À l'origine, l'île d’Ayiti, c'est-à-dire « Terre des hautes montagnes », était peuplée par les Taïnos ou Arawaks, peuple semi-sédentaire pacifique. Lorsque Christophe Colomb accosta pour la première fois le 5 décembre 1492, l'île comptait probablement plusieurs centaines de milliers d'habitants.
La conquête espagnole
Après de longues démarches et une longue péripétie en mer, Christophe Colomb aborda en 1492, l'une des îles Bahamas : Guanahani, qu'il appela San Salvador (Saint Sauveur). Il découvrit la grande Cuba le 26 octobre ; et le 5 décembre, il jeta l'ancre au fond d'une baie qui, en l'honneur du saint du jour, fut dénommée baie de Saint-Nicolas. Il venait de découvrir ce qui, plus tard, sera appelé Haïti.
Christophe Colomb baptisa cette terre Hispaniola (« Petite Espagne »). À son deuxième voyage en 1493, il y fonda la première ville européenne du Nouveau Monde, baptisée La Isabela, et s’y installa. Après avoir vaincu, surtout par ruse, les cinq caciques qui dirigeaient le pays, les Espagnols soumirent les autochtones à des travaux forcés afin d'extraire l'or des mines. En moins de vingt-cinq ans, les populations indiennes furent décimées par la brutalité de l’esclavage et les maladies importées par les conquérants.
Le nouveau gouverneur Nicolás de Ovando tenta dès 1503 de faire venir des Noirs d'Afrique pour remplacer les autochtones. La majeure partie des esclaves noirs qui ont été déportés vers l'île sont originaires du Dahomey mais aussi de la Guinée et du Nigeria, ce qui explique l'importance du culte vodou en Haïti (le culte vodou est originaire du Dahomey et se pratique aussi au Nigeria). La traite fut autorisée en 1517 par Charles Quint, qui l'interdît officiellement quinze ans plus tard, avant même la lettre Veritas ipsa de Paul III, mais sans succès.
La ville du sud, Santo Domingo, devint le port de départ de la colonisation du Nouveau Monde. Les Espagnols importèrent en quantité des chevaux, bovins et porcins qu’ils laissèrent en liberté, ne s’intéressant qu’à l’or. Dès 1530, l'île commença à ne plus en rapporter. Les Espagnols concentrèrent leurs efforts dans la partie orientale de l'île qui recelait encore un peu d’or et abandonnèrent l’ouest.
La colonisation française
C'est alors que les Français s'intéressèrent à la partie occidentale de l'île. À la fin du XVIe siècle, des flibustiers français s'établirent sur l'île de la Tortue, au nord. Ils tentaient périodiquement des incursions sur la « Grande Terre ». Vers 1625, des Français occupèrent la partie Nord-ouest et gagnèrent progressivement vers le sud. Ces boucaniers chassaient les animaux devenus sauvages et vendaient viande et cuir.
Sous l'impulsion, en métropole du ministre Colbert et sur place du premier administrateur, Bertrand d’Ogeron, nommé en 1665, la colonie prit son essor. Sa première capitale, Le Cap-Français, fut fondée en 1670. À la suite du traité de Ryswick (1697) et de l'accession au trône espagnol d'un petit-fils de Louis XIV, le Duc d'Anjou Philippe de France (1700), l'Espagne abandonna ses prétentions à la possession de l'ensemble de l'île et toléra la présence française dans sa partie occidentale. Celle-ci devint alors la colonie de Saint-Domingue (la future Haïti). Le traité d'Aranjuez (1777) officialisa la souveraineté de la France sur ces territoires.
Les premières cultures furent le tabac, puis l’indigo. Elles réclamaient de la main d’œuvre sur d’assez petites surfaces : des Français fuyant la misère s’engageaient pour 3 ans à travailler sans salaire, puis s’installaient sur de nouvelles terres. La traite négrière se développa également et s’institutionnalisa. C’est en 1685 que fut édicté le Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer le régime de l’esclavage en précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. Les dispositions pourtant sévères de ce code envers les esclaves furent souvent amplifiées. L’obligation d’évangélisation fut négligée, de même que le repos obligatoire du dimanche. Aux peines capitales prévues dans certains cas, les colons ajoutèrent des sévices et mutilations. L'Africain était marqué au fer rouge, changeait de nom, abandonnait ses habitudes vestimentaires et sa langue.
La colonie de Saint-Domingue devint la plus riche des Antilles. À la fin du XVIIIe siècle, la valeur de ses exportations dépassait même celle des États-Unis. Cette prospérité reposait principalement sur le sucre et le café qui avaient supplanté les premières cultures et nécessitaient de grandes plantations. Au milieu du XVIIIe siècle, Saint-Domingue comptait quelque 200 000 esclaves. En 1789, à la veille de la Révolution française, elles employaient près de 500 000 esclaves noirs pour 32 000 Blancs et 28 000 gens de couleur libres (mulâtres et affranchis).
L'Abolition de l'esclavage et l'indépendance
La Révolution française déclencha des violences en cascade. Les colons réclamèrent l’autonomie et les libres de couleur, l’égalité réelle avec les blancs.
Révolte des Noirs
La révolte des Noirs débuta en août 1791 à la suite de la Cérémonie de Bois-Caïman, dans la plaine du Nord : plus de 1 000 Blancs furent égorgés et les habitations incendiées. Sous la conduite de leurs chefs — dont le plus important fut Toussaint Louverture — les Noirs passèrent d’une révolte à une guerre de libération en s’alliant d’abord aux Espagnols de Santo Domingo, en guerre contre la nouvelle République française. De nombreux Blancs, royalistes, soutinrent les Britanniques ou les Espagnols. Les commissaires de la Convention, guidés à la fois par leur idéal et la nécessité de se trouver des alliés, proclamèrent la liberté des esclaves ; Sonthonax, le 29 août 1793, pour la province du Nord, et Polverel, progressivement jusqu'en octobre dans les provinces du Sud et du Centre.
Le 4 février 1794, la Convention confirma par acclamation cette déclaration et étendit l'abolition de l'esclavage à toutes les colonies françaises.
Comprenant que seule la République entendait libérer les esclaves, Toussaint Louverture se rallia en 1794. En quelques mois, à la tête d’une armée de 20 000 anciens esclaves, il renversa la situation militaire et libéra la moitié du territoire. En récompense, il fut nommé en 1796 général de division et vice-gouverneur de l’île. En 1798, agissant comme un gouverneur, il négocia directement avec les Britanniques la libération des ports qu’ils détenaient encore. Il démontrait ainsi qu’il était le seul chef de la colonie. Il imposa la suprématie des Noirs sur les mulâtres au cours d’une guerre civile en 1800. En 1801, il étendit même son autorité sur l’ensemble de l’île en envahissant la partie orientale espagnole et y en promulguant une constitution. Il remit l’économie de plantation sur pied en instaurant le travail forcé, n’hésitant pas à rappeler les anciens colons et à réprimer par la force la contestation des Noirs.
En se faisant nommer gouverneur à vie par la constitution du 12 juillet 1801, Toussaint Louverture défia Bonaparte. Ce dernier décida alors l'envoi de l'Expédition de Saint-Domingue, au prétexte de rétablir l'ordre. Mais en même temps que l'Expédition faisait inscrire sur les drapeaux : « Braves Noirs, la France reconnaît seule vos droits et votre liberté », le Corps législatif s'apprêtait à décréter l'esclavage dans les colonies. Bonaparte avait en effet, par un arrêté secret et antérieur à l'Expédition (du 25 décembre 1800), envoyé trois commissaires pour y rétablir les « cultures », autrement dit l'esclavage.
L'indépendance
L'expédition de Saint-Domingue arrive le 29 janvier 1802. Elle comporte les généraux André Rigaud et Alexandre Pétion, ainsi que Jean-Pierre Boyer, « hommes de couleur » issus de Saint Domingue.
Une flotte de trente mille hommes à bord de quatre-vingt-six vaisseaux est ainsi menée par le beau-frère de Bonaparte : le général Leclerc.
Toussaint Louverture, qui était informé des projets de Bonaparte, donne l'ordre à ses lieutenants de faire une guerre d'extermination aux Français ; les villes sont incendiées et les rivières empoisonnées. Le 17 février 1802, le commandant de l'armée expéditionnaire allait mettre les chefs noirs hors la loi.
Dès son arrivée, l'expédition de Saint-Domingue se présente immédiatement, le 4 février, devant le port du Cap-Français, où commandait Henri Christophe, qui refusa de céder les forts et la place confiés à son commandement sans la permission de Toussaint Louverture. Il écrivit à Leclerc : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général ; et si le sort des armes vous est favorable, vous n'entrerez dans la ville du Cap que lorsqu'elle sera réduite en cendres, et même sur ces cendres, je vous combattrai encore ». Lorsque Leclerc débarque, malgré la résistance qu'opposent les habitants et la milice, Henri Christophe donne l'ordre d'incendier la cité ainsi que tous les édifices publics.
Les Noirs résistent, mais reculent devant la puissance de l'armée de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessés, les Français tiennent toute la côte.
Les généraux de Toussaint Louverture, dont Christophe (en avril) et Dessalines (à la Crête-à-Pierrot après trois semaines de combat inégal et sanglant en mars 1802) se rendent aux Français après d'âpres combats si bien que Toussaint Louverture lui-même accepte sa reddition en mai 1802. Il est autorisé à se retirer sur l'une de ses plantations, à proximité du bourg d'Ennery, dans l'ouest de l'île, non loin de la côte.
Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est arrêté malgré sa reddition et Dessalines, défait par les Français à la Crête-à-Pierrot, participe à cette arrestation. Louverture est déporté en France, il est interné au fort de Joux, dans le Jura, où il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7 avril 1803, après avoir prophétisé la victoire des Noirs.
Toussaint Louverture neutralisé, Leclerc décide le désarmement de la population et le met en œuvre à grand renfort d'exécutions sommaires ; alors les chefs de couleur se détachent peu à peu de l'expédition de Saint-Domingue et rejoignent les insurgés, prenant conscience que cette opération n'avait d'autre but plus important que celui de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue.
C'est en apprenant le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe qu'Alexandre Pétion donne le signal de la révolte, le 13 octobre 1802. À la tête de cinq cent cinquante hommes, il marche contre le principal poste français du Haut-du-Cap, le cerne, le fait désarmer et sauve quatorze canonniers que les siens voulaient égorger : l'armée des « indépendants » est alors formée. Les généraux Geffrard, Clervaux et Christophe, viennent se joindre à Pétion qui, plein d'abnégation, cède au dernier le commandement de l'insurrection.
Dessalines rejoint alors de nouveau les révoltés, dirigés par Pétion, en octobre 1802. Au congrès de l'Arcahaye (15-18 mai 1803), Dessalines réalise à son profit l'unité de commandement. C'est lors de ce congrès que naît le premier drapeau haïtien, bicolore bleu et rouge, inspiré du drapeau français dont la partie blanche a été déchirée. Le 19 novembre 1803, à la tête de l'armée des indigènes, avec à ses côtés Henri Christophe, Dessalines impose à Rochambeau - le cruel successeur de Leclerc - qui utilisait des chiens féroces achetés à Cuba contre les insurgés, entraînés à chasser et manger les Noirs, la capitulation du Cap après la défaite des armées françaises, la veille, à la bataille de Vertières. Rochambeau n'a alors d'autre choix que d'ordonner l'évacuation de l'île.
Après le départ des Français, Dessalines provoque aussitôt le massacre de la population blanche ; à l'exception des prêtres, médecins, techniciens et de quelques négrophiles. Il redonne à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti (Ayiti) et déclare l'indépendance de la République le 1er janvier 1804 aux Gonaïves.
La première république noire libre du monde vient alors de naître. Mais à peine créée, la république d'Haïti est déjà endettée : la France ne reconnut l'indépendance du pays qu'en échange d'une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs).1
TOUSSAINT LOUVERTURE est considéré à Haïti comme le père de l'indépendance du pays. Il est également l'une des grandes figures des mouvements anticolonialiste, abolitionniste et d'émancipation des Noirs.
« En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses ». Ces mots sont ceux qu’auraient prononcés Toussaint Louverture, le 7 juin 1802, à l'instant de monter sur le navire Le Héros qui l'a déporté en France avec sa famille.
Cette citation doit être restituée dans une certaine historiographie, confinant parfois à une légende dorée associant Toussaint au « Spartacus noir » prophétisé par l’abbé Raynal. L’historiographie haïtienne ou encore l’œuvre de l’abolitionniste Victor Schoelcher ont en effet érigé Toussaint Louverture en modèle de libérateur de l’oppression. D'autres historiens présentent une vision plus contrastée du personnage, nostalgique d’un Saint-Domingue « perle des Antilles », dans lequel il a grandi et prospéré et dont l'opposition au système colonial de l’Ancien Régime serait à nuancer. Pourtant, c’est bien la Révolution qui porte cet ancien esclave noir affranchi dans les plus hautes strates du pouvoir militaire puis politique de la colonie française de Saint-Domingue jusqu'à sa chute face à l'armée du général Leclerc envoyée par le Premier consul Bonaparte qui, parallèlement, rétablit l'esclavage (1802). Arrêté et emmené en France, Toussaint Louverture finira ses jours en 1803, incarcéré en isolement au fort de Joux, dans le rude climat du Doubs, sans avoir pu connaître la proclamation d'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804 par son ancien lieutenant Dessalines.2
Toussaint Louverture est mort un 7 avril (7 04).
704 = GOD
« GOD » signifie « DIEU » en anglais.
DIEU nous transmet ainsi des messages à travers Toussaint Louverture.
Ce dernier est mort le 7 avril 1803 (7 04 1803).
7x04x1803 = 50484
Le code postal 50484 est l'un des codes postaux du village de TONNEVILLE.
Toussaint Louverture est l'une des figures emblématiques de l'émancipation des NOIRS.
Le village de TONNEVILLE est célèbre pour l'histoire de La Demoiselle de Tonneville, légende d'une « Dame BLANCHE », ancienne noble, qui hanterait la lande et égarerait les voyageurs et les noierait dans l'étang de Percy.3
L’appellation « Dame BLANCHE » est donnée à des mythes ou à des apparitions de natures diverses.4
La légende de la « DAME BLANCHE » de TONNEVILLE raconte que la demoiselle de Tonneville « amassa des écus en tracassant les fermiers pour le seul plaisir de posséder et de faire souffrir. La haine qu’elle provoquait l’excitait et l’incitait à de nouvelles rigueurs. Avec son frère, Blanche revendiqua une partie de la lande et intenta une action en justice contre des voisins de Flottemanville mais perdit ce procès. Elle vécut jusqu’au dernier jour brouillée avec tout le monde. Alors que sa mort approchait, elle formula le désir d’appartenir à Satan pourvu qu’elle puisse ensuite hanter les lieux dont on lui avait refusé la possession. »5
La « Dame BLANCHE » de Tonneville accumulait ainsi un maximum d'argent en faisant souffrir les fermiers, à l'instar des BLANCS qui ont pris l'argent et les richesses des Haïtiens en leur imposant d'atroces souffrances.
La « Dame BLANCHE » de Tonneville a attaqué en justice ses voisins pour réclamer leur terre. À l'inverse, en 2013, le CRAN – le Conseil Représentatif des Noirs de France – a attaqué en justice l'État Français – les « BLANCS » – qui ont colonisé les terres d'Haïti. Le CRAN voulait obtenir réparation de la dette payée par Haïti à la France après avoir obtenu l'indépendance en 1804. En effet, le roi Charles X n'accepta de reconnaître l'indépendance qu'en échange de 150 millions de francs or pour dédommager les colons qui demandaient une réparation financière. Cette somme a été réduite par la suite à 90 millions. Haïti déboursa ainsi 21 milliards de dollars (90 millions de francs or).
