Les Émirats Arabes Unis

 

Les Émirats arabes unis, est un État fédéral, créé en 1971, situé au Moyen-Orient entre le golfe Persique et le golfe d'Oman et composé de sept émirats : Abou Dhabi, d'Ajman, de Charjah, de Dubaï, de Fujaïrah, de Ras el Khaïmah et d'Oumm al Qaïwaïn. Sa capitale fédérale est la ville d'Abou Dabi.1

 

Conquête islamique

Devenu une véritable plaque tournante pour le commerce, le port de Omana (à présent Umm al-Qaiwain), fut utilisé par les marchands pour transporter leur marchandise de la Syrie et du sud de l'Irak jusqu'en Inde. Le commerce de perles commence à se développer et à s'imposer comme un commerce important dans la région et dont les revenus ne sont pas négligeables.

En 630 après J.C., les émissaires de Mahomet arrivèrent dans la région et convertirent la population à l'islam. Les armées islamiques se servirent de Julfar (à présent Ras el Khaïmah) comme avant-poste pour conquérir l'Iran. Au fil du temps, Julfar devint un centre perlier et un port important pour le commerce dans l'océan Indien.

 

Conquêtes européennes

Au XVIe siècle, alors que les grandes puissances européennes se disputent le contrôle de l'océan Indien, les Portugais luttent contre les populations arabes de Julfar et d'autres ports dans le Golfe. À l'intérieur des terres, de grandes familles commencent à prendre le contrôle de différents émirats. À cause de sa puissance, la famille des Qawasim attire notamment l'attention des Britanniques, voulant s'assurer le contrôle des routes de commerce.

Les Bani Yas règnent sur l'oasis de Liwa, centre des activités économiques de la région, depuis le début du XVIe siècle. Au début des années 1790, une branche des Bani Yas, les Al Bu Falah, s'installe à Abou Dabi sous le pouvoir d'un cheikh de la famille Al Nahyan. Peu après, en 1833, une autre branche de la tribu des Bani Yas, les Al Bu Falasah, s'établit sur Khor Dubaï (« rivière de Dubaï »), instaurant ainsi la domination des Al Maktoum dans cet endroit.

 

Les États de la Trêve

Après la défaite des Qawasim, en 1820, les Britanniques signent une série d'accords et de traités avec les cheikhs de chaque émirat de la côte du Golfe, celui de 1853 garantissant l'arrêt de la piraterie contre les navires britanniques, d'où le nom des États de la Trêve (en anglais : Trucial States) donné aux actuels Émirats et 4 autres (Dibba, Hamriyah, Kalba et Hira). Les Britanniques prennent soin de renforcer les liens qui les lient aux États de la Trêve, afin de freiner les convoitises d’autres grandes puissances européennes.

En 1892, un nouveau traité érige les États de la Trêve en protectorat et les fait entrer dans l'empire colonial britannique. Il les engage à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec des pays autres que le Royaume-Uni sans le consentement de ce dernier. En retour, le Royaume-Uni garantit la protection des États de la Trêve contre toute attaque maritime ou terrestre.

Cette période de calme permet à l’industrie perlière de prospérer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cependant, les deux guerres mondiales ont un effet très néfaste sur cette industrie, qui finit par s’éteindre juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement indien se met à imposer des taxes sur les perles importées du Golfe.

 

La fédération

Au début des années 1960, un premier gisement de pétrole est découvert à Abou Dabi, ce qui permet le développement rapide de l’émirat, sous la conduite du cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, qui fait construire des écoles, des hôpitaux, des logements et des routes. Dubaï est également gagné par cet élan de développement économique, aidé par les recettes des exportations pétrolières.

Les différents émirats commencent à se rapprocher et à reprendre le contrôle des mains des Anglais, notamment en formant un conseil qui leur permet de décider eux-mêmes des enjeux politiques les concernant. À la tête de ce conseil se trouve Adi Bitar, le conseiller du cheikh Rashid ben Saeed Al Maktoum. Enfin, en 1968, les Britanniques se retirent de la région et mettent fin aux États de la Trêve, composés également des États de Bahreïn et du Qatar.

