Antiquité
La région est habitée depuis l'Antiquité, elle est décrite dans la Bible comme « la terre du lait et du miel ». Culture de la montagne et culture des villes se combinèrent pour façonner l'identité libanaise : sociabilité et tolérance, esprit d'entreprise et individualisme, hédonisme...Terre de lait et de miel des temps bibliques, le Liban a toujours attiré les conquérants en raison de ses abondantes ressources naturelles, des ports abrités qui jalonnent la côte et des possibilités défensives qu'offrent les hauts sommets.
Au IIIe millénaire av. J.-C., à la faveur de contacts assidus avec la Mésopotamie, la Syrie du Nord et de l'Égypte, la côte s'urbanisa à son tour. Byblos, où cette évolution fut bien attestée, est alors la plus ancienne cité en pierre connue de l'humanité.
Plus tard, aux environs de 1200 av. J.-C., les Phéniciens, fondèrent l'une des premières grandes civilisations du bassin méditerranéen, une civilisation qui domina une partie de la Méditerranée, grâce à l'esprit d'entreprise et au développement intellectuel émanant d'une série de cités-états indépendantes. Ils régnèrent sur la mer en raison de la supériorité de leurs vaisseaux et de leurs talents de navigateurs, se révélèrent des artisans exceptionnels, des commerçants doués et inventent le premier véritable alphabet - une avancée remarquable qui ouvrira la voie aux grandes œuvres littéraires de la Grèce ancienne.
Pour les Grecs (de Grèce vivant au Liban), qui utilisèrent les premiers le nom de Phénicie, le territoire s'étendait sur la zone côtière comprise entre le mont Casius au nord et Haïfa au sud. À l'intérieur de cette zone, les cités d'Ougarit (Ras-Shamra), d'Arwad, de Byblos (Jbeil), de Béryte (Beyrouth), de Sidon (Saïda), de Tyr (Sour) et d'Akka, constituaient les fameuses cités-états. La Phénicie occupait alors cette bande côtière, entre la montagne libanaise et la mer Méditerranée. Un espace varié entre sites portuaires, petites plaines ainsi qu'un arrière-pays de montagne, où poussent sapins et cèdres.
De la conquête d'Alexandre à la colonisation romaine
Dès le IIe et surtout au Ier millénaire av. J.‑C., le Liban phénicien fut menacé par l'expansion des grands empires continentaux qui se succédèrent dans l'Orient ancien : Égypte, Assyrie, Empire néo-babylonien puis Perse achéménide. Avec la conquête par Alexandre le Grand en 333 av. J.-C., le Liban s'ouvre aux influences hellénistiques. Le territoire fut d'abord dominé par l'Égypte des Ptolémées, puis par la dynastie des Séleucides ; la conquête romaine se produisit au Ier siècle av. J.-C.
Période du Ier au VIIe siècle jusqu'à l'arrivée de l'Islam
Progressivement christianisé à partir du IIe siècle, sans que les communautés chrétiennes connussent alors un développement comparable à celles des provinces arabiques (Syrie, Jordanie, Arabie actuelles, voire Yémen), le Liban chrétien, jusque là dépendant de l'empire byzantin, alla se constituer à partir de la conquête arabe musulmane au VIIe siècle, notamment par le retrait dans la montagne libanaise de communautés religieuses hétérodoxes : au Nord, ce furent les chrétiens monothélites chassés de Syrie, les maronites. (À savoir que la montagne a été christianisée au Ve siècle par le disciple de saint Maron Ibrahim l'ascète). La montagne libanaise servit également de refuge à partir du XIe siècle, au Sud, à la communauté musulmane dissidente druze. L'islam arriva au VIIIe siècle en provenance de la péninsule Arabique : il fut véhiculé par les bédouins qui entreprirent de multiples successions de missions religieuses et devint la religion prédominante de toute la péninsule depuis le désert d'Arabie. Le Liban devint dès lors un pays très diversifié sur le plan religieux — ce qui explique qu'il soit devenu un État multiconfessionnel aujourd'hui.
Période du VIIe jusqu'au XIXe siècle
L'islam gagna ainsi le Liban (à l'époque Jabal Loubnan) au VIIIe siècle. À noter qu'il n'y avait jamais eu de changement au sein de la religion chrétienne au Liban, les chrétiens gardant leurs prérogatives jusqu'à nos jours. Au VIIe siècle s'installent les Mardaïtes qui seront probablement les ancêtres des maronites libanais. Les Mardaïtes sont le fer de lance d'une reconquête chrétienne de la Terre Sainte, que les empereurs byzantins feront avorter en signant la paix avec le califat. Les Mardaïtes se détachent alors de l'autorité de Byzance et fondent un état catholique autonome allant d'abord de la Galilée à la vallée de l'Oronte (soit un peu plus grand que le Liban actuel). Mais les terres reconquises sur les musulmans seront peu à peu abandonnées et le Liban maronite se réduira à la chaîne occidentale du Mont-Liban, entre le Akkar au Nord et Beyrouth au Sud. Les arabes rassemblent d'immenses troupes pour conquérir le nouvel état libanais (plus de 60 000 hommes d'après certains historiens) tandis qu'en face les Mardaïtes rassemblent 30 000 guerriers. C'est un choc titanesque pour l'époque : les forces en présence sont plus nombreuses qu'à la bataille de Poitiers. Mais très robustes et très habiles, les Mardaïtes se fondent dans leur montagnes et remportent la victoire sur un ennemi deux fois plus nombreux, après plusieurs années de guerre. C'est bien probablement l'événement principal qui a contribué à arrêter l'expansion de l'islam. Les arabes feront d'autres tentatives pour conquérir le Liban mardaïte mais toutes échoueront : le Liban ne tombera sous domination islamique qu'après les Croisades. Même les historiens arabes comme Al Baladhuri reconnaissent cette défaite de leurs troupes.
L'islam fut ainsi adopté par différents peuples tout autant en quête de philosophies existentielles que désireux de repousser la domination par l'Empire byzantin de cette région de la péninsule arabique. Toutefois, tant en Irak qu'en Syrie, certains villages chrétiens gardèrent la langue araméenne et leurs habitudes jusqu'à très récemment. Durant cette première période musulmane, l'islam n’était pas imposé. Respectueux des autres croyances religieuses, ainsi que du droit de chacun de disposer comme il l'entendait de sa liberté de religion et de son opinion, c’était l'islam tolérant de la période omeyyade. Cette période s'acheva par le bouleversement provoqué par les Croisades.
Au XIIe siècle, pendant la période des Croisades, le Liban était englobé dans les États latins du Levant : le nord appartenait au Comté de Tripoli et le Sud (avec Tyr, Beyrouth et Sidon) relevait du Royaume de Jérusalem jusqu'en 1291. À cette époque, les maronites apportèrent une aide active aux croisés. Aussi, lors du retour des musulmans à la fin du XIIe siècle, avec la reconquête par l'Islam des États latins d'Orient, la communauté chrétienne dut subir des persécutions, notamment de la part des mamelouks égyptiens, les nouveaux maîtres du pays jusqu'au début du XVIe siècle.
Le Liban sous l'Empire ottoman
En 1516, le proche-orient est englobé dans l'Empire ottoman, même si l'administration turque ne s'exerce réellement que sur les ports, et donc les côtes.
XVIe siècle-1840 : l'émirat du Mont-Liban
L'histoire de la montagne libanaise prend un tournant inédit au XVIe siècle lorsqu'elle se constitue en une entité juridico-politique : l’émirat du Mont-Liban. Car s'il existe au sein de l'Empire ottoman plusieurs régions à forte diversité communautaire, la spécificité libanaise qui s'affirme dans le Mont-Liban à partir du XVIe siècle provient de l’émergence de « forces d’intégrations » entre les trois communautés maronite, druze et chiite. C'est la symbiose entre ces communautés qui permet l'affirmation d'un émirat de la montagne libanaise.
La montagne passa sous l'autorité de la famille des Maan (1544 / 1697) dont l'autorité était tout autant reconnue par les druzes que par les maronites. Le pouvoir des Maan connut son apogée sous Fakhr-al-Din II qui, révolté contre le pouvoir de la Porte, fut exécuté à Istanbul en 1635. La dynastie suivante, celle des Chehab, régna de 1698 à 1841 sur la montagne du Liban qui jouit ainsi d'une autonomie presque totale dans un cadre de type féodal. Parallèlement, sur la côte, c'est un pouvoir différent qui se met en place, autour du mamelouk égyptien d'origine bosniaque, Al-Jazzar Pacha, maître de Beyrouth à la fin du XVIIIe siècle. Grâce à lui, Bechir II Chéhab devint émir (1790-1840). Il sut se garder d'accepter les offres de Bonaparte lors du siège de Saint-Jean-d'Acre (1799). En revanche, il ne parvint pas à lutter contre le wali égyptien Méhémet Ali Pacha dont les pressions sur la Syrie et le Liban provoquèrent une insurrection populaire, encouragée par la Grande-Bretagne, et provoquant la fin du règne de Bechir II.
Cette histoire complexe expliqua la diversité linguistique actuelle du Liban. Ce fut la langue italienne qui s’implanta d’abord dans les ports libanais, l'influence commerciale des républiques de Venise et de Gênes étant déterminante entre les XIIIe siècle et XVIIe siècles. Cependant, les capitulations signées entre François Ier puis ses successeurs et la Sublime Porte firent du roi de France le protecteur officiel des chrétiens d'Orient et permettent aux missions religieuses de se développer. Les congrégations (Jésuites, Capucins, Lazaristes, la Sainte Famille, les frères des Écoles chrétiennes, les Maristes, les Filles de la Charité) fondèrent des écoles qui permettraient l'implantation du français au Liban, pendant la période ottomane.1
De la tutelle ottomane au colonialisme anglo-français
En 1918, lorsque l’Empire s’écroula, le Proche-Orient libéré de la tutelle ottomane passa directement sous tutelle anglaise et française. Les dirigeants arabes qui avaient cru aux promesses en furent pour leurs frais. La SDN, la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, confia à la France et à l’Angleterre un « mandat » sur la région.
Ce terme de « mandat » n’était qu’une feuille de vigne sur une entreprise coloniale. La France et l’Angleterre se jetaient sur le Proche-Orient et allaient le découper en fonction de leurs seuls intérêts.
C’est toujours armés d’un crayon et d’une règle que les représentants de l’Angleterre découpèrent dans leur zone trois États : ce furent, d’ouest en est, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak. À la place du « grand royaume arabe » qu’on lui avait promis, le chérif Hussein El-Hachem fut autorisé à placer un de ses fils à la tête de la Transjordanie. Ce fils, Abdallah, devint ainsi le premier représentant de la dynastie hachémite, roi de ce territoire en grande partie désertique. Un de ses frères, Fayçal, fut placé à la tête de l’Irak.
Cependant, lorsque les troupes franco-anglaises se répandirent dans les territoires arabes pour prendre la succession de la tutelle ottomane, ce ne fut pas sans mal. Dès 1920, en Irak, l’armée anglaise fut face à une révolte généralisée. En Syrie, après avoir marché sur Damas pour en déloger le nouveau gouvernement indépendant, les troupes françaises eurent à affronter de nombreuses révoltes. Pour administrer un pays qui promettait d’être ingouvernable pour les autorités coloniales, celles-ci décidèrent de le diviser.
Ainsi naquit donc le Liban, en août 1920, résultat d’un découpage totalement artificiel et typiquement colonialiste. Au Mont-Liban, territoire à majorité chrétienne maronite, l’administration adjoignit les régions de Beyrouth, celles de Tripoli au nord, de Saïda et de Tyr au sud et la plaine de la Bekaa à l’est. Le territoire ainsi constitué était un peu plus grand qu’un département français. En 1922, date d’un premier recensement, sa population comptait un peu plus de 600 000 habitants, dont 55 % de chrétiens et 45 % de musulmans. La France venait ainsi de créer au Proche-Orient le plus grand pays possible à majorité chrétienne.
Cette composition confessionnelle aurait pu n’avoir qu’une importance très relative. Cependant la puissance coloniale n’avait pas créé le Liban ainsi par hasard, mais pour pouvoir entretenir, renforcer et même institutionnaliser ces différences confessionnelles. Elle le fit à tel point qu’elles devinrent un facteur de premier plan dans la vie politique.
Bien sûr, le Liban tel qu’il sortait de l’Empire ottoman comportait un grand nombre de communautés religieuses différentes, qui y étaient reconnues officiellement suivant le système des millets mais l’Empire ottoman lui-même avait commencé à dépasser cette législation moyenâgeuse. S’inspirant de l’exemple occidental, il avait déjà édicté des lois faisant des citoyens des égaux devant la loi, indépendamment de leur religion. Après la fin de l’Empire ottoman et l’abolition du sultanat, la République turque instaurée par Mustafa Kemal allait d’ailleurs poursuivre dans cette voie, instaurant un État laïque. Comme bien d’autres, il s’inspirait de l’exemple de la Révolution française pour moderniser la Turquie... mais le colonisateur français au Liban, lui, faisait le contraire. Il préférait s’appuyer sur les survivances les plus rétrogrades de l’Empire ottoman et les renforcer, quitte à bloquer pour des décennies l’évolution de la société.
Aujourd’hui, pas moins de dix-huit confessions religieuses sont reconnues au Liban. On compte ainsi onze confessions chrétiennes : les maronites, les grecs orthodoxes, les grecs catholiques melkites, les arméniens grégoriens, autrement dit orthodoxes, les arméniens catholiques, les syriaques orthodoxes, autrement dit jacobites, les syriaques catholiques, les assyriens orthodoxes orientaux, les chaldéens, l’Église latine, l’Église copte orthodoxe et protestants).
Les musulmans sont moins divisés puisqu’on ne compte que cinq rites différents : les sunnites, les chiites jaafarites, les alaouites, les ismaéliens et les druzes. Ajoutons à cela les israélites, et l’on arrive au chiffre de dix-huit.
En reconnaissant officiellement ces différentes communautés, l’administration coloniale prétendait respecter les traditions du pays et ne faire que prolonger le système. Cela n’est vrai qu’en partie, par le fait de reconnaître aux différentes communautés le droit d’avoir leurs propres écoles et même leurs propres tribunaux pour trancher des questions concernant le statut personnel de chacun, le mariage, la filiation, les successions, etc... C’est déjà beaucoup trop, car cela suppose qu’un citoyen est nécessairement rattaché à une confession religieuse. Jusqu’à il y a quelques années seulement, cette confession était même inscrite sur les cartes d’identité libanaises. Aujourd’hui, elle ne l’est plus, mais elle fait toujours partie de l’état civil.
Le respect de la liberté de croyance ne sert que de prétexte à un système qui appuie le pouvoir social et politique sur des communautés religieuses institutionnalisées.
Cependant, à ce maintien de survivances médiévales concernant le statut des personnes, l’autorité coloniale française ajouta encore sa propre touche : elle créa le confessionnalisme politique.
