé pour étendre la durée de son mandat jusqu'au 1er décembre 2000. La proposition fut acceptée à 95,5 % des voix.
Le 10 décembre 1997, suite à une proposition faite par le président Nazarbaïev en 1994, la capitale fut déplacée d'Almaty à Astana.
Deuxième mandat (1999-2006)
En janvier 1999, il fut réélu à 81 % des suffrages. La même année, il fonde en 1999 le parti politique Nour-Otan qui contrôle intégralement la chambre basse du parlement (bien qu'il existe certains députés sans-parti, il n'y a aucune opposition).
Troisième mandat (2006-2011) et modification de la Constitution
Le 4 décembre 2005, de nouvelles élections présidentielles se sont tenues et le président Nazarbaïev fut réélu avec 91,15 % des voix (sur un total de 6 871 571 électeurs) selon la Commission électorale centrale du Kazakhstan. Cette estimation fut critiquée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et d'autres organisations de surveillance électorale car elle ne répondait pas aux standards internationaux des élections démocratiques. Nazarbaïev a prêté serment le 11 janvier 2006 pour un mandat de sept ans.
Le 18 mai 2007, le Parlement du Kazakhstan adopta un amendement constitutionnel qui autorise Nazarbaïev à se présenter autant de fois qu'il souhaite. Cet amendement s'applique spécifiquement et uniquement à Nazarbaïev. La disposition originale de la Constitution, qui disposait qu'un candidat ne peut se faire réélire que deux fois, reste applicable à tous les futurs présidents du Kazakhstan.
En 2010, le Kazakhstan prend la présidence de l'OSCE pour une année.
Nazarbaïev se fait accorder le titre de « chef de la nation » par la Chambre basse du Parlement le 12 mai 2010, un statut renforçant le culte de la personnalité, son immunité et ses prérogatives après plus de vingt ans à la tête de l'État kazakh. Une statue à son effigie est même inaugurée en plein centre d'Ankara en juin 2010 pour symboliser les liens entre la Turquie et le Kazakhstan. La constitution a également été réformée pour rappeler une « vérité », le président est l'auteur de l'hymme national. L'empreinte de sa main apparaît sur tous les billets de banque. Elle figure aussi dans un moule en or installé au sommet d'une tour de la capitale, Astana.2
Sarkozy au Kazakhstan : le petit VRP des trusts français
En octobre 2009, à l’issue d’une visite éclair au Kazakhstan, Sarkozy s’est vanté d’avoir décroché pour 4 milliards d’euros de contrats pour le compte de Total, GDF Suez, Vinci, Thalès, EADS et Alstom.
À cette occasion, Sarkozy a vanté les mérites du régime capable d’avoir « maintenu la paix dans son pays ». En effet, aux yeux de Sarkozy, le despote local, Noursoultan Nazarbaïev, devait être un exemple de stabilité : celui-ci dirigeait déjà le Kazakhstan à l’époque soviétique et se préparerait au moment de sa visite à se faire proclamer président à vie.3
Nouveau mandat présidentiel de Nazarbaïev
Le 3 avril 2011, le président fut réélu pour un quatrième mandat avec 95,55 % des suffrages.
La grève des pétroliers (2011)
Le Kazakhstan est une des économies les plus dynamiques de la Communauté des États indépendants (CEI). De même qu’en Russie, une grande partie de l’expansion économique est assurée par les profits de l’extraction des matières d'hydrocarbures. Les superprofits enrichissent les propriétaires des filiales de la compagnie nationale de gaz et pétrole KazMunaïGaz, mais comme l’a fait remarquer Aïnur Kurmanov, leader ouvrier et socialiste au Kazakhstan, « les masses populaires ne participent pas à la distribution des profits nationaux gagnés de la vente des matières brutes, c’est pourquoi l’augmentation actuelle des prix du pétrole n’a eu aucun effet sur le niveau de vie des Kazakhstanais ». Le régime autoritaire de Nazarbaïev réprime avec toujours plus d’atrocité les manifestations ouvrières et préserve les conditions nécessaires pour que les oligarques locaux et le capital étranger continuent de dévaster les ressources naturelles du pays. En dépit de cela, les protestations ouvrières deviennent plus massives et plus résolues d’année en année. Les réclamations économiques sont de plus en plus souvent complétées par la demande politique de la nationalisation des entreprises.
Une étape importante dans le développement du mouvement ouvrier au Kazakhstan a commencé en 2008 avec le conflit dans les entreprises pétrolières de la région de Mangistau à l’ouest du pays. Les pétroliers de la région travaillent dans des conditions dures et dangereuses, sont obligés de passer jusque six heures par jour dans les transports et ne gagnent qu’environ 700 dollars par mois. En mars 2010, une grève a été tenue à Ozenmunaïgaz sous les revendications de nationalisation et de contrôle ouvrier. En mai 2011, les ouvriers de Karajanbasmunaïgaz se sont mis en grève. Celle-ci s’est progressivement répandue dans les autres entreprises de la région. Chaque jour, au moins 15 000 salariés étaient en grève, et à certains moments ce chiffre montait jusqu’à 18 000.