Le CRAN soutient que cette somme a été encaissée par la Caisse des dépôts et consignations – institution publique financière née sous Napoléon – qui la reversa ensuite aux anciens colons. Selon Louis-Georges Tin : « L'argent des Haïtiens n'a pas été totalement reversé, la Caisse des dépôts en a gardé une partie » et le président du CRAN exige donc la restitution des fonds restants à Haïti.
Il déclare : « L'argent doit revenir à l'État haïtien et à la société civile haïtienne. L'heure est venue de réparer cette double peine subie par l'île, à savoir l'esclavage puis la rançon. Le dénuement d'Haïti est dû au paiement de ces 90 millions de francs or qui ont obligé le pays à s'endetter sur des décennies ».
Selon le Conseil représentatif des associations noires, de 1825 à 1946, Haïti paie « des sommes équivalentes à 21 milliards de dollars ». « Cette rançon a précipité Haïti dans une spirale infernale d'instabilité et de misère », estime Louis-Georges Tin qui assigne la CDC pour alimenter le débat. « Faute de solution politique, nous menons le débat sur le plan juridique », dit-il.
En effet, lors d'un discours commémorant la célébration de l'abolition de l'esclavage, le 10 mai 2013, François Hollande a refusé de rendre cette somme aux Haïtiens.
Il déclarait ce jour-là : « L'Histoire ne s'efface pas. On ne la gomme pas. Elle ne peut faire l'objet de transactions au terme d'une comptabilité qui serait en tous points impossible à établir. Le seul choix possible, le plus digne, le plus grand, le plus responsable, c'est celui de la mémoire, c'est la vigilance, c'est la transmission ».
10 mai 2013 = 10 5 2013
10 5 2013 = JE T'M
JE T'M se prononce JE T'AIME.
Le 10 mai 2013, François Hollande a dit à Haïti : « JE NE T'AIME PAS » car Hollande n'aime pas les pauvres.
Il est évident que la France doit rembourser cette dette odieuse à Haïti mais la France de François Hollande n'a pas de CRAN, elle est indigne, hypocrite, lâche et égoïste.
Le discours de François Hollande a eu lieu le 10 mai 2013.
Jean-Baptiste-Donatien Rochambeau est mort le 10 mai 1807.
Rochambeau était le cruel successeur de Leclerc, il utilisait des chiens féroces, entraînés à chasser et manger les Noirs lors du combat des Haïtiens pour l'indépendance.6
Depuis plusieurs siècles, la bourgeoisie française s'engraisse de profits en dévorant le corps de centaines de millions de Noirs, mais elle refuse toujours de payer l'addition alors qu'elle n'a pas arrêté de se goinfrer.
Le directeur du CRAN s'appelle Louis-Georges TIN.
TIN = 20x9x14 = 2520
2520 = BET
Louis-Georges TIN se bat pour faire payer la BÊTE.
BÊTES = 2x5x20x5x19 = 19000
Le code postal 19000 est celui de la ville de TULLE.
François Hollande est l'ancien maire de TULLE.
Dieu nous fait comprendre que François Hollande est la BÊTE car depuis 2012, c'était grâce à lui que les capitalistes français pouvaient s'engraisser de profits en dévorant les cadavres des NOIRS dans les pays du Tiers Monde.
TOUSSAINT Louverture est l'un des plus célèbres révolutionnaires du mouvement anticolonialiste et l'une des figures emblématiques de l'émancipation des NOIRS.
TOUSSAINT = TOUS NIS TA
TA = 20+1 = 21
21 = U
TOUS+U+NIS = TOUS UNIS
Dieu nous demande d'être TOUS UNIS le jour de l'élection présidentielle afin de renverser le pouvoir de la BÊTE – le capitalisme – et ainsi sauver des millions de NOIRS qui seront exterminés chaque année si nous continuons à rester immobiles.
L'un des symboles de la « Dame BLANCHE » est d'annoncer une mort prochaine, donc à travers Toussaint Louverture qu'il associe à la « Dame BLANCHE », Dieu annonce la mort prochaine du pouvoir de la BÊTE.
Selon Érasme : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. »
Une « Dame Blanche » serait apparue à l’empereur Charles QUINT en 1558, la veille de sa mort, au monastère de Yuste où il s’était retiré.7
Dieu nous fait comprendre que la mort de la BÊTE aura lieu lorsque nous ne ferons QU'UN pour l'éliminer le jour de l'élection présidentielle.
Alors TOUS UNIS derrière le mouvement humaniste !
Notre génération réparera les crimes de la République car nous avons du CRAN et nous allons montrer aux peuples du Tiers Monde que Dieu nous a bel et bien doté d'un cœur.
Mais pour prendre un jour le pouvoir en main, nous devons faire la RÉVOLUTION à travers l'économie révolutionnaire, afin de prouver aux Français qu'une alternative au capitalisme est possible.
Le jour où des millions de consommateurs soutiendront l'économie révolutionnaire, nous pourrons alors commercialiser nos produits dans les supermarchés, mais il est possible que la grande distribution refusera de commercialiser nos produits car l'oligarchie capitaliste qui dirige le pays emploiera tous les moyens pour contrecarrer notre révolution afin que les citoyens ne puissent pas se rendre compte qu'il existe un système économique bien meilleur que le nazi-capitalisme. Les enseignes de la grande distribution refuseront alors éventuellement de commercialiser NOTRE COQ-A-COLA dans la mesure où 100 % des bénéfices que nous réaliserons seront utilisés pour créer des emplois, ce que les capitalistes détestent, ayant horreur du partage, de la justice et de la solidarité. Le mot « partage » sur les capitalistes a le même effet que la lumière sur les vampires : ils brûlent. Donc ils feront tout pour préserver leur empire en refusant probablement de commercialiser nos marques révolutionnaires. Par ailleurs, les enseignes de la grande distribution verront d'un mauvais œil notre révolution car lorsque nous arriverons démocratiquement au pouvoir, nous nationaliserons sans indemnité le secteur de la grande distribution, par conséquent, les milliards de bénéfices annuels réalisés par ces grandes entreprises iront alors dans les caisses de l'État, sous contrôle des citoyens, et non plus dans les poches d'une poignée d'actionnaires ou de quelques grandes familles propriétaires des enseignes de supermarchés. La grande distribution ne prendra donc pas forcément le risque d'activer une bombe à retardement. C'est là qu'intervient le révolutionnaire TOUSSAINT LOUVERTURE.
Pour obtenir l'indépendance d'Haïti, Toussaint Louverture était confronté au général LECLERC.
Toussaint écrivit à LECLERC : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général ; et si le sort des armes vous est favorable, vous n'entrerez dans la ville du Cap que lorsqu'elle sera réduite en cendres, et même sur ces cendres, je vous combattrai encore. »8
La ville du CAP symbolise le CAPITALISME.
TOUSSAINT LOUVERTURE est la figure majeure de la révolution haïtienne qui constitua la première révolte d’esclaves réussie dans le monde moderne, et lors de cette révolution, TOUSSAINT LOUVERTURE était opposé au général LECLERC.
Dieu nous fait ainsi comprendre que nous sommes les esclaves du système CAPITALISTE et lorsque nous mettrons en place l'économie révolutionnaire pour nous libérer de nos chaînes, les enseignes de la grande distribution comme LECLERC refuseront probablement de commercialiser nos produits donc Dieu nous transmet le message suivant : « TOUS UN(I) dès L'OUVERTURE du magasin LECLERC » afin de bloquer l'entrée aux consommateurs pour contraindre LECLERC à commercialiser nos produits, car à partir du moment où des millions de consommateurs soutiendront l'économie révolutionnaire, la grande distribution n'aura pas le droit de boycotter nos produits.
Nous lutterons ainsi pacifiquement pour faire respecter nos droits. Donc si LECLERC refuse de commercialiser nos marchandises, nous bloquerons l'entrée de tous les magasins de l'enseigne.
TOUS UNIS dès l'OUVERTURE du magasin !
De nombreux jeunes participeront alors à la lutte pour se libérer du système capitaliste ou pour répondre à l'appel de Dieu, et ils se battront pacifiquement afin de construire un nouveau monde. C'est la raison pour laquelle le blocage se déroulera le samedi, la plupart des jeunes n'étant pas à l'école ce jour-là et de nombreux salariés ne travaillent pas.
Alors salariés, étudiants, chômeurs, retraités, altermondialistes, humanistes, écologistes, anticapitalistes : TOUS UNIS contre le nazi-capitalisme !
Nous allons nous unir pour commercialiser nos marques afin d'écrire notre futur. Le samedi est un jour stratégique, c'est le jour de la semaine où la grande distribution réalise son plus grand chiffre d'affaire. Que va faire l'État ? Envoyer des CRS armés de gaz lacrymogènes et de matraques pour déloger des jeunes de 16 ans qui luttent pour mettre en place une économie morale et égalitaire capable un jour de sauver la vie de centaines de millions d'êtres humains en les sortant de la pauvreté ? Quelle belle image de marque pour LECLERC !
Dieu prévient ainsi l'oligarchie capitaliste : réfléchissez bien avant de lâcher vos chiens enragés sur le peuple car nous serons nombreux devant les enseignes de la grande distribution dès L'OUVERTURE des magasins.
Nicolas Sarkozy a déclaré lors du discours de Dakar : « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire ».
J'appelle tous les NOIRS de France à rejoindre notre mouvement afin de montrer à tous les racistes de France que l'homme africain est bel et bien entré dans l'Histoire et qu'il n'est pas seulement un spectateur de l'Histoire mais l'un de ses principaux acteurs, à l'image de TOUSSAINT L'OUVERTURE, qui utilisa publiquement pour la première fois son surnom de L'OUVERTURE dans une proclamation établie le 29 août 1793 : « Frères et amis, je suis Toussaint-Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance. Je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. Unissez-vous à nous, frères, et combattez avec nous pour la cause. »9
Nous devons suivre le même chemin en nous unissant entre frères et sœurs pour que règne la liberté et l'égalité – car la République française est un régime anti-démocratique par son hyper-présidentialisme et le gouffre incommensurable entre les actes de nos élites dirigeantes et la volonté du peuple.10
Le changement social ne passera que par notre révolte et elle sera menée, non pas pour entreprendre la « vengeance », mais pour prendre notre revanche, et nous gagnerons progressivement la prochaine manche avec la mise en place de l'économie révolutionnaire.
HAITI = 8x1x9x20x9 = 12960
12960 = FOIL
« FOIL » signifie « DÉJOUER, CONTRECARRER » en anglais.
À travers TOUSSAINT LOUVERTURE, Dieu nous donne la solution pour CONTRECARRER le pouvoir de la BÊTE.
Nous obtiendrons ainsi notre indépendance du nazi-capitalisme en luttant de manière pacifique avec notre force principale : NOTRE NOMBRE.
La police ne pourra jamais déloger 1 000 personnes qui bloquent l'entrée d'un supermarché Leclerc.
TOUS UNIS, nous sommes invincibles.
FOIL = FOI L
L = AILE
Si tu as la FOI en Dieu, il te donnera des AILES pour que tu puisses t'envoler au paradis.
La place des hommes d'Église n'est pas seulement dans une église mais également aux côtés du peuple dans le combat humaniste. Les prêtres mais également les imams et les rabbins devront êtres aux côtés du peuple pour bloquer l'entrée des supermarchés.
Il ne suffit plus de rester dans les églises et les mosquées pour s'envoler au PARADIS, vous devez désormais combattre le diable sur son terrain pour ouvrir un jour la porte du royaume de Dieu.
L'un des supermarchés LECLERC de la ville de NANTES, la ville où Dieu m'est apparu le 20 avril 2008, se situe dans le centre commercial PARIDIS, Route de PARIS.
PARIS sur la RÉVOLUTION et tu ouvriras la porte du PARADIS.
TOUS UNIS, nous sommes imbattables. Les hommes d'Église, les imams et les rabbins devront ainsi se joindre à notre mouvement car vous imaginez l'impact de vidéos de prêtres, d'imams et de rabbins délogés par les CRS ?
L'oligarchie capitaliste ne prendra pas le risque de nuire à son image qu'elle fabrique artificiellement à coup de milliards chaque année. Elle éteindra la révolution en acceptant de commercialiser nos marques.
Notre combat est légitime puisque les enseignes de la grande distribution gagnent des milliards d'euros chaque année grâce à l'argent des consommateurs mais nous n'en voyons pratiquement pas la couleur. Ainsi, la famille Mulliez, propriétaire des supermarchés AUCHAN, 6e fortune de France avec 26 milliards d'euros, s'est exilée en Belgique alors qu'elle est devenue milliardaire grâce à l'argent des Français, mais pourtant, elle refuse d'être imposée en France.
Une fois au pouvoir, nous nationaliserons AUCHAN et les milliards iront alors directement dans la poche des Français au lieu d'être accaparés par une famille oisive, ingrate et égoïste.
La GUERRE contre AUCHAN et LECLERC commencera le jour où nous serons assez riches et nombreux pour pouvoir construire nos entreprises et avoir la légitimité nécessaire pour commercialiser nos produits dans la grande distribution.
Nous allons débuter par le textile et étendre progressivement notre révolution dans tous les secteurs de l'économie.
À l'instar d'une tortue, nous avancerons lentement, et ce n'est pas un hasard si l'île de la Tortue est une île des Caraïbes faisant partie d'Haïti, car ce pays a été le théâtre de la première révolte d’esclaves réussie dans le monde moderne, donc Dieu nous fait comprendre que nous avancerons au rythme d'une tortue mais nous parviendrons un jour à briser nos chaînes en prenant le pouvoir en main pour ne plus jamais être les esclaves des capitalistes.
Par ailleurs, la première révolte d’esclaves réussie dans le monde moderne a permis aux Haïtiens d'obtenir l'indépendance en 1804.
Olivier Besancenot est né un 18 04 (18 avril).
À travers Olivier, la figure emblématique du Nouveau Parti Anticapitaliste, Dieu nous fait comprendre que la révolte contre le système capitaliste – qui nous maintient actuellement en esclavage – nous permettra progressivement de briser nos chaînes et d'être enfin les maîtres de nos vies lorsque nous prendrons le contrôle du pouvoir politique et économique.
L'Empire de Dessalines
Après l'indépendance, craignant le retour des Français dans l'île, Dessalines fait construire des forts. Le 8 octobre 1804, il est couronné empereur au Cap-Haïtien sous le titre : Sa Majesté Jacques Premier, Empereur.
Le 25 février 1805 : Dessalines à la tête de 30 000 hommes s'empare de Santiago. Le 7 mars l'armée haïtienne converge sur la ville de Santo Domingo et l'assiège. Le 21 mars, les assiégés reçoivent en renfort un escadron français, mené par l'amiral Comte de Missiessy. Le 28 mars, Dessalines abandonne le siège de Santo Domingo et fait retraite vers Haïti. Il va commencer les Massacres de 1804 en Haïti contre les blancs qui restent dans le pays (5000 morts).
Parallèlement, il officialise le français, même si la grande majorité de la population ne parle que le créole.
Il confisque les terres des colons et donne les meilleures à ses officiers. Sa constitution du 20 mai 1805 interdit la propriété foncière aux blancs. Pour remettre en marche l’économie, il édicte le travail forcé des cultivateurs avec un règlement plus dur que celui de Toussaint. Le peuple reprend les armes contre cette dictature.11
Partitions et unifications
« Sous son gouvernement, les rivalités de pouvoir s'exacerbent au sein de la classe dirigeante et opposent deux groupes principaux. D'un côté se trouvent les mulâtres libres issus du métissage entre colons français et esclaves africains ; libres mais privés de droits politiques, ils s'étaient constitué une grande force économique pendant la période esclavagiste. De l'autre se retrouvent ceux des anciens esclaves qui avaient conquis leur liberté et leur stature politique dans la guerre contre les Français. Leur querelle aboutit à l'assassinat, en 1806, de J.-J. Dessalines, qui menaçait leurs intérêts.