En effet, il était prévu que les différentes confessions seraient équitablement représentées dans les emplois publics et dans la composition du ministère. De même, la loi électorale allait fixer différentes circonscriptions et, dans chacune des circonscriptions, le nombre de députés à élire en fonction de leur confession et de la confession supposée des électeurs de cette circonscription.
Même si cette loi a été revue plusieurs fois du point de vue de la composition, ce principe n’a jamais été modifié jusqu’à aujourd’hui dans le Liban indépendant. Par exemple, pour l’élection des députés de Beyrouth le 29 mai 2005, la capitale était divisée en trois circonscriptions. À Beyrouth-I, six sièges étaient à pourvoir : deux musulmans sunnites, un chrétien maronite, un grec orthodoxe, un grec catholique et un protestant. À Beyrouth-III, c’étaient deux musulmans sunnites, un musulman chiite, un druze, deux Arméniens orthodoxes et un Arménien catholique. Les listes présentées devaient respecter cette composition. Cela revenait pratiquement à désigner d’avance les élus par accord entre les clans les plus influents de chaque confession.
Les électeurs de la circonscription, eux, sont évidemment de différentes confessions. Ils peuvent voter en fonction de critères politiques ou de critères confessionnels ou autres, c’est leur choix. Mais la composition confessionnelle des élus de la circonscription est, de toute façon, fixée d’avance.
Le résultat de cette manipulation a été d’institutionnaliser les relations de clan existant à l’intérieur de la société libanaise. Les luttes politiques ont été ramenées aux luttes de clan à l’intérieur de chaque communauté, puis aux luttes et aux compromis de sommet entre les chefs des différentes communautés, le tout laissant en outre une grande place à la corruption, à l’achat des votes et des places de députés et au clientélisme, par exemple pour l’attribution des postes au sein de l’administration. Le résultat en tout cas est que l’on retrouve pratiquement depuis 80 ans les mêmes noms, les mêmes représentants des grandes familles les plus riches siégeant de père en fils au Parlement et au gouvernement libanais.
L'entre-deux-guerre
La période de l’entre-deux-guerres fut très mouvementée. Bien qu’une constitution ait été accordée sur le papier, les services français préféraient la suspendre quand elle leur posait problème. Les sentiments nationalistes se renforçaient, en écho à ceux qui s’exprimaient en Syrie. Là aussi, des négociations aboutirent à un traité d’alliance franco-libanais consacrant l’indépendance du pays et son entrée à la Société des Nations. Mais la ratification ne vint jamais : le traité ne fut même pas présenté devant le Parlement français !
Ajoutons que pendant que l’administration française prolongeait ainsi sans vergogne sa présence, elle n’eut aucun scrupule à disposer de ces territoires qui n’étaient en principe sous son mandat qu’à titre provisoire. Ainsi, en 1939, dans le cadre d’un marchandage avec la Turquie, la France fit tout simplement cadeau à ce pays du fameux sandjak d’Alexandrette, qui fut aussitôt intégré de façon autoritaire à la Turquie, sous le nom de Hatay.
Pendant tout ce temps, l’impérialisme français ne perdait pas de temps pour accroître sa pénétration économique. Les échanges, de type colonial, étaient très profitables à un certain nombre de groupes financiers et industriels. En même temps, la place de Beyrouth achevait de devenir la principale place financière et commerciale de la région. Le port était agrandi. Les grandes banques françaises s’installaient dans la place et fournissaient un cadre d’association entre les groupes capitalistes français et la fraction la plus riche de la bourgeoisie libanaise, alors essentiellement chrétienne maronite.
Telle était donc la situation à la veille de la Seconde Guerre mondiale, que le Moyen-Orient aborda donc toujours occupé et partagé entre les deux impérialismes anglais et français, à la fois rivaux et complices.
La Deuxième Guerre mondiale et l’indépendance
En juin 1940, en France, ce fut la défaite, l’armistice avec l’Allemagne nazie, la fin de la IIIe République et son remplacement par le régime de Pétain. L’administration française de Syrie et du Liban s’y rallia. Puis, au printemps 1941, les combats de la guerre mondiale se rapprochant du Moyen-Orient, l’Angleterre décida de s’assurer le contrôle de la Syrie et du Liban. Les troupes britanniques entrèrent donc dans les deux colonies et les troupes françaises restées fidèles à Pétain ne leur offrirent guère de résistance.
La Syrie et le Liban passèrent donc sous contrôle militaire britannique. De son côté, de Gaulle qui depuis Londres s’était proclamé le chef de la « France libre », mais auquel les dirigeants britanniques n’accordaient qu’une considération limitée, protestait et prétendait qu’ils restent des colonies françaises.
De toute façon, face à l’agitation nationaliste qui se développait en Syrie et au Liban, les représentants pétainistes d’abord, les Britanniques ensuite et même les représentants gaullistes, durent promettre de nouveau l’indépendance, mais pour la fin de la guerre. Ils cherchaient les uns et les autres à gagner du temps et, en même temps, ils tentaient de réprimer les aspirations nationalistes.
Mais à la fin de la guerre mondiale, la situation fut telle qu’il fallut bien évacuer les deux pays et reconnaître leur indépendance. Les dernières troupes françaises quittèrent la Syrie et le Liban en 1946. La France coloniale avait d’autres possessions, en Indochine, en Afrique et au Maghreb, auxquelles elle allait encore s’accrocher pendant des années et au prix de millions de morts. Quant au Moyen-Orient, dans les années qui suivirent, les deux vieilles puissances coloniales allaient y être rapidement remplacées. L’impérialisme américain prit position avec ses grandes compagnies et ses capitaux, face auxquels les capitaux anglais et français ne faisaient pas vraiment le poids.
Ce ne fut facile ni pour les deux anciens colonisateurs, qui cherchaient à défendre leur influence, ni pour les nouveaux, même s’ils se présentaient comme les messagers de la liberté et de la démocratie. Dans l’après-guerre, comme une grande partie des pays colonisés ou ex-colonisés, tous les pays du Moyen-Orient furent secoués par des mouvements où se mêlaient les revendications sociales et les aspirations nationales contre la mainmise impérialiste. Les ouvriers, les paysans, les couches populaires en général, espéraient que la fin de la guerre, le départ des colonisateurs, allaient amener la fin de leur misère, la reconnaissance de leur dignité, voire la fin de leur exploitation par les compagnies occidentales ou par les riches bourgeois de leur propre pays.
L’Égypte, la Syrie, l’Irak, l’Iran, et aussi le Liban furent secoués par de tels mouvements. Les régimes mis en place dans ces différents États, encore fragiles, naviguèrent entre les revendications de leurs propres populations et les contradictions de leurs classes dirigeantes. Une partie de celles-ci préféraient se contenter d’être les agents directs des grandes compagnies occidentales, en prenant en quelque sorte leur commission au passage. D’autres cherchaient à desserrer cette emprise de l’impérialisme pour se développer d’une façon un peu indépendante. Des groupes de militaires se firent les arbitres de la situation en prenant le pouvoir par des coups d’État.
Le Moyen-Orient balkanisé
C’est au cours de toutes ces crises que se révéla l’utilité des divisions arbitraires opérées par les colonisateurs européens au Moyen-Orient. Il leur aurait été bien plus difficile de faire face à un mouvement de contestation uni à l’échelle de toute la région. En revanche, celle-ci étant véritablement balkanisée entre différents États, les dirigeants impérialistes et leurs compagnies pouvaient jouer sur leurs rivalités, mener une politique avec l’un et une politique différente avec l’autre, voire même les jeter dans des guerres entre eux.
Dans cette division du Moyen-Orient, il faut faire une mention particulière de l’État d’Israël, proclamé en 1948 par les dirigeants de la communauté juive installée en Palestine avec la bienveillance des autorités anglaises, ce qui entraîna la première guerre israélo-arabe. On ne peut que reconnaître aux Juifs de Palestine, comme à tous les peuples, le droit d’avoir leur propre existence nationale. Cependant, la politique des dirigeants sionistes qui étaient à leur tête aboutit à imposer ce droit au prix d’une autre injustice, en faisant du peuple palestinien un peuple de déracinés, parqués dans des camps de réfugiés où ils sont encore près de soixante-dix ans plus tard. Le conflit israélo-palestinien et israélo-arabe allait polariser pendant des décennies tous les conflits de la région, d’autant plus que les dirigeants impérialistes, comprenant tout le parti qu’ils pouvaient tirer de la situation, allaient faire d’Israël leur allié privilégié. Ils se servirent de la population israélienne et de son armée comme d’une force de frappe pour menacer les États qui prenaient trop d’indépendance.
Mais cette division israélo-arabe, si elle a été la plus visible et la plus porteuse de conflits, n’était pas la seule. De la part des dirigeants impérialistes, c’était vraiment une méthode.
Il faut citer par exemple les États du Golfe, le Koweït, Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis. Ce sont autant d’États minuscules, dont la seule justification était de confier à une famille princière la disposition exclusive des puits de pétrole. Ne disposant d’aucune base sociale, les émirs du Golfe et leurs États ne survivent que grâce à une alliance privilégiée avec l’Occident et ses compagnies pétrolières. En retour, celles-ci leur laissent suffisamment de royalties pour que les familles princières vivent dans l’opulence. Mais ainsi les richesses pétrolières enrichissent infiniment plus encore les groupes capitalistes occidentaux, et sur place elles ne profitent qu’à une toute petite minorité, et ont très peu de retombées économiques pour les peuples de la région.
Quant au Liban, tel que l’avait conçu le colonisateur français, c’était une sorte de Koweït, construit non pas autour des puits de pétrole, mais comme un sanctuaire financier. L’impérialisme français voulait se constituer un point d’appui avec les chrétiens libanais, plus exactement avec la bourgeoisie chrétienne. C’est bien pourquoi les autorités coloniales avaient tenu à institutionnaliser les différences religieuses, en même temps qu’elles créaient un État dans lequel cette communauté chrétienne allait être majoritaire. Elles espéraient que, placés dans cette situation, les chrétiens du Liban n’auraient d’autre choix que de se faire les alliés privilégiés des pays occidentaux. Les grands bourgeois chrétiens libanais ainsi qu’une large petite bourgeoisie y trouvèrent d’ailleurs leur intérêt. Les riches de la région, les émirs du pétrole et les autres, placèrent leurs capitaux dans les banques de Beyrouth plutôt que dans des pays politiquement plus instables comme l’Irak, la Syrie ou l’Égypte.
Ce rôle d’intermédiaire financier entre l’économie de la région et les grandes compagnies des pays impérialistes, ainsi que ce rôle de refuge des capitaux, valurent au Liban le surnom de « Suisse du Moyen-Orient ». En somme, on allait placer ses capitaux à Beyrouth comme en Europe on les place dans les banques suisses. La bourgeoisie et la petite bourgeoisie libanaises que cela enrichissait au passage étaient une couche sociale pas bien nombreuse dans l’absolu. Mais dans un petit pays de trois millions d’habitants son poids relatif était considérable et elle était d’autant plus attachée à son existence en tant qu’État séparé.
Cependant, cette « Suisse du Moyen-Orient » qu’était le Liban était certes un petit pays, mais il était tout de même encore trop grand pour pouvoir être complètement isolé des tensions qui traversaient le Moyen-Orient, elles réapparaissaient au sein même du pays. La richesse de sa bourgeoisie et de sa petite bourgeoisie, même relativement nombreuses, ne profitait que peu à la majorité de la population libanaise. D’autre part, le système politique confessionnel cristallisait des conflits entre communautés qui eux-mêmes reflétaient à leur façon les contradictions sociales, parfois de façon explosive. Enfin, le conflit israélo-arabe eut pour conséquence l’afflux au Liban de centaines de milliers de réfugiés palestiniens, parqués dans des camps aux abords des grandes villes dans des conditions misérables.
Le Liban offrait ainsi sur son petit territoire un concentré des contradictions et des crises du Moyen-Orient, formant une sorte de bombe à retardement qui ne pouvait qu’éclater. Et elle éclata, sous forme d’une terrible guerre civile qui devait durer quinze ans, de 1975 à 1990.
Années soixante-dix : la montée des tensions sociales et politiques
Au cours des années soixante et du début des années soixante-dix on assista à une montée des tensions sociales et politiques. Les travailleurs s’impatientaient du contraste entre l’enrichissement ostentatoire d’une partie de la population et la persistance de leurs conditions de vie misérables. Face à une bourgeoisie qui étalait son luxe et son arrogance, des luttes ouvrières éclatèrent. Ce fut la grève des usines Ghandour - un trust de l’agro-alimentaire - à la fin de l’année 1972, puis la grève des planteurs de tabac du Sud-Liban début 1974. Dans les deux cas les réactions de l’appareil d’État furent violentes. L’armée riposta comme elle le faisait souvent : en tirant sur les ouvriers. Elle fit deux morts parmi les ouvriers de Ghandour et aussi parmi les planteurs de tabac.
À cette situation s’ajoutait la mobilisation des Palestiniens réfugiés au Liban. Au cours de la guerre des Six-Jours de juin 1967, l’armée israélienne conquit la Cisjordanie, Gaza et le Sinaï. Cela entraîna un nouvel exode de réfugiés palestiniens, venant après celui de 1948. Mais, paradoxalement, cela entraîna aussi une prise de conscience et une mobilisation accrue de la population palestinienne. Cette nouvelle défaite des États arabes face à Israël et le discrédit de leurs principaux leaders, à commencer par Nasser, avaient convaincu le peuple palestinien que désormais, il ne pouvait plus compter que sur lui-même.
Les organisations palestiniennes connurent donc un afflux comme elles n’en avaient jamais connu. Dans les camps de Jordanie, du Liban, on voyait désormais apparaître au grand jour les milices palestiniennes. L’enthousiasme des Palestiniens et leur mobilisation devenaient contagieux, entraînaient la solidarité des populations des pays arabes où ils étaient présents et devenaient un facteur de déstabilisation pour les régimes arabes eux-mêmes.
Le roi Hussein de Jordanie, rejeton de la dynastie hachémite installée par la Grande-Bretagne, fut le premier à réagir. Déclarant qu’il ne pouvait tolérer l’anarchie, il déclencha la violente répression dite du « Septembre noir » de 1970, au cours de laquelle son armée bombarda les camps de réfugiés, faisant des milliers de morts et obligeant les dirigeants palestiniens à accepter ses conditions.
Mais les années suivantes, c’est au Liban que le problème se déplaça. Là aussi, les organisations palestiniennes étaient implantées dans les camps de réfugiés et armées. Les Palestiniens n’étaient plus ces réfugiés prostrés dans leur exil et leur misère, mais un peuple au combat et fier de l’être. Leur présence était un encouragement à la mobilisation de la population libanaise pauvre elle-même.
Ainsi, durant les premières années soixante-dix, parallèlement aux luttes sociales, on vit se développer les manifestations contre la politique du gouvernement libanais, et les manifestations de solidarité avec les Palestiniens. En particulier, au lendemain du 10 avril 1973, après qu’un commando de l’armée israélienne fut venu en toute tranquillité assassiner en plein Beyrouth quatre dirigeants palestiniens, on vit des centaines de milliers de personnes, Libanais et Palestiniens confondus, se joindre aux obsèques dans une énorme manifestation de solidarité.
