La Norvège

 

 

L'âge de fer

L'âge du fer s'étend de -400 environ à 800 après Jésus-Christ, avec le développement de forges à haute température pour le fer. Cet âge se divise en quatre phases, d'après l'influence artistique et technique dominante. À la fin de l'âge du bronze, le climat se refroidit, conduisant à une raréfaction de l'agriculture et de l'élevage, surtout au Nord. Toutefois, la côte norvégienne est moins durement touchée, les apports de la pêche ne diminuant pas. La première phase, dite « celtique », dure jusqu'au début de l'ère commune. Elle est marquée par la présence des Celtes en Europe centrale, ce qui désorganise les routes commerciales et interrompt presque la route de l'ambre. La double pression du refroidissement et de l'absence de commerce pousse les Samis à migrer vers le Sud, ce qui entraîne des conflits avec les Finnois et les Scandinaves. Le sud de la Norvège est alors un des lieux où résident les populations à l'origine des Burgondes et des Lombards.

 

La phase « romaine », commençant vers le début de l'ère commune, dure jusque vers 400. Elle est marquée par l'influence indirecte de la Rome antique, dont les produits pénètrent en Scandinavie. La région autour d'Oslo est alors occupée par les Gautars, futurs Goths. Les Scandinaves vendent aux Romains et aux autres peuples du Sud de l'ambre, des fourrures et du cuir, leur achetant des objets en métal et en verre, mais aussi des esclaves. À partir du IIIe siècle, la répartition géographique des populations se précise, et c'est à cette époque là que l'on commence à parler de « Norvégiens » pour désigner les Gautars qui vivent à l'ouest.

La phase dite « germanique ancienne » dure de 400 à 600 environ. Cette période est connue par des sources souvent d'origine orale mises par écrit ultérieurement, notamment dans les sagas comme la saga des Ynglingar et celle de Beowulf. Derrière ces récits, l'histoire réelle est difficile à décrypter, mais cette période est marquée par de nombreux conflits entre de petits groupes de population, notamment dans le Sud de la Scandinavie.

Enfin, à l'époque dite « germanique récente » (600-800), la situation se stabilise quelque peu avec un arrêt des grandes migrations, mais la situation interne de la période précédente perdure. La Norvège reste alors très fragmentée mais ses différents peuples pratiquent intensément le commerce. Les épées d'origine franque y font leur apparition.1

 

Époque Viking

La nation norvégienne affirma pour la première fois son unité et sa volonté d’expansion à l’époque des grands raids vikings, du IXe au XIe siècle. Redoutables navigateurs, les Vikings d’origine norvégienne étendirent rapidement leur influence aux îles Shetland, aux Orcades, aux Hébrides et à l’île de Man. Depuis les Shetland, ils implanteront ensuite des colonies plus durables dans les îles Féroé, en Islande et au Groenland.

Il n’existe toutefois pas encore d’autorité centrale en Norvège elle-même, où les communications se font d’ailleurs davantage par voie maritime que terrestre. Au VIIIe siècle, la Norvège était encore divisée en vingt-neuf petits royaumes indépendants.

Le premier roi connu qui aurait régné sur toute la Norvège serait Harald Ier aux Beaux Cheveux (872-933), qui l'emporte, selon les sagas, en 872 sur les ducs (jarl). L'aîné de ses fils, Erik « Hache sanglante », est détrôné en 935 par le chef viking Haakon Ier le Bon. Son petit-fils, Olaf Tryggvason (995-1000) lui succède, mais il est chassé par le roi danois Sven « Barbe fourchue ». La Norvège est alors partagée entre Sven et le jarl de Trondheim. Il faut attendre l’an 1016 pour trouver un vrai père fondateur du royaume norvégien, en la personne du roi Olaf Haraldsson, qui établit sa capitale à Trondheim. Olaf, ancien Viking, rapporte de ses nombreux voyages le christianisme, et convertit la population par la force, ce qui lui vaut d’être canonisé en saint Olaf.2

 

Affirmation de la puissance royale

Pendant le XIe siècle le modèle collégial de royauté subsiste, les frères du roi en titre pouvant se voir attribuer une autorité sur une partie du pays avec un système parfois complexe de co-rois. En outre, l'Église ne parvient que lentement à faire exclure de la succession les enfants qu'elle considère « illégitimes », au rebours de la tradition germanique du mariage more danico.

 

Le dernier souverain issu de la lignée d'Harald Ier est Sigurd Ier, qui règne de 1103 jusqu'à sa mort en 1130.

À sa mort, plusieurs de ses enfants sont proclamés et, après s'être partagé le pays, s'affrontent directement, le pays étant en guerre jusqu'en 1157, date où Inge Ier est reconnu seul roi. Mais les désaccords et les rivalités reprennent dès la mort d'Inge Ier en 1161 et jusqu'au sacre de Magnus V en 1163 ou 1164, qui est le premier roi de Norvège à connaître cette cérémonie. Ce sacre marque l'influence grandissante de l'Église comme soutien de la monarchie, influence qui conduit le pouvoir royal à adopter les règles de succession défendue par elle. C'est ainsi que Magnus V promulgue la première loi successorale du royaume, qui n'est toutefois pas respectée à sa mort.

En effet, les méthodes jugées autoritaires de ce roi suscitent des adversaires qui se regroupent sous le nom de Birkebeiner. Victorieux en 1184, ils imposent Sverre, qui règne jusqu'en 1202. Homme d'État très habile, il établit une monarchie puissante et affaiblit le pouvoir du clergé et de la noblesse. Sous le règne de Haakon IV Haakonsson l'Ancien, de 1217 à 1263, la Norvège atteint l'apogée de sa puissance économique, politique et culturelle au Moyen Âge. C'est sous ce règne que le royaume, sortant de relations quasi exclusives avec le reste de la Scandinavie, la Russie et les Îles Britanniques, noue des relations plus suivies avec le reste de l'Europe.

L'aristocratie terrienne est affaiblie par Håkon V (1270-1319), dernier aboutissement d'une politique déjà initiée par ses prédécesseurs, mais qui a des conséquences durables. Les vieilles familles nobles déclinent ensuite graduellement et la Norvège devient surtout une nation de paysans, avec de nombreux petits propriétaires, contrairement à une grande partie de l'Europe occidentale, mais aussi au Danemark et à la Suède.

 

Déclin économique et unions politiques

À la même époque, la Hanse, association de commerçants créée dans les villes allemandes, détourne à son profit le commerce en mer du Nord et en Baltique, contrôlant tout le commerce de la région. C'est aussi à cette époque qu'Oslo devient un centre de pouvoir.

En 1319, à la mort d'Håkon V qui n'avait pas d'héritier mâle, le royaume est donné à Magnus IV de Suède, remplacé en 1343 par son fils Håkon V.

L'union, dictée en partie par les règles successorales, est aussi une manière de faire face à la peste noire, qui décime le pays en 1349 et arrête son essor, entraînant la mort du tiers de la population et une période de récession et de famines.

Cette union, d'abord vue comme une situation provisoire, est confortée avec l'officialisation de l'Union de Kalmar, adoptée en 1397 : les trois pays s'accordent pour avoir toujours le même roi, ainsi qu'un organe consultatif commun, chaque pays conservant son propre système législatif. Toutefois, l'Union de Kalmar fonctionne avec difficulté, et à plusieurs reprises la Suède désigne un roi différent de celui du Danemark et de la Norvège. Ces deux derniers pays se rapprochent avec la conclusion d'un traité, en août 1450, pour une union plus étroite. Affaiblie, la Norvège doit gager les Orcades et les Shetland au royaume d'Écosse en 1468, et ces archipels sont définitivement cédés à l'Écosse en 1590.

