Le bouddhisme est, selon les points de vue en Occident, une religion (notamment une religion d'État) ou une philosophie, voire les deux dont les origines remontent en Inde au Ve siècle av. J.-C. à la suite de l'éveil de Siddhartha Gautama et de son enseignement.
Le bouddhisme comptait en 2005 entre 230 millions et 500 millions d'adeptes, ce qui en fait la quatrième religion mondiale, derrière (dans l'ordre décroissant) le christianisme, l'islam, et l'hindouisme. Le bouddhisme présente un ensemble ramifié de pratiques méditatives, de pratiques éthiques, de théories psychologiques, philosophiques, cosmogoniques et cosmologiques, abordées dans la perspective de la bodhi « l'éveil ». À l'instar du jaïnisme, le bouddhisme est à l'origine une tradition shramana, et non brahmanique (comme l'est l'hindouisme).
Bien que le bouddhisme soit communément perçu comme une religion sans dieu, que la notion d’un dieu créateur soit absente de la plupart des formes du bouddhisme (elle est cependant présente dans les formes syncrétiques en Indonésie), la vénération et le culte du Bouddha historique (Siddhartha Gautama) en tant que Bhagavat joue un rôle important dans le Theravāda et particulièrement dans le Mahāyāna qui lui donnent un statut de quasi-dieu contribuant à brouiller les notions de dieu et de divinité dans le bouddhisme.
Origines
Le bouddhisme est né en Inde à peu près à la même époque que Mahâvîra rendit plus populaire le jaïnisme, avec lequel il partage une certaine tendance à la remise en cause de l'hindouisme (en particulier de la caste sacerdotale des brahmanes) tel que ce dernier était pratiqué à l'époque (VIe siècle av. J.-C.). Le bouddhisme a repris et aménagé beaucoup de concepts philosophiques de l'environnement religieux de l'époque (tels que dharma et karma, par exemple).
Bouddha historique
Le bouddhisme est issu des enseignements de Siddhartha Gautama (l'« éveillé »), considéré comme le Bouddha historique.
Les années de la naissance et de la mort de Siddhārtha Gautama ne sont pas sûres ; il aurait vécu au VIe siècle av. J.-C. à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas à ce sujet. La plus ancienne le fait naître en 624 av. J.-C. et mourir en 544 av. J.-C. Les Thaïlandais font débuter le calendrier bouddhique en 543 av. J.-C., un an après sa mort. Les spécialistes occidentaux de l'histoire de l'Inde ancienne, quant à eux, s'accordent pour situer la vie du Bouddha plutôt au Ve siècle av. J.-C.
Né selon la tradition, à Kapilavastu (Népal) de la reine Māyā, morte sept jours après sa naissance, et du roi Shuddhodana, il avait pour nom Gautama. Il appartenait au clan Shakya (ou Shakya) de la caste des kshatriya (nobles-guerriers), d’où son surnom de Shākyamuni, « le sage des Śākya ». C'est le nom principal que la tradition du Mahāyāna lui donne - Bouddha Shākyamuni - et par lequel on le distingue des autres Bouddhas. Il est aussi appelé Siddhārtha Gautama (pāḷi : Siddhattha Gotama) car Siddhārtha est donné comme son prénom dans certaines sources,
La vie du Bouddha a été enrichie de légendes décrivant des miracles et des apparitions divines. Mais c'est seulement trois cents ans après sa mort qu'elle commence à être connue par des textes, en même temps que ses enseignements, grâce à l'empereur Ashoka qui en fait la promotion sur toute l'étendue de son domaine et envoie des missions à l'étranger.
Éveil ou Bodhi
Le bouddhisme est une voie individuelle dont le but est l'éveil, par l'extinction du désir égotique et de l'illusion, causes de la souffrance de l'homme. L'éveil est une base à l'action altruiste.