La bourgeoisie, en particulier la bourgeoisie et la petite bourgeoisie chrétiennes, se sentirent menacées. Il existait en leur sein un parti, le Parti phalangiste, fondé dans les années trente par Pierre Gemayel en s’inspirant ouvertement du fascisme italien et allemand, et théorisant un Liban chrétien qui aurait été un îlot occidental à côté du monde arabe. L’idéologie de ce parti cultivait le sens de supériorité des petits-bourgeois chrétiens se considérant comme des spécimens de haute civilisation occidentale isolés au milieu de la barbarie, développant le mépris des masses pauvres et des musulmans en général, ou même des arabes, en oubliant qu’ils étaient eux-mêmes des arabes chrétiens. Ce mépris se développait d’autant plus que désormais il se conjuguait avec la peur.
Le Parti phalangiste se prépara à l’affrontement. Il organisa ses militants en milices, les « Phalanges » - on disait les « Kataeb » en arabe - s’entraînant militairement au grand jour. De son côté, la police et l’armée libanaises, contrôlées en grande partie par la droite et l’extrême droite chrétiennes, commencèrent à multiplier les provocations.
L’une de celles-ci eut lieu le 26 février 1975 dans la ville de Saïda, la Sidon de l’Antiquité, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Beyrouth. Ce jour-là, les pêcheurs de Saïda manifestaient contre leurs conditions de travail et leurs salaires trop bas, imposés notamment par une grosse société de mareyage, la société Protéine présidée par Camille Chamoun, un des principaux dirigeants de la droite chrétienne. Une partie de la population de la ville et des camps palestiniens se joignit à la manifestation. Encore une fois, l’armée libanaise tira. Cette même armée, qui n’avait jamais servi à défendre le territoire, qui n’avait jamais mené la moindre riposte lors des attaques de l’armée israélienne contre le Liban, n’hésitait jamais à tirer sur des manifestants ou des grévistes. Elle fit plusieurs morts dont le maire de la ville de Saïda, l’ancien député nassérien Maarouf Saad, qui s’était joint à la manifestation.
Le lendemain, la gauche appelait à une grève générale de solidarité. L’armée était obligée d’évacuer Saïda secouée par la révolte. Cependant, dans les quartiers chrétiens de Beyrouth, les Kataeb appelaient à manifester, elles, en solidarité avec l’armée.
Avril 1975 : le déclenchement de la guerre civile
C’est le 13 avril 1975 que la guerre civile est finalement déclenchée, avec l’attaque par les Phalanges d’un autobus de Palestiniens revenant d’un meeting. Alors que celui-ci, pour gagner le camp palestinien de Tell el-Zaatar, doit traverser le quartier chrétien d’Aïn el-Remmaneh, les Kataeb l’arrêtent avant de massacrer froidement vingt-sept de ses occupants.
Si les phalangistes ont alors choisi de frapper les Palestiniens, dont ils réclament le départ du Liban, c’est qu’ils pensent que c’est sur ce thème qu’ils pourront rassembler autour d’eux la petite bourgeoisie et tous ceux qui ont peur. Mais en même temps qu’aux Palestiniens, c’est aux masses populaires libanaises qu’ils déclarent la guerre ce 13 avril 1975. Et c’est bien ce camp des travailleurs et de l’ensemble des couches populaires qui comprend qu’il est attaqué.
Très vite, dans tout Beyrouth et bientôt dans tout le Liban, les combats se multiplient. Alors que les milices phalangistes tiennent les quartiers bourgeois, les milices des organisations de gauche et des Palestiniens tiennent les quartiers populaires.
Dans les quartiers pauvres, on assiste à une véritable mobilisation de la population, celle-ci aidant les combattants des milices de la gauche et des organisations palestiniennes à organiser la défense du quartier. Des milliers de jeunes prennent les armes et tout le Liban populaire se dresse pour répondre à l’attaque de l’extrême droite. Ce sont deux camps sociaux et politiques qui s’affrontent : il y a d’un côté celui des riches, des possédants et de ceux qui se sentent de leur côté et du côté de leurs alliés impérialistes. De l’autre, il y a celui des ouvriers, des masses des quartiers pauvres, des réfugiés des camps.
Cette lutte pouvait, aurait pu devenir celle de toutes les masses déshéritées du Moyen-Orient. Cependant, il n’existait alors aucune force politique un peu influente prête à se mettre à sa tête en lui donnant son véritable sens.
Les dirigeants palestiniens jouissent à ce moment-là, en 1975, d’un grand prestige, bien au-delà des Palestiniens eux-mêmes. Les Palestiniens et les masses populaires libanaises se sentent spontanément du même côté de la barricade, et se battent ensemble. Mais les dirigeants palestiniens se hâtent de déclarer que ce n’est pas le même combat. Eux, affirme Arafat, « se battent pour la Palestine, pour toute la Palestine et rien que la Palestine ». C’est une façon de dire que le combat des masses populaires libanaises ne les concerne pas.
Le principal parti de la gauche libanaise est alors le Parti Socialiste Progressiste, le PSP, dirigé par Kamal Joumblatt. Les Joumblatt, c’est avec les Yazbek un des deux grands clans qui sont à la tête de la communauté druze. C’est la même grande famille que celle de ce Bey Joumblatt qui en 1858 a organisé la répression contre les paysans insurgés sous la direction de Tanios Chahine. Son lointain rejeton Kamal Joumblatt est lui aussi encore le seigneur féodal de Moukhtara, dans la montagne druze, où il reçoit ses sujets. Mais lui se réclame d’un vague progressisme, d’un socialisme humaniste basé sur la spiritualité. Il est même membre de la IIe Internationale socialiste.
Ajoutons que, selon le « pacte national » conclu en 1943 entre les chefs des principales confessions libanaises, la présidence de la République est réservée à un maronite, le poste de Premier ministre à un sunnite et celui de président de l’Assemblée nationale à un chiite. Les druzes, eux, font figure de laissés-pour-compte et cela explique en partie les velléités réformatrices de leurs leaders.
Sous le nom de Mouvement National, ou Front des Forces progressistes, une coalition se crée entre le PSP de Joumblatt, le Parti Communiste et une autre organisation communiste, l’OACL (Organisation de l’Action communiste au Liban). Cette sorte d’Union de la gauche libanaise ne formule que des objectifs politiques limités de réforme du système politique confessionnel mettant fin à la prééminence politique des chefs chrétiens maronites. Avec l’éclatement de la guerre civile, le Mouvement National de Joumblatt va recevoir le soutien des partis de la bourgeoisie musulmane sunnite. Le Parti Communiste et l’OACL, qui se rallient sans critique à Joumblatt, se rendent ainsi incapables de mener une politique indépendante représentant les intérêts des classes populaires. Ils sont pourtant les seuls partis existant indépendamment des confessions, disposant de plusieurs milliers de militants dévoués et présents au sein des masses populaires. Ils participeront aux combats de la guerre civile, ils auront de nombreux militants tués, morts de façon héroïque. Mais ils en seront réduits, politiquement, à soutenir tel ou tel parti, à se faire les auxiliaires de telle ou telle milice, sans recevoir d’ailleurs en échange la moindre considération.
Dès lors, du point de vue de sa direction politique, le mouvement qui s’est produit en riposte à l’attaque de l’extrême droite va changer peu à peu de caractère. L’affrontement se transforme, il perd son aspect social, pour prendre le caractère d’une guerre entre communautés. On parlera désormais du camp « palestino-progressiste », puis du camp « islamo-progressiste », puis souvent simplement du camp « musulman » contre le camp « chrétien ».
Plusieurs éléments favorisent cette évolution. L’affrontement armé met au premier plan les objectifs militaires plutôt que les objectifs politiques et sociaux, d’autant plus qu’aucune organisation, sinon de toutes petites minorités, ne se soucie de cet aspect. Les milices se multiplient. Souvent incontrôlables, elles obéissent parfois aux objectifs individuels de leurs membres plus qu’aux objectifs d’ensemble de la lutte.
On assiste des deux côtés à des enlèvements, à des représailles absurdes et odieuses, à des pillages prenant pour cibles les membres de telle communauté. Les milices d’extrême droite contrôlent les points de passage et souvent elles tuent, simplement parce que la personne contrôlée porte sur sa carte d’identité la mention « musulman ». En représailles, des miliciens de gauche tuent alors des chrétiens, alors que de nombreux chrétiens combattent dans leur camp.
Une journée est restée dans l’histoire comme le « samedi noir » de décembre 1975. Le 6 décembre 1975, un cycle de représailles s’enclenche. Pour venger la mort de quatre des leurs, les miliciens des Kataeb tuent 150 musulmans pris au hasard. Un partage définitif s’instaure entre Beyrouth-Ouest, le camp musulman, et Beyrouth-Est, le camp chrétien. D’un coté de l’avenue, les musulmans sont en danger, de l’autre ce sont les chrétiens qui le sont. Un peu plus tard, en janvier 1976, l’extrême droite massacre une partie des habitants du quartier de la Quarantaine, une « poche » musulmane en secteur chrétien. Quelques jours après, des milices de la gauche et des Palestiniens mènent une opération punitive contre le village chrétien de Damour, au pied du Mont-Liban, et massacrent une partie de ses habitants. La guerre n’est plus la guerre entre le Liban des pauvres et celui des riches, mais bien la guerre entre musulmans et chrétiens.
Assad sauve la droite libanaise
Cependant, début 1976, au bout d’un an de guerre civile, l’extrême droite chrétienne et ses protecteurs impérialistes sont inquiets. Leur camp recule sur tous les fronts face à un camp « islamo-progressiste » en passe de l’emporter militairement. C’est alors qu’il reçoit un renfort inattendu : celui de la Syrie.
Le régime syrien, dirigé par le général d’aviation et dictateur Hafez al-Assad, n’a jamais été avare de discours anti-impérialistes, et il était considéré par la gauche et par les Palestiniens comme un allié, même si c’était avec quelque méfiance vu la nature du régime et ses procédés. C’est donc avec surprise et indignation qu’ils voient, au printemps 1976, l’armée syrienne entrer au Liban pour sauver la mise à l’extrême droite. Ce sont alors les armements lourds, les canons et les chars de l’armée de Damas qui repoussent les milices « islamo-progressistes ». Le camp palestinien de Tell al-Zaatar, déjà isolé depuis des semaines au milieu du camp chrétien et que les milices de la gauche et des Palestiniens tentent de délivrer, est ainsi livré aux Kataeb qui procèdent à un véritable massacre.
Cependant, l’armée syrienne ne chercha pas à écraser totalement les milices « islamo-progressistes », mais seulement à les repousser sur un territoire bien délimité et contrôlé. Sous la surveillance générale de l’armée de Damas, il y avait désormais un secteur chrétien et un secteur musulman qui allait d’ailleurs plus tard se diviser en lui-même en différents secteurs tenus par les milices sunnites, chiites ou druzes.
Cette intervention de la Syrie répondait à un calcul particulièrement cynique de Hafez al-Assad. Dans la situation difficile où se trouvait l’extrême droite libanaise, et alors que les protecteurs occidentaux de celle-ci n’avaient aucune envie de se lancer dans une intervention armée à son secours, le régime syrien saisissait l’occasion de montrer qu’il était capable de garantir l’équilibre des forces au Liban. Il montrait qu’il respectait le pouvoir traditionnel de la bourgeoisie chrétienne et le partage effectué par l’impérialisme, et même qu’il était à l’occasion prêt à les défendre. Il se comportait en gardien de l’ordre régional, avec évidemment l’espoir d’obtenir quelque chose en contrepartie.
Cette intervention se faisait en connivence avec les dirigeants chrétiens libanais et leurs protecteurs occidentaux et avec Israël, même si cette connivence ne s’étalait pas sur la place publique. Et Assad avait aussi l’accord des dirigeants arabes, qui eux non plus n’avaient aucune envie de voir le paysage politique de la région bouleversé par l’émergence à Beyrouth d’un pouvoir un tant soit peu « progressiste ».
Après 1976, après que l’armée syrienne se fut ainsi imposée comme arbitre sur le territoire libanais, la guerre civile n’en dura pas moins encore de longues années, jusqu’en 1990, et fut ponctuée de nombreux épisodes. En 1978, ce fut Israël qui envahit le sud du Liban pour y installer durablement une zone-tampon contrôlée par une milice libanaise armée et financée par lui. Puis en 1982, sous les ordres de Sharon, l’armée israélienne poussa cette fois jusqu’à Beyrouth pour tenter d’en déloger les milices palestiniennes et d’y installer un pouvoir allié d’Israël sous la présidence du chef des Kataeb, Bechir Gemayel. Sa mort quelque temps plus tard dans un attentat, commandité sans doute par la Syrie, amena au pouvoir son frère Amine Gemayel, plus prêt au compromis avec Damas. Cependant, les milices d’extrême droite se vengeaient sur les Palestiniens par le massacre des camps palestiniens de Sabra et Chatila en septembre 1982. Puis ce fut l’épisode de l’intervention d’une « force multinationale » américano-franco-italo-britannique, qui finit par quitter Beyrouth en 1984, après deux attentats particulièrement meurtriers contre une caserne américaine et une caserne française.
En même temps que ces différentes interventions étrangères, d’autres affrontements avaient lieu entre les diverses milices libanaises et palestiniennes. En 1982, une bataille éclata à Tripoli, dans le nord, entre la Syrie et les milices sunnites ; en 1983, ce fut la bataille du Chouf par laquelle les milices druzes de Walid Joumblatt - le fils de Kamal Joumblatt, mort en 1977 dans un attentat attribué à la Syrie - prirent le contrôle de cette région. Ils menèrent une politique criminelle en massacrant ou chassant les chrétiens maronites de la région, en les rendant responsables de la politique des Kataeb.
De 1985 à 1988, ce fut la guerre des camps déclenchée par la milice chiite Amal - soutenue par la Syrie - contre les camps palestiniens. En 1988-1989, ce fut la prétendue « guerre de libération » menée par le général chrétien Michel Aoun contre la Syrie, avec le soutien de la France.
Cependant, dans le sud, bénéficiant du soutien de l’Iran, se constituaient les milices du Hezbollah (« parti de dieu »), contrôlant de plus en plus cette région à majorité chiite. Ce parti allait conquérir une popularité en menant des actions militaires contre Israël mais aussi, comme beaucoup de partis islamistes, en constituant autour des mosquées des réseaux d’assistance lui assurant une clientèle au sein de la population pauvre. Mais ce parti intégriste était aussi un parti profondément réactionnaire, et notamment anticommuniste. Soucieux de se débarrasser de ses éventuels concurrents dans les classes populaires, son chef, le Cheikh Nasrallah - encore aujourd’hui le principal dirigeant du Hezbollah - organisa en 1987 une vague d’assassinats contre des militants du PC, notamment l’intellectuel communiste Mehdi Amel.