Par la suite, cette querelle mène à la partition du pays en deux entités. Au nord, une république transformée en royaume est fondée par le Noir Henri Christophe (Henri Ier, 1811-1820), ancien chef militaire de l'insurrection. Au sud, les mulâtres conduits par Alexandre Pétion fondent une république. La réunification de la partie occidentale de l'île par Jean-Pierre Boyer successeur de A. Pétion, n'intervient qu'à la mort de H. Christophe en 1820. J.-P. Boyer réalise l'unité de l'île en une seule entité politique en 1822, quand il envahit la partie orientale espagnole. Cette dernière fait sécession en 1844 et devient indépendante sous le nom de République dominicaine. »12
L'occupation militaire dura 22 ans, jusqu'à la chute de Boyer. Elle est généralement vue comme une période de brutalité, bien que la réalité soit plus complexe. Les vingt-deux ans permirent l'expropriation de grands propriétaires fonciers et des réformes avortées pour exporter les produits agricoles, pour rendre obligatoire le service militaire, restreindre l'utilisation de l'espagnol et éliminer les coutumes traditionnelles telles que les combats de coqs. Cela renforça finalement le sentiment national des Dominicains qui se démarquèrent des Haïtiens sur la langue, la race, la religion et les coutumes. Cette période permit également la fin de l'esclavage dans cette partie de l'île.
Lutte de Boyer pour la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti
Boyer proposa une indemnité de dédommagement aux anciens colons contre la reconnaissance de l’indépendance. Les négociations piétinèrent. Le nouveau roi Charles X employa alors la force : il signa le 17 avril 1825 un décret « concédant » l’indépendance contre le paiement d’une indemnité de 150 millions de francs-or payable en cinq ans et expédia une flotte de 14 navires de guerre. Cette somme représentait 10 années de recettes fiscales du pays. Boyer accepta.
Dès 1826, Haïti fut reconnu par presque toutes les nations (à l’exception des États-Unis). Boyer dut créer un impôt spécial, source d’impopularité, et négocia un emprunt de 30 millions à une banque française avec un taux d’intérêt de 6 %, tout en demandant une réduction de la dette. Charles X exigea également dans ce décret une réduction de 50 % des droits de douanes pour les produits d'exportation vers la France. La dette fut ramenée à 90 millions payables en trente ans, en février 1838.
Important législateur, Boyer fit ratifier un code rural le 1er mai 1826 qui instaurait un caporalisme agraire et la corvée pour l’entretien des chemins. En janvier 1843, le sud se souleva. Ses troupes vaincues, Boyer abdiqua et s’exila le 13 février 1843.13
Instabilité du pouvoir
Une longue succession de coups d’État suit le départ de Jean Pierre Boyer. Le président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846 la mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines. Le pouvoir ne cesse d’être contesté par des factions de l’armée, les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée majoritairement d’étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais). Le pays s’appauvrit, peu de chefs d’État se préoccupent de son développement. Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues par les candidats à la succession.
En 1847, Faustin Soulouque est élu président de la République : il transforme le pays en empire d'Haïti le 25 août 1849 et devient Faustin Ier.
Despote, il fuit le pays à la suite d'un soulèvement populaire en 185914. Lui succéda le général mulâtre Nicolas Geffrard. Sa présidence constitua un intermède dans cette période de troubles. Geffrard restaura la République. Il négocia un concordat avec le Vatican, signé à Rome le 28 mars 1860. Haïti fut reconnue par les États-Unis d'Abraham Lincoln le 5 juin 1862. Geffrard développa l'instruction publique primaire et supérieure. Par son code rural de 1863, il instaura la corvée pour réaliser des routes, canaux et fontaines. Il encouragea les exportations de coton et réduisit l’armée de moitié. Mais les finances restaient fragiles. Geffrad démissionna le 13 mars 1867.
L’autoritarisme brutal redevint la norme, entraînant des successions de révoltes. Le nouveau président, Salnave, excita dès octobre 1867 la population contre la chambre des députés et ferma celle-ci. Le nord, puis le sud du pays firent sécession en 1868. Des groupes de paysans armés, appelés « cacos », s’organisèrent dans le nord. Toujours prêts à la révolte, ils constitueront pendant un demi-siècle l'épée de Damoclès de tous les dirigeants, y compris de ceux qui s’appuieront d’abord sur eux pour accéder au pouvoir. Plusieurs coups d’État se succédèrent. L’incurie était telle qu’en juin 1872, le gouvernement allemand utilisa la force militaire pour que l’État haïtien remboursât une dette envers des citoyens allemands.
En septembre 1883, devant une insurrection bourgeoise à Port-au-Prince, le président noir Lysius Salomon fit massacrer 4 000 mulâtres. Il fallut la menace d’une intervention étrangère pour que le calme revint. Salomon, néanmoins, sut rétablir les finances du pays ; il acheva le paiement de la dette. Il développa l’enseignement secondaire et rural. Devant une double révolte de Port-au-Prince et des cacos, il dut s’exiler en août 1888.
Après plus d’un an d’anarchie, Florvil Hyppolite prit le pouvoir. En 1891, il tint tête à la volonté des États-Unis de se faire concéder la pointe nord-ouest du pays : le môle Saint-Nicolas. La même année, devant une sédition d’une partie de sa garde, il fit massacrer 150 personnes. Il développa le téléphone et construisit plusieurs marchés, abattoirs et quais, au prix d’une forte inflation. En 1896, les révoltes reprirent ; Hyppolite mourut d’une crise cardiaque.
L’État haïtien était si déconsidéré que, fin 1897, à la suite de l’emprisonnement musclé d’un résident allemand, Lüders, l’Allemagne expédia deux navires de guerre pour exiger une indemnité exorbitante de 20 000 $ et les excuses officielles du chef de l’État, Tirésias Simon Sam, qui dut s’exécuter.
Les luttes entre factions militaires reprirent. Même les opposants au pouvoir en place se déchirèrent. Un président chassait l’autre : entre 1908 et 1915, il y en aura neuf.15
Le nœud coulant de la dette
Après de multiples missions et de nombreuses tractations, le roi de France Charles X acceptait en 1825 de reconnaître l’indépendance d’Haïti, en échange du versement d’une indemnité de 150 millions de francs-or, et d’une réduction de 50 % des droits de douane en faveur de la France.
L’indemnité avait été calculée d’après la valeur des propriétés en 1789 - en y incluant celle des esclaves. Elle représentait dix ans de revenus des exportations d’Haïti. Et quatre fois le budget annuel de la France, qui était alors l’un des pays les plus riches et les plus peuplés du monde.
Pour payer le premier remboursement, Boyer, le président de l’époque, fut contraint de contracter un emprunt. Il mit ainsi le pays entre les mains des banquiers français.
En cédant à la pression, dirigée contre les esclaves révoltés, Boyer et les nouveaux maîtres d’Haïti, de fait, la reprenaient à leur compte et acceptaient de s’en faire l’instrument contre la masse de la population.
Quatre régimes français successifs, de Charles X à la Troisième République de Jules Ferry, veillèrent, sans interruption, à ce que Haïti s’acquittât de sa dette.
L’État haïtien n’était d’ailleurs pas pour autant sorti du cercle vicieux de l’endettement.
En 1913-1914, le service de la dette absorbait 80 % des revenus du pays.
Au moindre prétexte, des navires de guerre français, allemands, anglais ou américains venaient faire étalage de leur force au large des côtes haïtiennes pour, disaient les dirigeants des grandes puissances, y assurer la protection de leurs investissements et de leurs ressortissants.
En novembre 1914, le président haïtien en exercice prétendit disposer des fonds gouvernementaux déposés à la banque nationale. Le 17 décembre, des marines débarqués d’un croiseur américain investissaient la banque, s’emparaient des 500 000 dollars-or de ses caisses et les embarquaient pour New-York.
La France continuait à se tailler la part du lion. Haïti était le quatrième pays fournisseur de la France après l’Angleterre, les États-Unis et le Brésil. Les deux tiers des exportations de café haïtien transitaient par le Havre.
Mais la domination française était de plus en plus battue en brèche par celle de ses concurrents allemands et américains.
Dans les premières années du XXe siècle, leur pression s’intensifia.
Ils investirent dans les chemins de fer, dans les aménagements portuaires, dans les transports urbains et dans l’électricité.
C’était aussi l’époque où, pour renforcer leur contrôle et évincer celui de leurs concurrents européens, les États-Unis multipliaient les interventions dans l’ensemble des pays d’Amérique centrale et des Caraïbes.
Après Cuba, la Colombie, Saint-Domingue, le Nicaragua et le Mexique, en 1915 ce fut le tour d’Haïti.
Les Américains débarquent
Les marines américains débarquèrent à Port-au-Prince le 28 juillet 1915, sous prétexte d’y rétablir l’ordre. Le président en exercice, qui avait ordonné le massacre des prisonniers politiques dans leur prison, venait d’être lynché par la population de Port-au-Prince.
Pour lui succéder, l’amiral Caperton, commandant des troupes américaines, faisait élire Sudre Dartiguenave, qui avait accepté de collaborer avec les occupants.
Une Convention, signée le 3 mai 1916, légalisait et organisait l’occupation, plaçant, pour dix ans, le pays sous tutelle.
Un percepteur américain était placé à la tête de l’administration des douanes.
Un autre Américain, ayant le titre officiel de conseiller financier, prenait la direction de toute l’administration financière ; c’est lui qui imposait les budgets et dictait la politique économique du gouvernement.
Enfin l’armée haïtienne était dissoute, et remplacée par une gendarmerie recrutée et commandée par les militaires américains. Elle ne comptait que 30 % d’officiers haïtiens.
Cette tentative de mise sous tutelle du pays se heurta, à partir d’octobre 1915, à la résistance de bandes armées de paysans pauvres, les Cacos.
L’attitude méprisante et brutale des occupants américains, qui, dans leur majorité, ne faisaient pas mystère de leur racisme, ne pouvait que heurter y compris les Haïtiens qui n’étaient pas au départ défavorables à l’intervention.
Ce furent la décision de désarmer la population et le rétablissement de la corvée qui obligeait les paysans à travailler gratuitement à l’entretien des routes qui mirent le feu aux poudres.
Unifiée, à partir de la fin de 1918, sous la direction de Charlemagne Péralte, fils d’une famille de notables, l’insurrection prit de l’ampleur. Avec ses guérilleros armés de carabines, de revolvers, de machettes et de piques, il tint en échec les forces armées américaines. Au moment où, en octobre 1919, il donnait l’assaut à Port-au-Prince, la capitale, les Américains estimaient qu’il pouvait compter sur environ le cinquième de la population rurale.
Les Américains firent assassiner Charlemagne Péralte, mais même après la disparition de celui-ci, il leur fallut encore dix mois pour réduire définitivement la révolte.
Pour combattre les paysans haïtiens révoltés, les troupes américaines avaient employé les moyens de la guerre moderne. Elles avaient, pour contrôler la population, créé un passeport intérieur, regroupé les paysans dans des camps d’internement. La répression avait été aveugle, et brutale : 5 500 paysans moururent en trois ans dans le camp de Chabert et il y eut, au total, 13 000 victimes du côté haïtien.
Plus rien ne s’opposait à l’emprise américaine.
En 1918, une nouvelle constitution, approuvée par un plébiscite grossièrement truqué, avait aboli l’interdiction faite aux étrangers d’accéder à la propriété foncière.
Des sociétés américaines en profitèrent pour s’installer, chassant de leurs terres des centaines de paysans réduits à la misère et à l’émigration.
En 1922, la banque nationale d’Haïti était transférée à la National City Bank de New York. Un emprunt forcé de 40 millions de dollars aux USA permit de solder la dette envers la France. Pour Haïti ce n’était qu’un changement de créancier.
L’occupation des USA s’est prolongée jusqu’en 1934.
Mais même après l’évacuation de leurs troupes, les États-Unis n’abandonnaient pas pour autant leur politique d’intervention. Celle-ci, bénéficiant des instruments de contrôle mis en place pendant les périodes d’occupation militaire, pouvait prendre d’autres formes, moins voyantes.
En 1935, le gouvernement haïtien put racheter la banque nationale. Mais la moitié des membres de son conseil d’administration restaient américains. Et son département fiscal - qui contrôlait les recettes douanières - resta sous contrôle US jusqu’au complet remboursement de l’emprunt de 1922, c’est-à-dire jusqu’en 1947.
La valeur de la monnaie nationale, la gourde, restait fixée par rapport au dollar américain.
Sur le plan commercial la signature, en 1935, d’un traité de commerce accordait aux États-Unis un statut privilégié. Sur le plan politique aussi, les États-Unis s’arrogeaient un droit de regard permanent dans les affaires du pays. Ils intervenaient pour contrarier ou au contraire pour favoriser tel candidat contre tel autre avec, comme instrument privilégié, l’armée d’Haïti dont ils avaient recruté et formé les cadres.
L’armée d’Haïti, bras armé de la politique américaine
C’est cette armée qui intervint, lorsqu’en janvier 1946, une grève d’étudiants et de lycéens, protestant contre l’interdiction d’une revue éditée par de jeunes intellectuels de gauche, La Ruche, rencontra dans toutes les couches de la population un large soutien, et se transforma en grève générale contre le président Lescot en place.
Pour couper court à l’agitation qui enflammait les quartiers populaires de Port-au-Prince, l’armée prit les devants et renversa le président. Une junte militaire de trois membres, dirigée par un officier issu de l’école de gendarmerie des marines américains, le colonel Magloire, s’empara du pouvoir, annonçant des élections générales pour le mois d’août.
Le coup d’État ne mit pas fin à l’effervescence politique. Deux partis se réclamant du marxisme, le Parti socialiste populaire et le Parti communiste haïtien, virent le jour. Un troisième parti, le Mouvement ouvrier et paysan (MOP) fut créé par un jeune professeur de 26 ans, Daniel Fignolé. Démagogue de talent, se présentant comme le porte-parole des Noirs pauvres contres les riches Mulâtres, il s’appuyait sur l’enthousiasme des masses pauvres de Port-au-Prince que ses discours galvanisaient. Mais les manifestations qu’il provoquait, et qui faisaient trembler les quartiers riches, n’avaient pour objectif que de lui permettre de s’imposer sur l’échiquier politique. Il fut, un temps, secondé au poste de secrétaire général du M.O.P., par un certain docteur Duvalier.
Le président qui fut élu, Dumarsais Estimé, fit une place dans son gouvernement à toutes les forces politiques qui s’étaient manifestées. Un membre du Parti socialiste populaire devint ministre du Commerce. Daniel Fignolé se vit confier le ministère de l’Éducation. Duvalier quant à lui fut d’abord sous-secrétaire, puis secrétaire d’État au travail et à la santé publique.
Le 10 mai 1950 cependant, Magloire, encore lui, déposait le président qu’il avait contribué à installer dans le fauteuil présidentiel trois ans auparavant. Mais cette fois c’était pour rester au pouvoir. Jusqu’en 1955, année où une grève générale poussa Magloire à démissionner, ouvrant une nouvelle période d’instabilité.
La résistible ascension du Docteur Duvalier
Dans la course à la succession, quatre candidats principaux s’affrontaient : Louis Dejoie, le candidat de la bourgeoisie mulâtre, Daniel Fignolé, le démagogue s’appuyant sur les quartiers pauvres de la capitale, Clément Jumelle, ex-ministre des finances du président déchu, et François Duvalier. Ce petit médecin, petit bourgeois d’origine et très noir de peau, apparaissait comme le plus fade et le plus terne de tous. Ce fut donc lui que l’armée choisit de favoriser dans les élections organisées le 22 septembre 1957. Elle crut voir en Duvalier un paravent civil facile à manœuvrer une fois élu. À tort, et le chef des armées, le général Kébreau, s’en rendit compte rapidement : six mois plus tard, il fut limogé par son ancien protégé.
