L'Antiquité
Pendant cette période, la péninsule est marquée par la présence de tribus Arabes, Juives et probablement de minorités chrétiennes notamment d'origine grecque. Les habitants de la péninsule sont en partie des sédentaires vivant dans de petites agglomérations, généralement formées autour d'un cours d'eau, d'une source ou même d'une oasis ; ainsi que de nomades, bédouins vivant dans des campements de tentes en milieu désertique.
Mahomet et l'Islam
Au VIe siècle les Arabes sont divisés en plusieurs tribus et clans antagonistes. Seule une langue sémitique, l'arabe, unit ces diverses tribus. Celles-ci opèrent ponctuellement des razzias militaires sans lendemain contre le menaçant Empire byzantin, au nord. Mais ce seront les sables et l'aridité de la péninsule - du moins dans ses parties septentrionales et centrales -, qui protégeront le mieux l'Arabie des incursions byzantines.
La Mecque, ville de commerçants et surtout centre religieux, constitue un point de passage entre le Yémen et le Levant pour de nombreuses caravanes. Prêchant une religion monothéiste s'inspirant en partie du judaïsme et du christianisme, Mahomet fuit un assassinat en 622 et émigre vers Médine. Quelques années plus tard, cet exode, aussi appelé "hégire", constitue pour l'historiographie musulmane l'an 1 du nouveau calendrier musulman. Dans la ville instable de Médine (autrefois appelée "Yathrib"), les tribus lui confient rapidement le pouvoir politique, en raison de sa qualité d'arbitre entre les tribus juives, ainsi que de son rôle spirituel pour les nouveaux croyants. Mahomet parvient progressivement à unifier les tribus arabes et l'islam unifie rapidement l'essentiel de la péninsule Arabique, non sans susciter inquiétude - voire hostilité - parmi certaines tribus, restées polythéistes ou juives.
Mahomet devient alors législateur, organise l´administration de l'État naissant et lève une taxe en faveur des nécessiteux, la Zakat. À sa mort, ses successeurs, les califes, répandent rapidement la religion musulmane. En 683, le monde musulman s´étend de la Perse aux côtes marocaines.
Le califat
Quand le flambeau du pouvoir politique et militaire de l'islam passe de La Mecque et Médine à Damas à la fin du VIIe siècle, puis à Bagdad, le rôle du Hedjaz et de l'Arabie entame un déclin de plusieurs siècles. La majeure partie de l'Arabie demeure une zone frontière, isolée et fragmentée en tribus rivales. Avec la chute du calife abbasside en 1258, l'autorité sur les lieux saints du Hedjaz passe entre les mains de l'Égypte mamelouk. Il revient ensuite aux Ottomans quand les Turcs conquièrent l'Égypte en 1517. L'intérieur de la péninsule connaît alors une évolution séparée qui mène à l'émergence de la famille Al Saoud au XVIIIe siècle. Matant les autres clans rivaux, tels que les Al Rachid, les Al Saoud parviennent à la domination du Nejd, région de plateaux située au centre de la péninsule arabique. Avec comme capitale Riyad, cette région constitue toujours le noyau du pouvoir de la famille royale.
Le premier État saoudien
En 1744, l'émir de Dariya, Mohammed ben Saoud, s'allie à un prédicateur religieux, Mohammed ben Abdelwahhab, un imam fondamentaliste prônant le retour à la base de l'islam pur. Depuis leur capitale, Dariya près de Riyad, les deux chefs unissent les tribus du Nejd, prennent le contrôle de Riyad en 1773, et leurs successeurs étendent leur pouvoir à une grande partie de la péninsule Arabique en 1806 qui était jusqu'alors ottomane de rite musulman soufi.
Les Ottomans envoient alors l'Égyptien Méhémet Ali les renverser et rétablir l'autorité de l'Empire sur le Hedjaz sacré. Les Égyptiens s'emparent de la capitale saoudite d'al-Diriyah en 1818, détruisant ses forts et interrompant la domination des Al Saoud sur la région ; ils ne parviennent cependant pas à éradiquer les racines religieuses et nationales de leur pouvoir.
Deuxième État saoudien
Tourki ben Abdallah Al Saoud, le fils du dernier souverain, parvient à se réfugier auprès des bédouins dans le désert et à échapper à la déportation. Il mène alors une révolte contre les troupes occupantes en 1821 et établit sa tribu à Riyad, qui devient la capitale du deuxième royaume saoudien. Il regagne les territoires perdus, à l'exception du Hejaz, et de l'Émirat de Haïl où le clan Al Rachid prend le pouvoir en 1835.
En 1871, à la suite d'une querelle de succession, Saoud ben Fayçal ben Tourki Al Saoud prend le contrôle du pouvoir sur son frère Abdallah. Après la mort de Saoud, Abderrahmane son autre frère lui succède, mais Abdallah revient un an plus tard en le forçant à abdiquer. En représailles, les enfants de Saoud décident en 1887 de capturer Abdallah. En échange de la libération d'Abdallah, l'émir d'Haïl, Mohammed ben Abdallah Al Rachid, devient gouverneur de Riyad, alors que les Ottomans occupent de nouveau le Hasa, à l'est de la péninsule.
Période Al Rachid
L'Émir décide alors de mettre fin au royaume saoudien. En 1891, la Maison des Al Saoud est défaite à la bataille de Mulayda dans la région de Qassim par les Al Rachid, soutenus par les Ottomans qui restaient ennemis des Saoud. La famille Al Saoud est obligée de s'exiler au Koweït, alors protégé par la Grande-Bretagne, ennemie de l'Empire ottoman.
Troisième État saoudien
Les Al Saoud trouvent refuge au Koweït, d'où le jeune Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud organise la prise de Riyadh et du Nejd en 1902 : dans la nuit du 15 au 16 janvier 1902, Abdelaziz s'empare de Riyad, alors sous l'autorité de la famille rivale des Al Rachid (de Haïl).
En 1904, Abdelaziz s'empare de l'oasis de Buraydah, capitale de la région du Qasim, au nord du Nejd. Nouveau chef du clan, Abdelaziz organise en 1912 les Bédouins en "ikhwan" (fratries), qui constituent sa force de frappe et lui permettent de reprendre graduellement le pouvoir dans la majeure partie de la péninsule. Les Ikwân sont progressivement installés dans environ 200 colonies agricoles (les "hujjar"). En 1912 ou 1913, Abdelaziz s'empare de la province du Hasa (Al-Hasa), dans l'est, dont la population est majoritairement chiite.
Son poids politique est reconnu par les Ottomans en mai 1914, lorsque ces derniers le nomment wali ("préfet") du Nejd.
Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Abdelaziz se rapproche graduellement des Britanniques. Un traité de coopération est signé avec ces derniers en 1915.
En novembre 1921, Abdelaziz conquiert l'oasis de Haïl. Le pouvoir des Al Rachid s'effondre. Abdelaziz prend le titre de sultan du Nejd.
En octobre 1924, les Hachémites du chérif Hussein sont défaits par les partisans d'Abdelaziz, à la seconde bataille de La Mecque. Le 13 octobre 1924, Abdelaziz entre à La Mecque vêtu en pèlerin (sans revendiquer, contrairement à Hussein, le titre de calife ; le titre de gardien des deux sanctuaires pris par les souverains saoudiens ne remonte qu'aux années 1980). Le port de Djeddah est conquis peu après (1924). La conquête du Hedjaz s'achève en 1925.
Le 2 novembre 1925, les Al Saoud et les Britanniques signent le traité de Hadda, destiné à délimiter les frontières entre le domaine des Saoud et la toute nouvelle Transjordanie.
La dernière grande conquête a lieu en 1926 avec la prise de l'Asir, du Jizan et du Najran, régions historiquement yéménites.
Des légations soviétiques (le 16 février) et britanniques ouvrent à Djeddah en 1926.
La même année, Abdelaziz se proclame roi du Hedjaz. Il est reconnu roi du Hedjaz, du Nejd et de leurs dépendances en janvier 1927.
Le 20 mai 1927, avec l'aide de St. John Philby, Abdelaziz signe avec les Britanniques le traité de Djeddah par lequel il renonce à toute extension du territoire saoudien au détriment des souverains protégés par Londres tandis que les Britanniques reconnaissent le statu quo.
Des tensions ont alors lieu avec les Ikhwân, désireux de poursuivre la lutte. Les principaux dirigeants des Ikhwân (Ibn Humaÿd, Ad-Dawish et Ibn Hithlaÿn) sont déposés en octobre 1928. Abdelaziz écrase militairement les Ikhwân en mars 1929 à As-Sabilah grâce notamment à l'appui de l'aviation britannique. Ibn Humaÿd est capturé. Ibn Hithlaÿn est tué.
La création de l'Arabie saoudite
L'Arabie saoudite est fondée officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du Nejd et du Hedjaz.
Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud (Ibn Saoud) en devient le roi1. Les guerres ayant permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud ont fait 500 000 morts entre 1901 et 1932.2
Après la disparition du Califat en 1924, la conquête du pouvoir en 1932 et l'exploitation des gisements pétrolifères d'Arabie à partir de mars 1938, la famille des Saoud et le wahhabisme prennent leur essor à la suite du pacte « pétrole contre protection » qui est conclu sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945 entre le roi Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al Saoud et le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt. Ce pacte permet la protection militaire du régime wahhabite des Saoud par les États-Unis en échange du pétrole. Ainsi, le wahhabisme se développe avec l'apport des pétrodollars et la protection militaire des États-Unis. Ce mouvement se propage alors à l’extérieur du royaume via les médias (télévision, ouvrages, radio-cassettes).
Le wahhabisme
Le wahhabisme est un mouvement politico-religieux saoudien issu de l'islam sunnite hanbalite, fondé au XVIIIe siècle par Mohammed ben Abdelwahhab. Selon cette vision présentée par certains comme puritaine et rigoriste, l'islam devrait être « réformé » pour revenir à sa « forme originelle » qu'il définit selon une interprétation littéraliste et conservatrice du Coran et des hadiths.
Au XXe siècle , elle devient la religion officielle du Royaume saoudien, lui conférant ainsi le monopole idéologique.
La pensée wahhabite diffère de la plupart des autres doctrines de l'Islam : elle s'oppose notamment à toute forme populaire de religiosité et, selon Abderrahim Lamchichi, prône une pratique religieuse purement ritualiste. Les wahhabites rejettent tous les autres courants de l'islam qui ne suivent pas scrupuleusement leurs dogmes, qu'ils considèrent comme hérétiques. Les chiites et les soufis quant à eux ne sont tout simplement pas « croyants » pour les wahhabites.
Selon Ali Aouattah, ce courant est fondamentaliste.
Doctrine
Cette doctrine rejette toute interprétation du Coran et de la sunna qui diffère de celle du sens orthodoxe conservateur. Les wahhabites rejettent également toute innovation (bid'ah) comme l'invocation d'Allah à travers des saints ou du prophète Mahomet au travers d'une intercession (tawassoul). Les adeptes disent suivre la doctrine des « gens de la tradition et du consensus » (ahl as-sunna wal-jama`a).
Un grand nombre de pratiques ont été rapportées comme interdites par les fonctionnaires saoudiens, les prédicateurs wahhabites ou la muttawa (police religieuse). Les pratiques qui ont été interdites comme bid'ah (innovation) ou shirk (polythéisme) et parfois « punies par flagellation » au cours de l'histoire wahhabite incluent en autres le fait de jouer ou d'écouter de la musique, de danser, de s'adonner à la divination, de posséder des amulettes, de regarder des programmes de télévision (sauf religieux), de fumer, de jouer au backgammon, aux échecs, ou aux cartes, de dessiner des figures humaines ou animales, de participer à un jeu de rôle ou d'écrire un scénario de fiction (les deux étant considérés comme des formes de mensonge), de disséquer des cadavres (même lors d'enquêtes criminelles et pour les fins de la recherche médicale), de mettre en attente téléphonique quelqu'un avec de la musique enregistrée ou d'envoyer des fleurs à des amis ou des proches qui sont à l'hôpital. Les pratiques musulmanes ordinaires que les wahhabites croient comme étant contraires à l'islam incluent en autres le fait d'écouter de la musique faisant l'éloge de Mahomet, de prier Dieu tout en visitant les tombes (y compris la tombe de Mahomet), de célébrer le Mawlid (anniversaire du Prophète), de recourir à l'ornementation que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur des mosquées. L'onirologie (science de l'interprétation des rêves) est découragée par les wahhabites.
La doctrine wahhabite encense la culture islamique (Thaqafah Islamiyyah) et l'importance d'éviter les pratiques culturelles non-islamiques et l'amitié avec les non-musulmans, peu important de savoir si ceux-ci peuvent apparaître innocents, au motif que la Sunna interdit l'imitation des non-musulmans. Les pratiques étrangères parfois punies et parfois tout simplement condamnées par des prédicateurs wahhabites comme non-islamiques, comprennent le fait de célébrer des jours étrangers (tels que la Saint-Valentin ou la fête des mères), de se raser, de se couper ou de désépaissir la barbe, d'offrir des fleurs, de se lever debout en l'honneur de quelqu'un, de célébrer des anniversaires (y compris celui du Prophète), de détenir ou de caresser les chiens. Les docteurs wahhabites ont mis en garde contre le fait de prendre des non-musulmans pour amis, de leur sourire ou de leur souhaiter de bonnes vacances.
Place particulière de la femme à l'époque contemporaine
Le wahhabisme s'est forgé sur une vision très conservatrice de la société, imposant une stricte séparation des sexes. Cela a notamment engendré une forte limitation du droit des femmes en vertu du « blocage des moyens » (sadd al dhara'i), principe-clé du droit wahhabite. Concrètement, dès leur naissance, les femmes sont placées sous l'autorité légale d'un homme, le « gardien » (mahram), qui peut être leur père, leur mari, leur frère, leur oncle ou même leur fils. Elles ne peuvent rien entreprendre sans son autorisation, que ce soit travailler, voyager, se marier ou même se faire ausculter par un médecin (femme bien sûr). Elles sont privées du droit de conduire (jusqu'en 2018). La plupart des maisons, banques ou universités ont une entrée pour les hommes et une entrée pour les femmes. À cet égard, l'une des plus grandes références du salafisme, le cheikh Ibn Uthaymin, une figure du wahhabisme saoudien, estime, dans ses consultations juridiques (fatwas), que les femmes de bonnes mœurs ne doivent quitter leur domicile qu'avec l'autorisation du mari ou du « gardien ». Il précise même, très sérieusement, que « La femme est libre chez elle, elle se rend dans toutes les pièces de la maison et travaille en accomplissant les tâches ménagères ». En réalité, selon la hedjazie Suhayla Zayn al-Abidin, le wahhabisme a servi à légitimer ce qui n’est rien d’autre que des coutumes locales najdies : « alors que l’islam a permis l’ijtihad (l’interprétation des textes) dans le but de s’adapter aux circonstances correspondant aux différents lieux et aux différentes époques, un groupe d’oulémas s’est contenté de proclamer des interdictions au nom de sadd al-dharaʿi (« blocage des moyens », principe-clé du droit wahhabite). Ceux d’entre eux qui ont appliqué ce principe à la femme l’ont fait parce qu’ils la regardent avec des yeux païens (jahiliyya), et la traitent selon des coutumes et des traditions païennes, qui ne sont en rien une application de ce qu’a apporté l’islam » (in Al-Sharq al-Awsat, 30 mai 2004).
