Préhistoire
Des restes fossilisés d’Homo erectus, connus sous le nom d'homme de Java, suggèrent que l'archipel indonésien était peuplé il y a 2 millions d'années. Sur l'île de Florès fut retrouvée une espèce supposée d'hominidés aujourd'hui disparus : l'Homme de Florès (Homo floresiensis).
À l'époque de la glaciation de Würm, le niveau des mers est plus bas qu'aujourd'hui et l'archipel indonésien fait partie du continent asiatique. L'Indonésie est alors le lieu de passage des migrations qui, de 70 000 à 40 000 ans avant le présent, vont de l'Asie vers l'Australie. Plus tard, d'autres migrations ont lieu d'Australie vers ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Guinée.
Les migrations de population de langues austronésiennes, qui forment la majorité de la population moderne, commencent vers 2000 avant J.-C. depuis Taïwan vers les Philippines. Vers 1500 avant J.-C., d'autres migrations austronésiennes commencent vers l'Indonésie et le Pacifique.
Premiers royaumes
La position stratégique de l'Indonésie comme carrefour maritime favorise les liens entre les îles et le commerce avec l'Inde et la Chine. Au Ier siècle de notre ère, l'ouest de l'Indonésie fait partie d'un réseau d'états portuaires qui commercent entre eux et avec l'Inde et la Chine. C'est ainsi que le clou de girofle, apporté en Inde par des commerçants de l'archipel indonésien et de là, acheminé au Moyen-Orient, y est connu dès l'Antiquité. Le centre de réseau est alors le royaume du Fou-nan, situé dans le sud de l'actuel Viêt Nam. Le déclin du Fou-nan déplace le centre de ce réseau vers le sud de Sumatra. Au VIIe siècle, la cité de Sriwijaya connaît un essor important grâce à son contrôle du commerce maritime dans le détroit de Malacca. Le commerce a depuis cette époque fondamentalement façonné l'histoire indonésienne.
Dans le centre de Java, des conditions idéales pour l'agriculture et la maîtrise de la technique des rizières dès le VIIIe siècle permettent le développement d'une riziculture prospère. Entre les VIIIe et Xe siècles, les souverains du centre de Java, dont les plus connus sont les dynasties Sailendra, bouddhiste, et Sanjaya, hindouiste, parviennent à la fois à respecter l'autonomie des villages et à construire de grands monuments religieux comme le temple bouddhiste de Borobudur et le complexe religieux hindouiste de Prambanan. On est dans ce que l'on appelle la « période classique indonésienne ».
À la fin du Xe siècle, le centre du pouvoir s'est déplacé du centre à l'est de Java. Là aussi, une agriculture prospère fait de l'île le grenier à riz de l'archipel, assurant la puissance des royaumes successifs de Kediri, Singasari et finalement Majapahit, fondé à la fin du XIIIe siècle. Sous le règne de Hayam Wuruk (règne 1350-89), ce dernier est la puissance dominante de l'archipel. Cette période est souvent mentionnée comme étant « l'âge d'or » de Java.
Royaumes musulmans
Les marchands musulmans de Perse, d'Inde et de Chine abordent dans les ports de l'archipel indonésien. Sans doute au XIIIe siècle, des princes du nord de Sumatra se convertissent à l'islam, désireux de s'intégrer dans ce réseau commercial. Majapahit commerçait avec des royaumes musulmans indiens, comme celui de Gaur. On sait qu'au XIVe siècle, des personnages importants du royaume hindou-bouddhique de Majapahit, sans doute membres de la famille royale, se convertissent à l'islam. L'essor du commerce à l'intérieur même de l'archipel se traduit par la diffusion de l'islam. Les XVe et XVIe siècles voient ainsi l'essor des États côtiers musulmans, dont le plus prospère est Malacca sur la péninsule Malaise, qui devient le plus grand port d'Asie du Sud-Est. À Java, les principautés de la côte nord, le Pasisir, souvent fondées par des Chinois musulmans, qui s'affranchissent peu à peu de leurs suzerains hindou-bouddhique de Majapahit. Le plus puissant d'entre eux est Demak.
À la fin du XVIe siècle, une nouvelle puissance du centre de Java, le royaume de Mataram, entreprend la conquête de ces cités portuaires musulmanes. Il oblige les cités côtières à détruire leur flotte et interdit le commerce maritime. Ce royaume se proclame l'héritier de Majapahit. Sous Mataram s'épanouit une culture de cour dont les références continuent d'être les modèles représentés par les grandes épopées indiennes du Mahabharata et du Ramayana. Dans la partie orientale de Java, la principauté de Blambangan échappe au contrôle de Mataram et est vassale de Bali. Ces princes, hindouistes, seront contraints en 1770 de se convertir à l'islam par les Hollandais, soucieux de soustraire l'est de Java à l'influence balinaise. Au XVIIe siècle, dans le nord de Sumatra, sous le règne d'Iskandar Muda, le sultanat d'Aceh entreprend la conquête des régions côtières de l'île, aussi bien de l'est sur le détroit de Malacca, que de l'est sur l'océan Indien. Dans l'est de l'archipel, sous le sultan Hasanuddin, le royaume de Gowa, dont les souverains se sont convertis à l'islam en 1605, soumet l'une après l'autre chaque principauté du sud de Sulawesi.1
L'épisode portugais
Le 11 septembre 1508, le Portugais Diogo Lopes de Sequeira (es) arrive à Malacca. Il y rencontre des Chinois. Le sultan Mahmoud Syah conclut d’abord un traité d’alliance et autorise l’installation d’une factorerie, puis sous l’influence des marchands maures, il ordonne le massacre des Portugais. La plupart en réchappent, peut-être après avoir été informés par les Chinois. Quelques-uns sont faits prisonniers. Malacca est alors une cité cosmopolite où se croisent Chinois, Siamois, Arabes, Perses, Goujaratis, Bengalis, Malais, Arméniens, venus échanger or et argent de Luzon, macis de Banda, bois de Timor, tissus des Indes, poivre de Malabar, camphre de Bornéo, porcelaines de Chine, argent du Japon, rubis de Ceylan ou de Pegu en Birmanie, épices, parfums, perles, diamants…
En août 1511, une flotte portugaise, partie de Goa en Inde sous le commandement du vice-roi Afonso de Albuquerque, s'empare de Malacca, qui était devenu le plus grand port d'Asie du Sud-Est, une sorte de précurseur de l'actuelle Singapour. La famille royale de Malacca se réfugie dans le sud de la péninsule et fonde Johore. Elle conserve son emprise sur les États malais et les côtes de Sumatra. La prospérité de Malacca repose sur un réseau commercial dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. La ville périclite rapidement.
En 1512, Albuquerque envoie Antonio de Abreu aux îles Banda. Francisco Serrão l'accompagne. Il doit éviter toute démonstration militaire et n’apparaître que comme un commerçant. Son navire fait naufrage à Ambon, mais il le remplace par une jonque et atteint Ternate et reste neuf années aux Moluques. Il devient conseiller du sultan de Ternate.
Les Espagnols de l'expédition de Magellan, après avoir traversé le Pacifique, atteignent à leur tour les Moluques le 8 novembre 1521. Ils sont bien accueillis par le sultan de Tidore, heureux de nouer des relations commerciales et de faire pièce aux Portugais. Les Espagnols chargent leurs cales de girofle et de muscade.
Un comptoir portugais est installé à Ternate le 24 juin 1522. Le 21 août suivant, un traité est signé entre les Portugais de Malacca et le royaume de Pajajaran dans l'ouest de l'île de Java. Avec le traité de Saragosse signé le 22 avril 1529, les Philippines reviennent à l’Espagne, qui abandonne les Moluques au Portugal.
Les Portugais détruisent la puissance maritime des États indonésiens, mais ne peuvent contrôler leurs bases territoriales et la production des épices. À Sumatra, ils passent des accords avec le sultan d’Aceh qui leur fournit du poivre. À Java, ils parviennent à occuper entre autres États ceux de Gresik, de Panarukan et de Cirebon. Ils s’emparent de Timor, mais doivent composer dans l’est de Java avec le royaume de Demak, qui doit céder ses ports mais demeure indépendant. L’ouest de Java est tenu par le sultanat de Banten, qui est le plus grand entrepôt de poivre de l’Indonésie. Les deux tentatives que font les Portugais pour s’en emparer échouent et ils doivent se contenter là aussi de passer des accords commerciaux. À Bornéo, les Portugais interviennent moins et le sultan de Brunei élargit dans le nord-est de l’île ses possessions et la zone d’extension de l’islam. Dans les Moluques, les Portugais passent des accords avec le souverain de Ternate et les missionnaires obtiennent des conversions nombreuses à Ambon, Halmahera et à Ternate.
Le giroflier pousse dans les Moluques (Ternate, Tidore, Halmahera) et le muscadier à Amboine et dans les îles Banda. La spéculation sur les épices, ancienne, apporte de substantiels bénéfices. Des Moluques à Malacca, le prix des clous de girofle décuple. Ce commerce est avant tout pratiqué, dans l’Océan Indien et les mers indonésiennes, par les commerçants de Java et du Gujerat. Les Portugais vont tenter d’établir des relations directes et d’acquérir le monopole des transactions. Les princes indonésiens sont obligés de réserver leurs épices aux Portugais. Les surplus sont détruits pour maintenir les cours. Les épices sont payées en or non monnayé d’Afrique, que l’on se procure par l’échange de cotonnades et de produits de l’artisanat indien. Les commerçants arabes conservent un rôle important dans l’Océan Indien et la mer Rouge (poivre). Les Portugais ne peuvent évincer les Espagnols de Manille (1571) qui poussent jusqu’aux Moluques.
En 1570, les Portugais assassinent le sultan Harun de Ternate. Son successeur Babullah parvient finalement à les expulser en 1575. En 1580, l'Anglais Francis Drake fait escale à Ternate, dont il rapporte d’importantes cargaisons. Il crée ainsi le premier établissement anglais d’outre-mer. Son compatriote Thomas Cavendish traverse l’archipel indonésien en 1586. L’arrivée de nouveaux Européens en Indonésie fait monter le prix des épices, qui semble avoir triplé depuis l’arrivée des Portugais.
L’annexion du Portugal par l’Espagne (1580) rend difficile aux commerçants des Pays-Bas, indépendants en 1581, de s’approvisionner en épices à Lisbonne pour les redistribuer en Europe. Ils cherchent de nouvelles voies pour parvenir aux Indes orientales, mais échouent et devront utiliser la route ouverte par les Portugais. Le Hollandais Cornelius Houtmann dirige une première expédition à Banten (Java) pour le compte de la compagne Van Verre. Il part le 2 avril 1595 et atteint Banten quinze mois plus tard. Un traité est conclu avec le sultan, et le voyage se poursuit jusqu’à Bali. Inquiets, les Portugais envoient une flotte de Goa à Banten, qui arrive trop tard, alors que les Hollandais sont partis. Attaqués par le sultan de Banten, elle doit se réfugier à Malacca. Les Pays-Bas sont enthousiastes et se préparent à organiser de nouvelles expéditions. En 1601, les Hispano-portugais sont chassés de la rade de Banten et les Hollandais peuvent y organiser leur première « loge » javanaise.
Aux Moluques, les Hollandais de la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie ou Compagnie hollandaise des Indes orientales, fondée en 1602) prennent un premier fort aux Portugais à Ambon en 1605. Ils finissent par les chasser de l'est de l'archipel vers 1620, puis s'emparent à leur tour de Malacca en 1641.
Dans les Petites îles de la Sonde, les Portugais établissent au début du XVIIe siècle une forteresse à Kupang dans l'ouest de l'île de Timor, mais l'abondonnent. La VOC arrive dans l'île en 1613 et occupe Kupang en 1653.
La VOC
La VOC est fondée en 1602. Elle commence par évincer les Portugais des Moluques. À la recherche d'un établissement à Java, la compagnie installe un poste à l'embouchure du fleuve Ciliwung, dans les faubourgs de Jayakarta, vassal de Banten. En 1619, elle s'empare de Jayakarta, détruit la cité et fonde sur ses ruines Batavia.
En 1628 le prince sundanais Dipati Ukur, à la tête d'une armée de 6 000 hommes, attaque Batavia. Devant la supériorité technique des Hollandais, les Sundanais doivent battre en retraite. Les Hollandais se lancent dans une traque et finiront par capturer le prince. Ils le livrent au roi de Mataram, qui le fait décapiter. De son côté Mataram fera par deux fois le siège de Batavia, sans succès.
À la fin du XVIIIe siècle, la compagnie contrôle les Moluques, le sud de Sulawesi et la moitié de Java.
En 1795, le stadhouder (gouverneur) de Hollande Guillaume V d'Orange-Nassau se réfugie en Angleterre devant l'invasion des armées françaises. D'Angleterre, il envoie une série d'instructions à ses administrateurs pour qu'ils cèdent les territoires néerlandais à l'Angleterre pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Français.
En 1799, la VOC est déclarée en faillite. Ses actifs sont repris par le gouvernement des Pays-Bas.
Les Indes néerlandaises
En 1825, un prince de la cour de Yogyakarta, Diponegoro, qui conteste la désignation par les Hollandais de son neveu comme sultan, prend les armes. Il s'ensuit une guerre qui ne prendra fin qu'en 1830 avec la capture de Diponegoro, que les Hollandais avaient convié à une négociation. La guerre de Java a fait 15 000 morts dans l'armée hollandaise et plus de 200 000 dans la population javanaise (un recensement effectué vers 1815 estimait la population totale de Java à un peu plus de 4 millions d'habitants).
Java désormais pacifiée, les Hollandais peuvent commencer la mise en valeur économique de l'île. Le gouverneur van den Bosch met en place un système de cultures forcées (cultuurstelsel) par lequel les paysans devaient consacrer 20 %, puis 33 % de leurs terres à des cultures commerciales. Les abus de ce système finissent par être dénoncés aux Pays-Bas mêmes. Le système est graduellement abandonné. La loi agraire de 1870 ouvre Java à l'entreprise privée.
Le Traité de Londres de 1824 entre les Anglais et les Hollandais accorde à ces derniers le contrôle des territoires revendiqués par les Européens au sud de Singapour, fondée en 1819 par Thomas Stamford Raffles. Il consacre la division du monde malais en deux parties, l'une intégrée dans les Indes néerlandaises, l'autre dans ce qui deviendra la "British Malaya" et à l'indépendance, la Fédération de Malaisie.
À Bali, au début du XIXe siècle, l'économie dépend encore essentiellement de l'exportation d'esclaves. Les Hollandais sont plutôt soucieux de mettre fin à la piraterie et au pillage d'épaves, autre activité lucrative des Balinais. En 1846, les Hollandais attaquent le royaume de Buleleng dans le nord de Bali et y installent des administrateurs, ainsi que dans l'ouest de l'île. De 1846 à 1906, les Hollandais attaquent et soumettent successivement les différents royaumes balinais. Le dernier est Badung dans le sud de l'île, dont les familles royales, plutôt que de se rendre, commettent le puputan, marchant vers les Hollandais qui tirent jusqu'à ce que tous soient morts.
En 1820, Aceh produit plus de la moitié du poivre mondial. Européens et Américains profitent de la concurrence que se livrent les différents princes qui leur vendent ce poivre. Un de ces princes, Tuanku (monseigneur) Ibrahim, émerge comme le plus puissant d'entre eux. En 1854, il lance une expédition et soumet les sultanats de Langkat, Deli et Serdang, menaçant les Hollandais, qui occupent déjà le reste de Sumatra. En 1871, les Hollandais signent avec les Anglais le traité de Sumatra. Les Hollandais cèdent leurs possessions en Afrique de l'Ouest aux Anglais. En échange, ils ont les mains libres pour Aceh. En 1873, le consul américain à Singapour rencontre un émissaire d'Aceh pour discuter d'un traité entre les deux pays. Les Hollandais décident d'attaquer Aceh. Commence la longue guerre d'Aceh. Le sultan Daud Shah se rend en 1903, mais les ulama, chefs religieux, poursuivent la résistance. Les Indes néerlandaises atteignent leur forme définitive en 1908.
En 1899, un juriste hollandais, qui avait vécu « aux Indes » de 1880 à 1897, publie un article intitulé Een eereschuld ("Une dette d'honneur"). Il explique que les Pays-Bas ont une dette envers les Indisch (indigènes des Indes orientales néerlandaises) pour toutes les richesses qu'ils en ont extraites. En 1901, la reine Wilhelmine annonce le début de la « Politique éthique » reposant sur trois principes : éducation, irrigation, émigration.
