Histoire du peuplement du Togo
Les Bassari, les Tamberma et les Kabyé se trouvaient déjà dans les régions montagneuses lorsque arrivèrent de nouvelles populations déplacées par les événements qui déstabilisèrent durablement l'Afrique occidentale comme la Traite des noirs, l'introduction de fusils ou encore les apports des colporteurs musulmans parlant haoussa et qui islamisèrent les savanes du nord du pays. Ces derniers fondèrent certaines villes qui portent encore des noms haoussa comme Sansanen Mango qui signifie le « Camp du manguie » et Gerin Kouka qui veut dire la « Ville du baobab ». De plus, la plus ancienne ville du sud du pays porte un nom haoussa : Ba Guida qui signifie « Pas d'habitation ».
Dans le Nord, les Gourma furent donc islamisés et les Kotokoli s'installèrent autour de Sokodé ; les Tyokossi s'installèrent dans la région de Mango. Le centre et le sud du pays subirent les conséquences de la montée en puissance des Bariba du Bénin ainsi que du royaume de Dahomey et des Ashantis du Ghana.
Réfugiées dans leurs montagnes, les populations locales résistèrent cependant aux razzias que subirent leurs voisins. Dans le Sud, les populations venues de l'Est, à l'exemple des Ewés originaires d'Égypte, s'installèrent en vagues successives à partir du XVe siècle, après avoir traversé le Nigeria et le Bénin, au moment même où les portugais débarquèrent sur la côte.
Les Éwés s'établirent autour de Tado, près de Notsé, au siècle suivant. Leur roi, Agokoli, fit édifier une enceinte faite d'argile pour protéger Notsé des réfugiés affluant du Nord.
Au XVIIe siècle, parce qu'ils étaient devenus trop nombreux, les Éwés se sont dispersés dans l'Ouest, jusqu'à la rive gauche de la Volta.
Colonisation et conquêtes allemandes
Dès cette époque commencèrent les missions catholiques auxquelles les protestants ne réagirent qu'au XVIIe siècle.
Puis, les Portugais pratiquèrent rapidement un commerce actif et la traite négrière se développa le siècle suivant, autour du comptoir nommée Petit-Popo (actuel Aného). Au XVIIIe siècle, les Danois venus de Christianenborg (l'actuelle Accra), s'implantèrent à leur tour. Ils furent suivis, à partir des années 1780-1800, par des groupes de Hollandais, par de nombreux « Brésiliens », des anciens esclaves libérés et rapatriés du Brésil ou des descendants de Portugais installés au Togo, qui participèrent aux échanges côtiers.
Francisco Félix de Sousa, qui s'établit à Petit-Poto (futur chacha du Dahomey, l'actuel Bénin), fit fortune dans le commerce du tabac, du rhum, des tissus et dans la traite des esclaves.
En 1880, le Togo actuel n'existait pas encore. Les Britanniques et les Français, occupant respectivement la « Gold Coast » (actuellement le Ghana) et le Dahomey (actuellement le Bénin), installèrent des postes douaniers à leurs frontières, d'où ils tiraient l'essentiel de leurs ressources, prélevées sur des produits tels le tabac et l'alcool.
En 1883, le chancelier allemand Bismarck décida d'imposer un protectorat sur le Togo. L'année suivante, l'explorateur allemand Gustav Nachtigal signa un « traité de protectorat » le 5 juillet 1884 sur la plage de Baguida, avec le chef du lac Togo, Mlapa III de Togoville, représentant l’autorité religieuse du Togo, qui donna son nom au pays. C'est en 1885, lors de la conférence de Berlin qui délimita les zones d'influence économiques européennes en Afrique, que la côte togolaise fut officiellement attribuée à l'Allemagne.
Comme les autres puissances coloniales de l'époque, l'Allemagne s'empressa de faire valoir ses droits sur l'arrière-pays, ainsi elle annexa rapidement, en à peine quelques années 85 000 km² de territoires.
Les Allemands fondèrent le port de Lomé et mirent en place une économie de plantations, en particulier dans la région de Kpalimé, propice à la culture du cacao et du café.
Mais, l'arrivée des Allemands se heurta à une forte résistance de la part des Africains. Des accords furent signés avec certains royaumes, mais la révolte des Kabyé (1890) et celle des Konkomba (1897-1898) furent matées violemment. Toutefois, les révoltes ne cessèrent d'augmenter en intensité surtout lorsque les occupants allemands s'enfoncèrent à l'intérieur des territoires du Togo conquis.
L'Allemagne encouragea ses citoyens à s'installer dans la colonie togolaise appelée le Togoland, en leur offrant des concessions à des conditions très avantageuses. Elle fit également construire les infrastructures nécessaires à l'exploitation du Togo, comme des lignes de chemin de fer, en recourant massivement aux travaux forcés.
Les Allemands en firent une Musterkolonie (une « colonie modèle ») où devaient régner l'équilibre, la prospérité et la bonne gestion, mais où la langue allemande n'était pas imposée aux populations locales. Certains responsables allemands ne désiraient pas transmettre la langue et la culture allemandes, car ils considéraient que les Noirs n'étaient ni dignes, ni capables de bénéficier d'une "telle éducation".
En matière de formation scolaire, le Togo allemand mit en place des écoles gérées par des missions catholiques et protestantes. Vers, 1910, le pays comptait 163 établissements scolaires évangéliques et 196 catholiques. Les catholiques avaient créé aussi un centre de formation pour les enseignants.
Les missionnaires, tant catholiques que protestants, privilégiaient l'enseignement « en langue indigène » pour mieux convertir les « païens » à leur religion. Par exemple, la Mission de Brême assurait l'enseignement primaire entièrement en éwé, tandis que la formation supérieure était surtout dispensée en anglais, très rarement en allemand. Ainsi, dans l'ensemble, les missionnaires n'imposèrent jamais la langue allemande. L'influence de la langue allemande demeura presque nulle chez les Togolais.
Les autorités allemandes tentèrent bien d'organiser le partage de la nouvelle colonie entre les missions chrétiennes et de n'autoriser que la présence de missionnaires de nationalité allemande, mais elles se désintéressèrent rapidement de la question scolaire. En 1913, on ne comptait que quatre écoles publiques (Regierungschulen), qui rassemblaient 341 élèves, comparativement à 348 écoles confessionnelles qui en recevaient plus de 14 000. Ce furent les seuls établissements d'enseignement où l'on enseignait en allemand. Dans les petites écoles primaires, l'enseignement en éwé est toujours resté prépondérant.
Après le début de la Première Guerre mondiale, une opération conjointe franco-britannique força les Allemands, retranchés à Atakpamé (capitale de la région des Plateaux), à capituler dès le mois d'août 1914. Le gouverneur allemand Adolphe-Frédéric de Mecklembourg (1912-1914) dut quitter le Togo
Le Togo sous mandat français
Les Français et les Britanniques se partagèrent l'occupation du territoire, une décision qui fut confirmée le 10 juillet 1919. Le Togo devint alors un mandat de la Société des Nations (SDN), partagé entre la française (le nord appelé le « Togo français ») et britannique (l'ouest appelé le « British Togo »).
Le Togo français obtint une superficie de 56 600 km², le Togo britannique, 33 800 km². Avant la Première Guerre mondiale, le Togo avait une superficie de 90 500 km². On peut dire que le Togo est le seul pays d'Afrique à avoir vécu sous colonisation allemande, sous domination britannique et enfin sous mandat français.
Par crainte que les Togolais restent loyaux à l'Allemagne, les Français firent en sorte de supprimer toute trace de la colonisation allemande. Tout en appliquant un régime plus souple, ils réduisirent à néant l'influence des Togolais instruits par les Allemands et interdirent l'usage de la langue allemande, notamment aux missionnaires alsaciens et lorrains. Le français devint la langue officielle du Togo et l'enseignement public se fit seulement dans cette langue.
À l'inverse des Allemands qui n'avaient pu définir, ni appliquer une politique linguistique cohérente, les Français imposèrent sans ambiguïté la langue française. Dès 1915, l'allemand fut interdit dans leur zone, puis ce fut le tour de l'anglais à partir de 1920.
L'arrêté de 1922, qui organisait le secteur scolaire public et assurait le contrôle des écoles confessionnelles, imposa le français comme seule langue admise dans les écoles. Publié dans le Journal Officiel du Togo, son article 5 stipulait cette disposition sans équivoque : « L'enseignement doit être donné exclusivement en français. Sont interdits les langues étrangères et les idiomes locaux ». Les langues étrangères visées étaient l'allemand et l'anglais, les « idiomes locaux » (qui n'avaient pas droit au titre de « langue ») étaient les langues togolaises.
Les Français croyaient que, en raison du grand nombre des langues togolaises, il était inutile et impossible d'en choisir une comme « langue de communication » au détriment des autres, sans provoquer des conflits de préséance entre les ethnies.
Ils croyaient surtout que les langues africaines étaient trop « primitives » et « inaptes à l'enseignement », c'est-à-dire tout le contraire du français décrit comme « supérieur ».
De leur côté, les Togolais n'ont pas semblé à ce moment-là porter un grand intérêt au problème de leurs langues nationales. Seules les communautés religieuses restaient préoccupés par l'enseignement en éwé dans les écoles.
Vers l'indépendance
La Seconde Guerre mondiale arrive à un moment où, dans l'ensemble, le Togo est paisible. Après l'armistice signé en juin 1940, le pays est placé sous le contrôle du Régime de Vichy. La frontière avec l'ancien Ghana (la Gold Coast) est fermée, et les approvisionnements deviennent rares.
L'une des premières conséquences du débarquement en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, est l'internement des commerçants anglophiles, dont Sylvanus Olympio, cependant comme l'Afrique-Occidentale française (AOF) rentre en guerre, les frontières s'ouvrent petit à petit, et les suspects sont libérés.
En 1945, la Charte des Nations unies va établir un régime de tutelle visant à « Favoriser l'évolution des populations vers la capacité de s'administrer eux mêmes ; Développer le sentiment de l'indépendance. Encourager le respect des Droits de l'homme et des libertés fondamentales, sans distinction de race, de sexe, ou de religion ».
Le Togo fut, par la suite, un des premiers pays, à se doter d'institutions politiques et électorales. Les partis politiques togolais travaillèrent activement à l'évolution du statut du pays mais se divisèrent en deux camps, opposés dans leurs objectifs :
- le Comité de l'unité togolaise (CUT), qui était partisan d'un État réunifié et autonome.
- le Parti togolais du progrès (PTP), qui devint le Mouvement populaire togolais (MPT), qui demandait l'abolition de la tutelle et réclamait une association plus étroite avec la France.
En 1956, le Premier ministre qui est le chef du gouvernement est désormais élu par l'Assemblée nationale, et la république autonome dispose de pouvoirs de plus en plus larges.
La même année, à l'issue d'un référendum, le Togo britannique fut incorporé à la Côte-de-l'Or (ou « Gold Coast »), qui devint le Ghana au moment de son indépendance en 1957. Les Éwés refusèrent ce choix qui consacrait la partition de leur peuple, dont le territoire s'étendait avant la colonisation européenne de Notsé aux rives de la Volta. Cet éclatement nourrit par la suite des tensions périodiques entre le Ghana et le Togo.
Le CUT remporte une écrasante victoire le 27 avril 1958, et Sylvanus Olympio, son chef, est ainsi élu Premier Ministre de la République.
En 1958, un nouveau référendum, organisé sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU), permit au Togo français d'accéder à l'autonomie, en tant que république, au sein de la Communauté française.
En février 1960, Sylvanus Olympio, refusa l'offre du président ghanéen, Kwame Nkrumah, d'unir les deux pays.
L'indépendance du Togo
Le Togo devient indépendant, le 27 avril 1960 et obtient un siège à l'ONU en septembre de la même année et Sylvanus Olympio est élu président aux dépens de Nicolas Grunitzky, candidat soutenu par la France, lors d'élections supervisées par l'ONU.
C'est logiquement Sylvanus Olympio qui dirige la rédaction de la Constitution de la République du Togo, qui devient une démocratie à régime présidentiel, à la tête de laquelle Olympio engage une politique autoritaire. Cette situation provoqua des impatiences voire des mécontentements dans la région Nord du pays, qui se sent délaissée par un gouvernement dominé par les Ewé de la région de Lomé.
En 1963, l'Afrique des indépendances connut son premier coup d'État. Sylvanus Olympio refuse la réintégration dans l'armée togolaise des soldats qui avaient combattu au sein de l'armée française pendant la Guerre d'Algérie. Ces soldats, majoritairement issus des Kabiyê du Nord du Togo, décidèrent alors d'organiser un coup d'État dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963, une poignée de militaires dont faisait partie Gnassingbé Eyadema assassinèrent Sylvanus Olympio.
Rapidement, un comité militaire insurrectionnel fait appel à Nicolas Grunitsky, qui fut élu président en 1963, tout en adoptant une nouvelle Constitution. Grunitzky dirigea le pays d'une manière un peu plus libérale, en acceptant l'existence d'une opposition.
Cependant, les difficultés persistent et le 13 janvier 1967, les militaires prennent à nouveau le pouvoir. La Constitution est suspendue et l'Assemblée nationale dissoute. Kléber Dadjo occupe provisoirement le poste de Premier ministre. Le lieutenant-colonel Étienne Gnassingbé Eyadema, appartenant à l'ethnie des Kabiyê, prend le pouvoir et met en place un nouveau gouvernement où les personnalités issues du Nord du pays sont majoritaires.
Présidence de Gnassinngbé Eyadéma (1967-2005)
Devenu Président de la République, il commence par supprimer le multipartisme et fait ainsi de son parti, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), le seul autorisé et y fait adhérer les chefs coutumiers. Par référendum en 1972, il fait ratifier ce régime politique, qui dura pendant vingt et un ans. Il instaura une politique de nationalisation, notamment celle des phosphates, une des principales richesse du pays et développa aussi une politique de promotion agricole afin de parvenir à l'autosuffisance alimentaire.
Durant les années 1970, la conjoncture internationale devient enfin favorable, les nombreux investissements étrangers permirent un développement important du pays entraînant une relative prospérité.
Le 30 décembre 1979, à la suite d'un référendum, le pays adopte une nouvelle Constitution dont les fondements sont la présence d'un chef de l'État et des armées, un parti unique (le RPT) et une assemblée de 67 élus au suffrage universel et qui figurent sur une liste unique, non modifiable.
Après une période relativement calme, le climat politique et social du pays va commencer à se détériorer. Ainsi, en 1986, un commando infiltré depuis le Ghana organisa un attentat manqué contre Eyadéma. Cette tentative de coup d'État déclencha de violentes manifestations à Lomé et entraîna une intervention de la France, craignant une nouvelle déstabilisation du régime.
Les Togolais et en tout particulier les jeunes intellectuels, supportent de moins en moins la loi du silence et la censure qui leur sont imposés. Nombreux sont ceux qui supportent encore moins de voir que ce sont les Togolais originaire du Nord du pays qui soient aux commandes de l'État, alors même qu'ils ne représentent approximativement que 20 % de la population, contre environ 45 % pour les Ewé du Sud.
C'est ainsi que de violentes émeutes éclatent à Lomé, en octobre 1990, gagnant peu à peu les régions. Les manifestations, au départ pacifiques, deviennent rapidement de violentes et sanglantes insurrections. Le président cède et accorde le multipartisme.
Cette concession est malgré tout, jugé insuffisante. Les chefs de l'opposition demandent la tenue d'une conférence internationale qui leur est d'abord refusée, puis accordée sous la pression de la grève générale de juin 1991. La conférence nationale souveraine (800 délégués) siégea du 8 juillet au 28 août, dans un climat ambiant très tendu.
Il en résulte l'élection de Joseph Koffigoh, un nouveau premier ministre appelée chef du gouvernement de transition et qui fut assisté par le Haut Conseil de la République (HCR) qui tacha d'élaborer une nouvelle Constitution, ainsi que de veiller à la tenue des états généraux de la Santé, des Affaires sociales, de l'Éducation, etc. Et de préparer pour 1992, de nouvelles élections.
L'armée se retrouve divisée, les tentatives de rendre le pouvoir au général Eyadéma, toujours Président en titre, mais sans aucune autorité, n'aboutirent pas et déclenchèrent de graves épisodes sanglants dans l'ensemble du pays. Les maisons brûlent, les anciennes rancunes entre ethnies refont surface, les victimes sont nombreuses de chaque côté.
Les 27 et 28 novembre 1992, l'armée, principalement composée de Kabiyên s'empare de la radio et de la télévision, et se rend devant la primature (la résidence du premier ministre). Elle exige la dissolution du HCR et la participation du RPT au gouvernement.
Après quelques jours, l'armée attaque la primature. Le premier ministre Josseph Koffigoh, alors présent, est emmené de force au palais présidentiel où il conclut avec le président Eyadéma, un accord où il est sommé de former un gouvernement d'union nationale avec des ministres du parti du président, le RPT. Au même moment, les responsables du HCR s'enfuient à l'étranger ou restent chez eux, sans bouger. Le RPT retrouve sa place et le général Eyadéma ses pouvoirs.
Puis le 27 septembre 1992, le pays adopte une nouvelle Constitution, qui conforte les pouvoirs retrouvés du Président. L'opposition organise des grèves ainsi que de nombreuses manifestations qui furent réprimées dans le sang en janvier 1993. On dénombre au moins 16 morts, l'opposition parle de 50 morts. La Communauté européenne suspend immédiatement sa coopération avec le Togo.
Ces violences entraînèrent un exode massif vers le Ghana (où auraient trouvé refuge 100 000 personnes) et le Bénin (130 000 personnes).
Le 25 mars 1993, le général Eyadéma réchappe à une attaque lancée contre sa résidence officielle.
En août 1993, Eyadéma est réélu avec 94,6 % des voix en raison du boycottage du scrutin par l'opposition. Cependant, celle-ci remporta les élections législatives de février 1994 et forma la majorité à l'Assemblée nationale. Les deux partis d'opposition (le CAR et l'UTD) nommèrent un Premier ministre, mais Eyadéma refusa et confia le poste à Edem Kodjo, chef de l'UTD.
En 1996, les présidents ghanéens et sud-africains se rendent à Lomé et font étape au village natal du président, Pya. Les relations avec le Ghana de Jerry Rawlings s'améliorent grandement et le Togo établit même des relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud, notamment lors de la visite de Nelson Mandela en mars 1996.
La privatisation des filières du coton et des phosphates se poursuit.
Lors des nouvelles élection présidentielle du 21 juin 1998, le général Eyadéma est réélu avec 52,13 % des suffrages exprimés, mais le résultat a été contesté par l'opposition (qui est désormais représenté par Gilchrist Olympio, fils de l'ancien président assassiné) et mis en doute par les observateurs de l'Union européenne.
En mai 1999, Amnesty International affirme, dans un rapport intitulé « Le règne de la terreur », que des centaines de personnes ont été exécutées extrajudiciairement et que leurs corps ont été jetés à la mer, après la proclamation des résultats de l'élection de 1998. Lomé rejette les accusations.
Les promesses non tenues
Les différents partis politiques soutenant Gnassingbé Eyadéma et ceux de l'opposition ont signé un accord le 29 juillet 1999, afin d'enrayer la crise politique qui perdure depuis les années 1990. En effet, les partis d'opposition avaient boycotté les législatives de mars 1999 en raison de la réélection contestée du président en juin 1998.
Le président s'était engagé à dissoudre l'Assemblée nationale et à organiser des élections législatives en mars 2000 pour que d'autres formations politiques puissent entrer au Parlement. Il s'était aussi engagé à respecter la Constitution et à ne pas se présenter pour un troisième mandat. Cependant le processus de réconciliation sera marqué par de nombreuses pannes. Le général Eyadèma et son parti modifie, par la suite le code électoral et la Constitution que le peuple togolais avait massivement adoptée en 1992, pour lui permettre de faire un troisième mandat, lors des élections de 2003.