Les 9 États tentent de former une union, mais ne parvenant pas à se mettre d’accord, Bahreïn et le Qatar déclarent leur indépendance respectivement en août et en septembre 1971.2

Le 2 décembre 1971, six des sept émirats restant accèdent à l'indépendance en formant aussitôt une fédération qui prend le nom d'« Émirats arabes unis ». Ils seront rejoints en 1972 par le septième émirat celui de Ras el Khaïmah. Le pays connaît alors une importante période de développement économique et démographique.

 

La construction d'une nation

Zayid est élu premier président des EAU (Émirats Arabes Unis) en 1971, puis réélu tous les cinq ans jusqu’à sa mort en 2004. Sous sa présidence, les EAU envoient des troupes afin de combattre pour la libération du Koweït en 1990-1991, et contribuent au mouvement pour le maintien de la paix au Kosovo.

Sous l'influence de Zayid, les EAU connaissent un essor économique leur permettant de se développer rapidement, et de devenir une force importante dans la région.

À sa mort, son fils aîné, le cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, lui succède en qualité de président des EAU et de souverain d'Abou Dabi.

En 2011, le pays n’est pas touché par la vague de protestations et révolutions dans le monde arabe, mais le gouvernement prend une série de mesures d’achat de la paix sociales et de mesures répressives en prévention.

 

Politique

Depuis la création de la fédération en 1971, les sept émirats qui constituent les EAU se sont forgés une identité nationale propre grâce à la consolidation de leur statut fédéral. Au cours des trois dernières années, des mesures ont été prises au niveau fédéral comme au niveau local pour réformer la structure gouvernementale afin de mieux répondre aux défis du développement à l'aide d'une administration plus efficace. Ce processus a été dirigé au niveau fédéral par le président du pays, Khalifa bin Zayid Al-Nahyan et par le vice-président et Premier ministre le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, qui est également le souverain de Dubaï.

Chacun des émirats membres disposait déjà avant 1971 de ses propres institutions gouvernementales. Afin d'assurer le gouvernement effectif du nouvel État, les souverains élaborèrent une Constitution provisoire précisant les pouvoirs qui allaient être conférés aux nouvelles institutions fédérales. Selon les articles 120 et 121 de la constitution, les domaines de responsabilité assignés aux autorités fédérales étaient les affaires étrangères, la sécurité et la défense, les questions de nationalité et d'émigration, l'éducation, la santé publique, la monnaie, les services postaux et téléphoniques ainsi que tous les autres services de communication. Abou Dabi fut désignée comme capitale de l'État.

 

Affaires étrangères et armée

Le climat libéral des EAU envers la coopération internationale, l’investissement et la modernisation ont permis au pays d’avoir d’excellentes relations diplomatiques et commerciales avec d’autres pays. Les Émirats jouent un rôle important au sein de l’OPEC, des Nations Unies et comptent parmi les membres fondateurs du Conseil de coopération du Golfe. Sur le plan régional, ils sont très proches des autres pays du Golfe et du monde arabe, en particulier avec l'Égypte et investissent plus que n’importe quel autre pays arabe.

Les EAU ont également fourni une aide financière importante au Pakistan, avec lequel ils ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques. Le Pakistan fut le premier pays à reconnaître la fédération de manière officielle lors de sa formation et est devenu aujourd’hui un partenaire commercial et économique important. Environ 400 000 expatriés d’origine pakistanaise sont actuellement employés à Dubaï. La forte communauté d’expatriés d’origine indienne aux É.A.U. s’est également bien intégrée et représente aujourd’hui la plus forte minorité étrangère résident aux É.A.U.

Les Émirats arabes unis et l’Iran se disputent la souveraineté de plusieurs îlots dans le Golfe persique mais cela n’a pas eu d’impact sévère sur les relations diplomatiques entre les deux pays. En effet, il y a un nombre significatif d’Iraniens à Dubaï et les deux pays coopèrent sur le plan économique.

À la suite de l’invasion du Koweït en 1990, les Émirats arabes unis ont entretenu de bonnes relations avec ses alliés occidentaux dans le domaine militaire. Ils ont coopéré avec les forces occidentales afin de libérer le Koweït et ont signé des traités de défense et de coopération militaire avec la France et les États-Unis, lesquels lui ont fourni aide et matériel militaires. Récemment, un traité de défense militaire a été signé dans lequel la France s’engage à protéger les É.A.U. en cas d’atteinte à leur souveraineté nationale. Les Français ont également ouvert une base militaire dans la capitale des Émirats et les deux pays ont signé un accord nucléaire civil. Ce dernier a pour but de forger une coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Les Émirats arabes unis ont un accord similaire avec les États-Unis qui leur permet de recevoir l’expertise américaine en matière d’énergie nucléaire. Au niveau commercial, ce sont le Royaume-Uni et l’Allemagne qui représentent les plus gros marchés d’exportation pour les Émirats. Les relations bilatérales entre les É.A.U. et le Royaume-Uni d’une part, et entre les É.A.U. et l’Allemagne d’autre part, sont très bonnes grâce au commerce et aux communautés d’expatriés anglais et allemands vivant aux É.A.U.

