Taiwan

 

 

Les Austronésiens

Il y a 6 000 ans (4 000 ans av. J.-C.), arrive la population de la Culture de Hemudu, originaire de la baie de Hangzhou, cultivateurs de millet et de riz, apportant leur culture et les langues austronésiennes sur l'île, ils supplantent rapidement les peuples du Pléistocène et sont les ancêtres des actuels aborigènes taïwanais.

D’autres cultures ont également existé, comme la culture de Dabenken qui est une culture du Néolithique et dont on trouve des traces dans le nord, dans le sud de l’île, ainsi que dans les îles Penghu (îles Pescadores).

 

La colonisation hollandaise et espagnole  

Les premiers contacts avec les Européens eurent lieu au XVIe siècle lorsqu'un vaisseau portugais repéra l'île et la surnomma Ilha Formosa, soit « belle île » en portugais.

Les Portugais ne firent aucune tentative de colonisation.

Seul le Japon s’intéressa à Taïwan à la fin du XVIe siècle et début XVIIe siècle. Hideyoshi Toyotomi premièrement en 1593 puis le Shogunat Tokugawa essaya par deux fois de mener des expéditions vers Taïwan en 1609 et 1616, ces expéditions furent des échecs dus à la résistance des aborigènes. La politique isolationniste met fin aux idées expansionnistes.

Les Hollandais cherchant à établir un poste avancé pour commercer avec la Chine et le Japon et ainsi mettre fin au monopole qu’entretenaient les Portugais et Espagnols, établirent une base dans les îles Pescadores en 1622. Forcés par les troupes chinoises, ils durent se retirer et partir s’installer à Tayouan (Anping dans l'actuel ville de Tainan) en 1624, où ils construiront le Fort Zeelandia.

Les Hollandais de la Compagnie des Indes (VOC) colonisèrent l’île jusqu’en 1662, ils en seront chassés par Koxinga. Les Hollandais ne voulaient au départ utiliser leur implantation à Taïwan que comme une simple base pour le commerce entre la Chine et le Japon.

Par la suite, afin de se préserver des attaques éventuelles venant des aborigènes ou des autres puissances coloniales rivales, et aussi pour rendre leur colonie autonome, les Hollandais décidèrent d'asseoir leur domination par des moyens militaires mais également en développant le potentiel agricole et commercial de l’île.

Pour étendre leur influence sur les populations aborigènes et ainsi contrôler les éventuelles révoltes, ils tentèrent de les christianiser. Ils réalisèrent des translittérations romanisée de la langue siraya de textes religieux à des fins d'évangélisation et construisirent des écoles, où l’usage de cette écriture y était enseigné aux aborigènes.

Bien qu’elle ne fut pas normalisée dans son orthographe, l’utilisation de cette écriture restera en usage encore jusqu’au XIXe siècle, mais il reste peu de ces documents écrits.

Les Hollandais incitèrent les paysans de la province chinoise du Fujian à migrer à Taïwan afin de cultiver les terres qu’ils considéraient faiblement exploitées par les populations aborigènes.

Afin d’accroître d'avantage leurs profits, la Compagnie des Indes ajouta au développement agricole de l’île et les revenus qu'elle en tirait, une somme de taxes qui touchaient tous les domaines. Parmi celles-ci on peut citer le commerce de peau de daim qui était très fructueux, le droit de pêche, etc.

La domination des Hollandais ne commence réellement qu’à partir de 1635, lorsqu'en août, des renforts arrivèrent et furent dans les mois qui suivirent mis à contribution.

Les Hollandais se lancèrent dans des expéditions militaires pour soumettre les divers villages aborigènes et ainsi imposer leur domination aux Aborigènes. Ces expéditions furent des succès si bien que même des villages qui n’avaient jamais été en contact avec les Hollandais demandèrent la paix.

D’autres expéditions auront également lieu au début des années 1640, qui permit d’étendre l’influence hollandaise dans le centre de l’île ainsi que d’expulser les Espagnols.

Les Espagnols en effet, préoccupés par l’installation des Hollandais à Taïwan et la menace que cela représentait pour leur commerce avec la Chine et le Japon, décidèrent également de s'installer à Taïwan mais dans le Nord de l'île. Ils débarquent près de Keelung en 1626 avec à leurs têtes Antonio Carrendo de Vales. Ils construiront également deux forts, l’un à Keelung (Fort San Salvador) et l'autre à Tamsui (Fort Santo Domingo). Ils n’arriveront jamais à étendre leur influence dans l’île et en seront finalement expulsés par les Hollandais en 1642. La colonisation hollandaise eut un certain impact sur les populations aborigènes qui vécurent à leur contact, surtout dans le Sud-Ouest et notamment sur les Siraya.

Les Espagnols, à cause de leur courte présence sur l’île et de leur incapacité à pouvoir étendre leur influence, n’eurent aucune influence sur la vie des Aborigènes. L’arrivée de Koxinga aura beaucoup plus d’impact sur la vie des populations aborigènes.

 

Koxinga et le royaume de Tungning

En avril 1661 une flotte menée par Zheng Chenggong (Koxinga), un loyaliste Ming, débarqua sur l’île de Taïwan avec 25 000 hommes pour en expulser les Hollandais, en faire une base arrière et ainsi repartir à la reconquête de la Chine et en chasser les Mandchous.

Après 9 mois de siège en 1662, les Hollandais capitulèrent et partirent de Taïwan. Koxinga fit du Fort Zeelandia son palais et son quartier général, il renomma l’endroit Anping. Koxinga mourut 4 mois après le 23 juin 1662, et son fils Zheng Jing lui succéda.

Les Zheng incitèrent à la mise en valeur des terres : Zheng Jing continuera la politique de son père de défrichement des terres. Il renforcera les défenses de l’île pour se prémunir d’une attaque des Qing et lancera certaines attaques contre les côtes chinoises. Zheng Jing meurt en 1682 et son fils Zheng Keshuang lui succède au trône, il n’a que 12 ans.

Le gouvernement établi par les Zheng fut extrêmement sévère et très militarisé et de lourdes taxes furent imposées, la mainmise sur la population chinoise fut totale. Cette dernière ne se révolta pas, seul les aborigènes se révoltèrent à quelques reprises. Durant le règne des Zheng la migration de population chinoise continua malgré l’interdiction faite par les Mandchous de traverser le détroit.

 

Taïwan sous la dynastie Qing

Les Mandchous décident en 1683 de passer à l’attaque. En juin 1683, les Qing envoient une force militaire contre les Zheng, cette force militaire commandée par l’amiral Shi Lang débarque d’abord aux Pescadores. Les Zheng ne fuiront pas bien que l’idée de fuir à Luzon fut émise. Ils se rendront aux Qing : ainsi prend fin le règne des Zheng.

 

Migration vers Taïwan

Cette expédition n’avait pas pour but de coloniser ou d’annexer Taïwan mais de faire chuter la dynastie des Zheng qui représentait une menace pour l’empire. L’empereur Kangxi estimait que Taïwan était une terre sans importance. Cependant l’île sera finalement annexée à l’empire, idée qui avait été soutenu par Shi Lang en personne. De nombreux chinois habitant Taïwan seront rapatriés sur le continent, essentiellement les soldats des Zheng (40 000), et de nombreux hommes qui n’avaient pas de famille.