Naissance du nationalisme indonésien
La défaite des Russes devant les Japonais à Port-Arthur en 1905 a un retentissement extraordinaire à travers l'Asie de l'Est, détruisant le mythe de l'invincibilité des Occidentaux. En 1908, des étudiants de la petite noblesse javanaise fondent le Budi Utomo. On considère cet événement comme l'acte de naissance du mouvement national indonésien. En 1911, des marchands de batik javanais fondent le Sarekat Islam. L'Indische Sociaal-Democratische Vereeniging ("union social-démocrate des Indes"), future Parti communiste indonésien, est fondée en 1914. Sukarno et d'autres étudiants de l'École technique de Bandung fondent le PNI (Partai Nasional Indonesia, "parti national indonésien"). En 1927 Mohammad Hatta, qui étudiait l'économie aux Pays-Bas, et trois autres étudiants indisch sont arrêtés en raison de leurs activités politiques. Lors de leur procès, Hatta prononce un réquisitoire contre la domination hollandaise, justifiant le nationalisme indonésien, qui sera publié sous le titre "Indonesië Vrij" ("Indonésie libre").
À travers les Indes néerlandaises, des étudiants et des jeunes fondent des associations, qui se réunissent en congrès en 1928 pour prononcer le « Serment de la Jeunesse » par lequel ils déclarent adopter trois idéaux : une patrie, l'Indonésie, une nation, la nation indonésienne, une langue, l'indonésien. Les années 1930 sont une période mouvementée, durant lesquelles les dirigeants du mouvement nationaliste Hatta, Sjahrir, Sukarno et d'autres, sont arrêtés.
Occupation japonaise
Le 7 juillet 1937, le Japon, qui occupe déjà la Corée et le Manchukuo, envahit la Chine, amorçant sa conquête de l'Extrême-Orient. En Europe, les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas le 10 mai 1940, après avoir déclenché la Seconde Guerre mondiale.
Les Japonais avaient des visées sur les Indes néerlandaises et leurs ressources naturelles. La colonie hollandaise faisait partie de leur vision d'une sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent Pearl Harbor. Le 10 janvier 1942, ils débarquent dans les Indes néerlandaises. Les troupes néerlandaises se rendent le 8 mars 1942. C'est la fin de la domination hollandaise.
La première préoccupation des Japonais est de réorganiser l'économie des Indes néerlandaises au profit de leur économie de guerre. Mais pour cela, ils ont besoin de mobiliser les masses, notamment javanaises. Sukarno décide de faire le jeu de l'occupant, persuadé de pouvoir en tirer parti. Il participe ainsi à la création du "Centre du Pouvoir Populaire" (PUTERA dans son acronyme indonésien) en 1943. Les Japonais créent également une armée de volontaires indonésiens, les "défenseurs de la patrie » (PETA) autorisée par les Japonais.
L'occupation du territoire par le Japon Shōwa entraîne de multiples exactions et crimes à l'encontre des opposants au régime de Sukarno et des populations civiles, s'étendant de l'esclavage sexuel au travaux forcés et au cannibalisme. Les rapports officiels faisant état de la mort de près de 4 millions de personnes.
En mars 1945, alors que les Américains reprennent progressivement contrôle du Pacifique, les Japonais encouragent la création d'un "comité pour l'investigation sur les efforts de préparation de l'indépendance de l'Indonésie" (Dokuritsu Junbi Chôsakai). Sous leur égide, la Piagam Jakarta ("charte de Jakarta") - préambule de la future constitution - est rédigée et un "Comité pan-indonésien pour préparer l'indépendance" mis en place.
Le Japon capitule le 15 août. En attendant le débarquement de troupes alliées, les autorités japonaises d'occupation, qui avaient auparavant promis l'indépendance aux Indonésiens, avaient désormais ordre de maintenir le statu quo. Sukarno et Hatta ne souhaitaient pas de conflit avec les Japonais. Les mouvements de jeunesse exigeaient une déclaration immédiate de l'indépendance. Ils étaient soutenus par Sjahrir, un autre dirigeant nationaliste indonésien, qui avait dirigé la résistance passive contre l'occupation japonaise et craignait que les Alliés ne considèrent que l'indépendance n'était qu'un cadeau des Japonais. La nuit du 15 au 16 août, un groupe de jeunes militants enlève Sukarno et Hatta pour les convaincre de proclamer l'indépendance.
L'indépendance de l'Indonésie est proclamée le 17 août 1945 par Soekarno et Hatta. Sukarno est nommé président et Hatta vice-président.2
Sukarno et le tiers-mondisme
La proclamation de l’indépendance le 17 août 1945, après la défaite du Japon, n’empêcha pas les troupes hollandaises de tenter de reconquérir le pays et de mener une guerre de quatre ans, jusqu’à ce que les USA, qui voyaient leur propre intérêt dans la fin des empires coloniaux, menacent les Pays-Bas de cesser l’aide accordée dans le cadre du plan Marshall s’ils ne parvenaient pas à un accord négocié avec Sukarno. L’accord fut signé en 1949.
Il faut dire qu’entre temps l’armée indonésienne s’était montrée apte à écraser dans le sang un soulèvement dirigé par le parti communiste indonésien, le PKI, à Madiun, en 1948, au début de la guerre froide : la répression fit quelque 10 000 morts et les dirigeants du PKI furent tués. L’armée paraissait donc fiable ainsi que la capacité du régime à assurer l’ordre.
Les USA avaient d’autant moins de raison de craindre Sukarno que, si celui-ci voulait l’indépendance politique du pays, il n’avait nul programme pour remettre en cause sa structure sociale et ses liens économiques avec l’Occident. Il n’avait pas de programme social non plus. Et, face à la Hollande, il recherchait l’aide des USA.
Pour arracher des concessions à l’ancienne puissance coloniale et amener les USA à faire pression sur la Hollande, il avait cependant besoin d’un soutien populaire, qu’il trouva grâce à la lutte contre les Hollandais au cours de laquelle il acquit un immense prestige, tant la puissance coloniale s’était fait haïr pour tout ce qu’elle avait fait subir à la population.
Il continua donc de se faire le champion des revendications nationalistes vis-à-vis de l’impérialisme, mais cela ne pouvait suffire éternellement à lui assurer le soutien de la population laborieuse, dans un pays exsangue, pillé et ruiné par la puissance coloniale. Il s’appuya de plus en plus à la fois sur l’armée et sur le PKI, qu’il laissa se développer dans les années cinquante en parti de masse qui défendait la politique de Sukarno dans les milieux populaires.
Aux yeux des USA, c’était un jeu dangereux, au moment où eux-mêmes étaient aux prises dans cette région du monde avec la Chine et plus tard avec le Vietnam, et ils intervinrent dans la politique indonésienne de bien des manières pour tenter de parer au danger. Certes, les USA savaient que le PKI n’était pas un parti révolutionnaire, mais le simple fait d’organiser les exploités et donc de leur donner les moyens de pouvoir améliorer leur sort était totalement intolérable pour l’impérialisme dans ces pays sous-développés dont l’attrait résidait dans une surexploitation éhontée de la main-d’oeuvre. Sur le plan international, il n’était pas question pour les USA de laisser l’Indonésie basculer, comme l’avait fait la Chine, du côté du bloc soviétique. La politique de non-alignement sur l’un des deux blocs dont l’Indonésie prit la tête en organisant la conférence de Bandoung en 1955 avec une trentaine de pays du tiers monde d’Afrique et d’Asie constituait déjà une brèche dans le blocus que les USA imposaient à l’URSS et à la Chine.
Le régime de Sukarno illustre parfaitement à la fois les limites du tiers-mondisme et l’attitude de l’impérialisme envers des régimes qui feraient mine de s’appuyer sur les masses populaires et joueraient un bloc contre l’autre.
Une nouvelle crise surgit bientôt avec la Hollande. L’accord de 1949 transférait l’ensemble de ce qu’on appelait les Indes néerlandaises à la république d’Indonésie, sauf la Nouvelle-Guinée occidentale conservée symboliquement par les Pays-Bas et dont le sort devait être négocié ultérieurement. Ce territoire qui, à l’époque, paraissait dépourvu d’attrait économique fut l’enjeu d’une surenchère nationaliste de part et d’autre au point que la guerre reprit et que les relations entre l’Indonésie et l’ONU, qui refusait d’accéder aux revendications indonésiennes, se tendirent. En 1957, Sukarno s’appuya sur la population laborieuse pour faire pression sur les Hollandais qui furent expropriés. L’armée prit ou reprit le contrôle de toutes leurs possessions, entreprises et plantations.
Parallèlement, une rébellion soutenue massivement par la CIA, qui s’inquiétait du développement du PKI, éclata dans les îles de Sumatra et de Bornéo, proclamant même un gouvernement indépendant. La rébellion ne sera définitivement écrasée par l’armée indonésienne qu’en 1961. C’est de l’URSS que l’Indonésie reçut alors une aide économique et militaire.
L’étendue du pays, sa dispersion en milliers d’îles, la diversité des religions, des ethnies, des coutumes constituaient évidemment une source de faiblesse pour le régime. Mais elles donnaient aussi à Sukarno la possibilité de jouer sur les multiples antagonismes. Si fondamentalement les deux piliers du régime furent l’armée et le PKI, donnant à son bonapartisme une couleur de gauche, il s’est servi des oppositions existantes entre les communautés ethniques par exemple (une riche communauté chinoise existait), des conflits religieux entre musulmans, chrétiens, bouddhistes, hindouistes, des divisions entre les puissants partis musulmans existants, de la lutte contre les autonomistes, pour apparaître comme l’unificateur et le rassembleur, « le père de la nation ». Les contradictions n’étaient pas résolues pour autant, mais Sukarno les chevauchait en maintenant un équilibre dont le centre de gravité évolua peu à peu.
Les années 1957-1960 marquèrent un tournant : le rôle de l’armée se renforça à la fois sur le plan économique par sa mainmise sur les entreprises hollandaises expropriées, les militaires qui les géraient s’enrichissaient personnellement et procuraient à l’armée des fonds qui lui permettaient une indépendance croissante vis-à-vis du régime lui-même et sur le plan politique grâce à sa lutte contre les Hollandais et contre les rébellions sécessionnistes. L’armée soutint le durcissement du régime, de plus en plus répressif.
Sukarno réinstaura la constitution de 1945, très présidentielle, le parlement fut dissous, les pouvoirs locaux nommés, certains partis interdits, la censure rétablie, les grèves interdites. C’est ce que Sukarno a appelé « la démocratie dirigée ». Le PKI faisait partie des partis autorisés mais fut touché par la restriction des droits démocratiques.
Les USA, n’ayant pas réussi à abattre le régime à l’aide des rébellions, firent une dernière tentative pour ramener Sukarno sous leur coupe. Ils firent pression sur la Hollande pour qu’elle cède la Nouvelle-Guinée occidentale et celle-ci fut réintégrée dans la république en 1963. Le FMI proposa une aide massive à Sukarno en échange d’une certaine libéralisation économique. Des accords furent signés le 26 mai 1963.
Mais Sukarno se lança alors dans un nouveau bras de fer, avec l’Angleterre cette fois, à propos du projet de formation de la Grande Malaisie qu’il présenta comme une menace contre l’Indonésie puisqu’elle se constituait à sa porte, en incluant les territoires britanniques du nord de Bornéo en particulier. Le FMI annula les crédits promis. Les biens britanniques et américains furent expropriés à leur tour.
Face aux pressions impérialistes, Sukarno s’était appuyé à l’intérieur du pays sur l’armée et certains partis autorisés, dont le PKI. Il avait promulgué une réforme agraire en 1960, toute symbolique, il est vrai. Mais elle fut le prétexte à des mobilisations pour son application, surtout après que la mauvaise récolte de riz de 1963 engendra la famine au printemps 1964, et aboutit à de véritables soulèvements dans les campagnes. En février et mars 1965, la violence dans les campagnes atteignit des sommets : les musulmans fanatiques qui se battaient au nom du Coran réussirent à dresser les paysans les uns contre les autres et contre le PKI. Conflits et massacres se succédèrent jusqu’en août 1965 à Java.
La politique de Sukarno et de son soutien, le PKI, allait décidément trop loin pour les possédants et pour l’armée.
En 1965, l’Indonésie quitta l’ONU, se rapprocha de la Chine : il fut même question de créer un axe Djakarta-Hanoï-Pékin, pour faire concurrence à l’ONU. Et cela alors que les USA préparaient une intervention massive au Vietnam.
Il n’était évidemment pas question pour les USA de continuer à laisser faire. Leur politique de « containment », plus que jamais à l’ordre du jour, leur interdisait de laisser un pays aussi important que l’Indonésie rejoindre le camp de la Chine et du Vietnam en Asie. Et puis Sukarno et le PKI semblant jouer avec le feu dans les campagnes, Sukarno perdait le soutien des possédants et de l’armée sans vraiment gagner celui du peuple. La situation était donc plus favorable pour tenter de mettre un coup d’arrêt à l’expérience.
La CIA tissait des liens dans l’armée, et la rumeur que des généraux fomentaient un coup d’État contre Sukarno amena de jeunes officiers à prendre le 30 septembre 1965 l’initiative d’arrêter six généraux, qui furent tués. Suharto, le numéro deux de l’armée, réagit immédiatement, réduisit les mutins et se livra à une répression sans précédent contre le PKI qu’il accusa d’être responsable des événements.
Ce fut un massacre épouvantable qui dura des mois, déchaînant toutes les forces réactionnaires et permettant aux possédants de se venger furieusement de la peur qu’ils avaient eue, non seulement sur le PKI qui fut anéanti, mais aussi sur les progressistes du PNI et sur tous les travailleurs combatifs. Pogroms aussi contre la communauté chinoise (qui dominait le commerce), fomentés par des musulmans fanatiques et bien souvent intéressés car concurrents. Le nombre de victimes n’est toujours pas connu à ce jour : 500 000, un million de morts, certains disent même 2 millions ! En outre des dizaines de milliers de personnes furent arrêtées dont bon nombre restèrent plus de dix ans en prison ou en camp. Les exécutions de prisonniers, arrêtés pour « communisme » en 1966, se poursuivirent pendant 20 ans !
Suharto présenta son coup de force comme un moyen de venir en aide à Sukarno. Mais en anéantissant le PKI, il a démoli l’un des deux piliers du régime. Restait l’autre, l’armée elle-même, dont il était le chef... Il fut proclamé chef du gouvernement en 1966 puis il écarta Sukarno de la présidence et prit officiellement sa place en 1968.
Suharto fut soutenu non seulement par l’armée et les USA mais par les classes aisées qui avaient eu peur lors de la révolte des campagnes, qui étaient lésées par le blocus économique et l’appauvrissement du pays qui s’en suivit. Les musulmans intégristes avaient formé des commandos pour massacrer dans les villages. Les étudiants se joignirent à l’armée pour faire chuter Sukarno.
La politique de Sukarno ne pouvait aboutir qu’à un tel désastre : il s’en était pris, peu à peu par nationalisme, aux intérêts impérialistes et même avait fait mine de s’en prendre aux possédants indonésiens.
Il les avait effrayés et s’en était fait des ennemis. Dans ce cas, il fallait aller jusqu’au bout et les réduire à l’impuissance. Pour ce faire, il n’y avait pas d’autre voie que de s’appuyer complètement sur les classes populaires au nom de leurs propres intérêts. Mais cela était hors de question pour Sukarno, qui non seulement se refusait à toucher aux structures sociales existantes mais refusait même de faire quelque concession que ce soit aux masses populaires. Il s’est au contraire servi de la popularité qu’il avait acquise dans la lutte anti-coloniale auprès de la population laborieuse pour lui faire accepter de plus en plus de sacrifices. Les travailleurs des plantations et de toutes les entreprises, au fur et à mesure qu’elles étaient nationalisées, étaient de plus en plus soumis aux pressions des militaires pour accepter des sacrifices au nom de la lutte nationale contre l’étranger. Quant au problème de la terre, il ne fut aucunement résolu pour les paysans pauvres de Java. Tout le pays s’enfonça dans une crise économique dont le poids retombait sur les couches populaires.
Le PKI ne souhaitait pas plus que Sukarno s’appuie sur la force des exploités et des opprimés se battant pour leurs propres intérêts. C’était un parti nationaliste qui voulait construire une économie nationale et espérait parvenir au pouvoir grâce à l’appui de Sukarno. Il se faisait l’avocat de Sukarno dans la classe ouvrière et sa politique consistait à inciter les masses qu’il influençait à soutenir la politique de celui-ci. À partir du moment où le PKI ne cherchait pas à armer les exploités avec une politique propre, il les laissait à la merci des autres forces sociales et de l’armée. Et ces forces, les possédants indonésiens, l’armée elle-même, cherchaient avant tout à se tailler une part plus importante dans l’économie du pays, mais préférait l’accord avec l’impérialisme à la ruine économique et aux assauts des pauvres.
Quant aux USA, ils considéraient l’Indonésie comme un pays clef dans cette région du monde, économiquement car il était pourvoyeur de matières premières et politiquement car susceptible de déstabiliser toute la région. Le développement du PKI et l’organisation des masses pauvres était un souci constant et ils ont essayé de les combattre par tous les moyens : en donnant leur appui à Sukarno pour ne pas l’acculer à chercher le soutien de la population, en tentant de renverser son régime par un appui massif aux révoltes sécessionnistes qui échouèrent néanmoins et finalement en soutenant de toutes leurs forces le bain de sang de Suharto qui débarrassa pour de bon l’Indonésie du PKI.