Les relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis et le Japon ont commencé dès la création de la fédération en décembre 1971. Les deux pays ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques et commerciales ; les produits les plus exportés par les Émirats au Japon sont le pétrole et le gaz naturel tandis que le Japon exporte des voitures et des appareils électriques aux É.A.U

 

Législation

Comparé à d’autres pays de la région du Golfe tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ont des lois assez libérales. Le pays a un système juridique civil, codifié, et fédéral. Le Code civil est inspiré de son homologue égyptien, à l'instar de nombreux autres pays de la région. Néanmoins, les émirats ont la possibilité d'appliquer, ou non, le système fédéral. Dubaï, par exemple, applique un système mixte, à la fois fédéral et propre à l'émirat.

La Shari'a, ou droit musulman, est appliquée aux lois concernant le statut personnel des musulmans (droit de la famille et droit des successions) et certains crimes. La Constitution proclame l'égalité des droits des femmes et des hommes et, de façon générale, de tous les citoyens.

L’importation, la consommation, la production ou la détention de stupéfiants (résine de cannabis, haschich, marijuana, héroïne, cocaïne) ou de substances considérées comme stupéfiants (un précédent avec un médicament contenant de la codéine), même en quantité infinitésimale (de l’ordre du milligramme) sont totalement interdites et sévèrement punies.

 

La consommation d'alcool est strictement interdite aux personnes de moins de 21 ans. Elle est interdite dans tous les Émirats pendant les fêtes religieuses. Il est interdit d’offrir des boissons alcoolisées à un musulman. L'alcool est interdit dans l'émirat de Sharjah.

 

Droits et pratiques

La peine de mort est en vigueur et peut punir les "crimes" suivants : homicide, viol, haute trahison, terrorisme, vol aggravé, apostasie, adultère, homosexualité et trafic de drogue. Les méthodes d'exécution sont la fusillade et la lapidation. La torture est courante dans les pénitenciers et les commissariats.

Le pays est classé 118e en termes de liberté de la presse par Reporters sans frontières. L’article 32 de la loi sur la presse à Abu Dhabi punit d'une amende d'un million d'euros toutes critiques envers un membre du gouvernement ou de la famille royale.

Les immigrés sont dans une situation juridique précaire et ces droits sont régulièrement bafoués : trafic d’êtres humains, exploitation économiques, violences policières, racisme et discriminations salariales.

Selon Human Rights Watch, les femmes sont victimes de discrimination : leurs droits sont limités par rapport aux hommes dans les questions de mariage, de divorce, d'héritage et de garde des enfants. « Le code pénal donne aux hommes le droit de discipliner leurs femmes et leurs enfants, y compris en usant de la violence physique. La Cour suprême fédérale a confirmé le droit d'un mari de « réprimander » sa femme et ses enfants par la force physique ».

 

Internet

Les EAU bloquent l'accès à l'intégralité des sites israéliens. Ils tentent de faire de même pour les sites homosexuels, pornographiques, de rencontres en anglais (mais pas en arabe, indien), et quelques-uns au contenu politique. Aux Émirats arabes unis, les emails et les conversations téléphoniques sont sous surveillance ; aucune loi n'existe concernant la protection de la vie privée.

 

Économie

L'économie des Émirats arabes unis, dont la balance commerciale est largement excédentaire, est étroitement liée à l’industrie du pétrole et du gaz naturel qui représentent un tiers du PIB. En 2005, les Émirats arabes unis étaient le troisième producteur de pétrole dans le golfe Persique après l'Arabie saoudite et l'Iran.