 

Union avec le Danemark

L'Union de Kalmar est formellement dissoute par le départ de la Suède en 1523, mais la Norvège reste étroitement unie au Danemark par l'effet du traité de 1450. Le roi Christian III, s'appuyant sur ce texte, annonce en octobre 1536 que « la Norvège ne sera plus jamais un royaume indépendant », mais qu'elle sera intégrée comme une province du Danemark. Cette décision n'est pas entérinée par le Conseil du royaume danois qui s'estime incompétent pour cela, et la Norvège reste un royaume distinct au sein de l'union personnelle. Toutefois, à partir de 1536, elle est soumise à l'administration danoise puisque ce sont désormais des Danois qui occupent les principales fonctions dans le pays.

 

La Réforme

Le roi Christian II de Danemark met en place une Église nationale en 1520-1521, en limitant les droits des évêques et en autorisant les prêtres à se marier. Cette réforme échoue après le renversement de Christian II en 1523.

La Norvège reçoit ses premiers prédicateurs réformés vers 1526, notamment à Bergen, ce qui suscite de vigoureuses critiques de l'archevêque Olav Engelbrektsson. La prédication se renforce en 1529 avec la bienveillance du roi Frédéric Ier. C'est surtout son successeur Christian III qui, à partir de 1536, se donne pour objectif de faire passer le pays à la Réforme. L'archevêque Olav Engelbrektsson prend la tête d'un mouvement de protestation, mais il est contraint à l'exil en avril 1537. Christian III impose alors au pays l'ordonnance ecclésiastique du 2 septembre 1537. Les domaines épiscopaux sont sécularisés, la part de dîme qui revenait précédemment aux évêques est attribuée à la Couronne, et une partie des terres monastiques est donnée à des nobles, notamment danois. En revanche, les prêtres locaux qui acceptent d'appliquer l'ordonnance ecclésiastique sont laissés en place. La langue de la liturgie devient le danois.

 

Développement économique

Après le marasme de la fin du Moyen Âge, l'économie redémarre au XVIe siècle. La pêche continue de se développer, avec en particulier le hareng. Son exportation se fait jusqu'en Italie et au Portugal. Mais c'est surtout le bois, plus encore à partir de 1550, qui fait la prospérité de la Norvège. Cet essor tient à une forte croissance de la demande, en particulier depuis l'Europe occidentale, mais aussi à des améliorations techniques avec la généralisation de la scie hydraulique, ce qui facilite la constitution de petites exploitations de bois très rentables. Vers 1620, le système se modernise avec des modèles à plusieurs lames. Les villes norvégiennes croissent encore lentement, et vers 1650 la plus peuplée des villes norvégiennes, Bergen, ne compte que 8 000 habitants.

 

En Norvège, la plupart des terres agricoles sont détenues par les paysans eux-mêmes, mais les prix restent fixés par les commerçants. L'essor de la Norvège au XVIIe siècle touche aussi les industries extractives de cuivre, d'argent et surtout de fer. Le commerce international se développe aussi dans la seconde moitié du siècle. Le commerce du bois reste florissant au XVIIIe siècle même si certaines forêts commencent à s'épuiser. La création de manufactures touche moins la Norvège que ses voisins, mais la Norvège développe la pelleterie et l'armement. L'urbanisation de la Norvège reste faible au XVIIIe siècle, le pays n'arrivant pas à suivre les progressions suédoises. Bergen atteint les 14 000 habitants environ dès 1770, alors qu'Oslo reste à moins de 10 000.

 

Affrontements avec la Suède et réduction du territoire

La Norvège est partiellement envahie par l'armée suédoise pendant la guerre nordique de Sept Ans (1563-1570), avec la prise de Trondheim en 1564 et l'invasion du sud du pays en 1567, mais le Traité de Stettin signé en 1570 n'a pas d'incidence sur le pays.

Dans les années 1600, le Nord de la Scandinavie est le nouvel enjeu de la rivalité dano-suédoise.

La Suède et le Danemark s'affrontent à nouveau pendant la Guerre de Trente Ans.

 

Monarchie absolue et revendications nationales

En 1660, à la suite d'un conflit entre le roi, la noblesse et la bourgeoisie, le roi Frédéric III instaure une monarchie héréditaire absolue, qu'il fait approuver par l'assemblée des États de Norvège. Il réorganise également l'administration locale avec l'instauration de gouverneurs nommés à la tête de chaque comté et de baillis urbains dans les villes. Des fonctionnaires sont également mis en place pour rendre la justice. En 1687, le successeur de Frédéric III, Christian V impose à la Norvège un nouveau code de lois qui s'inspire fortement du droit danois, tout en maintenant les spécificités sur le droit foncier et les droits des paysans locaux.

 

À partir des années 1760 se développe un courant patriotique, qui s'appuie sur des dimensions culturelles mais aussi économiques. Ce mouvement se traduit par la création d'organes culturels spécifiquement norvégiens, comme l'Académie norvégienne des sciences fondée en 1767. Un comité est créé pour demander une université norvégienne, revendication qui n'aboutit qu'en 1811 avec la création de l'université d'Oslo. Sur le plan économique, les revendications viennent de ceux qui souhaiteraient mettre en place des investissements de type capitaliste, et qui critiquent la législation commerciale danoise tout en revendiquant une banque centrale propre à la Norvège. L'idée d'une séparation avec le Danemark et d'une union avec la Suède commencent à se manifester, notamment auprès des maîtres de forges.

Le Danemark est neutre pendant les guerres de la Révolution française, mais des navires danois et norvégiens sont interceptés par les Britanniques qui les soupçonnent de se livrer à la contrebande.

 

Union personnelle de la Norvège avec la Suède

À la fin des Guerres napoléoniennes, Charles-Jean de Suède s'attaque au Danemark, forçant Frédéric VI de Danemark à signer le traité de Kiel (14 janvier 1814). Ce traité transfère le royaume de Norvège du Danemark à la Suède, à l'exception du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé, qui sont laissées au Danemark. Cependant le gouverneur général de Norvège au nom du Danemark, Christian Frédéric proclame l'indépendance de la Norvège le 15 février. Il réunit à partir du 10 avril une assemblée constituante à Eidsvoll. Cette assemblée de 112 délégués adopte le 17 mai la Constitution de Norvège, fortement inspirée par la Constitution française de 1791, le pouvoir législatif étant confié au Storting tandis que le roi se voit attribuer un veto suspensif. En revanche, le suffrage censitaire est assez large puisqu'il permet à 45 % de la population masculine en âge de voter de le faire.

Pour faire appliquer le traité de Kiel, le prince héritier de Suède tente d'obtenir l'abdication de Christian Frédéric qui a été proclamé roi. Devant son refus, Charles-Jean de Suède engage des opérations militaires qui durent du 26 juillet au 14 août. Cependant, dès le 7 août commencent les pourparlers qui conduisent à la convention de Moss le 14 août. Cette convention prévoit l'abdication de Christian Frédéric et l'union des deux royaumes sous le même souverain. Toutefois, chaque royaume conserve son indépendance et la Constitution du 17 mai n'est pas remise en cause.

 

Évolutions institutionnelles

De 1814 à 1905, les deux pays gardent le même souverain, mais chacun a son gouvernement et ses lois. Le souverain dispose d'un veto suspensif de deux sessions : au troisième vote d'une loi, le roi devait s'incliner. Toutefois, les sessions du Storting n'avaient lieu que tous les trois ans jusqu'en 1869, donc jusqu'à cette date une loi à laquelle le roi s'opposait n'était validée qu'au bout de neuf ans.