Le gouvernement Qing interdira au début la migration vers Taïwan. L’interdiction de migrer vers Taïwan fut levée et restaurée à plusieurs reprises. Malgré les interdictions, cette migration ne cessa jamais et les migrants, en grande majorité des hommes seuls, continuaient à traverser le détroit dans l’espoir d’une vie meilleure.

En 1760 l’interdiction fut définitivement levée et de nombreux migrants vinrent à Taïwan pour tenter leurs chances d’une vie meilleure, car une poussée démographique se faisait sentir en Chine. La population chinoise passe de 120 000 à l’époque des Zheng à plus de deux millions en 1810.

 

Politique aborigène

L’arrivée de plus en plus nombreuse de population chinoise, mit de plus en plus de pression sur les populations aborigènes qui durent migrer ou s’assimiler. Pour éviter des conflits et la spoliation des aborigènes de leurs terres par les migrants chinois qui cherchaient de nouvelles terres, le gouvernement mit en place un système de location des terres aborigènes par les paysans chinois.

Les migrants chinois cherchant de plus en plus de terres à exploiter, en vinrent à s’aventurer à l’intérieur des terres et donc à rentrer en conflit avec les « aborigènes des montagnes ». Pour éviter ces conflits, le gouvernement Qing établit une frontière qui séparait les montagnes des plaines.

En 1739 il fut interdit aux Chinois de traverser cette frontière, cette interdiction fut maintenue jusqu’en 1875 où les autorités levèrent l’interdiction dans le but de coloniser les montagnes et de pouvoir exploiter les ressources naturelles.

 

Conflits et révoltes

De nombreux conflits éclateront entre les migrants chinois des diverses provinces : les migrants se regroupant par lien à leur terres d’origine, des conflits éclataient entre Hakka contre Hokklo, etc.

Taïwan fut également le théâtre d’affrontements entre le gouvernement Qing et les puissances étrangères. En 1840 Keelung fut envahie par les Britanniques durant la guerre de l’opium.

En 1871 un navire des îles Ryukyus s’échoue sur la cote Sud-Est de Taïwan et 54 membres de son équipage furent tués par les aborigènes du village de Mutan. Le gouvernement japonais trouva dans cet incident l’occasion de faire valoir ses droits sur les Ryukyus ainsi que de mener une expédition vers Taïwan sur laquelle il avait des visées expansionniste. Les Japonais envoyèrent une force expéditionnaire en 1874, elle comprenait 2 000 hommes. Ils affrontèrent les Aborigènes, il y eut 30 pertes du côté des Paiwan et 543 côté japonais dont seulement 12 tués au combat, les autres étant morts de maladie. Les Japonais finirent par se replier sans doute car les Qing envoyèrent des troupes en renfort (9 000 soldats).

En 1884 les Français attaquèrent le Nord de Taïwan pendant la Guerre franco-chinoise. À cause de ce dernier événement le gouvernement Qing décide la construction d’une série de défenses côtières.

Le 12 octobre 1885 Taïwan devient une province chinoise et Liu Mingchuan le premier gouverneur de Taïwan.

 

Modernisation de Taïwan

Liu Mingchuan tente de moderniser Taïwan. Il fera construire un chemin de fer entre Taipei et Hsinchu, ouvre une mine à Keelung et développe les défenses de Taïwan pour se prémunir d’attaques étrangères.

 

Annexion à l'Empire du Japon 

Après la défaite face à l'Empire du Japon en 1895, les Qing cèdent Taïwan et les îles Pescadores au Japon à perpétuité le 17 avril 1895, selon les termes du Traité de Shimonoseki. Les termes du traité laisse une période de grâce pour les sujets han leur permettant de vendre leurs biens et retourner sur le continent.

Le 21 mai 1895, le Japon crée le poste de Gouverneur-général de Taïwan qui remplace celui de Gouverneur de Taïwan. La contre-offensive politique taïwanaise suivra de quelques jours.

 

La république de Taïwan 

Afin de résister à l’occupation japonaise, les notables taïwanais créent la République de Taïwan le 23 mai 1895, le but étant de recevoir de l’aide venant de l’étranger pour contrer l’arrivée des Japonais. La capitale est installée à Tainan et Tang Jingsong en devient le Président. Bien qu'indépendante, la jeune République reconnaît la suzeraineté chinoise. Les troupes japonaises débarquent près de Keelung le 29 mai et prennent Taipei, Tang Jingsong s’enfuit et Liu Yongfu qui dirigeait l’armée lui succède. L’armée impériale japonaise se dirige vers le sud et Tainan tombe en octobre, Liu Yongfu s’enfuit à son tour le 20 octobre. La république n’aura duré que 5 mois.

 

Après la République de Taïwan

La colonisation japonaise doit faire face à de nombreuses révoltes. Les premières années, la pacification de Taïwan engloutit 90 % du budget de la colonie.

En 1930, durant l'Incident de Wushe les japonais utilisent des armes chimiques sur les populations aborigènes.

Le gouvernement colonial met en place une politique agricole afin d’améliorer la production et de tirer des profits des exportations. Les techniques agricoles et les techniques d’irrigation sont améliorées. Une réforme agraire distribue des terres aux paysans. La surface cultivée est ainsi doublée et les rendements triplés.

L'occupation contribue significativement à l'industrialisation de l'île : entre autres, un réseau de voies ferrées, un système d'assainissement et un système d'éducation publique sont mis en place.

Avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise en 1937, l'empire du Japon initie une politique d'assimilation sociale et culturelle (kōminka) sur toute l'île pour raffermir les liens entre l'île et la nouvelle mère patrie. L'usage de la langue et l'adoption de noms nippons sont encouragés par des mesures répressives et l'enregistrement à un sanctuaire shintō de même que le culte de l'empereur Shōwa sont déclarés obligatoires. L'élite taïwanaise porte les costumes d'apparat japonais.

À la suite de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, selon les termes de l'« instrument japonais de reddition », le Japon accepta a priori la déclaration de la Conférence de Potsdam qui référençait la déclaration du Caire selon laquelle l'île devait être libérée des forces niponnes.

Les troupes de la République de Chine arrivèrent sur l'île pour accepter la reddition des forces militaires japonaises lors de l'ordre général n° 1 émis par le général Douglas MacArthur le 2 septembre 1945, puis furent transportées à Keelung par la marine américaine.1

 

Un camp retranché des protégés de l’impérialisme

Depuis 1949, en effet, cette petite île de 30 000 km² qu’est Taïwan, située à deux cents kilomètres des côtes méridionales de la Chine, abrite un régime formé par les débris du vieil appareil d’État de Chiang Kai-shek et de son parti, le Kuomintang, que les troupes de Mao Zedong avaient chassés du pouvoir en Chine. Depuis, fort de la caution de l’impérialisme américain, ce régime n’a cessé de se prétendre le seul représentant de la Chine tout entière. Et ce fut au nom de cette fiction que pendant vingt ans la diplomatie américaine attribua au gouvernement de Taïwan le fauteuil de la Chine aux Nations unies et le fit même siéger aux côtés des grandes puissances au sein du Conseil de sécurité.