La CIA reconnut elle-même que ce fut « l’un des pires meurtres de masses du XXe siècle », mais le bain de sang fut néanmoins salué par le New York Times comme « une coulée de lumière en Asie » tandis que le magazine Time voyait dans l’accession de Suharto au pouvoir « la meilleure nouvelle depuis des années pour l’Occident en Asie ». La visite de Nixon, en 1969, consacra les bonnes relations entre les deux pays. L’Indonésie avait réintégré l’ONU ; Suharto rendit à leurs propriétaires les biens anglais et américains qui avaient été saisis et indemnisa les propriétaires hollandais. Il reçut une aide massive des grandes puissances, en particulier des USA et du Japon.
La longévité politique de Suharto
Le soutien des possédants indonésiens et l’appui des puissances occidentales et du Japon expliquent que le régime de Suharto ait pu tenir si longtemps.
En un certain sens, Suharto a réitéré le jeu bonapartiste de Sukarno, mais le centre de gravité de l’équilibre sur lequel reposait son régime se situait nettement plus à droite. En effet Suharto a repris à son compte une partie des symboles dont Sukarno marqua son régime, en particulier le Pancasila, cette devise en cinq points qui proclame entre autres la laïcité de l’État. La constitution elle-même, qui permet de jouer sur l’équilibre de différentes forces, n’a guère été modifiée. Et si l’armée demeurait le pilier essentiel du régime, Suharto a remplacé le PKI par des partis religieux musulmans, à la fois comme contrepoint à l’influence des militaires et comme moyen d’encadrement de la population.
Pour lutter contre le communisme, il a interdit l’athéisme et institué l’enseignement religieux obligatoire, développant ainsi la religion dominante, l’islam (80 % de la population). Il a même fait une place croissante, par l’intermédiaire de l’Association des intellectuels musulmans indonésiens (présidée par Habibie), aux musulmans partisans d’un État islamique auxquels il a fait un certain nombre de concessions face à l’armée qui prône la laïcité.
Tout cela explique que les partis musulmans se sont renforcés et peuvent aujourd’hui se poser en alternative éventuelle.
La férocité du régime ne gêna pas les grandes puissances qui laissèrent Suharto s’emparer en 1975 du Timor oriental, possession portugaise, et y perpétrer là aussi un véritable génocide contre la population qui soutenait les indépendantistes. 60 000 personnes furent massacrées en quelques mois. L’aide militaire américaine, française, britannique ne fit pas défaut à Suharto qui intensifia encore les massacres, si bien qu’en 1980 on estimait à 200 000 personnes le nombre de tués (un tiers de la population !). C’est que le Timor oriental contient des réserves pétrolières et l’Australie, la première, a reconnu officiellement la domination indonésienne sur le Timor pour pouvoir signer un contrat d’exploitation de ces réserves, à laquelle sont associées les compagnies pétrolières occidentales.
La corruption généralisée du régime n’a pas gêné non plus les investisseurs étrangers du moment que leurs intérêts étaient garantis. La possibilité d’exploiter sans limites les richesses de l’Indonésie en matières premières et ceci avec une main-d’œuvre à bas prix était bien l’essentiel. Or Suharto a largement accueilli les capitaux étrangers. Ils sont partie prenante d’entreprises nationales ou privées qui leur rapportent gros. Des centaines d’entreprises étrangères sont ainsi associées au pillage des richesses du pays, comme le bois, par exemple (l’Indonésie était le deuxième producteur mondial de contreplaqué) où le gaz dont elle a été le premier exportateur mondial ou le pétrole ou les riches minéraux que renferme le sous-sol.
Par exemple, l’entreprise américaine Freeport exploite en Irian-Jaya (l’ex-Nouvelle-Guinée occidentale) à 3 000 mètres d’altitude le plus gros gisement d’or du monde. La mine est riche aussi en argent et en cuivre. 17 000 personnes y travaillent. En 1992, ce sont 35 milliards de dollars de métaux qui furent exportés et Freeport est le plus gros contribuable indonésien. La région est ravagée par l’entreprise, les Papous sont réduits à la famine, des centaines d’enfants ont trouvé la mort, empoisonnés par le cuivre. Et les violences contre ceux qui résistent sont inouïes.
C’est dire que le pillage du pays par les compagnies étrangères se poursuit tout comme, et sans doute plus intensivement encore, sous l’époque coloniale.
Et, de fait, pendant 32 ans le régime de Suharto a fait de l’Indonésie le pays le plus sûr pour les investissements étrangers en Asie du Sud-Est. Et fort nombreux sont les trusts occidentaux ou japonais qui en ont profité : Total, Coca-Cola, British Petroleum, General Electric, Honda, British Aerospace et beaucoup d’autres.
L’économie du pays qui croissait depuis 10 ans à un rythme officiel de 7 % par an reposait en fait sur un pillage intensif des ressources et sur un océan de dettes. En 1998, la dette totale de l’Indonésie se monte à 140 milliards de dollars dont la moitié, la dette privée, est le fait d’une cinquantaine de personnes de l’entourage de Suharto. Mais la bourgeoisie et même la petite bourgeoisie locale ont profité elles aussi de ce boom économique.
Certes la part la plus grosse revenait à Suharto lui-même et à sa famille ainsi qu’aux quelques familles avec qui il était allié. C’est ainsi que sa fortune personnelle se montait selon les estimations de la revue Forbes, à 16 milliards de dollars et, si l’on y ajoute celle de l’ensemble de sa famille, à quelque 40 milliards de dollars.
C’est au début des années cinquante qu’il commença à se constituer une fortune en tant qu’officier de l’armée de Sukarno en se liant à deux hommes d’affaires chinois, Liem Sioe Liong et Bob Hasan, qui se chargèrent d’approvisionner sa division en nourriture, uniformes, médicaments, etc. Au début des années soixante, général à la tête du Kostrad, l’Armée stratégique de réserve, il mit sur pied une fondation militaire qui se lança dans les affaires pour son compte et celui de son corps d’armée. Une fois à la tête du pays, il démultiplia ses affaires : l’aide alimentaire américaine, par exemple, fut une source majeure d’enrichissement par l’intermédiaire d’un monopole sur la transformation en farine et sur la commercialisation de la quasi-totalité des livraisons de blé. Au fil des années, lui et sa famille se sont associés avec des multinationales américaines comme Freeport ou Mobil Oil et une centaine d’entreprises étrangères, en particulier japonaises. Il contrôla pas moins d’une quarantaine de fondations (minoteries, cimenteries, autoroutes à péages, usines d’engrais, concessions forestières, plantations d’oléagineux, etc.) en association avec les deux mêmes hommes d’affaires chinois, l’un bouddhiste et l’autre musulman, qui le suivirent dans son ascension et qui possèdent eux aussi de véritables empires financiers et bon nombre de médias et qui se sont lancés dans des affaires d’envergure dans toute cette région du monde et au delà, jusqu’en Australie, aux USA ou en Europe.
La femme de Suharto était surnommée « madame 10 % » à cause des commissions qu’elle prélevait systématiquement sur les gros contrats mais les six enfants de Suharto ont les dents encore plus longues. Utilisant les entreprises d’État gratuitement pour lancer leurs propres affaires, ils finirent par associer ces entreprises à leurs projets en formant des joint-ventures dont ils tiraient tous les bénéfices. Pratiquement toutes les entreprises nationales, dans des branches aussi variées que le pétrole, les travaux publics, l’industrie pharmaceutique, les télécommunications, ainsi que les fondations militaires dont beaucoup était contrôlées par Habibie, se sont trouvées associées aux entreprises des enfants Suharto. Et ces derniers ont profité du rôle que leur père jouait au sein d’organismes tels que l’ASEAN, le Mouvement des non-alignés, l’APEC ou l’Association de défense des pays islamiques, pour pousser leurs tentacules en Malaisie, aux Philippines, en Birmanie, en Corée du sud, à Taiwan ou en Chine. Construction d’autoroutes, distribution de l’eau, centrales électriques, réseaux de communication, exploitations minières, pétrolières, forestières, transports maritimes et aériens, leurs activités touchent à tous les secteurs rentables.
Il ne faudrait pas oublier les familles par alliance qui étendent leurs activités jusqu’aux plantations de coton du Kazakhstan ou qui s’associent à Hoechst pour construire une usine textile au Portugal. Il faut encore citer Habibie et sa famille, liés depuis toujours à Suharto, qui ont fait affaire avec lui et dont les enfants font des affaires en commun avec les enfants de Suharto. Ayant été vingt ans ministre de la Recherche et de la Technologie, et comme tel à la tête d’une dizaine des plus importantes entreprises d’État, Habibie s’en est largement servi pour développer ses projets grandioses et surtout très coûteux dans l’aéronautique en particulier et la fabrication de matériel militaire sous licence française (Aérospatiale), espagnole, belge ou allemande.
Ces dizaines de conglomérats enchevêtrés, ces centaines d’entreprises qui en font partie laissent encore la place, dans un grand pays de plus de 200 millions d’habitants, pour l’enrichissement d’une couche de possédants locaux plus ou moins fortunés qui formèrent le principal soutien au régime. À commencer par les militaires, qui depuis 1957 se sont assurés une part importante dans l’économie du pays, dirigeant des centaines d’entreprises et de fondations, dans toutes les branches de l’économie, qui leur rapportent de quoi s’enrichir et pourvoir aux besoins de l’armée.
Tout cela repose sur une exploitation féroce de la main-d’œuvre. En 1997, avant que la crise monétaire n’éclate, le salaire minimum légal était de 2,46 dollars par jour, soit 2 euros par jour. Cette somme ne représente que 60 % de ce qu’il faudrait au minimum pour vivre, aux dires du gouvernement lui-même, et seuls entre 30 et 60 % des employeurs selon les régions respectent ce minimum légal.
C’est dire que la tempête spéculative, qui a frappé l’Indonésie en 1997 comme tous les pays du Sud-Est asiatique, a eu des conséquences catastrophiques sur le niveau de vie de la population. La roupiah a perdu 80 % de sa valeur par rapport au dollar, renchérissant considérablement le coût de la vie. Les investisseurs étrangers qui avaient prêté de l’argent ont cherché à se faire rembourser et ne prêtent plus. De nombreuses entreprises ont fait faillite, jetant sur le pavé des millions de travailleurs. Les ouvriers de l’industrie (8,5 millions de personnes) sont dramatiquement touchés mais aussi les employés. Il y avait déjà officiellement 8,7 millions de chômeurs en avril 1998 (10 % de la population active) et on s’attendait à ce que ce chiffre double à la fin de l’année et que 58 millions de personnes se retrouvent en dessous du seuil de pauvreté. La fin des subventions sur le kérosène et l’essence, sur l’électricité, sur les transports, qui fit bondir du jour au lendemain au début mai les prix de 25 à 70 %, a déclenché la colère.
En un an, le niveau de vie de la population laborieuse a été brutalement ramené 35 ans en arrière !
Les classes moyennes et la bourgeoisie locale durement touchées par les hausses de prix et les faillites reprochaient à Suharto de priver le pays des crédits du FMI en refusant d’écorner les biens de sa famille, en démantelant, comme le FMI le demandait, les monopoles industriels et commerciaux dont elle s’est fait une spécialité. Et lorsque Suharto s’est avéré incapable d’endiguer les émeutes, il perdit immédiatement tout soutien.3
La chute de Suharto
Le jeudi 21 mai 1998, Suharto, le président indonésien, annonçait sa démission après 32 ans de règne.
Deux mois plus tôt, Suharto avait été réélu pour la septième fois à la tête de la république par l’Assemblée consultative du Peuple, dont la moitié des délégués, il est vrai, étaient désignés par Suharto lui-même.
Au cours des deux mois qui ont séparé ces deux événements, le vieux dictateur de 77 ans a été lâché par tous.
Le Parlement, pourtant complètement dominé par le parti gouvernemental, le Golkar, l’a menacé de destitution s’il ne démissionnait pas ; le président du Golkar lui a demandé de se retirer, de même que les représentants des deux autres partis autorisés qui, deux mois auparavant, l’avaient désigné comme seul candidat à sa propre succession ; ses ministres l’ont abandonné et plus important que tout le reste l’armée elle-même a ouvert la porte du Parlement aux étudiants qui réclamaient la démission du président ; enfin il a été lâché par les USA qui le soutenaient depuis 32 ans, puisque le 20 mai, Madeleine Albright, Secrétaire d’État du gouvernement américain, exhortait Suharto à « démissionner pour préserver son héritage ». Celui-ci obtempérait dans les heures suivantes.
Tout s’est donc passé très vite. Pourtant cela faisait déjà bien longtemps que l’usure du régime se faisait sentir. Non seulement parce que Suharto était âgé et malade et qu’il fallait songer à un après-Suharto. Mais aussi parce que le mécontentement grandissait alors que le degré de corruption et de népotisme du régime s’était fortement accentué et que Suharto recherchait de plus en plus le soutien des musulmans les plus favorables à la constitution d’un État islamiste, suscitant l’inquiétude croissante de toute une partie de la petite bourgeoisie et même de l’armée.
Tant que le « miracle économique » indonésien se poursuivait au rythme d’une croissance de quelque 7 % par an, les mécontentements n’étaient que larvés (malgré quelques explosions de colère éparses) dans les couches qui en bénéficiaient.
Mais, depuis l’automne 1997, les coups de boutoir de la spéculation financière en Asie du Sud-Est ont conduit à l’effondrement des économies dont ils ont révélé la fragilité. Celui qu’on appelait « le père du développement », et dont la dictature était acceptée par la bourgeoisie et la petite bourgeoisie tant qu’elle leur apportait une certaine prospérité, leur devint soudain insupportable. Les manifestations étudiantes incessantes depuis février 1998 illustrèrent ce changement d’état d’esprit. Plus grave encore, les classes populaires étaient, elles, réduites à une misère terrible par la hausse des prix et le chômage : le danger d’une explosion sociale devenait chaque jour plus présent.
La contestation étudiante, en se prolongeant et se radicalisant, réclamant la démission de Suharto et la fin de la hausse des prix, ouvrait une brèche dans laquelle la colère populaire, autrement plus dangereuse, pouvait s’engouffrer. Et de fait, après les hausses de prix de début mai, non seulement le mouvement étudiant redoubla, mais des émeutes secouèrent les quartiers commerçants des grandes villes et en particulier de la capitale, précipitant la chute du régime.
Les émeutiers ne se contentèrent pas de tourner leur colère contre les commerces chinois mais s’en prirent aux entreprises de la famille Suharto et aux symboles de la richesse des plus privilégiés. Le ministère de l’Aide sociale de la fille de Suharto fut mis à sac, les voitures fabriquées par les fils du dictateur brûlées, les agences de la principale banque du pays, la BCA, possédée en commun par deux enfants de Suharto et le grand homme d’affaires chinois, Liem Sioe Liong, furent mises à sac et la demeure de ce dernier réduite en cendres. Il y eut un millier de morts en une semaine et la crainte d’un soulèvement populaire d’une plus grande ampleur, partagée par tous les possédants et tous les notables, amena ceux-ci à lâcher rapidement Suharto en espérant que cela ramènerait le calme.
Une semaine après, Suharto, pressé de toutes parts, annonçait sa démission. Face à la menace d’un soulèvement populaire, la chute fut rapide ! Son départ fut négocié avec l’armée : le vice-président désigné par Suharto, Jusuf Habibie, un pilier du régime, a pris le relais.
À partir du moment où le vieux dictateur n’était plus capable de maintenir l’ordre et constituait au contraire un catalyseur pour le mécontentement populaire, les USA, qui l’avaient soutenu pendant 32 ans, parce qu’il avait réussi en son temps à briser un mouvement populaire dans le sang et à ramener l’Indonésie dans le giron de l’impérialisme, souhaitaient maintenant s’en débarrasser, comme tous les gouvernements du monde occidental et du Sud-Est asiatique, pour tenter ainsi de ramener le calme et de préserver l’essentiel de leurs intérêts. D’autant que la situation dans toute cette région du monde était explosive depuis l’effondrement économique et qu’elle pouvait être touchée par la contagion si un soulèvement populaire se développait en Indonésie même.
L’influence de l’impérialisme sur le régime de cet immense pays indépendant a manifestement été décisive dès lors que le régime avait perdu tout soutien intérieur.4
36 ans après le putsch de Suharto, les USA reconnus complices des assassins
Des documents d'État, publiés en 2003 par une université américaine ont révélé que les autorités indonésiennes se sont servies de listes établies par l'ambassade américaine à Jakarta lors des massacres qui suivirent le putsch de Suharto en 1965. Ils ont montré également que les assassins, qui firent entre 500 000 et un million de victimes, principalement parmi les membres et les sympathisants du Parti Communiste Indonésien, ont été financés directement par le budget américain.5
Ne nous trompons pas, ce massacre génocidaire, cet holocauste des communistes et plus largement la répression de toutes forces progressistes doivent être considérés comme le vrai visage de ce qu’est le capitalisme. Nous avons vu le soutien sans faille apporté par les puissances occidentales, ces puissances dites du monde libre trépignant de joie devant un massacre qu’elles appuient. Le régime de Suharto, les massacres, la répression sont directement l’enfant du capitalisme. Face à une Indonésie fermant de plus ses portes au capitalisme, une classe des travailleurs contestant sérieusement l’oligarchie et les impérialismes capitalistes, les forces capitalistes ont agi comme elles agissent toujours dans ces cas là.