Depuis son émergence au début du XVIIIe siècle, Hafawa Rebhi constate une évolution : « Après avoir démoli les vestiges de la civilisation islamique à La Mecque et détruit les tombes des amis du Prophète Mohammed, les Wahhabites ont fait de « l’excommunication » (Takfir), l’idée névralgique de leur doctrine : « Est mécréant, celui qui invoque à haute voix le Prophète après l’appel à la prière, celui qui visite les tombes et qui y bâtit des Zaouïas. Est mécréant celui qui bâtit des mausolées ».3
« Le wahhabisme de surcroit Takfiri, considère comme des ennemis de l’Islam tous les non-musulmans - même les pratiquants des autres religions du Livre -et il considère comme « infidèles » les autres musulmans et appelle au Jihad, dans son sens guerrier, afin de les guider vers le bon chemin. »4
La démolition des lieux profanes
La plupart des musulmans non-wahhabites sont attachés aux lieux et aux mausolées associés à l'islam ancien.
Les lieux saints du Hedjaz sont restés longtemps des lieux de pèlerinage en particulier la tombe du prophète Mahomet. Toutefois la doctrine wahhabite désapprouve l’intérêt des sites construits autour des défunts. La visite de sites archéologiques, religieux ou historiques, est formellement proscrite. Elle est assimilée à de l'idolâtrie par le culte wahhabite. La démolition de ces sites est un phénomène qui s'est produit surtout en Arabie saoudite, dont le régime, gardien des lieux saints de l'islam de La Mecque et Médine, est wahhabite. La province du Hedjaz est la plus touchée, contrairement au Nejd, qui n'a été occupé que depuis 1924 et sur une courte période au début du XIXe siècle par les Ibn Saoud et était resté dans le dévoiement de l'idéologie wahhabite. Les villes saintes de La Mecque et de Médine ont subi la destruction d'une grande partie de leur patrimoine historique et archéologique. .
Parmi les pratiques que le wahhabisme interdit, il y a le tawassoul par les vivants, qui consiste à demander l'intercession d'un prophète ou d'un saint pour se rapprocher davantage de Dieu. De ce fait, le wahhabisme prône la destruction de tout lieu historique, même islamique
Des personnalités intellectuelles arabes dénoncent de plus en plus ouvertement les dérives du wahhabisme saoudien. Ainsi l'écrivain égyptien Alaa al-Aswany estime que le véritable islam prône d'abord la justice et la liberté, il émet des critiques envers le wahhabisme saoudien qu'il considère comme un islam de façade. Selon lui « Ce n’est pas seulement une question d’hypocrisie ou d’ignorance. Le fond du problème est que bien des gens se font une conception erronée de la religion, qui valorise les aspects visibles de la religiosité. Cette prétendue religion est confortable parce qu’elle ne demande pas d’effort, ne coûte pas cher, se limite à des slogans et à des apparences, et donne un sentiment de paix intérieure et de satisfaction de soi. Les vrais principes de l’islam en revanche – justice, liberté et égalité – vous font courir le risque de perdre votre salaire, votre situation sociale et votre liberté. » Il estime que la question du voile est secondaire vis-à-vis de la lutte pour la justice, la liberté et l'égalité. Il prend une position ferme envers le régime saoudien qui selon lui cultive un décalage entre d'un côté le discours religieux et le mode de vie saoudien, de l'autre les valeurs islamiques. « Sur les chaînes satellitaires saoudiennes, des dizaines d’hommes de religion parlent vingt-quatre heures sur vingt-quatre de questions religieuses, mais jamais du droit des citoyens à élire leurs gouvernants, ni des lois d’exception, ni de la torture et des arrestations arbitraires. Leur pensée ne s’attarde jamais aux questions de justice et de liberté. » Il estime que les valeurs islamiques sont faussées par l'hypocrisie : « L’islam dans toute sa grandeur avait poussé les musulmans à faire connaître au monde l’humanité, la civilisation, l’art et la science. Mais la tartuferie nous a menés à toute cette ignominie et à cette misère dans laquelle nous vivons ».5
Wahhabisme et terrorisme
Selon Irfan Habib, historien indien : « Muhammad ibn Abdul Wahhab, fondateur du wahhabisme marqué par un puritanisme radical et exclusionniste, est devenu plus meurtrier quand Ibn Saoud a décidé d'ajouter cette ferveur religieuse à son banditisme. (Celui-ci n’était alors qu'un chef secondaire parmi les nombreuses tribus bédouines en proie aux guerres et razzias incessantes dans les déserts désespérément pauvres du Nejd). Abdul Wahhab, en collaboration avec Ibn Saoud, le fondateur de l'Arabie saoudite, a ainsi mis en place son programme sectaire et rempli de haine. Il a dénoncé ses adversaires et tous les musulmans refusant d'accepter son point de vue comme des idolâtres et des apostats, et abusé des prophètes, des savants, des saints et des autres figures pieuses du passé. Tous ceux qui n’adhéraient pas à sa version de l'islam devaient être tués ; leurs femmes et leurs filles violées. Les chiites, les soufis, et les autres musulmans qu'il jugeait peu orthodoxes devaient être exterminés, et toutes les autres religions devaient être humiliées ou détruites. Les bases du fondamentalisme islamique étaient posées avec cette doctrine abominable, conduisant ultimement au terrorisme et hypothéquant non seulement la vie des musulmans, mais aussi celle de tous les autres dans le monde.
La plupart des « groupes terroristes islamiques » d'aujourd'hui s’inspirent de cette idéologie politique perfide. L'argent et le pouvoir saoudiens ont réussi à présenter faussement cet islam haineux comme l’islam puritain authentique, dont toute déviation serait non islamique. Malheureusement, la plupart des auteurs occidentaux sur l'islam ont accepté les yeux fermés cette prétention des wahhabites à une réforme de l’islam traditionnel prétendument décadent. Le journaliste américain Stephen Schwartz affirme que le rejet de la spiritualité ostentatoire par les wahhabites s’apparente au rejet par les protestants de la vénération des saints dans l'Église catholique. Pour les observateurs occidentaux, le mouvement wahhabite est analogue à la Réforme protestante. Ils ont malheureusement omis de faire la distinction entre réforme et sectarisme.
L’État islamique et d'autres groupes terroristes d'aujourd'hui ont porté la perversion wahhabite d'origine à de nouveaux sommets où ils ne réfèrent même plus à ses racines. Le régime saoudien lui-même se sent menacé par le monstre que son idéologie a contribué à créer. Il s'est publiquement distancié du terrorisme de l’EI et a même mobilisé l’imam en chef de La Mecque pour déclarer que le terrorisme de l’EI est un crime haineux en vertu de la charia. Cette tromperie a été utilisée avec constance par les Saoudiens chaque fois qu’ils se sont retrouvés coincés dans une situation difficile.
Les parallèles saisissants entre l’EI et autres du même acabit et l’imposture Saoudi-Wahhabi sont toutefois révélateurs. Quand l'EI fait exploser des sanctuaires, il suit le précédent créé dans les années 1920 par la Maison des Saoud avec la démolition d’inspiration wahhabite de tombes vieilles de 1400 ans dans le cimetière Jannat ul Baqi à Médine. Encore une fois, la haine envers les musulmans chiites est l'une des croyances fondamentales des wahhabites. Leurs premières destructions et leurs premiers meurtres ont été perpétrés à Karbala au début du 19ème siècle, suivis par le pillage et la destruction de la tombe de Hussain, le petit-fils du Prophète. Quel que soit son visage, la colère contre les chiites est une constante tout au long de l'histoire Wahhabi-Saoudienne, et elle est poursuivie aujourd’hui par ses derniers porte-étendards, l'État islamique et Al-Qaïda. »6
Un pouvoir sans partage de la dynastie Saoud
Abd Al-Aziz III Ibn Saud (1932-1953)
À partir de 1938, la prospérité du royaume est liée à l'exploitation du pétrole et fait de cet État l'un des plus puissants du Moyen-Orient. En 1945, le roi Abdelaziz conclut avec le président américain Franklin Roosevelt un accord stratégique motivé par la géopolitique du pétrole, qui place l'Arabie saoudite dans l'orbite économique et sous la protection militaire américaine, l’Arabie saoudite ayant cédé l’exploitation de ses ressources pétrolières aux États-Unis. La même année, elle devient membre de l’Organisation des Nations unies et de la Ligue arabe. Officiellement, pendant la Seconde Guerre mondiale, Ibn Saoud d'Arabie prend une position neutre. Toutefois, on le juge favorable aux Alliés.7
Le roi Abdelaziz accepte le concept de modernisation du pays et persuade les ultra-conservateurs religieux d'accepter les nouvelles technologies : les automobiles, la radio, le téléphone, l'avion et la télévision (il considérait cela comme des outils, et qu'on pouvait les utiliser dans le bien, ce qui rassura les oulémas saoudiens).
Après cinquante ans de pouvoir, Adb al-Aziz meurt en 1953, lui succède alors son fils, Saoud ben Abdelaziz.8
Saoud ben Abdelaziz Al-Saoud (1953-1964)
Son règne est marqué par la multiplication des postes ministériels, souvent confiés à des proches sans réels souci de leurs compétences, ainsi que par des dépenses somptuaires qui ne tardent pas à mettre à mal les finances publiques, en dépit de la manne pétrolière. Plaçant ses propres fils à des postes-clés dans l'administration, il fait craindre une remise en question de la loi de la succession, ses frères envisageant le fait d'être spoliés de leurs droits au trône.
Entretenant des relations cordiales avec l'Égypte de Nasser au début de son règne, dans le but de contrer l'influence des royaumes hachémites de Jordanie et d'Irak, il modifie sa politique extérieure et se montre de plus en plus hostile au régime nassériste, dont il craint la doctrine panararabiste. On lui prête une tentative d'assassinat contre ce dernier, les services secrets égyptiens étant parvenus à mettre la main sur un chèque de deux millions de livres syriennes signé de la main même du roi. Il s'oppose également à l'Égypte par pays interposé, intervenant au Yémen pour soutenir les troupes royalistes, quand Nasser soutenait les troupes républicaines.
Sur le plan intérieur, malgré un bilan économique catastrophique qui place le pays au bord de la banqueroute, il tente de moderniser les principales infrastructures. Il fonde l'université de Riyad en 1957, crée l'institut d'administration publique en 1961 et la télévision saoudienne en 1962.
Au sein de la famille royale, les tensions se cristallisent autour du roi Saud et de son frère Fayçal, deux hommes que tout oppose. Tandis que le souverain est réputé pour son goût pour le jeu, l'alcool et les femmes, son frère passe pour un wahabbite rigoureux. Une première crise éclate en 1962, alors que le roi Saud s'envole pour les États-Unis afin d'y suivre un traitement médical. Fayçal forme un cabinet excluant les fils du roi, promettant de profondes réformes judiciaires. De retour dans son pays, le roi Saud condamne ces décisions et menace d'envoyer la garde royale contre son frère, qui en retour compte sur de nombreux partisans dans les forces armées. Le conflit menaçant de tourner à l'affrontement ouvert, le cas est soumis à un conseil de famille ainsi qu'au conseil des oulémas. Ce coup d'État qui ne dit pas son nom tourne au désavantage du roi, qui est contraint d'abdiquer le 2 novembre 1964. Fayçal, devenu roi, contraint son frère à l'exil.9
Fayçal ben Abdelaziz Al-Saoud (1964-1975)
Les réformes sociales
À son arrivée au pouvoir, l'Arabie saoudite était largement considérée comme un « empire patriarcal ». Encore au stade féodal, les affaires se traitaient entre chefs de tribus. C’est sous son règne que l’Arabie est passée d’une condition de mosaïque de tribus à celle d’un État fort et centralisé.
Fayçal entreprendra de moderniser la société saoudienne, en s’attelant tout d’abord à la réforme du gouvernement. Il modifie en profondeur le fonctionnement de l’Administration, définit les devoirs et les attributions de chaque ministère, rend les ministres responsables de leur bilan. Il s’entoure de « princes-managers » formés dans des écoles américaines et britanniques. Politique, technocrate, médecin, professeur ou haut fonctionnaire, ces princes constitueront la colonne vertébrale du nouvel État saoudien.
Il réformera également l’armée, dissout l’Ikhwan, et la remplace par une armée régulière et la Garde Nationale. Suivi par l’agriculture, il lance un vaste plan de « fertilisation du désert » qui devait permettre à l’Arabie d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ainsi le budget du ministère de l’agriculture passe de 21 millions de Riyals en 1960 à 382 millions dix ans plus tard. Cette politique s’accompagnera de la sédentarisation des populations nomades travaillant maintenant dans l’agriculture.
Réformes économiques
Les dix premières années du règne de Fayçal ont été marquées par l’assainissement financier du Royaume. Arrivé dans la capitale, il s’attellera à la résolution du déficit de l’État, en menant une série de réformes. C’est ainsi qu’en trois ans, il fait une distinction entre le budget de l’État et sa liste civile, et entre les dépenses publiques et les subventions privées. Après avoir rétabli la balance commerciale, il rend sa valeur au riyal, met fin aux gaspillages des fonds publics, lutte contre la corruption, le favoritisme et le trafic d’influence. Il réduit également le train de vie de la famille royale et renforce ses pouvoirs et celui du gouvernement.
Cette politique portera rapidement ses fruits, les finances du Royaume sont largement assainies. L'importante manne financière sera particulièrement utile en matière de politique étrangère et permettra à l’Arabie saoudite de revenir sur le devant de la scène à l’occasion de la guerre des Six Jours.
Politique étrangère
Guerre des Six-Jours
La guerre des Six Jours menés par l’Égypte, la Syrie, la Jordanie et l’Irak sonne comme une véritable débâcle pour les armées arabes. L’Égypte est débordée par l’armée israélienne qui est parvenue à prendre le Sinaï et le Canal de Suez.
