La période précoloniale
Les commerçants arabes ont donnés les premiers témoignages écrits de la région aux environs du IXe et du Xe siècle. Au cours du Xe siècle, les marchands et savants musulmans établissent des communautés dans plusieurs centres commerciaux de l'Afrique de l'Ouest. S'établissent alors des routes commerciales à travers le Sahara, entraînant un grand commerce d’exportation d'esclaves, d'or et d'ivoire et d'importation de produits manufacturés.
Vers le XIe ou le XIIe siècle, les dirigeants des royaumes tels que Takrur (une monarchie centrée sur le fleuve Sénégal, juste au nord), ancienne Ghana et Gao, ont été convertis à l'islam. Au début du XIVe siècle, la Gambie faisait partie de l'empire du Mali. Les Portugais ont atteint ce domaine par la mer dans le milieu du XVe siècle, et ils ont commencé le commerce extérieur.
À son apogée, au XIVe siècle, l'empire du Mali s'étendait jusqu'en Gambie.1
Les explorateurs portugais
Au début du XVe siècle, les premiers explorateurs européens s'aventurent vers l'extrémité occidentale du continent africain. Intrigué par les récits des géographes et cartographes arabes sur l'immense richesse des royaumes d'Afrique de l'Ouest et sur le légendaire royaume du prêtre Jean, le prince portugais Henri le Navigateur lance plusieurs expéditions à partir de 1418. En 1434, Gil Eanes double le cap Bojador. Nuno Tristão et Antão Gonçalves atteignent le cap Blanc en 1441 et Dinis Dias accoste à la Presqu'île du Cap-Vert, extrémité occidentale de l'Afrique, en 1444. En 1446, António Fernandes navigue le long des côtes de l'actuelle Sierra Leone.
C'est Nuno Tristão qui fut le premier européen à atteindre l'embouchure du fleuve Gambie en 1446. Lui et son équipage furent très mal accueillis par les autochtones qui les prirent pour des cannibales et il mourut lui-même de ses blessures pendant le voyage de retour.
Henri le Navigateur était cependant trop obstiné par les rumeurs selon lesquelles le fleuve Gambie regorgeait d'or pour abandonner. En 1455, il y envoya le Vénitien Alvise Cadamosto, accompagné du Génois Antoniotto Usodimare. Il se heurtèrent également à la résistance des indigènes. L'année suivante, Cadamosto fut chargé d'une deuxième expédition. Il découvrit en chemin les îles du Cap-Vert et s'y arrêta brièvement avant de repartir en direction de la Gambie. Il parvint à remonter le fleuve sur 100 km et à lier des contacts avec ses habitants. Il se lia d'amitié avec plusieurs rois locaux, dont Batti Mansa, roi de Baddibu, qui était séduit par le christianisme et demanda par écrit au souverain portugais de lui envoyer un prêtre. Cadamosto fut contraint d'écourter son voyage, un tiers de son équipage ayant succombé à diverses maladies tropicales et il retourna au Portugal en 1456.
Deux ans plus tard, Diego Gómez remonta le fleuve sur 450 km jusqu’à l’actuelle Upper River Division. Il y entendit parler de l’or du plateau du Fouta Djallon et de l’empire du Mali. Il échangea des marchandises contre quelques esclaves qu’il ramena en Europe.
Par la suite, des prêtres portugais s’installèrent sur le bord du fleuve, à Nuimi, et commencèrent à y prêcher le christianisme. Ils construisirent une chapelle près d'Albreda et baptisèrent l’endroit San Domingo. L'islam était déjà bien ancré, Mansa s'était désintéressé d'eux et les missionnaires n'eurent que peu de succès. Les portugais fondèrent d'autres bases d'exploration à Bintang, Tankular, Niani Maru et Kassan sur la rive sud, Fattatenda et Kuntaur sur la rive nord.
Le Portugal soutint le Mali lorsque ce dernier fut attaqué par l'empire songhaï. Un ambassadeur de l'empire Wolof visita quant à lui le Portugal en 1488. Le commerce se développa et quelques Portugais s'installèrent en Gambie où ils importèrent de nombreuses espèces végétales toujours cultivées aujourd'hui comme les oranges, les bananes, la papaye, le manioc, la goyave, le maïs et l'arachide. Ils apportèrent également des techniques de construction, de navigation et de pêche et de nombreux emprunts au portugais subsistent dans la langue mandingue.
La bulle pontificale Aeterni regis, fulminée le 21 juin 1481, attribua la côte africaine au Portugal au détriment de l'Espagne.