Dès novembre 1967 d’ailleurs, les pays occidentaux récoltent les fruits juteux du régime qu’ils viennent de contribuer à installer. Ce pays extrêmement riche en ressources naturelles est mis en coupe réglée lors d’une conférence à Genève. General Motors, Imperial Chemical Industries, British Leyland, British-American Tobacco, American Express, Siemens, Goodyear, the International Paper Corporation, US Steel... sont représentées. Il faut dire que l’Indonésie offre désormais outre ses ressources, une main d’œuvre taillable à merci puisque privée de tous moyens de contestation par une répression féroce. Dès le coup d’état une loi est votée dispensant pendant 5 ans les entreprises bénéficiaires de ce pillage organisé de tous impôts. L’économie du pays est directement mise dans les mains des Chicago Boys, à travers le FMI et à la Banque Mondiale et son Inter-Governmental Group on Indonesia (IGGI), dont les principaux membres étaient les États-Unis, le Canada, l’Europe et l’Australie. Un décret interdit le communisme. Et cela fait des décennies qu‘écrire les simples mots « classe ouvrière » peut conduire à 12 ans de prison pour « propagande communiste ».
La classe capitaliste occidentale a su d’ailleurs défendre avec constance la dictature de l’Ordre Nouveau, telle un de ses portes paroles les plus émérites Margaret Thatcher déclarant au sujet de Suharto :
« One of our very best and most valuable friends » ( Un de nos tous meilleurs et précieux amis)
Quelques années plus tard, le Chili d’Allende connaîtra lui aussi une intervention semblable. Naomi Klein dans son livre Thérapie du Choc a d’ailleurs fort bien documenté les similitudes de ces interventions des impérialismes occidentaux, ou la violence et l’institution de régimes fascistes participent directement à l’écrasement total et complet pour des décennies des forces progressistes pouvant s’opposer au vol des richesses des travailleurs par l’oligarchie capitaliste.
Avec la crise des pays asiatiques, le pouvoir de Suharto tombe en 1998. Il quitte le pouvoir après s’être considérablement enrichi. Il ne sera jamais jugé. Le pouvoir qui lui succède, ne reconnaît toujours pas les massacres. Si une commission d’enquête a été constituée, elle est suspendue par la cour suprême, les forces du régime de Suharto continuant à tenir une place prééminente au pouvoir. Aucun des crimes de cette époque ni des crimes commis durant la période de l’Ordre Nouveau n’ont été punis. Pire, la célébration de ces massacres n’a pas cessé. Les forces réactionnaires – islamistes et militaires – continuent à peser de tout leur poids pour continuer la répression anticommuniste.
Le documentaire de Joshua Oppenheimer The Act of Killing montre cela d’une façon particulièrement implacable. Ce film, le premier à avoir pu être tourné en Indonésie sur le sujet, n’a pu l’être que sous la forme du making of d’un film célébrant en héros des tueurs lors de ce génocide. Encensé par la critique, ce documentaire a reçu de nombreux prix. Il n’a pourtant été diffusé en France que dans quelques salles d’art et essai. Pluralisme et liberté d’expression, défense des droits de l’homme sont, il est vrai, des valeurs essentielles de nos « démocraties » capitalistes...
Dans les années 1980, Hollywood tourna un film avec Mel Gibson accréditant la version officielle de Suharto que le 30 septembre 1965 était un coup d’État communiste. Sélectionné à Cannes, le film rapporte plus de 10 millions de dollars au box office américain (0,2 pour The Act of Killing...).
Au-delà de l’horreur et de l’ampleur de ces massacres et de la répression continue qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours, au-delà de la revendication que nous devons tous avoir que justice soit rendue à ces innombrables victimes, que la répressions cesse, alors qu’un anticommunisme toujours aussi féroce instillant comme en Indonésie dans les esprits que communisme = totalitarisme et que capitalisme = droit de l’homme, en ces jours anniversaires de ces horribles événements – qui n’en doutons pas ne donneront lieu à aucune commémoration d’aucune sorte dans nos médias « libres » généreusement financés par des mécènes tels que Bolloré, Dassaut, Lagardère et autre Bouygues autre qu’un entre filet sur la consécration de Miss France comme 2e dauphine de Miss Univers à Bali – la mémoire de ces dernières décennies tragiques en Indonésie fait éclater auprès de chaque citoyen le mensonge de ce raccourci, et voler en éclat le terrorisme de la pensée posant le camps de l’Ouest comme celui de la liberté alors que celui de l’Est serait celui des 100 millions de morts.
Oui le capitalisme rien que dans la seconde moitié du XXe siècle, c’est plusieurs génocides et boucheries sur boucheries. Brecht disait « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Vingt ans après le procès de Nuremberg, tout en écrasant le Vietnam sous une pluie de napalm, le capitalisme récidive en Indonésie, soutient le génocide cambodgien de son protégé Pol Pot, écrase l’Amérique latine sous ses escadrons de la mort, alimente les génocides africains de la région des grands lacs....
Si les idées dominantes sont celles de la classe dominante, l’histoire dominante est également celle de la classe dominante. Au moment où le capitalisme remondialisé est à nouveau secoué par une de ses violentes crises systémiques, à l’heure où les peuples sont à la recherche d’alternatives sachons nous souvenir que le capitalisme conduit implacablement au fascisme et à la barbarie.6
La crise de 1997-1998 en Indonésie et ses suites
À partir des années 1980, et surtout dans la première moitié des années 1990, la Banque mondiale et le FMI ont obtenu du gouvernement indonésien qu’il libère les entrées et sorties de capitaux. Cela a finalement mis l’Indonésie (à l’instar des Philippines, de la Thaïlande, de la Malaisie et de la Corée du Sud) à la merci de la spéculation internationale.
Dans le rapport annuel du FMI pour l’année 1997, on peut lire les compliments qu’il décerne aux autorités indonésiennes : « Les administrateurs ont félicité les autorités pour les résultats économiques de l’Indonésie au cours des dernières années, en particulier la réduction appréciable de la pauvreté et l’amélioration de nombreux indicateurs sociaux (…). » Plus loin, les administrateurs du FMI complimentent les autorités indonésiennes pour « l’importance accordée au maintien de la libre circulation des capitaux » alors que, un peu avant, ils en notaient eux-mêmes les dangers : « de fortes entrées de capitaux ont posé d’importants défis pour les pouvoirs publics ». Ils poursuivent leur analyse en exprimant des louanges aux autorités, laissant entendre que celles-ci sont à même de maîtriser la situation : « La souplesse avec laquelle les autorités ont adapté le dosage des mesures économiques en fonction de l’évolution de la situation a été l’un des ingrédients de leur réussite et demeurera un atout essentiel pour relever ces défis ».
En 1997, une gigantesque crise économique et financière survient en Asie du Sud-Est. Initiée en Thaïlande dès février 1997, elle s’étend, à partir de juillet 1997, à la Malaisie, à l’Indonésie et aux Philippines. Ces quatre pays, cités auparavant par le FMI, la Banque mondiale et les banques privées comme des modèles à suivre en raison de leur grand degré d’ouverture au marché mondial, de leur faible taux d’inflation et de leur taux de croissance élevé, sont incapables de résister aux attaques des spéculateurs. Entre le 2 juillet 1997 et le 8 janvier 1998, la roupie indonésienne se déprécie de 229 % par rapport au dollar US.
Après avoir été encensées par la Banque mondiale et le FMI notamment, les autorités indonésiennes sont durement critiquées pour avoir laissé trop de pouvoir aux mains de l’État ; un État qui, par ailleurs, aurait accepté à tort que les institutions financières et industrielles privées s’endettent démesurément et spéculent.
La crise du sud-est asiatique de 1997 frappe durement l’Indonésie. En l’espace de moins d’un an, les capitaux étrangers se retirent du pays. Un chômage de masse se développe. Fin 1998, selon les données du gouvernement, 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, estimé en Indonésie à 0,55$ par jour pour les villes et 0,40$ pour les campagnes.
Le FMI impose ses mesures de « choc » pour résoudre la crise de 1997. Elles aggravent la situation notamment en provoquant la faillite d’une grande partie du secteur bancaire et de nombreux entrepreneurs. Le FMI et la Banque mondiale poussent le gouvernement à transformer la dette privée des banques en dette publique. La dette publique indonésienne qui représentait 23 % du produit national brut (PNB) avant la crise (1997) explose littéralement en conséquence des politiques imposées par le FMI et la BM. En effet, en 2000, la dette publique s’élève à 93 % du PNB.
De leur côté, les salaires réels plongent : alors qu’ils avaient connu une augmentation de 46 % entre 1990 et 1996, ils perdent 25,1% de leur valeur en 1998.
La population qui a subi de plein fouet l’effet de ces mesures commence à protester vigoureusement. Le 5 mai 1998, dans le cadre des accords signés avec le FMI, Suharto élimine les subventions sur les produits de base de sorte que le prix du kérosène, de l’électricité et de l’essence augmente de 70 %. Cela amplifie l’immense mobilisation populaire qui avait débuté plusieurs mois auparavant. Quinze jours plus tard, lâché par Washington et dénoncé par le peuple, Suharto doit se retirer du pouvoir après 32 ans de régime dictatorial.
La plus grosse part du budget de l’État est consacrée au remboursement de la dette. En 1999 et 2000, 50 % et 40 % respectivement ont été consacrés au service de la dette. En 2004, le chiffre est proche de 28 %. Selon les projections du Ministre indonésien des Finances, le remboursement de la dette publique externe a encore augmenté en 2006 et a atteint un pic en 2008 pour se maintenir à un niveau élevé ensuite.
Après le drame provoqué par le tsunami qui a entraîné la mort de 150 000 personnes dans la province indonésienne de Aceh, la Banque mondiale et les gouvernements des pays créanciers avaient affirmé qu’ils feraient preuve de générosité. La réalité est bien différente : l’aide très médiatisée au début a été fournie de manière chaotique et de façon éphémère. Alors qu’on feint d’offrir des moyens financiers pour la reconstruction, les créanciers regroupés dans le Club de Paris (qui dirigent par ailleurs la Banque mondiale et le FMI) ont décidé de prélever des intérêts de retard sur la partie du service de la dette qui n’est pas versée en 2005. Le moratoire accordé par le Club de Paris n’est donc qu’un simulacre de générosité, puisque les États qui l’acceptent feront payer leurs populations jusqu’au dernier centime. Le gouvernement indonésien, sous pression des créanciers, a imposé une forte augmentation (+29 %) du prix du combustible le 1er mars 2005, ce qui a provoqué un profond mécontentement populaire. Le revenu fiscal qui résulte de cette hausse a été destiné principalement à combler le déficit budgétaire et à rembourser la dette.
En ce qui concerne le développement humain, de nombreux indicateurs sont particulièrement inquiétants :
Part de la population vivant avec moins de 2$ par jour | 52,4 % |
Espérance de vie à la naissance | 66,6 ans |
Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans | 45 pour mille |
Part des accouchements assistés par un personnel qualifié | 64 % |
Part de la population souffrant de malnutrition | 6 % |
Part de la population privée d’accès à un point d’eau aménagé | 22 % |
Taux net de scolarisation dans le primaire | 92 % |
Enfants atteignant la 5e année d’école (% élèves de 1ère année) | 89 % |
Taux d’alphabétisation des adultes (de plus de 15 ans) | 87,9 % |
Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2004
La Banque mondiale et le FMI en Indonésie : une intervention emblématique
Le peuple indonésien s’est vu ravir, avec le coup d’État militaire de 1965, la possibilité de déterminer lui-même son avenir. Pourtant l’Indonésie, avec la conférence de Bandoeng de 1955, avait commencé à s’affirmer sur la scène internationale. C’est la menace de voir un des pays les plus peuplés de la planète jouer un rôle clé dans la mise en place d’un nouvel ordre mondial qui a amené les États-Unis et les institutions de Bretton Woods à soutenir activement la dictature de Suharto.
Les choix de la Banque mondiale et du FMI ont été déterminés par des facteurs politiques et géostratégiques. Leur soutien financier a permis à Suharto de mener à bien des politiques contraires aux droits humains. Suharto servait les intérêts des grandes puissances occidentales dans la région et il permettait aux sociétés transnationales des pays industrialisés de puiser sans retenue dans les ressources naturelles du pays. La Banque mondiale et le FMI ont été des complices actifs de ces politiques. La classe dominante locale a soutenu Suharto et n’a pas cherché à investir dans le développement du pays. Elle a préféré se faire complice de la déprédation des ressources naturelles du pays par les transnationales.
À partir de la crise de 1997, les mesures imposées par le FMI et la Banque mondiale ont aggravé la situation économique et provoqué une forte augmentation de la dette publique interne et externe. Le bilan historique de l’intervention du FMI et de la Banque mondiale en Indonésie est un désastre. En conséquence, les créances qu’ils détiennent sur ce pays devraient être annulées entièrement. De plus, la Banque mondiale et le FMI devraient rendre des comptes devant la justice pour leur complicité avec le régime de Suharto et pour des projets comme celui de transmigration qui constituent à plusieurs égards un crime contre l’humanité.
Les dettes bilatérales sont en possession de pays qui ont soutenu directement la dictature de Suharto, elles doivent être également annulées tout comme celles dues à des entreprises privées étrangères qui ont participé à la corruption du régime indonésien, au pillage des ressources naturelles et à l’exploitation des travailleurs.
Le bilan financier de l’endettement de l’Indonésie est entièrement négatif à l’aune du développement humain.
Entre 1970 et 2003, l’Indonésie a reçu 139 milliards de dollars US sous forme de prêts destinés aux pouvoirs publics et elle en a remboursé 164, soit beaucoup plus. Et pourtant, la dette publique externe de l’Indonésie a été multipliée par 20. Entre 1970 et 2003, le total des remboursements de la dette représente 46 fois le montant du stock de dette de départ. Depuis 1985, chaque année l’Indonésie a remboursé plus que ce qu’elle ne recevait sous la forme de prêts. C’est la preuve irréfutable que le système d’endettement est un mécanisme fatal de pompage des richesses du pays.7
La construction démocratique après la chute de Suharto
En août 1999 se tient au Timor oriental un référendum proposant à la population du territoire une autonomie régionale dans le cadre d'un maintien dans la République d'Indonésie. Près de 80 % des votes refusent la proposition. Après 25 ans d'occupation militaire par l'Indonésie qui fut marquée par la condamnation par la communauté internationale de la répression brutale qui y sévissait, les Timorais de l'Est expriment leur souhait d'un détachement de l'Indonésie. Cette même année se tiennent les premières élections démocratiques d'Indonésie depuis 1955. Celles-ci voient la victoire d'Abdurrahman Wahid, destitué en 2001. Sa vice-présidente, Megawati Soekarnoputri, la fille de Sukarno, est élue présidente.
Depuis 2000, l'Indonésie fait face à une vague d'attentats terroristes islamistes dont l'attentat du Jakarta Stock Exchange en 2000 et l'attentat de Bali en 2002. En 2004, grâce à un amendement de la constitution, se tient la première élection présidentielle au suffrage direct. Susilo Bambang Yudhoyono est élu président.
Élections législatives et présidentielle (2014)
C’est la quatrième fois qu’ont lieu des élections depuis la fin de la dictature de Suharto en 1998. Depuis 15 ans, de gros changements sont intervenus ; un processus de réformes démocratiques a eu lieu et il est toujours en cours. Mais la vie économique et les élections restent entachées de corruption. Les médias restent contrôlés par des candidats ou des proches des principaux partis. Si les militaires ne sont plus au premier plan à diriger les entreprises d’État et à influencer directement la vie politique, ils sont représentés au sein des différents partis en présence.
Quels résultats pour les élections législatives ?
Ce sont des élections à grande échelle : plus de 186 millions d’électeurs répartis sur plus de 17 000 îles parlant 735 langues, 235 000 candidats. Les élections législatives ont eu lieu le 9 avril 2014. La participation aurait été de plus de 70 %. Les résultats des votes ont été publiés à la mi-mai. Ce sont 560 sièges qui ont été attribués à la Chambre des Députés (DPR) ainsi que ceux des Conseils Législatifs locaux (DPRDs).
Douze partis se sont présentés à l’échelle nationale et trois à l’échelle régionale, notamment dans la province d’Aceh. Certains de ces partis sont musulmans et sont fondés sur des bases religieuses, alors que d’autres veulent se présenter d’abord comme des partis nationalistes avant d’être religieux. Il faut rappeler que si la population indonésienne est en majorité musulmane, la majorité religieuse dans certaines îles peut ne pas l’être. Les principes de fondation de l’Indonésie (Pancasila) permettaient, entre autres, la liberté religieuse, même si la dictature leur a donné d’autres significations.