Les accords de Taëf et l’après-guerre civile
Ce n’est qu’à la fin 1989, à la suite des accords conclus dans la ville de Taëf, en Arabie saoudite, que la guerre civile prit fin. Cette suite d’affrontements, de massacres et d’interventions extérieures, cette multiplication de milices servant telle ou telle puissance, cette somme énorme de souffrances humaines et de destructions matérielles, débouchaient sur un vague compromis politique ne changeant rien d’essentiel.
Face aux tentatives de faire du Liban une tête de pont des puissances occidentales semblable à Israël, il était précisé que le Liban était « arabe, d’appartenance et d’identité ». Les différentes communautés religieuses devaient être représentées de façon plus équilibrée au sommet de l’État, première étape en principe avant « l’abolition du communautarisme politique ». L’accord de Taëf prévoyait le désarmement des milices et le regroupement des forces syriennes dans la plaine de la Bekaa, limitrophe de la Syrie, avant leur retrait total parallèlement à celui des forces israéliennes.
En fait, les tentatives des diverses puissances et, à l’intérieur, celles des différentes communautés pour modifier le rapport de forces en leur faveur, ne débouchaient que sur l’épuisement réciproque des protagonistes. Au terme de ces quinze ans, la Syrie était reconnue comme l’arbitre de la situation libanaise, avec la caution des autres pays arabes et des puissances impérialistes et l’acceptation tacite d’Israël.
Après cela, on s’est engagé dans ce qu’on a appelé la « reconstruction » du Liban, une « reconstruction » dont Rafic Hariri, Premier ministre de 1992 à 1998, puis de 2000 à 2004, et assassiné le 14 février 2005, fut le grand ordonnateur.
Rafic Hariri était musulman sunnite. Issu d’une famille pauvre de Saïda, il fut même pendant quelque temps membre d’une organisation marxiste, l’Organisation des Socialistes libanais proche du FPLP palestinien. Mais il avait surtout le génie des affaires et, parti en exil en Arabie saoudite durant la guerre civile, il fit fortune dans la construction immobilière et se constitua de solides relations dans les milieux dirigeants de ce pays. C’est donc en disposant des appuis nécessaires qu’il arriva au poste de Premier ministre en 1992 et qu’il s’employa à « reconstruire » le Liban, ou plutôt un certain Liban, celui des privilégiés.
La reconstruction de la ville de Beyrouth, détruite par la guerre civile, fut ainsi livrée à la société Solidere, n’ayant d’ailleurs rien à voir, malgré son nom, avec le concept de solidarité. Solidere, la société immobilière fondée par Rafic Hariri, signifie « Société Libanaise pour le Développement et la Reconstruction ». Aujourd’hui elle est propriétaire de presque tout le centre-ville de Beyrouth, après avoir expulsé tous les anciens propriétaires et les couches populaires que quinze ans de guerre civile n’avaient pas réussi à faire fuir. Grâce à ce requin de l’immobilier, Beyrouth a été dotée de quelques quartiers ultramodernes avec immeubles de luxe et buildings d’affaires de verre et d’acier. La spéculation immobilière a encore enrichi la famille Hariri, au point qu’on disait de ce clan milliardaire qu’il possédait la moitié du pays. Cela a été payé en grande partie par l’État libanais, dont l’endettement a atteint des sommets. En 2006, la dette publique a gonflé démesurément et approche les 40 milliards de dollars. Dans un pays de moins de quatre millions d’habitants, cela représente 10 000 dollars par habitant, trois ans de salaire d’un ouvrier qui, quand cela va bien, peut arriver à gagner 250 à 300 dollars par mois.
Hariri avait de la fortune, mais aussi des qualités politiques. Sachant cultiver ses alliances, il a durant la guerre civile distribué ses financements entre toutes les milices. Il a su ménager ses appuis du côté de la famille régnante d’Arabie saoudite, mais aussi dans les autres pays arabes ainsi qu’aux États-Unis et même en France puisqu’on dit qu’il fut un des financiers de Chirac. Au Liban même, il a su partager en affaires et permettre aux autres clans de la bourgeoisie de s’enrichir. Il a su s’entourer de tout un personnel politique, et aussi d’affaires, souvent venu de la gauche, voire comme lui-même de l’extrême gauche, disposant d’un peu plus de vernis intellectuel que le vieux personnel politique libanais. Et puis Hariri a même su pendant longtemps ménager les relations de collaboration avec la Syrie, tout en préservant les possibilités de la bourgeoisie libanaise de mener son propre jeu.
Grâce à Hariri, Beyrouth et les banques libanaises ont retrouvé leur rôle de plaque tournante financière de la région moyen-orientale. Pendant qu’une partie de la population s’enfonçait dans la misère, la bourgeoisie et une partie de la petite bourgeoisie libanaises ont retrouvé leur place d’intermédiaires financiers privilégiés de l’impérialisme, avec la richesse et parfois le luxe éhonté qui vont avec.
La seule vraie différence avec la situation d’avant la guerre civile est que désormais, à côté des clans de la bourgeoisie chrétienne maronite, on voit des clans de la bourgeoisie musulmane sunnite - dont Hariri était le symbole - et même musulmane chiite, étaler une richesse équivalente. Dans ce sens là - du point de vue de la répartition de l’enrichissement entre les divers clans - il s’est peut-être établi un « meilleur » équilibre entre les communautés, ou plus exactement entre les familles richissimes qui les dominent.
Car pour le Liban des couches pauvres, rien n’a changé. Et Hariri a beau avoir été présenté comme un héros de la « reconstruction » du Liban ayant su aider les pauvres et les faibles, son gouvernement n’a pas non plus hésité devant la répression contre ceux qui le contestaient. Ainsi, le 27 mai 2004, c’est le gouvernement de Rafic Hariri qui a fait tirer par l’armée libanaise sur des manifestants qui protestaient contre la cherté de la vie, au cours d’une journée de grève générale appelée par la CGTL, la CGT libanaise.2
L'Assassinat de Rafic Hariri
Rafic Hariri est tué dans un attentat au camion piégé le 14 février 2005 tandis que le député et ancien ministre Bassel Fleyhane, très grièvement blessé dans l'attentat, décède le 18 avril 2005. Cet attentat provoque une crise tant nationale qu'internationale puisqu'une partie des Libanais et la plupart des diplomates étrangers dénoncent l'implication de la Syrie dans cet attentat. Toutefois, ni la France, ni les États-Unis qui sont les deux puissances étrangères les plus impliquées dans la crise libanaise, ne mettent explicitement en cause la Syrie. Dans les rues de la capitale Beyrouth, une partie des Libanais manifestent contre la présence syrienne, et depuis cet attentat chaque année une fête a lieu pour lui rendre hommage cependant, le mouvement est diversement suivi dans le pays mais les manifestants, essentiellement sunnites, druzes et chrétiens, soutenus par les pays occidentaux, savent que la Syrie ne peut employer la manière forte sans s'exposer à des mesures militaires ou économiques de l'Union européenne ou des États-Unis. La crise se noue dès le 28 février, quand le Premier ministre pro-syrien Omar Karamé remet sa démission à l'Assemblée nationale poussant les partis pro-syriens chiites du Amal et du Hezbollah à organiser le 8 mars une contre-manifestation qui rassemble des centaines de milliers de personnes. Omar Karamé est désigné à nouveau Premier ministre et la crise continue. L'essentiel de la crise tourne autour de la place de la Syrie dans la vie politique libanaise : alors que les forces syriennes se retirent lentement du Liban, plus de 200 000 personnes se rassemblent le 13 mars dans la ville de Nabatiyé (à 75 km au sud de Beyrouth) pour dénoncer les ingérences étrangères occidentales et protester contre la résolution 1559. La situation conduit l'opposition libanaise à appeler à une nouvelle manifestation, le 14 mars, pour refuser l'occupation syrienne et le régime pro-syrien en place à Beyrouth, rassemblant un million de manifestants. La foule réclame, sur la place des Martyrs, la vérité sur l'assassinat de Rafic Hariri, le départ de la présence syrienne et celui du gouvernement Karamé. Le général Michel Aoun, qui avait déclaré en 1989 une guerre de libération contre l'envahisseur syrien, annonce son retour après 15 ans d'un exil forcé en France, retour effectif le 7 mai.
En conséquence, le 15 mars, la Syrie après avoir déclaré à l'ONU son intention de retirer l'ensemble de ses forces et personnels de renseignement du Liban, avant les élections législatives libanaises devant se tenir en juin, commence à procéder à des replis remarqués. Dans les jours qui suivent, deux attentats à la voiture piégée maintiennent une tension élevée. Le 24 mars, la mission de l'ONU menée par Sean Fitzgerald accuse les services de sécurité libano-syriens d'avoir maquillé la scène du crime et créé un climat propice au meurtre d'Hariri. Toutefois, la mission n'accuse pas les gouvernements libanais et syrien d'être responsables de l'attentat.
Rafik Hariri a été assassiné le 14 février 2005 (14 2 2005).
14x2x2005 = 56140
Le code postal 56140 est celui de la commune de BOHAL.
BOHAL = BOLAH
À travers ce signe, Dieu nous envoie t-il un message pour nous révéler que le HEZBOLLAH est l'auteur de cet assassinat...?
Les élections de juin 2005
Le 14 avril, au lendemain de la démission du premier ministre Omar Karamé, qui quitte au passage le camp pro-syrien, Najib Mikati est désigné Premier ministre d'un gouvernement de transition chargé d'organiser des nouvelles élections. Membre de la faction pro-syrienne, il est cependant accepté par l'opposition et semble être un compromis valable entre les deux factions. Le 26 avril, les forces armées syriennes semblent s'être retirées du Liban d'après une première inspection de l'ONU. Elle réserve sa réponse concernant les services de renseignements syriens pour lesquels une inspection plus poussée est nécessaire. Les États-Unis et l'ONU ne croient pas à l'évacuation des services de renseignements syriens et annoncent des missions d'inspections supplémentaires. Ils dénoncent par ailleurs l'existence d'une liste noire dressée par la Syrie contre des opposants libanais.
Du 29 mai au 19 juin ont lieu les élections législatives. La coalition anti-syrienne menée par Saad Hariri, le fils du Premier ministre assassiné, remporte 72 des 128 sièges. Une succession d'attentats ciblés va alors décapiter dans les mois suivants l'opposition anti-syrienne.
La crise connaît une accalmie relative après la fin 2005. Le 6 février 2006, après plusieurs mois de négociations, le général Michel Aoun et le Sayyed Hassan Nasrallah, représentant respectivement le Courant Patriotique Libre et le Hezbollah signent un document d'entente national de 10 points concernant directement l'avenir du Liban. Les principaux points de ce document d'entente sont actuellement repris dans tous les accords du dialogue national libanais toujours en cours.
Le conflit israélo-libanais
L'implication du Hezbollah dans la vie politique libanaise va provoquer une nouvelle crise, dont le caractère de gravité est tout autre. Le 12 juillet, en réponse à la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah à la frontière avec Israël, de violents combats éclatent entre les deux parties. Le Premier ministre de l'État hébreu, Ehud Olmert rend le gouvernement libanais responsable de la dégradation de la situation. Pour lui, c'est un casus belli. Israël ne déclare cependant pas officiellement la guerre à l'État libanais… car la paix n'a jamais été signée depuis la première guerre israélo-arabe de 1948, le Liban et Israël n'ayant signé alors qu'un cessez-le-feu. Le 13 juillet, l'aéroport de Beyrouth et divers points stratégiques (ponts, routes, ports, aéroports, bases militaires…) sont bombardés par l'armée israélienne, causant de lourds dommages à une économie libanaise déjà surendettée par les frais de reconstruction engagés depuis la fin de guerre civile. Le 18 juillet, la plus importante usine de produits laitiers au Liban a été complètement détruite par un raid israélien. Située dans la plaine de la Bekaa, l’usine Liban-Lait fabriquait sous licence de la société française Candia. Détenue par un groupe d’investisseurs, Liban-Lait est depuis 2001 le fournisseur de la Finul (Force intérimaire des Nations unies pour le Liban).
Le 30 juillet, un bombardement israélien sur un immeuble de 3 étages à Cana, immeuble qui d'après l'armée israélienne était une base de lancement de missiles Katioucha, provoque la mort de 28 à 57 personnes dont 16 à 33 enfants (selon les secouristes libanais et les ONG). La violence de ces bombardements comme de ceux poursuivis par le Hezbollah sur le territoire israélien provoquent la réaction du Conseil de sécurité de l'ONU qui vote, avec la résolution 1701, l'envoi ou le renforcement des forces d'interpositions de la FINUL, débouchant sur la trêve des combats à compter du 14 août 2006.3
L'armée israélienne peut déplorer la perte de 119 soldats et de 43 civils. 231 soldats ont été blessés. Le Hezbollah aurait perdu entre 250 et 600 miliciens. En outre, près de 1 500 civils libanais ont été tués.4
Le Hezbollah sort renforcé de l'épreuve
Au Liban, dès l'arrêt des combats, une grande partie des quelque 900 000 personnes chassées de chez elles par les bombardements israéliens ont commencé à retourner vers leurs habitations ou vers ce qu'il en reste. Ceux qui campaient depuis plusieurs semaines dans les écoles ou dans les parcs, hébergés par des proches ou bien ayant gagné la Syrie voisine, sont retournés vers la banlieue sud de Beyrouth détruite, semble-t-il, à près de 20 %. D'autres ont, sans attendre, commencé à regagner le sud du pays, lui aussi dévasté et difficilement accessible, du fait des routes et des ponts systématiquement détruits par l'armée israélienne.
Un sentiment de victoire ?
Malgré les destructions, malgré les pertes humaines, malgré les énormes problèmes auxquelles ils auront à faire face, le soulagement est visible. Bien sûr, il y a l'arrêt des combats ; mais, de plus, beaucoup tenaient à afficher un sentiment de victoire, faisant le V de la victoire ou affichant les drapeaux du Hezbollah et les portraits de son chef. Il est évident pour tous qu'Israël n'a pas atteint ses objectifs, et que cela est dû à la résistance que son armée a rencontrée de la part des combattants du Hezbollah.
Déjà fortement implanté dans la population chiite du Liban-Sud et de la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah (« Parti de dieu ») sort visiblement de l'épreuve avec un prestige renforcé, y compris au sein des autres communautés, sunnite et même chrétienne. Son dirigeant Hassan Nasrallah ne se fait pas faute de proclamer qu'il a vaincu Israël, et que celui-ci a dû reculer. Dès le 14 août au soir, parlant à la télévision, il a déclaré que le Hezbollah ne désarmerait pas. Répondant aux autres partis libanais qui se joignent aux grandes puissances et à Israël pour demander son désarmement, Nasrallah a répondu en substance : « Israël a essayé et n'a pas réussi, si vous voulez essayer à votre tour, allez-y ! »
Mais le chef du Hezbollah a aussi promis l'aide de son parti à tous ceux qui ont souffert de la guerre, énumérant assez précisément les aides auxquelles chacun aurait droit pour sa maison détruite, pour ses meubles, etc. Face à un gouvernement libanais qui brille par son absence, non seulement quand il s'agit d'organiser la défense de la population, mais même pour l'aider à survivre, le Hezbollah peut se montrer efficace dans la prise en compte des besoins des petites gens frappées par la guerre. Et de fait, durant toute la guerre dans le sud et à Beyrouth, bien plus que les services de l'État, c'est l'infrastructure du Hezbollah qui a apporté son aide à la population, y compris dans les écoles ou dans les parcs où celle-ci s'était réfugiée.