La puissance militaire égyptienne est anéantie, et l'économie nationale ruinée. Cette situation conduit Nasser à demander l’aide de l’Arabie saoudite, seul pays de la région à pouvoir renflouer les caisses de l’État. Une conférence est alors convoquée à Khartoum en 1967, Fayçal en position de force acceptera de prendre à sa charge 37 % des pertes résultant de l’obstruction du canal (il sera suivi par les Koweïtiens et les Libyens). Il accepte de verser chaque mois une somme équivalente à plus du tiers de celle que lui aurait rapportée l’exploitation de la voie d’eau, jusqu’à sa remise en état définitive.
Par la force des choses Nasser est contraint de mettre fin à ses attaques répétées contre les monarchies du golfe et cesse de soutenir les républicains yéménites. La débâcle égyptienne et sa dépendance vis-à-vis de l’Arabie permettront à Fayçal de prendre la tête du monde arabe.
L'amitié arabo-américaine
En matière de politique étrangère, la grande ambition de Fayçal était de faire basculer le monde arabe dans le « camp américain ». À la fin de l’année 1973, il expose clairement sa politique aux diplomates saoudiens : ne jamais léser les intérêts américains ou porter atteinte à leur amour-propre, lutter contre l’influence communiste ou prosoviétique au Moyen-Orient, et faire comprendre aux Arabes que leur salut ne viendra pas de Moscou mais de Washington.
En contrepartie, il s’engage à avoir une attitude intransigeante vis-à-vis d’Israël, de toujours soutenir le peuple palestinien et d’user de son influence sur les cercles dirigeants américains en faveur de la cause palestinienne.
Il résume sa politique en cette phrase : « Mon père a voulu être le garant des Américains à l’égard des Arabes. Moi, je veux être le porte-parole des Arabes auprès des Américains ».
C’est dans cette optique qu’il invite le président Sadate à rompre les liens avec Moscou, à abandonner la politique Nassérienne hostile aux Américains, et à rétablir les relations diplomatiques avec les États-Unis. Lors de la guerre du Kippour, il s’entend avec le raïs Égyptien pour que la guerre ne soit pas totale, ce devait être un moyen pour l’Égypte de faire valoir ses droits sur le canal de Suez et le Sinaï. Plus tard, lors des négociations avec Israël, il servira d'intermédiaire entre Kissinger, Sadate et le président syrien, Hafez el-Assad.
Son action politique est globalement un succès, l’Égypte de Sadate rejoint le camp américain et la Russie est fortement affaiblie sur la scène arabe. Cependant, les relations diplomatiques entre l’Arabie et les États-Unis vont se détériorer avec l’arrivée de Gerald Ford au pouvoir.
Tension entre les États-unis et l'Arabie saoudite
Nixon, avec qui Fayçal entretenait des relations cordiales est contraint à la démission à la suite du scandale du Watergate. Il est remplacé par le vice-président Gérald Ford qui prête serment le 11 août 1974. Ford, qui est connu pour ses positions pro-israéliennes — il reconnaît Jérusalem comme la capitale de l’État Hébreu — s’attire la défiance des Saoud. Le 16 août, Fayçal fait savoir son irritation au gouvernement américain, le sommant de changer de politique, sans quoi, la politique de son pays vis-à-vis de l’Amérique changera.
N’ayant reçu aucune réponse, il met en place une série de sanctions. Le volume d’extraction du pétrole est réduit de 10 à 20 %, puis le 29 août, il procède au retrait progressif des réserves d’or saoudienne entreposées aux États-Unis. Dans le même temps, la compagnie pétrolière Aramco est sur le point d’être nationalisé. Dans une interview à Newsweek, Fayçal répète son souhait de voir une inflexion de la politique américaine au Moyen-Orient au profit de la Palestine. Il menace une nouvelle fois d’avoir recours à l’arme pétrolière, ce qui lui attire les foudres de Kissinger qui parle d’un « étranglement du monde industrialisé » et d’une possible solution militaire pour régler ce différend.
Le ton monte entre les pays de l’OPEP et les États-Unis, les uns menacent de fermer les puits de pétrole en cas d’invasion, et les autres d’envahir les champs pétrolifères d’Arabie. Des manœuvres militaires sont menées par le commandement américain dans le Golfe et des simulations de débarquement ont lieu à Oman. Pour désamorcer la crise, Fayçal envoie son ministre de la défense, l’Émir Sultan, à Washington rencontrer de hauts responsables américains. Sur place, il recrute un millier de conseillers militaires américains, qui formeront à la fois la Garde Nationale saoudienne, protégeront les puits de pétrole et la famille royale. C’était un signe de bonne volonté de Fayçal, qui par ce geste voulait montrer que son sort, et celui de sa famille, dépendait entièrement des États-Unis. Cependant, le geste n'a pas eu l'effet escompté sur le gouvernement américain, qui continue de préparer un plan d'invasion.
Assassinat
Le 25 mars 1975, jour du mawlid pour les musulmans, Fayçal reçoit la visite de son jeune neveu, le prince Fayçal ben Moussaid. Âgé alors de vingt-six ans, le jeune homme parvient à entrer dans le palais avec son arme. Conduit devant le roi aux côtés d'une délégation koweïtienne, il attend d'être assez proche de son oncle pour sortir son revolver, et tirer trois balles à bout portant, dont une qui le touche à la tête.
Ceinturé et assommé par les soldats de garde, le prince est arrêté, tandis que le roi est évacué en urgence vers le King Fayçal Hospital de Riyad. Toujours vivant dans l’ambulance malgré ses blessures, le roi s’éteint sur la table d’opération.
Les motivations du prince restent floues. Plusieurs théories ont été émises, celle d'une vengeance familiale (pour venger la mort d'un de ses frères abattu par la police lors d'une manifestation), d'un différend financier, ou d'un complot politique (suite à un discours dans lequel il appelait les musulmans au "djihad" pour libérer la Palestine). À la suite de son interrogatoire par des experts et des policiers, le prince a été déclaré sain d'esprit. Il est condamné à mort puis décapité, conformément à la charia en vigueur dans le pays.
Le successeur de Fayçal, Khaled devient roi, tandis que Fahd devient le nouveau prince-héritier.10
Prise de la grande mosquée de la Mecque
Le 20 novembre 1979, premier jour de l'an 1400 du calendrier musulman, un groupe d'environ 200 fondamentalistes islamistes, composé de Saoudiens et d'Égyptiens étudiant à l'Université islamique de Médine, lourdement armés, prit par la force le contrôle de la mosquée Al-Masjid al-Haram à La Mecque. À la tête de cette prise d'otage, qui impliqua aussi bien des hommes que des femmes, se trouvait Juhaiman ibn Muhammad ibn Saif al Utaibi, caporal retraité de la Garde nationale saoudienne (en) qui appartenait à une puissante famille sunnite du Najd.
En premier lieu, il souhaite la reconnaissance de son beau-frère Mohammed Ben Abdallah Al Qahtani, présent avec eux, comme le Mahdi censé apporter la justice sur terre. Il justifia ses actions par le fait que la dynastie des Al-Saoud avait perdu sa légitimité, puisqu'elle était corrompue, qu'elle vivait dans le luxe et qu'elle avait détruit la culture saoudienne par sa politique d'ouverture à l'Occident.
Malgré la planification minutieuse de Juhaiman, les choses ne débutèrent pas de la meilleure des manières pour les opposants, lorsqu'un garde fut abattu par un dissident nerveux, ce qui constitue un sacrilège dans la loi islamique : les effusions de sang sont interdites dans la ville de La Mecque.
Cette attaque laissa le gouvernement saoudien complètement paralysé, dans un premier temps. Avant d'entreprendre quoi que ce soit dans le lieu sacré, le gouvernement dut demander la permission d'agir aux autorités religieuses ; jusqu'à ce que les oulémas accordent une dispense pour permettre le port d'armes dans la Grande Mosquée.
Après l'échec des Saoudiens, les terroristes se réfugient dans d'immenses souterrains sous l'enceinte sacrée où ils continuent de séquestrer des milliers de pèlerins. Le roi Khaled ben Abdelaziz Al Saoud demande le renfort de forces de sécurité américaine et française. Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing fait appel au GIGN. Un groupe de cinq hommes commandé par le capitaine Paul Barril et assisté d'une équipe du SDECE s'envole vers l'Arabie en Falcon 20 et débarque le 29 novembre. Aujourd'hui encore, bien qu'on ignore le rôle officiel des forces de sécurité française et saoudienne dans la sortie de la crise, le commandant Christian Prouteau, créateur du GIGN, a donné plus de détails sur le rôle de conseil des forces françaises, dans une interview publiée en 2015. Le soutien apporté aurait été essentiellement humain, sous la forme de trois experts du GIGN dépêchés sur les lieux pour aider les forces saoudiennes à mettre au point une intervention dans les sous-sols de la Grande Mosquée à l'aide de gaz incapacitant.
L'interdiction d'entrer dans la Grande Mosquée autour de la Kaaba pour les non-musulmans et le fait que les Saoudiens, soucieux de leur légitimité dans le monde musulman, ne mentionnent pas les Français dans les rapports officiels, contribuent à laisser planer la confusion quant au rôle de chacun. Pour éviter l'intervention de non-musulmans dans le périmètre sacré, les gendarmes du GIGN ont dû se soumettre à une rapide cérémonie de conversion à l'islam. D'après Christian Prouteau, les gendarmes français ne sont pas physiquement entrés dans la mosquée mais ont utilisé des moyens d'interventions à distance : des gaz incapacitants (du CB (chlorobenzylidène malononitrile) ont été injectés jusqu'aux souterrains grâce à des trous perforés dans les dalles de béton.)
Au soir du 4 décembre, deux semaines après le début du siège, les forces françaises et saoudiennes reprennent le contrôle du lieu saint, après une bataille qui a fait selon le bilan officiel 304 morts (177 terroristes, 127 membres des forces de sécurité), dont Mohammed Ben Abdallah Al Qahtani, et 600 blessés. Les récits de l'assaut divergent considérablement, même entre les différents rapports officiels. La suggestion d'inonder la Grande Mosquée et d'y faire descendre un câble électrique pour électrocuter les rebelles a été rejetée.
Utaybi et 62 autres prisonniers sont décapités dans différentes villes d'Arabie saoudite le 9 janvier 1980 (39 Saoudiens, 10 Égyptiens, 6 Yéménites, quelques Koweïtiens, Irakiens et Soudanais). Plusieurs autres prisonniers sont exécutés secrètement au cours des mois suivants. Un prisonnier Afro-américain est rapatrié aux États-Unis.
On apprend plus tard qu'Al Utaibi était un membre de la garde nationale saoudienne (GNS) et que des gardes se sont ralliés aux rebelles. C'est particulièrement choquant pour la famille royale saoudienne puisque les officiers de la GNS, contrairement à l'Armée saoudienne régulière, sont une garde d'élite composée de membres des classes supérieures de la société saoudienne. La GNS est créée à l'origine comme « l'armée personnelle » du prince, avec pour but de le protéger d'un éventuel coup d'État par les généraux de l'armée. Pour s'assurer de leur loyauté, les membres de la GNS sont principalement recrutés dans les tribus qui se sont toujours montrées fidèles à la famille royale.11
Islamisation croissante du régime
La prise de la Grande Mosquée de La Mecque met en évidence le poids de la communauté ultra-conservatrice (représentant environ 70 % de la population saoudienne), et la pression fondamentaliste s'accentue. Une police des mœurs, la muttawa, est mise en place, s'assurant que tout ce qui se passe dans le royaume n'enfreint pas les règles de l'islam. Les nouvelles technologies sont encadrées, comme internet (les sites sexuellement explicites sont censurés) ou la téléphonie mobile (les téléphones portables dotés d'appareil photo sont interdits). La musique n'est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, et la télévision par satellite est également filtrée, tandis que la ségrégation sexuelle (pas de salle mixte dans les restaurants) est accentuée, et le port du voile islamique obligatoire.
Le règne de Fahd (1982-2005)
Quand le roi Khaled meurt, le 13 juin 1982, Fahd accède au trône et nomme son demi-frère Abdallah premier vice-Premier ministre.
La rapide augmentation des recettes saoudiennes au début des années 1980 qui passent de 65 milliards de dollars à près de 135 milliards en 1981, permet au pays qui est le « berceau » du wahhabisme d'exporter sa doctrine religieuse sous la forme du salafisme. Cette politique extérieure se manifeste dans la lutte organisée contre l'Union soviétique dans le conflit afghan en accord avec l'allié américain.
La guerre du golfe
L'invasion militaire du Koweït par l'Irak, le 2 août 1990, a constitué un choc politique considérable pour l'Arabie saoudite, brutalement confrontée à sa propre vulnérabilité et à ses contradictions. Dès le 8 août 1990, le roi Fahd prononce un discours annonçant l'accueil d'une coalition internationale sur le sol du royaume, ce qui n'est pas sans provoquer de fortes réticences au sein de la société saoudienne.
À la fin de 1990, en représailles au soutien du Yémen à l'Irak, 800.000 travailleurs yéménites sont expulsés, tandis que les immigrés yéménites se voient imposer un permis de résidence.
Dans le même temps, le contexte est favorable à l'expression de revendications de la part des plus libéraux des Saoudiens : le 6 novembre 1990, environ quatre-vingt femmes manifestent au volant de leurs voitures afin de revendiquer le droit de conduire et sont aussitôt arrêtées. En février 1991, une pétition "libérale" signée par quarante-trois personnes demande des changements, notamment une réforme des mouttawayn (police de la vertu et de la prévention du vice), la création d'un majlis ech-choura (conseil consultatif) et la rédaction d'une constitution.
Les tensions internes se poursuivent au lendemain de la guerre du Golfe (janvier-février 1991). En mai 1991, plusieurs personnalités religieuses, au premier rang desquelles Salman el Auda et Safar el Hawali présentent une résolution (le "khitab el matâlib") par l'intermédiaire d'Abdelaziz Ben Baz afin de demander la mise en place d'un majlis ech-choura composé d'oulémas, la mise en conformité des lois avec l'Islam, l'islamisation de la police étrangère, la création d'une armée de défense de la terre sainte de l'Islam tout en critiquant la corruption (notamment morale). Cette demande est suivie d'une seconde pétition en juillet 1991.
Répondant partiellement à ces exigences, les lois fondamentales du royaume sont codifiées en mars 1992.