Concernant les résultats globaux, le Parti démocrate de l’actuel président Susilo Bambang Yudhoyono a pâti des affaires récentes de corruption. Gerindra, le parti d’un ancien chef des forces armées, a augmenté son score et son influence. Le PDI-P, parti de Megawati Sukarnoputri, la fille de Sukarno, est redevenu un parti important électoralement, mais sans atteindre le seuil électoral lui permettant de se présenter à la présidentielle seul.
Les principaux partis de la bourgeoisie indonésienne se sont partagé les sièges. C’est le Parti démocratique indonésien de la lutte (PDI-P), qui a remporté 18,95% des voix avec 109 sièges, suivi du Golkar, l’ancien parti de Suharto pour 14,75% des voix et 91 sièges, suivi du Parti du Grand Mouvement indonésien (Gerindra) avec 11,81% et 7 sièges. Viennent ensuite le Parti démocrate (PD), de l’actuel président indonésien, trois partis musulmans : le Parti de l’Eveil national (PKB), fondé par Gus Dur, premier président après la dictature et partisan d’un islam modéré, le Parti du Mandat national (PAN) d’Amien Rias, défenseur des réformes de 1998 et le Parti de la Justice et de la Prospérité (PKS), les Sociaux-Démocrates (NASDEM), le Parti du Développement unifié (PPP), le Parti de la Conscience du Peuple (Hanura), fondé par Wiranto, ancien commandant en chef de la police et le Parti de l’Etoile montante (PBB), un parti islamiste modéré soutenu par le PRD en 2009.
La campagne électorale des législatives a souffert comme d’habitude de corruption : distribution d’argent, d’alcool, offre de motos à des agents électoraux. Plus de 870 plaintes ont été déposées pour fraude électorale. Certains candidats ont fait appel à des prêcheurs, des chanteurs de dangdut. Des médias appartiennent à des candidats qui ont leur propre télévision. Certains sont candidats aux législatives pour faire prospérer leur propre business et certains hommes politiques se sont retrouvés devant la justice pour rendre compte d’affaires de pots de vin, notamment le porte-parole du parti du président. Encore récemment, c’est le ministère des Affaires religieuses, du PPP, qui est accusé d’avoir détourné des fonds des pèlerins de la Mecque.8
Résultat de l'élection présidentielle
Le 22 juillet 2014, Joko Widodo a été officiellement déclaré vainqueur de l'élection présidentielle de 2014 comme successeur de Susilo Bambang Yudhoyono à la présidence de la République, face à Prabowo Subianto, ex-commandant du Kopassus (les forces spéciales de l'armée de terre indonésienne) et ex-gendre de l'ancien dictateur Suharto. Il est investi le 20 octobre 2014.9
Une grève nationale pour finir 2014
L'Indonésie a connu une fin d'année 2014 agitée, sous le signe de la lutte, ponctuée par une grève nationale massive le 10 décembre. Un million de travailleurs ont répondu à l'appel des syndicats KSPI, KSBSI et KSPSI.
À Djakarta, la capitale, 50 000 personnes ont défilé en direction du Palais présidentiel pour exprimer leur colère, après des manifestations qui avaient déjà rassemblé plusieurs milliers de travailleurs à la fin du mois de novembre.
La période de grâce du président normal Joko Widodo est terminée. Lui qui est présenté en Occident comme amateur de hard-rock, préférait en Indonésie se revendiquer fils du peuple, champion de la transparence, le candidat de l'Indonésie de la rue.
Une hausse de 30 % du prix de l'énergie pour satisfaire les marchés
L'Indonésie ordinaire va payer cher son soutien. Pour satisfaire les marchés, il a annoncé des coupes drastiques dans les subventions sur l'énergie, ce qui allait augmenter le prix de l'essence de 30 %, soit le litre à 0,55 €. Dans un pays où 50 % de la population vit avec moins de 2 € par jour.
C'était une deuxième déception pour les syndicats de travailleurs. La première, c'était la faiblesse de la hausse du salaire minimum promise pour 2015, en particulier à Djakarta, dans un pays où le salaire minimum est fixé à l'échelle des provinces.
Le gouverneur de Djakarta a ainsi accordé une hausse du salaire minimum de 10 %, pour atteindre les 182 € par mois. Les syndicats exigeaient une hausse comprise entre 22,5 et 30 %, pour dépasser la barre des 200 € par mois.
Le SMIC à 200 € : l'objectif des travailleurs indonésiens
Souffrant pourtant du coût de la vie le plus élevé, les habitants de la capitale indonésienne sont loin de bénéficier du salaire minimum le plus avantageux. À Bekasi, la ville de l'automobile, les travailleurs ont obtenu une hausse du salaire minimum à plus de 200 € par mois. Un exemple.
L'inflation officielle pour l'année 2013 en Indonésie est de 8 %. Mais l'Indice pour une vie décente, élaboré par l'Institut de Statistique central, est sous le feu des syndicats. Il sous-estime grandement le coût de la vie réel des Indonésiens, en particulier des travailleurs de Djakarta.
Certains indicateurs frisent le grotesque. L'Institut de statistique considère qu'un Djakartais peut vivre décemment en dépensant 0,5 € par mois d'eau (pour boire, se laver, sans compter la vaisselle !), 3 € de viande pour une consommation de moins de 100 g (!) et 0,10 € pour les loisirs.
Comme le soulignent les critiques, une estimation prudente des simples dépenses en eau montre qu'elle avoisine les 8,5 € par mois – 12 fois le chiffre officiel – tandis qu'il est nécessaire de la faire bouillir, ce qui implique des dépenses en énergie, pour la rendre potable.
Par ailleurs, les syndicats demandent que soient incorporés 24 nouveaux domaines vitaux pour les Indonésiens, à ajouter aux 60 déjà intégrés.
Vers une Sécurité sociale universelle en Indonésie ?
Toutefois, les syndicats comptent exploiter la nouvelle conjoncture politique dans un pays qui a subi des décennies de dictature terroriste guidée par la politique de la « main d’œuvre bon marché » et la théorie des « masses flottantes », qu'il conviendrait de décourager de toute action collective.
Ainsi, une nouvelle Réforme des retraites devait être mise en place en juillet 2015, qui devait accorder à 44 millions de travailleurs le droit à une retraite. Cependant, le flou le plus total existait sur la mise en œuvre concrète de la réforme.
La loi existe, font remarquer les syndicats, mais le décret d'application attend toujours.
De la même manière, le gouvernement promet une couverture médicale pour tous les Indonésiens. Une problématique qui pose moins de problèmes idéologiques qu'aux États-Unis mais qui rencontrent encore de nombreux problèmes pratiques.
Ce système de couverture maladie devait s'appliquer à tous, mais 110 millions d'Indonésiens n'ont encore aucune couverture. Les syndicats demandaient la couverture universelle d'ici 2015, la presse économique parle de l'horizon 2019.
C'est trop peu, trop lent dans un pays qui est désormais la 16 ème puissance mondiale mais près de la moitié de la population vit avec moins de 2 $ par jour. Mais les luttes qui ne cessent de se développer laissent des perspectives d'espoir pour le peuple indonésien.10
L'élection présidentielle de 2019
Le président sortant, Joko Widodo, l’a emporté lors des élections générales du 17 avril, face à son rival Prabowo Subianto au passé militaire sulfureux. Une victoire de la démocratie ? Pas si simple…
Pour la présidentielle, Joko Widodo, dit Jokowi, a obtenu environ 55 % des voix, contre 45 % à Prabowo Subianto, qui contestait sans convaincre ces chiffres et dénonçait une « fraude organisée » par le pouvoir. Cependant, le scrutin concernait aussi la Chambre des députés, le Sénat, des gouvernorats provinciaux et des conseils municipaux – soit environ 20 000 mandats et 245 000 candidats. Des chiffres à la mesure de cet immense archipel asiatique de 4 800 km de long, séparant l’océan Indien du Pacifique jusqu’aux abords de l’Australie.
Pressions des intégristes islamiques
À s’en tenir à la présidentielle, le profil des candidats semblait incarner deux options clairement opposées. Jokowi, 57 ans, ne faisait pas partie de l’establishment traditionnel avant d’être élu une première fois en 2014 ; il s’est présenté comme un technocrate libéral et efficace, prônant la tolérance.
Prabowo, 67 ans, ancien général, multimillionnaire, incarnait la classe politico-militaire issue de la dictature Suharto, établie en 1965-1966 sur le plus grand massacre anticommuniste du siècle passé (dictature renversée en 1998) ; il a dirigé des unités militaires qui ont commis de nombreux crimes et avait le soutien des milieux islamo-conservateurs les plus intolérants. Il est, indubitablement, un salopard.
Cependant, dans la quête des votes populaires, Prabowo a passé des accords avec certains syndicats sur un programme « social », et a cherché à séduire la paysannerie dont une partie a vu son revenu rogné par l’inflation. Quant à Jokowi, lors de son premier mandat, il s’est attaché l’ancien chef des services secrets indonésiens, ainsi que le général Wiranto, placé en 2016 à la tête du ministère contrôlant les services de sécurité… alors qu’il avait été inculpé de crimes contre l’humanité par un tribunal parrainé par l’ONU !
Par ailleurs, Jokowi a choisi pour vice-président, cette fois-ci, un ouléma (théologien) très conservateur, Ma’ruf Amin (76 ans) qui fut l’un des responsables d’une violente campagne de masse, sectaire et raciste, accusant de blasphème Ahok, l’ancien gouverneur de la capitale Djakarta, un chinois chrétien. Il est possible que Joko Widodo ait une fois encore obtenu un appui électoral des classes populaires, des musulmans non conservateurs et des minorités. Néanmoins, dans les faits, les libertés ne cessent de se restreindre en Indonésie sous la pression, notamment, des courants islamistes rigoristes.
Accents nationalistes
L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde, et la grande majorité des musulmanEs vivent en Asie. Cependant, les centres d’autorité politico-théologiques se trouvent au Moyen-Orient. Avec l’aide décisive des pétrodollars, ils cherchent à imposer aux cultures locales leur version de l’orthodoxie, comme le wahhabisme d’Arabie saoudite. L’islam indonésien traditionnel est syncrétique, incorporant des croyances locales, tolérant sur le plan religieux (pas nécessairement sur le plan politique !).
Les mouvements islamistes mènent pour leur part une offensive constante contre les religions minoritaires, les homosexuelEs, les femmes, la liberté d’expression et de comportement. La situation varie suivant les lieux, mais, de façon croissante, les pouvoirs administratifs cèdent aux exigences de mouvements intolérants qui veulent faire disparaître de l’espace public tout ce qui n’est pas « musulman » (dans leur définition sectaire du terme).
Jokowi s’est révélé incapable de contrer la montée en puissance de la dictature quotidienne exercée par les mouvements religieux sectaires. Sur le plan économique, il s’est donné pour priorité le développement des infrastructures dans ce gigantesque archipel – mais au profit de qui ? Est-ce vraiment les populations locales qui en bénéficient avant tout, ou les grandes entreprises qui accèdent plus aisément aux marchés et aux ressources ?
Jokowi et Prabowo étaient d’accord pour ouvrir massivement le pays aux plantations de palmiers à huile au détriment des populations rurales et au prix d’une déforestation rapide. Le coût social, environnemental et sanitaire de cette culture industrielle est bien connu, au point que le sujet est devenu un sujet de polémique entre Djakarta et l’Union européenne : la campagne électorale a été menée sous des accents nationalistes contre l’ingérence étrangère. Après la Malaisie, l’expansion mondiale du palmier à huile passe par l’Indonésie (et certaines régions en Afrique).
La victoire de Prabowo à la présidentielle aurait été une très mauvaise nouvelle – mais celle de Jokowi n’est pas bonne pour autant. 11
Séisme et tsunami de 2004 dans l'océan Indien
Le séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien s'est produit au large de l'île indonésienne de Sumatra avec une magnitude de 9,1 a 9,3. L'épicentre se situe à la frontière des plaques tectoniques eurasienne et indo-australienne. Ce tremblement de terre a la quatrième magnitude la plus puissante jamais enregistrée dans le monde. Il a soulevé jusqu'à 6 mètres de hauteur une bande de plancher océanique longue de 1 600 kilomètres.
Le tremblement de terre a provoqué vingt minutes plus tard un tsunami allant jusqu'à plus de 30 mètres de hauteur qui a frappé l'Indonésie, les côtes du Sri Lanka et du sud de l'Inde, ainsi que l'ouest de la Thaïlande. Le bilan en pertes humaines est de 227 898 morts selon le United States Geological Survey (entre 216 000 et 232 000 morts selon les différentes évaluations). Sur le plan des pertes humaines, c'est l'un des dix séismes les plus meurtriers et le plus grave tsunami de l'histoire. Il a fait des victimes sur l'ensemble du pourtour de l'océan Indien. La même région a été affectée par un nouveau tremblement de terre le 28 mars 2005.
L'épicentre du séisme
Aceh en Indonésie a été le plus près de l'épicentre du tremblement de terre du 26 décembre 2004.
Le ministre de la Santé indonésien a confirmé l'estimation temporaire de 166 320 morts (le 19 janvier 2005). 9 000 personnes seraient mortes dans la capitale de province Banda Aceh, sur l'île de Sumatra, et ses villes alentour, où les immeubles détruits par le séisme initial se comptent par douzaines. Ce chiffre n'inclut pas les victimes de la côte ouest de Sumatra. Un premier rapport officiel a estimé à 10 000 le nombre de morts pour la seule ville de Meulaboh (Nanggroe Aceh Darussalam), à 160 kilomètres au nord, a réévalué le chiffre à 40 000, soit un tiers de la population de la ville. Le nord de Sumatra a été particulièrement touché, car le séisme y avait déjà fait des dégâts importants. Des centaines de milliers de personnes y sont sans abri.
Thaïlande
Lorsque le tsunami a frappé les cotes de la Thaïlande, en décembre 2004, les dégâts furent colossaux, que ce soit au niveau matériel ou humain. Près de 400 villages furent rayés de la carte, plus de 3 000 maisons furent démolies et 2 000 endommagés. La Thaïlande a été le deuxième pays le plus touché financièrement, avec plus de 2,09 milliards de dollars américains de perte. Il y a eu 5 395 morts, 2 845 disparus et 8 457 blessés. Les impacts du tsunami en Thaïlande ne furent pas totalement les mêmes que dans les autres pays touchés, il y a beaucoup de similitudes mais quelques différences sont à soulever. La première grande différence se situe au niveau des victimes. Les zones touchées par la vague étaient des zones très touristiques et où il y avait donc de nombreux ressortissants étrangers. Le pourcentage de victimes étrangères sur le nombre total de victime s’élève à 7-10 %. Ces touristes n’ayant pas leur famille sur place pour les identifier, un grand nombre de personne n’ont malheureusement pas pu être reconnues. Une autre spécificité thaïlandaise est l’intervention du gouvernement. À cause du manque de moyens de prévention, il ne put presque rien mettre en action avant que la vague ne touche la côte. Après le séisme, le gouvernement a mis en place des politiques de reconstructions et de préventions (zones tampons, …). Des exonérations d’impôts ainsi que des réadaptations professionnelles ont également été mises en place afin d’aider les personnes se retrouvant sans emploi. Un des points faibles du gouvernement fût son manque de visibilité quant aux déplacements de masse de la population fuyant les zones côtières. Il y eut un important manque de coordination, entraînant des erreurs et des retards. Ceci fut accentué par le fait qu’il y avait des concurrences organisationnelles au lieu d’une cohésion au sein du gouvernement. Les multinationales ont également jouées un rôle dans tout cela en influençant les politiques internes afin de pouvoir étendre leurs projets.
Le tsunami eut également un impact important sur l’économie du pays. Beaucoup d’emplois furent perdus, entraînant une baisse de la production ainsi que du PIB car les zones les plus touchées furent celles des activités productrices. Les reconstructions ont coûté très cher, entraînant une hausse des prix des matières premières. La pêche fut l'un des secteurs les plus touchés. Bon nombre de bateaux ont été détruits et le nombre de victimes parmi les pêcheurs fût élevé car ils travaillaient à proximité des côtes. De plus, beaucoup d’entre eux eurent leurs habitations détruites, perdant par la même occasion leurs papiers et titres. Sans ceux-ci, ils ont été considérés comme squatteurs car ils n’avaient plus rien pour prouver que les terres endommagées étaient les leurs. Cette situation fut exploitée par les multinationales qui en profitèrent pour venir occuper les terrains qu’ils convoitaient depuis longtemps à proximité de l’océan.12
« Suite au tsunami qui a détruit la côte de la péninsule de Kalpitiya et des îles environnantes, certains décideurs et investisseurs ont profité de l'"état de choc” pour pousser des reformes orientées en faveur de marché et des plans pour le développement du tourisme. Ainsi, un quart de la péninsule a été accaparé par des investisseurs locaux et étrangers, des militaires et des institutions gouvernementales pour y édifier des resorts touristiques de luxe. Dans plusieurs cas, les contrats d’acquisition des terres s’étendent jusqu’aux eaux côtières et donnent un droit préférentiel sur la ressource marine aux nouveaux propriétaires. Résultat : plus de 2 500 familles ont été expulsées de leurs terres et se sont vu interdit l’accès aux zones de pêche sous menace de poursuites légales. Kalpitiya compte quelque 65 000 habitants dont 13 000 petits-pêcheurs. Un pêcheur de Sinnanunnakkarei Isle a déclaré : “nous ne sommes pas préparé à quitter notre village pour n’importe quelle raison. Où pourrions-nous aller ? Nous ne pourrons plus pratiquer la pêche si nous étions déplacés à l’intérieur des terres. Nous ne sommes pas prêts pour leurs soi-disant offres. La seul activité qu’on connaît, c’est la pêche et nous avons besoins de rester ici pour pouvoir assurer nos moyens de subsistance”. »13
Le tsunami du 26 décembre 2004 a provoqué la mort de nombreux pêcheurs. L'épicentre du séisme se situait en INDONESIE.