Les grévistes demandaient l’augmentation des salaires, des forfaits de salaires pour les pétroliers et les fonctionnaires de la région (médecins, enseignants etc.), la nationalisation des entreprises et leur réunion dans une seule structure, l’arrêt des répressions contre les grévistes et le syndicat, la réintégration des licenciés, l’abandon des charges contre la juriste syndicale Natalia Sokolova et le militant du syndicat Ozenmunaïgaz Akjanat Aminov.
Le gouvernement a déployé des répressions féroces contre les grévistes. Les meetings ont été dispersés par la police et les troupes du ministère de l’Intérieur, les gens furent battus dans les rues. Les militants ouvriers étaient filés. Natalia Sokolova et Akjanat Aminov ont été derrière les barreaux : comme plusieurs autres militants, ils furent accusés d’« incitation à la haine sociale ». Aïnur Kurmanov et les autres leaders du Mouvement socialiste de Kazakhstan ont été aussi menacés de poursuite pénale.
Le 8 juillet, des forces considérables de police et d’intervention rapide ont essayé de liquider le camp des grévistes et des grévistes de la faim sur le territoire de l’entreprise Ozenmunaïgaz. Les grévistes et les licenciés qui protégeaient les jeûneurs ont été violemment battus par les policiers. Tôt le matin du 10 juillet, les détachements d’intervention rapide ont repris leur attaque du camp des jeûneurs, alors que plusieurs d’entre eux étaient endormis, et les ont de nouveau battus.
Malgré la férocité abominable du gouvernement, les ouvriers kazakhstanais ne se laissèrent pas abattre. Chaque jour, de nouveaux participants rejoignaient le mouvement. 5 000 à 6 000 pétroliers en grève et leurs familles ont tenu un meeting permanent sur la place de l’Indépendance près de l’akimat (organe régional de pouvoir exécutif) de la ville de Janaozen.
Selon les grévistes, des forces considérables du ministère de l’Intérieur étaient rassemblées contre les manifestants sur la place de l’Indépendance, y compris des commandos et du matériel lourd.4
En décembre 2011, les émeutes de Mangystau 2011 furent décrites par la BBC comme le plus important mouvement d'opposition au pouvoir. Le 16 décembre 2011, les manifestations dans la ville pétrolière de Zhanaozen dégénérèrent le jour de la fête de l'indépendance du pays. Quinze personnes furent tuées par les forces de sécurité et une centaine fut blessée. Les protestations se sont rapidement propagées aux autres villes puis se sont évanouies. Les procès qui ont suivit mirent au jour des abus et la torture pratiquée sur les détenus.
Malgré tout, le président Noursoultan Nazarbaïev reçu le titre national d'homme de l'année en 2012. En matière de politique d’État, le titre fut aussi accordée au président russe Vladimir Poutine et au président biélorusse Alexandre Loukachenko. Ils ont été récompensé pour la création de la Communauté économique eurasiatique et l'union douanière.5
Hollande au Kazakhstan : trois ans après le massacre des ouvriers du pétrole
« Le Kazakhstan regorge de pétrole, de manganèse, de fer, de chrome ou de charbon », écrivait Le Monde, à l'occasion de la visite officielle de François Hollande dans ce vaste pays d'Asie centrale ex-soviétique, les 4 et 5 décembre 2014. On se doutait bien qu'il n'y est pas allé seulement pour se faire photographier avec une chapka sur la tête, mais pour y faciliter les affaires de grands groupes français.
La retenue des médias et des diplomates leur interdisant de signaler si la toque en fourrure offerte au président français sentait le mouton, ils allaient encore moins rappeler que les contrats qu'il a signés sentaient le sang, celui des ouvriers du pétrole sur lesquels les autorités avaient fait tirer à Janaozen, les 16 et 17 décembre 2011. Ils manifestaient alors durant une grève qui réunissait des dizaines de milliers d'entre eux contre les compagnies pétrolières nationales et étrangères, pour obtenir des augmentations de salaire, l'amélioration de leurs conditions de travail et une convention collective.
Ces deux jours de décembre 2011, il y eut officiellement 15 morts. En fait, la police tua plus de 60 travailleurs et en blessa 400 autres. Elle arrêta 13 militants syndicalistes et ouvriers, que le régime fit condamner à des peines de trois à sept ans de prison.
Ces ouvriers qui défendent leurs droits, leurs revendications, dans les conditions dictatoriales de ce régime, sont les frères de classe des travailleurs d'ici. Contre eux, il y a les forces de répression du clan au pouvoir, celui du président kazakh Nazarbaïev, qui défend férocement ses propres intérêts et ceux de grands groupes internationaux, comme ceux que représentait Hollande.6
Leur ami le dictateur « réélu »
Noursoultan Nazarbaïev, inamovible dirigeant du pays, a provoqué une élection présidentielle anticipée, le 26 avril 2015, dans un contexte où la seconde plus vaste république de l’ex- Union soviétique subissait les contrecoups de la crise qui secouait la Russie. Il a été réélu avec 97,7 % des voix.
Ce score rappelle l’ère Brejnev, dans l’URSS des années 1970-1980, quand Nazarbaïev grimpait les échelons de la bureaucratie soviétique avant d’intégrer ses sommets. Premier ministre du Kazakhstan, puis chef du Parti communiste local, enfin président de sa république en 1990 : depuis, il n’a cessé d’être reconduit à ce poste. Certes, il a dû amender la Constitution qui n’autorise que deux mandats consécutifs, sauf pour celui qui s’est proclamé « chef de la nation ». Quant à ses scores mirobolants, ils montrent, à l’en croire, que « le peuple est uni » pour « soutenir son programme ».