Par ailleurs, la présence militaire américaine, bras armé protecteur de la dynastie saoudienne devant Saddam Hussein et l'Iran des ayatollahs, est de plus en plus contestée parmi la population, en particulier à cause de la présence massive de troupes américaines sur le sol saoudien pendant la crise et la guerre du Golfe de 1990-91.12
La « régence » d'Abdallah
Le roi Fahd est victime le 29 novembre 1995 d'un accident vasculaire cérébral qui le force à déléguer la plus grande partie de la conduite des affaires au prince Abdallah, qu'il nomme régent en 1996, recevant cependant quelques visiteurs triés sur le volet. Il ordonna une sévère répression contre les islamistes proches d'Al-Qaïda.13
Le 13 novembre 1995, un premier attentat à la voiture piégée vise des militaires et des civils américains (travaillant pour la Garde nationale saoudienne) à Riyad, faisant sept morts (dont cinq Américains). Dans la nuit du 25 au 26 octobre 1996, un attentat plus important vise la base d'Al-Khobar, dans l'est du pays, tuant dix-neuf soldats américains. Les mesures de sécurité sont alors renforcées et les troupes alliées regroupées ou déplacées.
Le chef terroriste Oussama ben Laden, d'origine saoudienne, a acquis une importante notoriété auprès de la population saoudienne, plus particulièrement de la jeunesse. Ancien combattant en Afghanistan, il s'était en particulier prononcé contre la présence de troupes américaines sur le sol saoudien en 1990 et avait proposé de lever des troupes de volontaires arabes pour libérer le Koweït sans recourir aux Américains. Il a été déchu de sa nationalité saoudienne en 1994 et s'est dans un premier temps exilé à Khartoum.
Des attentats sanglants à Ryad ont montré l'étendue de ce malaise.14
« Aux États-Unis, l'arrivée de George Walker Bush au pouvoir début 2001 entraîne un relâchement des liens qui unissent les deux pays. La monarchie et la population saoudiennes sont exaspérées par l'attitude de l'Administration américaine face à la dégradation de la situation au Proche-Orient, ainsi que par son « acharnement » contre l'Irak, dix ans après la guerre du Golfe.
C'est dans ce contexte difficile qu'interviennent les attentats du 11 septembre 2001. La participation de quinze Saoudiens aux attentats déclenche une vague d'accusation contre le royaume soupçonné d'être le foyer principal de l'exportation du terrorisme islamique. Sous la pression des États-Unis, Riyad rompt ses relations avec les talibans et promet de sévir contre le blanchiment d'argent, tout en condamnant l'intervention en Afghanistan et en faisant savoir que les bases américaines installées sur son territoire ne sauraient être utilisées dans le conflit. »15
Le règne d'Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud (2005-2015)
Le 1er août 2005, il devient roi, à l'âge de 82 ans, à la mort de son demi-frère Fahd, disparu à l'âge de 84 ans d'une pneumonie. Son demi-frère, le prince Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, ministre de la Défense depuis 1962, devient ensuite prince héritier. Mais ce dernier meurt le 22 octobre 2011 à New York, alors qu'il y suivait un traitement contre le cancer du colon.16
Le mouvement de contestation de 2011
La contestation en Arabie saoudite en 2011, vague de contestation populaire, sociale et politique sans précédent, débute vers le 21 janvier 2011 et s'inscrit dans un contexte de tension dans les pays arabes. Les manifestants réclament dignité, emplois et libertés.
Contexte
Depuis le succès de la révolution tunisienne, le monde arabe est secoué par une vague de contestations.
L’Arabie saoudite est elle aussi vulnérable : si sa rente pétrolière lui permet d’acheter la paix sociale, le taux de chômage des 20-24 ans est estimé à 40 %.
Lien également avec la révolte au Bahreïn
Les 3 et 4 mars 2011, des manifestations ont lieu à Qatif, dans l’est du pays, pour la libération de neuf personnes emprisonnées depuis treize ans. Au moins vingt manifestants sont arrêtés.
Quelques centaines de chiites de l'est du pays manifestent en soutien aux protestataires de Bahreïn les 17 et 27 mars 2011 (Bahreïn est situé près de Qatif), demandant également la libération des prisonniers politiques.
Manifestations
Le 10 mars 2011, la police tire à balles réelles sur des manifestants chiites à Qatif, dans l’est du pays. Le « jour de la colère », organisé le 11, n’est suivi que faiblement.
Le 11 avril 2011, quelques dizaines de diplômés manifestent devant les locaux du ministère de l’Éducation à Djeddah.
D’autres manifestations ont lieu à l’automne, toujours dans la région chiite de Qatif. En octobre 2011, la répression fait 14 blessés. En novembre, les tirs de la police font quatre morts dans la région de Qatif, et un nouveau en janvier 2012.
Réactions du gouvernement
En janvier 2011, le gouvernement prévoit de faire passer les stocks de blé de six mois à un an de consommation, afin de prévenir les pénuries et les hausses de prix.
Le 23 février 2011, un plan de 36 milliards est annoncé, pour augmenter les salaires des fonctionnaires et construire des logements. Ce plan est amplifié plusieurs fois, pour aboutir à un total de 70 milliards de dollars (50 milliards d'euros) le 18 mars, le recrutement de 60 000 fonctionnaires, la construction de 500 000 logements, une prime de deux mois de salaire pour tous les fonctionnaires, des investissements pour la santé publique, et une lutte contre la corruption. De plus, un salaire minimum de 560 € est promis, trois milliards d’euros doivent être investis dans la santé, et 60 000 policiers recrutés.
Pour avoir participé aux manifestations, le cheikh Nimr Baqr al-Nimr et son neveu Ali Mohammed Al-Nimr sont condamnés à mort par décapitation et crucifiement. Lors de l'exécution publique, qui peut intervenir à tout moment, le condamné sera décapité et son corps sera ensuite hissé sur une croix et exposé publiquement jusqu'au pourrissement de ses chairs.17
Exécutions
De nombreux crimes sont passibles de la peine de mort, comme l'homicide volontaire, le viol, le vol à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l'apostasie, le prosélytisme non-musulman, le trafic de stupéfiants, le sabotage, l'espionnage, la trahison ou la défiance vis-à-vis de la famille royale. En Arabie saoudite, les exécutés sont très généralement décapités au sabre, en particulier pour apostasie, ou lapidés pour l'adultère, rarement par d'autres méthodes comme la crucifixion ou l'arme à feu. Le fait de demander des réformes pour le pays est passible de prison. Le fait de détenir des bouteilles de vin est passible de coups de fouet.
En 2015, les autorités ont fait exécuter plus de 151 personnes, criminels, opposants au régime ou manifestants laïcs, contre 90 exécutions en 2014, ce qui constitue un rythme « sans précédent » selon Amnesty International. Dans ce contexte, en 2015, elles ont publié une offre d'emploi pour recruter 8 bourreaux. Pour James Lynch, directeur-adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, les autorités saoudiennes semblent déterminées à poursuivre cette vague d'exécutions. Les autorités saoudiennes invoquent la dissuasion pénale comme argument clé pour justifier la peine de mort. L'Arabie saoudite figure ainsi parmi les pays qui exécutent le plus grand nombre de personnes avec la Chine, l'Iran, l'Irak et les États-Unis.
Par ailleurs, l'abolition de l'esclavage en 1968 n'est que théorique, puisqu'il perdure de fait dans la péninsule arabique sous des formes très diverses allant de l'esclave domestique à l'esclave sexuel.18
L'allié stratégique des États-Unis
La collaboration étroite entre Washington et le régime saoudien en dit long sur la nature de l’intervention américaine au Moyen-Orient. Malgré le fait qu’une administration après l’autre a prétendu que la politique étrangère américaine défendait la démocratie, l’impérialisme américain a recours depuis longtemps au régime le plus réactionnaire et oppressif du Moyen-Orient. Depuis 70 ans, il y a un accord entre les États-Unis et la monarchie saoudienne : les États-Unis arment le régime jusqu’aux dents contre des menaces aussi bien intérieures qu’extérieures, tandis que l’Arabie saoudite les approvisionne en pétrole et défend généralement la politique étrangère américaine.
Même si les administrations américaines ont, pendant plus d’une décennie, adhéré à la « guerre contre le terrorisme », ensuite décrite par l’administration Obama comme une « lutte contre l’extrémisme violent », la pierre angulaire de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient a été une alliance avec un État qui défend le fondamentalisme islamique et qui finance et arme des groupes fondamentalistes islamiques droitistes dans la région.
Dans les années 1980, l’administration Reagan et l’Arabie saoudite ont conjointement commandité les moudjahidines afghans, la guérilla de fondamentalistes islamiques recrutée par la CIA et sanctionnée et payée par l’Arabie saoudite, afin de combattre le régime pro-soviétique en Afghanistan. La collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite en Afghanistan a donné naissance à Al-Qaïda, mené par Oussama ben Laden, le fils d’un magnat de la construction devenu riche par ses contrats en Arabie saoudite. L’argent de l’Arabie saoudite – dont une partie provenait directement de la monarchie – a financé les attaques terroristes du 11-Septembre contre les États-Unis et 15 des 19 pirates de l’air étaient des Saoudiens.
Mais, l’administration Bush a glissé ces liens sous le tapis, premièrement en envahissant l’Afghanistan et, ensuite, en concoctant un lien entre Saddam Hussein et le 11-Septembre dans le but de justifier l’invasion et l’occupation criminelles de l’Irak en 2003. Même si les Saoudiens se sont opposés verbalement à l’intervention américaine (parce qu’ils voyaient Saddam Hussein comme un rempart contre l’Iran), l’armée américaine a bénéficié d’un accès complet aux bases saoudiennes afin de mener leurs opérations militaires pendant la guerre.
En 2011, L’Arabie saoudite a appuyé la guerre de l’OTAN menée par les États-Unis contre la Libye et est fortement intervenue en Syrie dans le cadre de la campagne orchestrée par les États-Unis pour déstabiliser le régime de Bachar al-Assad, un allié de l’Iran, le principal rival régional de l’Arabie saoudite.
L’alliance entre l’Arabie saoudite et les États-Unis a été un désastre sans équivoque pour les habitants du Moyen-Orient. L’Irak, la Syrie, la Libye et maintenant le Yémen, qui se trouve à la frontière sud de l’Arabie saoudite, ne sont plus des sociétés fonctionnelles et ont été dévastées par des offensives militaires (que ce soit directement, comme dans le cas de l’Irak ou de la Libye, ou indirectement, comme dans le cas de la Syrie ou à distance, via des frappes de missiles par drones, comme dans le cas du Yémen).
Les forces militaires saoudiennes ont envahi le Royaume de Bahreïn – le siège social des opérations navales américaines dans le Golfe persique – afin de supprimer l’opposition populaire à la famille dirigeante. En 2013, Washington et Riyad ont appuyé le coup d’État du général Al-Sisi en Égypte et le retour d’une dictature militaire contre l’État le plus peuplé du monde arabe.
En Syrie, les dollars saoudiens et les armes américaines fournies par l’Arabie saoudite ont alimenté l’émergence de l’État islamique en Irak et en Syrie (EI ou ISIS en anglais). Cela a mené à la débâcle de l’été 2014, lorsque les combattants d’ISIS ont conquis la majeure partie de l’ouest de l’Irak, incluant la deuxième plus grande ville d’Irak, Mossoul. Par la suite, les pilotes saoudiens ont rejoint la campagne de bombardement mené par les États-Unis en Syrie, le prélude à un conflit de beaucoup plus grande envergure et encore plus sanglant.
Un autre exemple de collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite est la décision de l’OPEC, avec l’Arabie saoudite en tête, de rejeter en 2015 toute réduction de production de pétrole au moment même où les prix chutaient. Ce geste visait à acculer l’Iran et la Russie, deux alliés majeurs de la Syrie, à la faillite, en coupant les revenus que ces gouvernements pouvaient tirer des exportations de pétrole dont ils dépendaient.
Mais c’était un couteau à double tranchant. Aux États-Unis, la chute des prix du pétrole a dévasté l’industrie du gaz de schiste et a commencé à créer du chômage de masse au Texas et au Dakota du Nord. En Arabie saoudite, la chute des prix du pétrole a créé un manque à gagner de près de 40 milliards de dollars dans le budget national, forçant le pays à puiser dans ses réserves internationales.
La pauvreté et le chômage se répandent dans le pays, malgré sa richesse pétrolière. Une étude de la CIA sur ce pays a estimé que 506.000 jeunes allaient entrer sur le marché du travail en Arabie saoudite en 2015, où plus de la moitié de la population de 27 millions a moins de 25 ans. Étant donné que seulement 1,7 des 8,4 millions de salariés en Arabie saoudite sont des citoyens saoudiens – la grande majorité d’entre eux sont des immigrants –, le régime fait face à ce qu’un stratège impérialiste décrit comme étant « un défi incroyable en terme de stabilité nationale ».
La force la plus réactionnaire de la région – la monarchie saoudienne – est alliée avec la force la plus réactionnaire de la planète – l’impérialisme américain. Il en résulte une combinaison toxique de convulsions économiques, d’intensification des conflits tribaux et sectaires et d'escalade des interventions militaires impérialistes.19
Le wahhabisme : une idéologie totalitaire
Le « wahhabisme », c'est l'idéologie d'État sur laquelle les roitelets du pétrole, les fameux « princes saoudiens » - ont bâti leur pouvoir. C'est la féodalité à l'aube du IIIe millénaire, avec ses jugements ignobles et ses peines de mort sans appel exécutées au sabre (décapitation) ou à coup de cailloux (lapidation). Le wahhabisme, c'est la doctrine qui a inspiré un certain Oussama ben Laden mais aussi les « talibans » de sinistre mémoire. Pour les adeptes de cette topique totalitaire, le « bon musulman », c'est celui qui se soumet à la dictature des chefs wahhabite, qui appelle au jihad, qui appelle à la destruction de l'État d'Israël, qui considère que les non musulmans sont des mécréants qu'il faut éradiquer de la surface de la terre. Les missions destructrices des wahhabites leur octroient une place assurée au paradis. Ils sont convaincus qu'ils sont les représentants de Dieu sur terre et ses justiciers. Le wahhabisme ne cesse de se répandre, principalement dans les pays pauvres, par le biais de prétendues « associations culturelles » qui sont financées par les Saoudiens qui paient aussi des « missionnaires » qui infiltrent les communautés musulmanes un peu partout dans le monde. Ils financent des écoles coraniques (sous réserve que l'on y enseigne le wahhabisme) et des mosquées où leurs imams viendront jeter le trouble dans les esprits et prêcher la guerre sainte.