Ainsi le principal résultat politique de l'intervention militaire israélienne est d'avoir renforcé le prestige du Hezbollah qu'elle voulait combattre. Tout comme en Palestine où la politique agressive d'Israël a fini par renforcer le Hamas, elle aboutit à renforcer un courant islamiste intégriste ; non pas tant du fait des idées que celui-ci professe, mais parce que, tout comme le Hamas, le Hezbollah est le parti qui compte le plus de militants apparaissant au service de la population. Non seulement ceux-ci se sont montrés prêts à sacrifier leur vie, mais le Hezbollah est aussi présent par le biais d'associations d'entraide, de services sociaux et médicaux, et donne une image de probité comparée à celle des politiciens qui semblent avant tout soucieux de leur carrière et de leurs affaires.
Le discrédit d'une partie des dirigeants libanais
De même que les dirigeants d'un certain nombre d'États arabes, de l'Arabie saoudite à la Jordanie et à l'Égypte, une partie des dirigeants libanais avaient visiblement espéré qu'Israël vaincrait rapidement le Hezbollah. C'est le cas en particulier du Courant du Futur de Saad Hariri, le fils de l'affairiste et ancien Premier ministre Rafic Hariri assassiné en février 2005. Le Courant du Futur et son allié Walid Joumblatt, dirigeant féodal de la communauté druze qui s'affirme « socialiste », s'étaient alliés pour réclamer le départ des troupes syriennes du Liban, avec l'appui des grandes puissances et notamment de la France et des États-Unis.
Ces représentants richissimes de la bourgeoisie libanaise se sont plaint de ne pas avoir été payés de retour. Toutes leurs courbettes devant les dirigeants impérialistes ne leur ont même pas valu quelques gestes de ceux-ci pour stopper l'offensive d'Israël et arrêter la destruction du pays. De plus, durant un mois, les Hariri et les Joumblatt, champions de l'indépendance libanaise face à la Syrie, n'ont rien su dire à la population en butte à l'agression d'Israël. Comment s'étonner si, face à eux, le prestige du Hezbollah augmente, au-delà de la population chiite, car chacun a constaté que « lui, au moins, il se bat ! »
L'offensive d'Israël était-elle concertée avec les États-Unis, voire avec certains politiciens libanais, pour aider à fonder un Liban dominé par la bourgeoisie chrétienne et ses alliés musulmans sunnites, vassal d'Israël et de l'impérialisme ? C'est possible car c'est un vieux projet d'Israël, poursuivi dans ses guerres successives et qui a plusieurs fois échoué. Au moment où l'armée américaine s'enferre dans le bourbier irakien, ce coup de main donné à Bush et à ses plans de « nouveau Moyen-Orient » était bienvenu pour lui. Mais c'est une fois de plus raté, et Israël et les États-Unis risquent plutôt de se retrouver devant des difficultés supplémentaires.
Le succès du Hezbollah n'est pas celui des masses pauvres
Malheureusement le succès politique du Hezbollah n'est pas non plus une victoire du peuple libanais, ni du peuple palestinien et des autres peuples arabes. Comme le Hamas en Palestine, et même s'il est capable de se montrer proche des masses pauvres, le Hezbollah est un parti réactionnaire par ses références, mais aussi par ses objectifs sociaux et politiques. Le régime qu'il vise à instaurer serait une réédition de la dictature des mollahs iraniens et ne profiterait qu'à une bourgeoisie qui, pour être « islamiste », n'en serait pas moins féroce à l'égard de la population pauvre.
Au Liban il existe pourtant un Parti Communiste fort d'une certaine tradition, et disposant de militants dévoués. Tout en affirmant ses désaccords avec le Hezbollah quant à ses objectifs politiques, il a décidé de participer aux combats à ses côtés, au nom de la « résistance », et le Hezbollah lui a fourni des armes. Des militants communistes sont tombés aux côtés de ceux du « Parti de dieu ». Malheureusement, si cela montre leur esprit de sacrifice, cela montre aussi l'incapacité du Parti Communiste Libanais à proposer une politique défendant vraiment les intérêts des classes exploitées, indépendamment d'un parti religieux réactionnaire comme le Hezbollah, qui a d'ailleurs lui-même organisé, dans le passé, l'assassinat de militants communistes.
Défendre les intérêts des travailleurs et de l'ensemble des masses pauvres, contre l'impérialisme et ses agents mais aussi contre la bourgeoisie dans ses différentes variantes, chrétienne ou musulmane sunnite ou chiite ou druze, au Liban mais aussi en Palestine, en Israël et dans tout le Moyen-Orient, ce serait pourtant indispensable pour que, à un moment ou à un autre, les peuples de la région puissent sortir de l'impasse des multiples conflits dans lesquels on les jette.5
Un climat de guerre civile
Le 13 juin 2007, le député Walid Eido, membre de la majorité, et son fils, sont assassinés dans un attentat à la voiture piégée, ce qui relance une fois de plus le Liban sur la voie de la guerre civile. Les trois mois de combats sanglants dans le camp de Nahr-El-Bared dans le nord du pays s'achèvent le 2 septembre 2007, lorsque l'armée libanaise écrase le Fatah al islam (un groupe terroriste sunnite) et prend le contrôle du camp, déchaînant la liesse du peuple libanais. L'armée libanaise tue ainsi 222 terroristes et en capture 202, ce qui fait d'elle la première armée du monde à combattre avec succès l'islamisme guerrier. Cette bataille rapproche les différentes factions qui séparaient le peuple libanais, et l'armée ressort plus forte politiquement. Le siège du camp a fait toutefois 163 morts parmi les militaires.
La crise rebondit cependant une fois de plus, dès le 19 septembre 2007, avec la mort du député de la majorité Antoine Ghanem et de plusieurs autres personnes, lors de l'explosion d'une voiture piégée à Sin el-Fil, dans la banlieue est de Beyrouth. La majorité ne possède donc en théorie plus que de 68 députés parmi les 128 sièges de l'assemblée nationale. Il suffirait donc en principe que 4 voix manquent à l'appel pour qu'il n'y ait plus de majorité absolue aux élections présidentielles. Cette situation explique qu'à partir du 23 novembre 2007, à la fin du mandat du président Émile Lahoud, le pays soit resté six mois sans président. À la suite de l'attaque des milices du Hezbollah et sympathisants des quartiers de Beyrouth Ouest (à prédominance sunnite) l'ensemble des partis a pris la décision (Accord de Doha) d'élire un président consensuel et de former un gouvernement d'union nationale en attente du résultat des élections parlementaires du 7 juin 2009.
Le Liban depuis 2008
Le 25 mai 2008, le général Michel Sleiman, commandant en chef de l'armée, est élu à la présidence de la République libanaise. Il remporte 118 suffrages sur 127, 6 parlementaires ont voté blanc et 3 bulletins ont été considérés comme nuls.
Le 7 juin 2009, les élections législatives ont lieu. Deux camps s'affrontent : d’un côté la coalition conduite par Saad Hariri et son Courant du Futur, de l’autre l’alliance du Hezbollah (considéré comme pro-iranienne) et du Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun. Avec 71 sièges, le bloc du 14 mars, emmenée par Saad Hariri, remporte les élections. L'alliance conduite par le Hezbollah en obtient 57.
Le 27 juin 2009, Saad Hariri est désigné président du Conseil des Ministres après qu'une majorité de 86 députés se soit prononcée en sa faveur au Parlement libanais, mais il abandonne le 10 septembre, faute de majorité pour former son gouvernement. Le 16 septembre, le Parlement vote la confiance à Saad Hariri et le président Michel Sleiman le charge à nouveau de former un gouvernement d'union nationale. Ce gouvernement est démissionnaire le 12 janvier 2011, à la suite de la démission de plus d'un tiers des ministres.
Son successeur, Najib Mikati, investi le 25 janvier 2011, annonce son gouvernement le 13 juin 2011.
Depuis mai 2012, tandis que la Syrie du président Bachar el-Assad s'enfonce dans la guerre civile et n'est plus capable de contrôler sa frontière, le Liban souffre de tensions entre les communautés chiites et les sunnites à Tripoli et dans la banlieue sud de Beyrouth, ainsi qu'entre les communautés alaouites du nord du pays et les groupes islamistes sunnites qui soutiennent l'insurrection syrienne. Le Liban, qui abrite 1,5 million de réfugiés syriens, a de plus en plus de mal à gérer les conséquences de la crise syrienne ; le pays sert de base à des groupes insurgés de l'Armée syrienne libre tandis que des unités combattantes du Hezbollah, favorable au régime de Damas, sont intervenues en territoire syrien en 2013. Cependant, les principales forces politiques, qu'elles soient favorables ou non au régime syrien, s'efforcent de limiter les retombées au Liban. En décembre 2013, l'ancien ministre des Finances Mohammad Chatah est assassiné, ses proches rejetant la responsabilité de cet attentat sur Bachar el-Assad.
En 2014, après 330 jours de négociations, le Gouvernement Tammam Salam est mis en place.6
Crise des déchets et pourriture du système
Pendant plusieurs semaines, en juillet et septembre 2015, des manifestations se sont multipliées, regroupant des dizaines de milliers de personnes. C’est la question des déchets qui a mis le feu aux poudres.
Le 17 juillet, les camions venus déverser leurs ordures à la décharge de Naamé, près de la capitale Beyrouth, ont été bloqués par les riverains excédés. On estime que, depuis son ouverture, 18 millions de tonnes d’ordures ont été entassées là, sans traitement, dix fois plus que ce qui était prévu au départ. Une très bonne affaire, à 140 euros la tonne, un des tarifs les plus chers du monde, pour la société qui a le monopole de la collecte, et son propriétaire, un membre du clan de l’ancien Premier ministre Hariri.
Les déchets se sont donc entassés dans les rues. Au cœur de l’été, la situation est vite devenue insupportable. C’est le collectif « Vous puez » qui a impulsé la contestation, exigeant des solutions et dénonçant la corruption des politiciens. Et le mouvement s’est développé, malgré les canons à eau et les gaz lacrymogènes de la police qui ont au contraire apporté de nouvelles vagues de manifestants dans les rues de Beyrouth. Les raisons de cette colère contre les autorités ne manquent pas. Les services publics ne sont efficaces que pour enrichir des affairistes. Les routes ne sont pas entretenues, l’assurance-maladie est inexistante, les soins hospitaliers inaccessibles pour la majorité. L’électricité est habituellement coupée trois heures par jour à Beyrouth, et souvent le double dans les villages, situation encore aggravée cet été 2015 par des pannes. Quant à l’eau, les infrastructures sont dans un état lamentable et elle manque chaque été. Tout cela dans un pays où la richesse ne manque pas, du moins pour la petite minorité qui l’accapare.
Parler d’impuissance du système politique libanais serait un euphémisme car on est bien au-delà. Dans ce système basé sur le confessionnalisme, les postes et les fonctions sont réparties sur une base communautaire entre les 18 religions et sectes reconnues, chrétiens maronites, musulmans sunnites, chiites, druzes, etc. Installé par la France pour maintenir l’ordre colonial, ce système a servi ensuite aux grandes familles qui dominent le pays. Il a été régulièrement utilisé pour détourner la colère des exploités vers des affrontements communautaires. Il a conduit à la guerre civile des années 1975-1990 et à une quasi-partition du pays entre les zones tenues par les différents chefs de clan. Le gouvernement n’est que le reflet de cette situation et ne réunit autour d’une table que des frères ennemis, qui ont bien d’autres soucis que de faire fonctionner le pays et ses services publics laissés dans un total abandon.
À cela s’ajoutent les conséquences de la guerre civile syrienne avec l’afflux de plus d'un million de réfugiés dans un pays d’un peu plus de quatre millions d’habitants, l’implication directe du parti chiite Hezbollah mais aussi la présence de combattants de l’État islamique dans certaines zones frontalières et la prise en otage de soldats libanais.
La crise des ordures montre qu’une partie de la population libanaise, face à cette situation chaotique, en a suffisamment assez pour descendre dans la rue et dire leur fait à ces politiciens uniquement préoccupés de leurs petites affaires et de leurs bagarres de clans.
C’est certainement révélateur. Dans ce Liban en voie d’éclatement tout comme dans l’ensemble du Moyen-Orient, il y a d’abord une population qui voudrait, simplement, pouvoir vivre normalement.7
Daech frappe un quartier populaire chiite
Le 12 novembre 2015, la veille de l’attentat de Paris, deux kamikazes de Daech se sont fait exploser au Liban, provoquant la mort de 44 personnes et en blessant 240 autres au souk de Bourj-al-Barajneh et dans un autre endroit du quartier populaire chiite de la Dahyé, dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cet attentat meurtrier n’est pas le premier à frapper la population libanaise. Entre 2013 et début 2014, plusieurs attentats avaient déjà été organisés et revendiqués par des groupes djihadistes, frappant des secteurs chiites de Beyrouth et y compris l’ambassade d’Iran, en représailles à l’engagement militaire des militants du Hezbollah chiite en Syrie aux côtés du régime de Bachar-al-Assad. En ciblant ce qu’ils appellent un « bastion des hérétiques » – c’est ainsi qu’ils considèrent les musulmans chiites – les djihadistes de Daech ripostent aussi aux milices qui ont, depuis plusieurs années, participé à la répression du soulèvement anti-Assad.
Depuis 2012 en effet, les milices du Hezbollah interviennent dans les régions syriennes frontalières du Liban, qui sont une base des djihadistes. Or la présence du Hezbollah en Syrie s’intensifie, ses miliciens renforcent leur équipement et y seraient au nombre de 5 000. La pression militaire croissante autour de l’organisation Daech a sans doute incité les djihadistes à cette riposte dans un quartier beyroutin favorable au Hezbollah, tout comme ils ont organisé les attentats de Paris.
Les barbares qui ont frappé à Beyrouth le 12 novembre espèrent sans doute attiser aussi la haine entre quartiers chiites et sunnites, et contre les réfugiés syriens. La population libanaise, subissant depuis des décennies les retombées des conflits du Proche Orient, a en effet vu affluer 1,5 million de réfugiés syriens, représentant un cinquième des habitants du pays. 400 000 sont des enfants d’âge scolaire, et le gouvernement a ouvert les portes des écoles à un tiers d’entre eux. Les réfugiés syriens, notamment les enfants, vivent dans une extrême pauvreté, dorment dans la rue ou des bâtiments abandonnés, survivant de petits boulots à l’âge où d’autres sont à l’école.