La force de Duvalier a été d’incarner les frustrations de cette petite bourgeoisie noire rejetée par la bourgeoisie à cause de sa position sociale mais aussi de sa couleur. Car entre la bourgeoisie mulâtre et la petite bourgeoisie noire, il y avait deux mondes qui s’ignoraient et qui étaient séparés par un océan de mépris. Duvalier a fabriqué pour cette petite bourgeoisie dont il était bien représentatif, une idéologie sur mesure : celle de la « révolution duvaliériste ». Une bouillie où le « noirisme », le vaudou et le retour à l’Afrique se mélangeaient avec une promesse de justice sociale.
Cela dit, si Duvalier était arrivé au pouvoir avec l’aide de l’armée, il n’entendait pas en être écarté au gré de cette dernière. C’est pourquoi, avec le macoutisme, il mit sur pied un système de répression à la fois redoutable et étroitement lié à sa personne.
Durant les mois qui avaient précédé son élection, Duvalier s’était déjà entouré d’hommes de main recrutés dans les bas-fonds pour entretenir un climat de tension et neutraliser ses adversaires. Une fois assis dans le fauteuil présidentiel, il donna à ces bandes une tout autre dimension. Forte de plusieurs milliers de membres, appuyée de dizaines de milliers d’informateurs, la milice des « Tontons macoutes » - nom donné dans les légendes populaires haïtiennes aux croquemitaines terrorisant les enfants - recruta ses membres dans le lumpenproletariat des villes et de la paysannerie pauvre, et les encadra par des crapules le plus souvent issues des rangs de la petite bourgeoisie. « Papa Doc » quadrilla et mit sous surveillance toute la population, soumettant aussi bien les quartiers populaires que les quartiers riches à la délation et à la terreur. Rapidement un climat pesant s’installa, où tous ceux qui étaient en contact avec le public, des chauffeurs de taxi aux employés de l’administration, en passant par les petits vendeurs de cigarettes au coin des rues, étaient regardés comme autant de membres de cette police secrète. Et dans les campagnes, à la brutalité habituelle des notables et des propriétaires s’ajouta celle des miliciens, pour écraser encore plus les paysans.
À tous ces hommes de main, Duvalier donna parfois une arme, mais surtout un pouvoir et une protection qui leur garantissaient l’impunité pour toutes leurs exactions. Ayant carte blanche pour imposer leur loi à la population, ils pouvaient rançonner, bastonner, emprisonner, torturer, assassiner, faire disparaître et s’emparer des biens de tous ceux qui leur résistaient.
Doté de ce puissant instrument, Duvalier déclencha une répression sauvage contre tous ceux qui auraient pu contester son pouvoir : au sein des bidonvilles comme dans l’armée, la bourgeoisie, le clergé ou les milieux estudiantins.
Dans la foulée, prenant prétexte de complots, Duvalier se fit attribuer les pouvoirs spéciaux et suspendit toutes les garanties constitutionnelles, le 2 mai 1958. Les députés et les partis politiques, de gauche comme de droite, furent réduits au silence ; la presse et la radio furent livrées à la censure.
Ainsi, sept mois après l’élection de Duvalier, l’opposition traquée dut se réfugier dans la clandestinité ou l’exil. Certains essayèrent bien de revenir en force et de créer des foyers de guérilla, mais toutes ces tentatives se soldèrent par un échec. Et chaque fois le régime répondit en franchissant un pas de plus dans la répression.
À la mi-juillet par exemple, un commando d’une dizaine d’hommes, dont trois anciens officiers de l’armée haïtienne, réussit à s’emparer des Casernes Dessalines, situées à deux pas du palais présidentiel. L’affaire capota, mais Duvalier encore tout tremblant limogea la totalité de son état-major et créa une garde personnelle de 500 hommes encasernés dans l’enceinte même du palais présidentiel, un corps d’élite dont la formation fut confiée à des « marines » américains, qui pour la première fois depuis la fin de l’occupation, remirent les pieds en Haïti.
L’escalade continua. En septembre 1959, les macoutes appuyés par des soldats américains faisaient payer à la population dans la région de Cayes, par les tortures et les massacres, le débarquement d’un commando. En 1963, 80 personnes, parentes d’opposants, furent encore massacrées en une nuit, restée comme celle des « Vêpres de Jérémie ».
Le PC, réapparu en janvier 1969 sous l’étiquette du PUCH (Parti Unifié des Communistes Haïtiens) et ayant opté pour une politique de guérilla contre le régime, paya un lourd tribut au macoutisme. Des centaines de militants et sympathisants laissèrent leur vie sous la torture, dans les geôles ou devant les pelotons d’exécution. D’autant qu’une nouvelle loi permit d’abattre sans procès toute personne suspecte de propager, par des actes, des écrits ou seulement des paroles, les idées communistes. C’est ainsi qu’un groupe du PC ayant occupé un village, et alors que le commando s’était déjà replié dans les montagnes environnantes, l’armée exécuta tous les habitants pour complicité.
Les profiteurs du régime
Le régime n’aurait pas pu tenir si longtemps par la seule répression. Il s’est donné une sorte de base sociale parmi tous ceux qui, en le servant, purent acquérir des privilèges, minuscules pour beaucoup mais qui apparaissaient considérables dans l’océan de misère qu’était le pays.
Les privilèges ne se situaient évidemment pas au même niveau selon que les bénéficiaires vivaient dans les quartiers pauvres ou sur les hauteurs résidentielles de Pétionville. Parmi ceux recrutés dans le lumpenproletariat, dont certains avaient rejoint les macoutes pour survivre ou se protéger, bien peu sont sortis des quartiers pauvres pour monter dans la hiérarchie sociale.
Mais le système duvaliériste permit à des centaines de petits-bourgeois obscurs qui encadraient le mouvement macoutique de s’élever dans la hiérarchie sociale et, pour certains, d’amasser des fortunes grâce au pillage des caisses de l’État ou grâce à la contrebande, au marché noir, à la drogue, à la prostitution...
À l’image de Luckner Cambronne, petit employé de banque devenu conseiller privé et ministre des travaux publics, ou d’Henri Siclait, affairiste et ex-directeur de la Régie des tabacs, qui se retira aux USA avec 200 millions de dollars amassés en moins de 10 ans, les barons du duvaliérisme édifièrent, en quelques années, des fortunes colossales. Au point de modifier la composition de la bourgeoisie haïtienne, qui vit apparaître à côté des traditionnelles familles de la bourgeoisie mulâtre - dont certaines des plus riches ont, elles aussi, profité du régime et de ses trafics - une catégorie de nouveaux riches qui devaient leur ascension sociale à ce régime.
Mais pendant qu’émergeaient ces familles, la grande majorité de la population, elle, végétait dans la misère et la crasse des bidonvilles. Duvalier avait bien promis de libérer tous les Noirs, d’améliorer le sort des pauvres dans les villes et les campagnes, mais dans les années soixante-dix, les villageois devaient survivre avec moins de 1 400 calories par jour en moyenne. De même, 60 % des habitants de Port-au-Prince étaient considérés comme vivant au-dessous du seuil de pauvreté absolue tandis que ce pourcentage grimpait à 90 % dans les zones rurales. Duvalier avait bien promis aussi de s’attaquer aux maladies endémiques, mais la tuberculose continuait à faire des ravages et la lèpre gagnait du terrain.
La politique américaine à l’égard des Duvalier : complaisance politique hypocrite et soutien matériel
Malgré toute son horreur, le régime de Duvalier a tout au long de son existence bénéficié de la complaisance des grandes puissances, en particulier des USA. Car pour l’impérialisme américain, la situation politique en Haïti s’inscrivait dans un contexte plus général où sa sphère d’influence était soumise à bien des secousses. Dès janvier 1959, Castro s’était emparé du pouvoir à Cuba ; ensuite les guérillas s’étaient développées en Amérique latine ; enfin en 1965, les troupes US intervinrent pour étouffer une insurrection à Saint-Domingue. Du coup, même si les gouvernements américains ont pu à certains moments faire semblant de prendre quelque distance vis-à-vis de Duvalier, ils ont toujours su faire preuve de compréhension lorsqu’il s’est agi de lui apporter une aide. En premier lieu, sur le plan militaire, par exemple pour créer et équiper les unités de Léopards, troupes spécialement entraînées à la lutte anti-guérilla.
Aux yeux de l’impérialisme, la dictature de Duvalier avait non seulement le mérite de se maintenir au pouvoir, mais aussi de garantir des salaires misérables et l’absence de grèves. Une situation très appréciable pour les capitaux américains, canadiens, français ou italiens qui, profitant au même titre que la bourgeoisie haïtienne d’une main-d’œuvre parmi les moins chères du monde, ont investi, au début des années 70, dans le textile, l’électronique, l’agro-alimentaire ou la production de balles de base-ball.
Celui qui s’était nommé président à vie mourut finalement en avril 1971, non sans avoir désigné son fils, « Baby Doc », pour lui succéder. Âgé de 20 ans, ce « bouddha » trop bien nourri, qui n’avait jusque-là de goût que pour les voitures de sport et les night-clubs, mit alors l’accent sur la relance du tourisme, l’ouverture du pays aux petites entreprises de sous-traitance et l’appel aux capitaux étrangers.
Mais cette politique nécessitait quelques aménagements. Sans renier le système dictatorial hérité de son père, Jean-Claude Duvalier essaya de redresser l’image peu reluisante du pays. Les syndicats ouvriers restèrent interdits et les paysans toujours soumis à l’arbitraire, mais les macoutes furent appelés à plus de discrétion. Les opposants continuèrent à être traqués en tant que communistes, mais on ne vit plus leurs cadavres exposés au milieu des rues. Baby Doc fit même libérer quelques politiciens bourgeois, comme Sylvio Claude.
La dictature héréditaire
Les débuts de Baby Doc furent marqués par un semblant de redémarrage économique. Tombé au plus bas sous Papa Doc, le tourisme repartit dès 1971. Le Club Méditerranée ouvrit bientôt un centre de 700 lits tandis qu’à proximité de Cap-Haïtien on procéda à l’aménagement de toute une baie pour l’accueil des grands paquebots de croisière. De même, on vit se constituer d’importantes zones industrielles, regroupant des milliers d’ouvriers dans les faubourgs de Port-au-Prince. Le secteur des entreprises d’assemblage travaillant en sous-traitance pour les États-Unis a connu un fort taux de croissance. En 1984 il était de 16,6 %.
Les produits pouvaient circuler entre les États-Unis et Haïti en franchise. C’est-à-dire qu’ils passaient des docks ou de l’aéroport à la zone industrielle. Les produits étaient assemblés et repartaient avec la valeur du travail des ouvriers haïtiens payés trois dollars par jour. Ces entreprises donnaient bien sûr un peu de travail mais sans entraîner le moindre développement économique local. Et évidemment les immenses profits faits sur le dos des travailleurs haïtiens étaient engrangés ailleurs.
Quant à la mise en coupe réglée du pays, elle se poursuivit de plus belle. La dette publique enfla, passant de 40 à 200 millions de dollars entre 1970 à 1979. Bien sûr, une bonne part des prêts s’était volatilisée en chemin, tandis que l’aide alimentaire disparaissait dans les circuits du marché noir. Concevant le pays comme leur propriété personnelle, les Duvalier et les barons du régime en profitaient pour renforcer leur mainmise sur tous les rouages de l’économie. Ainsi, à côté des grandes plantations et des usines, des supermarchés et des infrastructures touristiques tombés entre leurs mains, la Régie des tabacs et diverses taxes permettaient de faire passer 40 % des recettes de l’État sur les comptes des Duvalier.
Même les denrées de base servaient à enrichir la maison Duvalier. Contrairement aux autres pays où la farine, par exemple, était subventionnée, en Haïti ce fut le contraire. Ainsi, en 1986, le coût des aliments et des matériaux était le plus élevé de toute la Caraïbe : la minoterie d’Haïti par exemple, entreprise d’État qui avait le monopole de la farine, affichait des bénéfices qui étaient reversés au Trésor public. Ainsi les consommateurs versèrent une véritable rente à l’État, rente qui prenait le chemin du trésor privé de la famille Duvalier par différents biais.
Duvalier avait peut-être mal géré l’économie haïtienne, par contre il avait de main de maître géré ses propres finances qui étaient parfaitement alimentées par les caisses de l’État.
Les détournements de la famille Duvalier ont été évalués par deux experts, (puisqu’anciens ministres de Duvalier), entre 600 et 900 millions de dollars, soit le budget d’Haïti pendant plus de 20 ans.
Il faut cependant remarquer que, si c’est Duvalier qui a volé cette somme considérable à son peuple, il n’en a pas été le seul bénéficiaire. Car cet argent a été déposé dans les banques américaines, françaises et suisses. Et si, de temps en temps, il a été question de procès pour le voleur Duvalier, sans d’ailleurs que cela se fasse, il n’a jamais été question de cela pour les receleurs des biens volés, les banquiers.
Quant à la véritable traite d’esclaves organisée en direction des plantations de Saint-Domingue, elle leur rapportait gros : 6 à 8 millions de dollars pour 20 000 « braceros » vendus chaque année. Et tandis que Baby Doc et sa clique profitaient du sursaut touristique pour s’emparer de dizaines de kilomètres de littoral au nord de Port-au-Prince, sa femme mettait la main sur une grande quantité de terres dans l’Artibonite, région la plus fertile du pays. Ces expropriations déclenchèrent d’ailleurs de violentes réactions chez les paysans, notamment en 1977.
Pendant ce temps, les officiers et gros commerçants se partageaient les gigantesques bénéfices de la contrebande, du marché noir et de la drogue, alors que les fonctionnaires arrondissaient leurs fins de mois en négociant leurs services aussi bien que les passeports, les actes d’état civil ou les baccalauréats.
Dans les années 80, après dix ans de « révolution économique », la situation était cependant devenue explosive. Alors que le pouvoir d’achat des ouvriers était de 20 % plus faible qu’en 1970, la Banque Mondiale fut bien forcée de reconnaître dans un rapport que la situation alimentaire en Haïti était encore plus critique qu’en 1958. Face au mécontentement croissant des villes comme des campagnes, les forces de répression eurent de plus en plus de mal à contrôler la situation. En 1978-1979, plusieurs grèves éclatèrent dans les usines et les services (cimenteries, banques...). En 1983, malgré le déploiement des soldats et de macoutes, de violentes manifestations eurent lieu dans le nord et le sud du pays.16
En mars 1983, le Pape Jean-Paul II visite Haïti. Il déclare : « Quelque chose doit changer ici ». Dans son discours, il appelle à une distribution des richesses plus équitable et une structure sociale plus égalitaire. Il exprime le souhait que les élites soient plus concernés par le bien-être des masses et que la population participe plus à la vie publique. Le message revitalise le clergé local et contribue à accroître la mobilisation populaire autour des questions politiques et sociales.
Une révolte éclate dans les provinces en 1985. La ville de Gonaïves est le théâtre des premières manifestations de rue et des magasins de chaîne de grande distribution sont dévalisés. D'octobre 1985 à janvier 1986, la révolte s'étend à six autres villes, incluant Cap-Haïtien. À la fin du mois, les Haïtiens dans le sud sont en révolte. Les révoltes les plus importantes se déroulent dans Les Cayes.
Jean-Claude Duvalier tente de faire face au mécontentement en baissant de 10 % le prix des aliments de base, en fermant les stations de radio indépendantes, en effectuant un remaniement ministériel, mais également par la répression policière et militaire. Sous la pression de la communauté internationale, il institue le poste de Premier ministre grâce à l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution. Ces tentatives ne freinent cependant pas l'élan de révolte populaire contre la dictature dynastique.