Le wahhabisme est indissociable du régime saoudien. Il en est le support et la justification. Les « princes » saoudiens ne sont rien sans l'appui des chefs religieux wahhabites. Inversement, le wahhabisme ne peut se répandre qu'avec l'appui financier du clan des Saoud. Et ce gang de bédouins ne doit sa richesse qu'au pétrole et à ceux qui le leur achètent : Européens, Nord-Américains, Africains et Asiatiques. Chaque fois qu'on achète un litre d'essence d'origine saoudien, on finance indirectement les « fous d'Allah » et autres criminels du même acabit qui bénéficient de l'appui des wahhabites.
Le wahhabisme est grégaire, sauvage et barbare. Ses adeptes sont des créatures misogynes, anthropophobes et xénophobes. La femme pour eux est un esclave créé par le bon Dieu pour assouvir les fantasmes des hommes, elle doit être voilée car elle est l'incarnation de la tentation diabolique. Le sport doit être banni et la télévision aussi. Les hommes du XXIème siècle doivent vivre comme vivaient les Arabes il y a 14 siècles.
Le « wahhabisme » est une doctrine prônée par les adeptes d'une secte qui se dit musulmane, très dangereuse, qui tire son nom de celui qui fut son fondateur, un certain Muhammad Abd al Wahhâb, un prétendu « rénovateur » de l'islam qui vécut au XVIIIe siècle. Elle a imposé ses principes archaïques dans la majeure partie de l'Arabie dès le début du XIXe siècle. Mais au début du XXe siècle, son influence s'est peu à peu restreinte à la petite république du Nedj dont la capitale est Riyad. C'est cette petite république qui deviendra, par la suite, le royaume d'Arabie saoudite (par fusion du Nedj et du Hedjaz ). Chez les wahhabites, les « docteurs de la foi et de la doctrine » sont appelés « oulémas ». Ils correspondent aux « mollahs » des Iraniens. Ils sont consultés par les « cadi » (agents de l'autorité légale). On notera, à ce propos, que les avis émis par les « docteurs de la foi » n'avaient pas de valeur contraignante jusqu'au XIe siècle de notre ère. C'est à cette époque que les Turcs seljoukides s'emparent de Bagdad et contraignent le calife abbasside à leur attribuer le titre de sultan. Les « docteurs de la foi » en profitèrent pour réclamer (et obtenir) le droit d'être seuls dépositaires de la loi. Les Ottomans réorganisèrent l'ensemble des autorités religieuses sur cette base en établissant une hiérarchie de « muftis », juristes à qui l'on demandait des avis et qui promulguaient les « fatwa » après avoir consulté les « docteurs ». Cette structure juridico religieuse fut abolie en 1924 mais subsiste dans de nombreux pays musulmans, officiellement (Arabie, Iran,) ou officieusement (Pakistan).
Le fondateur de la dynastie des Saoud fut Mohammed ibn Saoud (né vers 1705, mort en 1785). Simple chef local (de la ville de Dariya), il fut influencé par Wahhâb dont il propagera la doctrine intégriste et belliqueuse. Il fut à la fois le gendre et le chef de guerre de Wahhâb. Après sa mort, le wahhabisme se replia sur lui-même et ne refera parler de lui qu'en 1902, lorsque el Wahhâb Abd-al-Aziz Inb Saoud décréta la lutte pour la protection du wahhabisme et contre l'influence turque. Ibn Saoud parvint alors à étendre son influence sur les autres régions de la péninsule arabique. Il s'empara de La Mecque en octobre 1924 et chassa le roi Hussein du royaume du Hedjaz (avec l'appui des Britanniques). Puis il obligea le roi Ali, successeur de Hussein à céder Djedda, la seule ville qu'il contrôlait encore. Abd-al-Aziz (Abdul Aziz) Ibn Saoud se fera couronner roi d'Arabie à La Mecque en 1926. Grâce à l'exploitation des richesses de son sous-sol, le roi acquit une fabuleuse richesse. Il mourut en 1953.
C'est la découverte d'immenses réserves de pétrole dans le sous-sol de l'Arabie qui permettra à la toute nouvelle dynastie des Saoud d'asseoir son pouvoir absolutiste et théocratique. Elle permit aussi aux Saoud de financer la propagande en faveur du wahhabisme, religion officielle du régime. Le but avoué des Saoud est, en effet, d'imposer le wahhabisme à l'ensemble des nations musulmanes et même au monde entier. Le régime saoudien doit donc être regardé comme extrêmement dangereux pour la paix dans le monde. Belliqueux et conquérant, le wahhabisme est une doctrine archi-conservatrice et résolument passéiste qui vise à maintenir les masses populaires dans l'ignorance des réalités scientifiques et philosophiques. C'est le wahhabisme qui a inspiré les méthodes mises en œuvre par les talibans. C'est la doctrine qu'enseignent les disciples d'Oussama ben Laden.
Notons encore que le régime saoudien n'a pu se développer qu'avec l'appui des nations occidentales, essentiellement les États-Unis dont les présidents, depuis Franklin Roosevelt, se sont toujours posés en « protecteurs » des despotes de Ryad. John-Fitzgerald Kennedy n'avait-il pas déclaré un jour que l'Arabie saoudite était le 51e état américain ? C'est d'ailleurs la présence des troupes américaines sur le sol saoudien qui a servi de prétexte à ben Laden pour appeler à la guerre sainte contre les États-Unis et leurs alliés. Pour les dirigeants wahhabites, la totalité du territoire saoudien doit être regardé comme une mosquée et ne peut, de ce fait accueillir des « infidèles » et des « mécréants ».
La wahhabisation du monde
Le wahhabisme ne peut guère s'implanter durablement que dans des pays à très faible niveau d'alphabétisation. Et nous savons que les intégristes radicaux (comme le furent les « talibans » ou « zélés croyants ») interdisent toute autre forme d'éducation que celle qui découle de l'enseignement du Coran. Ils craignent la véritable connaissance qui ne peut que mettre en évidence les incohérences de leur doctrine et des règles sociopolitiques qui en découlent.
Pour les wahhabistes, la politique est indissociable de la religion. L'État ne peut donc se concevoir que dans le cadre du wahhabisme, ce qui interdit toute forme de laïcité.
La quasi-totalité des pays dits « musulmans » ou « islamiques » sont des états où la démocratie est inexistante ou bafouée. Dans un très grand nombre de cas, ces nations sont en guerre avec d'autres nations ou en état de guerre intérieure.
Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, la zone d'influence du wahhabisme s'est considérablement étendue dans la région des Balkans et dans les anciennes républiques soviétiques où la pratique de l'islam avait persisté. C'est un important facteur de déstabilisation et de conflits dans toutes ces régions qui sont à présent très infiltrées par les agitateurs intégristes financés par les Saoudiens.20
Le wahhabisme a pris son essor avec le pacte du Quincy
La famille Saoud et le wahhabisme vont prendre leur essor suite au pacte « pétrole contre protection » ou pacte de Quincy entre l’Arabie saoudite et les États-Unis en février 1945. Ce pacte est le fondement de l’alliance entre les États-Unis et le Royaume d’Arabie Saoudite. Le président Roosevelt propose aux saoudiens le soutien militaire américain et la garantie de la sécurité du territoire contre l’exploitation des ressources pétrolières, reversant un certain pourcentage à l’Arabie Saoudite, faisant ainsi converger les intérêts entre les deux pays. Ce pacte, toujours d’actualité, a cependant été de nombreuses fois critiqué, notamment dû aux changements de présidents américains, et aux différentes interventions des Américains dans les conflits du Moyen-Orient. En 2013, la non intervention des américains en Syrie a refroidi d’avantage les relations entre les deux nations.
Suite à ce pacte, l’Arabie saoudite va connaître une très grande croissance qui va bouleverser la société. Ainsi, la richesse du pays augmente car entre 1973 et 2002, la famille Al Saoud a reçu quelque 2000 milliards de dollars de revenus pétroliers.21
« L’Empire britannique est sorti très affaibli de la Seconde Guerre mondiale et ce sont les États-Unis qui deviennent les nouveaux patrons de la région. En 1945, le président Roosevelt rencontre ainsi le roi Ibn Séoud, en secret sur le navire Quincy et passe avec lui un marché : ''Nous vous protégeons et vous nous obéissez''.
À cette période, le monde arabe et musulman n’en peut plus du colonialisme, de la dépendance et de la misère qu’elle entraîne. En Iran, le premier ministre Mossadegh exige de British Petroleum une part des revenus pétroliers afin de sortir son peuple de la pauvreté. En Égypte, le colonel Nasser renverse le roi Farouk, marionnette féodale des Britanniques ; son but est de mettre en place un État moderne, laïc et progressiste et de développer l’Égypte en fonction de ses intérêts propres.
En 1969, de jeunes officiers libyens renversent le roi Idriss, mettent fin au féodalisme et aux privilèges de British Petroleum, entreprenant de placer les ressources énergétiques au service du développement et de la population. Dans l’ensemble du monde arabe, le nationalisme progressiste conquiert les esprits. Tout ceci est intolérable aux yeux des grandes puissances. En Iran, la CIA et le MI6 britannique fomentent un coup d’État et éliminent Mossadegh en 1951. En 1956, Paris, Londres et Israël bombardent l’Égypte qui entend récupérer son canal de Suez. Plus tard, la résidence de Kadhafi sera bombardée par Reagan. De même, Londres et Washington tenteront de se défaire des gouvernements trop nationalistes et indépendants d’Irak et de Syrie. Que ces gouvernements cherchent à utiliser leurs ressources naturelles pour développer l’économie, l’éducation et la santé n’a pas de valeur aux yeux des États-Unis et de leurs alliés. Ce qui compte, ce sont les intérêts d’Exxon, Shell et British Petroleum. À partir de 1967, Washington va armer massivement Israël pour lui confier le rôle de gendarme du Moyen-Orient chargé d’agresser tout État arabe qui deviendrait trop gênant. Parallèlement, il va utiliser systématiquement l’Arabie Saoudite et d’autres émirats réactionnaires pour diviser les Arabes et empoisonner les cerveaux. La CIA aide les Saoud pour deux tâches clés : 1. Financer des coups d’État pour renverser les gouvernements laïcs et progressistes. 2. Répandre leur doctrine obscurantiste dans l’ensemble du monde arabe et aussi en Europe à travers un énorme réseau international de propagande et de formation. Bref, pendant tout le vingtième siècle, et plus encore à partir de 1950, alors que la démocratie s’était développée en Europe, ce sont les colonialistes européens qui l’ont interdite au monde arabe. Pas question que ces peuples décident eux-mêmes de leur avenir et gèrent eux-mêmes leurs richesses afin de se développer librement au lieu de remplir les coffres-forts des sociétés multinationales ! »22
Ainsi, le « pacte du Quincy » a scellé l'alliance entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite, les Américains garantissaient au monarque saoudien et à ses successeurs une protection militaire sans faille en échange d'un accès aux gisements pétroliers. Ce Pacte a alors permis l'essor du wahhabisme dans le monde entier car « avec l'avènement de la manne pétrolière, les objectifs saoudiens ont été de tendre la main et de diffuser le wahhabisme dans le monde musulman… c’est-à-dire ''Wahhabiser'' l’Islam, réduisant ainsi la ''multitude de voix au sein de la religion'' en un ''credo unique''- un mouvement qui transcende les divisions nationales. Le wahhabisme s’est lancé dans un projet global pour contrôler le monde musulman. Il est clair que sans les pétrodollars, personne n’accorderait aucune importance à un tel projet. C’est ce mélange avec des milliards de dollars – et la volonté saoudienne de gérer l’islam sunnite pour promouvoir de manière concomitante les intérêts de l’Amérique et intégrer le wahhabisme éducatif, social et culturel à travers le monde musulman – qui a créé la dépendance politique de l’Occident envers l’Arabie Saoudite, une dépendance qui perdure ainsi depuis la réunion de Abd al-Aziz avec Roosevelt sur le navire de guerre américain jusqu’à aujourd’hui. »23
Le « pacte du Quincy » a été signé le 14 février 1945 sur le croiseur USS Quincy (CA-71) entre le roi Ibn Séoud, fondateur du royaume d'Arabie Saoudite, et le président américain Franklin Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta. La durée de cet accord était prévue pour une durée de 60 ans et ces accords ont été renouvelés pour une même période en 2005 par le président George W. Bush.24
14 février 1945 = 14x2x1945 = 54460
Le code postal 54460 est celui des communes d'AINGERAY et LIVERDUN en Meurthe-et-Moselle.
AINGERAY LIVERDUN = RYAD LIVRE UN ANGE
RYAD est la capitale de l'Arabie Saoudite, le pays fondateur du wahhabisme.
Le LIVRE fondateur du wahhabisme s'intitule le « LIVRE de l'UNICITÉ » (Kitâb ut-Tawhîd en arabe). Il a été écrit par l’imam arabe du XVIIIe siècle Mohammed ibn Abdelwahhab.
UNICITÉ = UN
RYAD LIVRE UN symbolise le LIVRE de L'UNICITÉ.
AINGERAY LIVERDUN = RYAD LIVRE UN ANGE
Dieu te fait comprendre que tu ne deviendras jamais UN ANGE en suivant les préceptes du LIVRE de RYAD.
Abd al-Wahhab dénonçait les musulmans qui vénéraient les morts, les saints ou les ANGES. Il estimait que ces croyances les détournaient de l'indispensable soumission totale envers Dieu, et Lui seul. Ibn Saoud, le fondateur de l'Arabie Saoudite, considérait que tous ceux qui n’adhéraient pas à sa version de l'Islam devaient être tués. Les chiites, les soufis, et les autres musulmans qu'il jugeait peu orthodoxes devaient être exterminés, et toutes les autres religions devaient être humiliées ou détruites25. Voilà pourquoi tu ne deviendras jamais un ANGE si tu te convertis à la doctrine du LIVRE de RYAD.
Les communes d'Aingeray et Liverdun se situent dans le département de la MEURTHE-et-MOSELLE.
MEURTHE = MEURTRE
MOSELLE se prononce MOTS AILES.