L’attentat du 12 novembre vient à point nommé pour aider ceux qui accusent pêle-mêle les chiites, le Hezbollah et les réfugiés d’importer de Syrie au Liban une guerre civile dont celui-ci n’a nul besoin.8
Coup de force de l'Arabie saoudite
Le Premier ministre libanais Saad Hariri démissionne de la présidence du Conseil des ministres le 4 novembre 2017 lors d'un discours diffusé depuis Riyad en Arabie saoudite sur la chaîne de télévision al-Arabiya, dénonçant la mainmise de l'Iran sur le Liban et sur la région et son alliance avec le mouvement chiite Hezbollah et évoque la crainte d'être assassiné. Cependant, selon Le Monde, « le contexte très inhabituel de l'annonce, faite à l’extérieur du Liban, et le traditionnel poids de l'Arabie saoudite dans les affaires du Mustakbal (Futur), le mouvement de M Hariri, suggèrent que ce dernier, en poste depuis décembre 2016, s’est fait dicter sa décision par ses hôtes. Aux yeux des observateurs, le chef de file du camp sunnite libanais fait les frais de la volonté de Riyad de hausser le ton contre l’Iran et le Hezbollah, le mouvement chiite pro-Téhéran, avec lequel M. Hariri avait conclu un accord de gouvernement. » De même, pour Karim Emile Bitar, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques, cette démission serait due à des pressions de l'Arabie saoudite : « Les leaders libanais n'ont pas la moindre souveraineté, les décisions sont prises à Téhéran ou à Riyad. »
Le , face à la présence prolongée de Hariri à Riyad, le gouvernement libanais, soupçonnant l'Arabie saoudite de le mettre en résidence surveillée, demande son retour au pays. Le , Saad Hariri accepte l'invitation d'Emmanuel Macron de venir s'installer en France avec sa famille, qui le reçoit en tant que Premier ministre. Le , il quitte la France pour retourner au Liban.
Le lendemain, il annonce qu'après un entretien avec Michel Aoun, qu'il suspendait sa démission. Le 5 décembre 2017, après avoir convoqué la réunion du Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, Saad Hariri confirme être toujours le Premier ministre du Liban, mettant ainsi fin à la crise politique.9
Le peuple veut la chute du régime
Un des plus grands mouvements de contestation populaire dans ces dernières décennies a éclaté au Liban à partir du 17 octobre 2019. La cible était claire : un système politique et économique qui appauvrit le plus grand nombre et enrichit une petite minorité.
Les manifestations ont éclaté après l’annonce du gouvernement de nouvelles taxes, notamment sur les applications de messagerie instantanée telles que WhatsApp. Dans un contexte de politique d’austérité et d’une crise socio-économique de plus en plus grave, les travailleurEs et plus généralement les classes populaires ont manifesté pour affirmer leur ras-le-bol face à cette situation…
Contre l’injustice sociale et le confessionnalisme
Les manifestantEs se sont mobiliséEs dans les rues à travers le pays pour dénoncer les fondements même du système politique et économique. À leurs yeux, tous les partis confessionnels de la classe dirigeante sont responsables des détériorations de leur condition socio-économiques.
À la fin de la première décennie des années 2000, l’économie politique du Liban était marquée par les résultats très polarisés des réformes néolibérales. En 2008, on estimait que 28 % de la population vivait dans la pauvreté, ne percevant que 4 dollars, voire moins, par jour. Les revenus des ménages les plus pauvres avaient stagné ou baissé de 25 à 30 % entre 2010 et 2016. Le niveau du chômage était également élevé, seul le tiers de la population en âge de travailler disposant d’un emploi, les moins de 35 ans dépassant les plus de 35 %. Entre 40 et 50 % des résidents libanais n’avaient pas accès au Fonds de la Sécurité sociale nationale ou à toute autre aide sociale publique. Les travailleurEs temporaires étrangerEs, dont le nombre était estimé à un million, n’avaient aucune protection sociale. Selon une étude de l’Administration centrale de la statistique, la moitié des journalierEs et plus d’un tiers des agriculteurEs du pays étaient sous le seuil de pauvreté.
Les inégalités restaient considérables : en 2004 et 2005, les 20 % les plus riches ont reçu 43,55 % du revenu national alors que les 20 % les plus pauvres n’en ont perçu que 7,07 % . Entre 2005 et 2014, les 10 % les plus riches avaient ainsi perçu, en moyenne, 56 % du revenu national généré au cours de la période. À eux seuls, les 1 % les plus aisés, soit un peu plus de 37 000 personnes, avaient capté 23 % des revenus, tandis que les 50 % les plus pauvres, soit plus d’un million et demi de personnes, se partageaient la moitié des revenus des 1 % les plus riches.
Cette situation politique et économique du Liban a déclenché de nombreuses manifestations ces dernières années : début 2011, au début des processus révolutionnaires dans la région, avec le mouvement pour le renversement du système confessionnel ; entre 2011 et 2014, des nombreuses manifestations et grèves en raison des conditions de travail, des salaires et autre éléments en relation avec la situation des salariéEs ; et à l’été 2015, le mouvement populaire « Vous puez », qui a débuté dans la cadre d’une crise de la gestion des ordures pour remettre en cause le système confessionnel et bourgeois dans son ensemble.
Mais l’ampleur et la profondeur des manifestations populaires de 2019 dépassaient de loin les précédentes. Les manifestations ont explosé non seulement dans la capitale Beyrouth, mais également dans tout le pays : Tripoli, Nabatiyeh, Tyr, Baalbeck, Zouk, Saida et autres. Le dimanche 20 octobre, environ 1,2 million de personnes se sont rassemblées à Beyrouth, et un peu plus de 2 millions de personnes ont manifesté dans tout le pays – dans un pays de 6 millions d’habitantEs.
Un mouvement ancré dans les classes populaires
La composition sociale du mouvement le distinguait également des mouvements de protestations précédents : il était beaucoup plus ancré au sein de la classe salariée et populaire que les manifestations de 2011 et 2015, dans lesquelles les classe moyennes avaient un rôle plus important. Comme l’écrivait la militante et universitaire libanaise Rima Majed : « Les mobilisations de ces derniers jours ont montré l’émergence d’une nouvelle alliance de classe basée sur les chômeurs, les sous-employés, les classes populaires et les classes moyennes contre l’oligarchie au pouvoir. C’est une percée. »
Les énormes manifestations organisées dans la ville de Tripoli, dans le nord du pays, et dans ses environs, rendaient compte de cette réalité. Les ménages du Nord ont quatre fois plus de risques d’être pauvres que ceux de Beyrouth. Le Nord, qui regroupe 20,7 % de la population libanaise, concentre 46 % de la population en situation d’extrême pauvreté et 38 % de la population pauvre. Les soins de santé sont inférieurs à la moyenne nationale, tandis que les taux d’abandon scolaire, le chômage et l’analphabétisme féminin comptent parmi les plus élevés du pays. Aucun projet de développement à grande échelle n’a eu lieu depuis les années 1990.
Pourtant, les manifestations de Tripoli ont été qualifiées de « carnaval de la révolution », avec une atmosphère de fête et des DJ jouant sur la place principale de la ville devant des dizaines de milliers de manifestantEs. Le jeudi 24 octobre, des représentantEs de syndicats professionnels de médecins, d’ingénieurs et d’avocats ont publié une déclaration commune dans laquelle ils ont déclaré appuyer le mouvement de protestation populaire dans la ville.
Un autre aspect important du mouvement populaire est son caractère non confessionnel. Les appels et les messages de solidarité entre les régions et entre les différentes confessions religieuses se sont multipliés depuis le début des manifestations, par exemple entre les quartiers de Bab al-Tabbaneh à Tripoli (majorité alaouite) et Jabal Mohsen (à majorité sunnite), où des conflits armés ont été nombreux ces dernières années ; et entre Tripoli, en majorité par des populations sunnites, et les villes du Sud à majorité chiite telles que Nabathieh et Tyr. Les manifestantEs ne dénonçaient pas seulement les politiques économiques néolibérales et la corruption, mais tout le régime confessionnel et bourgeois. Comme le disait l’un des slogans du mouvement populaire : « Tout le monde signifie tout le monde ».
Les appels par les manifestantEs à des grèves générales se sont multipliés depuis le début de de la contestation populaire. Cela a été suivi dans certains secteurs où les salariéEs se sont misEs en grève. Les manifestantEs ont également bloqué certaines routes pour empêcher toute activité économique, tandis que certaines administrations publiques et privées sont restés closes, notamment des écoles, universités, compagnies et banques.
Le président Michel Aoun s’était déclaré prêt à engager un dialogue avec les manifestantEs pour « aider à sauver le pays de l’effondrement » et a suggéré un remaniement ministériel.
De son côté le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que le mouvement de contestation n’était plus « un mouvement populaire spontané », mais qu’il serait financé par des parties étrangères et mené par certaines formations politiques souhaitant en tirer profit. Il a également refusé la démission du gouvernement, une des principales revendications des manifestantEs, et accusé le mouvement de contestation de pousser le pays dans le chaos. À la suite du discours de Nasrallah, le mouvement du Hezbollah a mobilisé sa base populaire dans les régions à majorité chiite dans une démonstration de force et pour apporter leur soutien aux positions du parti.
Cela n’a pas arrêté la détermination du mouvement populaire qui s'est poursuit. Samedi 26 octobre, la mobilisation du « samedi des places publiques », comme elle avait été intitulée sur les réseaux sociaux, a attiré des centaines de milliers de personnes, qui se sont rassemblées sur l’ensemble du territoire.
La réponse de la classe dirigeante
La représentation politique au Liban est organisée suivant des lignes confessionnelles et cela en commençant aux plus hauts échelons de l’État. Le Président doit être maronite chrétien, le Premier ministre sunnite et le Président de la chambre des députés chiite. Le système confessionnel libanais (comme le confessionnalisme de manière générale) est l’un des principaux instruments utilisés par les partis dominants au pouvoir pour renforcer leur contrôle sur les classes populaires, afin de les maintenir subordonnées à leurs dirigeants confessionnels.
Dans le passé, les élites dirigeantes ont été capables de mettre fin ou d’écraser des mouvements de contestation populaire par la répression ou en jouant sur les divisions confessionnelles. Cette fois-ci, les partis confessionnels au pouvoir ont réagi en appelant à des « réformes », et surtout par la répression et le discrédit jeté sur les manifestantEs.
À la suite des premières manifestations, le gouvernement a annulé certaines des taxes proposées. Alors que les mobilisations continuaient de s’étendre et de se développer, le Premier ministre Saad Hariri a donné un ultimatum de 72 heures à son propre gouvernement pour soutenir ses choix de « réformes ». Il a annoncé par la suite son plan budgétaire pour 2020 : pas de nouvelle taxe, la réduction symbolique de moitié des salaires des ministres et des législateurs, des mesures de réduction des coûts telles que la fusion ou la suppression de certaines institutions publiques et la privatisation du secteur de l’électricité.
Ces mesures, appuyées par tous les principaux partis confessionnels et bourgeois, n’amélioraient pas la vie des classes populaires. Il s’agissait en grande partie de la satisfaction des exigences de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et de l’accord du CEDRE (Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises), que le Liban a signé à Paris en avril 2018. En échange de 11 milliards de dollars de prêts, le gouvernement libanais a accepté de nouer des partenariats public-privé, de réduire le niveau de la dette et de promulguer des mesures d’austérité.
En l’occurrence, le Groupe international de soutien au Liban (France, Allemagne, Italie, Russie, Royaume-Uni, États-Unis, Chine, Union européenne, Nations Unies et Ligue arabe) ont exprimé leur soutien à ces réformes. Ces États et institutions ne voulaient clairement pas qu’un autre gouvernement de la région soit contesté ou renversé par un mouvement de protestation massif.
Outre cette série de réformes, les partis confessionnels au pouvoir ont lancé une série d’attaques à la fois verbales (accusant certains secteurs du mouvement d’être des « infiltrés » ou représentant une « cinquième colonne » servant des intérêts étrangers) et physiques (faisant l’objet d’une répression sévère contre les manifestantEs). Amnesty International a condamné les forces de sécurité du pays pour leurs attaques violentes contre des manifestations pacifiques à Beyrouth : elles ont tiré d’énormes quantités de gaz lacrymogène sur la foule, pourchassé des manifestantEs sous la menace d’une arme à feu, frappé des gens. Dans la ville de Nabatiyeh, dans le sud du pays, des manifestants ont été agressés par des partisans et des employés municipaux d’Amal et du Hezbollah, deux partis politiques chiites. À Beyrouth, des manifestantEs ont aussi été agresséEs par des partisans du Hezbollah, tandis que d’autres membres de partis confessionnels ont également attaqué certainEs manifestantEs pour avoir dénoncé leur chefs respectifs (zaim).
Les forces de sécurité et l’armée ont également tenté de rouvrir par la force certaines routes et autoroutes bloquées par les manifestantEs, blessant et arrêtant certainEs d’entre eux et elles au cours de ces opérations.
Au total, des centaines de manifestantEs ont été blesséEs et six ont été tuéEs depuis le début des manifestations. Sans oublier les centaines d’arrestations.
Attentes et défis
Tout en continuant à se développer et prendre en intensité, le mouvement de protestation populaire libanais faisait face à des défis organisationnels considérables s’il souhaitait réaliser des objectifs démocratiques et progressistes. Le principal était le manque d’institutions populaires capables d’exprimer les revendications, d’organiser les manifestantEs à travers les différences géographiques et confessionnelles, et de gagner face aux éléments plus conservateurs, qui appellaient déjà à un gouvernement technocratique ou à un régime militaire.
La faiblesse des institutions de la classe ouvrière est un problème de longue date. Les partis confessionnels ont activement contribué à affaiblir le mouvement syndical depuis les années 1990, en formant des fédérations et des syndicats distincts dans un certain nombre de secteurs afin d’obtenir un pouvoir significatif au sein de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL). En conséquence, la CGTL n’a pas été en mesure de mobiliser les travailleurEs malgré l’intensification des politiques néolibérales. Ils sont complètement absents du mouvement de protestation actuel.
Le Comité de coordination syndicale (CCS), principal acteur des manifestations syndicales entre 2011 à 2014, a été mis en échec par des méthodes similaires. Lors de l’élection du CCS en janvier 2015, les partis confessionnels et bourgeois se sont unis contre la syndicaliste combative Hanna Gharib, qui n’a réussi à obtenir que le soutien des indépendantEs et du Parti communiste libanais. Depuis l’élection, l’UCC a perdu de son influence et de son activité syndicale.
Ce dont les travailleurEs ont besoin, c’est d’un mouvement syndical démocratique et indépendant, autonome par rapport aux partis politiques confessionnels et incorporant également les travailleurEs étrangers. Des structures alternatives de représentation et d’organisation sont absolument essentielles pour défier la domination des partis confessionnels et bourgeois au pouvoir.