Jusque dans les années 1870, le Storting est dominé par des personnalités de tendance conservatrice avec un libéralisme économique tempéré, dont Frederik Stang est la personnalité la plus emblématique. Comme ailleurs en Europe, les idées socialistes gagnent du terrain dans les couches les plus défavorisées de la population, et, en 1849, Marcus Thrane crée le « mouvement socialiste norvégien ». La fin des années 1860 marque l'avènement d'une vie politique moderne, marquée par un bipartisme entre deux tendances appelées Venstre (la gauche) et Høyre (la droite). L'un des objectifs de Venstre était l'évolution du régime vers une monarchie constitutionnelle dont les ministres soient responsables devant le Storting. Formellement approuvée en 1880, cette nouveauté constitutionnelle n'est toutefois pas acceptée par le gouvernement en place. La crise dure jusqu'aux élections législatives de 1882, qui voient une large victoire de Venstre. Forte de sa majorité, elle provoque la mise en accusation des ministres devant le Riksretten, où ils sont jugés en 1884 et presque tous révoqués. Après deux mois pendant lesquels Oscar II tente de maintenir un gouvernement de centre-droit, le roi s'incline, ce qui conduit à accepter officiellement le régime parlementaire. Les deux groupements Høyre et Venstre deviennent alors de véritables partis politique avec une base militante. Dès 1885, le cens est abaissé afin d'élargir le corps électoral,et le suffrage universel masculin est instauré en 1898.

 

Séparation d'avec la Suède

L'Union entre la Suède et la Norvège fonctionnait sans trop de mal, mais les Norvégiens gardaient tout de même le sentiment d'être gouvernés par un roi étranger. Il y avait cependant eu des tensions en 1851, où la Suède avait engagé une guerre douanière envers la Norvège pour le sucre, ce qui avait entraîné la Norvège à des mesures de rétorsions, les unes et les autres signées par le même roi. D'autre part, le norvégien est de plus en plus utilisé y compris en littérature, ce qui renforce le sentiment d'appartenance nationale.

La crise culmine dans la question des consulats. Les affaires étrangères restant gérées par la Suède, les deux pays avaient un réseau consulaire commun. Or, dans les années 1880, la Suède met en place une politique protectionniste qui n'arrange pas la Norvège qui dispose d'une flotte marchande importante.

La crise se dénoue durant l'année 1905. Le nouveau gouvernement norvégien de coalition fait adopter le 27 mai une loi portant la création de consulats norvégiens. Oscar II ayant mis son veto, le gouvernement démissionne, démission refusée par le roi au motif qu'il n'y a pas de majorité alternative. Le Storting déclare alors le 7 juin que le roi a cessé de régner car il est incapable de désigner un gouvernement. Comme en 1895, des préparatifs militaires sont engagés des deux côtés, mais une commission est également nommée pour trouver une solution. Une large majorité de la commission estime que la dissolution de l'Union peut être prononcée si le peuple norvégien l'approuve par référendum. Le scrutin se tient le 13 août et donne des résultats très nets avec 368 208 oui pour 184 non.

Cependant il faut encore de longues et difficiles discussions sur les modalités précises de la séparation, en particulier pour les clauses militaires (destruction des forts situés auprès des frontières). La fin de l'union est finalement proclamée le 26 octobre. Il restait encore à régler la question du régime car il existait en Norvège une tendance républicaine. Le prince pressenti, Charles de Danemark, n'accepte qu'à condition qu'un deuxième référendum, sur le maintien de la monarchie, soit organisé. Le 13 novembre, le peuple norvégien approuve à près de 79 % la monarchie et le nouveau prince est déclaré roi le 18 novembre sous le nom d'Haakon VII.

 

Organisation du nouvel État

La séparation de 1905 ne modifie pas fondamentalement les institutions du pays. La Norvège a son propre roi, mais la monarchie parlementaire n'est pas mise en cause, le parlement monocaméral est maintenu de même que le veto royal. En revanche, le pays dispose désormais de son propre ministre des Affaires étrangères. Une autre innovation intervient en 1907, avec l'ouverture du vote aux femmes, toutefois cet accès est d'abord réservé aux femmes disposant d'un certain revenu, il est étendu à l'ensemble des femmes en 1910 pour les élections locales, en 1913 pour les élections au Storting.

La Gauche est au pouvoir jusqu'en 1910. Cette année-là, le parti connaît une sécession : un groupe, qui se fait appeler « Det frisinnede Venstre » (« la Gauche libérale »), s'allie avec Høyre pour refuser les mesures jugées trop anticapitalistes, notamment la confiscation des concessions hydrauliques. Au pouvoir de 1910 à 1913, cette coalition de circonstance doit céder la place à la Gauche jusqu'en 1920. C'est pendant ces années-là que se développe une politique sociale : assurance maladie en 1909, limitation du temps de travail à dix heures en 1915, à huit heures en 1919, création de juridictions du travail.

 

La Première Guerre mondiale et ses conséquences

La Norvège reste neutre pendant la Première Guerre mondiale, en concertation avec les souverains suédois et danois qui se rencontrent à Malmö en décembre 1914. Cette neutralité n'empêche pas la Norvège de souffrir des conséquences de la guerre. Ainsi, 1 892 marins marchands norvégiens sont tués, la plupart du temps à cause des torpillages allemands, et la Norvège a perdu près de 50 % de sa flotte marchande, proportionnellement les pertes les plus grandes de tous les pays de la Première Guerre mondiale. Les difficultés liées à la Guerre conduisent aussi, à l'intérieur, à une politique de rationnement et à une forte inflation, surtout à partir de 1916. La politique de neutralité et d'amitié entre les pays scandinaves persiste après la guerre. Quant à l'adhésion à la Société des Nations, elle fait débat en raison des sanctions économiques qu'elle envisage, mais elle est finalement adoptée.

 

Conquêtes en Arctique et en Antarctique

La Norvège participe activement à l'exploration des pôles, le plus connu des explorateurs norvégiens étant Roald Amundsen, découvreur du pôle Sud en 1911. La Norvège accroît ses possessions en obtenant la souveraineté sur le Svalbard, qui lui est reconnue par le traité concernant le Spitzberg du 9 février 1920. En 1929, la Norvège s'empare de l'île Jan Mayen, proche du Groenland, ainsi que, dans l'Antarctique, des îles Pierre Ier et Bouvet. Enfin, en 1939, elle s'octroie, sur le continent Antarctique, la Terre de la Reine-Maud : cette revendication, confirmée malgré le traité sur l'Antarctique de 1961, fait d'elle le deuxième « possesseur » de terres antarctiques après l'Australie.

 

Vie politique dans l'entre-deux-guerres

De 1921 à 1935, le pays est gouverné par différentes coalitions, plus souvent dirigées par Venstre. Le Parti agrarien (Bondepartiet), fondé en 1920, attire une partie des classes moyennes, et se rallie à certaines de ces coalitions. Pour faire face à l'inflation qui demeure, les gouvernants mènent une politique de limitation des impôts et des dépenses publiques, ainsi qu'une politique de l'emploi pour tenter de juguler un chômage élevé.

La conjoncture s'améliore quelque peu en 1928, mais la Norvège est bientôt atteinte par les effets de la Grande Dépression à partir de 1931, même si la croissance revient, timidement, à partir de 1934.

En 1935, le Parti du travail s'allie avec le Parti agrarien pour renverser le gouvernement conservateur accusé de ne pas tenir suffisamment compte des problèmes des chômeurs et des paysans. Dirigé par Johan Nygaardsvold, ce gouvernement reste dix ans au pouvoir, dont cinq en exil. Mais avant la guerre, il a le temps de reprendre la politique sociale entreprise avant 1920, avec la généralisation des retraites en 1936, l'instauration des congés payés et d'une assurance chômage. Malgré la tradition pacifiste du parti, le gouvernement, voyant monter les tensions internationales, relance aussi l'industrie de défense. Pour financer ces différentes mesures, il augmente les impôts et crée une sorte de taxe sur la valeur ajoutée.