En janvier 1986, l'Administration Reagan commence à faire pression sur Duvalier pour qu'il renonce au pouvoir et qu'il quitte Haïti. Des représentants officiels recommandés par le Premier ministre jamaïcain servent d'intermédiaires dans les négociations. À ce moment-là, nombre de duvaliéristes et des hommes d'affaires importants rencontrent le couple Duvalier et les pressent de partir. Les États-Unis rejettent l'asile politique pour Duvalier, mais ils leur proposent de les aider à partir. Initialement, Duvalier accepte et part définitivement le 7 février 1986.
Les Duvalier s'installent en France. Pendant une période, ils vivent une vie de luxe et de faste, bien que n'ayant jamais obtenu officiellement l'asile. Duvalier s'est exilé avec une fortune évaluée à 900 millions de dollars, extraite des caisses de l'État haïtien, soit une somme alors supérieure à la dette externe du pays. Malgré des demandes répétées, il n'est jamais livré à la justice de son pays. La famille Duvalier a pourtant détourné à son profit 80 % de l'aide économique versée à Haïti, mais elle sait user de sa position d'alliée pour ses amis occidentaux dans la lutte contre le « péril communiste ».17
La fin des Duvalier ne signifia pas la fin de la dictature pour Haïti. Une junte militaire dirigée par le général Henri Namphy prit le pouvoir. L’armée ou les anciens miliciens réprimèrent dans le sang les manifestations et tentèrent d’assassiner un prêtre activiste : Jean-Bertrand Aristide. Les élections du 29 novembre 1987 furent empêchées par l’intervention d’un groupe armé. L’armée organisa en janvier 1988 des élections qui furent boycottées. Le président élu, Manigat, osa déplaire et dut s’exiler au bout de deux mois. En septembre 1988, un nouveau coup d'État militaire porta le général Avril. Acculé au départ en mars 1990 sous la pression américaine, Avril s’exila pour ouvrir la voie à des élections sous contrôle international.
Un retour à la démocratie - ou au populisme
Jean-Bertrand Aristide, ancien prêtre qui se fait l’avocat des pauvres, remporte la victoire le 16 décembre 1990 par 67 % des voix. Son accession à la présidence de la République redonne un peu d'espoir au peuple haïtien. Mais, le 29 septembre 1991, il est renversé par une junte militaire dirigée par le général Raoul Cédras. Aidé par la CIA et le gouvernement de George Bush père ; Aristide se réfugie alors aux États-Unis. Les « lavalassiens » se font massacrer. Les Nations unies décrètent un embargo. Des réfugiés commencent à affluer vers les États-Unis.
Sous la présidence de Bill Clinton et avec le soutien du Conseil de sécurité des Nations Unies, les États-Unis interviennent, à la suite d'une visite de l’ancien président Jimmy Carter et du général Colin Powell, 20 000 soldats américains débarquent en Haïti le 19 septembre 1994. Le 15 octobre 1994, le président Aristide est rétabli dans ses fonctions, qu'il laisse à son proche René Préval, élu à la présidence de la République le 17 décembre 1995. Le mandat d'Aristide touchait à sa fin et la Constitution ne l’autorisait pas à en briguer un second consécutivement. En janvier 1997, l’Unesco remet le Prix 1996 de l’éducation aux droits de l’homme à Aristide.
Le gouvernement Préval doit faire face à une opposition constituée de ses anciens alliés. Son mandat est marqué par plusieurs assassinats politiques. Des élections législatives sont organisées en mai 2000. Aristide est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle avec 91 % des suffrages exprimés, mais le scrutin est entaché d’irrégularités et du boycott de l’opposition. Le pays plonge à nouveau dans une situation des plus confuses. Le trafic de drogue dépasse les records atteints sous la junte militaire. Quant à la classe moyenne, elle n'apprécie pas l'ancien « petit curé », lui reprochant son caractère imprévisible et son emprise sur les masses. À partir de 2001, des groupes sans constitution officielle s'attaquent aux partisans du gouvernement. Ces derniers réagissent de la même façon. La police s'attaque aux deux parties avec violence.
En 2003, l’opposition s’organise sous le nom de Groupe des 184. Avec l’appui des étudiants, et malgré la répression de ses partisans, Jean Bertrand Aristide finit par démissionner le 29 février 2004 sous la pression de militaires français et de marines américains, avant-garde d'une force internationale envoyée par l'ONU pour ramener l'ordre dans la capitale, la MINUSTAH. Peu après le départ d'Aristide, le président de la Cour de cassation d'Haïti, Boniface Alexandre, assure l'intérim en vertu de la Constitution. « Titid » — comme l'appellent les gens du pays — est accusé de tous les maux du pays, d'enrichissement personnel et de crimes politiques. Exilé en Afrique, Aristide finit par être accueilli par l'Afrique du Sud, où il se plaint que les militaires étrangers l'aient forcé à démissionner et à partir sur leur hélicoptère.
Aux élections du 7 février 2006, organisées sous supervision internationale, la foule port-au-princienne pousse les organisateurs à accorder la victoire à René Préval arrivé nettement en tête au 1er tour de scrutin. Du même parti qu'Aristide, il est son successeur désigné. Des fraudes sont décelées en faveur de l'opposition, notamment des urnes en faveur de Préval retrouvées dans des décharges. Investi de ses pouvoirs le mardi 13 juin 2006, il appelle à l'unité nationale.
Sur le plan international, Paris négocie avec Port-au-Prince un accord de réadmission dans le cadre du partenariat France-Haïti 2008-2012 (chapitre « Immigration et codéveloppement »). Celui-ci, en cours de négociations en août 2009, est contesté par le Collectif Haïti de France, la Plate-forme des associations franco-haïtiennes (PAFHA) et le collectif Migrants outre-mer.18
Le terrible séisme de 2010
Le séisme de 2010 en Haïti est un tremblement de terre d’une magnitude de 7,0 à 7,33 survenu le 12 janvier 2010. Son épicentre est situé approximativement à 25 km de Port-au-Prince, la capitale.
Le tremblement de terre a causé de nombreuses victimes, morts, blessés et amputés. En date du 9 février 2010, Marie-Laurence Jocelyn Lassegue, ministre des communications, confirme un bilan de plus 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris. L'Institut géologique américain avait annoncé le 24 janvier avoir enregistré 52 répliques d'une magnitude supérieure ou égale à 4,57. 211 rescapés ont été extraits des décombres par les équipes de secouristes venues du monde entier. Solidarité internationale venue renforcer les efforts des Haïtiens qui eux-mêmes, souvent à mains nues, ont sauvé des décombres des centaines de personnes.
Les structures et l’organisation de l’État haïtien ont souffert de la catastrophe ; au bout de trois jours, l’état d’urgence a été déclaré sur l’ensemble du pays pour un mois. De très nombreux bâtiments ont également été détruits, dont le palais national et la cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince.19
Le séisme est survenu le 12 janvier 2010 (12 1 2010).
12x1x2010 = 24120
Le code postal 24120 est celui de la commune de TERRASSON-LAVILLEDIEU.
Effectivement, lors du séisme du 12 janvier 2010, DIEU a TERRASSÉ la VILLE de Port-au-Prince.
Mais le message de DIEU est : « TERRASSON LA VILLE » car il nous fait comprendre que « NOUS TERRASSONS » les pays pauvres en laissant le capitalisme et l'impérialisme diriger le monde.
« Car en réalité, le tremblement de terre qu’a vécu Haïti en 2010 se reproduit tous les jours dans l’indifférence générale de la fameuse "communauté internationale". Tous les jours ou presque, Haïti voit ses enfants mourir de faim, de malnutrition, de maladies. Et aucun des médias dominants dans les pays riches de la planète ne s’en est jamais vraiment ému. La catastrophe que vit tous les jours le pays caribéen n’est pas naturelle mais économique, politique, sociale et humanitaire. Voilà plus de deux cents ans que le tremblement de terre haïtien a commencé et il ne semble malheureusement pas près de prendre fin. »20
Après le terrible séisme du 12 janvier 2010, la presse n’a cessé de broder sur le thème de la « malédiction » qui frapperait Haïti. Mais contrairement à ce qui ressort de tous ces commentaires, si malédiction il y a, elle ne doit rien ni au ciel, ni au hasard, ni à la malchance : la « malédiction » du peuple haïtien, c’est d’être étranglé depuis des siècles par la colonisation d’abord – espagnole puis française – et l’impérialisme ensuite.
Les images épouvantables diffusées par toutes les télévisions après le tremblement de terre ont montré toute la réalité de ce pays : ni eau, ni nourriture, ni infrastructures, ni pelleteuses pour tenter de retrouver des survivants dans les décombres.
L’histoire d’Haïti, depuis que cette île a eu le malheur d’être sur le chemin de Christophe Colomb en 1492, n’est qu’une longue suite de massacres, de pillages, de violence, de corruption.21
« Lors de la révolution haïtienne, l'expédition française avait pour but ultime d’exterminer littéralement tous les Noirs qui avaient participé à la révolution, comme en témoigne ce passage d’une lettre envoyée par Leclerc à Napoléon : ''Voici mon opinion sur ce pays : il faut supprimer tous les Noirs des montagnes, hommes, femmes, en conservant seulement les enfants de moins de douze ans, exterminer la moitié des Noirs des plaines et ne pas laisser dans la colonie un seul mulâtre portant des épaulettes''. Ce genre de propos auraient très bien pu être prononcés par Hitler concernant l’extermination des Tziganes. C’est dire le degré de barbarie qui habitait les militaires français à cette époque. Un an plus tard, en 1802, Toussaint Louverture fut fait prisonnier et envoyé à Paris où il mourut emprisonné l’année suivante. Et c’est un autre révolutionnaire noir, Jean-Jacques Dessalines qui prît la relève de la lutte. »22
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la vie politique à Haïti va de coup d’État en putsch, d’interventions militaires en répression de la population. Les deux puissances tutélaires qui ont mis le pays en coupe réglée, les États-Unis et la France, ont protégé depuis des décennies les pires crapules qui ont dirigé Haïti, et quand elles ont cessé d’un soutenir une, c’était pour en mettre une autre à la place. L’île est livrée à la rapacité d’une bourgeoisie locale à la mentalité d’esclavagistes et à celle des « investisseurs » américains ou français, qui y trouvent une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci, payée à des salaires qui ne permettent que de vivre dans des conditions infrahumaines. Elle est aussi livrée, depuis des décennies là encore, à la violence des bandes armées et des gangs, qu’il s’agisse de voyous agissant pour le compte de l’État, pour celui des patrons locaux, ou pour le leur propre.23
« Les années suivant le tremblement de terre, les pays occidentaux et les médias dominants ont complètement cessé d’évoquer la situation en Haïti. C’est bien pourquoi on peut légitimement parler de ''solidarité'' et de ''compassion'' de façade lors du tremblement de terre. Car, si les médias notamment se souciaient réellement du sort réservé à Haïti, ils auraient dû être sur place depuis bien longtemps pour montrer aux téléspectateurs les gens qui, à défaut de pouvoir manger de la vraie nourriture, se nourrissent de galettes de terre. »24
Le séisme est survenu le 12 janvier 2010 (12 1 2010).
12x1x2010 = 24120
Le code postal 24120 est également celui de la commune de BEAUREGARD-DE-TERRASSON.
Dieu nous fait comprendre que nous portons notre REGARD sur les pauvres seulement lorsqu'une catastrophe naturelle les TERRASSE.
Nous les aidons financièrement uniquement à ce moment-là alors qu'ils ont besoin de notre aide quotidiennement car ils vivent dans des conditions inhumaines.
Un enfant à BEAU mourir toutes les 5 secondes, TERRASSÉ par la pauvreté, nous préférons porter notre REGARD ailleurs.
Le message est TERRASSONS la VILLE-DIEU car nous nous INTÉRESSONS aux pauvres seulement lorsque DIEU à TERRASSÉ leurs VILLES après une catastrophe naturelle.
Dieu veut nous faire comprendre qu'ils sont TERRASSÉS bien avant la catastrophe puisque NOUS les TERRASONS en laissant par exemple nos dirigeants imposer aux Haïtiens, les politiques d'ajustement structurel du FMI qui visent à enrichir les rois du capitalisme.
Ainsi, comme le révèle Jean Ziegler : « Les États-Unis ont fortement poussé le FMI à imposer à Haïti trois plans d’ajustement structurel qui se sont révélés meurtriers pour le peuple haïtien. Ces programmes successifs ont réduit les droits de douane d’Haïti de 50 % à 3 %, en privant l’État d’une des rares ressources à sa disposition. Au début des années 1980, le pays était autosuffisant en riz. Aujourd’hui, il importe 75 % de ses besoins. Le riz subventionné en provenance de l’étranger a inondé le pays, ruinant des dizaines de milliers de familles paysannes, les chassant de leurs terres vers les bidonvilles. En un peu plus de deux générations, Port-au-Prince, par exemple, est passé de 50 000 à plus de 2 millions d’habitants. Mais en 2007, brusquement, les prix ont flambé : 65 % d’augmentation pour le riz, 83 % pour la farine. Ce sont les spéculateurs des Bourses de matières premières agricoles qui fixent les prix. Les Haïtiens paient ou meurent. De plus, la privatisation de pratiquement tous les secteurs publics et la presque totale libéralisation des mouvements de capitaux, de marchandises et de services ont aussi ouvert grand la porte aux sociétés transnationales privées américaines. »25
Nous sommes pratiquement tous complices de cette économie criminelle et nous fermons les yeux sur les ravages de la politique menée par nos dirigeants. Il existe pourtant des alternatives au nazi-capitalisme ; pour améliorer la situation des Haïtiens, Jean Ziegler soutient qu'il faudrait « abolir l’accord de partenariat économique (APE) imposé en 2008 par l’Union européenne à Haïti, qui instaure la libéralisation totale des mouvements de capitaux, de marchandises, de services et des brevets en privant Haïti de ses recettes douanières. Il faudrait aussi annuler la dette extérieure d’Haïti. La majorité des 9 millions d’Haïtiens survivent de l’agriculture sur une terre de 28 000 km2, aride, frappée de surexploitation, de déforestation et d’érosion. C’est dans ce secteur que les investissements prioritaires devraient être faits. Le pays a aussi besoin d’une législation du travail et d’un salaire minimum applicable, notamment, dans les zones de production extraterritoriales, où des travailleuses et des travailleurs, sans aucune protection sociale et pour un salaire de misère, cousent des blue-jeans pour les trusts étrangers. Haïti devrait aussi rejoindre l’Alba (Alliance bolivarienne pour les Amériques) au sein de laquelle des pays comme le Venezuela, Cuba et le Nicaragua établissent entre eux des rapports commerciaux équitables. Reste que sans une formidable mobilisation de l’opinion publique et de la société civile internationale, ce seront encore les intérêts immédiats du capital financier globalisé qui détermineront la stratégie de reconstruction d’Haïti. »26
« Après le tremblement de terre, c’est d’Amérique Latine que sont venus les réflexions et les discours les plus forts et les plus émouvants à destination du peuple haïtien. Tout d’abord, la réflexion du leader de la révolution cubaine Fidel Castro qui écrivit ceci après le tremblement de terre :
''La tragédie émeut en toute bonne foi un grand nombre de personnes, spécialement de par son caractère naturel. Mais très peu d’entre eux s’arrêtent et se posent la question : pourquoi Haïti est-il si pauvre ? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50 % des mandats envoyés de l’extérieur par leurs familles ? Pourquoi ne pas analyser également les réalités qui conduisent à la situation actuelle de Haïti et à ses énormes souffrances ? Le plus curieux dans cette histoire, c’est que personne ne dit un mot pour rappeler qu’Haïti a été le premier pays dans lequel 400 000 Africains, mis en esclavage et objets du trafic des Européens, se sont soulevés contre 30 000 propriétaires blancs de plantations de canne à sucre et de café, accomplissant la première grande révolution sociale de notre hémisphère. Les pages d’une indépassable gloire ont été écrites. Là-bas, le plus éminent général de Napoléon a été vaincu. Haïti est le produit du colonialisme. Haïti est le produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’exploitation de ses ressources humaines, dans les travaux les plus durs, victimes des interventions militaires et de l’extraction de ses richesses. Cet oubli historique n’est pas aussi dramatique que la situation actuelle d’Haïti, une honte pour notre époque, dans un monde où prévalent l’exploitation des habitants de la planète et le pillage de ses ressources''.