INDONESIE se dit en anglais INDONESIA.
INDONESIA = NOIE D NA IS
Le tsunami a eu lieu un 26 décembre.
26 = Z
NOIE D NA IS+Z = NOIE D NAZIS
Dieu nous fait comprendre qu'il ne pardonne plus aux pêcheurs de voter pour l'extermination d'un enfant toute les 5 secondes, dorénavant, il les NOIE.
Le tsunami a eu lieu en 2004.
Adolf Hitler est né un 20 04 (20 avril).
Dieu insiste pour nous faire comprendre qu'il NOIE DES NAZIS.
Le tsunami a eu lieu le 26 décembre 2004 soit 24 heures après le jour de naissance de Jésus de Nazareth.
24 se prononce 20 4.
Adolf Hitler est né un 20 4.
NAZARET = ARRETE le NAZI
La ville d'ACEH, en Indonésie, a été le point le plus près de l'épicentre du tremblement de terre.
ACEH = 1x3x5x8 = 120
120 = SANS VIN
Dieu change le VIN en EAU.
120 = Adolf Hitler est mort le 120e jour de l'année 1945.
Jésus est mort sur la croix pour pardonner les pêchés des hommes, or actuellement, les hommes commettent un grave pêché en votant majoritairement en faveur d'un système économique qui extermine plus de 10 millions d'êtres humains chaque année, donc Dieu remplace l'Alliance du VIN par celle de l'EAU car désormais, il NOIE DES NAZIS, d'où la référence à l'EAU à travers le tsunami.
Jésus de NAZ ARET = ARRETE de te comporter comme un NAZI.
ACEH se prononce ASSEZ.
Le Pape François a été élu le 13 mars 2013 (13 3 2013).
13 03 13 = AC C AC
A C C A C se prononce ASSEZ C'EST ASSEZ.
20 = VIN
L'Alliance du VIN a laissé le pouvoir politique entre les mains de César alors actuellement, les guerres font rage, le sang n'arrête pas de couler, la Terre est pillée et les pauvres sont exterminés en masse, alors Dieu nous dit « C'est ASSEZ », il remplace désormais l'Alliance du VIN par celle de l'EAU.
La capitale de la province où se situe Aceh s'appelle BANDA ACEH (autrefois Kutaraja, « la forteresse des rois »).
BANDA = 2x1x14x4x1 = 112
112 = SANS 12
12 = L = AILE
112 = SANS AILE
Dieu nous révèle que les pêcheurs seront SANS AILES car ils ne s'envoleront jamais au paradis. La tolérance du christianisme envers les criminels est terminée, nous ne devons plus « tendre la joue » à un ennemi qui extermine un enfant toutes les 5 secondes. Dieu nous demande désormais de combattre cet ennemi et le renverser pour l'empêcher de nuire.
BANDA ACEH = 112x1x3x5x8 = 13440
Le code postal 13440 est celui de la commune de CABANNES dont le maire était Christian CHASSON lorsque j'ai écrit ces lignes.
Avant le tsunami de décembre 2004, les CABANES des pêcheurs gênaient les propriétaires des grands complexes hôteliers qui ont profité de la catastrophe pour CHASSER les pêcheurs de leurs terres.
Dieu nous fait également comprendre qu'en votant pour le système capitaliste, nous CHASSONS une partie des peuples du Tiers Monde de leurs terres. En effet, « depuis quelques années, nous assistons à une course effrénée des investisseurs et gouvernements venus d’Occident pour s’approprier les grandes étendues fertiles des pays moins riches du Sud, notamment africains dans le but de combler les besoins de plus en plus croissants de leur population en produits miniers et alimentaires14. » Des paysans sont alors expropriés et chassés des terres qu'ils cultivaient, sans pouvoir faire valoir leurs droits, et ils n'ont désormais d'autre choix que d'aller grossir les bidonvilles ou, pour une infime minorité, de s'employer sur les nouvelles plantations. Certaines institutions internationales considèrent que le développement des plantations permettrait un accroissement des emplois dans les pays concernés et donc un développement économique favorable aux populations. Dans la réalité, c'est la loi violente du capitalisme qui s'applique. Dans les plantations, des conditions de travail et de vie inhumaines sont imposées aux travailleurs.15
La situation est alarmante. Des informations proviennent sans cesse d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, révélant que les communautés locales sont dépossédées, comme jamais auparavant, de leurs seules sources de nourriture et de la sécurité de leurs moyens de subsistance. Il est courant aujourd’hui d’entendre dire que les petits producteurs produisent la majorité de l’alimentation mondiale. Mais combien d’entre nous se rendent compte qu’ils le font avec moins d’un quart de la surface agricole mondiale, et que cette part, déjà maigre, se réduit comme une peau de chagrin ? Si les petits producteurs continuent à perdre l’essence même de leur existence, le monde perdra tout simplement sa capacité à se nourrir.16
Dieu nous montre ainsi que le capitalisme ravage les peuples du Tiers Monde à l'instar d'un tsunami qui détruit tout sur son passage.
Le séisme de 2004 s'est produit au large de l'île indonésienne de SUMATRA.
SU = 19+21 = 40
Dans la Bible, le Déluge dure 40 jours et 40 nuits.
MATRA = MATAR
« MATAR » signifie « TUER » en espagnol.
Le tsunami de 2004 a tué 250 000 personnes.
Dieu nous révèle qu'il écrit chaque ligne de l'histoire de l'humanité et nous devons comprendre les leçons qu'il nous enseigne.
En 2004, avait lieu le Championnat d'Europe de football au Portugal.
Le Portugal est le premier pays européen à avoir colonisé l'Indonésie par l'intermédiaire de l'explorateur portugais Francisco Serrao. Son voyage en 1512 représente la première percée européenne à l'Est de Malacca, au-delà de l'Indonésie, qui permis aux Portugais de prendre pied sur les îles aux épices des Moluques.17
Lors de la finale du Championnat d'Europe de football en 2004, la Grèce a battu le Portugal 1-0 grâce à un but d'Ángelos Charistéas, qui est né le 9 février 1980 à SERRES.
SERRES = SERRAO
Une SERRE est une structure dans laquelle les plantes vivent grâce à un apport d''EAU et de lumière.
Francisco SERRAO a atteint les Moluques, un archipel de l'Est de l'Indonésie, en 1512.
1512 = LO
LO = L'EAU
L'EAU symbolise les larmes et en 2004, le monde entier a pleuré les victimes du tsunami, les journaux télévisés ont consacré des « pages spéciales » sur cette tragédie, et la planète entière s'est mobilisée pour récolter des fonds afin de venir en aide aux survivants. Nous avons ainsi pleuré la mort de 250 000 personnes, mais pourtant, au même moment, 25 000 enfants par jour mouraient de faim or personne n'a pleuré leur mort, l'EAU n'a coulé sur aucun visage, le monde n'était pas ému par cette tragédie, elle n'était pas ASSEZ spectaculaire donc personne ne s'est intéressé à ces enfants qui ont ainsi été exterminés par l'égoïsme de l'humanité.
C'est le sens de la SERRE car une plante a besoin d'eau pour grandir et tant que nous ne pleurerons pas la mort de ces millions d'enfants, ils n'auront aucune chance de grandir étant donné que sans compassion à leur égard, personne n'agira pour leur apporter l'eau et les nutriments nécessaires à leur survie.
Dieu associe SERRE à SERAO car ce dernier symbolise la colonisation, et actuellement, 16 000 enfants meurent de faim et de maladies chaque jour parce que les multinationales colonisent le monde et refusent de redistribuer aux pauvres les richesses qu'elles pillent aux peuples du monde entier. Les néo-colonialistes écrasent ainsi chaque jour 16 000 plantes du Tiers Monde.
En 2004, l'année du tsunami, le buteur victorieux de la Grèce était Ángelos CHARISTÉAS.
CHARISTÉAS = CHARITÉ
Lors du tsunami, les citoyens du monde entier ont fait preuve de CHARITÉ en donnant de l'argent à de multiples associations. À cette époque, je n'avais pas encore vu Dieu et un samedi soir, lors de l'émission Tout le monde en parle sur France 2, le présentateur, Thierry Ardisson, a voulu apporter son aide aux victimes en permettant aux téléspectateurs d'envoyer un SMS à un numéro qui donnait automatiquement 1 euro à une association. J'ai alors envoyé deux ou trois SMS, cette catastrophe m'avait ému mais je n'ai pas pensé une seule seconde aux 25 000 enfants qui mourraient alors de faim chaque jour, c'est-à-dire qu'en dix jours, 250 000 enfants ont été exterminés par la pauvreté, soit autant de victimes que lors du tsunami. Mais Thierry Ardisson n'a jamais proposé aux téléspectateurs d'envoyer un SMS pour donner de l'argent à une association afin de sauver les 25 000 enfants qui mourraient de pauvreté chaque jour. Quelle était la différence pourtant entre les 250 000 victimes du tsunami et les 250 000 victimes en dix jours du génocide de la faim ? Aucune, mais nous sommes formatés par l'Éducation Nationale et les médias pour penser que la mort d'un enfant qui meurt de pauvreté est quelque chose de naturel, qu'on ne peut rien y faire, et surtout que la vie de ces enfants du Tiers Monde n'est pas importante, leur mort étant acceptable, alors les médias les ont rendu invisibles, d'autant plus que leurs annonceurs publicitaires sont bien souvent les multinationales occidentales qui pillent les richesses du Tiers Monde et provoquent ainsi l'extermination de ces enfants. Le tsunami de 2004 permettait aux médias de faire du chiffre, d'augmenter leur audience, de vendre des journaux, alors que le génocide de la faim ne leur rapporte rien, au contraire, il leur coûterait cher vu qu'il montre le vrai visage du capitalisme. S'ils le dévoilaient au grand jour en montrant les cadavres des victimes, le génocide indignerait les citoyens quant à l'inégale redistribution des richesses et le pillage des ressources du Tiers Monde par les multinationales occidentales, par conséquent, les médias préfèrent cacher les millions de victimes du capitalisme pour protéger le règne de la classe dominante. C'est la raison pour laquelle Thierry Ardisson ne propose jamais à ses téléspectateurs d'envoyer un SMS pour sauver la vie de 16 000 enfants par jour. Nous vivons ainsi sous le IIIe REICH, le pauvre du Tiers Monde est traité comme le juif durant la Shoah, le système nous a imprimé dans le cerveau que la vie d'un pauvre n'est pas importante, que c'est un sous-homme, étant donné que nous pouvons lui sauver la vie mais nous ne faisons rien pour lui venir en aide, et nous sommes endoctrinés depuis notre plus jeune âge à agir ainsi. Nous sommes donc endoctrinés pour être des pêcheurs et agir comme des NAZIS en votant pour le système capitaliste qui permet à une minorité de la population mondiale d'accaparer la majeure partie des richesses de la Terre et voler la nourriture des plus pauvres. Que les médias nous manipulent ou non, la certitude, c'est qu'ils véhiculent quotidiennement leur idéologie qui est une idéologie NAZIE.
Dieu nous a donc envoyé des signes pour nous « déradicaliser ».
L'année 2004 symbolise Adolf Hitler car il est né un 20 04.
Adolf Hitler a dirigé le IIIe REICH.
Dieu nous révèle que le RICHE contrôle les médias donc il a décidé de nous faire pleurer devant les images du tsunami, mais il a caché les cadavres des 25 000 enfants qui mourraient chaque jour de pauvreté en 2004 afin de ne pas indigner les citoyens contre l'inégale redistribution des richesses de la Terre dont il est responsable.
En 2004, la Grèce a remporté le Championnat d'Europe de football en battant en finale le Portugal 1 à 0 grâce à un but d'ANGELOS CHARISTÉAS, qui est né à SERRES.
Une SERRE est une structure dans laquelle les plantes vivent grâce à un apport d'EAU et de LUMIÈRE.
Dieu nous fait comprendre que nous avons fait preuve de CHARITÉ lors du tsunami parce que les médias ont mis en LUMIÈRE cette tragédie, et l'EAU a coulé sur notre visage puisque nous avons été émus par la mort de 250 000 personnes, d'autant plus que de nombreuses victimes étaient des touristes occidentaux alors nous nous sommes identifier à eux. Mais nous ne faisons pas preuve de CHARITÉ pour lutter contre le génocide des pauvres car les médias ne mettent jamais en LUMIÈRE leur extermination en masse donc l'EAU ne coule pas sur notre visage et ils meurent ainsi dans l'indifférence générale.
Angelos CHARISTÉAS a marqué en finale le but victorieux de la GRÈCE à la 57e minute.
Le chef-lieu du département 57 est la ville de METZ.
Un METS est un plat ou un aliment préparé, servi lors d'un repas.
À travers la GRAISSE et le METS, Dieu nous demande désormais de faire preuve de CHARITÉ pour que les pauvres puissent manger à leur faim, mais nous ferons surtout preuve de CHARITÉ en obligeant les multinationales, qui s'ENGRAISSENT de profits, à nourrir les pauvres car ce sont elles qui pillent leur nourriture donc ce ne sont pas les peuples qui doivent payer l'addition. Mais vu que les nazi-capitalistes sont des rapaces, il est fort probable au départ que nous allons devoir mettre la main à la poche.
En tout cas, si vous faites preuve de CHARITÉ, vous SEREZ récompensés, car à travers ANGELOS CHARISTEAS, Dieu vous révèle que vous deviendrez des ANGES.
CHARISTÉAS = CHARITÉ A SS
A = 1= UN
A SS = UN SS
Dieu te montre que si tu ne fais pas preuve de CHARITÉ, tu seras UN SS, et faire preuve de CHARITÉ signifie voter pour L.O. et le NPA afin de redistribuer équitablement les richesses de la Terre pour que les pauvres ne soient plus exterminés par la faim et la maladie. Donc ne sois pas un SS car Dieu NOIE DES NAZIS, mais si tu fais preuve de CHARITÉ le jour de l'élection présidentielle, tu deviendras un ANGE.
Le tsunami a eu lieu le 26 décembre (26 12).
26+12 = 38
En 1964, à New-York, 38 témoins sont restés immobiles devant le meurtre d'une jeune femme.
Actuellement, un tsunami quotidien ravage des milliards d'êtres humains et 16 000 enfants se noient chaque jour mais nous restons immobiles parce que nous regardons ailleurs, or lorsque nous ouvrirons enfin les yeux sur ce massacre et que L'EAU coulera sur notre visage, nous aurons alors la volonté de nous jeter à L.O. afin de sauver ces millions d'enfants.
Le tsunami a eu lieu le 26 décembre 2004, soit 111 ans - jour pour jour - après la naissance de Mao Zedong, né le 26 décembre 1893 (26 12 1893).
26 12 1893 = FABBRIC
« FABRIC» signifie « TISSU » en anglais.
J'ai expliqué précédemment que le TISSU symbolise le TISSU de mensonges véhiculés par la propagande des régimes totalitaires qui cachent les millions de victimes tuées par leur idéologie. Ainsi, le régime capitaliste médiatise une catastrophe naturelle qui a tué 250 000 personnes mais il ne diffuse jamais les images de la catastrophe capitaliste qui tue plus de 25 000 êtres humains par jour.
Mao Zedong est né 111 ans avant le tsunami de 2004 et Nicolas Sarkozy est né 111 ans - jour pour jour - après la mort de Johannes van den BOSCH.
Nicolas Sarkozy est né le 28 janvier 1955 et van den BOSCH est mort le 28 janvier 1844.
Johannes van den BOSCH est un général et homme d'État néerlandais, gouverneur général des Indes néerlandaises (1830-1833) puis ministre des Colonies (1834-1839) et Ministre d'État à partir du 25 décembre 1839 aux Pays-Bas.