Face à ce gouvernement travailliste, le nationalisme gagne du terrain avec la création, en 1933, par Vidkun Quisling, du Nasjonal Samling (Rassemblement national), un parti très lié au parti nazi allemand. Contrairement à d'autres partis nationalistes européens, le Nasjonal Samling comptait une base militante importante (25 000 à 30 000 membres), mais peu d'audience aux élections.

 

La Norvège dans la Seconde Guerre mondiale

La Norvège proclame à nouveau sa neutralité au début de la Seconde Guerre mondiale en 1939. Malgré les sentiments de sympathie pour la Finlande pendant la phase russo-finnoise du conflit, la Norvège rejette la demande franco-britannique de faire transiter des troupes via son territoire. Cependant, les manœuvres allemandes le long des côtes norvégiennes rendent la neutralité du pays difficile à respecter.

Le 9 avril, l'Allemagne nazie lance l'opération Weserübung, qui comprend l'invasion de la Norvège et du Danemark. Le gouvernement norvégien refuse la demande de l'Allemagne de laisser ses troupes l'occuper sans résistance et annonce son intention de résister. L'armée est toutefois très vite en difficulté, certaines garnisons se rendant sans combattre. Le roi Haakon VII et le gouvernement quittent la capitale.

 

Après la défaite militaire de leur pays, le roi Haakon VII et le chef du gouvernement Johan Nygaardsvold animent à Londres un gouvernement en exil, reconnu par les Alliés. Une partie des forces armées, dont plus de cent navires de la Marine royale norvégienne, parvient à suivre le roi au Royaume-Uni et participe, au fil du conflit, à l'effort de guerre. La plus grande partie de l’énorme flotte marchande norvégienne est aussi placée sous le contrôle des alliés. Les Forces norvégiennes libres contribuent à la bataille de l'Atlantique, puis à la bataille de Normandie.3

 

La Norvège occupée fut dirigée par le chef des forces d’occupation, le Reichskommissar Josef Terboven. Le chef du parti pronazi local, Vidkun Quisling, fut autorisé à former à partir de 1942 un gouvernement collaborationniste, sous supervision allemande. Les Allemands et les collaborateurs se heurtèrent durant cette période à la résistance norvégienne. Après l’intervention des Alliés au sud et au nord - notamment de l’Armée rouge au nord - les derniers occupants capitulèrent avec le reste des forces allemandes, le 8 mai 1945. 4

 

L'après-guerre et ses suites

Le gouvernement en exil démissionne après le retour à l'ordre normal, mais le pouvoir reste au Parti du travail qui remporte les élections générales d'octobre 1945 et demeure au pouvoir pratiquement sans interruption pendant les vingt années suivantes. Sous la direction du Premier ministre Einar Gerhardsen, la Norvège devient une démocratie sociale et un État-providence, même si cette évolution s'inscrit à certains égards dans la continuité des politiques sociales antérieures.

L'économie norvégienne sortait de la guerre exsangue en raison de l'exploitation allemande et du sabotage intérieur. En outre, les troupes allemandes, lors de la retraite, avaient brûlé de nombreuses villes du Nord, comme dans d'autres pays. Deux facteurs favorisent un redémarrage rapide de la reconstruction et le retour d'une croissance forte. D'une part, la Norvège bénéficie du plan Marshall en 1947. Par ailleurs, le gouvernement travailliste planifie toute l'économie du pays, renforce sa place dans les marchés mondiaux, et cherche à redistribuer la richesse nationale selon des critères plus égalitaires. En trois ans, le produit intérieur brut norvégien retrouve son niveau d'avant-guerre. Ce développement est accompagné de nouvelles lois sociales avec la création des allocations familiales (dès 1946) et le renforcement de droits déjà accordés avant guerre (assurance maladie, retraite).

En politique étrangère, la Norvège adhère à la charte des Nations unies (ONU) en 1945. L'Armée rouge, qui avait envahi le Finnmark en 1944, s'en retire en septembre 1945. Cependant, la proximité d'une Union soviétique puissante en train de soumettre l'Europe de l'Est, inquiète le gouvernement norvégien. La Norvège renonce donc à sa politique de neutralité d'avant-guerre. Si elle refuse l'alliance défensive avec la Suède, jugée insuffisante en cas d'attaque soviétique, elle adhère en revanche à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) en 1949. Cette adhésion à l'OTAN est tacitement approuvée par le peuple norvégien aux élections d'octobre 1949 qui reconduisent les travaillistes.

 

L'or noir de la Norvège

L'exploitation du pétrole en mer du Nord commence dans les années 1960, surtout avec l'extension de souveraineté proclamée en 1963, en particulier dans la zone appelée Ekofisk. Le pétrole, puis le gaz naturel, commencent à être exploitées à grande échelle par la société d'État Statoil en 1972-1973.

Les hydrocarbures contribuent fortement à la prospérité économique de la Norvège, ce qui n'empêche pas le pays de diversifier ses secteurs d'activité, y compris en matière énergétique. Au début des années 1980, le pétrole de la mer du Nord assurait environ 30 % des recettes d'exportations annuelles de la Norvège. Cependant, les cours baissent soudainement en 1985 et en 1986, et les perspectives de recettes fiscales et commerciales plus faibles amènent le gouvernement Willoch à réclamer des taxes pétrolières plus élevées en avril 1986, ce qui entraîne une crise ministérielle. Cependant, malgré les baisses de production, la Norvège restait en 1995 le 2e exportateur de pétrole. Au début du XXIe siècle, les ressources pétrolières commencent à s'épuiser, mais celles de gaz naturel restent élevées.

 

La vie politique

L'attitude du roi pendant la Guerre, son appel à la résistance depuis Londres, ont renforcé le sentiment pro-monarchique en Norvège. Après plus de 50 ans de règne, Haakon VII meurt le 21 septembre 1957. Son fils Olav V lui succède et se montre populaire par sa vie simple : on retient notamment l'anecdote du roi qui n'hésite pas à circuler en tramway dans la capitale. Olav V meurt en janvier 1991 et son fils, Harald V, monte sur le trône. Mais même si la Constitution a maintenu le veto royal, la Norvège est fermement installée dans la monarchie constitutionnelle, où le roi ne s'implique pas directement dans la vie politique.

Malgré les réformes engagées, les travaillistes finissent par lasser l'opinion, et notamment une partie de la jeunesse et des femmes ; ils doivent céder le pouvoir en octobre 1965 à une coalition de centre-droit qui poursuit toutefois les mesures sociales. Les hésitations sur l'adhésion à la CEE causent la chute de cette coalition, mais les travaillistes échouent à leur tour sur le même thème. Les législatives de 1973 conduisent à une crise politique, aucune coalition majoritaire ne parvenant à se former. Les travaillistes forment donc un gouvernement minoritaire, mais ils parviennent à regagner la confiance de l'électorat et se maintiennent jusqu'en octobre 1981.

À ce moment, les Norvégiens portent au pouvoir une majorité conservatrice qui tente, par une politique d'austérité, de juguler les effets des crises pétrolières. C'est ce gouvernement qui perd un vote de confiance au Parlement sur la question des taxes pétrolières. Il est donc remplacé en mai par un gouvernement travailliste minoritaire, dirigé par Gro Harlem Brundtland. Cette dernière démissionne après une défaite aux élections de septembre 1989 et ramène le Parti travailliste dans l'opposition.

Jan P. Syse, du Parti conservateur, succède à Gro Harlem Brundtland au poste de Premier ministre, à la tête d'une coalition de centre-droit. Cependant, la durée du gouvernement de Syse est très brève. Il est en effet divisé quant à la position à adopter au sujet de ses futures relations avec la Communauté européenne et doit démissionner en octobre 1990. Il est remplacé, le mois suivant, par une coalition dirigée par la travailliste Gro Harlem Brundtland. Depuis, le pouvoir alterne entre les travaillistes et le Parti populaire chrétien de centre-droit.