Depuis 1971, les Émirats arabes unis sont passés d'un niveau de vie très bas au quatrième PIB par habitant au niveau mondial (43 400 US$ en 2005). Le PIB des É.A.U., aux prix courants, est passé de 624 milliards de dirhams en 2006 à 729,73 milliards de dirhams en 2007. En 2007, le taux de croissance a atteint un chiffre de 5,25 % contre 11,5 % en 2006. Dans le même temps ; le PIB nominal a augmenté de 16,8 % en 2007, contre 28,7 % en 2006 et 25,6 % en 2005. Malgré la récente stabilisation de la croissance économique, le pays demeure parmi les économies mondiales connaissant la plus forte expansion. Ceci est en partie dû à la valeur des secteurs pétrolier et gazier qui ont enregistré une hausse de 18,2 % en 2007 avec l'augmentation du prix du pétrole.

Ces dernières années, du fait de l’épuisement prévu des réserves pétrolières, le gouvernement a cherché à diversifier ses sources de revenus et à diminuer sa dépendance à l'égard du secteur des énergies fossiles. Cette diversification se caractérise notamment par le développement de l’industrie touristique centrée sur les côtes, le désert ou encore les complexes sportifs. La performance du secteur non pétrolier a atteint une valeur de 467,9 milliards de dirhams, soit 64,1 % du PIB global.

On doit cette croissance économique à divers facteurs clés, dont un développement sans précédent dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (25,6 %) et à une croissance significative des industries manufacturières (19,8 %), de l'immobilier (16,9 %), du secteur financier (11,5 %), des transports et des communications (8,3 %) et du tourisme dont le taux de croissance s'est maintenu à 6,4 %.

Le succès touristique des Émirats arabes unis ainsi que d’autres facteurs (prix modérés des biens de consommation, températures élevées durant toute l'année, projets touristiques immenses, etc.) lui donne le surnom de Singapour ou Hong Kong du Moyen-Orient. Par égard à la totale sécurité des biens et des personnes ainsi qu’au volume des opérations financières, c'est parfois le surnom de Suisse du Moyen-Orient qui est attribué. Des projets tels que les Résidences de Jumeirah Beach, l'un des plus grands ensembles immobiliers du monde ; Palm Jumeirah, une vaste île artificielle ; l'énorme projet d'aménagement du Marché central d'Abou Dabi ; Burj Dubaï (destiné à être la tour la plus haute du monde) ; la mosquée Cheikh Zayed ainsi que d'autres projets en cours tels que l'île de Saadiyat, de Palm Jebel Ali, de l'aéroport international d'Al Maktoum et de Dubaïland sont le signe d'une évolution très rapide du pays.3

 

Droits de l'homme aux Émirats arabes unis

Rapport d'Amnesty international en 2015.

Les autorités ont restreint le droit à la liberté d’expression et d’association et engagé des poursuites pénales contre des détracteurs du gouvernement, en vertu de certaines dispositions du Code pénal et de la loi de 2012 sur la cybercriminalité. Des prisonniers d’opinion restaient détenus à l’issue de procès qui ne respectaient pas les normes d’équité, les tribunaux acceptant comme preuves des éléments apparemment extorqués au moyen de torture et d’autres violations des droits. Les femmes étaient exposées à des discriminations, dans la législation et dans la pratique. Les travailleurs étrangers, en particulier les employées de maison, n’étaient pas suffisamment protégés par la loi et risquaient d’être exploités et maltraités. Après l’exécution d’une personne, en janvier, le gouvernement a décrété un moratoire partiel sur l’application de la peine capitale.

 