Doctrine
Dharma
Le Dharma est l'ensemble des enseignements donnés par le Bouddha qui forment le Canon pali. Mais la définition du terme peut changer en fonction du contexte et peut signifier « ce qui est établi », « la loi naturelle », « la loi juridique », « le devoir », « l'enseignement » voire « l'essence de toute chose ».
Trois Joyaux
Dans le bouddhisme, « prendre refuge dans les trois joyaux », le Bouddha, le Dharma (l'ensemble des enseignements) et la Sangha (l'ensemble des pratiquants), est une cérémonie par laquelle on devient bouddhiste.
Quatre nobles vérités
Les quatre nobles vérités indiquent ce qu'il est essentiel de savoir pour un bouddhiste. Elles énoncent le problème de l'existence, son diagnostic et le traitement jugé adéquat :
- La vérité de la souffrance : toute vie implique la souffrance, l'insatisfaction ;
- la vérité de l'origine de la souffrance : elle repose dans le désir, les attachements ;
- la vérité de la cessation de la souffrance : la fin de la souffrance est possible ;
- la vérité du chemin : le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane, qui suit le Noble Chemin Octuple.
Trois caractéristiques de l'existence
- L'impersonnalité : il n'y a rien dans le monde qui ait une existence indépendante et réelle en soi, donc aucune âme (ātman), aucun soi, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.
- L’impermanence : tout est constamment changeant dans les phénomènes, on ne peut absolument rien y trouver de permanent.
- L'insatisfaction ou souffrance : aucun phénomène ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive.
Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée, qui se retrouvent également dans les quatre sceaux de la philosophie bouddhiste, sont universelles, valides en tous temps et en tous lieux, et pourraient être reconnues par une vision directe de la réalité. Le nirvāṇa, n'étant pas conditionné, échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence (il est cependant impersonnel, il n'y a donc "personne" en nirvāṇa).
Trois poisons
Le bouddhisme considère qu'il existe trois poisons pour l'esprit :
- Avidité ou Soif
- Colère ou Aversion
- Ignorance ou Indifférence
Certaines écoles en ajoutent deux : la jalousie et l'orgueil.
Selon le Bouddha, les causes de la souffrance humaine peuvent être trouvées dans l'incapacité à voir correctement la réalité. Cette ignorance, et les illusions qu'elle entraîne, conduisent à l'avidité, au désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine pour des personnes ou des choses.
Sa philosophie affirme que la souffrance naît du désir ou de l'envie. C'est en les supprimant tous deux qu'il serait parvenu au nirvāṇa.
Renaissances
À cause des trois poisons et de l'interdépendance, les hommes sont assujettis au Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le « monde » (Loka) dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions passées. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« la fatigue de remplir les cimetières » dit l'Assu Sutta). Conformément à la philosophie bouddhiste, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît. Ce n'est donc pas, comme dans le principe de la réincarnation, une âme immortelle qui se « réincarne ». En effet, la notion de réincarnation implique l’existence d’une âme immortelle qui entre et sort d’un corps et entre à nouveau dans un autre, mais, selon la croyance bouddhiste, il n’existe rien de tel. Ce qui subsisterait après la mort ne serait pas une « âme », mais une énergie psychique qui réapparaîtrait ensuite sous une autre forme lors de la renaissance (excepté pour celui qui a atteint le nirvāṇa).
Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser la confusion et l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seraient brisés. Il définit le « but ultime » de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa.
Douze liens interdépendants
Les douze liens interdépendants décomposent le cycle des renaissances selon des liens conditionnés dépendant l'un de l'autre.
- L’ignorance (avidyā) : L’ignorance de la loi de cause à effet et de la vacuité. L'ignorance produit le karma.
- Le karma (les saṃskāras) : Somme des actions (conditionnées) du corps, de la parole, et de l'esprit, qui produisent la conscience.
- La conscience (vijñāna) : La conscience produit le nom et la forme.
- Le nom et la forme (nāmarūpa) : Le nom et la forme produisent les six sens.