 

Les Samis de la domination à la reconnaissance

L'exploitation minière dans des centres tels que Mo i Rana entraîne une importante évolution du peuple sami. L'estivage traditionnel est peu à peu abandonné en Norvège à la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, le renne cesse d'être utilisé pour le trait et l'élevage se diversifie avec des chèvres, des vaches, des moutons. Les tentes sont remplacées par des chalets et la population se sédentarise, de sorte qu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale seuls 5 à 10 % des Samis restent nomades.

La première moitié du XXe siècle voit les Norvégiens coloniser les territoires du Nord, mettant en difficulté les Samis dont la langue et la culture traditionnelles sont dévalorisées. La réaction se produit surtout après la Seconde Guerre mondiale. Le Syndicat des éleveurs de rennes de Norvège, créé en 1948, s'occupe aussi d'éducation et de maintien de l'artisanat malgré un intitulé apparemment très spécialisé. Après des années de revendications pacifiques, les Samis obtiennent en 1962 du Storting une proclamation solennelle de l'égalité entre les deux communautés et les deux langues. Le premier congrès sami se tient à Karasjok en 1969 ; c'est cette ville qui devient le siège du Parlement sáme de Norvège le 9 octobre 1989.

 

Hésitations européennes et succès sur la scène internationale

En 1959, la Norvège devient un des membres fondateurs de l'Association européenne de libre-échange (AELE). Soucieuse de conserver son agriculture et sa pêche fondées sur la petite entreprise, elle ne tisse pas de liens plus étroits avec l’Europe.

Le 22 janvier 1972, la Norvège signe son adhésion à la CEE. Mais le 25 septembre, les électeurs norvégiens se prononcent par référendum contre l'acte d'adhésion de leur pays à la CEE.

En 1990, l'idée d'une adhésion à la CEE ressurgit de la part du Premier ministre Jan P. Syse, du Parti conservateur, mais sa proposition fait chuter sa coalition de centre-droit.

En 1993, la diplomatie norvégienne joue un rôle important dans les négociations de paix entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Elles aboutissent aux Accords d'Oslo du 13 septembre 1993. Parallèlement, la ville de Lillehammer est choisie par le CIO pour accueillir les XVIIe jeux Olympiques d'hiver de février 1994.

Le 4 mai 1994, le Parlement européen appuie l'adhésion de l'Autriche, de la Norvège, de la Suède, et de la Finlande à l'Union européenne. Les 24 et 25 juin 1994, ces quatre pays signent le traité de Corfou prévoyant cette adhésion. Or jusque là, les négociations avaient été entravées par un désaccord sur les droits de pêche dans les eaux norvégiennes de la mer du Nord. Les Norvégiens rejettent donc l'adhésion à l'UE pour la seconde fois au référendum de novembre 1994, et ce malgré la campagne très forte du « oui » de Gro Harlem Brundtland. Les 52,4 % du vote pour le « non » sont l'expression de sentiments profondément anti-UE, surtout présents dans la population rurale et féminine. La population rurale craignait l'érosion des subventions de l'État pour la pêche et l'agriculture, tandis que les femmes voyaient en l'UE une menace pour la politique égalitaire du pays. Il y avait aussi un sentiment d'inquiétude, plus général, au sujet des lois norvégiennes en matière de protection de l'environnement.

L'engagement norvégien dans l'OTAN la conduit à envoyer un contingent au sein de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) pour la guerre d'Afghanistan.5

 

 

Attentats terroristes de 2011

Ces attentats en Norvège sont une suite de deux actions terroristes coordonnées contre le gouvernement, un rassemblement politique estival et la population civile en Norvège le vendredi 22 juillet 2011. La première est une explosion à la bombe survenue à Regjeringskvartalet, le quartier gouvernemental de la ville d'Oslo (Norvège), le vendredi 22 juillet 2011 à 15 h 26 HEC (13 h 26 UTC) à l'extérieur du bureau du ministre d'État Jens Stoltenberg et d'autres édifices gouvernementaux. L'explosion a tué huit personnes et blessé quinze autres. La seconde attaque a suivi environ deux heures plus tard dans un camp de jeunes organisé par la Ligue des jeunes travaillistes (AUF) du Parti travailliste norvégien (AP), sur l'île d'Utøya. Un tireur armé déguisé en policier a ouvert le feu sur les campeurs, tuant soixante-neuf personnes et en blessant par balle trente-trois.

La police a arrêté Anders Behring Breivik, un homme de 32 ans considéré comme responsable de la fusillade à Utøya, ancien membre du parti du Progrès (FrP), membre de l’Ordre norvégien des francs-maçons avant d'en être radié immédiatement après le drame, appartenant à la droite nationale-conservatrice et à son mouvement pour la jeunesse. La justice l'a inculpé pour les deux attaques ; il fut condamné le 24 août 2012 à 21 ans de prison.6

L'attentat d'Oslo et la tuerie sur l'île d'Utoya ont fait 77 morts. Le tueur, Anders Behring Breivik, semble avoir agi isolément, indépendamment de tout groupe organisé, accomplissant un dessein personnel élaboré méthodiquement, de longue date et froidement exécuté.

Illuminé, il faut l'être pour exécuter ainsi des dizaines de jeunes, revendiquant fièrement son acte, selon lui « cruel mais nécessaire », en espérant être reconnu comme « le plus grand monstre jamais connu depuis la Seconde Guerre mondiale ». Breivik, qui s'affirme chrétien conservateur, a laissé sur Internet des justifications délirantes où se retrouvent pêle-mêle la haine des étrangers et en particulier des musulmans et du « multiculturalisme qui pourrit la Norvège ». Il évoque « l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses » et affirme que « quand on décide de tuer, il est préférable de tuer en grand nombre plutôt que pas assez ». À travers ses cibles, les jeunes d'un camp de vacances du Parti travailliste et le siège du gouvernement, le tueur voulait selon ses dires viser l'idéologie « marxiste » responsable selon lui de l'ouverture des frontières et de la perte d'identité de l'Europe blanche et chrétienne.

Breivik est évidemment d'abord un tueur fou, fasciné par les armes et obsédé par le fait de tuer, si possible massivement. Mais ces idées, pour autant qu'on puisse les appeler ainsi, il ne les a pas inventées tout seul. Il est allé les puiser dans le fonds plus ou moins commun des partis d'extrême droite et de tous ceux qui manient le racisme et l'anticommunisme, avec une fascination plus ou moins avouée pour l'idéologie et les méthodes nazies et l'idée qu'il faudra bien, un jour et une bonne fois, massacrer ceux qui s'y opposent.

Il est vrai que, par ailleurs, la plupart des dirigeants des mouvements d'extrême droite européens se défendent de toute responsabilité dans l'acte de Breivik. Mais même un Eric Besson, qui s'y connaît en xénophobie pour avoir joué sur ce registre, a dit s'interroger sur le rôle joué par l'idéologie d'extrême droite dans ce drame. Et il s'est quand même trouvé en Italie un dirigeant d'extrême droite, le député européen de la Ligue du Nord Mario Borghezio, pour déclarer, tout en condamnant « la violence », que « 100 % des idées de Breivik sont bonnes et parfois même excellentes ». Et si les dirigeants de l'extrême droite ne sont pas responsables de la folie de Breivik, ils sont au moins responsables de contribuer à répandre et banaliser les idées dont il s'est emparé.