Ce dernier prévoit, au chapitre Renforcement de la souveraineté étatique et développement de la démocratie, « d’introduire le principe de la tolérance zéro en matière de désordres ». Fin 2011, des dizaines de milliers de travailleurs du pétrole, principale richesse du pays, en ont fait l’expérience. Pour briser leur grève, les forces de répression du régime ont tué des dizaines de manifestants, blessé de nombreux autres et arrêté ceux qui les aidaient. Car ce mouvement menaçait les intérêts des firmes pétrolières étrangères et, surtout, de la clique dirigeante qui a transformé ce pays, où abondent pétrole, gaz, uranium, etc., en son fief personnel.
Le dictateur n’en fait même pas mystère : l’empreinte de sa main figure sur tous les billets de la monnaie nationale ! Et il aurait tort de se gêner, quand les représentants des États dits démocratiques ne lui en font pas grief. Ainsi Hollande, qu’il a reçu encore en décembre 2014 : accompagné d’industriels, il était venu parler affaires. Une autre figure de la social-démocratie européenne, l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, sert de conseiller-image à Nazarbaïev. Pour plus de dix millions d’euros, il lui enseigne les bonnes manières démocratiques, tandis que sa femme, Cherie Blair, lui dispense les conseils de son cabinet d’avocats pour 1 200 euros de l’heure.
On voit le résultat : Nazarbaïev, qui avait choisi deux « adversaires » pour cette élection, leur a laissé moins de 3 % des suffrages. Hollande et Blair lui ont-ils adressé leurs félicitations ? En tout cas Total, Bouygues, Areva et quelques autres le pourraient.7
Allégations de corruption
En 2004, Transparency International classa le Kazakhstan à la 122e place (avec d'autres nations) dans son classement des 146 pays par niveau de corruption. La note du Kazakhstan, sur 10, 10 étant la meilleur note, fut de 2,2 (tous les scores au dessous de trois indiquent une corruption généralisée). Le président déclara la guerre à la corruption et ordonna l'adoption de « 10 étapes contre la corruption » pour combattre la corruption à tous les niveaux de la société et de l’État. Certaines ONG ont accusé le gouvernement de Nazarbaïev de ne pas participer aux efforts anti-corruption. La famille Nazarbaïev elle-même fut impliquées dans une série d'enquête des gouvernements occidentaux en matière de blanchiment d'argent, corruption, et assassinats. Parmi celle-ci se trouve le Kazakhgate au terme de laquelle aucun membre de la famille Nazarbaïev ne fut reconnu coupable.
Un ancien ministre du gouvernement Nazarbaïev, Zamanbek K. Nurkadilov, a déclaré que Nazarbaïev devait répondre aux allégations selon lesquelles des fonctionnaires kazakhe avait perçu des millions de dollar de pots-de-vins de la part des sociétés pétrolières américaines dans les années 1990.
Nazarbaïev est considéré comme un des derniers oligarques des États d'Asie centrale post-Union soviétique.8
Le tyran passe la main, son clan la garde
Durant plus de trois décennies, Noursoultan Nazarbaïev a dirigé d'une poigne de fer le Kazakhstan, vaste comme cinq fois la France mais peuplée de seulement 19 millions d'habitants, dont il a annoncé subitement quitter la présidence le 19 mars 2019.
Pseudo-changement et continuité dans la dictature
Qu’il abandonne son fauteuil présidentiel semble avoir pris de court beaucoup de monde. Mais la façon dont cela a été organisé – un passage de relais aux membres de son clan politico-familial – devait rassurer la fameuse « communauté internationale ». Car le maintien de ce clan au pouvoir, et de la dictature qu’il exerce sur ce pays riche en ressources minérales et jouissant d’une position stratégique en Asie centrale, ne peut qu’être interprété comme un gage de stabilité par ceux qui dictent l’ordre mondial : les puissances impérialistes occidentales ainsi que leurs multinationales, et la Russie et la Chine.
Pour occuper le poste de président, par intérim car on n’est jamais trop prudent, le « père de la nation », a choisi un de ses affidés : le chef du Sénat, Kassym-Jomart Tokaïev. Et pour lui succéder à la tête du Sénat, et en faire le second personnage de l’État, Nazarbaïev a choisi sa propre fille, Dariga. Le népotisme, vieille habitude de la bureaucratie soviétique, surtout en Asie et dans le Caucase, a pris une ampleur inouïe depuis la fin de l’URSS. Cas les plus connus de contrôle familial et de transmission héréditaire du pouvoir : ceux du père, puis du fils Aliev à la tête de l’Azerbaïdjan, et des Kadyrov père et fils en Tchétchénie. Mais le Kazakhstan ne dépare pas le tableau : avant de promouvoir son aînée numéro deux du régime, Nazarbaïev l’avait déjà propulsée à la vice-présidence du gouvernement, puis de l’Assemblée nationale.