Les marchands anglais
En 1588, le Portugal perdit ses droits commerciaux dans la vallée du fleuve Gambie et sur la Côte de l'Or (actuel Ghana) au profit de l’Angleterre. Le Portugal était alors uni sous la couronne espagnole et la débâcle de l’armada espagnole contre la marine anglaise permit à Élisabeth Ire de mettre la main sur les privilèges commerciaux des Portugais. Elle les revendit à la Company of Devon et aux London Merchants. La présence anglaise en Gambie remontait cependant à 1562, lorsque Sir John Hawkins vola 300 esclaves aux Portugais pour les revendre à Santo Domingo, en actuelle République dominicaine, fondant par là-même le commerce triangulaire.
En 1618, le roi Jacques Ier laissa entièrement les droits commerciaux sur la Gambie et la Côte de l’Or à la Company of Adventures of London. La Guinea Company vit le jour afin de protéger la côte de Guinée contre les visées françaises et néerlandaises. La même année, les premiers esclaves débarquèrent dans la nouvelle colonie de Virginie. Les expéditions visant à découvrir de l’or à l’intérieur des terres s’intensifièrent. Une première échoua, la deuxième fut attaquée en mer par les Portugais et essuya de lourdes pertes. Deux ans plus tard, Richard Jobson atteignit les chutes de Barrakunda.
Les Anglais exportèrent de plus en plus d’esclaves à partir de 1652. La demande de main d’œuvre bon marché augmentait rapidement dans les Caraïbes où la culture de la canne à sucre était en pleine croissance.
La période germano-baltique
Au XVIIe siècle, le duc de Courlande (région historique de la Lettonie) Jacob Kettler cherchait à développer le commerce des pays de la Baltique. Il tenta plusieurs fois de stimuler la colonisation courlandaise dans le sud des Caraïbes en y développant la culture du tabac et il avait besoin d’une base commerciale supplémentaire pour importer la main d’œuvre nécessaire.
La cohabitation entre les Allemands et les locaux fut pacifique. Kettler considérait les rois avec qui il commerçait comme des partenaires souverains. Ces derniers lui apportèrent un soutien militaire contre les incartades néerlandaises. Cela ne suffit cependant pas toujours, et les comptoirs allemands furent occupés par deux fois par les Pays-Bas, du 4 février 1659 au 10 juin 1660 et du 3 juillet au 2 août 1660.
La présence courlandaise prit fin à l’issue de la Première guerre du Nord, qui fit s’affronter la Suède et la Pologne de 1655 à 1660.
La rivalité franco-britannique
L’année 1660 vit également la naissance d’une nouvelle compagnie commerciale anglaise, la Company of Royal Adventurers Trading to Africa. Charles II lui délivra une patente portant sur tous les droits commerciaux et territoriaux de la couronne anglaise, indépendamment du souverain local ou des droits d’autres nations. L’amiral Robert Holmes fut envoyé, à la tête d’une flotte de cinq bateaux, surveiller la côte occidentale de l’Afrique pour y protéger les intérêts de la compagnie et de l’Angleterre. Il fit ériger un fort sur Dog Island, qu’il nomma alors Charles Island. Il occupa James Island, toujours officiellement courlande mais sous occupation néerlandaise, le 19 mars 1661, et lui donna son nom actuel en hommage au directeur de la compagnie, comte d’York et futur roi d’Angleterre Jacques II. Il y construisit de nouvelles fortifications, Fort James, et y stationna une garnison.
À la fin de la deuxième guerre anglo-néerlandaise (1665 – 1667), la Company of Royal Adventurers périclita mais la Compagnie royale d'Afrique fut fondée en lieu et place de la première. Le 17 novembre 1664, les postes courlandes furent officiellement cédés à l’Angleterre. Robert Holmes prit de nombreux comptoirs appartenant à la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales pour le compte de la RAC.