Des idées dont l'acte de Breivik ne fait que rappeler où elles peuvent mener, et où elles ont déjà mené dans le passé.7

 

 

La lutte contre la droite populiste et raciste doit être engagée

Aslak Sira Myhre est un écrivain norvégien, directeur de la Maison de Littérature d’Oslo et ex-dirigeant de l’Alliance Électorale Rouge norvégienne. Il livre ici ses réflexions sur la tragédie norvégienne.

Comme d’autres habitants d’Oslo, j’ai déambulé dans les rues et les immeubles attaqués. J’ai même visité l’île dans laquelle furent massacrés les jeunes activistes politiques. Je partage le sentiment de peur et de douleur qui frappe mon pays. Mais la question demeure « pourquoi ? ». Car cette violence n’était pas aveugle.

La terreur en Norvège n’est pas venue d’extrémistes islamistes. Ni de l’extrême gauche, bien que tous deux aient été accusés à plusieurs reprises de constituer une menace interne pour « notre mode de vie ». Jusqu’à aujourd’hui, y compris avec les terribles heures vécues cet après midi du 22 juillet, le peu de terrorisme qu’a connu mon pays est toujours venu de l’extrême droite.

Pendant des décennies, la violence politique dans ce pays a été le privilège exclusif des néonazis et d’autres groupes racistes. Dans les années ’70, ils ont posé des bombes contre des librairies de gauche et contre une manifestation du Premier Mai. Dans les années ’80, deux néonazis ont été exécutés par leur compères, soupçonnés d’avoir trahis leur groupuscule. Au cours de ces deux dernières décennies, deux jeunes norvégiens d’origine immigrée sont morts suite à des agressions racistes. Aucune organisation étrangère n’a tué ou blessé des personnes sur le territoire norvégien, à l’exception du Mossad, les services secrets d’Israël, qui a assassiné par erreur un innocent à Lillehammer en 1973.

Pourtant, malgré ces antécédents éloquents, lorsque cet acte terroriste dévastateur nous a frappé, les soupçons se sont immédiatement portés sur le monde musulman. C’était forcément des « djihadistes ». Cela ne pouvait être qu’eux.

On a immédiatement dénoncé une attaque contre la Norvège et contre « notre mode de vie ». Dès que la nouvelle a été connue, des jeunes femmes portant le foulard ou le hijab et d’apparence arabe ont été verbalement agressées dans les rues d’Oslo.

Et c’est « naturel ». Depuis au moins 10 ans, on nous raconte que la terreur vient de l’orient. Qu’un arabe est, par définition, un suspect. Que tous les musulmans sont marqués par l’intégrisme. Nous voyons régulièrement comment la sécurité aéroportuaire examine les gens de couleur dans des pièces spéciales. Il y a des débats infinis sur les limites de « notre » tolérance. Dans la mesure où le monde musulman s’est transformé en « l’Autre », nous avons commencé à penser que ce qui distingue « eux » de « nous », c’est la capacité de tuer des civils de sang froid.

Il y a également, il faut le dire, une autre raison pour laquelle tout le monde s’attendait à ce qu’Al-Qaïda soit derrière l’attentat. La Norvège participe à la guerre en Afghanistan depuis dix ans, depuis quelques temps nous intervenons également en Irak et nous larguons en ce moment des bombes sur Tripoli. Quand on participe depuis si longtemps à des guerres à l’étranger, il peut arriver un moment où cette guerre vient vous rendre visite à domicile.

Mais il y a plus. Alors que nous savons tout cela, la guerre fut à peine mentionnée quand nous avons souffert de l’attaque terroriste. Notre première réponse frisait l’irrationalité ; cela devait être « eux », parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Moi je craignais que la guerre que nous livrons à l’étranger pouvait arriver un jour en Norvège. Que se passerait-il alors dans notre société ? Qu’arriverait-il avec notre tolérance, dans nos débats publics et, surtout, avec nos immigrés et leurs enfants nés en Norvège ?

Mais ce ne fut pas ainsi. Une fois de plus, le cœur des ténèbres se trouve au plus profond de nous-mêmes. Le terroriste est un homme blanc nordique. Ce n’est pas un musulman mais bien un islamophobe.

Dès que les choses ont été clarifiées, la boucherie est subitement devenue l’œuvre d’un fou. On a cessé de la voir comme une attaque contre notre société. La rhétorique et les titres des journaux ont tout de suite changé. Plus personne ne parle de « guerre ». On parle d’un « terroriste », au singulier et non plus au pluriel. Un individu particulier, et non un groupe indéfini facilement généralisable afin d’inclure des sympathisants ou quiconque entrant dans les préjugés fantaisistes et arbitraires, si commodes lorsqu’il s’agit de musulmans.

Cet acte terrible est maintenant officiellement une tragédie nationale. La question est : les choses auraient-elles été identiques si l’auteur aurait été un fou, certes, mais un fou musulman ?

Je suis, moi aussi, convaincu que l’assassin est fou. Pour chasser et exécuter des adolescents sur une île pendant une heure, il faut vraiment être cinglé. Mais, de même que dans le cas du 11 septembre 2001 ou dans le cas des bombes dans le métro de Londres, il s’agit d’une folie au service d’une cause, une cause tout aussi clinique que politique.

Quiconque a consulté les pages Web de groupes racistes, ou suivi les débats en ligne sur les sites internet des journaux norvégiens se sera rendu compte de la furie et de la rage avec laquelle se diffuse l’islamophobie, la haine vénéneuse avec laquelle des auteurs anonymes crachent contre les « idiots utiles » progressistes et antiracistes et contre toute la gauche politique. Le terroriste du 22 juillet participait à ces débats. Il a été un membre actif d’un des deux grands partis politiques norvégiens, le parti populiste de droite « Parti du Progrès Norvégien ». Il l’a quitté en 2006 pour rejoindre la communauté des groupes anti-musulmans sur internet.

Quand le monde croyait que le massacre était l’œuvre du terrorisme islamiste international, tous les hommes d’Etat, d’Obama jusqu’à Cameron, ont déclaré qu’ils étaient aux côtés de la Norvège dans leur lutte commune contre le terrorisme. Et maintenant, en quoi consiste la lutte commune ? Tous les dirigeants occidentaux ont le même problème à l’intérieur de leurs frontières. Vont-ils livrer avec la même vigueur une guerre contre la montée de l’extrémisme de droite, contre l’islamophobie et contre le racisme ?

Quelques heures après l’explosion de la bombe, le premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, a déclaré que notre réponse à l’attaque devait être plus de démocratie et plus d’ouverture. Si l’on compare avec la réponse de Bush face aux attaques du 11 septembre, il y aurait des raisons de se sentir orgueilleux.

Mais après la plus terrible expérience qu’ait connue la Norvège depuis la Seconde guerre mondiale, j’aimerai que l’on aille plus loin. Il est nécessaire de s’appuyer sur cet événement tragique afin de lancer une offensive contre l’intolérance, le racisme et la haine, qui sont en croissance, non seulement en Norvège et en Scandinavie, mais dans toute l’Europe également.8

 

 

Les Norvégiens, le multi culturalisme et la Palestine

Par Vijay Prashad, titulaire de la Chaire d’histoire de l’Asie du Sud Georges et Martha Kellner et directeur des études internationales de Trinity College, Hartford.

Assis dans le train Amtrak de New Haven à Washington DC vendredi dernier, j’étais plongé dans le thriller de Kjell Ola Dahl : "L’homme dans la vitrine". Les romans policiers de Dahl se passent à Oslo, en Norvège où les remarquables détectives Frank Frølich et Gunnarstranda sont confrontés à l’essence du mal moderne. La Propriété est souvent au coeur de l’intrigue mais aussi l’histoire inéluctable du Nazisme et de la seconde guerre mondiale. Un courageux passé pacifiste en parti incarné par le parti travailliste norvégien a maintenu le pays en dehors de la première guerre mondiale. Ses ports et le passage direct vers le minerai de fer de la Suède qu’elle représentait ont attisé la convoitise des Nazis et en 1940 les forces nazis ont envahi une Norvège mal protégée.