Le wahhabisme légitime le MEURTRE contre ceux qui ne se soumettent pas intégralement à la charia islamique telle qu'il l'a conçoit. « Pour le Wahhabisme, la seule façon d’être musulman c’est d’être wahhabite. Tous ceux qui s’opposent à la doctrine wahhabite sont des hérétiques ou des non croyants. C’est dans cette perspective que l’on peut affirmer sans se tromper que pour les wahhabites, la majorité des musulmans dans le monde sont des infidèles. Les doctrines du wahhabisme recommandent ainsi le MEURTRE contre un infidèle. Les bombes dans les mosquées, les attentats aveugles dans les marchés publics sont des signatures du wahhabisme car pour un wahhabite la mort d’un infidèle ouvre la porte du paradis. Puisque tout le monde est infidèle sauf un wahhabite, leur violence est infinie et concerne toutes les dénominations religieuses : juifs, musulmans, chrétiens etc.26 » Le wahhabisme diffère très peu de l’idéologie des terroristes qualifiés de « djihadistes », c'est notamment le wahhabisme qui autorise le musulman à décapiter les têtes des infidèles avec une ÉPÉE.
« ÉPÉE » se dit « SWORD » en anglais.
SWORD = WORDS
« WORDS » signifie « MOTS » en anglais.
Dieu nous fait comprendre que le musulman n'entrera jamais dans le royaume de Dieu en décapitant des têtes avec une ÉPÉE : le MEURTRE de son prochain l'enverra directement en enfer. Pour obtenir les AILES qui lui permettront de s'envoler au paradis et ainsi devenir un ANGE, le musulman doit combattre le nazi-capitalisme avec les MOTS, c'est-à-dire en déchiffrant les signes, ou en condamnant par écrit ou oralement le capitalisme et l'impérialisme avec les MOTS ; et pour ceux qui vivent dans un pays démocratique, en déposant le bulletin de vote d'un parti humaniste dans l'urne.
L'année de naissance de Mahomet est appelée traditionnellement « année de l'ÉLÉPHANT » – donc ne te TROMPE pas de LIVRE car UN seul te permettra de devenir un ANGE et ce n'est certainement pas celui écrit par un psychopathe à RYAD. La traduction des signes suivants te prouve que je ne suis pas un charlatan alors ne te TROMPE pas de LIVRE et prends la DÉFENSE du pauvre en combattant le RICHE pour t'envoler un jour au paradis.
Le wahhabisme n'a pu se répandre dans le monde qu'avec l'appui financier de la famille royale saoudienne et des États-Unis, ces derniers se sont assurés du maintien de la famille royale au pouvoir et ils l'ont enrichi en exploitant les ressources pétrolières du pays.
À partir de l'alliance scellée lors du « pacte du QUINCY », la CIA a aidé les Saoud pour deux tâches clés : financer des coups d’État pour renverser les gouvernements laïcs et progressistes, et répandre leur doctrine obscurantiste dans l’ensemble du monde arabe et aussi en Europe à travers un énorme réseau international de propagande et de formation.27
Oussama ben Laden se réclamait du wahhabisme et lors des attentats du 11 septembre 2001, QUINZE des dix-neufs terroristes étaient originaires d'Arabie Saoudite.
QUIN ZE = QUIN CY
Dieu nous montre que les attentats du 11 septembre 2001 sont une conséquence directe du « pacte du QUINCY ». Les États-Unis ont ainsi joué un rôle majeur dans la propagation du wahhabisme, et lors de la guerre en Afghanistan, Oussama ben Laden a bénéficié de l'aide financière des États-Unis et de la famille royale saoudienne, ce qui lui a donné des AILES en sortant victorieux de la guerre ; il se sentait tout puissant et lorsqu'il a pris la tête d'Al-Qaïda, il a transformé l'organisation en logistique du djihadisme international ce qui aboutira quelques années plus tard aux attentats du 11 septembre 2001.
Ce signe est confirmé par le rapport du Congrès américain sur les attentats du 11 septembre 2001, rendu public en juillet 2016, qui conclut que ces attentats n’auraient pu avoir lieu sans l’aide de l’Arabie Saoudite
Le « pacte du QUINCY » a été signé entre le roi Ibn Séoud, fondateur du royaume d'Arabie Saoudite, et le président américain Franklin Roosevelt.
Ibn Séoud est mort le 9 novembre 1953.
9 novembre = 9 11
Aux États-Unis, les dates s'écrivent en plaçant le mois avant le jour, donc le 11 septembre s'écrit 9/11.
Dieu nous montre que le « pacte du QUINCY » est à l'origine des attentats du 11 septembre 2001.
Le général de Gaulle est également mort un 9/11 (9 11 = 11 9 = 11 septembre).
Dieu multiplie les signes pour nous faire comprendre que l'impérialisme a engendré le terrorisme islamiste.
En effet, « c’est le colonialisme européen qui a bloqué les pays arabes dans le féodalisme, les empêchant de se moderniser sur tous les plans. C’est le colonialisme européen qui a réprimé et finalement détruit les interprétations laïques et progressistes de l’Islam. Comme l’indique Shamus Cooke : ''Jusque dans les années 1980, le fondamentalisme islamique était pratiquement imperceptible au Moyen-Orient - excepté dans l’Arabie Saoudite dictatoriale, soutenue par les USA, et dont la monarchie régnante ne survit que grâce au soutien états-unien. La religion officielle de l’Arabie Saoudite est une version unique et fondamentaliste de l’Islam, qui constitue, avec la dynastie royale, le socle du pouvoir gouvernemental saoudien. Avant les années 1980, l’idéologie dominante au Moyen-Orient était le socialisme panarabe, une idéologie laïque qui considérait le fondamentalisme islamique comme rétrograde, tant d’un point de vue social qu’économique. Les fondamentalistes islamiques ourdissaient des attentats terroristes contre les gouvernements 'socialistes panarabes' d’Égypte, Syrie, Libye, Irak et d’autres gouvernements qui se sont rapprochés de cette idéologie à différentes époques.'' C’est un fait, le fondamentalisme islamique avait virtuellement disparu entre 1950 et 1980, excepté en Arabie Saoudite et plus tard au Qatar, demeurés les bastions et les bases d’accueil des fondamentalistes bannis des pays laïques. Et cela n’a été possible que parce que Washington, pour empêcher l’émancipation des peuples, a joué systématiquement la carte de ces monarchies rétrogrades.
Mais c’est en 1978 que les États-Unis ont véritablement donné le coup d’envoi de leur stratégie du terrorisme islamiste. En Afghanistan, une révolution vient d’amener au pouvoir le gouvernement Taraki d’inspiration socialiste ce qui est insupportable pour les ''maîtres du monde'', d’autant plus que ce pays se rapproche de l’Union Soviétique. Les États-Unis vont donc s’associer à l’Arabie Saoudite pour fournir quantités d’armes, d’entraînement et de financement aux jihadistes du mouvement fondamentaliste, alors à l’état embryonnaire et appelés Moudjahidines. C’est donc grâce à Washington et Riyad que les fondamentalistes se sont transformés en une force sociale régionale, ouvrant la voie aux talibans et puis à Al-Qaïda. »28
Ainsi, lors du « PACTE du QUINCY », les Américains ont PACTISÉ avec le diable et l'ARME a fini par se retourner contre eux.
Le « pacte du Quincy » a été scellé le 14 février 1945 sur le croiseur USS QUINCY qui était ancré sur le Grand lac AMER à l'entrée de la mer Rouge.
AMER = ARME
Le 14 février 1945, les États-Unis ont déclenché une bombe à retardement qui a explosé le 11 septembre 2001 : l'ARME s'est donc retournée contre eux.
La bombe a éclaté le 11 septembre 2001, soit exactement 56 ans et 6 mois après la signature du « pacte du Quincy », le 14 février 1945.
La durée de 56 ans et 6 mois est symbolique :
56x6 = 336
Le 336e jour de l'année est traditionnellement le 2 décembre (2 12).
2 12 = 2 L = 2 AILES
Les 2 AILES symbolisent les 2 AILES des avions de ligne qui ont permis aux terroristes d'Al-Qaïda de s'envoler vers le ciel pour détruire les Tours du World Trade Center
Les initiales de Ben Laden – le commanditaire des attentats – sont B L.
B L = 2 L = 2 AILES
En associant le « pacte du Quincy » aux 2 AILES qui symbolisent l'attentat du 11 septembre 2001, Dieu nous révèle que l'impérialisme génère le terrorisme islamiste.
Par conséquent, pour obtenir les 2 AILES qui mènent au paradis, la nouvelle Alliance nous impose de mettre un terme à l'impérialisme en prenant collectivement le pouvoir politique en main – avec les MOTS qui seront écrits sur notre bulletin de vote – le jour de l'élection présidentielle.
Les attentats du 11 septembre 2001 se sont donc déroulés 56 ans et 6 mois après la signature du « pacte du Quincy ».
56x6 = 336
5x66 = 330
336+330 = 666
Dans l'APOCALYPSE, le chiffre de la BÊTE est le 666.
Effectivement, 56 ans et 6 mois après la signature du « pacte du Quincy », New-York a vécu l'APOCALYPSE lors des attentats du 11 septembre 2001.
Étant donné que les capitalistes français accaparaient alors officiellement 66,6 % des profits réalisés par les entreprises, Dieu nous révèle que le capitalisme a également généré le terrorisme islamiste – le « pacte du Quincy » ayant notamment pour objectif d'enrichir les compagnies pétrolières américaines.
Dieu nous demande ainsi de tuer la BÊTE le jour de l'élection présidentielle afin qu'elle n'engendre plus jamais d'enfants monstrueux.
Nos ARMES pour la tuer sont les MOTS.
QUINCY = QUIN
Dieu appelle tous les peuples du monde à s'unir politiquement pour ne former QU'UN seul peuple afin d'éradiquer de la surface de la Terre le pouvoir de la BÊTE : le capitalisme – dont l'impérialisme est le prolongement.
François Hollande fut l'une des BÊTES qui engendre ces monstres.
BÊTES = 2x5x20x5x19 = 19000
Le code postal 19000 est celui de la ville de TULLE dont François Hollande est l'ancien maire.
J'ai expliqué précédemment que lors des attentats du 11 septembre 2001, QUINZE des dix-neufs terroristes étaient originaires d'Arabie Saoudite.
QUINZE = QUINCY
Dieu nous montre que les attentats du 11 septembre 2001 sont une conséquence directe du « pacte du QUINCY » car Oussama ben Laden a bénéficié de l'aide financière des États-Unis et de la famille royale saoudienne lors de la guerre d'Afghanistan, ce qui a par la suite créé Al-Qaïda, comme l'a reconnu publiquement Hilary Clinton.
QUINZE = QUINCY
La différence entre les deux mots se situe au niveau des lettres « ZE » et « CY ».
ZE = 26x5 = 130
CY = 3x25 = 75
Le département 75 est celui de PARIS.
Le 13 novembre 2015, les attentats de PARIS ont fait 130 morts.
Ces attentats sont la conséquence directe du « pacte du Quincy », car l'alliance entre l'Arabie Saoudite et les États-Unis a donné naissance à Al-Qaïda, et donc entraîné les attentats du 11 septembre 2001. Suite à ces attentats, les États-Unis ont attaqué l'Irak en 2003, ce qui a donné naissance à Daech en 2006, et quelques années plus tard, cette organisation terroriste a commandité les attentats du 13 novembre 2015. Mais rien n'aurait été possible sans la BÊTE : François Hollande – qui a décidé l'intervention militaire de la France en Syrie pour que les capitalistes français puissent renouer avec les profits dans le pays, et c'est à ce moment-là que Daech a décidé de frapper la France. Dieu nous fait ainsi comprendre que François Hollande, l'impérialisme et le capitalisme, sont responsables de la mort de 130 innocents lors des attentats du 13 novembre 2015 à PARIS, car la BÊTE a enfanté des monstres qui appliquaient les préceptes du wahhabisme, une doctrine criminelle propagée dans le monde entier à coup de milliards par l'Arabie Saoudite, l'un des meilleurs alliés de François Hollande lorsqu'il était au pouvoir ; donc ce dernier est bien responsable de ces attentats étant donné qu'en soutenant l'Arabie Saoudite, il encourageait nos jeunes à tuer. Deux jours après les attentats, des rassemblements ont eu lieu dans la capitale et le journal de 20H de France 2 a diffusé l'interview d'une jeune femme qui déclarait : « On est là, on est debout et on a pas peur parce qu'il faut pas. Il faut être dans l'amour, s'aimer les uns les autres et c'est comme ça qu'on combattra ça – le terrorisme – en montrant qu'on est unis les uns les autres : qu'on fait QU'UN. »
À travers le « pacte du QUINCY » et les QUINZE terroristes originaires d'Arabie Saoudite, qui ont commis les attentats du 11 septembre, Dieu nous montre que nous devons ne faire QU'UN contre l'impérialisme et le capitalisme afin de combattre efficacement le terrorisme islamiste. Nous devons ainsi ne faire QU'UN contre les clones de François Hollande le jour de l'élection présidentielle.
Il est évident que nous ne pourrons jamais combattre efficacement le terrorisme islamiste tant que nos dirigeants resteront alliés avec l'Arabie Saoudite, qui finance le terrorisme et diffuse une version de l'Islam qui appelle les musulmans à commettre des MEURTRES.
Le « pacte du QUINCY » a été scellé le 14 février 1945 = 14x2x1945 = 54460
Le code postal 54460 est celui des communes d'Aingeray et Liverdun en MEURTHE-et-MOSELLE.
MOSELLE = MO
MO = 130
Dieu nous révèle que 130 innocents ont été tués lors des attentats du 13 novembre 2015, car nos jeunes sont encouragés à commettre des MEURTRES à cause de l'Arabie Saoudite qui diffuse une version nauséabonde de l'Islam.
Au lieu de combattre la famille royale saoudienne qui est un véritable poison, nos dirigeants sont ses meilleurs alliés. Ainsi, le 30 décembre 2013, François Hollande effectuait une visite de courtoisie en Arabie Saoudite pour une rencontre chaleureuse avec le roi Abdallah .
Les deux hommes d'État ont affirmé leur convergence de vue sur plusieurs problèmes diplomatiques du Moyen-Orient, à commencer par la Syrie. À ce propos, Hollande a tenu à affirmer que lui et le roi Abdallah partageaient « exactement la même position », tout en louant la « sagesse précieuse » de ce dernier. En retour, le roi d'Arabie Saoudite, évoquant aussi la situation au Liban et les rapports avec l'Iran, a vanté « la position courageuse de la France sur ces principaux dossiers ». Le dirigeant de la République française était donc d'accord avec la politique de soutien aux groupes djihadistes les plus obscurantistes que menait l'Arabie Saoudite en Syrie.