Lors de son gouvernement général des Indes néerlandaises, il mit en place le système dit des « cultures forcées » (cultuurstelsel) destiné à rentabiliser au maximum la colonie18. « Le gouvernement des Indes demandait aux Indonésiens une exploitation plus active et plus méthodique du sol. Van Den Bosch déclara que les Pays-Bas pourraient désormais bénéficier à leur gré du cinquième du labeur des paysans et s'en servir dans le but qui leur plairait. Il décida également que un cinquième des terres (à Java, Célèbe Nord et Sumatra Ouest surtout) serait entièrement consacré à la culture du café, du sucre, de l'indigo, du thé, du poivre et de la cannelle, au détriment des cultures vivrières. Des primes furent distribuées aux régents afin qu'ils fassent surveiller par leurs hommes de main, le travail des récoltes. Dans certains cas, une partie des bénéfices fut également reversée aux villageois, qui profitèrent ainsi de cette prospérité. Mais certains régents, aveuglés par le profit, obligèrent leurs sujets à fournir beaucoup plus que ces quotas, souvent sous l'œil bienveillant du colonisateur qui, lui, voyait ses coffres se remplir. Les cultures d'exportation furent étendues au-delà des limites prévues : on en vint à mettre à la disposition des sucreries non pas un cinquième, mais jusqu'à un tiers et à la moitié du sol, parfois même la totalité des terres irriguées. Au lieu de 70 jours, on exigea jusqu'à 240 jours et davantage de travail par an, sans compter les réquisitions non payées pour la construction des routes, des ports, des bâtiments, nécessaires au système. Les maigres salaires attribués à la culture, variant suivant le cours des produits, pouvaient tomber à rien. Malgré les promesses, la taxe foncière continuait à être levée, et elle fut même doublée en 15 ans. Les principales productions demandées au travail forcé (…) étaient souvent inadaptées aux sols. Le paysan, manquant d'espace et de temps, négligea les cultures vivrières, adopta des variétés de riz a croissance rapide, mais à moindre rendement. Le riz, même, fut exporté de l'île populeuse. L'alarme fut donnée par la famine qui désola la région de Ceribon en 1843 : des milliers de familles émigrèrent, abandonnant au bord des routes des individus épuisés. »19
Cette exploitation des peuples indigènes a eu des conséquences dramatiques et entraîné une misère innommable qui sera dénoncée par l'administrateur Eduard Douwes Dekker dans son roman Max Havelaar, paru en 1860.20
BOSCH = BOCHES
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis étaient surnommés « les BOCHES ».
Nicolas Sarkozy est né 111 ans - jour pour jour - après la mort de Johannes van den BOSCH.
111 = AAA
Le TRIPLE A est la note financière maximale attribuée par une agence de notation, chargée d'évaluer le risque de non-remboursement de la dette d'un État, ou d'un emprunt faisant partie de cette dette.
Le TRIPLE A symbolise ainsi la dette.
Johannes van den BOSCH a mis en place « les cultures forcées ». Nicolas Sarkozy a fait nommer Christine Lagarde à la tête du FMI, et cette institution impose des « cultures forcées » aux pays les plus pauvres afin qu'ils obtiennent des devises pour payer leurs dettes car les créanciers internationaux refusent d'être payés en monnaie locale. Le FMI encourage alors systématiquement les cultures de rente : coton, blé, huile de palme, café, cacao, arachide, thé, etc., au détriment de la petite agriculture vivrière, réputée archaïque et improductive. Le FMI impose ainsi aux pays du Tiers Monde de produire des denrées non alimentaires aux dépens des cultures destinées à la consommation intérieure. « Cette politique provoque une insécurité alimentaire massive et la prolifération du nombre d'affamés21. » Ces « cultures forcées » amplifient une misère déjà innommable dans les pays les plus pauvres de la Terre soumis ainsi à l'esclavage néocolonial des pays riches.
Dieu associe Sarkozy à van den BOCHE car ils ont tous les deux été responsables de la mise en œuvre de « cultures forcées » qui ont entraîné des conséquences dramatiques pour les peuples colonisés.
Sarkozy est responsable dans le sens où il a permis à Christine Lagarde de diriger le FMI entre 2011 et 2019.
Christine Lagarde est née le 1er janvier 1956 (1 1 1956).
1 1 19 = 111 9
111 = AAA
Le triple A symbolise la dette et donc les « cultures forcées » imposées par le FMI aux pays endettés.
1 janvier 1956 = 111 956
9+5+6 = 20
20 = VIN
Johannes Van den BOSCH est devenu Ministre d'État à partir du 25 décembre 1839.
1839 = CRI
Le 25 décembre célèbre la naissance de Jésus.
25 décembre 1839 = Jésus-CHRIST
L'Alliance du VIN avec Jésus a laissé le pouvoir politique entre les mains de César ce qui a permis aux BOCHES de régner sur le monde parce qu'ils ont eu le droit de piller les richesses de la Terre, et d'appliquer leur loi pour endetter les pays pauvres. C'est la raison pour laquelle Dieu remplace désormais l'Alliance du VIN par celle de l'EAU.
Dorénavant, il NOIE DES NAZIS alors ne votez pas pour Adolf Hitler, c'est-à-dire ne votez pas pour les clones de Sarkozy et ces assassins du FMI.
Christine LAGARDE, ce chien de GARDE du nazi-capitalisme – actuellement à la tête de la Banque centrale européenne – devrait être traduit en justice pour crimes contre l'humanité, mais à partir du moment où les citoyens ont voté pour un système économique qui lui permet d'exterminer les plus pauvres, nous ne pouvons pas vraiment la condamner puisque la majorité des citoyens occidentaux devrait alors l'être également.
Le général Suharto a dirigé d'une main de fer l'Indonésie pendant 31 ans avec l'appui des pays occidentaux.
Suharto est né le 8 juin 1921 (8 6 1921).
8x6x1921 = 92208
Le code postal 92208 est l'un des codes postaux de la ville de Neuilly-sur-Seine dont Nicolas Sarkozy a été maire de 1983 à 2002.
Dieu associe la naissance de Suharto à Nicolas Sarkozy car les dirigeants des puissances impérialistes permettent à des dictateurs comme Suharto de prendre ou de garder le pouvoir pendant plusieurs décennies.
SUHARTO = SU
SU = 19+21 = 40
Dans la Bible, le chiffre 40 ans symbolise notamment la durée du Déluge.
Le Déluge est symbolisé par L'EAU.
L'EAU = LO
SU HARTO = SU ARTHAUD
Nathalie ARTHAUD est la porte-parole de Lutte Ouvrière dont le sigle est L.O.
Dieu nous fait comprendre que contrairement à Nicolas Sarkozy et ses clones qui se sont succédé au pouvoir tout au long de la Ve République, Nathalie ARTHAUD n'aurait jamais soutenu la dictature du général SUHARTO.
Lors de la prochaine élection présidentielle, si nous votons pour un clone de Nicolas Sarkozy, celui-ci continuera à soutenir les pires dictateurs de la Terre, mais si nous permettons à L.O. d'arriver au pouvoir, la France arrêtera d'armer, de soutenir, et de maintenir des dictatures en place.
D'ailleurs, lors de la campagne présidentielle de 2012, Nathalie ARTHAUD a rédigé une lettre adressée à l'organisation « One », qui lutte contre l'extrême pauvreté et les maladies, particulièrement en Afrique. Nathalie ARTHAUD a alors détaillé ses engagements qu'elle prendrait avec l'Afrique si elle arrivait au pouvoir. Voici cette lettre :
« Je tiens tout d’abord à vous dire que si l’Afrique change, ce qui ne change pas c’est l’exploitation que lui font subir les grandes entreprises capitalistes, dont certaines sont la propriété de quelques familles de la bourgeoisie française.
Pour s’enrichir, elles ne reculent devant rien pour y piller les ressources naturelles. Elles y exploitent la population laborieuse pour des salaires de misère. Et elles le font avec le soutien de l’État français et de son armée qui mettent en place et soutiennent des dictatures sanglantes.
Dans le droit fil du colonialisme, l’impérialisme français n’a jamais laissé échapper de son plein gré une région d’Afrique ou d’ailleurs de son orbite. Au côté d’autres puissances impérialistes (Grande-Bretagne et USA), la France est ainsi responsable du maintien dans la misère du milliard d’êtres humains qui vivent en Afrique.
La vie de l’immense majorité de la population africaine est trop souvent un cortège de malheurs, que l’on considère l’alimentation en nourriture et en eau, la santé, l’éducation, les guerres, l’oppression politique. Cette situation est révoltante. Et s’il est bien une région du monde où l’économie capitaliste est une catastrophe quotidienne, c’est bien le continent africain.
J’en viens à vos propositions. Vous parlez de l’aide publique au développement. Cette aide ne fait que restituer partiellement une partie des richesses que notre bourgeoisie a volées à ce continent, à ces peuples. Mais une bonne partie des sommes étiquetées « aide publique au développement » de l’Afrique reviennent habituellement dans les coffres des entreprises responsables du sous-développement sous forme de commandes. Une autre partie est absorbée par les détournements des profiteurs des dictatures en place. Par ailleurs, si l’argent que dépense l’État français à entretenir les bases militaires françaises en Afrique, qui ne servent à maintenir des dictateurs, l’était au bénéfice des populations, de grands progrès pourraient être réalisés.
Le secret commercial et industriel qui entoure les flux financiers réels qui traversent l’économie, les échanges, maintiennent l’opacité sur tout ce qui relève de « l’aide publique au développement ». Il est donc indispensable de lever tous les secrets des affaires, ceux des banques comme du commerce pour contrôler à qui profite l’argent versé. Ici, comme en Afrique, il n’y a que le monde du travail mobilisé qui peut exercer ce contrôle.
Les forces productives considérables accumulées en France grâce au pillage de l’Afrique, à commencer par la traite négrière, devraient être mises au service du développement économique de cette région du monde. Ce ne serait que justice.
C’est pourquoi je pense que la solution aux problèmes de base de l’Afrique – alimentation, logement, éducation, santé – passe par un changement d’ensemble du système économique et politique. L’avenir appartient à la collaboration fraternelle des classes laborieuses d’Afrique et d’Europe et à l’utilisation commune des moyens accumulés, afin que la production soit organisée pour satisfaire les besoins de tous, pas pour le profit, pas pour enrichir la minorité privilégiée d’ici et de là-bas. »22
Vous comprenez désormais que Nathalie ARTHAUD ne soutiendra jamais des dictateurs, contrairement à tous les présidents de la Ve République qui se sont succédé et qui se succéderont dans le futur, si plus de 50 % des électeurs français ne votent pas pour L.O. et le NPA, le jour de l'élection présidentielle.
Nous avons ainsi besoin de L.O. pour faire grandir les millions de plantes du Tiers Monde, donc Dieu met la LUMIÈRE sur Nathalie ARTHAUD afin que vous compreniez qu'elle a un cœur contrairement à une bonne partie de la classe politique française qui est indifférente au sort des Africains, persécutés et exterminés par le système capitaliste.
Alors votez pour L.O. et le NPA le jour de l'élection présidentielle afin de sauver des centaines de millions de vies humaines ces prochaines années.
L'auteur de l'article suivant, Bernard Gensane, explique la manière dont le nazi-capitalisme profite des tragédies comme le tsunami de 2004, pour étendre son empire. L'auteur résume le livre de Naomie Klein : La Stratégie du choc, la montée d'un capitalisme du désastre.
La stratégie du choc. La montée du capitalisme du désastre
(Article écrit en 2008).
Cet ouvrage (fort bien traduit) explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre - il n’y a pas d’autre mot - contre les peuples en utilisant une stratégie du désastre. Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du " terrorisme " ) pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d’une société capitaliste toujours plus réactionnaire.
Naomi Klein appelle " capitalisme du désastre " ce type d’opération consistant à lancer des raids systématiques contre la sphère publique au lendemain de cataclysmes et à traiter des derniers comme des occasions d’engranger des profits. Le capitalisme du désastre détruit aussi pour reconstruire : 30 milliards de dollars ont été investis en Irak, 13 milliards pour le tsunami, 100 milliards pour La Nouvelle-Orléans.
Si cette stratégie est mondiale, son centre se situe à Washington. Chez nous, les obsédés de l’Atlantisme du style Kouchner ou Sarkozy sont évidemment les complices de ce fléau à échelle historique. Pour le moment, il n’est pas possible de prévoir si la crise financière actuelle, dans laquelle certains voient une implosion du système, mettra un terme à ce que l’on peut qualifier sans emphase de crime contre l’humanité. On peut donc douter que l’argent public injecté dans la sphère privée par le gouvernement français (alors que les caisses étaient prétendues vides) débouche sur plus de justice sociale, sur un partage plus équitable des richesses. On peut craindre, en revanche, que ces sommes considérables redonnent du tonus à ce système inique et lui permettent d’une part d’élargir davantage encore le fossé entre les riches et les pauvres et, d’autre part, de restreindre le champ de la démocratie. Selon l’École de Chicago, s’il peut provoquer une révolution à gauche, l’effondrement du marché peut aussi déclencher une contre-révolution de droite.
Lors de l’ouragan Katrina, raconte Naomi Klein, le représentant républicain de La Nouvelle-Orléans Richard Baker déclara : « Nous avons enfin nettoyé les logements sociaux de La Nouvelle-Orléans. Dieu a réussi là où nous avions échoué. » Kenyon, division du conglomérat funéraire Service Corporation International (important cotisant à la caisse électorale de Bush), fut chargé de recueillir les morts dans les maisons et les rues. Le travail s’effectua avec une extrême lenteur. Des cadavres croupirent sous le soleil pendant des jours. On interdit aux secouristes et à des entrepreneurs de pompes funèbres bénévoles de donner un coup de main sous prétexte qu’ils empiétaient sur le territoire commercial de Kenyon. La société, qui factura à l’État 12 500 $ par cadavre, a depuis été accusée d’avoir mal identifié de nombreuses dépouilles. Pendant presque un an après l’inondation, on découvrit des corps en décomposition dans des greniers. L’administration Bush refusa d’allouer des fonds d’urgence pour payer les fonctionnaires ; la ville dut congédier 3000 employés au cours des mois qui suivirent l’ouragan.
Pour Milton Friedman, le grand idéologue (après von Hayek) de l’ultralibéralisme, l’État a pour unique fonction de « protéger notre liberté contre ses ennemis extérieurs et contre nos concitoyens eux-mêmes. Il fait régner la loi et l’ordre, il fait respecter les contrats privés, et il favorise la concurrence. » En d’autres termes, il s’agit de fournir les policiers et les soldats - tout le reste, y compris l’enseignement public gratuit, n’est qu’ingérence au sein des marchés.
La guerre contre les peuples et contre la démocratie doit être éclair. Selon Friedman, « un nouveau gouvernement jouit d’une période de six à neuf mois au cours de laquelle il peut opérer des changements fondamentaux. S’il n’en profite pas pour agir avec détermination, une telle occasion ne se représentera plus. » On comprend pourquoi un dirigeant comme Sarkozy a lancé des dizaines de contre-réformes dès son accession à l’Élysée. Tout était prêt, bien avant son succès électoral.
Naomi Klein consacre de longs développements aux agressions du système contre le psychisme et le corps des individus. L’idée qu’un changement de politique doit être menée comme une offensive militaire surprise est un thème cher aux apôtres de la thérapie de choc économique. « L’envahisseur doit investir l’environnement de l’adversaire et paralyser ou surcharger ses perceptions et sa compréhension des événements pour le rendre incapable de résister. »
Après le tsunami de 2004, des investisseurs étrangers et des prêteurs internationaux s’étaient ligués pour exploiter le climat de panique et céder le littoral à des entrepreneurs qui s’étaient empressés d’ériger de vastes stations balnéaires, empêchant ainsi des centaines de milliers de pêcheurs de reconstruire leurs villages au bord de l’eau. Le projet d’éviction massive datait d’avant la vague géante, mais on utilisa le tsunami pour faire avancer un programme refusé par l’ensemble de la population. En Thaïlande, on vit des gardiens privés, armés jusqu’aux dents, empêcher d’anciens résidents de chercher les dépouilles de leurs enfants. Le capitalisme du désastre climatique et ses relais dans les classes politiques s’étaient fait la main en 1998 avec l’ouragan Mitch qui avait dévasté le Honduras, le Guatemala et le Nicaragua, causant au moins 9 000 morts. Le Congrès du Honduras adopta des lois de privatisation des aéroports, des ports et des autoroutes, du téléphone, de l’électricité et d’une partie de la distribution de l’eau. Le Congrès des États-Unis abrogea la réglementation environnementale en vigueur sur la côte du golfe du Mexique et autorisa la construction de nouvelles raffineries de pétrole. Halliburton, la firme longtemps dirigé par le vice-président Cheney, reçut 60 millions de dollars pour la reconstruction des bases militaires du littoral.
Avant le 11 septembre, explique Naomi Klein, guerres et catastrophes offraient des débouchés à un secteur restreint de l’économie - les fabricants d’avions de chasse par exemple, ou encore les entreprises de construction chargées de rebâtir les ponts bombardés. Les guerres avaient pour rôle principal d’ouvrir de nouveaux marchés jusque-là inaccessibles et, une fois la paix revenue, de générer des booms économiques. Depuis, les interventions en cas de guerre sont à ce point privatisées qu’elles constituent en soi le nouveau marché. Pour le boom, inutile d’attendre la fin de la guerre.