En fait, depuis 1895, Taïwan avait mené une existence complètement à l’écart de celle de la Chine continentale. Achetée à l’empereur de Chine par le Japon en 1895, celui-ci en avait fait une espèce de grenier agricole, mettant à profit les conditions climatiques de l’île et sa fertilité pour y développer une agriculture moderne, très en avance sur tout ce qui pouvait exister en Chine continentale.

Lorsque l’empire japonais s’effondra en 1945, l’île fut tout naturellement réintégrée à la Chine, où Chiang Kai-shek était encore au pouvoir, tandis que l’état-major américain en fit une base militaire importante à laquelle il assigna un rôle stratégique dans son dispositif en Asie du sud-est. Puis, lorsque les progrès des troupes de Mao Zedong menacèrent la Chine du Nord, c’est à Taïwan que les USA équipèrent et entraînèrent les 57 divisions du Kuomintang qui furent ensuite envoyées sur place pour tenter d’endiguer l’avance de Mao Zedong - en vain d’ailleurs.

Dans un premier temps, la population de l’île accueillit avec soulagement le départ des colonisateurs japonais. Mais à la place s’installèrent l’arbitraire, la corruption et la brutalité de l’appareil militaro-policier du Kuomintang, dont tous les rouages, des plus gradés aux simples soldats, n’avaient d’autre souci que celui de se remplir les poches en se payant sur l’habitant. À peine arrivés, les nouveaux maîtres entreprirent d’exproprier pour leur propre compte tout ce qui attirait leur convoitise. De colonie japonaise, Taïwan devint la colonie privée du Kuomintang. Et la population ne gagna certainement pas au change.

En Chine la corruption du Kuomintang avait causé l’effondrement de l’économie. À Taïwan elle ramena famine et épidémies, pourtant depuis longtemps disparues. En Chine, cette corruption avait poussé des couches sociales entières dans le camp de Mao Zedong. A Taïwan, où les partisans de Mao Zedong n’existaient guère, elle finit par acculer la population taïwanaise à la révolte. Le 27 février 1947, une exaction de plus de la police du Kuomintang mit le feu aux poudres. La population de Taipeh se répandit dans les rues pour exiger l’application à l’île des garanties démocratiques contenues dans la constitution que Chiang Kai-shek avait officiellement promulguée en Chine, sans d’ailleurs les appliquer là non plus. Pendant deux semaines, les milices mises en place par les insurgés tinrent en respect les nervis du Kuomintang, en attendant que Chiang Kai-shek fasse connaître sa réponse à leurs revendications. Celle-ci vint le 8 mars, sous la forme d’un débarquement massif de troupes fraîches du Kuomintang qui, pendant une semaine, nuit et jour, se livrèrent à des exécutions à la chaîne, passant par les armes tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin.

Ce bain de sang aurait fait, selon certaines estimations, plus de 20 000 morts. Les autorités américaines, qui auraient pu facilement s’y opposer, se contentèrent de regarder ailleurs, alors même que c’était vers elles que les insurgés, en désespoir de cause, s’étaient tournés en leur demandant d’arbitrer le conflit. Aux USA mêmes, les rares journalistes qui rapportèrent ces faits furent censurés sans autre forme de procès. Quelques rares entrefilets firent allusion à des « bandits communistes » qui auraient été mis au pas par la police du Kuomintang - la thèse officielle de Taipeh. En tout cas, on ne laissa rien filtrer qui puisse ternir en quoi que ce soit l’image « démocratique » que le président américain Truman entendait donner dans l’opinion publique à son vieil allié Chiang Kai-shek.

Deux ans plus tard, en 1949, lorsque la défaite de Chiang Kai-shek devint un fait accompli, ce fut sous la protection de la marine de guerre américaine qu’il se réfugia à Taïwan avec toute une partie de son appareil d’État, emportant avec lui non seulement un puissant armement mais aussi un vaste butin, dont la quasi-totalité des réserves en devises et en métaux précieux placées dans les banques chinoises. Si on pouvait parler de « bandits » à Taïwan, c’était bien à propos des pillards et des tortionnaires du Kuomintang qui avaient ainsi pris le pouvoir par la force dans l’île. Et si ces bandits en déroute ne furent pas poursuivis par les forces victorieuses de Mao Zedong, ce fut uniquement grâce à la protection de la « grande démocratie » américaine.

 

Une création artificielle de la guerre froide

En effet, on était déjà dans l’ère de la guerre froide. Dès 1947 Truman avait annoncé le tournant des USA vers la politique dite du « containment ». Les USA, avait-il déclaré, ne toléreraient plus désormais que l’URSS et le « communisme totalitaire » élargissent leur sphère d’influence. Mais, pour la Chine, l’affaire était en voie d’être réglée : Mao Zedong était déjà en marche vers le pouvoir, sans que les États-Unis y puissent grand chose. Les bornes derrière lesquelles il allait être question de « contenir » la sphère dite soviétique pendant la période à venir étaient déportées en Asie sur les frontières de la Chine. Et les deux zones de tension les plus brûlantes de toute la guerre froide, en dehors de Berlin, allaient être la Corée et le Vietnam, tous les deux mitoyens de la Chine.

Pourtant, en ses débuts, le régime de Mao fit des efforts pour plaire à la bourgeoisie chinoise et ne pas déplaire à la bourgeoisie impérialiste. Ainsi que le notait en janvier 1950 un organe d’affaires britannique basé à Hongkong, la Far Eastern Economic Review, « ni les banquiers ni les négociants n’ont de raison de se plaindre, le commerce privé marche bien et les profits sont élevés ». Mais ce régime était venu au pouvoir sans l’accord de l’impérialisme, pire même contre sa volonté, en infligeant une défaite humiliante aux troupes du Kuomintang dans lesquelles les dirigeants américains avaient placé tant d’espoirs et d’armements, qui plus est en s’appuyant sur un mouvement de mobilisation populaire dans la paysannerie, ce qui lui donnait les moyens d’une certaine indépendance vis-à-vis de l’impérialisme.

Le principal bénéficiaire des avatars de la politique de « containment » fut la caricature d’État qui s’était formée à Taïwan. De ce régime de gangsters, l’impérialisme américain fit le flambeau de la lutte des « démocraties » contre le « communisme totalitaire ». Dès lors, et pendant deux décennies, les dirigeants d’une île dont la population représentait moins d’un cinquantième de celle de la Chine continentale, furent les seuls autorisés à parler dans les instances internationales au nom de la Chine tout entière. Le seul fait que les dirigeants américains cautionnaient cette tartufferie juridique a suffi à en faire oublier le caractère dérisoire. Du même coup Chiang Kai-shek et ses successeurs purent maintenir sans crainte du ridicule la fiction que leur régime était le seul gouvernement légitime de la Chine - puisque c’était ce qu’affirmaient les dirigeants de la puissance impérialiste dominante...

Soucieux de conserver cette tête de pont stratégique aux portes de la Chine, Washington ne lésina pas sur les subsides. En plus de ses propres bases militaires sur l’île, il finança l’entretien d’une armée ultramoderne et la transformation des chapelets d’îlots montagneux qui l’entouraient en forteresses souterraines imprenables. Mais il lui fallut faire bien plus. Ce furent les USA qui financèrent en grande partie le développement de la bourgeoisie locale et, jusqu’au début des années soixante, la quasi-totalité du déficit commercial de l’île. Cela se fit à coups de milliards de subventions directes, qui venaient s’ajouter à l’aide militaire américaine. Par la suite, vinrent s’ajouter également les retombées sonnantes et trébuchantes de la guerre du Vietnam, puisque Taïwan servit de base de repli permanente pour les troupes américaines pendant toute la durée du conflit, en même temps que d’atelier de pièces détachées pour ses équipements et de principal fournisseur de vivres - toutes choses qui justifièrent autant de paiements calculés largement.