- Les six sens (ṣaḍāyatana) : Les six sens (toucher, odorat, vue, ouïe, goût, mental) permettent l'apparition du contact.
- Le contact : Des six sortes de contacts (tactile, odorant, visuel, auditif, gustatif, mental) découlent les 6 sensations.
- La sensation (vedanā) : Les sensations agréables produisent l'attachement (désir ou soif).
- La soif (tṛṣna) : Le désir d'obtenir des sensations agréables produit la saisie, l'attachement.
- La saisie (upādāna) : Appropriation des objets désirables qui produit le devenir.
- Le devenir (bhava) : L'appropriation par la saisie produit la force du devenir, qui conduit à la (re-) naissance.
- La naissance (jāti) : La naissance est la condition qui produit vieillesse et mort.
- La vieillesse et la mort (jarāmaraṇa) : La vieillesse et la mort sans pratique de libération n'éliminent pas l'ignorance.
Noble Chemin octuple
Le « Noble Chemin » ou « Sentier octuple », est la voie qui mène à la cessation de la souffrance (dukkha) ainsi qu'à la délivrance totale (nirvāṇa). Il est également appelé « Chemin du milieu », car il évite les deux extrêmes que sont d'une part la poursuite du bonheur dans la dépendance du plaisir des sens et d'autre part la poursuite de la libération dans la pratique de l'ascétisme et de la mortification.
Le Bouddha ayant fait l'expérience de ces deux extrêmes, découvrit ainsi le Noble Chemin « qui donne vision et connaissance, qui conduit au calme, à la vision profonde, au nirvāṇa ». Le Bouddha Gautama a énoncé le Noble Chemin octuple lors de son premier sermon à Sârnâth.
Les huit membres du noble sentier octuple (ariyāṭṭaṅgika magga) sont :
- la compréhension juste (Sammā diṭṭhi),
- la pensée juste (Samnā saṅkappa),
- la parole juste (Sammā vācā),
- l'action juste (Sammā kammanta),
- le mode de vie juste (Sammā ājiva),
- l'effort juste (Sammā vāyāma),
- l'attention juste (Sanmā sati),
- la concentration juste (Sammā samādhi).
Au lieu de « juste » on lit parfois « complet » ou « total ».
Quatre incommensurables
Les quatre conduites ou sentiments pieux (brahmavihāras) sont aussi appelés les Quatre Incommensurables car ils pourraient être développés indéfiniment. Cultivées sans l'intention de mener tous les êtres à la libération ultime, ces quatre intentions conduisent à une renaissance dans le monde céleste de Brahmā ; développées avec le désir de mener tous les êtres à la libération ultime, les quatre conduites deviennent alors « incommensurables » et conduisent à « l'éveil parfait ».
Il s'agit d'émotions positives qui pourraient être développées par des pratiques appropriées :
- La bienveillance universelle (mettā en pali, maitrī en sanskrit), développée par la pratique de méditation appelée mettā bhāvanā ;
- La compassion (Karunā), née de la rencontre de la bienveillance et de la souffrance d'autrui, développée par la méditation appelée karunā bhāvanā ;
- La joie sympathique (Muditā), qui consiste à se réjouir du bonheur d'autrui (muditā bhāvanā) ;
- L'équanimité (uppekkhā, upekṣā) ou tranquillité, qui va au-delà de la compassion et de la joie sympathique, est un état de paix face à toute circonstance, heureuse, triste ou indifférente (uppekkhā bhāvanā).
Vacuité
Dans le Theravāda, la vacuité (Śūnyatā) signifie qu'aucune chose n'a d'existence propre (elles ne semblent exister que par interdépendance). Il existe une méditation vipassanā qui est la contemplation de cette vacuité.
Mais le concept de vacuité, exposé par la littérature dite de la prajnaparamita, et Nāgārjuna, prend un autre sens avec le Madhyamaka. Le Madhyamaka reconnaît l'enseignement de l'interdépendance mais il considère cette roue de la vie elle-même comme vacuité.