Hugo Chávez a également prit la parole devant l’Assemblée nationale de son pays pour apporter son soutien à Haïti. Il déclara à la suite du tremblement de terre :
''Tant que ne s’achèvera pas le colonialisme, tant que ne s’achèvera pas l’impérialisme et je dirais plus : tant que ne s’achèvera pas le capitalisme, nous aurons des situations et des peuples vivant la douloureuse situation que vit Haïti''. L’ancien Président vénézuélien fit également part de son émotion lorsqu’il visita pour la première fois Haïti. Il raconta très ému :
''Lorsqu’il y a plusieurs années, pour la première fois, nous avons visité Haïti, je vous le confesse, j’ai eu envie de me mettre à pleurer. Avec ce peuple dans la rue, une joie, un espoir, une magie et une misère... Et je me rappelle une phrase qui m’est sortie du cœur. J’ai dit à un de mes compagnons les plus proches à la descente de la camionnette, je lui ai dit regarde compagnon : 'les portes de l’enfer habité par des anges noirs'. Car c’est un peuple angélique. Et je ratifie tout notre engagement, celui de notre peuple, de tout le peuple vénézuélien avec le peuple d’Haïti, de la révolution bolivarienne avec le peuple d’Haïti, avec sa douleur, avec sa tragédie, avec son espoir''.
Tout comme pendant des années, les mouvements de gauche à travers le monde se sont mobilisés pour que soit mis fin à l’embargo contre Cuba, nous devons en tant que médias alternatifs, organisations altermondialistes, opinions publiques, citoyens, lutter au quotidien malgré le peu de moyens que nous avons, pour l'instant, pour faire entendre la voix du peuple haïtien afin que ce dernier puisse conquérir sa véritable et définitive indépendance ! »27
En attendant, Dieu nous fait comprendre que les Haïtiens et les pauvres du monde entier sont TERRASSÉS par le capitalisme et l'impérialisme, donc nous devons éradiquer ces deux fléaux pour secourir les pauvres du monde entier.
À travers le séisme de Haïti, Dieu nous montre le chemin à suivre pour TERRASSER le capitalisme.
Le séisme du 12 janvier 2010 n'a pas seulement terrassé la ville de Port-au-Prince, le séisme a également terrassé la ville de CARREFOUR.
CARREFOUR est une ville haïtienne de 300 000 habitants, qui fut détruite à 40 % après le séisme.
L'entreprise CARREFOUR est l'un des leaders de la grande distribution en France.
Dieu nous fait comprendre que nous TERRASSERONS le capitalisme lorsque nos produits révolutionnaires se trouveront dans les RAYONS de supermarché des magasins CARREFOUR.
RAYONS le mot « égoïsme » de notre vocabulaire en redistribuant 100 % des bénéfices de nos futures entreprises pour créer des emplois et ainsi apporter un RAYON de SOLEIL à des milliers de chômeurs.
La cité SOLEIL est une commune de 240 000 habitants qui est le plus grand bidonville de la conurbation constituée autour de la capitale du pays, Port-au-Prince.28
Nous apporterons le SOLEIL aux Haïtiens quand nous aurons pris le pouvoir en France, car nous leur viendrons en aide dès que nous aurons restauré les finances de notre pays. Le combat sera long mais nous paierons un jour notre dette.
Lorsque nous serons au pouvoir, nous déciderons éventuellement de bloquer L'OUVERTURE des frontières à certaines marchandises de capitalistes étrangers, pour montrer aux Haïtiens la marche à suivre pour se protéger des invasions barbares.
L'objectif est de TERRASSER le capitalisme pour permettre un jour L'OUVERTURE définitive des frontières à tous les habitants de la Terre afin que chacun puisse voyager librement, travailler et s'installer indéfiniment là ou il le désire.
Vous êtes dorénavant au CARREFOUR de votre vie, vous devez suivre le bon chemin pour espérer un jour monter l'ÉCHELLE qui mène au royaume de Dieu.
Le séisme du 12 janvier 2010 était un séisme de magnitude 7,0 à 7,3 sur l'ÉCHELLE de RICHTER.
RICHTER = REICH TERRE
Le IIIe REICH capitaliste TERRASSE quotidiennement la TERRE.
7,3 = 73
Le département 73 est celui de la SAVOIE.
Tu es arrivé au CARREFOUR de ta vie donc tu dois maintenant écouter le message de Dieu et suivre SA VOIE pour entrer au paradis, ou alors tu seras TERRASSÉ par les flammes de l'enfer si tu continues à voter pour un système économique qui ravage l'existence de milliards d'êtres humains.
Catastrophe naturelle sur fond de catastrophe sociale
300 000 morts, et sans doute plus. Des dizaines de milliers de blessés dont beaucoup garderont des séquelles graves. Plusieurs villes, dont la capitale Port-au-Prince, détruites en grande partie. 1 300 000 personnes sans abri qui continuent, un mois et demi après la catastrophe, à vivre dans des conditions précaires, dans la rue, sur des espaces dégagés, car des répliques continuent à faire s’effondrer des maisons fissurées.
Cette catastrophe naturelle, une des plus importantes de ces dernières années, était une catastrophe annoncée. Au sens littéral du terme pour ce qui est de la catastrophe naturelle, car des géologues connaissant l’existence de la faille entre plaques tectoniques sous l’île tiraient la sonnette d’alarme depuis bien longtemps. Sans le moindre résultat, c’est-à-dire sans la moindre réaction ni des autorités locales ni des autorités internationales.
Si la catastrophe naturelle était annoncée, ses conséquences, c’est-à-dire la catastrophe sociale, l’étaient plus encore. D’autres pays que Haïti ont connu dans le passé des tremblements de terre d’une magnitude comparable. Mais lorsqu’ils se produisent en Californie ou au Japon, quand bien même c’est toujours dramatique, les conséquences dans ces pays développés, riches, sont sans comparaison avec les conséquences en Haïti.
Dans ce pays, rappelons-le, le plus pauvre de l’hémisphère américain et un des plus pauvres du monde, il suffit d’une tempête tropicale, voire simplement d’une grosse pluie, pour que cela se traduise par des dizaines, des centaines, voire des milliers de victimes. Parce qu’il n’existe dans le pays ni moyens de prévention ni moyens de sauvetage. Parce que la population pauvre – l’écrasante majorité – construit comme elle peut et là où elle peut avec des matériaux de mauvaise qualité.
Des plumitifs imbéciles, à qui la formule plaît, ont repris l’expression « la malédiction pèse sur Haïti ». Mais, si malédiction il y a, c’est celle d’avoir été d’abord la colonie la plus riche de la France, qui a imposé pendant deux siècles l’esclavage, l’exploitation forcenée de la canne à sucre et, surtout, de ceux qui la cultivaient, les esclaves amenés d’Afrique.
Puis, lorsque les esclaves se sont soulevés dans le contexte de la Révolution française ; lorsque, victorieux, ils ont chassé les armées de Napoléon Bonaparte pour proclamer leur indépendance en faisant de Haïti le premier État issu d’une révolte d’esclaves victorieuse, l’État français ne s’est pas contenté de se faire une raison de sa défaite. Après avoir soumis l’ex-colonie au blocus économique, l’État français a fini, en alliance avec la petite couche dirigeante du nouvel État haïtien, par imposer au pays le dédommagement des anciens propriétaires d’esclaves. Et, pendant huit décennies, alors qu’en France les gouvernements changeaient et même les régimes, qu’on passait de la monarchie au règne de Napoléon III puis à la République, Haïti continua à payer.
À payer une dette qui, avec les intérêts, a saigné à blanc le pays, ou plus exactement l’écrasante majorité de sa population, les paysans, les petites gens des villes, qui ont été soumis à une exploitation éhontée pour enrichir les grandes banques françaises, dont certaines ou leurs héritières ont pignon sur rue aujourd’hui encore.
Puis, au siècle suivant, aux pilleurs de France se sont ajoutés des pilleurs des États-Unis, dont les armées ont d’ailleurs occupé Haïti toute une partie du 20e siècle.
Et aujourd’hui encore, si les propriétaires du peu d’entreprises qui existent, regroupées pour l’essentiel dans la zone industrielle de Port-au-Prince, sont de diverses nationalités, y compris haïtienne, la zone elle-même travaille pour de grandes chaînes commerciales américaines. Ainsi, dans ce pays si proche des côtes américaines, les ouvriers gagnent en gros en un mois ce que touchent les ouvriers américains en un jour !
Alors si, parmi ceux qui sont morts sous les décombres, il y a des notables, des bourgeois, et si le palais présidentiel lui-même s’est écroulé, l’écrasante majorité des victimes sont des pauvres. Ils sont morts autant et plus de pauvreté que du fait de la nature.
Contrairement aux stupidités véhiculées par les grands moyens d’information qui ont mis l’accent pendant plusieurs jours sur les « pillages » ainsi que sur l’intervention « humanitaire » des États-Unis ou de la France, ceux qui ont été sauvés l’ont été surtout par la population elle-même, par des voisins, par des familiers ou pas, qui, dans un élan de solidarité extraordinaire, se sont efforcés de dégager à mains nues ceux qui se trouvaient sous les ruines. Et ils l’ont fait pendant ces deux premiers jours où les hélicoptères, américains notamment, ne faisaient que survoler Port-au-Prince pour préparer le débarquement d’avions et de militaires pour mettre la main sur l’aéroport de Haïti.
Alors que les télévisions du monde entier arrosaient les téléspectateurs d’images de bons Samaritains venus des grandes puissances sauver quelques dizaines d’êtres humains, l’intervention de ces grandes puissances était et reste toujours dérisoire par rapport à leurs possibilités. De plus, une intervention ciblée. Pendant que des bourgeois haïtiens quittaient le pays pour se mettre à l’abri des répliques de la terre comme des menaces d’épidémies, beaucoup de quartiers populaires n’avaient ni nourriture ni eau potable.
Et, au milieu d’une rivalité passablement indécente entre grandes puissances, remportée bien entendu par la plus puissante d’entre elles, chacune cherchait surtout à avancer ses pions diplomatiques ou militaires. Les États-Unis, par exemple, ont envoyé bien plus de soldats que de médecins et d’infirmières. Et, malgré Clinton qui s’est bombardé opérateur humanitaire en chef et se faisait filmer par toutes les caméras de télévision présentes, la population qui dormait dans la rue n’a même pas eu de tentes en nombre suffisant pour s’abriter alors que commençait la saison des pluies !
Que l’on compare : pour venir au secours du plus d’un million de sans-abri en Haïti, Obama avait promis 100 millions de dollars d’aide, qui seront finalement peut-être 300 millions. Pour venir au secours des banquiers, les États-Unis avaient débloqué 1 000 milliards.
La France de son côté parlait de 300 millions d’aide. Mais le montant de la dette imposée par la France à Haïti, et qui a saigné ce pays pendant plusieurs décennies, est estimé en euros d’aujourd’hui à quelque 21 milliards !
Oh, ce ne sont pas les réunions, les colloques, les sommets entre chefs d’État qui ont manqué, avec pour prétexte l’aide à Haïti ! Pas plus que les visites de chefs d’État, parmi lesquelles le passage-éclair de Sarkozy a été un des moins ragoûtants, lui qui a passé quelques heures à survoler les ruines pour pouvoir se flatter d’être le premier chef d’État français à se rendre en Haïti !
Pendant ce temps, une partie de la population de la capitale, fuyant les odeurs pestilentielles, la menace d’épidémies ou simplement le manque de nourriture et d’eau potable, est partie vers les villages de la campagne où il n’y a pas plus de nourriture, en tout cas pas assez pour tous ces réfugiés de l’intérieur.
Mais, bien à l’image de cette société, alors que la ville est en ruines, la zone industrielle, du fait de ses structures légères, a été épargnée par le tremblement de terre, et s’est remise à fonctionner. Et les ouvrières et les ouvriers du textile ou de la petite mécanique des usines de Port-au-Prince ont désormais le « privilège » de traverser une ville détruite pour pouvoir se faire exploiter pour un salaire de trois ou quatre dollars par jour.29
Haïti 5 ans après le séisme
Cinq années mouvementées... Depuis le tremblement de terre, chaque année a eu son lot d’actualité qui, loin des caméras, a eu son importance. Et par effet d’accumulation, cela permet aujourd’hui au peuple haïtien de se relever. à peine le tremblement de terre passé, la population haïtienne a dû faire face à une épidémie de choléra qui continue à sévir dans les trop nombreux camps de sans-abri. 8 000 personnes en sont mortes, alors que cette épidémie, importée par les forces de la Minustah (casques bleus), avait créé un mouvement de colère contre ces nouvelles forces d’occupation qui n’ont toujours pas reconnu être à l’origine de l’épidémie (malgré le résultat de différentes études).
C’est dans ce climat de colère et d’injustice que Michel Martelly est élu en 2011. Affrontements de gangs rivaux soutenant différents candidats, bourrage d’urnes, Martelly s’imposera sans incarner de ruptures avec la domination d’une bourgeoisie issue des années Duvallier et du Macoutisme. Ces dernières années, Baby doc fera d’ailleurs son retour sur l’île en toute sérénité, bien que menacé de procès... Il ne sera jamais réellement menacé et s’éteindra fin 2014. Le pouvoir, qui voulait faire de son enterrement des funérailles nationales, devra reculer face à l’indignation et à la mobilisation.
Car des mobilisations, Haïti n’en aura pas manqué ces dernières années, passant au fil des mois et des années de l’indignation sur le terrain social au rejet de la classe politique au pouvoir.
Vers le « déchoukage » ?
Le travail syndical et politique d’organisations progressistes a commencé à porter ses fruits. La reconstruction d’Haïti a surtout été concentrée sur l’élargissement du nombre de zones franches qui profitent principalement aux entreprises américaines, des zones de non-droit syndical. Le tremblement de terre avait interrompu une mobilisation naissante sur le salaire minimum, pour que ce dernier soit porté à 500 gourdes (9,24 euros) par jour. Ces luttes ont su reprendre et porter leurs fruits en 2014, le pouvoir ne répondant pas à cette revendication mais devant tout de même définir un salaire minimum. Évidemment, cette mobilisation s’est passée dans le cadre d’une répression féroce, mais a créé le terreau d’une mobilisation sociale d’ampleur rare dans l’histoire haïtienne. C’est la création de nouvelles taxes de 10 % sur les salaires des travailleurs pauvres qui a définitivement mis le feu aux poudres.
Du social au politique, le pas a été franchi avec la démission du Premier ministre le 21 décembre 2014, mettant de plus en plus en difficulté le pouvoir du président Martelly. Ce dernier manipule les institutions pour ne pas paraître affaibli, mais c’est bien le cas, le nouveau Premier ministre étant nommé pour une durée de 30 jours…
Ce mouvement populaire est évidemment récupéré par les partis d’opposition qui demandent le « déchoukage » (l’éviction) du gouvernement et du président de la République, et l’organisation de nouvelles élections. Mais ils ne reprennent évidemment pas les revendications de la mobilisation populaire portant sur le salaire minimum, et le manque d’électricité et d’eau dans les quartiers populaires.30
Hausse du dollar et vie chère
En juillet 2015, dans leur journal La voix des travailleurs, l’OTR – Organisation des Travailleurs Révolutionnaires – décrit les conséquences dramatiques de la dévaluation de la monnaie nationale, la gourde.