Quant à lui, il garde la présidence du Conseil de sécurité et celle du parti au pouvoir. Et afin que nul ne se méprenne sur le sens à donner à sa démission en trompe-l’œil, le lendemain même, il a fait rebaptiser de son prénom Noursoultan, « La lumière du sultan », la capitale Astana, suivant là une tradition que le stalinisme avait reprise du tsar Pierre-le-Grand et de certains satrapes asiatiques.
Le « parrain », sa dictature et les multinationales
Dans le discours annonçant sa décision, lui qui a un jour décrit son régime comme une « dictature éclairée » dont il reste le chef de fait, s’est vanté d’avoir mené à bien une triple tâche à la tête du pays : « Construire une économie de marché, mettre à bas un système à l’idéologie totalitaire et moderniser tous les rouages de la société. »
Cela, c’est pour la galerie diplomatique. En fait, chacune de ces assertions relève de l’exagération, sinon du mensonge pur et simple, de la part de celui qui, promu Premier ministre du Kazakhstan soviétique en 1984, puis chef du parti de cette république en 1989, a régné pendant plus de trente ans en tant que chef de clan de la bureaucratie kazakhe.
Ceux qui auraient pu lui faire de l’ombre du temps de l’URSS, Nazarbaïev les a écartés, tel en 1985 son patron, Kounaïev. Il avait été alors un des premiers dirigeants de la bureaucratie soviétique à miser ouvertement sur les rivalités nationales au sein d’une république multi-ethnique afin d’asseoir le pouvoir de sa clique. Un registre dont il allait jouer largement après l’éclatement de l’Union soviétique, afin de donner une assise nationale à sa dictature. Au tournant des années 1980-1990, il profita de l’existence d’une forte minorité russophone, décrite comme privilégiée, sinon menaçante pour la composante kazakhe de la population, pour se présenter en champion de celle-ci. Sa volonté affichée de « rekazakhiser » le pays se manifesta entre autres dans l’abandon fin 1997 de l’ancienne capitale, Almaty (l’ex-Alma-Ata très russifiée, aux confins de la Chine) au profit d’Akmola (l’ex-Akmolinsk et plus anciennement encore Tselinograd). Cette ville moyenne située en pleine steppe, loin des centres industriels, devait, sous le nom d’Astana – « la capitale » en kazakh –, incarner l’esprit de ce peuple et devenir une « Singapour des steppes » célébrant la gloire du régime et de son chef du haut de ses gratte-ciels.
Cependant, le prétendu « dictateur éclairé » ne tarda pas à mettre une sourdine à sa politique de discrimination ethnique, certes feutrée mais systématique, car elle avait provoqué la fuite de millions de Russes, Ukrainiens, etc. Cela d’autant plus rapidement qu’elle coïncidait avec l’effondrement du pouvoir d’achat d’une immense majorité de la population, comme partout du fait de la disparition de l’URSS, mais de façon plus terrible encore qu’en Russie. Ceux qui quittaient le Kazakhstan pour la Russie, ou risquaient de le faire, se confondaient plus ou moins avec le noyau le plus éduqué, le plus qualifié de la population. Or après 1991 et la dissolution de l’Union soviétique, pour faire face au désastre qu’était la rupture de la trame et des liens économiques établis à l’échelle, non pas du seul Kazakhstan mais de toute l’URSS, Nazarbaïev et sa clique avaient besoin d’une main-d’œuvre qualifiée et nombreuse. Pour conforter leur emprise et pour s’enrichir, ils misaient sur l’essor des industries extractives, que rendait possible l’abondance de pétrole, de gaz et de minerais divers. Mais ces industries ne pouvaient attirer les capitaux étrangers que s’il y avait une classe ouvrière capable de les faire fonctionner.
Pour garantir cette rente, et éviter la moindre contestation, au sommet comme dans la population, qui aurait menacé cette poule aux œufs d’or, le régime musela toute forme d’opposition. Certes, à côté du parti du pouvoir, il en existe officiellement deux autres, qui n’ont aucune indépendance, ni d’existence autre que nominale. Mais ce simulacre de pluralisme ainsi que la tenue périodique d’élections permettent au régime et à ses partenaires occidentaux de faire comme si les dirigeants kazakhs, avec lesquels ils sont en affaires, avaient une forme d’aval populaire. Et si c’est avec des scores bien trop élevés pour être sincères, car dépassant 80 %, que Nazarbaïev s’est fait élire et réélire à la tête du pays, ne l’a-t-il pas été cinq fois depuis 1991 ? Pendant ce temps, le régime étranglait toute expression d’un point de vue autre que le sien. Les opposants les plus chanceux ont pu s’exiler, souvent dans la Russie de Poutine qui, comparée au Kazakhstan de Nazarbaïev, semblait leur offrir un havre relativement sûr ! Mais combien d’autres ont été torturés en prison, voire liquidés physiquement sans procès ?
Le « système à l’idéologie totalitaire » que Nazarbaïev aurait détruit, s’il ne l’a pas reconduit tel quel après en avoir été un pur produit et un hiérarque, peu s’en faut. Bien sûr, il a procédé à des changements visibles d’étiquettes : dans les incantations de la propagande, la « nation » a remplacé le « socialisme » ou la « classe ouvrière », et le parti dirigeant n’est plus dit « communiste », mais Nour Otan, « Lumière de la patrie ». Mais les mêmes hommes se sont maintenus au pouvoir, pour autant que la biologie le leur permettait. Et le régime affiche les mêmes tares typiques de la bureaucratie du temps de Brejnev : il continue à vivre de trafics mafieux, mais à bien plus vaste échelle qu’auparavant, à user de méthodes policières et à s’appuyer sur la domination d’un parti unique.