Liberté d'expression, d'association et de réunion

Les autorités ont utilisé des dispositions du Code pénal et de la loi de 2012 sur la cybercriminalité pour museler les voix dissidentes et poursuivre et emprisonner des détracteurs en les inculpant d’« incitation à la haine contre l’État » et de « contacts avec des organisations étrangères ». Elles se basaient pour cela sur des déclarations que ces personnes avaient publiées sur des réseaux sociaux. Parmi les personnes emprisonnées figurait Osama al Najjar. Ses chefs d’inculpation étaient liés à sa campagne, sur Twitter, en faveur de la libération de son père, Hussain Ali al Najjar al Hammadi.
Ce dernier, ainsi que 60 autres individus liés à Al Islah (Association pour la réforme et l’orientation sociale) étaient toujours détenus ; ils purgeaient des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Ces prisonniers avaient été déclarés coupables en juillet 2013 d’infractions liées à la sécurité nationale à l’issue du procès inique des « 94 Émiriens » qui s’était déroulé devant la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale.
La Cour n’avait mené aucune enquête sur les allégations selon lesquelles certains des prévenus avaient été torturés alors qu’ils étaient détenus au secret, pendant plusieurs mois, avant d’être jugés. Les poursuites engagées contre eux reposaient sur les « aveux » ainsi extorqués, que les juges avaient retenus à titre de preuve.
Les condamnés n’ont pas été autorisés à interjeter appel, ce qui constitue une violation des normes internationales d’équité. Parmi ces hommes figuraient Mohammad al Roken, éminent avocat défenseur des droits humains, Ahmed al Zaabi, un ancien juge, ainsi que les blogueurs Saleh Mohammed al Dhufairi et Khalifa al Nuaimi. Tous étaient considérés par Amnesty International comme des prisonniers d’opinion. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a déclaré que les 61 personnes emprisonnées étaient victimes d’arrestation et de détention arbitraires, et il a instamment prié le gouvernement de les remettre en liberté et de leur fournir une réparation appropriée.
En février, à l’issue d’une visite aux Émirats arabes unis, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats a exhorté le gouvernement à mener une enquête indépendante sur les allégations selon lesquelles des détenus avaient été torturés et à instaurer le droit d’appel dans les affaires jugées en première instance par la Cour suprême fédérale, entre autres réformes.

 

Torture et autres mauvais traitements

Lors de procès qui se sont déroulés en 2013 et en 2014 devant la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale, les accusés ont fait état de torture et d’autres mauvais traitements. Plusieurs ressortissants britanniques soupçonnés d’infractions liées aux stupéfiants et détenus par la police ont fait de même, mais les autorités n’ont mené aucune enquête indépendante sur aucune de ces allégations. Parmi les tortures et les autres mauvais traitements signalés figuraient les passages à tabac, les décharges électriques, l’exposition à des températures extrêmes et à une lumière vive permanente, la privation de sommeil et les menaces de viol et de mort.
En septembre, les autorités ont renvoyé de force un Éthiopien dans son pays, malgré le risque qu’il y soit torturé.

 

Lutte contre le terrorisme et sécurité

Les autorités ont incarcéré un très grand nombre de personnes, dont des étrangers, soupçonnées de terrorisme. Elles étaient détenues, souvent pendant de longues périodes, dans des lieux tenus secrets, sans pouvoir contacter leur famille ni un avocat.
En janvier, la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale a condamné 10 Émiriens et 20 Égyptiens à des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Ils avaient été déclarés coupables d’avoir mis en place secrètement une « branche internationale » de la confrérie des Frères musulmans aux Émirats arabes unis. Les 10 Émiriens purgeaient déjà de lourdes peines d’emprisonnement qui leur avaient été infligées en juillet 2013 à l’issue du procès des « 94 Émiriens ». Leur procès n’était pas conforme aux normes internationales d’équité.
En mars, la Cour suprême fédérale a déclaré trois hommes coupables, entre autres, de soutien « financier et moral » à Al Islah, condamnant deux d’entre eux, des Émiriens, à cinq ans d’emprisonnement et le troisième, un Qatarien, à sept ans. Les accusés avaient nié les charges retenues mais ont été condamnés sur la base d’« aveux » qui, selon eux, leur avaient été extorqués sous la torture ou d’autres formes de contrainte exercées par des membres des services de sécurité.
En juin, la Cour suprême fédérale a déclaré sept étrangers coupables d’infractions liées au terrorisme et les a condamnés à des peines comprises entre sept ans d’emprisonnement et la réclusion à perpétuité. Le procès de 15 personnes accusées de liens avec des groupes armés impliqués dans le conflit syrien s’est ouvert en septembre devant la même instance. Onze d’entre elles ont été condamnées en décembre à des peines allant de trois ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité, et les autres ont été acquittées.
Une nouvelle loi antiterroriste promulguée en août prévoyait des peines sévères, notamment la peine de mort, pour les personnes déclarées coupables de terrorisme. Défini au sens large, le terrorisme incluait tout acte pouvant entraîner des conséquences terroristes, par exemple le fait d’exprimer publiquement, par quelque moyen que ce soit, une « hostilité envers l’État ou le régime » ou la « non-allégeance à ses dirigeants ».
En novembre, le gouvernement a qualifié d’organisations terroristes plus de 80 groupes, dont Al Islah ; parmi eux figuraient de nombreux groupes armés actifs dans d’autres pays ainsi que plusieurs organisations humanitaires musulmanes.