Éthique bouddhiste et préceptes
Dans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il y a deux sortes d’actions, les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif).
L’éthique bouddhiste propose donc à l'être humain de prendre conscience des états d’esprit dans lesquels il se trouve et à partir desquels il agit, parle, pense et à devenir ainsi responsable tant de ses états d’esprit que des conséquences de ses actions. La pratique de l'éthique est donc une purification du corps, de la parole et de l'esprit.
Elle se décline sous forme de préceptes - les cinq préceptes et les dix préceptes sont les plus fréquemment rencontrés - qui ne sont pas des règles absolues mais des principes, des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes mais aussi selon les traditions.
Ces préceptes sont le plus souvent présentés sous une forme négative en tant qu'entraînement à ne pas faire quelque chose, mais les textes canoniques font aussi référence à leur formulation positive en tant qu'entraînement à faire le contraire.
Cinq préceptes
Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
- S'efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants ni prendre la vie (le principe d'ahiṃsā, « non-violence ») ;
- S'efforcer de ne pas prendre ce qui n'est pas donné ;
- S'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens ;
- S'efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères ;
- S'efforcer de s'abstenir d'alcool et de tous les intoxicants.
Dix préceptes
Les dix préceptes se retrouvent dans plusieurs textes canoniques (par exemple le Kûtadana Sutta, dans le Dīgha Nikāya).
Les dix préceptes sont :
- S'efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants, ni retirer la vie,
- S'efforcer de ne pas prendre ce qui n'est pas donné,
- S'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens,
- S'efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères,
- S'efforcer de ne pas user de paroles dures ou blessantes,
- S'efforcer de ne pas user de paroles inutiles,
- S'efforcer de ne pas user de paroles calomnieuses,
- S'efforcer de ne pas avoir de convoitise,
- S'efforcer de ne pas user d'animosité,
- S'efforcer de ne pas avoir de vues fausses.
Sous leur forme positive, ce sont :
- Avec des actions bienveillantes, je purifie mon corps,
- Avec une générosité sans réserve, je purifie mon corps,
- Avec calme, simplicité et contentement, je purifie mon corps,
- Avec une communication véritable, je purifie ma parole,
- Avec des paroles utiles et harmonieuses, je purifie ma parole,
- Avec des mots bienveillants et gracieux, je purifie ma parole,
- Abandonnant la convoitise pour la tranquillité, je purifie mon esprit,
- Changeant la haine en compassion, je purifie mon esprit,
- Transformant l’ignorance en sagesse, je purifie mon esprit.
(Dans cette formulation positive, les 6e et 7e préceptes « négatifs » sont regroupés en un seul).
Ces dix préceptes ne sont pas à confondre avec une autre liste de dix préceptes, plus particulièrement destinée aux moines (d'où sa description dans le Vinaya Pitaka et non dans les suttas), et qui correspond aux cinq préceptes plus les suivants :
- S'abstenir de consommer de la nourriture solide entre midi et l'aube,
- S'abstenir de chant, de danse et d'assister aux spectacles,
- S'abstenir de parfums, de cosmétiques et d'ornements,
- S'abstenir d'une haute ou luxueuse literie,
- S'abstenir d'accepter de l'or ou de l'argent.
Contrairement aux autres préceptes, ces cinq derniers préceptes sont plus des règles de vie que des principes éthiques.
Sangha : communauté des adeptes
Le Saṅgha est la communauté de ceux qui suivent l'enseignement du Bouddha. C'est un des trois lieux de refuge. On distingue le 'Noble Saṅgha' (sanskrit Arya Saṅgha) constitué des êtres ayant atteint un haut niveau de libération et le Saṅgha ordinaire, comportant tous les êtres suivant la voie du Bouddha. Le terme est communément utilisé pour désigner des réunions bouddhistes.1
Source
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme