Histoire précoloniale
Du XIe siècle au XVIe siècle, la région de l'actuelle Guinée-Bissau est partiellement sous le contrôle d'un vaste État, l'Empire du Mali, puissance avec laquelle doivent alors compter le Maroc et l'Égypte.
À partir du XIIIe siècle, le royaume mandingue de Gabou exerce une forte influence sur la région.
Domination portugaise
Les premiers contacts européens avec les côtes de ce qui allait devenir la Guinée-Bissau sont établis, en 1446, par le navigateur portugais Nuno Tristão, tué en y prenant pied. Le Portugal établit quelques comptoirs sur cette côte, nommée par les navigateurs Rios da Guiné de Cabo Verde.
En 1630, une capitainerie générale de la Guinée portugaise est mise en place, pour administrer le territoire. Avec la coopération de certaines tribus locales, le Portugal participe au commerce triangulaire et exporte de nombreux esclaves vers les Amériques, en passant par le Cap-Vert. Cacheu devient l’un des principaux centres de commerce des esclaves. La traite décline au XIXe siècle et Bissau, construite en 1765 pour être un fort militaire et un centre négrier, devient une place de commerce.
XIXe et XXe siècles
Le Portugal ne s’intéressa guère à l’intérieur des terres avant la seconde moitié du XIXe siècle. Il perdit une partie de la Guinée au profit de la France, y compris la Casamance, qui fut un temps le centre des intérêts commerciaux portugais dans la région. Un conflit avec la Grande-Bretagne à propos des îles de Bolama fut arbitré en faveur du Portugal, avec la participation du président des États-Unis Ulysses Grant.
Avant la Première Guerre mondiale, les forces portugaises soumirent les tribus animistes, avec le soutien d’une partie de la population musulmane, et fixèrent les frontières du pays. L’intérieur de la Guinée portugaise fut maîtrisé après 30 ans de combats qui se conclurent par la reddition des Bijagos en 1936. La capitale administrative passa de Bolama à Bissau en 1941. En 1952, un amendement constitutionnel modifia le statut de la colonie de la Guinée portugaise, qui devint une province d’outre-mer du Portugal.
Combat pour l’indépendance
En 1956, Amílcar Cabral et Rafael Barbosa fondèrent clandestinement le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Le PAIGC déplaça ses quartiers à Conakry, en Guinée française, en 1960 et entama une rébellion armée contre le Portugal l’année suivante. Il remporta rapidement des victoire et contrôlait la majeure partie du pays en 1968. Il instaura un pouvoir civil et organisa des élections législatives dans les zones passées sous son contrôle, tandis que les forces et les civils portugais étaient confinés à leurs garnisons et aux grandes villes.
Amílcar Cabral est assassiné à Conakry en 1973 et la direction du parti revint à Aristides Pereira, qui devint plus tard le premier président du Cap-Vert. L’Assemblée nationale du PAIGC se réunit à Boe et déclara l’indépendance de la Guinée-Bissau le 24 septembre 1973. Les Nations unies reconnurent l’indépendance en novembre de la même année par le vote 93-7 de l’Assemblée générale. Fait sans précédent, le vote dénonça une agression et occupation illicite par le Portugal et intervint avant le retrait et la reconnaissance de l’indépendance par ce dernier.
Indépendance
Le Portugal accorda officiellement l’indépendance à la Guinée-Bissau le 10 septembre 1974, après la révolution des œillets et la chute de la dictature d’Antonio Salazar, en avril de la même année. Luís Cabral, demi-frère d’Amílcar Cabral, devint président de la Guinée-Bissau. Il sera renversé en 1980 par un coup d’État mené par le premier ministre et ancien commandant des forces armées, João Bernardo Vieira.
Présidence de Vieira
Le Conseil révolutionnaire dirigé par Vieira fut au pouvoir en tant que gouvernement provisoire de novembre 1980 à mars 1984, date à laquelle le Conseil fut dissous et l’Assemblé nationale populaire reconstituée. L’assemblée, à parti unique, approuva la nouvelle constitution, élut Vieira à la présidence pour un mandat de cinq ans et élut le Conseil d’État, branche exécutive du pouvoir. Le président cumulait les charges de chef de l’État, chef du gouvernement et commandant en chef des forces armées.
Le gouvernement Vieira fut victime de tentatives de coup d’État en 1983, 1985 et 1993. En 1986, le premier vice-président Paulo Correira fut exécuté avec cinq autres personnalités pour trahison, à la suite d’un long procès.1
Guerre civile de Guinée-Bissau
La guerre civile de Guinée-Bissau fait suite au coup d'État contre le président João Bernardo Vieira dirigé par le général de brigade Ansoumane Mané en juin 1998. La guerre civile est étroitement liée au conflit en Casamance : en janvier 1998, une dizaine de séparatistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) sont tués et 43 autres arrêtés près de la frontière sénégalaise. L'armée du Guinée-Bissau est déployée le long de la frontière afin d'empêcher toute incursion séparatiste dans le pays. À la fin du mois de janvier, après la saisie en Guinée-Bissau d'une cache d'armes, un certain nombre d'officiers des forces armées ont été arrêtés sur des accusations de fournir des armes aux séparatistes casamançais. Au début du mois de février le ministre de la Défense a annoncé la suspension du chef d'état-major des forces armées, le Brigadier-général Ansumane Mané, sur un motif de « manquement au devoir ».
En mars 1998, après les protestations des partis d'opposition concernant des retards dans l'organisation des élections législatives, une commission nationale indépendante a été établie. Les élections devaient avoir lieu en juillet. Au sixième congrès du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) tenu en mai 1998, le président João Bernardo Vieira est réélu chef de l'État, obtenant ainsi un second mandat.
Ansumane Mané tente un coup d'État contre le président sortant en juin 1998, résultant en une guerre civile. Les affrontements entre les forces gouvernementales, soutenues par les États voisins (Sénégal et Guinée), et les rebelles ont finalement abouti à des accords de paix le 1er novembre 1998, qui prévoyaient la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de nouvelles élections l'année prochaine. De brefs combats reprennent en mai 1999 et voient le renversement de João Bernardo Vieira.2
Tentative de démocratisation
En février 2000, Kumba Ialá, leader de l’opposition, fut élu à l’issue de deux tours d’élection présidentielle qualifiée de transparente par les observateurs. Il établit un gouvernement provisoire, mais le retour à la démocratie fut compliqué par une économie dévastée par la guerre civile et la propension de l’armée à s’immiscer dans les affaires gouvernementales. Le poids des anciens combattants qui ont obtenu l'indépendance de leur pays est en effet tel que l'armée est le véritable socle du pouvoir politique.3
Le coup d'état d'État de 2003
Tandis que le comportement du président Ialá devient contestable et que le gouvernement n'arrive plus à payer les salaires aux militaires, le Général Veríssimo Correia Seabra prévient le président que les militaires seraient obligés d'intervenir si la situation ne change pas. Correia Seabra dirige donc le coup d'État sans coup de feu qui a éloigné Kumba Ialá du pouvoir le 14 septembre 2003 qui fut bien accueilli par les Bissau-Guinéens mais qui provoqua les condamnations de la communauté internationale. Son premier acte en tant que chef de junte militaire a été de restaurer la Constitution et l'ordre démocratique comme convenu lors des rencontres avec les partis politiques, la société civiles et le clergé à qui il a demandé de choisir un Premier ministre qui serait chargé d'organiser des élections.
Henrique Rosa est nommé chef du gouvernement et devient président le 28 septembre 2003. Seabra continue à être le chef du conseil national de transition. Des élections parlementaires libres et justes furent tenues le 28 mars 2004.
Le 6 octobre 2004, une mutinerie de soldats due à des impayés de salaires tourne mal. Veríssimo Correia Seabra avec le lieutenant-colonel Domingos Barros sont détenus et battus à mort par des soldats4. D’après le premier ministre Carlos Gomes, les mutins étaient des soldats au service de l’ONU rentrés du Liberia et insatisfaits de n’avoir pas encore été payés. Vieira fut réélu président le 24 juillet 2005.5
L'assassinat
Le 2 mars 2009, João Bernardo Vieira est tué dans sa résidence officielle par des hommes en armes, juste après un attentat à la bombe qui a tué le général en chef du pays Batista Tagme Na Waie. Des responsables militaires auraient revendiqué la responsabilité de la mort de Vieira.6
La Guinée-Bissau a été qualifié de « narco-État » par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Selon Le Figaro, les attentats contre le général et contre le président Vieira auraient probablement été perpétrés par les trafiquants colombiens, peut-être en représailles contre la destitution en août 2008 du contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto (en), chef de la marine nationale soupçonné de couvrir le trafic, arrêté en mars 2013 par la DEA pour trafic de drogue et emmené aux États-Unis.
En avril 2010, un coup d'État — qui voit le retour de Bubo Na Tchuto au premier plan — est organisé par les militaires contre le premier ministre Carlos Gomes Junior. Le premier ministre est relâché le lendemain, mais demeure en résidence surveillée, tandis qu'Antonio Njai se présente comme le nouvel homme fort de l'armée.
Nouvelles élections et nouveau coup d'état
Le premier tour des élections présidentielles du 11 mars 2012 accorde au premier ministre sortant, Carlos Gomes Jr, 49 % des voix, et à l'ancien président Kumba Yala 23,3 %. Le second tour était initialement prévu pour le 22 avril mais les nombreux recours pour fraude massive de la part de cinq candidats poussent la commission électorale à le repousser d'une semaine. L'annonce a été faite le 11 avril.
Le lendemain, 12 avril 2012, Kumba Yala déclarait à la presse « Quiconque s'aventurera à battre campagne assumera la responsabilité de tout ce qui adviendra ». Dans la soirée, un putsch militaire bloque l'accès au palais présidentiel, à la radio et à la télévision nationales, aux différentes ambassades, au siège local des Nations unies et au siège du parti de Carlos Gomes Jr. Ce dernier est enlevé avec d'autres responsables politiques et interné à la forteresse d'Amura.
À la suite du coup d'État militaire de 2012, l'Union africaine suspend la Guinée-Bissau le 17 avril 2012.7
José Mário Vaz remporte 40,9 % des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle du 13 avril 2014. Lors du second tour qui s'est déroulé le 18 mai 2014, il a reçu 61,9 % des voix.8
Économie de la Guinée-Bissau
La principale source de devises est l'exportation de noix de cajou, qui représente 60 % des revenus du pays. La Guinée-Bissau est le 3e producteur de noix de cajou d'Afrique, et le 6e mondial, avec sa production de 120 000 tonnes par an lui rapportant 60 millions de dollars. Le pays possède de nombreuses autres ressources naturelles : bauxite, bois, pétrole, phosphates... Son littoral, très riche en poissons, attire les pêcheurs de l'Union européenne qui viennent pêcher chaque année 500 mille tonnes de poisson, versant en échange à la Guinée-Bissau environ 7 500 000 €. Le potentiel agricole du pays est énorme, mais sa forêt, par exemple, n'est exploitée que de manière informelle.
Malgré ses nombreux atouts, la Guinée-Bissau est le troisième pays le plus pauvre du monde, parmi les pays les moins avancés (PMA). L'indicateur de développement humain (IDH) est de 0,289 en 2010 (position 164 entre 196 pays). En 2005, le budget de l'État dépend à 75 % de l'aide internationale.
Du fait de sa pauvreté et de sa désorganisation économique, la Guinée-Bissau est une proie facile pour les trafiquants de drogue de l'Amérique du Sud qui l'utilisent comme passerelle pour atteindre l'Union européenne, leur principal client depuis que les États-Unis ont durci leur politique de contrôles aux frontières. La Guinée-Bissau a une position géographique privilégiée, au sud du Sénégal, qui l'exclut du dispositif de contrôle de l'immigration clandestine, qui s'étend du Maroc au Sénégal et rend les trafics difficiles. La drogue sud-américaine est donc stockée en Guinée-Bissau, où elle est ensuite introduite par petites quantités dans les produits de marché (fruits, poissons, noix de Cajou) acheminés vers l'Europe, ou ingérée par des mules qui risquent leur vie et leur liberté pour 5 000 € (leur salaire pour acheminer 500 grammes à 1 kilogramme de cocaïne en capsules). La Guinée-Bissau, loin d'être consommatrice de ces drogues de « luxe » que ses habitants n'ont pas les moyens de s'offrir, est devenue en quelques années la plaque tournante du trafic de cocaïne.9
En 2010, 67,1% des Bissau-Guinéens vivaient sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.10
Guinée-Bissau : les secrets de la crise
Comment comprendre un pays qui a connu depuis son indépendance pas moins de six coups d’État.
1_Le politique et le militaire, les deux faces d’une même pièce
La Guinée Bissau, c’est avant tout l’histoire d’un parti politico-militaire, le PAIGC (Parti Africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert) et de sa lutte de libération contre le colonisateur portugais.
Une lutte qui abouti en 1974 à la libération nationale. Le PAIGC est alors le creuset où se recrutent les membres de la nouvelle administration. L’osmose est telle entre le nouvel État et le parti combattant que le PAIGC a longtemps considéré la sphère politique comme sa chose et a - en quelque sorte - inféodé l’État.
Ce parti omnipotent qui s’installe à la tête de la Guinée Bissau indépendante comporte deux ailes : une aile politique emmenée par Luis Cabral - devenu président - et une aile militaire emmenée par le célébrissime commandant en chef des forces combattantes, Joao Bernardo Viera, dit « Nino », le premier ministre.
Le coup d’état de 1980 qui renverse Cabral au profit de Viera est la victoire de l’aile militaire du PAIGC sur l’aile politique. Depuis, cette dialectique politico militaire au sein du parti n’a cessé de perdurer. Elle s’est même étendue à la formation de l’opposition issue du PAIGC, à savoir le PRS de Kumba Yalla qui est lui aussi devenu un parti entretenant des rapports très proches avec une partie de l’armée, notamment celle d’origine balante.
2_L’ethnie Balante en quête de pouvoir
Les clivages ethniques en Guinée Bissau sont extrêmement vivaces et expliquent en grande partie la situation actuelle. En 1985, alors que Nino Viera a déjà essuyé une première tentative de putsch, un groupe de militaires emmenés par un officier balante Tagme Na Way, tente de soulever l’armée contre le président.
Viera connaît bien Tagme Na Way qui fut l’un de ses proches collaborateurs et ne lui pardonne pas cette tentative de putsch. Tagme Na Way est arrêté et subit de graves sévices, dont une castration partielle ce qui en dit long sur le degré de violence souterrain au sein de l’appareil militaire.
Tagme Na Way est d’ethnie balante et Nino Viera décide de nettoyer l’armée de ses éléments balantes les plus visibles. Ceux-ci prendront leur revanche après le soulèvement de 1998 qui voit Ansuman Mané contester le pouvoir de Nino Viéra.
La guerre civile et la transition qui suivent, permettent aux balantes de revenir en force au sein de l’armée. Ansuman Mané est assassiné et les balantes contrôlent les troupes. Pendant ce temps, Kumba Yalla qui représente déjà l’aile politique de l’ethnie balante a quitté le PAIGC et fondé le PRN, puis le PRS le Parti de la rénovation sociale.
En 2000, alors que l’élection présidentielle se précise, le pouvoir balante s’étend de l’armée à la sphère politique puisque Kumba Yala est élu président. Pour la première fois dans l’histoire de la Guinée Bissau, une ethnie contrôle l’ensemble de la sphère du pouvoir. Cela ne dure que trois ans. La présidence brouillonne de Kumba Yala pousse les militaires à l’évincer.
3_Les métis se considèrent comme les gardiens du temple
L’attitude revancharde des balantes est en partie le résultat du mépris dans lequel les élites métissées de la Guinée Bissau ont tenu certains groupes ethniques durant des décennies.