Mais avec la notable différence que les géants industriels de l’ère soviétique ont perdu leur statut étatique, pour être privatisés. Nazarbaïev et son clan ont fait main basse sur eux ou récupèrent de façons diverses – sous forme de pots-de-vin ou par le biais de sociétés mixtes enregistrées dans des paradis fiscaux – une partie des profits que des capitalistes étrangers en tirent depuis que ces entreprises ont changé de statut juridique. Il a récemment été démontré que Nazarbaïev et sa famille avaient ainsi détourné sur des comptes privés un milliard de dollars provenant de l’exploitation pétrolière. Et s’il a, lui, reçu en 2014 le prix Dictat-or, décerné par deux ONG au dictateur le plus riche de la planète, c’est qu’il aurait à cette date amassé près de 5 milliards de dollars comme pillard en chef des richesses du pays. Ce qu’il revendique à sa façon d’autocrate mégalomane dont les statues se dressent partout.
Quant à avoir modernisé la société, ce dont il se targue, c’est une mauvaise plaisanterie : le pouvoir actuel l’a rejetée loin en arrière. Il a laissé à l’abandon les structures de soins et d’éducation héritées de l’ère soviétique, mais il a su trouver des fonds pour édifier et rénover de nombreuses mosquées. En matière de culte, il est vrai que Nazarbaïev a surtout favorisé celui de sa propre personne, la population étant tenue de communier dans la vénération du régime et de son chef. Dans le même temps, il s’est découvert à 50 ans révolus pieux musulman, lui qui du temps de l’URSS affichait son absence de religion – carrière oblige. Il a donc fait son pèlerinage à La Mecque pour faciliter sa quête de soutiens et de dollars du côté des pétromonarchies du Golfe. Le régime ayant besoin d’appuis idéologiques dans toute la population, y compris russophone, il a aussi ouvert sa bourse aux églises orthodoxes. Après avoir pris quelque distance avec le Kremlin – en nouant des partenariats avec la Chine, en adhérant à la ligue des pays islamiques, en signant des accords de coopération avec les États-Unis, mais tout en restant membre de la Communauté des États indépendants (CEI), qui regroupe tant bien que mal une moitié des ex-républiques soviétiques autour de la Russie – cela permettait au dictateur kazakh de ménager ses relations avec Moscou. Son régime en avait plus que besoin, d’un point de vue aussi bien économique que militaro-diplomatique, pour faire contrepoids à la Chine et aux États-Unis dont les entreprises sont partout présentes dans le pays.
Car, comme partout en ex-URSS, la production locale a chuté au rang d’annexe de l’économie mondiale, qu’elle approvisionne désormais en matières premières agricoles et surtout en gaz et pétrole, ainsi qu’en charbon, chrome, minerai de fer, uranium…
Regorgeant de telles richesses, le Kazakhstan a attiré les ExxonMobil (États-Unis), Shell (Royaume-Uni/Pays-Bas, Total (France), ENI (Italie) et de grandes compagnies britanniques et chinoises. Concurrentes ou associées, mais toujours en cheville avec des trusts tenus par le clan Nazarbaïev, elles tirent d’énormes profits de ce pays. D’où l’empressement, en leur temps, des présidents George W. Bush et Sarkozy à recevoir un dictateur avec lequel traitaient leurs capitalistes, ou, plus récemment, l’attitude plus que complaisante des Hollande et Macron quant à ce régime.
Il ne faut donc pas s’étonner que les médias des États dits démocratiques couvrent de leur silence les turpitudes de ce régime, sa négation des droits démocratiques les plus élémentaires, sa corruption, ses assassinats, sa pratique systématique de la torture. En protégeant les intérêts des mafieux au pouvoir, la dictature protège aussi ceux du grand capital étranger.
Une classe ouvrière multiethnique, nombreuse et active
La crise mondiale, avec ses répercussions en Russie et au Kazakhstan, y a fait à nouveau reculer la production et le niveau de vie des classes laborieuses. Avec la privatisation des aéroports, des terres agricoles, des hôpitaux, des transports en commun – le pouvoir ayant eu recours à ces expédients pour se maintenir à flot – cela a suscité des mouvements de protestation dans les villes en 2016. Malgré la répression, des grèves victorieuses ont eu lieu fin 2017 dans les mines de la région de Karaganda. Et récemment, l’assassinat d’un champion olympique a servi de détonateur à des manifestations exigeant la démission du ministre de l’Intérieur.
Nazarbaïev le limogea mi-février 2019. Puis, il congédia tous ses ministres, pour ne reprendre que les moins haïs. En même temps, il promit d’augmenter les salariés du secteur public. Alors, sur fond de tensions sociales persistantes, sa fausse sortie du 19 mars 2019 apparaît comme visant à donner le change. Mais ni le régime ni ses forces de répression n’ont en rien changé : quelques jours plus tard, la police arrêtait des dizaines d’opposants qui manifestaient contre le pouvoir à Astana et Almaty, les deux principales villes du pays.
Les travailleurs du Kazakhstan ont payé très cher pour savoir que la dictature n’a pas pour habitude de lâcher du lest, et encore moins de céder sans combattre. Entre leurs intérêts et ceux du clan au pouvoir ainsi que ceux des multinationales qu’il protège, c’est d’une lutte à mort qu’il s’agit.9
La révolte de 2022
Contexte
Noursoultan Nazarbaïev a démissionné de la présidence de la république en 2019, mais il dispose depuis du titre de chef de la nation qui lui confère de larges pouvoirs.
La première mesure du nouveau président Kassym-Jomart Tokaïev est de proposer de renommer la capitale Astana en Noursoultan, d'après le prénom du président Nazarbaïev. Il convoque une élection présidentielle anticipée pour le . Il remporte l'élection présidentielle avec 70,8 % des voix. Ce chiffre de 70 % est toutefois largement plus faible que les résultats de son prédécesseur Nazarbaïev qui a toujours obtenu plus de 80 %. L'élection et la campagne électorale sont critiquées par les observateurs de l'OSCE pour la détention de nombreux manifestants, des irrégularités lors du vote, la limitation du droit à l'information et à la liberté d'expression, la couverture biaisée de la campagne par les médias ainsi que le manque de pluralisme dans les candidatures.
Noursoultan Nazarbaïev conserve en réalité les principaux leviers du pouvoir kazakh. Le 2 mai 2020, Dariga Nazarbaïeva, la fille de Noursoultan, est remplacée de son poste de présidente du Sénat par Mäulen Äşimbaev, ancien directeur de la campagne présidentielle de Tokaïev puis de l'administration présidentielle.
Depuis 2019, le gouvernement du président Kassym-Jomart Tokaïev met en place une série de lois visant à accentuer la libéralisation de l'économie, notamment en laissant le marché décider des prix du carburant, jusqu'alors subventionnés. Les augmentations de prix qui ont suivi ont déclenché début janvier les premières manifestations. Toutefois, si le prix des carburants est l’élément déclencheur de la protestation, les causes sont plus diverses : « ce mouvement est profond. Il vient de grèves qui ont éclaté un peu partout, comme à Tengizchevroil, Karaganda, Satpayev, de la part de salariés, mineurs, routiers excédés par les maigres salaires, la hausse des prix et les mauvaises conditions de travail. Malgré les promesses sur le gel du prix du gaz ou une augmentation des salaires, les gens ne font plus confiance à l’exécutif, d’où une colère qui perdure ».10
Poutine au secours d’un pouvoir mafieux et des trusts du pétrole
Les dirigeants du Kazakhstan se sont retrouvés face à un soulèvement à l'échelle du pays.
La propagande du président kazakh Kasym-Jomart Tokaev a inventé la fable d’une attaque menée par des « milliers de terroristes et de bandits » qu’orchestrait un « centre depuis l’étranger ». Ce que lui-même a contredit à sa façon quand, au troisième jour d’une contestation qui s’étendait, il a dû reconnaître son caractère populaire et ouvrier. Décrétant l’état d’exception, Tokaev a en effet interdit les grèves, qui se multipliaient, et annulé pour six mois d’énormes hausses de prix, dont celles des carburants survenue le 1er janvier.
Tokaev en a rejeté la responsabilité sur le gouvernement, qu’il a renvoyé. Et il a saisi l’occasion de se débarrasser de son mentor, Noursoultan Nazarbaïev qui, après avoir dirigé le pays depuis l’époque de l’URSS, l’avait nommé président en 2019, tout en gardant la haute main sur le pouvoir en tant que président à vie du Conseil de sécurité.
La population, elle, vomissait Nazarbaïev en qui elle voyait le parrain du régime, au sens mafieux du terme, et l’incarnation d’une bureaucratie enrichie à milliards dans la corruption. Promu fusible, il a donc sauté, et certains de ses proches ont perdu des postes clés au sommet du pouvoir au profit du clan de Tokaev. Mais rien de fondamental n’a changé pour la population.
Partie de l’ouest, la colère a continué à s’étendre à d’autres régions. Des rives de la mer Caspienne, où les sites d’exploitation des hydrocarbures concentrent des dizaines de milliers d’ouvriers, elle a gagné le nord et surtout le sud, où se trouve Almaty, ancienne Alma-Ata, la capitale économique. Là, des affrontements ont opposé l’armée et la police d’une part, des manifestants de l’autre, dont certains ont pillé des armureries et ont réussi à incendier l’ex-résidence présidentielle.
Dans plusieurs villes, des manifestants ont parfois obtenu la neutralité bienveillante de policiers et de soldats, qui les ont laissés s’emparer de bâtiments officiels. La situation lui échappant de plus en plus, Tokaev a alors ordonné de tirer pour tuer et appelé à la rescousse son voisin du nord, le président russe.
La veille de l’envoi de parachutistes russes au Kazakhstan, le gouvernement russe affirmait que personne ne devait s’immiscer dans une affaire intérieure à ce pays. Mais en même temps, pour préparer l’opinion russe à une intervention militaire, le Kremlin inondait les médias de fausses informations censées prouver l’implication de terroristes islamistes, de pillards, de bandits venus d’autres pays, de violeurs et de nationalistes antirusses dans un Kazakhstan dont un cinquième de la population est russe. Quand Tokaev a dénoncé une « opération de déstabilisation menée de l’étranger par un centre organisé », Poutine avait enfin son prétexte pour envoyer troupes et tanks au Kazakhstan.
Le président russe avait les mains d’autant plus libres que les États occidentaux n’ont même pas fait semblant de soutenir ce peuple dressé contre un régime tyrannique. Alors même que le pouvoir kazakh annonçait 160 morts et 6 000 arrestations, et il ne s’agit que de chiffres officiels et provisoires, l’Union européenne a osé en appeler à « la reprise du dialogue » ! Quant aux États-Unis, si prompts à dénoncer depuis des mois les visées guerrières réelles ou supposées du Kremlin en Ukraine, là, ils prônaient « la retenue dans la restauration de l’ordre ».
Les puissances impérialistes ont préféré que la soldatesque de Poutine se charge de mettre au pas une population dont l’irruption sur la scène politique gênait les affaires des géants américains, britanniques et français du gaz, du pétrole, de la métallurgie, de l’atome. British Gaz, Chevron, Exxon Mobil, TotalEnergies, Arcelor, Oreno (ex-Areva) et des sociétés chinoises de premier plan considèrent le Kazakhstan comme un Eldorado. Ils attendaient du pouvoir local ou russe qu’il fasse tout pour que cela continue. Et la perspective que le pétrole, le gaz ou l’uranium du Kazakhstan se teinte du sang de manifestants ouvriers n’avait rien pour les gêner, tant que continuait à couler le flot de leurs profits.
Depuis trente ans que l’URSS a disparu, les clans dirigeants de la bureaucratie kazakh ont entrepris de monnayer les ressources minérales du pays en les livrant aux appétits des grands groupes mondiaux. Ils défendent cette rente parasitaire et les intérêts des géants du capitalisme avec, au besoin, l’aide intéressée du maître du Kremlin. Poutine, qui y trouve matière à affirmer son pays en tant que puissance internationale, renoue là avec le rôle de la Grande Russie que sa propagande ne cesse d’encenser. C’est aussi celle de Staline qui, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, préserva l’ordre mondial en Europe centrale et orientale en y écrasant toute possibilité de révolution ouvrière. Cette politique fut plus encore celle des tsars et de leurs cosaques qui, tout au long du 19e siècle, servirent de gendarmes contre les peuples d’Europe.11
Morts à la mine et profits
Le 28 octobre 2023, un coup de grisou a dévasté la mine Kostenko, à Karaganda, capitale des houillères du Kazakhstan. Sur 252 mineurs se trouvant dans ses galeries, plus de 60 ne sont pas remontés.
Ce bilan surpasse celui de la précédente plus terrible catastrophe, qui avait fait 41 morts en 2006, au puits Lénine. Les données officielles concernant les quinze dernières années, qui n’enregistrent que les décès de cinq mineurs ou plus, en totalisaient déjà 120. C’est autant de mineurs sacrifiés sur l’autel des profits du grand capital occidental, qui possède ces mines. Dans ce cas, le géant britannique ArcelorMittal détient, outre Kostenko, sept autres mines de charbon, une unité d’enrichissement de minerai, diverses structures industrielles, plus le parc de trams de Temirtau, où se trouve son siège.
Deux mois et demi auparavant, cinq travailleurs avaient trouvé la mort à Kazakhskaïa, une autre mine d’AMT (ArcelorMittalTemirtau). À la suite de quoi, AMT n’avait en rien renforcé une sécurité de toute façon quasi inexistante. Quant aux autorités, elles n’avaient même pas fait semblant de l’y contraindre, comme des parents de victimes l'ont clamé à la face du président kazakh, Tokaev, arrivé sur place.
Celui-ci avait voulu se faire filmer en train de dire aux proches des mineurs : « Nous apporterons notre aide à vos familles, aucune ne sera laissée dans le besoin, je vous l’affirme. Nous changerons la direction de l’entreprise. » Pas de chance pour lui, l’émotion n’arrivant pas à empêcher la colère, une femme en pleurs le coupa d’un : « Personne ne se préoccupe de la sécurité sous terre ». Une autre : « Après la catastrophe de Kazakhskaïa, on n’a rien changé », « Chaque jour, ils voient la mort en face ». Accusant Arcelor, une autre raconta : « Même quand il y avait des explosions au fond, AMT s’en fichait, il les forçait à descendre et à travailler. Et ils descendaient vers la mort. » Mais AMT n’était pas seul visé : « Les bureaucrates n’ont qu’à moins voler, alors tout se passera normalement. » Une voix dans la salle se permit même de menacer directement : « Le boomerang, ça existe. Ne l’oubliez pas ! »
Ces femmes, mères et sœurs de mineurs n’ont, elles, visiblement pas oublié à qui elles avaient à faire : Tokaev, le chef d’un régime policier de bureaucrates pillards et assassins d’ouvriers. En janvier 2022, confronté à la grève des ouvriers du pétrole et du gaz qui avait gagné de larges pans de la population, il n’avait pas pu briser ce soulèvement populaire sans faire appel aux paras et aux tanks de Poutine. Une intervention militaire russe qui avait fait pousser un ouf de soulagement à tous les ArcellorMittal, Total, Exxon et autres grands trusts qui tirent d’énormes profits de la sueur et du sang des travailleurs du Kazakhstan
Dans la foulée de l’intervention militaire russe, le parrain de Tokaev, le bureaucrate mafieux en chef Nazarbaïev, avait été débarqué, pour donner l’impression d’un changement. La tête avait changé, pas le régime, ni ceux dont il protège les intérêts : les ArcellorMittal. Total, Exxon et tant d’autres.12
Droits de l'homme
Selon Amnesty International, les brutalités policières seraient monnaie courante au Kazakhstan. La torture serait généralisée au sein du système judiciaire, et ce dans la plus grande impunité.