Le président Gnassingbé Eyadéma fut donc réélu en juin 2003 pour un nouveau mandat de cinq ans. La Commission électorale a annoncé que Eyadéma, détenteur du record de longévité politique à la tête d'un État africain, avait réuni 57,2 % des suffrages lors du scrutin.1
La « démocratie » protégée par Paris
Tout cela se passe dans la zone d'influence de l'impérialisme français. Et l'on ne peut pas dire que cette situation ait ému Chirac et son ministre des Affaires étrangères, de Villepin.
Comme tous ses collègues dictateurs de la région, Eyadéma se présente comme un grand ami de Chirac. Il avait bien promis à ce dernier il y a quelques années de ne pas se représenter. Mais il s'est défendu après coup d'avoir fait cette promesse : « Je ne l'ai jamais promis à Chirac ! Je l'ai seulement dit aux journalistes qui voyageaient avec lui » !
Du côté des dirigeants français, c'est donc le silence radio sur cette situation au Togo. Depuis le début des années 1990, leurs discours officiels prônent pourtant la nécessité de la « démocratie » pour les anciennes colonies africaines. À La Baule, à cette époque, Mitterrand avait même déclaré que « la France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ». Peut avant, Chirac a répété une nouvelle fois cette même litanie en affirmant : « Certaines méthodes qui avaient pu être tolérées, du moins ignorées, aujourd'hui ne peuvent plus être acceptées » ! En fait, il n'y avait pas là de quoi gêner ni effrayer leurs amis du Togo et d'ailleurs qui savaient fort bien qu'il s'agissait de déclarations pour la galerie. Côté cour, les dirigeants de l'impérialisme français collaborent avec les dictateurs en place. Les compagnies françaises présentes en Afrique sont trop bien servies par ces régimes pour que les dirigeants politiques fassent quoi que ce soit qui puisse leur causer un déplaisir quelconque. Les Eyadéma et les autres pratiquent donc leurs méfaits avec d'autant plus de tranquillité.2
La mort d'un « ami » de la France
Le 5 février 2005, le Président Étienne Eyadéma Gnassingbé, décède d'une crise cardiaque à 69 ans, après avoir présidé durant 38 ans le pays. Sa mort surprend autant la population du pays, que le gouvernement qui décide de confier le pouvoir à son fils Faure Gnassingbé par l'intermédiaire de l'Assemblée nationale qui réécrit la constitution pour l'occasion.3
Il y a 38 ans, dès sa prise de pouvoir, par un coup d'État militaire, Gnassingbé Eyadéma avait reçu le soutien de la France. Il conservera ce soutien de la part des différents présidents français, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac. Il était le fer de lance de la politique française et de la défense des intérêts français dans la sous-région. .
Pourtant, en juin 2004, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) accablait le régime dans un rapport intitulé « Togo, l’arbitraire comme norme et 37 ans de dictature » où elle dénonçait « la torture systématique dans les commissariats en toute impunité, la justice aux ordres du pouvoir, les prisons surpeuplées et les élections truquées ».4
2005 : Le Togo en crise
À la suite de violentes et sanglantes manifestations dans les rues de la capitale et sous la pression internationale qui dénonce un coup d'État, Faure Gnassingbé démissionne le 26 février 2005 de la présidence et annonce sa candidature pour la nouvelle élection présidentielle.
Faure Gnassingbé gagne l’élection avec plus de 60 % des voix, cependant l'opposition dénonce des fraudes massives tandis que la France représentée par son chef d'État Jacques Chirac, ami de longue date de la famille Eyadéma, juge que le scrutin a été satisfaisant. C'est en réponse à ces événements que les violences vont continuer dans les rues de Lomé, entraînant la mort de nombreuses personnes et plongeant le pays dans une crise politique majeure.5
Dans un rapport du 14 mai 2005, la Ligue togolaise des droits de l'Homme (LTDH) rappelle que les élections présidentielles du 24 avril au Togo se sont déroulées dans un climat d'extrême violence et de répression militaire. La crise aurait fait 800 morts et 4500 blessés durant les trois derniers mois avant, pendant et après le scrutin.
Après son élection à la présidence suite à des fraudes massives, Faure Gnassingbé n'a cessé de réprimer les manifestations de l'opposition qui contestaient le résultat électoral de la dernière présidentielle.
Preuve de cette répression quotidienne, les centaines d'opposants arrêtés et assassinés, le nombre des réfugiés ont continué d'affluer au Bénin et au Ghana voisins. On comptait plus de 30 000 Togolais ayant fui les violences gouvernementales. Depuis son hold-up électoral, Faure Gnassingbé s'appuie sur l'armée pour se maintenir au pouvoir et celle-ci impose son "ordre" brutal à Lomé, comme dans toutes les grandes villes du pays. Le dictateur nie cette répression et les massacres. Il en rejette la responsabilité sur l'opposition, et s'offre le luxe de créer "une commission nationale d'enquête chargée de faire la lumière sur les violences qui ont suivi l'élection présidentielle". Une façon d'enterrer l'affaire !
Au moment même où les dirigeants français, principaux bailleurs de fonds de la dictature togolaise et les principaux chefs d'État d'Afrique de l'Ouest, réunis au sein du cartel des dictateurs de la CEDEAO (la Communauté Économique des États d'Afrique de l'Ouest) apportaient leur soutien à Faure Gnassingbé, un rapport d'un diplomate de l'Union européenne qui était censé rester confidentiel, est venu confirmer, s'il en était besoin, les fraudes massives commises au Togo.
Électeurs fictifs et bulletins préimprimés en masse
Selon ce rapport, l'analyse des listes électorales a fait apparaître un écart entre le nombre d'inscrits et l'estimation de la population en âge de voter : ce qui porte à plus de 900 000 le nombre d'électeurs fictifs, dont 440 000 électeurs fictifs dans les seules régions favorables au parti au pouvoir, celui de Faure Gnassingbé. Dans ces régions, le taux de distribution des cartes électorales atteint 95%, le taux de participation 99% et le score du dictateur frise les 95%. À l'inverse dans la capitale, Lomé, ces mêmes indicateurs chutent en dessous des 40%. Le taux de participation a atteint 35%, tandis que 390 000 électeurs inscrits n'ont pas pu voter, confirme le rapport de ce diplomate. Sans parler des faux bulletins préimprimés au nom de Faure Gnassingbé et des nombreux cas d'enlèvement d'urnes par les militaires. Et c'est en des termes peu amènes que le rapport critique le rôle de figuration des 150 observateurs de la CEDEAO.
Ce rapport contredit les propos du commissaire européen à la Coopération, qui s'était empressé de reconnaître l'élection de Faure Gnassingbé ! Face à une fraude organisée à une aussi grande échelle, le Parlement européen s'est senti obligé de se démarquer de la Commission, affirmant qu'il ne pouvait "reconnaître la légitimité des élections". Position de principe qui n'a aucune incidence sur la situation.
Un gouvernement "d'union nationale" pour légitimer le hold-up électoral
Réunis le 19 mai à Abuja, au Nigeria, les chefs d'État de la CEDEAO et de l'Union Africaine (UA) ont tenté une énième fois de légitimer le coup d'État électoral de Faure Gnassingbé en constituant un gouvernement d'union nationale avec la participation des principaux partis de l'opposition, dont certains étaient prêts à aller à la mangeoire. Le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), l'ancien parti unique, celui de Faure Gnassingbé, s'appuie sur sa reconnaissance par toutes les dictatures locales pour refuser d'organiser de nouvelles élections. Mais la ficelle étant un peu grosse et la manœuvre un peu trop voyante: la tentative a toutefois fait long feu.
Quoi qu'il en soit, le dictateur togolais n'a pas de crainte à avoir : il a de puissants alliés, les dictateurs du Burkina et du Nigeria mais aussi l'ancienne puissance tutélaire, la France, fidèle en amitié, qui apporte sa protection politique et militaire. Les intérêts des capitalistes français au Togo et dans toute la région s'accommodent fort bien d'une énième farce électorale, fût-elle sanglante.6
Élection présidentielle de 2010
Le 7 mars 2010, le président de la Commission électorale nationale indépendante, Issifou Taffa Tabiou, déclare Faure Gnassingbé vainqueur de l'élection présidentielle du 5 mars, le créditant de 60,9 % des suffrages face à Jean-Pierre Fabre (Union des forces de changement), qui obtient 33,9 % des voix, et à l'ancien Premier ministre Yawovi Agboyibo (Comité d'action pour le renouveau), crédité de 2,9 %.
La totalité des candidats, sauf Faure et Nicolas Lawson (0,29 % des voix) refusent de reconnaître la supposée victoire de Faure Gnassingbé. Ces derniers estiment les chiffres publiés par la Commission électorale nationale indépendante de pures fabrications. La commission électorale avait changé le mode de transmission des résultats des bureaux de vote au bureau central de la CENI aux derniers moments sous prétexte de pannes du système VSAT implanté par le PNUD. L'expert du PNUD responsable, Yoro Thiam, déniera la version racontée par la CENI quelques jours plus tard en affirmant qu'il y avait eu des attaques virales, mais qui n'ont fait que ralentir le système pour un bout de temps sans toutefois indiquer la source des attaques. L'ancien ministre de l'intérieur Akila Esso François Boko ajouta quelques jours plus tard que le clan au pouvoir aurait fait implanter une antenne pirate pour manipuler les chiffres transmis par le système VSAT. Ceci ayant échoué et Faure Gnassingbé perdant selon les résultats recueillis, la commission électorale aurait tout simplement changé de méthode de compilation des résultats. Selon François Akila Esso Boko, ancien ministre de l’intérieur de Gnassingbé Eyadéma, Faure ne peut mathématiquement pas gagner une élection au Togo malgré la division de l'opposition parce que la vraie base électorale de son parti n'est a peu près que de 10 % de l’électorat.
Faure Gnassingbé n'a pas fait d’apparition publique ou télévisuelle entre la date de sa réélection, et le 4 avril, date à laquelle il s’est rendu au port de Lomé, le point central du business familial. Il prêta serment le 3 mai après avoir fait boucler les artères de Lomé par des centaines de militaires.
Élection présidentielle de 2015
Faure Gnassingbé se présente en 2015 pour un troisième mandat. Il est réélu le 29 avril 2015 avec 58,75 % des suffrages exprimés contre 34,95 % pour son adversaire Jean-Pierre Fabre à l'occasion d'élections contestées par l'opposition et une partie de la presse.7
Économie
L’économie du Togo repose essentiellement sur la culture vivrière qui représente 65 % des travailleurs. Le reste de la main-d’œuvre (30 %) vit de la culture du cacao, du café, du coton mais surtout des mines de phosphates qui sont vitales au pays. Le Togo est d’ailleurs le cinquième producteur mondial de phosphates.
À l’instar de nombreux pays africains (Sénégal, Île Maurice, Namibie), le Togo s’est doté d’une zone franche dès la fin des années 80. Ainsi, dans cette zone sont implantés des sociétés pharmaceutiques, des fabricants d’huiles végétales, des assembleurs informatiques, des distributeurs de produits cosmétiques, des prothésistes dentaires ou des entreprises de transport routier…
Depuis le début du conflit en Côte d'Ivoire, le Togo est devenu une plate-forme portuaire très importante pour les opérateurs de l’ouest africain. Le port de Lomé, seul port en eau profonde de la sous-région, est donc une zone franche qui ne cesse de se développer rapidement.8
Le pays possède du pétrole en offshore et aussi du marbre, des attapulgites, du manganèse, du calcaire, du fer, de la tourbe, de l'or, de l'uranium, et un très important gisement de phosphates qui représente plus de 40 % des recettes d'exportation.
L'extraction est effectuée à ciel ouvert dans les mines d'Hahoté et d'Akoumape. L'usine de traitement est située à Kpémé, près d'un important quai d'embarquement (1 200 mètres de long) et dispose d'une capacité de production de 3,4 millions de tonnes par an.9
D'après la Banque mondiale, la proportion de la population togolaise vivant en dessous du seuil de pauvreté atteignait 54,2% en 2011.10
Pauvreté au Togo : mauvaise gouvernance ou fatalité !
Par Gbati Zoumaro.
Plus que les violations des droits de l’homme, plus que les entraves à la liberté d’expression, plus que l’absence d’élections transparentes, la pauvreté est devenue aujourd’hui le problème majeur auquel doit faire face l’écrasante majorité des Togolais. Le tollé général qui a accompagné la récente augmentation des prix des produits pétroliers témoigne du ras-le-bol des Togolais. Ils en ont marre de tirer le diable par la queue ! Variant de 7.8 % pour le gazole à 13.7 % pour le mélange, cette augmentation des prix a créé un problème insoluble pour toute une couche de la population.
Cavalièrement décrétée par l’État Togolais, la hausse des prix du carburant sous toutes ses formes a provoqué une flambée générale des prix de tous les autres biens de consommation rendant ainsi insupportables les conditions de vie des citoyens. Les ménages Togolais n’arrivent plus à joindre les deux bouts, quelle que soit la rigueur qu’ils mettent à gérer leurs revenus. Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis des décennies, le niveau des salaires a toutes les peines du monde à croître (le SMIG ne dépasse pas 35.000 FCFA, environ 55 euros, en 2013 !) alors que les prix des produits de première nécessité ne cessent d’augmenter.
Les syndicats ont beau de faire grève, rien n’y fait ! Le pouvoir d’achat reste extrêmement faible. Même les travailleurs rémunérés au triple du SMIG en sont réduits à faire des choix douloureux dans la satisfaction de leurs besoins primaires.
Cette situation qui conduit la plupart des familles à un endettement chronique ou à une dépendance perpétuelle par rapport à un parent résidant à l’étranger est pourtant loin d’être une fatalité. Elle s’explique par les choix malheureux faits par les dirigeants du pays dans la gestion des affaires de l’État.
Bradage de l’appareil de production
Sur injonction des soi-disant « bailleurs de fonds » l’élite au pouvoir a accepté de brader l’appareil de production du Togo, biaisant ainsi la répartition des richesses dans le pays. Au delà des pressions exercées par les partenaires internationaux, ce choix, a été d’autant plus facile à faire qu’il s’est accompagné d’une corruption scandaleuse des dirigeants du pays.
Qui ne se souvient en effet des différents Programmes d’Ajustements Structurels (PAS) et autre SCAPE imposés au Togo et à l’ensemble des pays de la sous région depuis les années ’80 ? Officiellement, ces programmes avaient pour objectif d’assainir les finances publiques des pays sous-développés en les incitants à privatiser, (autrement dit, vendre à vil prix) leurs entreprises nationales. En plus de ces privatisations, les États sous-développés devaient faire des économies en réduisant la masse salariale, le budget de la santé, de l’éducation, des infrastructures etc. Mais en réalité ces mesures étaient destinées à dégager les ressources nécessaires au paiement des « dettes » contractées dans les années ’70 !
Rappelons au passage que ces dettes avaient été contractées au lendemain de la guerre du Viêt Nam qui a poussé les États-unis, puissance dominante d’alors, à abandonner la parité fixe entre le Dollar et les réserves en or de sa banque centrale (la FED). Ce découplage lui permit de faire tourner la planche à billet pour financer la guerre. Mais une fois celle-ci terminée (par une défaite !), le pays se retrouva avec un gigantesque surplus de liquidités auquel il fallait trouver un débouché pour éviter une inflation généralisée dans le monde occidental. La solution fût de déverser cet argent fictif dans les pays du tiers monde par l’intermédiaire des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Ces pays furent incités à emprunter massivement cet argent qui ne reposait sur rien du tout. Évidemment, les dirigeants africains se précipitèrent sur cette manne, qu’ils ont vite fait de détourner vers leurs comptes privés en Suisse ou ailleurs.
C’est donc pour payer cette dette-là que l’appareil productif Togolais a été bradé à différentes multinationales et à d’obscures fonds d’investissements sans foi ni loi. Tels d’impitoyables prédateurs, ces capitalistes se sont rués sur les usines et industries du pays qu’ils ont proprement pillés. De la SFI à Bolloré en passant par Bouygues point n’est besoin de rappeler le sort que ces investisseurs ont réservé aux anciens fleurons de l’économie Togolaise comme la SOTOCO, l’OTP, l’OPAT, Le Port, la CEET, la RNET etc....
Réduite à sa portion congrue, l’appareil productif local ne fournit de nos jours plus que quelques produits vivriers tels le maïs, le mil, l’igname, le poisson et les produits d’élevages. Les autres biens d’équipements et de consommations sont importés. Qu’il s’agisse des tissus Wax de Vlisco, des produits pétroliers, des voitures, des motos « zemidjan », du matériel électronique et informatique (ordinateur, téléphone, télévision), des produits pharmaceutiques, ou encore des matériaux de construction (à part le ciment), tous les produits sont importés à prix d’or. Les citoyens togolais en sont réduits à s’affamer pour les acheter et faire ainsi les choux gras des entreprises occidentales et orientales !
Cette destruction des entreprises nationales a entraîné une augmentation exponentielle du taux de chômage qui atteint aujourd’hui 30 %. Et d’après Edmond Comlan Amoussou directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE), sur les 60.000 nouveaux arrivant chaque année sur le marché de l’emploi, l’ANPE n’arrive à trouver du travail que pour 2000 personnes !
Répartition inégale de la richesse
À ce problème de pillage de la richesse du Togo par les multinationales, s’ajoute celui de l’inégale répartition du peu qui reste. D’après le Président de la République Faure Gnassimgbé lui-même, au Togo, une infime minorité s’accapare les richesses du pays. Ce constat fait, on se serait attendu à une vaste opération de redistribution de cette richesse au profit de tous. On n’aurait cru qu’il allait lancer une opération mains propres afin de faire rendre gorge aux goinfres et autres kleptomanes qui détournent sans vergogne les richesse du pays. Mais hélas, la sortie du Président est restée lettre morte. Il n’a fait que verser des larmes de crocodile sur le sort de ses concitoyens. Et pour détourner l’attention des problèmes brûlants de l’heure, il procède à une fuite en avant en se cachant derrière une politique de pseudo grands travaux qu’il aurait initié. Mais là encore, les marchés de ces travaux de construction et rénovation des routes ont été attribué à de grandes entreprises privées qui ne se font pas prier pour surfacturer chaque kilomètre de bitume. Pire, ces travaux sont financés par des prêts contractés auprès de banques privés pratiquant des taux d’intérêts astronomiques de 10 à 15 % ! Même Nicolas Berlanga-Martinez, le représentant d’une instance aussi véreuse que l’Union Européenne en est arrivé à s’inquiéter du taux d’endettement du pays. Dans une interview accordé aux journaux de la place, il s’est dit préoccupé « que les choix de financement de la politique expansionniste de dépenses publiques ne ramènent pas le Togo vers une situation de surendettement et que les ambitions légitimes du gouvernement en termes de développement se transforment en une lourde hypothèque que les générations futures devront payer ». Il est vrai que ce monsieur aurait préféré que le pays s’endette auprès de l’UE en lieu et place des banques privées...
Quelle solution pour le Togo ?
L’ampleur du problème de la pauvreté au Togo est telle qu’aucune solution ne pourrait être trouvé sans des mesures radicales et courageuses. Bien qu’aucun acteur politique de premier plan n’ose l’envisager, le Togo ne pourra faire l’économie d’une politique de renationalisation sans indemnisation de ses principales entreprises. De l’Algérie (qui a adopté la loi dite de 51%) au Venezuela en passant par la Chine ou l’Équateur, l’État a été obligé de reprendre en main l’économie pour la mettre au service du peuple. Le chemin inverse emprunté par le Togo qui vient de nommer M. Gapéri, un fonctionnaire du FMI à la tête des deux principales régies financières du pays (impôts et douanes) est sans issue et condamné à l’échec.11
Sources