Mais tout, dans cette sollicitude réciproque entre le dirigeant d'une puissance impérialiste et un monarque d'une des dictatures les plus réactionnaires, avait de quoi donner la nausée. L'oppression des femmes en Arabie Saoudite est féroce. Elles sont considérées comme des mineures tout au long de leur vie, ont besoin de l'autorisation de leur père ou de leur mari pour se faire opérer ou encore voyager, conduire un véhicule leur était alors interdit (seul pays au monde où c'était le cas), et la lapidation y a encore cours. L'Arabie Saoudite est également un régime terrible pour les travailleurs, et surtout les travailleurs immigrés. En novembre 2013, le régime avait organisé une véritable chasse aux travailleurs étrangers dans la capitale, Riyad, qui avait fait au moins trois morts, des dizaines de blessés et des centaines de travailleurs emprisonnés.
Mais en plus, le but de cet entretien était au moins autant les affaires que la diplomatie. Les milliards que ces richissimes roitelets du pétrole, comme Abdallah, aiment dépenser en luxe et armements divers aiguisent les appétits des grandes entreprises françaises. Concrètement, ce sont trois milliards de dollars que le régime saoudien entendait prêter au régime libanais pour que celui-ci les dépense auprès des entreprises d'armement françaises pour équiper son armée. Selon le président libanais lui-même, Michel Sleimane, « il s'agit de l'aide la plus importante dans l'histoire du Liban et de l'armée libanaise ». Quelles conséquences cet afflux d'armes aurait-t-il dans une région déjà déchirée par les conflits ? Hollande s'en moquait.
Participer au chaos d'une région en appuyant les visées militaires d'une puissance locale ultra-réactionnaire, tout en remplissant les carnets de commandes des marchands de canons, c'est un résumé synthétique mais fidèle de la diplomatie française au Proche-Orient.29
Lors de son passage en Arabie Saoudite, François Hollande a été pris en photo avec un SABRE à la main.
Le SABRE est une ÉPÉE.
ÉPÉE = SWORD = WORDS = MOTS
Nos ARMES pour combattre la BÊTE sont les MOTS.
Le jour de l'élection présidentielle, les MOTS écrits sur le bulletin de vote de notre parti humaniste, couperont la tête des hommes politiques comme François Hollande.
Le MEURTRE de la BÊTE s'accomplit dans l'urne le jour de l'élection présidentielle.
Nous devons tuer le diable de manière PACIFIQUE.
Le symbole de l'Arabie Saoudite est le SABRE.
SABRE = BRAS E
E = 5
Notre BRAS doit être utilisé pour tenir un bulletin de vote et non une arme à feu donc ne tombe pas dans le piège du LIVRE de RYAD car il t'enverra directement en enfer.
À travers les lettres détachées du Coran, Dieu nous a transmis le message « PEACE 5 » car nous obtiendrons la PAIX dans le monde avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
Pour comprendre le message de Dieu quand il nous révèle que l'impérialisme a engendré le terrorisme islamiste, il faut rechercher des informations sur des sites internet ou des livres fiables puisque les journaux télévisés ne reviennent jamais sur les véritables causes de la naissance du terrorisme islamiste étant donné que nos « alliés » américains en sont les premiers responsables. Pour comprendre comment le monstre a été engendré, il faut revenir à la période du nationalisme en Égypte.
L'impérialisme a engendré le terrorisme islamiste
Il fut un temps où en Égypte, le président s’esclaffait à l’idée d’obliger les femmes à porter le voile. C’était du temps de Nasser. C’était l’âge d’or du nationalisme arabe. Un courant laïc et progressiste que l’Occident, emmené par les États-Unis, a combattu en s’appuyant sur l’islamisme réactionnaire d’Arabie saoudite. Mohamed Hassan nous l’explique dans le livre Jihad made in USA : « La découverte de gigantesques gisements de pétrole a fait du Moyen-Orient une région extrêmement stratégique pour les impérialistes. Or, avec le développement du nationalisme, des pays arabes manifestaient le désir de prendre leur destin en main et de disposer souverainement de leurs richesses. Cela aurait été une catastrophe pour les Occidentaux qui non seulement auraient été privés de pétrole bon marché, mais qui en plus auraient dû faire face à un puissant rival si le panarabisme de Nasser avait porté ses fruits. Le dirigeant égyptien souhaitait en effet que les pays de la région, qui avaient été découpés arbitrairement par les puissances coloniales, se réunissent à nouveau autour de leur identité arabe. De leur côté, les islamistes réactionnaires voyaient d’un très mauvais œil l’émergence du nationalisme arabe. Ce courant était tout d’abord porteur de modernité. De plus, bien qu’il ait reconnu l’islam comme un élément essentiel de la culture arabe, Nasser avait fait de la laïcité une ligne directrice en matière de gestion politique. Le nationalisme arabe était donc aux antipodes de ce que les réactionnaires du Golfe appliquaient chez eux. »
Dans La stratégie du chaos, Mohamed Hassan nous explique comment l’islam politique des Saoud a été érigé en modèle contre le nationalisme de Nasser : « Pour contrer l’influence de l’Union soviétique, Eisenhower mit au point une stratégie consistant à apporter un soutien financier et militaire à tout pays du Moyen-Orient qui serait “menacé par le communisme”. Mais la doctrine Eisenhower fut un échec. D’une part, l’envoi de grosses sommes d’argent vers des pays riches en pétrole soulevait beaucoup de questions aux États-Unis. D’autre part, les pays arabes qui auraient accepté cette aide se seraient ouvertement affichés contre l’Égypte nassérienne qui avait encore le vent en poupe à l’époque auprès des populations de la région. Alors, Washington élabora une autre stratégie. On allait employer l’islam comme une arme politique pour contrer le nationalisme arabe laïque de Nasser.(...) L’Arabie saoudite créa la Ligue islamique mondiale, une organisation ultraconservatrice inspirée par l’extrémisme wahhabite pour contrer l’influence de Nasser. La Ligue déclarait par exemple que le nationalisme était le pire ennemi des Arabes. Dans un premier temps, la popularité de Nasser étant tellement grande, cet islam politique ne rencontra pas un grand succès. Mais la défaite du président égyptien dans la guerre des Six Jours changea la donne. Après ce conflit et la perte de prestige du nassérisme, l’alternative offerte par Fayçal reçut un plus grand soutien populaire et l’Arabie saoudite devint un acteur-clé du Moyen-Orient. »
Mohamed Hassan nous explique également comment l’Égypte rentra dans le droit chemin après la mort de Nasser. Les États-Unis et l’Arabie saoudite achetèrent le nouveau président égyptien, Anouar al-Sadate, pour qu’il s’écarte du nationalisme arabe. Cela impliquait de faire la paix avec Israël et d’ouvrir l’économie aux multinationales. Des décisions qui n’enchantaient pas le peuple égyptien. Le prestige de Nasser était encore fort et voilà que Sadate entendait faire tout l’inverse de son prédécesseur ! Pour liquider l’héritage du nassérisme, le président égyptien décida donc de s’appuyer sur l’islamisation de la société égyptienne. Les Frères musulmans, violemment réprimés par Nasser, furent ainsi autorisés à revenir en Égypte. Alors que la politique d’ouverture économique menée par Sadate plongeait de nombreux Égyptiens dans la pauvreté, les Frères développèrent une base sociale importante en subvenant aux besoins des plus démunis à travers un vaste réseau de charité. Ils étaient pour cela aidés par les riches monarchies du Golfe.
Voilà comment une forme réactionnaire de l’islamisme s’est durablement installée au Moyen-Orient.30
Ainsi, « d’une civilisation pacifique et créative, qui penchait vers le socialisme, les nations musulmanes et l’Islam lui-même se sont retrouvés soudainement désorientés, dupés, déjoués, infiltrés par des implants religieux et idéologiques étrangers et transformés par les idéologues et les propagandistes occidentaux en une « menace considérable », les summums et les symboles du terrorisme et de l’intolérance.
Ce qui rendait la culture de l’Islam si attrayante - la tolérance, l’apprentissage, la préoccupation pour le bien-être des personnes - a été amputé de la sphère musulmane, détruite de l’étranger. Il n’en est resté que la religion.
Aujourd’hui, la plupart des pays musulmans sont gouvernés par des despotes, par les cliques militaires ou corrompus. Tous étroitement liés à l’Occident et son régime et intérêts globaux.
L’Occident a identifié les monstres les plus horribles, leur a jeté des milliards de dollars, les a armés, leur a donné une formation militaire de pointe, puis les a lâchés.
Les pays qui cultivent le terrorisme, l’Arabie Saoudite et le Qatar, sont quelques-uns des plus proches alliés de l’Occident, et n’ont jamais été punis pour l’exportation de l’horreur partout dans le monde musulman.
Pour citer le Dr Abdullah Mohammad Sindi :
''Selon les archives historiques, il est très clair que, sans l’aide des Britanniques, ni le wahhabisme, ni la Maison des Saoud n’existeraient aujourd’hui. Le wahhabisme est un mouvement fondamentaliste d’inspiration britannique dans l’Islam. Grâce à sa défense de la Maison des Saoud, les États-Unis soutiennent également le wahhabisme directement et indirectement indépendamment des attaques terroristes du 11 Septembre, 2001. Le wahhabisme est violent, d’extrême-droite, ultra-conservateur, rigide, extrémiste, réactionnaire, sexiste, et intolérant ...''
L’Occident a donné son plein appui aux wahhabites dans les années 1980. Ils ont été utilisés, financés et armés, après que l’Union Soviétique eut été attirée dans l’Afghanistan et dans une guerre acharnée qui a duré de 1979 à 1989. À la suite de cette guerre, l’Union Soviétique s’est effondrée, épuisée à la fois économiquement et psychologiquement.
Les Moudjahidine, qui combattaient les Soviétiques ainsi que le gouvernement de gauche à Kaboul, ont été encouragés et financés par l’Occident et ses alliés. Ils sont venus des quatre coins du monde musulman, pour livrer une « guerre sainte » contre les infidèles communistes.
Selon les archives du Département d’État des États-Unis :
''Des contingents de soi-disant Arabes afghans et de combattants étrangers voulaient mener le djihad contre les communistes athées. Parmi eux était un jeune Saoudien nommé Oussama ben Laden, dont le groupe arabe a fini par devenir Al-Qaïda'',
Parmi les groupes radicaux musulmans créés et injectés dans divers pays musulmans par l’Occident, on trouve Al-Qaïda, mais aussi, plus récemment, ISIS (également connus comme ISIL, – ou État Islamique - NdT). ISIS est une armée extrémiste qui est née dans les « camps de réfugiés » sur les frontières turco-syriennes et jordano-syriennes, et qui a été financée par l’OTAN et l’Occident pour lutter contre le gouvernement syrien (laïc) de Bachar al-Assad.
Ces implants radicaux ont servi à plusieurs fins. L’Occident les utilise comme des sous-traitants dans les guerres menées contre ses ennemis - les pays qui sont encore à travers du chemin de la domination totale du monde par l’Empire. Ensuite, à un moment donné, lorsque ces armées extrémistes « échappent à tout contrôle » (elles le font toujours), elles pourront servir d’épouvantails et comme justification de la « guerre contre le terrorisme », ou, comme lorsque ISIS a pris la ville de Mossoul, comme une excuse pour un réengagement des troupes occidentales en Irak.
Des histoires sur les groupes musulmans radicaux ont été constamment exposées sur les premières pages des journaux et des magazines, ou montrées sur les écrans de télévision, rappelant aux lecteurs « à quel point le monde est vraiment dangereux », « combien l’intervention de l’Occident est importante », et par conséquent, combien la surveillance est importante, combien les indispensables mesures de sécurité le sont ainsi que les énormes budgets de « défense » et les guerres contre d’innombrables États voyous. »31
Vous comprenez pourquoi Dieu nous fait comprendre que l'ARME s'est retournée contre les États-Unis le 11 septembre 2001.
Actuellement, les puissances impérialistes brandissent la menace du terrorisme islamiste pour justifier leurs guerres de pillage aux quatre coins du monde. Les suites des attentats du 7 janvier 2015 à Paris étaient symptomatiques des tactiques de manipulations utilisées par les dominants pour embrigader les opinions publiques. Ainsi, la grande manifestation « Je suis Charlie » a été célébrée par l’ensemble de nos médias, par le gouvernement et par la quasi-majorité de la classe politique comme symbole d’une « unité nationale » présentée comme nécessaire face à la menace « terroriste ». Elle a également été mise en scène comme exemple d’une unité internationale contre ce même « terrorisme ». Les quelques voix discordantes appelant à s’intéresser aux causes, aux enjeux et aux conséquences prévisibles de cette injonction à l’unanimisme émotif ont été réduites à un soutien aux « terroristes » dans un raisonnement binaire martelé à longueur de journée : si tu n’es pas Charlie, tu soutiens les attentats. Les graines semées par cette « unité nationale » ont commencé à donner leurs fruits amers et empoisonnés. Le temps du premier bilan est arrivé.
Une légitimation renforcée des guerres
Toutes les puissances de l’OTAN ainsi que leurs alliés étaient représentés dans la manifestation « Je suis Charlie » du 11 janvier 2015. Comprendre la signification et la fonction de cette photo de famille suppose de prendre en compte le contexte mondial et ses rapports de force.
Les guerres impérialistes pour le pétrole, pour les minerais stratégiques et l’affaiblissement des puissances émergentes se multiplient depuis plusieurs décennies. Guerres de pillages dont le seul but est le surprofit, les aventures militaires ne peuvent pas se présenter comme telles. Elles nécessitent pour se déployer sans résistance d’êtres fardées en « guerres justes » : contre l’obscurantisme et le terrorisme, pour l’émancipation des femmes, pour la défense d’une minorité opprimée, contre le génocide, etc. L’islamophobie est un des ingrédients idéologiques diffusés au moins depuis les attentats du 11 septembre 2001 pour préparer un « arôme idéologique immédiat » favorable à la guerre.
La négrophobie est un autre ingrédient correspondant aux nouvelles découvertes de pétrole, de gaz et de minerais qui se sont multipliées ces dernières années en Afrique s’ajoutant aux gisements déjà connus de ce continent surnommé « le scandale géologique ».
La France est particulièrement engagée dans toutes les agressions impérialistes de ces dernières années. De l’Afghanistan à la Syrie en passant par l’Irak, du Mali à la Centrafrique en passant par la Libye, l’armée française semble ne vouloir rater aucune guerre d’agression. La pression idéologique islamophobe et négrophobe y est d’autant plus forte qu’est important le besoin de légitimation d’interventions militaires dans des pays africains et/ou « musulmans ».