Pour diriger le pays, les Nazis se sont tournés vers Vidkun Quisling (dont le nom incarne la traitrise) le leader du Nasjonal Samling norvégien, le parti local nazi. C’est l’ère Quisling (pleine de camps de concentration) qui a planté l’arbre du Nazisme dans le sol norvégien. Les restes des Nazis scandinaves se sont regroupés après la seconde guerre mondiale mais en trop petit nombre pour faire parler d’eux.

La sociale démocratie scandinave a eu des problèmes dans les années 1980 quand elle a réduit les aides de l’état providence. Les sentiments anti-émigrants et anti-gauche se sont accrus dans des larges portions de la classe laborieuse appauvrie et de la classe moyenne dont les Skinheads constituaient les éléments les plus militants. Ils étaient ce qui restait du renouveau du néo-nazisme des années 1990. C’est pour répondre à ce renouveau que la gauche suédoise a créé en 1995, Expo, un magazine contre le racisme publié par Stieg Larsson. C’est aussi la raison pour laquelle le roman policier et les thrillers scandinaves sont si bons (de Henning Mankell à Larsson en passant par Jo Nesbø) : ils tirent de magnifiques oeuvres d’art du déni hypocrite de la bourgeoisie de l’existence du Nazisme et de la manière dont la droite "modérée" tolère et encourage l’extrême droite.

En Norvège les Skinheads se sont transformés en groupes comme les Boot Boys qui passaient leur temps à arpenter les rues à la recherche des gens qui avaient l’air d’être des immigrants. En 2002, trois Boots Boys ont tué Benjamin Hermansen, un garçon de 15 ans. Quand cela est arrivé, le journal Dagsavisen a écrit : "Ceci devrait ouvrir les yeux des autorités et de tous ceux qui ne veulent pas reconnaître l’existence du Nazisme et du racisme en Norvège". Le premier février 2002, 40 000 des 4,4 millions de Norvégiens se sont réunis à Oslo pour manifester contre ce meurtre. Le premier ministre, Jens Stoltenberg, et le prince héritier, Haakon, étaient présents. Le Centre contre le Racisme d’Oslo note qu’à la fin des années 1980, il y a eu dans le pays presque deux mille incidents racistes en parti dus à la rhétorique du Parti soi-disant Progressiste et bien sûr des sectes nazis.

Mon iphone a sonné et des informations sont arrivées sur la bombe d’Oslo et le massacre de l’île Utøya. Les personnes tuées dans l’île étaient membres de la Ligue des Jeunes Travailleurs (AUF) qui est liée au parti travailliste norvégien mais qui s’enracine dans les mouvements socialistes et communistes des années 1920. Le premier ministre en exercice de la Norvège, Jens Stoltenberg, a été un des leaders de l’AUF. L’occident a d’abord accusé les djihadistes musulmans de l’attaque. C’est devenu une habitude depuis la bombe de la ville d’Oklahoma en 1995 et Jim Stewart de CBS a dit : "On pense qu’il s’agit d’une attaque de terroristes du Moyen Orient". C’était en fait plus une attaque du Moyen-Occident que du Moyen-Orient mais la presse américaine ne s’est pas donné la peine de s’excuser auprès des musulmans de notre pays.

Les premières informations du New York Times suggéraient que le terroriste d’Oslo était un djihadiste (le professeur Will McCants a envoyé un Tweet pour dire que c’était Ansar al-Jihad al-Alami, ce que le Times a répété en ajoutant plus tard que "le groupe était inconnu auparavant et pourrait même ne pas exister''). Quand le brouillard de l’islamophobie s’est partiellement levé et que la police norvégienne a pu s’exprimer elle a révélé que l’assassin était en réalité Anders Behring Breivik, un Nazi qui aurait très bien pu être le héro d’un roman de Dahl.

Quelques heures plus tard, le manifeste de Breivik est apparu sur divers sites Web. Dans son manifeste il fulminait contre les "marxistes-multiculturalistes". C’est devenu un refrain familier chez les défenseurs de la forteresse Europe : ils veulent protéger leur continent de la reconquête des Maures. Ils haïssent en particulier les immigrants et l’Islam. Mais ils ne sont pas des sociopathes marginaux. Leurs opinions s’enracinent dans le courant central du conservatisme européen. En octobre de l’année dernière la chancelière allemande Angela Merkel a dit que le multiculturalisme "avait complètement échoué". Il fallait intégrer de force les immigrants dans la culture germanique et si ce n’était pas possible il ne fallait plus les laisser entrer en Allemagne.

En février de cette année, l’Anglais, Cameron, et le Français Sarkozy ont emboîté le pas à Merkel. Cameron a critiqué "la doctrine d’état du multiculturalisme" qui encourage les immigrants à "vivre séparément, à l’écart les uns des autres et du courant principal." Le Français Sarkozy a fait un discours amer contre le multiculturalisme et a dit aux parlementaires membres de son parti "Union pour un Mouvement Populaire" qu’il voulait des lois pour contenir l’Islam. Pour des raisons électorales, Sarkozy voulait contrecarrer la popularité croissante du Front National de Marine le Pen. "Nous avons eu un débat sur la burka" a-t-il dit "maintenant nous devons avoir un débat sur les prédicateurs de rue". Il s’agit moins d’un débat que d’une campagne au vitriol contre l’Islam et contre ceux qui ont l’air d’être musulmans.

Le conservatisme européen a adopté une position intransigeante contre les migrants africains et asiatiques. Il n’y a pas grand chose qui sépare ces leaders raffinés des conservateurs qui les ont précédés (c’est-à-dire Enoch Powell et son discours de 1968 sur "les rivières de sang") et les néo-nazis (comme Breivik). Cette branche conservatrice hait la différence et la diversité et promeut la culture unique dans la vie sociale. Elle ne peut pas comprendre que les êtres humains soient capables de vivre en harmonie avec des personnes différentes d’elles. Elle attribue les problèmes de la société à la différence. Pour elle il est inimaginable d’en rendre responsable la hiérarchie des pouvoir, de la propriété et des classes sociales qui toutes les trois empêchent pourtant les gens normaux de s’entendre normalement.

Quand Breivik écrit que les "Européens de souche" commettent "un suicide culturel" en accueillant des immigrants, il manifeste l’ignorance typique des Nazis -qui n’ont aucune idée des longs siècles d’interaction entre les continents, ni des mécanismes de l’idéologie coloniale qui ont perpétué ces interactions dans un contexte toxique de racisme croissant, ni de l’importance qu’a pris la vie sociale polyculturelle dans la vie des peuples d’Europe dans l’histoire récente. Quand on regarde les nouvelles de la télévision d’Utøya on s’aperçoit que parmi les jeunes travaillistes il y a des enfants d’immigrants du Sri Lanka et d’Afrique du nord. Leur Norvège n’est pas la Norvège de Breikvik.

 

Le BDS

Le 20 juillet, quelques jours avant la tuerie, le leader de l’AUF, Eskil Pederson, a donné un interview au tabloïde Dagbladet. L’AUF avait organisé un rallye en faveur du boycott d’Israël dans l’île d’Utøya et il avait renforcé son soutien à la campagne du BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). Pederson a dit au tabloïde qu’il croyait que "le temps était venu de prendre des mesures plus sévères contre Israël." Il voulait que le ministre norvégien des affaires étrangères mette en place un boycott économique d’Israël. "Nous les jeunes travaillistes imposeront un embargo économique unilatéral à Israël de la part de la Norvége."