Le clivage entre Noirs et Métis établi durant la colonisation portugaise perdure à l’indépendance. Alors que la Guinée Bissau et le Cap Vert partagent encore la même structure politique, les élites dirigeantes à Bissau sont d’origine capverdiennes et donc, pour l’immense majorité, métissées. Cette ségrégation est institutionnalisée par la constitution du 7 novembre 1980 qui prévoit que seuls les Capverdiens nés de parents capverdiens pourront être élus au sein des instances du parti et de l’État, alors communs aux deux pays. Les Noirs bissau-guinéens ne peuvent l’accepter et l’armée pousse le Premier ministre Nino Viera à renverser Luis Cabral.
Cette époque a laissé des traces dans les esprits et l’élite métissée de Guinée Bissau, représentée entre autres par la famille Gomes, n’a jamais renoncé à retrouver le contrôle du pays.
Cette toile de fond permet de comprendre que l’arrestation de Carlos Gomes et de Raimundo Pereira n’est au fond rien d’autre qu’une lutte de pouvoir entre les Balantes et les Métisses. Les premiers refusant aux seconds la possibilité d’accéder à la présidence.
4_Réseaux balantes contre réseau PAIGC
Au début des années deux mille, les balantes règnent sur l’armée et sont représentés dans la sphère politique par le PRS. Le PAIGC regroupe quant à lui les autres groupes ethniques ainsi que les métis.
La lutte politique a donc depuis toujours un prolongement militaire évident et la classe politique n’imagine pas un seul instant de se passer de l’influence militaire dans sa lutte pour le pouvoir.
Mais Carlos Gomes Junior qui entreprend une longue conquête du pouvoir sait qu’il dispose de peu de relais au sein de l’armée. Il va donc tenter de la neutraliser. Redevenu Premier ministre en 2009, il s’appuie sur la CEDEAO et l’Angola pour tenter d’imposer une force militaire chargée de contrôler l’armée.
L’État-major résiste mais fini par accepter la présence d’un contingent angolais estimé à deux cent hommes. Parallèlement, Carlos Gomes annonce une vaste restructuration des forces armées.
À la mort du président Malam Bacaï Sanha, les militaires sentent le danger approcher. Carlos Gomes, surnommé Cadogo, dispose d’une police à sa botte, la PIR, et d’une force angolaise d’appoint.
Les balantes, travaillés au corps par l’aile politique, et surtout par Kumba Yalla, craignent de perdre leur dernier bastion d’influence. Ils finissent donc par arrêter Cadogo avant le second tour de l’élection présidentielle qui aurait vraisemblablement consacré sa victoire totale.
5_Le meurtre comme arme politique
Le 2 mars 2009 Nino Viéra, redevenu président depuis 2005, est assassiné quelques heures après un attentat qui a coûté la vie à son vieil ennemi, le chef d’état-major général, Tagmé Na Way.
Celui-ci avait coutume de dire « si l’on m’assassine le matin, Nino mourra le soir ». C’est en gros ce qui s’est produit mais rien ne prouve que Nino Viéra soit impliqué dans l’attentat qui a coûté la vie à son chef d’état-major.
Il n’y avait aucun intérêt et savait parfaitement mesurer le risque d’une telle opération. Quelques mois plus tard, en juin, les députés Baciro Dabo et Elder Proenca, ennemis déclaré du Premier ministre, sont eux aussi assassinés.
Les quatre morts avaient un point commun, ils s’opposaient à l’ascension politique de Carlos Gomes junior. Leur disparition est une aubaine pour ce dernier. Rien ne prouve que Carlos Gomes soit derrière ces assassinats mais une chose est frappante : en trois ans aucune enquête sérieuse n’a permis d’élucider ces meurtres et personne n’a été inquiété par la justice.
Dans le système, les crises se dénouent à coup de fusil. Et à force d’instrumentaliser la violence au sein de l’appareil politico militaire, les dirigeants bissau-guinéens ont engendré un monstre qui dévore peu à peu ses enfants.11
Sources