Reporters sans frontières considère la liberté de la presse dans une « situation difficile » au Kazakhstan. Fin 2012, les principaux médias d'oppositions sont interdits de publication par un tribunal. En 2012, RSF considère Nazarbaïev comme un « prédateur » de la liberté de la presse.
Économie
L'économie du Kazakhstan repose essentiellement sur les exportations de pétrole, qui représentent 56 % de la valeur des exportations et 55 % du budget de l'État. Selon certaines estimations, le pays a des ressources pétrolières équivalentes à celles de l'Irak mais présentes dans des nappes plus profondes, dans et autour de la mer Caspienne, ce qui explique le début relativement récent de son exploitation. Selon l’Agence Américaine de l’Energie (EIA), le Kazakhstan a produit environ 1,54 million de barils de pétrole en 2009. Le pays détient 75 % des réserves de pétrole de la mer Caspienne (soit 3 % des réserves mondiales) et espère entrer d'ici à 2020 dans le club des cinq premiers pays exportateurs (il est en 2011, le seizième).
Le Kazakhstan est devenu la première république ex-soviétique à rembourser toute sa dette au Fonds monétaire international (FMI), en 2000, sept ans avant l'échéance.
Le gisement pétrolier du Tengiz, entre les villes d'Atyraou et Aktaou, est exploité par le consortium TCO regroupant Chevron, Exxon, KazMunayGas. Un pipeline part directement du Tengiz pour la Mer Noire.
Le projet d'exploitation du gisement du Kachagan, le plus grand champ pétrolier découvert au monde depuis 30 ans, avec des réserves estimées à plus de 20 milliards de barils, est situé dans la mer Caspienne, au large de la ville d'Atyraou. C'est actuellement le plus grand projet industriel au monde avec un budget de 150 milliards de dollars. Il est mené par le consortium North Caspian Operating Company B.V. dont les participants sont l'ENI, Shell, Exxon, Total, Conoco Philips, Inpex et KazMunayGas et produira plus de 1,5 million de barils par jour. Plusieurs pipelines ou gazoducs au départ du Kazakhstan relient la Russie, la Chine et l'Europe.13
Les risques d'accidents et de pollution sont très élevés. Selon les premiers rapports d'ONG ayant interrogé les populations locales, des mortalités importantes d'animaux et des maladies dans la population auraient déjà accompagné les premiers chantiers de la compagnie italienne Ente nazionale idrocarburi (ENI), qui selon les ONG viole à la fois la constitution kazakh et la Convention d’Aarhus en refusant de produire les informations d'intérêt environnemental qu'elle détient. Les ONG ont alerté dès 2007 sur le risque élevé de pollutions marines ou terrestres par le pétrole, mais aussi par l'acide sulfurique et des retombées de type pluies acides. Le contexte géopolitique et de risque sismique est également préoccupant. De plus les 20 milliards de dollars que Total aurait annoncé envisager de dépenser sur ce projet ne pourront pas être consacrés à des énergies propres, douces et renouvelables estiment l'ONG les Amis de la terre.
Ceci a valu en 2009 au groupe Total (associé au projet) de recevoir le prix Pinocchio 2009 attribué par l'ONG Les amis de la Terre (dans la catégorie « Environnement » avec 29 % des votes dans cette catégorie). Les ONG environnementales craignent que ce type de projet n'aggrave la situation en matière de risque de pollution, n'augmente encore la contribution d'énergies fossiles et « archaïques » aux dérèglements climatiques, tout en exacerbant les déséquilibres géopolitiques.14
Par ailleurs, le Kazakhstan est un eldorado minier ferreux avec 16,6 milliards de tonnes soit 8 % des réserves mondiales, dont 2/3 sont considérés comme facile d'accès. Il se place au second rang mondial des réserves en manganèse (600 millions de tonnes), et au huitième rang des réserves de fer avec 12,5 milliards de tonnes. Il regroupe par ailleurs 1/3 des gisements de chrome du monde et est neuvième producteur mondial de charbon. Ces ressources métallurgiques constituent 35 % du total des exportations, 16 % du PIB et 19 % des emplois industriels en 2008.
Le Kazakhstan est devenu le premier producteur d'uranium avec 33 % (soit 17 803 tonnes en 2010) de la production mondiale. Il dispose de réserves importantes d'uranium (17 % de la réserve mondiale) et selon l'OCDE, l'intensification de la production de ce pays a permis une augmentation de plus de 25 % de la production mondiale de 2008 à 2010.
Le Kazakhstan est également un des plus gros exportateurs mondiaux de potassium.
D’autres exportations majeures du Kazakhstan incluent le blé, les textiles et le bétail.15
Sources