Entre temps, à partir de 1626, la France s’était installée sur le territoire de l’actuel Sénégal, sur le cours inférieur du fleuve homonyme. La Compagnie du Sénégal, fondée en 1673 conclut des traités avec les Nuimi lui permettant d’ouvrir un comptoir à Albreda, près de Juffureh et de l’île James, en 1681. Trois ans plus tard, la Compagnie royale d'Afrique racheta la Gambia Adventurers et tout le Sénégal fut occupé par l’Angleterre entre janvier et juillet 1693. Tout au long du siècle qui suivit, les différentes nations présentes dans la région se disputèrent l’île James, et par là la domination économique et politique sur le fleuve. Le 27 juillet 1695, elle fut prise par la France, sans toutefois être occupée, à l’issue d’une bataille navale pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg. Elle fut rétrocédée à l’Angleterre en septembre 1697 dans le cadre de la paix de Rijswijk. La Compagnie royale d'Afrique s’employa à reconstruire le fort à partir d’avril 1699 mais suite à la perte de son monopole commercial sur la Gambie l’année précédente, elle fut contrainte de compter avec des concurrents. En 1702, l'île James passa définitivement sous contrôle britannique. Fort James fut désaffecté et inoccupé du 20 mai 1709 au 13 novembre 1713. Les Traités d'Utrecht confirmèrent cette situation et la Compagnie royale d'Afrique racheta Fort James en 1717.
Fort Albreda fut détruit en 1746, pendant la guerre de Succession d'Autriche, et ne fut reconstruit qu’à la faveur du traité d'Aix-la-Chapelle en 1748.
À partir de 1750, la Company of Merchant Adventurers assuma l'administration de la Gambie. De 1758 à 1779, la Gambie faisait partie d'un territoire alors appelé Sénégambie. En effet, durant cette période, les britanniques avaient également conquis des positions françaises le long du fleuve Sénégal. Ces positions repasseront finalement sous contrôle français quelques années plus tard.
La colonie britannique
Le traité de Versailles du 3 septembre 1783 confirme que le Sénégal et la Casamance appartiennent à la France tandis que le territoire de la future Gambie est accordé à l’Angleterre.
De 1821 à 1843, la Gambie est placée sous la juridiction du Sierra Leone, sous l’autorité d’un gouverneur britannique. Il s’agit d’une zone majeure pour le commerce de la gomme.
En 1843 la Gambie est une « Colonie de la Couronne ». Elle inclut Bathurst, environ 600 habitants, ses environs, Albréda , le fort Barren et l’île fortifiée de Mc Carthy. La France souhaite acquérir la Gambie pour des raisons commerciales, et offrir à l’Angleterre en échange des comptoirs du Golfe de Guinée : pour Faidherbe, cela ferait « une belle Sénégambie compacte ». Cela permettrait à la France de contrôler le commerce des arachides et de combattre les rebelles anti expansionnisme français du Sénégal qui se réfugiaient en Gambie. En 1865, des négociations France-Angleterre débutent mais l’Angleterre voit peu d’intérêt dans les colonies proposées, et préférerait les îles de Loos et la Méllacorée (territoires de commerce riche autour de la Guinée). Les négociations sont interrompues par la guerre de 1870.
De 1866 à 1888, la Gambie est à nouveau avec le Sierra Leone puisque quatre colonies britanniques (Gambie, Sierra Leone, Lagos et Côte de l’Or) sont regroupées dans « les établissements britanniques de l’Afrique Occidentale ». (West African Settlements). Le gouvernement central se situe à Freetown, au Sierra Leone. Des conflits ont lieu entre Peuls et Malinkés. La Gambie dispose de son propre gouverneur. Les négociations franco-anglaises territoriales reprennent : l’Angleterre propose la Gambie en échange de l’arrêt de toute activité française autour du Golfe de Guinée ce que la France refuse. En 1876, une brochure anglaise écrit qu’il ne faut pas « abandonner la riche Gambie et ses populations » à la « barbarie du gouvernement français ». La Gambie reste anglaise.
En 1888, la Gambie est une colonie à nouveau à part entière. C’est le début du développement de la culture de l’arachide pour ce pays qui sera surnommé rapidement « colonie de l’Arachide ».
En 1886, la Gambie, colonie de la Couronne voit ses frontières dessinées par la Grande-Bretagne et la France. Ce territoire en longueur totalement enclavé dans le Sénégal français est contesté en Gambie comme au Sénégal.
En 1894, ordonnance d’un protectorat en Gambie à l’exception de l’île Sainte Marie qui reste une colonie. Les britanniques appliquent dans l’ensemble leur indirect rule : La Gambie est divisée en différent districts mais le système traditionnel de chef et sous chefs est maintenu.
Pendant la première guerre mondiale, les soldats de la Gambie combattent avec les Alliés. La capitale Banjul est un port et un arrêt aérien pour les Alliés.