La logique guerrière du système capitaliste est diabolique, implacable et, dans l’état actuel des choses, en tout cas, durable. On appelle aujourd’hui " guerre contre le terrorisme " des coups d’État, des massacres qui n’ont pour but que d’installer et de maintenir en place des régimes favorables à la libre entreprise. Le capitalisme du désastre s’est habitué au terrorisme : après le 11 septembre, le Dow Jones perdit 685 points, mais le 7 juillet 2005, le jour où quatre bombes explosèrent dans les transports londoniens, le Stock Exchange et le Nasdaq grimpèrent en flèche.
Naomi Klein s’attarde donc longuement sur Milton Friedman et l’École de Chicago, ces théoriciens, instigateurs et praticiens de la violence capitaliste depuis une quarantaine d’années. Pour eux, la prémisse de départ, c’est que le libre marché est « un système scientifique parfait dans lequel des particuliers agissant dans leur propre intérêt créent pour tous le plus d’avantages possibles. » Voir la logique du bouclier fiscal sarkozyen pour les plus riches des Français. Toute défaillance - inflation élevée ou chômage en hausse - vient du fait que le marché n’est pas entièrement libre.
Le premier laboratoire friedmanien fut l’Indonésie. Ralph McGehee, l’un des agents principaux de la CIA en poste à l’époque du coup d’État, déclara qu’il s’était agi « d’une opération modèle. […] Ce sont les grands événements sanglants orchestrés depuis Washington qui ont permis l’arrivée au pouvoir de Suharto. Cette réussite signifiait que l’expérience pourrait être répétée, encore et encore. »
Au Chili, Pinochet et les siens évitèrent toujours l’expression " coup d’État " , à laquelle ils préféraient le mot " guerre " (guerre contre le marxisme, contre l’anarchie etc.). Au cours de la première année d’application de la thérapie de choc prescrite par Friedman, l’économie du Chili régressa de 15% et le taux de chômage - qui n’avait été que de 3% sous Allende - s’éleva à 20%. En 1988 45% des habitants du pays vivaient sous le seuil de la pauvreté.
Dans un article d’août 1976 pour The Nation, Orlando Letelier (ancien ambassadeur du Chili aux États-Unis, écrivit que « la vision particulièrement commode d’un système social dans lequel la " liberté économique " et la terreur politique coexistent sans jamais se croiser permet aux partisans du régime financier de soutenir leur idéal de " liberté " tout en feignant de défendre les droits de l’homme. » Moins d’un mois plus tard, Letelier était assassiné en plein centre de Washington par des agents de la DINA, la police secrète chilienne.
Au Brésil, les grandes entreprises mirent sur pied leurs propres escadrons de tortionnaires privés. La junte militaire créa un corps de policiers extrajudiciaire, financé par diverses multinationales, dont Ford et General Motors. À la fin de la dictature, la quasi-totalité des délégués d’usine des grandes sociétés avaient disparu. Au Brésil, comme dans tout le cône latino-américain, selon le triste constat de l’écrivain Eduardo Galeano, « les citoyens étaient en prison pour que les prix fussent en liberté. »
Au Royaume-Uni, Margaret Thatcher lança des " réformes " multiples en appliquant à la lettre la pensée friedmanienne. Après trois ans de gouvernement, sa cote de popularité passa sous la barre des 25%. Elle fut sauvée par le gong de la guerre des Malouines, tout comme, provisoirement, la dictature de Galtieri en Argentine. Cette guerre donna à Thatcher le prétexte politique dont elle avait besoin pour introduire le tout premier programme de transformation capitaliste radicale d’une démocratie libérale occidentale.
Lorsque les mineurs de charbon déclenchèrent la grève en 1984 (le gouvernement voulait fermer les puits non rentables pour ne garder que les rentables dont certains furent exploités jusqu’en 2007), Thatcher fit comme si le conflit était le prolongement de la guerre des Malouines et exigeait la même brutale détermination. Elle eut alors cette formule mémorable : « Nous avons dû nous battre contre l’ennemi extérieur ; nous devons maintenant nous battre contre l’ennemi intérieur, qui est beaucoup plus coriace, mais tout aussi dangereux pour la liberté. » Contre les mineurs, elle employa la manière forte : au cours d’une seule confrontation, 8 000 policiers anti-émeute chargèrent (certains à cheval) en laissant 700 blessés sur le carreau. Dans les quatre années qui suivirent cette attaque directe contre la classe ouvrière, le gouvernement privatisa British Telecom, British Gas, British Airways, British Steel etc. Dans plusieurs petites villes minières (dans le sud du Yorkshire en particulier), le chômage frappa 50% de la population.
Klein détaille par ailleurs longuement le rôle des institutions financières internationales, relais, bras armé du capitalisme guerrier. Le FMI accoucha de son premier programme d’ajustement structurel complet en 1983. Pendant deux décennies, nous dit l’auteur, « on informa tous les pays qui demandaient un prêt conséquent qu’ils devaient remanier leur économie de la cave au grenier. » Davison Budhoo, économiste principal du FMI qui prépara des programmes d’ajustement structurel pour l’Amérique latine et l’Afrique tout au long des années 1980 admit plus tard que « tout le travail que nous avons accompli après 1983 reposait sur le sentiment de la mission qui nous animait : le Sud devait privatiser ou mourir ; à cette fin, nous avons créé le chaos économique ignominieux qui a marqué l’Amérique latine et l’Afrique de 1983 à 1988. »
La solution polonaise fut encore plus radicale : outre l’élimination immédiate des contrôles des prix et des coupes sombres dans les subventions, le FMI imposa la vente au secteur privé des mines, des chantiers navals et des usines de l’État. C’était contraire au programme économique d’origine de Solidarité, fondé sur la propriété par les travailleurs.
En Chine, Deng Xiaoping était si enthousiaste et si déterminé à l’idée de convertir la Chine à l’économie privée qu’en 1980 son gouvernement invita Milton Friedman à venir initier des centaines de hauts fonctionnaires, de professeurs et d’économistes du Parti (" communiste ") aux rudiments de l’économie néolibérale. Lorsque Deng ouvrit le pays aux investisseurs étrangers et réduisit les protections dont bénéficiaient les travailleurs, il ordonna la création de la Police Armée du Peuple, escouade antiémeute comptant 400 000 membres chargés d’écraser tous les signes de « crimes économiques », c’est-à-dire les grèves et les manifestations. Les " réformes " de Deng débouchèrent sur la mobilisation sociale de 1989. Le 20 mai, le gouvernement proclama la loi martiale. Il y eut entre 2 000 et 7 000 morts sur la Place Tien'anmen. Le gouvernement, comme en Amérique latine, réserva son châtiment le plus dur aux ouvriers. La plupart des personnes arrêtées et exécutées furent des ouvriers. La politique de Deng fit de la Chine l’atelier de misère du monde, l’eldorado des usines de sous-traitance de presque toutes les multinationales de la planète. En 2006, 90% des milliardaires chinois étaient les enfants de cadres du Parti " communiste ".
Comme la Chine, la Russie fut contrainte de choisir entre un programme économique inspiré de l’École de Chicago et une révolution démocratique. Pour que le programme friedmanien fût appliqué, il fallait interrompre de manière violente le processus progressif impulsé par Gorbatchev. En août 1991, Le Washington Post (qui n’est pas le plus réactionnaire des quotidiens étatsuniens) expliqua, rappelle Klein, que « le Chili de Pinochet pourrait servir de modèle pratique à l’économie soviétique. » Suite aux " réformes " de Eltsine, la consommation du Russe moyen en 1992 avait diminué de 40% par rapport à 1991. Pour asseoir son pouvoir, Eltsine avait aboli la Constitution et dissous le Parlement. Le Parlement vota à 636 voix contre 2 la destitution de Eltsine qui envoya l’armée contre les parlementaires. 500 personnes furent tuées. Comme en Chine, un club limité de Russes, dont bon nombre d’anciens apparatchiks du Parti communiste et une poignée de gestionnaires de fonds communs de placement occidentaux obtinrent des rendements faramineux en investissant dans des entreprises russes nouvellement privatisées. En 1989, la Russie comptait deux millions de pauvres. 74 millions en 1995, selon les chiffres de la Banque mondiale. Le capitalisme avait régressé jusqu’à sa forme la plus sauvage.
La crise financière qui frappa l’Asie dans les années 1990 créa 24 millions de chômeurs. Les femmes et les enfants furent les grands perdants de la crise. De nombreuses familles vendirent leurs filles à des trafiquants d’êtres humains qui les firent travailler comme prostituées en Australie, en Europe et en Amérique du Nord. Ces victimes pouvaient dire merci au FMI et à son directeur Camdessus qui avaient imposé une chirurgie radicale à ces pays en crise.
Aux États-Unis, le trio Bush-Rumsfeld-Cheney appliqua à la lettre les principes friedmaniens selon lesquels le gouvernement, afin de transformer l’État en coquille vide, se ligue avec les grandes entreprises pour « redistribuer la richesse vers le haut après avoir réduit les dépenses affectés au personnel. » Une part toujours plus grande des fonds publics va alors directement dans les coffres des entreprises privées. L’État a les signes extérieurs d’un gouvernement, « mais il n’exécute plus les véritables tâches de la gouvernance, pas plus que les employés du campus de Nike à Beaverton ne fabriquent eux-mêmes des baskets. »
Les entreprises qu’a dirigé Donald Rumsfeld misent depuis une trentaine d’années sur un avenir apocalyptique, fait de maladies endémiques qui obligeraient les gouvernements à se procurer au prix fort les produits indispensables brevetées par elles. La société Gilead Sciences (que Rumsfeld dirigea de 1997 à 2001), titulaires de brevets pour quatre médicaments antisida, dépense beaucoup d’énergie pour empêcher la distribution, dans les pays en voie de développement, de versions génériques moins coûteuses (les brevets expireront à partir de 2016).
Dick Cheney (je ne sais si des sociolinguistes se sont penchés sur cette manie qu’ont les étatsuniens de diminuer leurs prénoms de manière puérile : Cheney s’appelle Richard Bruce, Clinton s’appelle William etc.), protégé de Rumsfeld au sein de l’administration Ford dans les années 1970, fit également fortune en misant sur la perspective d’un avenir sombre. Lui qui avait bénéficié, dans les années 1960, de six mesures de sursis pour ne pas partir au Vietnam (tout en étant favorable à la guerre), réduisit, en tant que secrétaire à la Défense de Bush père, le nombre de soldats actifs et confia aux entrepreneurs privés un rôle de plus en plus déterminant. Sa société Halliburton (gains estimés : 13 milliards de dollars en 2007) parvint à élargir la signification des mots " soutien logistique " à un point tel qu’elle eut bientôt pour tâche, explique l’auteur, « de créer l’infrastructure tout entière des opérations militaires à l’étranger. L’armée n’avait qu’à se charger des soldats et des armes - elle agissait en quelque sorte comme fournisseur de contenu, tandis que Halliburton était aux commandes. »
Autre exemple de contiguïté : John Ashcroft, ancien Procureur général et instigateur de la Loi sur le patriotisme, préside depuis 2005 l’Ashcroft Group, dont la mission consiste à aider les entreprises spécialisées dans la sécurité intérieure à obtenir des contrats fédéraux. Son groupe a tellement de succès qu’il refuse deux clients quand il en accepte un. Tom Ridge, premier directeur du secrétariat à la Sécurité intérieure de 2003 à 2005, a fondé Ridge Global et agit comme conseiller auprès de Lucent, société de communication œuvrant dans le domaine de la sécurité. C’est un acharné de la peine de mort : en tant que gouverneur de Pennsylvanie, il laissa exécuter 224 condamnés et assista en personne à trois supplices. James Woolsey, directeur de la CIA jusqu’en 1995, est désormais conseiller de Paladin Capital Group, société privée qui investit dans la sécurité intérieure (1 milliard de dollars). Rudy (en fait, Rudolph, voir plus haut) Giuliani, ancien maire de New York, a créé Giuliani Partners quatre mois après le 11 septembre et vend ses services comme expert-conseil en gestion de crises. Gains de sa société : 100 millions de dollars entre 2002 et 2007. La pratique de ces hommes est, explique Klein, de « rester au gouvernement ou élu juste assez longtemps pour obtenir un titre impressionnant au sein d’un secrétariat qui octroie des contrats d’envergure et recueillir des informations privilégiées sur les produits recherchés, puis démissionner et vendre l’accès aux anciens collègues. Servir dans la fonction publique, c’est effectuer une mission de reconnaissance en prévision d’un bel avenir dans le complexe du capitalisme du désastre. Ce capitalisme de copinage est l’aboutissement de la philosophie de l’École de Chicago et de sa triple obsession : privatisation, déréglementation et antisyndicalisme. »
Du point de vue militaire, soutient Klein, la guerre contre le terrorisme est impossible à gagner. « Du point de vue économique, en revanche, elle est impossible à perdre : en effet, on a affaire non pas à un conflit éphémère susceptible d’être gagné, mais, au contraire, à un élément nouveau et permanent de l’architecture économique mondiale. » La guerre n’est plus, comme le disait Clausewitz, « la continuation de la politique par d’autres moyens », c’est la politique et l’économie en elles-mêmes, les guerres et les catastrophes étant par conséquent des fins en elles-mêmes.
En Irak, Saddam Hussein ne représentait nullement une menace pour la sécurité des États-Unis, bien au contraire, étant, à sa manière dictatoriale, un facteur de stabilité. Le problème est qu’il menaçait les entreprises énergétiques étatsuniennes : il avait conclu une entente avec une grande entreprise russe et entamé des négociations avec Total. Le renversement de Saddam Hussein ouvrit la porte à Exxon, Chevron, Shell et BP qui, toutes jetèrent les bases de nouveaux accords en Irak, de même qu’à Halliburton qui, ayant installé son siège social à Dubaï, était idéalement située pour vendre des services énergétiques à ces sociétés. On a pu comparer les liens unissant Halliburton à Cheney (qui quitta la société en 2000 avec un parachute doré de 34 millions de dollars) aux liens qui unissaient, pendant la guerre du Vietnam le Président Johnson à Brown and Root, société de forages pétrolifères.
Pour assommer l’Irak, l’impôt sur les sociétés, qui était d’environ 45%, fut remplacé par un impôt au taux uniforme de 15% On autorisa les compagnies étrangères à détenir des entreprises irakiennes à 100% pour éviter le scénario russe d’oligarques qui s’étaient réservé des morceaux de choix. Les investisseurs purent sortir d’Irak la totalité de leurs profits. 8,8 milliards de dollars disparurent en 2004 des ministères contrôlés par les États-Unis. « What does it change ? », fut le commentaire d’un proche de Bremer, le gauleiter du pays occupé.
Tout comme Johnson et Nixon qui avaient bombardé le Vietnam pour le ramener à l’âge des cavernes, Bush bombarda l’Irak de manière terroriste et terrorisante pour le seul profit de la machine de guerre capitaliste. Entre le 20 mars et le 2 mai 2003, l’armée lança 380 missiles de croisière Tomahawk en un jour (contre 300 en cinq semaines pendant la Guerre du Golfe). En cinq semaines, les Irakiens reçurent 30 000 bombes et 20 000 missiles à guidage de précision, soit 67% de la production totale de tels engins depuis leur invention. Pour Rumsfeld et Cheney, il s’agissait de faire un exemple, d’effrayer les populations, de faire réfléchir ceux qui oseraient défier l’autorité des États-Unis. Le ciblage des centraux téléphoniques dura jusqu’à ce que plus un seul téléphone ne fonctionne dans le pays. Le but était de s’en prendre au moral des civils qui ne pouvaient plus prendre des nouvelles de leurs proches. Pas à Saddam Hussein, qui, pensant que les téléphones étaient espionnés depuis des années dans son pays, n’avait utilisé le téléphone qu’à deux reprises au cours des treize années précédentes.
Influent banquier israélien, Len Rosen, cité par Klein, est l’auteur d’un nouveau théorème de géopolitique qu’il convient de méditer : « La sécurité compte plus que la paix. » C’est sûrement pourquoi Israël est le quatrième marchand d’armes au monde. La décision d’Israël de situer le " contre-terrorisme " au centre de son économie d’exportation a coïncidé avec l’abandon des négociations de paix. Le gouvernement ne présente plus le conflit qui l’oppose aux Palestiniens comme une lutte contre un mouvement nationaliste mais comme un des théâtres de la guerre mondiale contre le terrorisme.
Y a-t-il des raisons d’espérer ? En 2005, les Français et les Hollandais se prononcèrent démocratiquement contre l’Europe de la finance, suivis en 2008 par les Irlandais. En 2006, Chavez était réélu pour un troisième mandat avec 63% des voix. Au Brésil, Lula fut réélu en 2006 avec un programme anti-privatisations. La même année, l’économiste de gauche Rafael Correra fut élu à la présidence de l’Équateur contre un magnat de la banane. En 2007, Correra déclara le représentant de la Banque mondiale persona non grata sur le sol de son pays.
Contrairement à ce qu’écrivait Fukuyama en 1989 en proclamant la fin de l’histoire, dans une paraphrase tellement facile de Karl Marx, rien n’est écrit… ».23
Sources