Des pleurs, des cris, des larmes, de la souffrance ; ici ce sont des enfants souvent en bas âge qui crient, le ventre creux, suppliant leurs parents de leur donner à manger ; ce sont des travailleurs qui sont obligés de travailler, l’estomac vide, incapables de se payer le prix d’un bol de riz devant l’usine. Là-bas, ce sont des locataires et les propriétaires de maison qui en viennent aux mains pour le non-paiement du bail ; ce sont des travailleurs qui font des kilomètres à pied faute de pouvoir trouver l’argent d’une course. Des exemples comme ceux-là, il en existe des milliers, qui illustrent l’extrême pauvreté et la précarité de la vie des masses pauvres du pays. Certes, cette situation ne date pas d’aujourd’hui, mais elle a connu une rapide détérioration depuis l’annonce de la décote de la gourde par rapport au dollar et du large écho dont elle a pu bénéficier dans les médias. Tout est fait pour préparer la population à accepter l’inacceptable.
Sur six mois, le taux de change de la gourde est passé de 45 à 52 gourdes environ pour un dollar, avec une forte accélération pour le seul mois de juin. Mais comment expliquer cette brusque augmentation incompréhensible des prix des produits de première nécessité autrement que par la volonté des magnats de l’économie de s’en prendre aux plus pauvres ? En un clignement de paupières, tous les prix des produits de grande consommation connaissent une forte hausse, parfois totalement disproportionnée par rapport aux quelques points de dévaluation de la gourde. En voici quelques exemples : la petite marmite de riz est passée de 120 gourdes à 125 gourdes, le gallon d’huile Mazola est passé de 300 à 350 gourdes, la marmite de fable lava est passée de 100 à 110 gourdes, la petite barre de savon Appolo de 10 gourdes à 11 gourdes, la barre de savon Banda de 5 à 6 gourdes, la petite boîte de lait Bongu de 20 à 22 gourdes, la petite marmite de pois noirs est passée de 50 gourdes à 75 gourdes, la grosse marmite de pois beurre de 250 gourdes à 400 gourdes, la marmite de sucre crème de 100 à 120 gourdes, et le coca de 15 à 17 gourdes. (…)
Il n’est en effet un secret pour personne que toutes les richesses du pays sont entre les mains de quelques riches familles haïtiennes. Ce sont elles qui décident de tout dans le pays, en dépit des balivernes des politiciens de la classe politique. Ce sont elles qui, pour accroître leurs richesses, ont transformé le pays en un vaste marché, pour la République dominicaine et les USA notamment. À partir du moment où elles peuvent, rien qu’en manipulant, en jouant sur le taux de change, le marché noir, faire fructifier leurs capitaux, le reste n’a aucune importance à leurs yeux.
Avec leur argent, elles s’achètent les politiciens, piétinent et réduisent à leur plus simple expression toutes les institutions du pays. Si le pays a fait tel choix économique plutôt qu’un autre, il faut croire que cela arrange cette oligarchie économique.
Oui, il faut produire, développer l’agriculture en fonction des besoins de la population ; il faut créer du travail en ouvrant de grands chantiers, que cela soit dans le domaine du logement, de la santé, de l’éducation, des infrastructures routières, du sport, etc. Mais cela risque d’être chimérique tant que les moyens pour le faire restent la propriété privée de quelques individus. Tant que l’économie est dirigée par cette poignée de sangsues, la misère et les calamités des masses ne peuvent qu’empirer.31
Des joutes électorales sans enjeu pour la population
Le deuxième tour des élections présidentielles, programmé pour le dimanche 24 janvier 2016, a été ajourné sine-die vendredi 22, soit 48 heures avant l’ouverture des bureaux de vote, par cinq des neuf membres du Conseil électoral provisoire (organisme chargé de l’organisation et de la supervision des élections) « pour des raisons évidentes de sécurité », selon son président.
Une douzaine de bureaux de vote avaient été saccagés dans la nuit du jeudi au vendredi. Dans la semaine qui précédait la date prévue du scrutin, le président de la République sortant, Martelly, avait annoncé que la police était mobilisée pour assurer le bon déroulement du scrutin et la sécurité de la population. Son Premier ministre, K-Plume, avait fait savoir de son côté que toutes les manifestations étaient interdites à partir du vendredi 22 janvier à minuit.
Mais durant le week-end, plusieurs milliers de manifestants proches de l’opposition ont investi les rues de Port-au-Prince, et de quelques villes de province, avec tout le long du parcours des vitres de voitures brisées, incendiées, des magasins saccagés. Ils réclamaient le départ de Martelly et de Jovenel Moïse, celui qu’il a choisi pour lui succéder. Ce dernier a essayé d’organiser des manifestations de protestation contre l’annulation du scrutin, mais sans grand succès.
Au premier tour du scrutin présidentiel, le 25 octobre 2015, Jovenel Moïse, le candidat du pouvoir, avait recueilli 32,76 % des voix contre 25,29 % pour Jude Célestin, arrivé deuxième. Mais ce dernier avait déclaré officiellement ne pas vouloir participer au deuxième tour de l’élection, dénoncée par l’opposition comme une farce ridicule et un coup d’État électoral. Il n’y avait donc plus qu’un seul candidat à mener campagne, celui du pouvoir.
L’annonce du report du scrutin par le Comité électoral provisoire a été bien accueillie dans les usines et dans les quartiers. Mais ce n’était pas parce que les ouvriers et la population pauvre prenaient parti pour l’opposition ou se passionnaient pour les élections, mais parce qu’ils craignaient les troubles et même les violences qui auraient pu en résulter entre les partisans des candidats opposés. Dans la zone industrielle, les patrons avaient d’ailleurs donné congé aux ouvriers du vendredi au lundi. Mais après l’annulation du scrutin, ils les ont rappelés pour travailler samedi.
Le 25 octobre, au total 54 candidats s’étaient présentés à l’élection présidentielle. Les abstentions auraient alors atteint au minimum 82 %. Comme l’écrivait l’Organisation des travailleurs révolutionnaires d’Haïti (OTR-UCI) à l’époque dans leur journal, Voix des travailleurs : « La population a littéralement ignoré ces joutes électorales, ce qui a donné libre cours aux magouilles des officines du Conseil électoral provisoire et des ambassades étrangères. » Ces magouilles ont abouti à la situation actuelle, à des joutes électorales entre les mêmes politiciens au service de la bourgeoisie, des classes riches et de leurs propres intérêts. De ces joutes électorales, les travailleurs, les pauvres, n’ont rien à attendre.
Pendant que les politiciens s’empaillent pour se frayer un chemin vers des postes profitables dans le prochain gouvernement, la situation des ouvriers, des pauvres, dans les usines et dans les quartiers continue de s’aggraver.32
L’ONU et le choléra
Après des années de dénégations, l’ONU a reconnu du bout des lèvres que la souche de bactérie à l’origine de l’épidémie de choléra qui frappe Haïti depuis 2010 y a été introduite par des casques bleus.
Les eaux usées d’un bataillon de soldats népalais de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) ont contaminé la rivière dans laquelle elles ont été déversées. La maladie s’est ensuite répandue de façon dramatique, dans un contexte de chaos sanitaire aggravé par le séisme intervenu quelques mois plus tôt dans ce pays, parmi les plus pauvres du monde.
Alors que le choléra n’avait pas frappé Haïti depuis cent cinquante ans, l’épidémie actuelle serait la pire que le monde ait connue depuis des décennies. 800 000 personnes ont été touchées, presque 8 % de la population, et 10 000 sont décédées.
Des ONG se battent depuis des années pour faire reconnaître la responsabilité de l’ONU, espérant lui faire payer des compensations pour les victimes et des moyens pour protéger la population. Il serait question de quelque 40 milliards de dollars. Mais il est improbable que l’ONU paye, car elle est protégée par une immunité qu’elle a déjà fait jouer dans cette affaire. Bien loin de fournir à la population les moyens sanitaires les plus élémentaires, les grandes puissances envoient des troupes défendre ce qu’elles appellent la stabilité du pays, c’est-à-dire un ordre conforme à leurs intérêts et à ceux de la bourgeoisie locale, sans se soucier des conséquences pour la population.33
Une nouvelle catastrophe annoncée
Pa malédisyon ! Se eksplwatasyon ! Tel est le titre en créole de l’éditorial du journal Combat ouvrier aux Antilles, après le passage meurtrier de l’ouragan Matthew sur les départements méridionaux d’Haïti, le 4 octobre 2016.
Des centaines de morts selon le bilan officiel, peut-être un millier, des centaines de milliers de sans-abri, la faim, le choléra qui menace : la population pauvre de ce pays de 10 millions d’habitants vient alors de subir une nouvelle catastrophe, d’origine naturelle certes, mais dont les effets ont été largement décuplés par l’incurie d’un État dirigé par une bourgeoisie égoïste et avide.
Cinq ans et demi après le séisme de janvier 2010, la population pauvre se relève à peine de la catastrophe, où elle a tout perdu, qu’un ouragan de force 4 sur une échelle de 5 est venu balayer, le 4 octobre, le sud du pays. Alors que la situation de la population pauvre ne cesse de se dégrader, voilà qu’elle paye les conséquences du passage de Matthew. Pourtant, des alertes avaient été lancées plusieurs jours auparavant dans la zone que le cyclone allait traverser : en Jamaïque, à Cuba, en Haïti et en Floride, les autorités ont relayé les alertes et organisé la protection des habitants… mais pas partout.
En Haïti, la Protection civile avait signalé des abris provisoires dans le grand-Sud pouvant accueillir pour quelques jours plusieurs dizaines de milliers de personnes. Or, non seulement plus de deux millions de personnes habitent les quatre départements touchés, mais ces annonces n’étaient que du bluff. Les sinistrés n’ont dû leur survie qu’à la solidarité entre riverains, comme le raconte une femme dont la cabane s’est effondrée et qui, avançant à l’aveuglette dans la tourmente, a été happée par des habitants qui l’ont protégée dans une maison en béton. Les dégâts matériels sont énormes. Les plus durement touchés ont été, évidemment, les habitants des villages de cabanes construites en bordure de mer. Les villages et les maisons sont inondés, les toits arrachés, les maisons et jardins détruits, le bétail emporté.
Après l’effondrement de ponts et de routes, la région a été littéralement coupée du monde pendant plusieurs jours, sans eau potable, sans vivres et sans communication possible. L’État, lui aussi, est aux abonnés absents. Alors que les sinistrés sont aux abois, l’aide arrive lentement, quand elle arrive, et les files d’attente se pressent quand un camion de ravitaillement d’une ONG est annoncé. Le choléra, pas encore enrayé, menace à nouveau de sévir suite aux inondations et à l’eau contaminée. Quant aux élections qui devaient se tenir le 9 octobre, elles ont été reportées sine die.
Dans son éditorial du 8 octobre, le journal Combat ouvrier écrivait : « Dans la population, on entend souvent, en Guadeloupe et en Martinique et aussi en Haïti, dire que c’est la “malédiction” qui frappe Haïti. Ce n’est pas vrai. C’est la pauvreté extrême qui fait la vulnérabilité de la population de ce pays aux catastrophes naturelles. Il n’y a pas de fatalité.
La majorité de la population vit dans des logements de fortune, posés dans des zones à risque d’inondation, d’écoulement de boue. 78 % de cette population vit sous le seuil de la pauvreté et 56 % dans une pauvreté extrême.
Le taux de chômage dépasse les 60 %. Les rares travailleurs ayant la possibilité de vendre à bas prix leur force de travail, les ouvriers de la zone industrielle de Port-au-Prince, sont licenciés par dizaines chaque jour, sous prétexte qu’il n’y a pas de travail. Or, pour les ouvriers restant en poste, les heures de travail augmentent, les quotas à fournir augmentent à un point inatteignable même par les ouvriers les plus aguerris. C’est la misère même pour ceux qui travaillent. Non, la catastrophe qui une fois de plus frappe nos frères haïtiens n’est pas une “malédiction”.
C’est le résultat de l’exploitation sanguinaire et pluriséculaire du peuple haïtien par les puissances impérialistes, dont la France et les USA. C’est la conséquence d’une société où une poignée de riches concentre entre ses mains 63 % de la richesse nationale. Eux ne subiront pas la “malédiction” de Matthew ! »
À mille kilomètres de là, en Floride, même si Matthew représentait encore un danger certain avec des vents de 170 km/h, 3 millions de personnes ont été évacuées et très peu de victimes ont été recensées. Et dans un pays pauvre, à 180 kilomètres de là, dans la zone orientale de Cuba touchée par Matthew avec la même intensité qu’au sud de Haïti, 1,5 million d’habitants ont été évacués avant le passage du cyclone. Baracoa, ville de 82 000 habitants, pourtant presque totalement détruite, ne déplore aucun décès. À Guantanamo, il en est de même ; les autorités américaines ont elles aussi évacué le personnel de leur camp, et les détenus ont été consignés dans des bâtiments solides.
La “malédiction”, c’est donc bien le capitalisme, qui maintient volontairement 10 millions d’Haïtiens dans la misère, à l’heure où n’importe quel météorologiste sait où et quand la catastrophe va se produire.34
L’illusion démocratique
Si la situation haïtienne n’était pas si chaotique, on pourrait presque rire du dernier épisode des élections haïtiennes. Les dernières élections furent annulées il y a un an, face à la contestation et aux observations nombreuses de fraudes, alors que les mobilisations sociales grandissaient autour des revendications pour une augmentation du salaire minimum. Liste des électeurs non mise à jour depuis le tremblement de terre de 2010 (soit 200 000 personnes, décédées mais toujours électrices), des bureaux saccagés, des urnes enlevées, un seul candidat au second tour (celui du pouvoir), des événements qui avaient eu raison des précédentes élections haïtiennes. Ces élections avortées étaient principalement financées par l’aide internationale, qui devant cet échec a décidé de fermer le robinet du financement.
Avec 27 candidats, dans un pays toujours dévasté où les conditions ne sont toujours pas réunies pour permettre le vote, l’abstention est la seule gagnante du dernier scrutin du 20 novembre 2016, atteignant pas loin de 80 %. Début décembre, des manifestations ont opposé les partisans des trois favoris, dont deux ont été éliminés dès le premier tour.
C’est finalement le candidat du pouvoir Jovelen Moïse qui revendique la victoire. Homme au passé mystérieux, accusé de corruption, c’est le candidat soutenu par l’ex-président Martelly, la bourgeoisie locale, dominicaine, et bien entendu occidentale. Riche agriculteur, Moïse a inscrit son programme dans la continuité de son prédécesseur, une politique ultra libérale qui encourage la construction de zones franches au service des multinationales américaines et européennes. Une création de zones franches également encouragées par Bill Clinton, l’ancien président américain ayant aussi la casquette de responsable de l’aide internationale et des entrepreneurs... Nul doute que ce nouvel homme de paille continuera à dévoyer les aides vers ces zones franches, laissant des pans entiers du pays dans la désolation, bien loin des promesses de reconstruction, des batailles pour les salaires et les droits des salariés et des femmes. Il faut dire que sous la présidence de Martelly, les violences avaient très fortement augmenté, avec les licenciements des salariéEs cherchant à s’organiser, le principe des zones franches étant zéro taxe, zéro syndicat...