Indépendance de la Gambie et temps de Jawara
Progressivement, des Gambiens sont intégrés dans l’administration de leur pays. En 1954, la Grande-Bretagne donne son accord pour que la Constitution soit amendée pour augmenter la représentation au sein du Conseil Législatif des Gambiens, les « membres non fonctionnaires » deviennent majoritaires. La Constitution est une nouvelle fois amendée en 1960 : le Conseil Législatif devient la « Chambre des Représentants », six ministres sont prévus avec un ministre principal instauré en 1961.
En 1961, une conférence constitutionnelle au sujet de la Gambie a lieu à Londres où l’autonomie interne est partiellement accordée. Le gouverneur britannique doit agir en accord avec les recommandations d’un Conseil Exécutif essentiellement composé de Gambiens, le gouverneur garde toutefois le privilège de la sécurité intérieure et de la défense. Le 4 octobre 1963, l’autonomie complète est accordée à la Gambie. Le ministre principal devient le premier ministre, le Conseil exécutif devient le Cabinet. C’est le début de la carrière politique du nouveau premier ministre, Dawda Jawara.
En 1964, une nouvelle conférence constitutionnelle a lieu à Londres pour fixer les modalités de l’indépendance.
La Gambie devient indépendante le 18 février 1965. C’est la dernière colonie anglaise à devenir indépendante : le manque de ressources économiques et sa petite taille rendent son avenir incertain. Rapidement, un référendum est soumis au peuple pour un amendement de la constitution qui transformerait la Gambie en République. Il n’y aurait plus de monarque mais un président, Jawara. C’est un échec à très peu de voix (758). Il est difficile d’interpréter ce vote qui peut être une position de principe mais aussi un simple « vote d’opposition » à Jawara. De plus, une partie de la population craint le souhait d’une partie de la population du Sénégal : l’annexion de la Gambie. Il y a donc derrière ce vote aussi l’idée que la Reine d’Angleterre empêcherait l’invasion militaire par le Sénégal et protégerait l’autonomie de la Gambie.
La Gambie devient une république le 24 avril 1970 pour des raisons économiques, budgétaire mais aussi une idée de fierté nationale. Dawda Jawara devient président de la république de Gambie.
Les relations avec le Sénégal
En 1962, Grande-Bretagne et Sénégal font la démarche conjointe auprès des Nations Unies pour la demande d’une création d’une commission internationale chargée d’examiner les problèmes d’une association Sénégal-Gambie. En 1967, Jawara rencontre Léopold Sédar Senghor, président du Sénégal. Ils concluent un accord le 19 avril qui prévoit la création d’un comité ministériel interétatique et prévoit une rencontre tous les ans en janvier.
En 1970, des accords de coopération entre Sénégal et Gambie s’amorcent. La Gambie, sans armée, a tout intérêt dans l’accord de défense. L’autre partie de l’accord concerne la mise en valeur du bassin du fleuve Gambie.
En 1981, une tentative de Coup d’État fragilise le gouvernement de Jawara. Cette tentative est menée par Kukoi Samba Sanyang. Séjournant à Londres, il appelle le Sénégal à l’aide pour vaincre les rebelles en vertu de l’accord de 1967.
En 1982 une confédération Sénégambie est signée. Il s’agit d’une unification économique, monétaire et militaire. Le Sénégal décide de la dissoudre en 1989.
La Gambie sous Yahya Jammeh
En 1994, Yahya Jammeh effectue un coup d’état appuyé par des troupes gambiennes ayant participé à la Force Ouest au Liberia, mécontentes du retard de paiement de leur solde. Pendant deux ans, il est chef de l’AFPCR (Armed Forces Provisionnal Ruling Council), un gouvernement de transitif dictatorial. Le gouvernement rétablit la peine de mort pour empêcher les contestations.
À la suite du coup d’état, la communauté internationale suspend les aides attribuée à la Gambie et la Grande-Bretagne déconseille la Gambie comme destination touristique. Jammeh prévoit alors des élections en 1996 (ce que le Commonwealth continue de condamner) où il est élu. C’est le début de la Seconde République, mais dans un climat de répression : les autres partis de Gambie sont interdit d’activité, les arrestations arbitraires se multiplient… Les nombreuses tentatives pour renverser Jammeh ne font qu’empirer sa politique à l’égard de ses opposants.
En 2001, Jammeh est réélu face à Oussainou Darboe, un avocat des droits de l’homme du parti United Democrat Party (UDP).
En 2006 Jammeh est réélu pour un troisième mandat à 66%. Une tentative de Coup d’état a eu lieu en 2006 : l’ancien chef de l’armée est accusé.