 

Une zone de tension aiguë dans la guerre froide

L’éclatement de la guerre de Corée, en juin 1950, et la participation chinoise du côté de la Corée du Nord, donnèrent à l’impérialisme américain un prétexte pour imposer à la Chine de Mao un blocus économique et politique qui devait durer plus de vingt ans. Pendant ces deux décennies, le plus grand pays du monde fut ainsi complètement ignoré, privé de tout droit d’expression et de toute représentation sur la scène politique et diplomatique internationale. Son économie fut prise à la gorge par l’interruption brutale de toute relation commerciale avec le reste du monde, interruption que les échanges qu’il entretint avec le bloc soviétique pendant la première décennie, puis le maigre flux commercial passant par la colonie anglaise de Hongkong et celle, portugaise, de Macao, ne pouvaient en aucun cas compenser.

Cet embargo intégral, qui permettait au régime de Taipeh de se proclamer, en s’abritant derrière l’autorité des USA, comme le seul représentant légitime de toute la Chine, conduisit celui de Pékin à affirmer ses droits légitimes sur le territoire de Taïwan et à traiter ses dirigeants comme des usurpateurs, mercenaires de l’impérialisme - ce qu’ils étaient.

Une fois la guerre de Corée terminée, et jusqu’à ce que l’impérialisme américain se lance dans l’aventure vietnamienne, Taïwan fut en quelque sorte le seul point de contact entre le régime chinois et l’impérialisme et donc le seul point où le régime chinois pouvait exercer une pression directe sur les USA, et espérer sinon provoquer un revirement d’attitude de leur part, du moins obtenir certains assouplissements dans leur politique, voire l’ouverture de négociations en vue d’un règlement politique à la fois de la situation régionale et des relations sino-américaines.

C’est ainsi que, de la fin de la guerre de Corée jusqu’au milieu des années soixante, les îlots taïwanais les plus proches de la côte chinoise - Quemoy, Matsu et Tachen - furent la cible de bombardements intermittents mais réguliers. À deux reprises cela conduisit à des crises aiguës qui firent craindre, à l’époque, la menace imminente d’une nouvelle guerre dans le sud-est asiatique entre la Chine et l’impérialisme américain - même si, a posteriori au moins, il paraît évident que l’un et l’autre des deux camps étaient déterminés à ce que les hostilités ne dépassent pas certaines limites.

Il y eut d’abord la crise de 1954-1955 qui commença en septembre 1954 par un pilonnage systématique de Quemoy et Matsu par les batteries côtières chinoises. Les USA réagirent en faisant monter la température dans les discours mais en montrant, en même temps, qu’ils ne tenaient pas à se laisser entraîner dans une aventure militaire sous des prétextes aussi futiles. C’est ce que souligna le traité d’assistance mutuelle signé en novembre 1954 par les USA et Taïwan, où il était nettement dit que Taïwan s’interdisait toute opération de représailles militaires, en cas d’attaque chinoise sur les îlots, sans l’accord préalable des États-Unis.

Deux mois plus tard, Pékin faisait monter la pression d’un cran en débarquant des troupes sur l’îlot de Tachen, le plus éloigné de Taïwan. Une fois encore, le président Eisenhower se déroba, déclarant que Tachen n’était pas « vital pour la défense de Taïwan », tout en réclamant le feu vert du Congrès américain pour une riposte militaire immédiate au cas où des débarquements se produiraient sur d’autres îles.

Pendant deux mois, la crise fut à son apogée, ainsi que les spéculations sur la possibilité d’une nouvelle attaque chinoise et la probabilité de représailles américaines. Et ce fut Pékin qui détendit l’atmosphère lorsqu’en avril, profitant de la conférence des pays non-alignés à Bandoeng, le représentant chinois Chou En-lai déclara que le peuple chinois « ne voulait pas faire la guerre aux USA » et que Pékin était « prêt à négocier avec eux sur la détente dans le sud-est asiatique et plus particulièrement dans la région de Taïwan ». Aussitôt les USA reprenaient la balle au bond, déclarant qu’ils étaient prêts à négocier les conditions d’un cessez-le-feu et suggérant un sommet à Genève dans ce but. Quelques semaines plus tard, le pilonnage de Quemoy était suspendu. Et si la conférence de Genève ne se tint pas cette fois-là, ce fut parce que, recourant à sa pirouette habituelle, la diplomatie américaine fit capoter les choses en exigeant la présence des dirigeants de Taïwan en tant que représentants légitimes de la Chine.

Dans les deux années qui suivirent, la Chine fit une série d’ouvertures au régime de Taïwan, allant même jusqu’à dire, par la bouche de Chou En-lai, que « toute solution pacifique au problème de Taïwan devra inclure le retour du général Chiang Kai-shek sur le continent pour y occuper une position d’un rang supérieur à celui de ministre ». L’intéressé ne prit pas même la peine de répondre à ces avances. En revanche, en décembre 1957, un nouvel accord de coopération militaire américano-taïwanais donnait le feu vert aux USA pour installer sur l’île des missiles à ogives nucléaires Matador - dont les cibles ne pouvaient qu’être chinoises. En même temps, les USA bloquaient toute discussion à l’ONU sur l’admission hypothétique de la Chine. Entre temps, la situation mondiale s’était de nouveau tendue. L’année 1956 avait été marquée par la déroute du corps expéditionnaire français en Indochine puis par la crise de Suez. L’année suivante vit un resserrement ostensible des relations sino-soviétiques. Sans doute l’impérialisme tenait-il à marquer le coup en raidissant son attitude.

Et ce raidissement conduisit à la deuxième crise dans le détroit de Taïwan. Le 22 août 1958, le pilonnage continu de Quemoy reprit. Quelques jours plus tard, les USA ripostèrent en augmentant leurs fournitures militaires à Taïwan et en envoyant la VIIe flotte croiser dans le détroit, tandis que Chiang Kai-shek lançait un ultimatum à la Chine menaçant de bombarder les installations côtières chinoises et mobilisait massivement ses troupes sur l’île. De nouveau, on parla de menace de guerre et la presse populaire d’Occident agita le spectre du « péril jaune ». Mais, ayant ainsi adopté une position délibérément belliqueuse, la diplomatie américaine se fit conciliante. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Foster Dulles, commença par déclarer qu’en cas de cessation du pilonnage, les USA pourraient envisager un retrait complet de leurs troupes des îlots taïwanais proches des côtes chinoises. Quelques jours plus tard, il déclarait au détour d’un discours que, tout bien pesé, il ne croyait plus à la capacité de Chiang Kai-shek de retrouver sa place en Chine - l’histoire ne dit pas ce que fut la réaction de Chiang à un tel affront, mais sans doute les mercenaires de l’impérialisme prennent-ils vite l’habitude des humiliations que leur imposent leurs maîtres.