Il y a néanmoins des signes encourageants. Des organisations féministes et étudiantes ont pris part aux manifestations et sont intervenues de manière coordonnée à travers le pays. Les femmes en particulier ont participé massivement aux mobilisations, avec les féministes faisant pression pour promouvoir les droits des femmes et l’égalité au sein du mouvement.
Contre l’élite dirigeante
Les revendications du mouvement de protestation populaire en faveur de la justice sociale et de la redistribution économique ne peuvent être dissociées de leur opposition au système politique confessionnel, qui garantit les privilèges des riches et des puissants. Les partis confessionnels dominants et les différentes fractions de la bourgeoisie ont exploité les processus de privatisations, politiques néolibérales, et du contrôle des ministères pour construire et développer leurs réseaux de patronage, de népotisme et de corruption, tandis que la majorité de la population, libanaise et étrangère, souffrait de la pauvreté et de l’absence de dignité.
En se mobilisant de manière massive à travers le pays, les manifestantEs libanais ont fait entrer le pays dans la dynamique des processus révolutionnaires régionaux qui ont débuté en 2010 et se poursuivent encore aujourd’hui, comme on le voit au Soudan, en Algérie ou en Irak. Leur demande est à la fois sans ambiguïté et ambitieuse : « Le peuple veut la chute du régime ».10
La démission du gouvernement ne calme pas la colère
Le 29 octobre 2019, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a donné sa démission en réponse à la protestation populaire.
Dans le cours du mouvement, la revendication qui a émergé est celle du départ de toute cette clique politique immobile et corrompue, la mise en place d’un gouvernement indépendant et la restitution de l’argent volé à la population.
Les principaux partis politiques se sont mis à la manœuvre pour tenter de récupérer le mouvement, voire le stopper. Ainsi le Hezbollah, le parti chiite allié de l’Iran, qui a toujours entretenu l’idée qu’il était un mouvement antisystème, a défendu le maintien du gouvernement Hariri, dont il faisait partie. Il a même envoyé certains de ses militants attaquer les protestataires, à Beyrouth et dans le sud du pays où il est hégémonique. Il a aussi agité le spectre d’un retour de la guerre civile pour exhorter ses partisans à ne plus participer aux manifestations.
Les partisans du Premier ministre Hariri ont aussi surgi de nouveau après l’annonce de sa démission, notamment dans les rassemblements à Tripoli, ville à majorité sunnite, où ils ont essayé de rallumer la flamme confessionnelle, avant d’être écartés des tribunes par les organisateurs. Enfin, dans l’espoir de détourner la colère qui s’est encore exprimée après la démission du gouvernement, le président de la République, Michel Aoun, appartenant au parti chrétien CPL, s’y est mis en cherchant des boucs émissaires, désignant les réfugiés syriens comme responsables des maux qui touchent le pays.
Malgré ces manœuvres, les rassemblements ont continué le 3 novembre, suivis de coupures de routes et de blocages des compagnies liées à l’État et des banques. Les classes populaires voudraient en finir avec les coupures d’eau et d’électricité qui marquent leur quotidien, avoir accès aux soins, stopper la baisse de leur pouvoir d’achat. Pour cela, beaucoup mettaient leurs espoirs dans un changement de gouvernement. Mais ce qui s’annonçait était la mise en place d’un gouvernement de technocrates, indépendants des appartenances confessionnelles, qui était censé assurer une bonne gouvernance, honnête et exempte de corruption.
Devant la menace de faillite économique qui planait sur le pays, redoublée par la crise économique mondiale, un tel gouvernement ne chercherait pas à prendre sur les énormes fortunes accumulées par les classes dirigeantes, mais pourrait imposer des mesures d’austérité drastiques aux travailleurs et aux couches populaires en général.
C’est justement ce à quoi ceux-ci s’opposaient depuis des semaines par leurs manifestations dans tout le pays. Il était douteux qu’une telle manœuvre suffise à les faire cesser.11
La crise s’approfondit
Un gouvernement a été constitué le 21 janvier 2020, mais il était peu probable qu’il soit capable de répondre à la colère de ceux qui manifestaient depuis plus de trois mois au Liban.
Désigné le 19 décembre 2020, le Premier ministre Hassan Diab avait déjà été ministre dans le passé et appartenait à cette classe politique alors rejetée par une partie de la population, en particulier dans la jeunesse. C’était aussi le cas de l’ensemble de son gouvernement, formé à la suite de tractations entre les partis confessionnels qui se partagent le pouvoir depuis toujours.
Les manifestants étaient toujours aussi déterminés à exiger de ceux qui gouvernent, le droit à vivre correctement de leur travail, sans avoir à faire les frais de la crise des liquidités et sans supporter la corruption institutionnalisée des politiciens.
Le 14 janvier 2020 était même le signal de départ de la « semaine de la colère » portant bien son nom. Les manifestants ont subi la répression qui s’est soldée, le 19 janvier, par plusieurs centaines de blessés à Beyrouth. La colère était celle des milliers de salariés qui, en novembre et décembre 2020, ont vu leur paye amputée de 50 %. La crise des liquidités a déterminé la banque centrale, sous pression de la bourgeoisie libanaise, à fournir aux importateurs de blé, de médicaments et de carburant, en octobre 2020, 85 % des devises nécessaires au taux officiel donc bien inférieur au taux réel. Les patrons de l’industrie et des services exigaient à présent le même avantage. Mais les uns et les autres en ont profité, fin 2019, pour supprimer 160 000 postes et réduire drastiquement les salaires.
3 700 riches Libanais captaient alors autant de richesses que la moitié des 6 millions d’habitants du pays. Un quotidien citait ainsi les raisons de la colère d’une jeune manifestante de Tripoli, rencontrée sur un barrage : « Mes proches, mes voisins, n’avaient plus de quoi s’acheter du pain ou se faire soigner. Alors qu’à quelques pas seulement, les familles les plus riches du Liban se font construire des maisons, font fi de notre existence et ne daignent nous approcher qu’avant les élections, histoire de s’assurer nos voix. »
Face à une classe politique qui faisait la sourde oreille afin de continuer à se partager le gâteau, les manifestants, pour lesquels la démission fin octobre du précédent Premier ministre Saad Hariri n’avait représenté qu’un léger recul, risquaient fort de ne pas se contenter d’un vague remaniement ministériel et de promesses creuses. La répression, de son côté, ne pouvait qu’accroître les raisons de la colère.12
L'explosion du port de Beyrouth... et celle du pays
Le 4 août 2020, l’explosion des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui étaient stockées depuis plus de six ans sur le port de Beyrouth a provoqué 191 morts et 6 800 blessés. Le centre-ville proche du port a été dévasté, des immeubles et des quartiers d’habitations détruits, 300 000 personnes se retrouvent sans abri.
Et pourtant, durant des mois et jusqu’à la veille de l’explosion, les autorités avaient été alertées des dangers sans qu’aucune décision ne soit prise ; une situation bien caractéristique de l’incurie gouvernementale et d’une administration gangrenée par la corruption et le clientélisme.
La catastrophe est survenue dans un pays déjà touché par une succession de crises. La crise économique et sociale sans précédent était aggravée par la crise sanitaire et par le ralentissement de l’économie mondiale. Elle était aggravée également par les conséquences de la guerre en Syrie. Malgré des infrastructures délabrées, ce pays de quatre millions d’habitants accueillait à lui seul 1,2 million de réfugiés syriens qui s’ajoutaient aux 250 000 réfugiés palestiniens présents depuis des décennies.
Le gouvernement Hassan Diab a dû démissionner à la suite des manifestations qui ont suivi l’explosion du port, mais celles-ci n'étaient que la dernière expression d’une colère populaire qui avait donné naissance à l’automne dernier à un vaste mouvement de contestation.
Un an de contestation du système
La dette publique du Liban se montait alors à près de 90 milliards de dollars, et c’est à la population qu’on présentait la note par des mesures d’austérité insupportables. En décembre 2019, la décision des banques de limiter le montant des retraits en dollars attisa encore la colère, la population n’ayant même plus accès à son épargne. Ce n’est qu’après des tractations sans fin entre les leaders politiques que, le 21 janvier 2020, un gouvernement dit de technocrates put se mettre en place. Se disant indépendant des partis confessionnels, il était censé assurer la bonne gouvernance nécessaire pour sortir le pays de la crise. En réalité, ses membres étaient les poulains de chefs politiques en retrait mais toujours à la manœuvre. Les Libanais ne pouvaient que placer peu d’espoir dans ce nouveau gouvernement dirigé par Hassan Diab, un ancien ministre évidemment peu soucieux de répondre aux exigences populaires.
Au printemps 2020, la crise sanitaire – l'épidémie de Coronavirus – révélait la faillite totale du système de santé publique. Pendant que la pandémie mettait en sourdine la contestation, la crise financière, elle, s’aggravait. Le 7 mars 2020, pour la première fois de son histoire, le gouvernement libanais annonçait qu’il était dans l’incapacité de verser les 1,2 milliard d’intérêts arrivant à échéance. Tous les comptes en dollars des particuliers et des entreprises étaient bloqués, rendant impossible l’accès aux devises. Les banques mettaient sous séquestre l’épargne de toute la population. Dans un pays qui importe presque tout ce qu’il consomme, le manque de devises avait des conséquences catastrophiques. L’économie n’était plus irriguée. Faute de pouvoir importer des pièces détachées et des matières premières, les entreprises de production voyaient leur activité baisser et s’arrêter. Les fermetures d’entreprises et les licenciements massifs aggravaient brutalement le chômage et la pauvreté.
La seule possibilité d’avoir des dollars était de se tourner vers le marché noir, où son cours s’envolait pendant que la livre libanaise dégringolait. Même les travailleurs ayant encore jusque-là un niveau de vie convenable tombaient dans la pauvreté. À la veille de l’explosion du 4 août 2020, on estime que plus de la moitié de la population était déjà en dessous du seuil de pauvreté. Des ouvriers, des employés au chômage étaient rejoints par de nombreux enseignants licenciés des écoles privées, les parents d’élèves n’ayant plus les moyens de payer les frais de scolarité. Un enseignant d’université, payé l’équivalent de 4 000 dollars en octobre 2019, n’en gagnait plus qu’entre 700 et 900. Le salaire minimum tombait à l’équivalent de 70 dollars, au même niveau que celui versé en Afghanistan. Bien sûr, les grandes familles fortunées qui règnent sur le Liban ont trouvé, elles, les moyens de transférer leurs dollars dans les banques internationales. Plus de six milliards auraient été transférés dans des comptes à l’étranger, de quoi nourrir dans le reste de la population le sentiment d’injustice et la révolte.
À cette situation dans laquelle se trouvait le pays avant même l’explosion s’est ajoutée alors la destruction du port de Beyrouth, poumon économique par lequel transitent la majorité des marchandises à destination du Liban et de la Syrie. C’était une catastrophe supplémentaire pour les deux pays. À travers son système bancaire et son port, Beyrouth permettait aux entreprises et au régime syrien de contourner les sanctions économiques et infligées par les États-Unis. L’économie de la Syrie s’en retrouvait asphyxiée. Au Liban, 80 % du blé en réserve était stocké dans les silos du port, désormais détruits. La menace d’une pénurie alimentaire et d’une famine se profilait à court terme.
Emmanuel Macron, premier chef d’État étranger à s’être rendu sur les lieux après la catastrophe, a demandé aux autorités libanaises « des réponses claires sur leurs engagements : l’État de droit, la transparence, la liberté, la démocratie, les réformes indispensables » et a appelé à « la refondation d’un ordre politique nouveau ». Propos cyniques de la part du dirigeant d’un État qui a colonisé le Liban et a contribué à la mise en place de son système politique. Celui-ci a largement profité aux grandes multinationales françaises présentes au Liban, à commencer par les banques telles que la Société générale ou le Crédit agricole, qui ont alimenté la dette du pays et en ont profité.
Situé au cœur des crises qui traversent le Moyen-Orient, le Liban a été en permanence victime des intrusions impérialistes et des rivalités régionales. Le passé pèse lourdement sur le présent et il faut rappeler le rôle de la France dans la formation du Liban, ainsi que la guerre civile qui a ensanglanté le pays entre 1975 et 1990.
Les prétentions de l’impérialisme français
La population libanaise n’avait rien à attendre du plan du FMI qui, pour tenter de rétablir l’équilibre financier, ne visait qu’à la faire payer encore plus. Elle n’avait rien à attendre non plus d’un Macron qui s’est rendu deux fois au Liban en trois semaines, faisant mine de comprendre le mécontentement et la révolte populaires et de vouloir agir pour les soulager. À chaque visite, le président français a soigné sa mise en scène avec une visite du port détruit, des bains de foule auprès des habitants meurtris, une revue des troupes françaises chargées de l’aide humanitaire et en prime une visite à la grande chanteuse Fairouz pour afficher sa compréhension de l’âme libanaise ! Mais ces visites s’inscrivaient dans la droite ligne des interventions de ses prédécesseurs à la tête de la France, quelle que soit leur couleur politique.
L’impérialisme français ne peut se désintéresser de ce qui se passe au Liban, une ancienne colonie qu’il considère toujours comme faisant partie de sa sphère d’influence. À ceux qui l’accusaient d’ingérence, Macron a d’ailleurs répondu que s’il ne s’ingérait pas, d’autres puissances le feraient. Par sa posture et ses propos aux relents colonialistes, il affirmait que la France entendait bien continuer à compter dans la région. Le message était destiné aux chefs communautaires pour qu’ils forment d’urgence un gouvernement et appliquent les réformes exigées par le FMI. Mais il était aussi destiné aux puissances qui affichent des prétentions dans la région, de la Turquie à l’Iran.
La reconstruction du port de Beyrouth, vital pour l’économie de toute la région, était maintenant l’enjeu de rivalités. Qui remporterait ce marché ? La Turquie pouvait compter sur des soutiens au sein de la communauté sunnite libanaise. La Chine, qui a des vues depuis longtemps sur le port de Tripoli au nord du Liban, entretient de bonnes relations avec le Hezbollah. Quant à Macron, il ne voulait pas être écarté des négociations et voulait offrir un marché à toutes les entreprises du BTP françaises qui pourraient participer à la reconstruction. À la faveur du chaos et des tensions guerrières dans l’est de la méditerranée, le Liban était une fois de plus au cœur d’enjeux géostratégiques qui n’avaient rien à voir avec les intérêts de la population.13
Un nouveau gouvernement de pillards
Treize mois après l’explosion meurtrière du port de Beyrouth, qui a poussé l’ancien cabinet à la démission, un nouveau gouvernement a été formé le 9 septembre 2021.
C’est Najib Mikati, l’homme le plus riche du pays et deux fois Premier ministre dans le passé, qui a formé ce gouvernement, après des tractations entre les forces politiques traditionnelles, sous la supervision des puissances régionales et internationales.
Aux manettes se retrouve donc la même classe politique qui domine le pays depuis la guerre civile en 1990 et qui, par sa corruption, sa gabegie et son clientélisme, est la responsable directe du désastre économique qui touche le pays depuis deux ans : la livre libanaise a perdu 90 % de sa valeur et l’hyperinflation pousse plus de 75 % de la population libanaise sous le seuil de pauvreté, en enrichissant au passage les spéculateurs liés à cette classe politique.