 

Droits des femmes

Les femmes étaient exposées à des discriminations, dans la législation et dans la pratique. La rapporteuse spéciale des Nations unies sur l’indépendance des juges et des avocats a relevé, au sein de l’appareil judiciaire, une discrimination institutionnalisée fondée sur le genre. Elle a souligné que les femmes ne pouvaient pas être juges dans les tribunaux fédéraux, ce qui constitue une violation de la Convention sur les femmes [ONU], à laquelle le pays est partie.

 

Droits des travailleurs migrants

Les travailleurs étrangers étaient souvent exploités et maltraités malgré les dispositions protectrices énoncées dans le Code du travail de 1980 et dans des décrets pris par la suite. Nombre d’entre eux, qui avaient généralement versé de l’argent à des agences de recrutement, affirmaient avoir été trompés à propos de leurs conditions de travail.
Les ouvriers du bâtiment vivaient souvent dans des logements en mauvais état et inappropriés ; peu d’entre eux détenaient leur propre passeport. Le versement tardif et le non-paiement des salaires étaient fréquents. Le système de parrainage (kafala) exposait les travailleurs au risque d’être exploités par leur employeur ; ceux qui participaient à des actions collectives, par exemple des grèves ou des sit-in, pouvaient être arrêtés et expulsés.
Les employés de maison, essentiellement des femmes originaires d’Asie, ne bénéficiaient toujours pas des protections accordées aux autres travailleurs étrangers. Souvent, ils subissaient des violences physiques, ne pouvaient pas quitter leur lieu de travail et voyaient leurs droits en tant que travailleurs bafoués. Les autorités examinaient depuis au moins 2012 un projet de loi sur les employés de maison, qui n’a cependant pas été adopté sous forme de loi en 2014.

 

Peine de mort

Cette année encore les tribunaux ont prononcé des condamnations à mort, dans la plupart des cas pour meurtre. En janvier, un Sri-Lankais a été passé par les armes dans l’émirat de Sharjah. Le mois suivant, le président a instauré un moratoire sur toutes les exécutions pour meurtre qui étaient en instance, afin de permettre aux autorités de prendre contact avec les familles des victimes pour déterminer si elles acceptaient de recevoir le « prix du sang » pour la mort de leur proche. En mai, d’après la presse, une femme a été condamnée à mort par lapidation pour adultère par un tribunal d’Abou Dhabi.4

 

 

Le supplice d’un militant

Dans un rapport publié le 27 janvier 2021, l’organisation Human Rights Watch relate les conditions de la détention d’Ahmed Mansour, un militant des droits de l’homme des Émirats arabes unis (EAU).

Arrêté en 2017, condamné à dix ans de prison pour « atteinte à la réputation de l’État », Ahmed Mansour est détenu à l’isolement dans une cellule de 4 mètres carrés, à la prison d’al-Sadr, à Abou Dhabi, un des sept États des EAU. Il dispose d’une couverture pour dormir à même le sol. Il n’a ni poste de télévision, ni radio, ni livre, ni papier, ni stylo. Il est privé de tout contact avec les autres détenus. En guise de visite, Ahmed Mansour n’a droit qu’à une demi-heure de parloir tous les six mois avec sa femme et ses enfants – des visites qui étaient suspendues depuis un an au prétexte de l’épidémie. Pour protester contre ces conditions, il a fait deux grèves de la faim, une de 25 jours, la seconde de 49 jours, et a été nourri de force.

Alors qu’Ahmed Mansour est le militant le plus connu des Émirats arabes unis, les États occidentaux, dont la France, n’ont pas émis la moindre protestation. Les EAU achètent un grand volume d’armes aux pays occidentaux. Ceci explique cela.5

 

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mirats_arabes_unis
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_%C3%89mirats_arabes_unis
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mirats_arabes_unis
(4) http://www.amnestyinternational.be/doc/s-informer/les-rapports-annuels/rapport-annuel-2014-2015/moyen-orient-et-afrique-du-nord-2249/article/emirats-arabes-unis-24051
(5) Michel Bondelet https://journal.lutte-ouvriere.org/2021/03/03/emirats-arabes-unis-le-supplice-dun-militant_155044.html