La lutte, encore longue, doit trouver les voies pour un nécessaire débouché politique, qui restitue enfin l’île aux Haïtiens.35
Manifestations contre la misère et la corruption
D’importantes manifestations ont eu lieu du 7 au 18 février 2019. L’île a été totalement paralysée : écoles, commerces, transports, administrations, tout était à l’arrêt. Des barricades ont été dressées, des blocages routiers interdisaient tout déplacement. L’élément déclencheur en a été l’appel à une manifestation par l’opposition, à l’occasion des deux ans de pouvoir du président actuel, Jovenel Moïse. Des manifestations spontanées ont alors gagné les principaux centres urbains dans les jours qui ont suivi.
Cherté de la vie et scandales de détournements de fonds
La colère a explosé à la fois pour des raisons économiques et politiques. Économiques d’abord : la situation de la population s’est encore dégradée depuis l’arrivée au pouvoir de Jovenel Moïse, puisque la monnaie locale, la gourde, a subi en peu de temps une dévaluation de plus de 15 %. Avec comme corollaire la flambée des produits de base, dont le prix a été multiplié par 3 ou 4, et l’éclosion du marché noir. Dans le même temps, la Cour supérieure des comptes a publié un rapport impliquant le président dans un scandale de corruption.
Un manifestant résumait bien le sentiment dominant : « Cela fait deux ans que Jovenel nous promet de remplir nos assiettes, moi je ne mange pas des mensonges ». C’est pourquoi les manifestantEs réclamaient la démission du président. Des manifestations qui se sont parfois transformées en émeutes de la faim. Un commerçant qui avait été pillé a déclaré sur RFI : « C’est pas leur faute, c’est parce qu’ils ont faim. Ce qu’ils ont pris, ils l’ont bu ou vont le vendre et avoir de quoi un peu soulager leur famille. Je n’ai rien contre eux, c’est parce qu’on n’a pas de bons dirigeants. Si tout le monde avait du travail, ça n’arriverait pas. C’est à cause de ce président de mascarade que toutes ces dérives se produisent en Haïti. ». La police a tiré dans la foule, tuant au moins 6 personnes.
Le gouvernement de Jovenel Moïse, mis en place depuis le 7 février 2017, avait décrété un « état d’urgence économique » au début de la grève, consistant en quelques mesurettes sans effet. De leur côté, les partis d’opposition surfent sur le mécontentement. Ils pensent que leur tour est venu d’accéder au pouvoir, des législatives étant prévues en octobre prochain. Ces émeutes ne sont que la suite d’une longue série de révoltes populaires dans cette île, parmi les plus misérables du monde.
Corruption, toujours
La corruption a été illustrée encore récemment par l’affaire PetroCaribe. Il s’agit d’un programme lancé à partir de 2006 par le Venezuela, du temps de Chavez, pour 18 pays de la région, dont Haïti. Le pays fournissait ses produits pétroliers à des conditions imbattables, pendant 10 ans. La moitié payable de suite, le reste étant versé sur un fonds à vocation économique et sociale, remboursable sur 25 ans, à 1% d’intérêt. Mais à Haïti, cet argent (entre 2 et 4 milliards de dollars) a été largement détourné par une vingtaine d’hommes politiques, dont des ministres et trois chefs d’État successifs. Ce fonds était destiné à financer des projets sociaux, mais ce sont les comptes en banque des dirigeants qui se sont remplis. Ils ont lancé des semblants de projets sociaux, tous inachevés, tout en ayant empoché les fonds. Lancé en 2018 par des artistes sur des réseaux sociaux, avec le hashtag #PetroCaribeChallenge, l’appel à rendre l’argent et à punir les responsables a été relayé très vite et la mobilisation est passée du virtuel à la rue.
Ceux qu’on appelle les « challengeurs » ont manifesté, dans des cortèges toujours plus nombreux. Ainsi, le 17 octobre 2018, plus d’un million de personnes protestaient dans les rues, sur 11 millions d’habitantEs, les quartiers populaires se joignant aux manifestations. C’est là que les gangs mafieux qui dirigent l’île au service des très riches, se sont mis de la partie. Deux des directeurs du fonds PetroCaribe ont ainsi été retrouvés assassinés, juste avant d’être entendus par une commission d’enquête. Et en novembre 2018, quelques jours avant une nouvelle manifestation, des centaines de personnes ont été exécutées par un gang à la solde du pouvoir, dans un quartier populaire de Port-au-Prince, bastion de l’opposition. Une stratégie de la violence, dans ce pays quasiment sans État, où les gangs terrorisent la population.36
Assassinat du président
Le 7 juillet 2021, la nouvelle, au petit jour, de l’assassinat du président Jovenel Moïse, a créé une onde de choc.
À tous les niveaux, la peur a été la réaction prédominante. Dans la capitale, tous les magasins, les usines, les services publics sont restés fermés et les rues complètement vides.
Dans les quartiers populaires, il n’y a eu aucune vague de colère qui aurait pu rappeler le déferlement qui a suivi le coup d’état militaire contre le président Aristide en 1991, ni même ce qui a suivi son exil forcé vers les États-Unis en 2004. Ce fut le repli, l’enfermement, par peur de possibles affrontements entre groupes armés.
Dans ces quartiers, personne ne pleurait Jovenel Moïse. Il symbolisait pour beaucoup cinq ans de pouvoir dur, sans aucun geste pour les pauvres, la hausse des prix des produits de première nécessité, la baisse des salaires et l’aggravation de la misère. Jovenel Moïse, c’était les promesses non tenues de l’électricité « 24 h/24 », de la scolarisation des enfants des classes populaires, de la nourriture pour tous grâce à ses champs de bananes.
Il était surtout jugé responsable de la recrudescence des groupes armés qui contrôlent les quartiers pauvres. Sa mort semblait un juste retour du bâton brandi contre les pauvres. Il n’y a donc eu aucun regret dans ces quartiers, la mort du président ayant même été sujet à quolibets car, refusant de remettre le pouvoir le 7 février, il avait déclaré : « certains présidents ont été renversés, exilés, tués, mais moi je resterai là, accroché comme une arête dans votre gorge ! » Dans une ville de province, il a même eu droit à un enterrement burlesque.
La peur restait présente, peur de voir la lutte à venir pour le pouvoir se retourner contre les plus pauvres. Personne n’est dupe de la parodie d’une police haïtienne qui fuit devant les gangs mais qui, dès le lendemain de l’assassinat, a arrêté un commando d’une vingtaine d’ex-militaires aguerris et lourdement armés. Si c'étaient ceux-là les tueurs, qui étaient les commanditaires ? Était-ce le PHTK, le parti en crise de Moïse ? Était-ce l’oligarchie haïtienne, qui en avait assez de sa marionnette ? Ou bien les États-Unis, par l’intermédiaire de leur ambassade ? L’habitation de Moïse, située à quelques minutes de la maison de l’ambassadeur, avait subi des menaces des heures auparavant, sans aucune réaction du côté américain.
Ni la mort de Jovenel Moïse ni la réponse à ces questions n’apporteront un changement pour les pauvres d’Haïti. Les rues seront toujours sous le contrôle des bandes armées qui rançonnent, violent, kidnappent et tuent. C’est ainsi que plus de 5 000 habitants ont dû fuir leur quartier au sud de Port-au-Prince pour se réfugier dans un gymnase ou chez quelqu’un, en attendant de pouvoir regagner leur logement. Les déplacés qui fuyaient la terreur de ces bandits se comptaient par milliers.37
Haïti frappé par un nouveau séisme
Le 14 août 2021, le pays a subi un tremblement de terre d’une magnitude de 7,2. Le bilan provisoire était terrible : plus de 1 900 morts et 9 900 blessés. Plus de 30 000 maisons ont été détruites dans le sud du pays.
Ce tremblement de terre fut moins meurtrier que celui de 2010 parce qu’il a touché des zones moins urbanisées et a épargné la capitale Port-au-Prince. En 2010 plus de 280 000 personnes avaient été tuées et plus de 300 000 blessées pour une population de près de 10 millions à l’époque. Les Cayes, la ville la plus touchée lors du séisme de 2021, est la préfecture du sud du pays.
Cependant force est de constater que des tremblements de terre comparables au Japon font bien moins de victimes. En février 2021, un séisme d’une amplitude de 7,3 à Fukushima a fait une centaine de blessés. Dans un pays développé, les constructions antisismiques permettent d’éviter que les maisons s’écrasent sur les habitants. Rien n’est prévu à Haïti. Pire, les reconstructions prennent rarement en compte les tremblements de terre. Et une fois de plus, ce furent les habitants qui, livrés à eux-mêmes, organisèrent la solidarité, sans l’aide de l’État et au milieu des gangs qui rackettaient. Ce furent les habitants qui déblayèrent, souvent à mains nues, pour essayer de retrouver des victimes sous les décombres.
Immédiatement après le séisme, seuls le Mexique et le Chili ont envoyé aide, médicaments et vivres. Pourtant, l’impérialisme américain comme d’ailleurs l’impérialisme français sont bien présents à Haïti sous la forme de nombreuses industries de textile, de matériaux d’emballage, de composants électroniques. L’État américain en garantit les profits en intervenant auprès du gouvernement haïtien. La presse a ainsi révélé que, pour complaire aux patrons du textile Levi Strauss et Hanes, l’administration Obama, en 2011, avait fait pression pour que le gouvernement haïtien maintienne le salaire à 31 cents de dollar de l’heure alors que ce dernier voulait le relever à 61 cents.
L’impérialisme a tout intérêt à laisser la population haïtienne dans la misère pour favoriser l’exploitation. C’est en cela qu’il porte la responsabilité de l’état d’arriération des infrastructures, des constructions et donc en dernier ressort des morts du tremblement de terre.38
Guerre des gangs et manœuvres américaines
Le 11 mars 2024, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’est déplacé à la Jamaïque pour une réunion consacrée à Haïti. Le lendemain, Ariel Henry, Premier ministre dont le départ était exigé par le principal chef des gangs haïtiens, démissionnait.
La démission « encouragée » d’Ariel Henry, chef d’État de fait depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021, faisait partie des manœuvres américaines pour tenter de restaurer un pouvoir central à la tête d’Haïti, livré à une violente guerre des gangs pour le contrôle du pays.
Mois après mois, ces bandes armées ont étendu leur emprise et affermi leur pouvoir. Non contentes de couper les routes pour rançonner les travailleurs contraints d’aller gagner leur pain, de taxer les entreprises petites ou grandes, de kidnapper ou d’abattre n’importe qui dans la rue, elles ont attaqué des commissariats, puis vidé les prisons. Le 29 février, au prix de destructions considérables, les gangs ont pris pour cible l’aéroport de Port-au-Prince, les derniers bâtiments officiels, ceux des ONG et les ambassades occidentales.
Tant que les meurtres, les viols, la famine touchaient la majorité pauvre du pays, ceux qui ne peuvent ni s’exiler ni se barricader derrière des barbelés, les bourgeois haïtiens comme les dirigeants occidentaux ont toléré ces gangs. Beaucoup parmi les chefs de gang sont leurs anciens hommes de main qui réprimaient les grèves ou les manifestations d’ouvriers, faisaient le coup de poing contre des étudiants ou des opposants, au service de tel ou tel responsable politique. D’autres, comme Jimmy Chérizier dit Barbecue ou Guy Philippe, en rivalité pour le pouvoir, sont d’anciens gradés de la police ayant basculé dans le trafic de drogue. Nommées selon les périodes Macoutes, Chimères ou d’autres noms poétiques, ces bandes armées ont permis à la bourgeoisie, locale ou plus lointaine, de tirer pendant des décennies du profit de l’exploitation des travailleurs haïtiens sous-payés.
Désormais, ces chiens de guerre mordent leurs maîtres et exigent tout le pouvoir. Le dénommé Barbecue a réussi à s’imposer comme le chef du G9, un regroupement de gangs qui contrôle presque toute la capitale. Il est en rivalité pour le pouvoir avec Guy Philippe, ex-membre des forces spéciales formées en Équateur, ex-commissaire de police, ex-sénateur, ex-détenu aux États-Unis pour trafic de drogue, libéré et rentré en Haïti. Ces deux gangsters, qui se proclament désormais « combattants de la liberté », ont formé un « Conseil révolutionnaire » présidé par Guy Philippe. L’enjeu de leurs dernières attaques était de faire reconnaître par les dirigeants américains leur « Conseil » comme le pouvoir de transition officiel.
La démission d’Ariel Henry validait cette possibilité. Sans rire, le chef d’État du Guyana, qui préside la Communauté des Caraïbes, a déclaré que cette démission « ouvrait la voie à une transition pacifique (!) du pouvoir, à un plan d’action à court terme en matière de sécurité et à des élections libres et équitables ».
Dans le chaos d’Haïti, il s’agirait de plaquer un semblant de façade démocratique sur une situation qui est de fait une dictature des gangs.39
Sources
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint_Louverture
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Tonneville
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame_blanche_%28l%C3%A9gende%29
(5) D'après les récits de Claude Pithois dans « Légendes du Cotentin » et de Jean Henry dans « Le tour de la Hague et recherches historiques » http://www.lahague.com/index.php?ThemeID=5&CatID=55&SousCatID=64
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/Dame_blanche_%28l%C3%A9gende%29
(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(9) Toussaint Louverture cité dans l'ouvrage Toussaint Louverture, Madison Smartt Bell, p.37 (Schoelcher,p.94 ; Dubois,p.176.)
(10) http://jeunes.npa2009.org/spip.php?article1307
(11) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(12) http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Ha%C3%AFti/122971
(13) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(14) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFti
(15) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(16) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/nouvel-article-7333
(17) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Duvalier
(18) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_d'Ha%C3%AFti
(19) https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9isme_de_2010_%C3%A0_Ha%C3%AFti
(20) Tarik Bouafia https://www.investigaction.net/fr/Haiti-Le-tremblement-de-terre/
(21) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/dossiers/article/haiti-un-peuple-etrangle-par-le
(22) Tarik Bouafia https://www.investigaction.net/fr/Haiti-Le-tremblement-de-terre/
(23) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/dossiers/article/haiti-un-peuple-etrangle-par-le
(24) Tarik Bouafia https://www.investigaction.net/fr/Haiti-Le-tremblement-de-terre/
(25) Interview de Jean Ziegler par Ramine Abadie http://www.humanite.fr/node/432325
(26) Ibid.
(27) Tarik Bouafia https://www.investigaction.net/fr/Haiti-Le-tremblement-de-terre/
(28) https://fr.wikipedia.org/wiki/Cit%C3%A9_Soleil
(29) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/article/tremblement-de-terre-en-haiti
(30) Thibault Blondin http://www.npa2009.org/actualite/haiti-le-poing-leve
(31) La voix des travailleurs (OTR) http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2015/07/08/haiti-hausse-du-dollar-et-vie-chere_37513.html
(32) Jean-Jacques Lamy http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2016/01/27/haiti-des-joutes-electorales-sans-enjeu-pour-la-population_65239.html
(33) Nicolas Karl http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/08/24/haiti-lonu-et-le-cholera_70082.html
(34) Viviane Lafont http://journal.lutte-ouvriere.org/2016/10/12/haiti-une-catastrophe-annoncee_71415.html
(35) Thibault Blondin http://npa2009.org/actualite/international/haiti-cholera-et-farce-electorale
(36) Régine Vinon https://npa2009.org/actualite/international/haiti-manifestations-contre-la-misere-et-la-corruption
(37) Correspondance de militants de l’Organisation des travailleurs révolutionnaires (OTR) – Haïti https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/07/14/haiti-un-president-assassine-des-travailleurs-entre-desinteret-et-inquietude_165889.html
(38) Aline Urbain http://www.chemin-lumineux.com/wp-admin/post.php?post=626&action=edit
(39) Xavier Lachau https://www.lutte-ouvriere.org/journal/article/2024-03-13-haiti-guerre-des-gangs-et-manoeuvres-americaines_729897.html