C’est ce gouvernement, salué par la France, l’Union européenne et les États-Unis, qui était censé « s’attaquer aux problèmes de la corruption et du gaspillage des deniers publics », selon le porte-parole du FMI, condition pour obtenir une aide de 11 milliards de dollars.
On peut d’ores et déjà être sûr qu’il ne restera de cette mission que le volet relatif aux mesures d’austérité contre la population. Quant aux 11 milliards, la population libanaise ne doutait pas qu’ils finiraient dans les poches de cette caste polico-économique, de la même façon que toutes les aides internationales précédentes. C’est ainsi que, sur les réseaux sociaux, le gouvernement portait déjà le surnom du « gouvernement qui veut voler les millions », inspiré du nom de la version arabe de l’émission « Qui veut gagner des millions » et dont le présentateur vedette a été choisi comme ministre des Communications.14
Le confessionnalisme
Le confessionnalisme est un système de gouvernement qui distribue de jure le pouvoir politique d'une façon proportionnelle entre différentes communautés religieuses. Les postes du gouvernement, ainsi que les sièges des institutions législatives, sont distribués d'une façon assez proportionnelle, par rapport au poids démographique de chaque confession dans la population totale.
Aujourd'hui, ce système prédomine au Liban (ainsi qu'en Irak depuis 2004), avec qui il est d'ailleurs la plupart du temps associé.
Débat
Les partisans de ce système politique avancent que c'est une bonne manière de maintenir la paix entre différentes communautés religieuses, en leur offrant à chacune un pouvoir proportionnel à leur importance démographique.
Cependant, les critiques arguent qu'un tel système ne peut, au long terme, qu'entraîner dans le conflit les différentes communautés. En effet, ils avancent le fait que le groupe qui va avoir le plus de pouvoir politique, va être enclin à l'utiliser pour favoriser les membres de son propre groupe. Cela peut même aller jusqu'à l'oppression des groupes les plus faiblement représentés. En outre, du fait de l'évolution constante de la démographie, au long terme, un tel système doit constamment être remis en cause.
Par ailleurs, le confessionalisme privilégie l'appartenance au groupe religieux au détriment de l'appartenance au pays ou à la nation, qu'il affaiblit.
Cas libanais
Dès son indépendance en 1943, le Liban a cru bon d'utiliser un système confessionnaliste, afin d'assurer sa stabilité en évitant des troubles entre chrétiens et musulmans, à cette époque un peu moins nombreux que les chrétiens. Ainsi l'État libanais reconnaît-il institutionnellement les confessions religieuses et abandonne-t-il le droit privé et le statut personnel à leurs juridictions respectives.
Mais avec le temps, les critiques faites au confessionnalisme se sont développées. En effet,
- Les chrétiens étaient accusées par les musulmans d'utiliser leur force politique afin de se favoriser économiquement, au détriment des sunnites et surtout des chiites, qui représentent encore la frange la plus pauvre de la population.
- L'évolution démographique a fait que dès les années 1970, avec une forte émigration chrétienne, l'afflux massif de palestiniens musulmans et un taux de natalité des musulmans plus élevé que celui des chrétiens, la balance démographique des confessions s'est inversée au profit des musulmans, sans que rien ne change en ce qui concerne la distribution du pouvoir. Ce fut une des raisons de l'explosion du pays en 1975.
Le retour d'expérience montre que le confessionnalisme n'a pas été, sur le long terme, la meilleure solution pour organiser la gouvernance du pays. D'ailleurs aujourd'hui, une grande partie de la crise libanaise est nourrie par ce système.
Par ailleurs, les limites du système sont reconnues par la constitution du Liban puisque dès son préambule, il y est dit : La suppression du confessionnalisme politique constitue un but national essentiel pour la réalisation duquel il est nécessaire d'œuvrer suivant un plan par étapes.15
Le pluralisme religieux est l'un des aspects caractéristiques du Liban. Il est la clef de voûte de son système politique, en vertu duquel les postes clefs de l’État sont répartis entre les différentes communautés religieuses.16
Les religions au Liban sont réparties en 18 confessions reconnues par l'État et représentées à l'Assemblée nationale libanaise grâce à un système de réservation de sièges, principalement musulmanes et chrétiennes.
Désormais, Dieu veut unir toutes les confessions religieuses dans un seul mouvement politique pour créer le Ciel sur Terre.
Béchara el-Khoury est le premier président de la République libanaise. Il a dirigé le pays du 22 juillet au 11 novembre 1943, lors de la période d'indépendance, et du 22 novembre 1943 au 18 septembre 1952.
Béchara el-Khoury est né le 10 août 1890 (10 8 1890).
10x8x1890 = 151200
1512 = LO
LO = L'EAU
Dieu transmet ainsi la nouvelle Alliance de L'EAU aux croyants du monde entier.
151200 = 1500 12
Charles QUINT est né à Gand en 1500.
12 = L = AILE
La nouvelle Alliance de l'EAU nous impose de nous unir politiquement avec tous les peuples du monde afin de ne former QU'UN seul peuple, nous devons ainsi nous unir derrière le mouvement humaniste pour renverser le règne de la haine, et si nous rejoignons la nouvelle Alliance, Dieu nous donnera des AILES pour nous permettre de nous envoler vers le paradis.
Le deuxième président de l'histoire de la République libanaise est Camille Chamoun.
Il est né le 3 avril 1900 (3 4 1900).
3x4x1900 = 22800
Le code postal 22800 est celui de la commune de QUINTIN.
QUINTIN = QUINT
Dieu insiste pour nous faire comprendre que l'Alliance de l'EAU est universelle donc il appelle tous les croyants du monde à ne faire QU'UN dans le combat humaniste.
Par ailleurs, j'ai expliqué précédemment que Dieu nous demande de nous unir politiquement à l'échelle de la planète afin d'instaurer un plafond de revenus ne dépassant pas 22 800 euros net par an, et ainsi redistribuer équitablement les richesses de la Terre entre chaque être humain. Ce sont les termes de la nouvelle Alliance.
Camille Chamoun est né le 3 avril 1900.
3 avril = 3 04
Adolf Hitler – le dirigeant du IIIe REICH – est mort un 30 4 (30 avril).
1900 = 19 00
Le chef-lieu du département 19 est la ville de TULLE.
00 = ce sont des yeux.
Dieu nous montre (00) le message suivant : « TUE LE RICHE en instaurant un plafond de revenus ne dépassant pas 22 800 euros par an. »
Le code postal 22 800 est celui de la commune de QUINTIN.
QUINTIN = QUINT IN
IN = 9+14 = 23
Le département 23 est celui de la CREUSE.
Dieu nous transmet ainsi le message suivant : « CREUSE la tombe du RICHE ou alors tu CREUSERAS ta propre tombe si tu refuses de rejoindre l'Alliance de l'EAU. »
Les 10 et 11 octobre 2014, la commune de QUINTIN organisait « les CAVALES d'automnes » pour la première fois. Cet événement avait pour but de valoriser le cheval au service des collectivités.17
Le mot CAVALES est synonyme de COURSES.
« COURSES » se dit « RACES » en anglais.
RACES = CESAR
Nous sommes les chevaux de COURSES sur lesquels CESAR monte pour bâtir son empire, donc l'Alliance de l'EAU nous impose désormais de ne faire QU'UN afin de renverser CESAR et l'empêcher de monter sur notre dos.
Un cheval possède 64 chromosomes.
Le premier président de l'histoire de la République libanaise, Béchara el-Khoury, est mort le 1er janvier 1964.
Béchara el-Khoury est né le 10 août 1890 (10 8 1890).
10x8x1890 = 151200
1512 = LO
L.O. est un parti politique issu de la mouvance TROTSKISTE et il appelle tous les travailleurs du monde à s'unir politiquement pour renverser le capitalisme.
Les TROTSKISTES veulent ainsi faire marcher le cheval au TROT afin d'arrêter sa course.
Dieu associe Béchara el-Khoury à L.O., car le confessionnalisme au Liban symbolise l'unité politique des différentes communautés religieuses, et L.O. lance un appel à l'unité de tous les travailleurs pour combattre la religion du dieu Argent, donc à travers les signes, Dieu appelle tous les hommes et les femmes du monde entier, à s'unir pour lutter contre le capitalisme.
QUINT = UNI TQ
T = 20
Q = 17
Lors de l'élection présidentielle de 2017, Dieu appelait les juifs, les musulmans, les chrétiens, les laïcs, les travailleurs, les retraités, les étudiants, à s'UNIR pour combattre le capitalisme, en votant pour L.O. et le NPA.
Le premier tour de l'élection présidentielle avait lieu le 23 avril 2017 (23 4 2017).
23x4x2017 = 185564
185564 = FEDER
Dieu nous demande ainsi de nous FÉDÉRER derrière L.O. et le NPA afin de renverser le système capitaliste.
Béchara el-Khoury est mort le 1er janvier 1964.
Un cheval possède 64 chromosomes.
Le chef-lieu du département 64 est la ville de PAU.
PAU = 16+1+21 = 38
38 = CH
CH = CHEVAL
Dieu nous fait comprendre que des centaines de millions de PAU-VRES ont la « PAU » sur les os, car les travailleurs – les CHEVAUX qui produisent toutes les richesses – laissent CESAR monter sur leur dos ; alors ce dernier accapare la majeure partie des richesses qu'ils produisent et des milliards d'êtres humains vivent ainsi dans la MISÈRE.
CH = 38
Le département 38 est celui de l'ISÈRE.
ISÈRE = MISÈRE
Le 2e président de l'histoire de la République libanaise est Camille CHAMOUN.
CHAMOUN = CH
Le 3e président de la République libanaise est Fouad CHEHAB.
CHEHAB = CH
Le 4e président de la République libanaise est CHARLES Helou.
CHARLES = CH
CH = 38
38 = MISÈRE
La MISÈRE extermine des millions d'êtres humains chaque année.
À travers le Liban, Dieu appelle les différentes confessions religieuses à s'unir politiquement afin d'éradiquer la MISÈRE et ainsi mettre un terme au génocide des pauvres.
Les initiales de CHARLES Helou sont CH et il est mort le 7 janvier 2001.
L'attentat contre Charlie Hebdo s'est déroulé le 7 janvier 2015.
Les initiales de Charlie Hebdo sont également CH.
CH = 38
38 = ISÈRE
Les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo – les frères Kouachi – ont vécu dans la MISÈRE durant leur enfance.
Dieu nous révèle ainsi que la MISÈRE génère le terrorisme islamiste.
Charles Helou est mort 14 ans - jour pour jour - avant l'attentat contre Charlie Hebdo.
14 = N = HAINE
Effectivement, 14 ans après sa mort, la HAINE a surgit dans les locaux de Charlie Hebdo car ce journal attisait la HAINE de certains musulmans en ridiculisant leur foi.
À travers le Liban, Dieu appelle ainsi les différentes confessions religieuses à s'unir politiquement afin d'éradiquer la MISÈRE et mettre un terme à la HAINE sous toutes ses formes – pour construire un monde égalitaire, solidaire et fraternel.
Après l'attentat du 7 janvier 2015 à Paris, les représentants des différentes confessions religieuses se sont unis pour témoigner leur solidarité vis-à-vis des victimes et dénoncer la barbarie du terrorisme islamiste.
Or on ne les a jamais vu s'unir pour dénoncer la barbarie du système capitaliste qui extermine plus de 10 millions de pauvres chaque année.
La nouvelle Alliance de l'EAU les oblige désormais à dénoncer publiquement le génocide des pauvres et combattre les responsables en rejoignant le mouvement humaniste.
Le premier président de l'histoire du Liban a été élu en 1964, et cette année-là, à New-York, 38 témoins sont restés immobiles devant le meurtre d'une jeune femme.
38 = CH
Les lettres « CH » symbolisent le CHEVAL.
Le capitalisme, qui tue des millions d'êtres humains chaque année, se résume à une course de CHEVAUX.
Lors des courses hippiques, juste avant la ligne d'arrivée, la majeure partie des jockeys frappent violemment leurs montures avec leurs cravaches afin de remporter la course.
Mais tous les cavaliers n'agissent pas ainsi, certains chevaux sont épargnés, de la même manière que le capitalisme frappe violemment des milliards d'êtres humains dans le monde mais en épargne certains, notamment un bon nombre d'Occidentaux, donc ces derniers ne se rendent pas compte de la douleur ressentie par des milliards d'êtres humains victimes de la COURSE au profit des cavaliers. C'est la raison pour laquelle la majeure partie des électeurs épargnés par les coups, sacrent les cavaliers à chaque élection présidentielle, au lieu de voter pour un mouvement politique qui désire faire marcher le cheval au TROT afin d'arrêter une COURSE qui agresse des milliards d'êtres humains.
En sport hippique, l'utilisation de la cravache est réglementée, le jockey de course de plat est limité à huit coups. Mais lors de la course capitaliste, le cavalier peut infliger des coups quotidiens sans être sanctionné, l'utilisation de la cravache n'étant pas réglementée. Le capitaliste peut ainsi tuer des enfants en spéculant sur les cours alimentaires, sans faire l'objet d'aucune sanction. L'utilisation de la cravache est illimitée, des milliards de pauvres sont ainsi frappés quotidiennement afin de permettre à une minorité de cavaliers de remporter le maximum d'argent.
L'utilisation de la cravache n'est jamais remise en cause dans les journaux télévisés, les médias nous disent que les pauvres n'ont pas mal lorsque le capitalisme leur inflige des coups. Mais dans le sport hippique, la situation est différente, l'utilisation de la cravache sur le cheval est controversée. Alors que de nombreux utilisateurs jugent son action indolore (France Galop ne la considère pas comme dangereuse), l'étude vétérinaire de l'australien Paul McGreevy met en exergue la souffrance qu'elle peut provoquer chez le cheval, et son inadéquation avec la protection animale. La retransmission des courses hippiques banalise son utilisation et en fait, d'après lui, « la forme de violence la plus publique ».18
À l'instar de France Galop, les défenseurs du nazi-capitalisme nous disent que le néolibéralisme inflige des coups indolores aux pauvres, et pour nous faire croire ce mensonge, les journaux télévisés cachent les victimes parce que les coups seraient trop visibles à l'écran et les millions de téléspectateurs risqueraient alors de vouloir interdire les courses de chevaux. Par conséquent, nous n'avons jamais vu lors du journal de VIN heures des enfants atteint du noma ou de rachitisme puisque les stigmates des coups de cravaches auraient été trop visibles.
La course capitaliste est donc une course HIPPIQUE dans laquelle le cavalier PIQUE notre argent, PIQUE les ressources naturelles de la Terre, PIQUE la vie de plus de 10 millions d'êtres humains chaque année, PIQUE la dignité de l'espèce humaine.
Dieu appelle désormais tous les habitants de la Terre à s'unir pour mettre un terme à ces COURSES de chevaux criminelles.
Sources