En 2011, Jammeh est réélu à 72 % des suffrages. Il déclare être « prêt à diriger le pays un milliard d’années ». Son opposant Darboe qualifie le scrutin de « frauduleux et grotesque ». La Communauté Économiques des États de l’Afrique de l’Ouest estime elle aussi que les élections n’ont pas été transparentes.
Le gouvernement de Jammeh devient de plus en policier, il ignore les ONG et la Commission Africaine des droits de l’homme. Sont dénoncés par ces derniers le traitement discriminatoire des homosexuels, l’usage de la torture et la violence des services de renseignement, surnommés les « Jungelers ».2
En 2013, la Gambie annonce son retrait du Commonwealth, en dénonçant une « institution néo-coloniale ». « Le gouvernement a décidé que la Gambie ne sera jamais membre d'une institution néo-coloniale et ne fera jamais partie d'une institution représentant une extension du colonialisme », a déclaré le gouvernement de Banjul.3
En mars 2014, Jammeh change la langue officielle de la Gambie de l'anglais à l'arabe. Cette décision est interprétée comme un futur rapprochement avec les pays arabes, avec à terme la possibilité de faire du pays une République islamique.
Le 30 décembre 2014, alors qu'il est en déplacement officiel à l'étranger, son régime est victime d'une tentative de coup d'État manquée, perpétrée par un ancien capitaine de l'armée gambienne, Lamine Sanneh.4
Le 12 décembre 2015, Le président Yahya Jammeh déclare que son pays est désormais un « État islamique », ce que conteste un responsable de l'opposition qui qualifie cette décision d'« inconstitutionnelle », la séparation de l'Église et de l'État étant inscrite dans la Constitution. La minorité chrétienne du pays est estimée à 8 %. L'administration impose aux femmes fonctionnaires de se voiler : « Tout le personnel féminin au sein du gouvernement, des ministères, des départements et des agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du 31 décembre 2015. Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher. »5
Restrictions à la liberté de la presse
En 2002, le premier journal francophone de Gambie (L'écho du baobab) voit le jour. Mais, un seul exemplaire sort des presses et plusieurs des journalistes sont emprisonnés par la police secrète gambienne (appelée la NIA), qui enferme également un journaliste congolais dans un cachot pendant deux semaines. Le rédacteur en chef, un Européen, est expulsé du pays et le journal est censuré.
Jammeh est classé comme un prédateur de la liberté de la presse par l'organisation Reporters sans frontières, depuis la promulgation de deux lois restreignant en 2004 et 2005, cette liberté, ainsi que depuis l'assassinat (non élucidé) du journaliste Deyda Hydara, un opposant à Jammeh, en décembre 2004.
Violations des droits de l'homme
Le 28 septembre 2009, Jammeh n'hésite pas à menacer de mort les défenseurs des droits de l'homme, lors d'une interview à la télévision d'État, accusant ceux qui aideraient ces derniers de vouloir « déstabiliser le pays ».
Alors qu'elle en était membre depuis 1965, la Gambie a annoncé le 2 octobre 2013 son retrait du Commonwealth, le pays refusant les injonctions du Royaume-Uni au sujet des droits-de-l'homme alors que le régime du président Yahya Jammeh se fait plus autoritaire.
Connaissances médicales
En janvier 2007, Jammeh a déclaré qu'il pouvait traiter le SIDA et l'asthme à base d'herbes médicinales. Puis, le 20 août suivant, pendant une émission d'informations diffusée par l'agence de presse contrôlée par l'État, Jammeh a également prétendu qu'il avait développé un remède (toujours à base de plantes) pour soigner l'hypertension artérielle pouvant guérir la maladie avec une seule dose. Il a justifié ses assertions en présentant plusieurs déclarations de certains de ses ministres qui avaient affirmé avoir été guéris grâce à ce médicament.
Opinion sur l'homosexualité
Le 15 mai 2008, Yahya Jammeh exige que tous les homosexuels quittent le pays. Il a également ajouté dans son discours que ceux qui protégeaient les homosexuels s'exposeraient à des « conséquences terribles ». Le 17 mai 2015, il menace de vouloir égorger tous les homosexuels qui voudraient se marier.