La Norvège a une position très dynamique dans la campagne internationale contre l’Occupation du peuple palestinien. La fédération des syndicats norvégiens (LO) qui regroupe un cinquième de la population s’est désinvestit d’une série de firmes israéliennes comme Investissements Afrique Israël, Danya Cebus, et Elbit Systems. C’est un des fonds souverains les plus importants du monde et ses décisions influencent les autres fonds. La Norvège a aussi institué un embargo sur les armes vers Israël. La société civile norvégienne a activement soutenu un boycott académique et culturel d’Israël (42% de la population le soutiennent y compris l’entraîneur de football norvégien Egil ’Drillo’ Olsen qui est membre du parti des travailleurs communistes norvégien). L’année dernière, le ministre norvégien des affaires étrangères a refusé de laisser les Allemands tester des sous-marins qu’ils voulaient vendre à Israël dans les eaux norvégiennes. Quelques jours avant la tuerie, le ministre norvégien des affaires étrangères, Jonas Gahr Støre, a rendu visite aux jeunes de l’AUF qui lui ont dit qu’ils voulaient que le boycott soit renforcé. Une photo de Støre au camp de l’AUF passant devant une pancarte qui disait "Boycott Israël" a été publiée dans les tabloïdes.

La visite de Støre au camp de l’AUF a eu lieu juste après sa rencontre avec le leader de l’Autorité Palestinienne Mahmud Abbas au cours de laquelle il a réaffirmé le soutien de la Norvège à la demande palestinienne aux Nations Unies de reconnaître l’état palestinien plus tard dans l’année. Il est significatif que Oslo ait été le siège des accords israélo-palestiniens de 1993. L’entêtement d’Israël a depuis changé la donne. "Je ne crois pas que les Palestiniens ni qui que ce soit dans le monde doute que la Norvège soutienne le droit des Palestiniens à un état," a dit Støre. Støre est aussi un grand supporter de la diversité en Norvège ; il utilise souvent l’expression "le Nouveau Nous" pour parler de la société norvégienne. Son "Nous" comprend les réfugiés et les migrants, les musulmans et les Juifs.

Au dessus de mon bureau j’ai accroché le poster d’une manifestation organisée par l’Aktion Anti-Fasciste à Copenhague en juin 1995 qui dit : "Pas de sales fascistes". C’est ce que pensait plus de 90% des jeunes de l’AUF tués cette semaine. Breivik était de toute évidence un militant de droite et sans aucun doute inspiré par le fascisme européen de Merkel-Sarkozy-Cameron. La presse peut être obsédée par la théorie du "tireur solitaire". Elle voit les choses du point de vue de la police, c’est-à-dire, en termes de qui a commis l’acte et qui a fourni son soutien logistique. Mais ce qui s’est passé à Utøya n’était pas l’acte d’un fou et ce n’était pas une tragédie humaine. C’était un meurtre politique contre des gens qui luttent en faveur d’un monde convivial non seulement pour leur chère Norvège mais aussi pour ceux qui vivent sous Occupation ailleurs.9

 

 

Élections législatives de 2013

Les élections législatives se sont tenues le 9 septembre 2013, afin d'élire les cent soixante-neuf députés du Storting pour un mandat de quatre ans.

Le scrutin voit la victoire des forces de centre droit, surnommées le « bloc bourgeois » et conduites par la conservatrice Erna Solberg, et donc la défaite des « Rouges-verts », coalition de centre gauche au pouvoir depuis huit ans et emmenée par le Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg.

 

Analyse des résultats

Avec une participation en hausse, ce scrutin marque la défaite des « Rouges-verts », la coalition de centre-gauche au pouvoir depuis huit ans. Des trois partis au pouvoir, le Parti du centre s'en tire le mieux, en ne perdant qu'un député. Bien qu'il reste la première formation du pays, le Parti travailliste abandonne presque dix députés, tout en restant au-dessus de la barre des 30 % des voix, même s'il réalise son deuxième plus mauvais score de l'après-guerre. Quant au Parti socialiste de gauche, il se maintient de justesse au-dessus du seuil électoral des 4 %, perdant près d'un tiers de ses voix de 2009 et passant de la quatrième à la septième place. Dans la circonscription d'Oslo, Les Verts captent un siège, faisant pour la première fois leur entrée au Storting.

Quant à la nette et large victoire du « bloc bourgeois », elle est principalement due au Parti conservateur, qui progresse de presque vingt sièges et repasse largement devant le Parti du progrès, qui ne récupère que les trois quarts des suffrages captés en 2009 et connaît son premier vrai recul depuis vingt ans. Cela ne doit pas faire oublier la performance du Parti libéral, qui repasse de manière claire au-dessus des 4 % des suffrages exprimés, ce qui lui permet de progresser de sept sièges. Enfin, le Parti populaire chrétien, à la tête du gouvernement entre 2001 et 2005, ne parvient pas à progresser de manière franche, restant sur la base des résultats obtenus huit années plus tôt.10

 

 

L'économie de la Norvège

L’économie norvégienne offre une combinaison entre la liberté des marchés et l’intervention de l’État. Le gouvernement, par le biais de grandes entreprises publiques, contrôle quelques domaines particulièrement stratégiques, comme une partie du secteur pétrolier. Mais une vague de privatisations a débuté en 2000, lorsque l’État a vendu un tiers de l’entreprise Statoil, qu’il contrôlait jusqu’alors dans sa totalité.

Le pays et sa Zone économique exclusive regorge de ressources naturelles (pétrole, hydroélectricité, poissons, forêts, minéraux…) et sa prospérité est très dépendante des revenus générés par l’exploitation du pétrole : ce dernier représentait en 1999, avec le gaz, 35 % des exportations du pays. Seules l’Arabie Saoudite et la Russie exportent davantage que la Norvège, laquelle ne fait pas partie de l’OPEP.11

La Norvège se place en tête du classement en matière de développement humain depuis 2000 selon l'ONU. Pour ceci, le pays possède une croissance de 4 % en moyenne, un chômage constamment en dessous de 5 %.

La Norvège fait partie de l'espace Schengen en 2001 mais refuse radicalement l'adhésion à l'Union européenne car le pays préfère garder ses spécificités économiques, sociales et régionales qui fonde son identité nationale. Elle fait tout de même partie de l'espace économique européen avec les pays de l'AELE (Islande, Suisse et Liechtenstein) et de l'Union européenne.12

Malgré un niveau de vie comptant parmi les plus élevés au monde, les Norvégiens s’inquiètent à propos des deux prochaines décennies, lorsque leurs réserves de gaz et de pétrole commenceront à s’épuiser. C’est pourquoi le pays engrange, depuis 1990, la totalité des revenus générés par le pétrole dans le fonds pétrolier de Norvège. Le capital ainsi obtenu est investi à l’étranger : En juillet 2014, c'est le premier fonds souverain au monde par montant de capitalisation, comprenant des actifs pour un montant estimé à 878 milliards de dollars.13

 

 

Sources :

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Norv%C3%A8ge
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Norv%C3%A8ge
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Norv%C3%A8ge
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Norv%C3%A8ge
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Norv%C3%A8ge
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_terroristes_de_2011_en_Norv%C3%A8ge
(7) Éric Tolian http://www.lutte-ouvriere-journal.org/lutte-ouvriere/2243/dans-le-monde/article/2011/07/27/25329-norvege-un-tueur-fou-au-nom-didees-delirantes.html
(8) Aslak Sira Myhre https://www.investigaction.net/fr/Norvege-La-lutte-contre-la-droite/
(9) Vijay Prashad http://www.legrandsoir.info/les-norvegiens-le-multi-culturalisme-et-la-palestine-counterpunch.html
(10) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_norv%C3%A9shad giennes_de_2013
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Norv%C3%A8ge
(12) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Norv%C3%A8ge
(13) https://fr.wikipedia.org/wiki/Norv%C3%A8ge