Pour symboliques qu’elles étaient, ces déclarations étaient probablement tout ce que Pékin pouvait souhaiter obtenir à ce stade, à savoir que les États-Unis n’avaient pas l’intention de soutenir leur mercenaire local au point de s’engager dans une escalade contre la Chine. Moins de deux semaines plus tard la crise prit fin, après quarante-quatre jours de pilonnage continu.

 

Les conséquences de la détente

Bientôt, tandis que la Chine prenait ses distances vis-à-vis de l’URSS à partir de 1960, ce fut finalement l’enlisement des troupes américaines dans la guerre du Vietnam qui entraîna un changement de politique de la part de l’impérialisme. Le succès de l’offensive vietcong du Têt de janvier 1968, au cours de laquelle les unités de la guérilla parvinrent à s’emparer, même si ce n’était parfois que pendant quelques heures, de quartiers entiers dans une cinquantaine de villes occupées par l’armée américaine, convainquit les dirigeants impérialistes qu’ils ne pourraient pas gagner. Face à leur population de moins en moins disposée à accepter cette guerre qui s’éternisait, les dirigeants américains cherchèrent à s’en dégager, sans trop perdre la face, et surtout, sans que la perte du Vietnam en entraîne d’autres, de proche en proche, dans la région. Pour cela, la caution et la coopération de la principale puissance régionale, la Chine, leur était devenue indispensable.

Dès lors le sort de la politique de « containment » était réglé. On entra dans l’ère de la détente. À l’occasion des interminables négociations sur le règlement du conflit vietnamien qui s’ouvrirent à Genève à partir de 1969, la Chine se vit offrir pour la première fois un strapontin sur la scène diplomatique internationale. Deux ans plus tard, en 1971, les dirigeants américains faisaient ouvrir les portes de l’ONU aux dirigeants chinois et, du même coup, en chassaient les représentants de Taïwan.

Car la même fiction juridique qui avait permis à Taïwan de prétendre représenter la Chine tout entière dans les instances internationales pendant deux décennies, jouait maintenant dans l’autre sens, à ceci près que l’impérialisme tenait à conserver, en réserve, la carte de Taïwan comme moyen de pression sur ses interlocuteurs chinois. Et si l’aide économique et militaire américaine à Taïwan se fit plus parcimonieuse - comme d’ailleurs ce fut le cas pour tous les régimes dont l’existence dépendait de l’aide financière américaine, car l’impérialisme américain cherchait en même temps à réduire ses coûts -, elle n’en continua pas moins, tout comme d’ailleurs demeura la menace permanente que constituaient pour la Chine les missiles nucléaires des bases américaines de Taïwan. Bref, le tournant politique de l’impérialisme n’apporta aucune solution politique au problème de Taïwan, il ne fit qu’en changer les termes.

Là où ce tournant politique changea les choses néanmoins, ce fut dans le domaine des relations économiques. À partir de 1978, pour profiter des nouvelles possibilités que lui offrait l’ouverture relative du marché mondial à l’économie chinoise, les dirigeants de Pékin se lancèrent dans une libéralisation économique qui visait à offrir une place croissante au profit, au milieu d’une économie toujours largement étatisée. Et pour provoquer le développement rapide de nouveaux secteurs productifs, les dirigeants chinois créèrent les fameuses « zones économiques spéciales », dans lesquelles les compagnies étrangères furent invitées à construire de nouvelles usines, en apportant leur savoir-faire et leurs devises, en échange d’une main-d’œuvre d’un coût dérisoire. Et il est significatif que si la première de ces zones fut établie à Shenzhen, en bordure de la colonie britannique de Hongkong, la suivante fut créée à Xiamen, juste en face des côtes de Taïwan.

Bien sûr, il n’était pas question pour le régime de Taïwan d’autoriser la moindre brèche au blocus qu’il continuait à imposer à la Chine. Pourtant, dès 1983, la bourgeoisie taïwanaise entreprit d’investir massivement en Chine par le biais de compagnies plus ou moins fictives dont le siège était le plus souvent à Hongkong ou à Singapour. En fait, on s’aperçut vite que parmi ces investisseurs occultes et illégaux se trouvaient les sept holdings financières géantes qui concentrent entre leurs mains tous les biens du Kuomintang, et cette constatation ne put qu’encourager les timorés. Parallèlement, le commerce avec la Chine se développa. Là aussi, comme il n’était pas question de commerce direct - le florissant secteur de la contrebande y pourvoyait déjà, mais à une échelle trop faible pour satisfaire les appétits de la bourgeoisie taïwanaise - les entreprises taïwanaises durent en passer par Hongkong. Mais dans un cas comme dans l’autre, les relations économiques se développèrent d’autant plus vite que la bourgeoisie taïwanaise eut vite fait de renouer les liens familiaux ou d’amitiés qui avaient été rompus en 1949, d’autant plus vite qu’en Chine même, les privilégiés du régime recherchaient avidement les contacts avec l’extérieur, source indispensable de précieuses devises.

L’année 1987 marqua un tournant dans le développement de ces relations économiques avec la Chine. Cette année-là Taïwan, à son tour, fut gagnée par la libéralisation. Sous l’impulsion d’une nouvelle génération de dirigeants du Kuomintang, mais aussi sous la pression d’une agitation sociale dans la classe ouvrière qui semblait de plus en plus difficile à contenir, une série de réformes furent introduites. D’abord il fut mis fin à l’état de siège qui avait été en vigueur sur l’île depuis la rébellion de 1947. Ensuite, les partis politiques furent formellement autorisés sous réserve d’obtenir l’agrément du régime - de sorte qu’à une exception près, les seuls partis effectivement autorisés furent formés par des factions du Kuomintang choisissant de quitter son giron. Enfin et surtout, les investissements indirects en Chine furent légalisés, bientôt suivis l’année suivante par le commerce indirect.

Au milieu des années 1990, la bourgeoisie taïwanaise contrôlait à elle seule 10 % des investissements étrangers en Chine et, par le jeu des filiales mixtes créées avec des entreprises d’État chinoises, elle contrôlait 7 % de la production industrielle chinoise. Parmi les plus gros investisseurs taïwanais figuraient, outre les holdings appartenant au Kuomintang déjà citées, quelques-unes des grandes entreprises étatiques de Taïwan, telles que la Chinese Petroleum Corporation ou la Taïwan Power Corporation. Des secteurs entiers de l’industrie taïwanaise ont de fait d’ores et déjà déménagé de l’autre côté du détroit. Le cas le plus spectaculaire étant sans doute celui de l’industrie de la chaussure, qui fabrique, par exemple, l’intégralité des produits de grandes marques comme Reebok, Nike ou Payless. En effet, en l’espace de deux ans, entre 1991 et 1993, la quasi-totalité des usines de production de cette branche ont été transférées dans les zones économiques spéciales de Chine, pour profiter bien sûr des bas salaires en vigueur en Chine.

C’est dire que, depuis 1971, bien du chemin a été parcouru par le biais de la libéralisation économique et que des liens d’interdépendance et d’intérêts se sont créés entre les classes privilégiées des deux côtés du détroit de Taïwan, liens qu’aucun des régimes concernés n’a intérêt à entraver et encore moins à briser. La bourgeoisie impérialiste a elle-même également tout intérêt à protéger ces liens et à les encourager. Après tout, ne dispose-t-elle pas ainsi dans la bourgeoisie taïwanaise d’interlocuteurs éprouvés qui peuvent lui servir d’intermédiaires sur le marché chinois ?

Et pourtant, malgré tous ces liens et tous ces milliards qui circulent entre les deux rives du détroit, même si c’est par Hongkong interposé, il n’y a toujours pas de relation directe entre les États des deux pays, sans même parler de négociations visant à normaliser leurs relations.2

 

La Crise des missiles 

En 1995 Lee Teng-hui, le président de Taiwan, effectue une visite à titre « privé » aux États-Unis. Cette visite donnera lieu à la « Crise des missiles », suite aux déclarations de Lee Teng-Hui.

Durant l'été 1995 et en mars 1996 l’APL (l'armée chinoise) effectue des tirs de missiles près des côtes de Taïwan dans le but d’influencer les partisans indépendantistes.

Les États-Unis réagissent à ces tirs de missiles en envoyant deux porte-avions et leurs escadres, ce qui mettra fin à cette crise.

En 1999 Lee Teng-hui, déclara que les relations entre la Chine et Taïwan étaient des « relations spéciales d’État à État », cette déclaration souleva des protestations à Pékin et l’administration Clinton déclara même que Lee Teng-hui était un trouble-fête.

L'année suivante la République Populaire de Chine édite un Livre blanc stipulant qu'une déclaration d'indépendance de Taïwan ainsi que le refus sine die des négociations en vue de la réunification, sont des casus belli (actes de nature à déclencher les hostilités entre les deux États.)3

Il est à noter d’ailleurs que sur ce plan, le président Lee Teng-hui s’est toujours montré plus prudent, évitant d’employer le mot « indépendance » et assortissant les déclarations faites dans ses discours d’autres, plus discrètes, où il annonçait son intention de développer les relations existantes avec les « autorités économiques » de Chine, et cela en pleine crise des missiles. Et si son principal adversaire, le candidat du Parti démocratique progressiste, s’est montré plus ouvertement partisan de proclamer unilatéralement l’indépendance de l’île, c’est peut-être aussi parce qu’il avait de toute façon peu de chances d’être élu.

Mais, en usant de ce langage, ces politiciens expriment sans doute les inquiétudes des couches privilégiées taïwanaises. Celles-ci voudraient sans doute obtenir des garanties sur le sort qui leur serait réservé dans le cadre d’une éventuelle Chine réunifiée. Parmi elles, en particulier, la vieille garde des émigrés de 1949, qui représente aujourd’hui 10 à 15 % de la population, mais occupe encore une bonne partie des postes-clés dans l’appareil d’État et l’économie, a quelques raisons de craindre des règlements de compte ou simplement d’être mise sur la touche. Les dirigeants de l’appareil du Kuomintang, dont on dit qu’ils sont à la recherche d’une façon de privatiser à leur profit les immenses biens du parti, ont eux aussi des raisons de ne pas être pressés et de reculer les échéances. D’autres, ou les mêmes, peuvent simplement vouloir renforcer par avance leur position à la table des futures négociations, et viser à réclamer pour Taïwan un statut au moins aussi favorable sur le plan économique que celui que Pékin s’est engagé à reconnaître aux intermédiaires locaux des multinationales opérant à Hongkong lorsque la colonie anglaise réintégrera la Chine en 1997, avec en plus un statut politique particulier, qui garantisse aux castes privilégiées qui vivent à l’ombre de l’appareil d’État taïwanais qu’elles conserveront une place de choix dans la Chine réunifiée.

Mais quoi qu’il en soit, dans tous les cas, parler d’indépendance ou même d’autonomie, et prétendre ainsi que les dirigeants taïwanais pourraient être les maîtres du jeu, relève du bluff. Car ces dirigeants sont bien placés pour savoir que ce dont les privilégiés de l’île ont le plus besoin, c’est d’une normalisation des relations avec la Chine qui mette un terme aux obstacles et à l’insécurité qui entravent encore la réalisation du profit capitaliste, et qu’ils n’ont pas les moyens d’imposer à la Chine à leurs conditions.

C’est d’ailleurs à un bluff symétrique que s’est livré Pékin avec ses tirs de missiles. Ce n’est pas par hasard si leur « démonstration de force » s’est limitée à d’inoffensifs tirs de missiles dans la mer, sans même faire par exemple le geste symbolique d’occuper l’un des nombreux rochers inhabités qui font partie du territoire taïwanais. Preuve, sans doute, qu’ils ne voulaient surtout pas compromettre les chances de voir s’ouvrir bientôt les négociations qu’ils réclament. Sans doute les dirigeants chinois ont-ils haussé le ton, montrant ainsi que sans un règlement politique dûment négocié avec eux, il ne pourra y avoir de normalisation des rapports entre les deux pays. Mais ce n’est sûrement pas sur de tels arguments militaires que les dirigeants chinois comptent pour imposer une solution à leur goût. Ne serait-ce d’ailleurs que parce qu’ils souhaitent que cette solution ait l’agrément, au moins tacite, de l’impérialisme. Mais en revanche, ils peuvent aussi avoir voulu répondre aux gestes d’allégeance des dirigeants taïwanais envers les USA, en leur rappelant que le règlement politique, s’il doit être durable, devra être conclu avec Pékin avant tout, et que la protection américaine ne suffira pas au régime taïwanais pour imposer n’importe quoi dans la négociation.

Et c’est avec quelque raison que les dirigeants chinois pourraient souligner ce point. Car cette fois encore, on a vu les États-Unis intervenir dans ce conflit bénin. Ils l’ont fait, comme au temps de la guerre froide, au nom de la « démocratie », ce qui ne manque pas de cynisme compte tenu de leur soutien passé et présent à un régime taïwanais certainement pas plus démocratique que celui de la Chine continentale. Si les dirigeants américains ont tenu à rapprocher leurs porte-avions des lieux du conflit, c’est pour les mêmes raisons qu’ils tiennent à souligner périodiquement l’aide militaire qu’ils continuent à donner à Taïwan, pour marquer leur territoire en quelque sorte et affirmer que, s’ils ne s’opposeront pas à un règlement politique en vue d’une réunification, ils comptent bien le superviser et y mettre certaines conditions. L’impérialisme américain tient à se garder des moyens de pression sur la Chine, et le maintien d’un certain degré d’autonomie pour Taïwan est précisément l’un de ces moyens qu’il entend conserver.4

 

Gouvernance des partis indépendantistes

Les élections présidentielles de 2000, voient la victoire de Chen Shui-bian, candidat du Parti démocrate progressiste (PDP).

Contrairement au Kuomintang qui, officiellement, souhaite la réunification de Taïwan avec la Chine, le DPP considère que Taïwan est un État indépendant et souverain. Ils rejettent de ce fait la politique d'une seule Chine promue par le parti communiste chinois. Compte tenu de la menace que représente la Chine pour Taïwan, les progrès effectué par le DPP en termes d'indépendance ont été cependant très faibles. Ils consistent principalement en efforts diplomatiques qui sont le plus souvent contrés par la Chine. Parmi ceux-ci, on peut compter les efforts du DPP pour obtenir que Taïwan soit reconnu par l'ONU ; le changement de nom de « République de Chine » en « République de Taiwan » sur les documents officiels ; ou encore l'inscription du pays à l'Organisation des Nations et des Peuples Non-représentés.

En 2005, pour contrer toute déclaration officielle d'indépendance de la part du DPP, le parti communiste chinois a établi un traité anti-sécession, alors même que Taïwan est séparé de facto du continent depuis 1949 et que les dirigeants communistes n'ont jamais eu aucune emprise sur Taïwan depuis l'instauration de la République populaire de Chine sur le continent.

La même année, pour la première fois depuis 1949, une délégation du Kuomintang, parti historique de la République de Chine, débarque en Chine continentale et rencontre des officiels du parti communiste chinois. Historique, cette visite informelle n'a pas été approuvée par le gouvernement en place et a même été dénoncée par le président taïwanais, Chen Shui-bian, issu de la formation DPP.

Chen Shui-bian restera à la tête du pays pendant huit ans jusqu'en 2008. À cette date, de multiples accusations de corruption endommagèrent la réputation du parti et du président, au bénéfice du Kuomintang qui remporta alors les élections présidentielle de 2008.5

 

Retour du Kuomintang

En mars 2008, Ma Ying-jeou, candidat du Kuomintang et partisan du rapprochement avec Pékin est élu à la présidence de la République. Il a largement favorisé les échanges culturelles, touristiques et économiques entre Taiwan et la Chine. Lors de son investiture il a promis aux Taïwanais la non unification avec la Chine, la non « indépendance » et la non utilisation de la force militaire. Des lignes aériennes civiles directes sont ouverts entre Taïwan et la chine continentale, permettant à des gens isolés de chaque côté du détroit de pouvoir revoir leur famille.

L'ancien président Chen Shui-bian est emprisonné suites à différentes affaires de corruption.

Ma Ying-jeou est réélu le 14 janvier 2012 pour un second mandat et son parti, le Kuomintang, prend 64 des 113 sièges du parlement lors des législatives qui ont eu lieu simultanément.6

 

Le « Mouvement tournesol »

En mars-avril 2014, l’Assemblée législative de Taïwan a été occupée pendant 22 jours  par des étudiantEs dénonçant l’adoption sans véritable débat d’un accord de libre-échange (portant sur les services) entre l’île et la Chine continentale. Ce « Mouvement tournesol » de désobéissance civile a reçu un important écho populaire, à l’instar du « Mouvement des parapluies » hongkongais. Les étudiantEs se sont politisés rapidement et des centaines de milliers de personnes ont participé sous une forme ou une autre à la lutte.

Dix-sept syndicats ont dénoncé l’accord de libre-échange parce qu’il favorisait le grand capital, l’exploitation du travail et des petites entreprises : « Ces dernières années, le mouvement ouvrier de Taïwan a aussi connu des mouvements de protestation contre l’OMC, [l’accord sur] le porc et le bœuf américain, la zone de libre-échange et d’autres facettes de la libéralisation… L’accord sur les services donne au capital chinois un avantage compétitif pour pénétrer à Taïwan et ouvrir des commerces [débouchant sur une vague de concurrence aiguë] pour laquelle le Travail sera une nouvelle fois sacrifié ».
Trois choses méritent ici d’être soulignées. Les syndicats dénoncent l’ingérence du capital chinois (venu du continent) et non pas du « communisme » : ils situent ce combat particulier dans le cadre plus général de la résistance aux politiques néolibérales. Washington, qui défend son propre projet de Partenariat Trans-Pacifique, ne s’y est pas trompé : les États-Unis ont rapidement réagi au mouvement en enjoignant les Taïwanais à ne pas rejeter par principe les accords de libre-échange.
De même, le Front rural de Taïwan (TRF) et le Syndicat des paysans de Taïwan, membre de la Via Campesina en Asie de l’Est et du Sud-Est, a lancé le 25 mars dernier un appel à la solidarité internationale contre l’adoption de l’accord de libre-échange sino-taïwanais et la répression policière.

 

Développement d’un cartel d’intérêt

La mise en parallèle des événements de Hong Kong et Taïwan est particulièrement instructive. Les deux territoires ont été des bastions anticommunistes où la bourgeoisie chinoise s’est réfugiée après avoir été défaite par la révolution maoïste. Le premier est resté une colonie britannique jusqu’en 1997, le second avait été une colonie japonaise de 1895 à 1945, avant d’être littéralement occupé en 1949 par les armées en déroute du Kuomintang, qui y a instauré un régime dictatorial de parti unique.

Comme à Hong Kong, les réformes démocratiques (partielles) sont récentes, remontant ici à 1996, et ont été mises en œuvre « par le haut » et non pas conquises « par le bas », dans la lutte. Ces réformes sont donc fragiles, car les possédants peuvent décider plus facilement de revenir dessus – mais il est maintenant clair que, dans les deux cas, cela ne se ferait pas sans résistances sociales d’importance.
Pendant plusieurs décennies, les régimes de Taipei et Pékin ont été en situation de guerre latente, tous deux prétendant représenter la Chine entière. Mais dernièrement, les accords économiques sino-taïwanais se sont multipliés, au point qu’une « ploutocratie trans-détroit » se constitue entre la « bourgeoisie bureaucratique » du continent et des secteurs importants des élites bourgeoises de l’île, au point qu’une partie croissante de la population s’inquiète de l’influence du « facteur Chine », y compris dans le domaine politique et institutionnel. Le poids de ce cartel d’intérêt sino-taïwanais devient si important qu’il risque d’imposer dans les faits sa loi.

 

Interieur-extérieur, neuf-vieux : le capitalisme chinois...

Le « Mouvement tournesol » est politiquement hétérogène. La droite et la gauche taïwanaises sont divisées entre tenants du statu quo (négocier avec Pékin en restant adossé aux États-Unis), pragmatiques, « unificationnistes » (prônant la réunification de la Chine) et « indépendantistes ». Il est à craindre que les « unificationnistes » de gauche se contentent de reprendre le discours officiel du PCC, comme si le régime du continent restait « socialiste » et offrait au monde un modèle de développement. Quant aux « indépendantistes » de gauche, ils portent souvent un regard bien peu critique sur la « démocratie libérale inachevée » en vigueur dans l’île. Les tenants d’une gauche radicale, porteuse d’un projet à la fois anticapitaliste et antibureaucratique, de démocratie socialiste, existent, mais restent très minoritaires.
Quoi qu’il en soit, ce « Mouvement tournesol » a mis en lumière l’ampleur du rapprochement entre la « bourgeoisie bureaucratique » du continent et un secteur significatif des élites bourgeoises taïwanaises qui restaient il y a peu viscéralement hostiles au PCC. Au-delà de Hong Kong et de Taïwan, c’est tout le capital chinois transnational (Singapour en particulier, l’Asie du Sud-Est en général, l’Amérique du Nord…) qui est concerné par ces développements. Le succès spectaculaire de la « bourgeoisification » de la bureaucratie chinoise sur le continent tient pour beaucoup à la capacité qu’elle a eu de s’associer une part significative du capital chinois transnational. L’avenir de son entreprise impériale tient lui aussi pour une part importante au maintien, à l’approfondissement de ces liens : un conflit d’intérêts majeur entre le nouveau capital chinois « de l’intérieur » et l’ancien capital chinois « de l’extérieur » pourrait porter un coup d’arrêt à la montée en puissance de la Chine.7

 

 

Les travailleuses victimes de Thomson n’ont pas baissé les bras

À Taïwan, près de 1 500 cas de cancers, dont plus de 200 ayant entraîné des décès, ont été recensés parmi 80 000 ouvrières qui ont produit des téléviseurs entre 1971 et 1992. C’est seulement le 17 avril 2015 que la société française Technicolor, ancienne Thomson Multimédia, propriétaire de trois usines pendant six ans, a été condamnée à verser 16,8 millions d’euros à une partie des ouvrières qui avaient, à l’époque, manipulé du trichloréthylène et autres solvants cancérigènes.

En 1986, Thomson avait racheté, à Taïwan, trois usines de téléviseurs créées par le fabricant américain RCA, avant de les fermer six ans plus tard et de revendre les sites en gardant secrète l’enquête interne établissant une grave contamination des sols et des nappes phréatiques. Mais les révélations d’un ancien cadre donnèrent lieu à une enquête officielle qui conclut en 1998 que l’un des sites était « irrémédiablement pollué ».

Il ne fut pas question alors de s’inquiéter des conséquences sur la santé des ouvrières qui avaient manipulé les solvants responsables de la pollution des sols ! Or, elles s’en servaient quotidiennement à mains nues dans l’assemblage des cartes de circuits imprimés et en respiraient les émanations sans presque aucune ventilation. Celles qui étaient hébergées en dortoirs consommaient l’eau fortement polluée et s’en servaient pour laver leurs vêtements. Organisées en une association d’entraide, elles obtinrent, au bout de quatre ans, la création d’une commission interministérielle censée faire le recensement des malades et une évaluation des risques pour les travailleuses et pour les habitants à proximité des sites. Mais cette commission dédouana les sociétés qui s’étaient succédé sur le site, RCA, General Electric puis Thomson.

Les ouvrières s’adressèrent alors à des avocats mais il leur fallut attendre 2004 pour que s’ouvre un procès avec deux cents plaignantes, qui fut renvoyé pour des questions de forme de tribunal en tribunal durant deux années, pendant lesquelles près d’un quart des plaignantes moururent. Le noyau restant reprit le combat et parvint même à mobiliser d’autres anciennes ouvrières. Leurs témoignages ne furent pas retenus tels quels par le tribunal, les magistrats faisant des résumés à leur sauce. Cependant sous le titre « Les voix qui refusent d’être oubliées », des enregistrements des témoignages furent rendus public.

Cette condamnation de Thomson est loin de donner satisfaction matérielle à toutes les ouvrières et ne leur rendra pas la santé qui leur a été volée. Mais elle est donc le résultat d’une longue lutte opiniâtre, et finalement victorieuse.8

 

 

Élection présidentielle de 2016

 

Contexte

Ma Ying-jeou, membre du Kuomintang (KMT), président sortant, ne peut se représenter après deux mandats. Il s'était depuis positionné en faveur d'une plus grande coopération avec la Chine (vols directs, accords commerciaux, hausse du tourisme entre les deux pays). Ce changement dans la diplomatie taïwanaise est critiqué par le Parti démocrate progressiste, qui tient à maintenir l'indépendance de l'île face au soft power de la Chine continentale, qui considère pour sa part que Taïwan n'est pas un pays indépendant mais une province sécessionniste. La popularité du KMT diminue et en 2014 a lieu le Mouvement Tournesol des Étudiants. Néanmoins, pour le politologue Eric Chen-hua, « en réalité, ce sont surtout les performances économiques désastreuses de Ma qui expliquent la débâcle du KMT. Il avait promis des dividendes du rapprochement avec la Chine. Mais ils ne sont pas venus. Et le peu de bénéfices de cette politique a creusé les inégalités sociales. »

 

Résultats

Tsai Ing-wen, la candidate du Parti démocrate progressiste (PDP), sort vainqueur de ce scrutin avec près de 56% des suffrages exprimés ce qui fait d'elle la première femme présidente de Taïwan. Son adversaire principal, Eric Chu ne récolte que 31% des voix.9

 

 

Élections ou pas, c’est l’impérialisme qui décide

Le 13 janvier 2024, Lai Ching-te, le candidat du Parti démocrate progressiste (PDP), a été élu à la présidence de Taïwan avec un peu plus de 40 % des voix. Il devance le parti nationaliste Kuomintang (KMT) et le Parti populaire taïwanais (PPT).

Le PDP se présente comme indépendantiste, affirmant que Taïwan, de fait indépendant de la Chine depuis 1949, doit le devenir officiellement, tandis que le KMT défend l’idée du statu quo et que le PPT ne s’est pas engagé sur ce thème. C’est ainsi que la presse occidentale présentait la victoire du PDP comme pouvant raviver la volonté de la Chine d’envahir Taïwan.

Il est vrai que, à la suite de ces élections, Pékin a répété que sa détermination à réaliser la réunification est intacte. Mais le gouvernement chinois n’a pas donné de délai et il ne peut guère, sans se déjuger, dire autre chose. La séparation de Taïwan est le fait de l’impérialisme. Après la Deuxième guerre mondiale, le Kuomintang et son chef, Tchang Kaï-chek, massacreurs des ouvriers lors de la révolution de 1927, s’appuyant notamment sur les mafias chinoises, étaient vomis par de larges couches de la population.

C’est dire si les déclarations occidentales sur la victoire de la démocratie à Taïwan après le vote du 13 janvier sont des plus hypocrites. La statue de Tchang Kaï-chek se dresse toujours fièrement à Taipei, la capitale, et si le Kuomintang y a perdu le pouvoir, l’appareil d’État qui date de la Terreur blanche est toujours là. Quant à la preuve de l’attachement supposé des habitants de Taïwan à gagner leur indépendance officielle, les résultats électoraux montrent en fait l’inverse.

En quatre ans, le PDP est passé de 57 % à 40 %, et il a perdu sa majorité à l’Assemblée législative de l’île. Quoi qu’il en soit, aucun parti ne compte à ce jour, malgré les discours, aller sur cette voie, d’autant plus que l’impérialisme l’interdit toujours. Biden a ainsi déclaré, après s’être félicité du résultat du 13 janvier, que les États-Unis « ne soutiennent pas l’indépendance de Taïwan ». Mais l’impérialisme américain compte plus que jamais continuer à utiliser l’île comme un pion pour provoquer Pékin quand il le souhaite.10

 

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Ta%C3%AFwan
(2) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/chine-taiwan-la-crise-des-missiles
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Ta%C3%AFwan
(4) http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-actuelle-1993/chine-taiwan-la-crise-des-missiles
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_d%C3%A9mocrate_progressiste_%28Ta%C3%AFwan%29
(6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_Ta%C3%AFwan
(7) Pierre Rousset  http://www.npa2009.org/arguments/la-chine-puissance-hong-kong-taiwan-japon
(8) Jean Sanday  http://www.lutte-ouvriere-journal.org/2015/05/27/taiwan-les-travailleuses-victimes-de-thomson-nont-pas-baisse-les-bras_37228.html
(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/Tsai_Ing-wen

(10) Serge Benham https://journal.lutte-ouvriere.org/2024/01/17/taiwan-elections-ou-pas-cest-limperialisme-qui-decide_728810.html