Peine de mort
Bien que la peine de mort restât légale, il n'y avait pas eu d'exécutions en Gambie depuis 1985. En août 2012, Jammeh annonce qu'il souhaite « vider » les couloirs de la mort de leurs occupants, et neuf prisonniers sont exécutés en septembre. Selon Amnesty International, les exécutés sont pour la plupart des prisonniers politiques. Cette reprise des exécutions est condamnée notamment par l'Union africaine ; le Bénin, qui assure la présidence tournante de l'Union, dépêche son ministre des Affaires étrangères pour « avertir M. Jammeh de ne procéder à aucune autre exécution ». Jammeh prononce alors un moratoire, indiquant toutefois que le moratoire serait levé si le taux de crimes violents dans le pays augmentait.
Défaite à l'élection présidentielle de 2016 et crise post-électorale
En novembre 2016, Yahya Jammeh annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle pour un cinquième mandat successif. Il est cependant confronté à une opposition de plus en plus importante à l'intérieur de la Gambie, notamment dans les deux grandes villes du pays, la capitale politique Banjul et la capitale économique Serrekunda. Le , il est battu par son opposant Adama Barrow et reconnaît sa défaite dès le lendemain. Cependant, lors d'une allocution télévisée, une semaine après sa précédente déclaration, Jammeh conteste sa défaite et dénonce une erreur dans le comptage des voix par la Commission électorale indépendante. Le 20 décembre, alors à la tête de son pays depuis 22 ans, il annonce son intention de garder le pouvoir après le 18 janvier, date prévue de la fin de son mandat, estimant que « nul ne peut [le] priver de la victoire, à l'exception d'Allah le Tout-Puissant ». Il condamne la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest qui veut qu'Adama Barrow accède au pouvoir, conformément au choix des urnes.
Jammeh refuse, lors de la médiation de la Cédéao, de quitter le pouvoir, et propose que sa vice-présidente, Isatou Njie-Saidy, assure l'intérim jusqu'en mai 2017.
Le , Jammeh instaure l'état d'urgence. Le 18 janvier, le Parlement prolonge son mandat de trois mois, jusqu'au 19 avril 2017. Le 19 janvier, Adama Barrow prête serment comme président de la République à l'ambassade de Gambie au Sénégal, tandis que des États d'Afrique de l'ouest (Sénégal, Nigéria et Libéria) pressent Yahya Jammeh de lui céder le pouvoir. Devant le refus de ce dernier, l'armée sénégalaise pénètre alors en territoire gambien dans le courant de l'après-midi. Le soir même, le chef de l’armée gambienne, le général Ousman Badjie, déclara à des ressortissants occidentaux qu'il n'ordonnerait pas à ses hommes de résister en cas d'intervention des troupes africaines mandatées par la CÉDÉAO.
Selon Jean-Claude Marut, membre du laboratoire des Afriques dans le monde, le refus de Jammeh de quitter le pouvoir avant l'examen de son recours par la Cour suprême serait cependant juridiquement légal.
Le , Jammeh accepte de quitter le pouvoir. Il part en exil le lendemain soir pour Conakry, avant de rejoindre la Guinée équatoriale. Il conserve cependant le droit de revenir en Gambie, ainsi que la propriété de ses biens, mais n'est pas amnistié. Il est par ailleurs soupçonné d'avoir dérobé 11 millions de dollars des caisses de l'État avant son départ.6
Le retrait de Jammeh permet désormais à Adama Barrow d'exercer le pouvoir.
Économie de la Gambie
La Gambie ne recèle pas de minéraux importants ou d'autres ressources naturelles et sa base agricole est limitée. Environ 75 % de la population dépend des récoltes et du bétail pour vivre. L'activité de production à petite échelle comprend le traitement des arachides, des poissons et des peaux. La réexportation de produits alimentaires et manufacturés vers les pays voisins, principalement le Sénégal, constitue une part importante de l'activité économique, mais la dévaluation de 50 % du franc CFA en janvier 1994 a rendu les produits sénégalais plus compétitifs.
La Gambie a une économie libérale et de marché, caractérisée par l'agriculture traditionnelle de subsistance, une dépendance historique vis-à-vis des arachides à cause des bénéfices d'exportation, un commerce de réexportation concentré autour de son port océanique, des taxes à l'importation très faibles, des procédures administratives réduites, un taux de change fluctuant sans contrôles, et une industrie du tourisme significative.7
La Gambie arrive en quatrième position du classement des pays produisant le moins de richesses par habitant au monde. Le pays d'Afrique de l'Ouest a en 2015 un PIB de 761 millions de dollars pour une population de 2 millions d'habitants, soit 384,2 dollars par tête8. Environ un tiers de la population vit sous le seuil international de pauvreté de 1,25 dollar par jour.9
Sources