Le site de la Direction de l’information légale et administrative donne lui-même les données quantitatives suivantes :
La France est intervenue militairement à près de quarante reprises sur le sol africain dans les cinquante dernières années et une vingtaine de fois entre 1981 et 1995 sous les deux septennats de François Mitterrand. Certaines de ces opérations n’ont duré que quelques jours, d’autres ont donné lieu à des déploiements beaucoup plus longs (opérations Manta et Epervier au Tchad, par exemple).
À ces chiffres ne concernant que l’Afrique il faut ajouter le Liban (1983), l’Irak (1990), la Bosnie (1992), le Kossovo (1999), l’Afghanistan (2001), la Syrie (2014), etc. Les interventions militaires françaises à l’étranger s’inscrivent elles-mêmes dans une stratégie globale de l’OTAN. Cette stratégie est définie dans un document intitulé « concept stratégique ». La dernière version de ce concept en 2010 comprend la capacité à intervenir sur plusieurs terrains simultanément, l’inclusion de l’Europe de l’Est dans les zones à surveiller, la possibilité d’une guerre nucléaire « limitée » et le « partage du fardeau stratégique » : « C’est l’esprit même du nouveau concept stratégique de l’OTAN que de sommer en quelque sorte les Européens de définir la nature et l’ampleur des obligations qu’ils sont prêts à assumer dans son cadre ».
La multiplication des interventions militaires européennes en général et française en particulier s’inscrit dans le cadre nouvelle stratégie de l’OTAN.
Mais la séquence historique que nous vivons au niveau mondial est aussi celle des obstacles à la prise de contrôle états-unienne du monde. Ces obstacles sont certes de natures très différentes mais convergent pour mettre en difficulté le « nouvel ordre mondial » que « l’Occident » tente d’imposer au reste du monde et même à ses propres peuples. Partout les agressions militaires et les chantages à la guerre ou à la sanction économique piétinent. L’ALBA en Amérique du Sud expérimente de nouvelles solidarités et cohérence régionale permettant de desserrer l’étau du système capitaliste mondial. La Russie et la Chine freinent par leurs positions à l’ONU les tentatives de couvrir les agressions militaires d’une légitimité internationale. Les guerres menées font apparaître de plus en plus nettement leur seul résultat : le chaos.
L’instrumentalisation de l’émotion par le discours de « l’unité nationale » pour l’interne et de la « guerre mondiale contre le terrorisme » pour l’externe ont dans ce contexte un double objectif : Annoncer de nouvelles guerres impérialistes d’une part et légitimer celles-ci aux yeux des peuples et du peuple français en particulier. Il s’agit de remobiliser et de ressouder un camp, de lui donner une légitimité populaire, de le rassembler pour de nouvelles guerres.
C’est ainsi par 488 voix contre 1 que l’assemblée nationale approuva la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak le 13 janvier 2015. Le Sénat ira dans le même sens le même jour par 327 voix et 19 abstentions. Le premier fruit amer de l’unité nationale c’est la guerre. Hier comme aujourd’hui, en 1914 ou en 2015, l’Union sacrée a toujours le même goût de guerre.
Réhabiliter des alliés assassins
Mais la grande instrumentalisation de l’émotion a aussi été l’occasion de renforcer les liens avec les « amis de l’Occident » et de réhabiliter ceux qui ont été discrédités aux yeux de l’opinion publique par leurs crimes. Citons les deux exemples démentant les discours d’une mobilisation pour la liberté d’expression et contre le terrorisme.
Lors de la grande manifestation « Je suis Charlie » organisée à Paris, le 11 janvier 2015, l’État d’Israël était représenté par trois ministres : le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieberman et le ministre de l’économie Naftali Bennett. Après les massacres de Palestiniens par un terrorisme d’État l'été 2014, cette présence sonnait comme une provocation pour les dizaines de milliers de manifestants français qui ont apporté leur soutien au peuple palestinien dans des manifestations quasi-quotidiennes. « La présence de ces ministres, résumait le journaliste Alain Gresh, est une insulte à toutes les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la manifestation, un hold-up qu’il est important de dénoncer ».
Faudrait-il encore rappeler que 17 journalistes ont été tués cet été 2014 dans les bombardements sionistes sur la bande de Gaza ? Rappelons encore l’expulsion d’Israël du journaliste français Maximilien Le Roy, alors qu’il se rendait à un festival de Bandes Dessinées, en raison de ses dessins jugés pro-palestiniens :
« Ils m’ont expliqué, pour conclure, que si je pouvais critiquer Israël dans mon pays, je n’aurais plus le droit de le faire sur leur territoire. Je savais dès les premières minutes qu’ils allaient m’expulser, mais je ne m’attendais pas à une interdiction de séjour de dix ans. Ils m’ont traité comme si j’étais un terroriste ».
La « démocratique » Arabie Saoudite était également Charlie le 11 janvier 2015 par la présence à la manifestation de son ministre des affaires étrangères Nizar al-Madani. Deux jours plus tôt, le bloggeur saoudien Raïf Badawi recevait ses 50 premiers coups de fouets. Il fut en effet condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouets (50 tous les vendredis) pour avoir critiqué les dignitaires religieux du royaume. Les alliés du nouvel ordre mondial sont trop importants pour sa sauvegarde. Ils peuvent continuer à bafouer sans aucune crainte la liberté d’expression et financer des groupes qui déstabilisent les États voisins en couvrant leur agression du nom de l’Islam. Ces deux exemples suffisent pour démasquer l’hypocrisie en matière de liberté d’expression. Celle-ci n’est défendue que quand elle sert les intérêts des dominants et elle est oubliée dès qu’elle les remet en cause.
La réhabilitation des assassins et des financeurs de la mort, tel est le second fruit empoisonné de l’union sacrée qu’a tentée de construire l’instrumentalisation étatique de l’émotion.
La peur
Abordons maintenant les effets de « l’unité nationale » sur le territoire français. Le premier est évident : l’instauration d’un climat de peur porteur de tous les dangers. La couverture médiatique sous la forme d’une « information haletante, sommaire et invérifiée » fondée sur le « principe d’une amnésie récidivante » pose les bases d’un climat anxiogène.
La prégnance du vocabulaire de guerre (du « Oui nous sommes en guerre » de Valls au « la guerre a été déclarée à la France » de Sarkozy ) dans les prises de positions politiques relayées par les journalistes, experts et chroniqueurs divers, renforce ce climat.
Le déploiement de 10 000 soldats à grand renfort de publicité médiatique enracine l’idée d’un danger permanent et omniprésent. La thèse d’une absence de frontière entre le terrain extérieur d’opération et le terrain intérieur développée par le ministre de la défense parachève la surenchère verbale guerrière productrice d’une peur sociale généralisée :
C’est une véritable opération intérieure. Il y a les opérations extérieures qui se poursuivent, et c’est une opération intérieure qui va mobiliser 10.000 hommes, c’est-à-dire à peu près autant que ce qui mobilise aujourd’hui nos opérations extérieures .
Or que produit le discours de guerre que nos politiques n’ont pas hésité à utiliser aussi fortement : Une mise en guerre déclenche un discours simplifié ami-ennemi – ennemi de l’extérieur et ennemi de l’intérieur – la menace engendre la peur, la peur la haine, la haine pousse à l’action préventive. Les solidarités se resserrent : union et exclusion.
Il n’est dès lors pas étonnant que le discours de guerre débouche logiquement sur la multiplication des actes islamophobes qui se sont rapidement comptés par dizaines en quelques jours. « Quelque 116 actes anti-musulmans ont été recensés en quinze jours » évalue le journal Libération. Le chiffre réel est, bien entendu, beaucoup plus important. De nombreux actes ne sont en effet pas signalés dans le contexte délétère actuel. Il ne faut pas s’étonner dès lors qu’un climat de peur s’empare des populations issues de l’immigration postcoloniale. Cette peur n’est pas irrationnelle mais s’explique par la multitude des petits actes d’agressivité subis dans la quotidienneté qui s’ajoutent aux agressions ouvertes recensées ci-dessus : propos racistes, silence et atmosphère tendus dans les transports en commun, etc.
Les femmes portant un foulard sont encore plus touchées par cette peur envahissante. Ayant le 15 janvier une journée de travail avec un groupe de femmes maghrébines et noires de Blancs Mesnil, nous avons, nous mêmes été effarés par le nombre de témoignages des agressions verbales et des comportements de rejet qu’exposaient ces trente femmes. Si les réactions sont diverses, une part importante de celles-ci sont d’ores et déjà lourdes de conséquences : « je ne sors plus de chez moi ou juste pour faire les courses », « pour la première fois je pense à enlever mon foulard car j’ai peur », « je ne laisse plus sortir ma fille, j’ai peur pour elle », etc.
À l’origine de cette hausse des actes islamophobes et de la peur qu’elle suscite se trouve un certain nombre de thématiques récurrentes des médias et des discours politiques. Dans une France qui connaissait déjà une montée régulière de l’islamophobie depuis près de deux décennies, il est irresponsable de multiplier les propos : sur l’islam et « son lien ou non avec le terrorisme », sur « la moindre présence de certains aux manifestions du « Je suis Charlie » », sur « le soi-disant silence de certaines populations à l’égard des attentats », etc.
La montée importante des violences islamophobes directes ou indirectes est le troisième fruit pourri de l’instrumentalisation politique et médiatique de l’émotion.(...)
Ce n’est pas par la guerre impérialiste, la peur, l’humiliation, la répression hystérisée et la remise en cause des droits démocratiques que reculera le « terrorisme ».
Les mesures annoncées par le gouvernement ne s’attaquent à aucune des causes structurelles de l’émergence de postures nihilistes dans notre société : les inégalités sociales massives, les discriminations racistes systémiques, l’islamophobie humiliante, les contrôles policiers au faciès, les guerres pour le pétrole et les minerais stratégiques. Pourtant, Il n’y a aucune autre solution sérieuse que celle de s’attaquer aux causes réelles car sans justice, il ne peut jamais y avoir de paix.32
Un tyran meurt, l'Occident pleure
Le roi Abdallah d'Arabie Saoudite est décédé le 23 janvier 2015 à l'âge de 90 ans après avoir dirigé d’une main de fer le royaume réactionnaire pendant 20 ans. Allié inconditionnel des gouvernements impérialistes occidentaux, il est resté dans la lignée de ses prédécesseurs : soumission aux États-Unis, violation systématique des droits de l'homme, financement de groupes fanatiques djihadistes... La marionnette par excellence.
L’Arabie Saoudite, le plus grand des serviteurs de l’Occident
Depuis sa fondation par Abdel Aziz Ibn Saoud en 1932, le royaume d’Arabie Saoudite n’a cessé de servir les intérêts des puissances occidentales. D’abord ceux du Royaume-Uni, protecteur de la famille Saoud, qui avait aidé les Saoud à fonder leur royaume pour profiter de la position stratégique du pays. Non seulement pour s’assurer du commerce avec ses anciennes colonies mais également en l’utilisant pour contrer l’influence de l’Empire Ottoman. Puis, ce fut au tour des États-Unis d’imposer leur domination dans le pays. Le deal était simple : en échange d’un soutien financier et militaire, le royaume s’engageait à fournir aux États-Unis un pétrole bon marché et des bases militaires ainsi qu’à jouer le rôle de « gendarme » de la région en déstabilisant les pays désireux d’affirmer leur indépendance et de choisir une autre voie que celle de l’inféodation à l’empire états-unien. Financement de groupes fanatiques djihadistes et instrumentalisation de l’islam furent, entre autres, les outils utilisés pour déstabiliser ces pays.
Le clan des Saoud dirige le pays d’une main de fer depuis presque un siècle. Ainsi, tous les rois qui se sont succédé ont toujours suivi les mêmes orientations, tant dans la politique intérieure qu’extérieure. Voilà pourquoi il n’est pas vraiment nécessaire de s’arrêter sur un roi en particulier, étant donné que tous ont pratiqué la même politique. Preuve en est, le nouveau roi Salman a affirmé qu’il continuerait sur la même ligne que son prédécesseur. Depuis l’annonce de la mort d’Abdallah, les chancelleries occidentales ont toutes salué la « mémoire » du roi défunt. Hollande, Cameron, Obama, Harper... tous ont accouru pour aller rendre hommage au tyran et n’ont pas hésité à faire l’éloge de son action. Il est donc temps de dresser une analyse comparative des déclarations et de la réalité.
Le roi Abdallah, un pacifiste ?
À entendre certains dirigeants européens et nord-américains, on se demande parfois s’ils sont vraiment conscients des propos qu’ils tiennent. Prennent-ils les citoyens pour des abrutis ou croient-ils réellement à ce qu’ils disent ? Je pencherais pour la première option car un des éloges rendus au roi saoudien a été de le qualifier de « pacifiste ». François Hollande a en effet « salué la mémoire d’un homme d’État dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste d’actualité ». David Cameron a, lui, exprimé sa profonde tristesse en saluant « l’engagement du roi en faveur de la paix ». De son côté, le premier ministre du Canada (la semi-colonie des États-Unis) a fait très fort. Il a en effet qualifié le roi « d’ardent défenseur de la paix » avant d’ajouter : « Nous sommes de tout cœur avec le peuple saoudien et nous PLEURONS le départ de ce GRAND homme ».
On peut au moins saluer le sacré culot de nos dirigeants. Mais ce n’est pas tout. Au-delà d’être un pacifiste, le roi Abdallah aurait été un dirigeant combattant le « terrorisme », le président français confirmant que lui et le dictateur entretenaient des « relations pour lutter contre le terrorisme ». Des déclarations tenues face à la presse qui n’ont pas eu l’air de choquer les journalistes.
Le roi Abdallah et dans une plus large mesure la famille Saoud qui dirige ce pays sont-ils vraiment des pacifistes ?
Ont-ils vraiment lutté contre le terrorisme comme le laissent entendre les gouvernants occidentaux ?
L’histoire et le présent indiquent pourtant le contraire. L’Arabie Saoudite a toujours été un allié stratégique des États-Unis. Le royaume a été utilisé par Washington dans le but de déstabiliser des mouvements nationalistes et indépendantistes. En effet, pour Ryad, les dirigeants nationalistes comme Nasser ou Khomenei représentaient une menace pour la survie de la famille royale. L’exemple égyptien ou iranien aurait en effet pu servir de modèle au peuple saoudien, victime de l’oppression et de la tyrannie de ses dirigeants.
En Iran, lorsque la révolution islamique triomphe en 1979, l’Arabie Saoudite prend peur car désormais une puissante nation va lui faire face. L’Iran venait de se débarrasser du Shah et le pays était bien décidé à se développer de manière indépendante. En 1981, le roi Khaled tenta de corrompre un colonel de l’aviation iranienne pour renverser le guide spirituel mais sans succès. Le royaume saoudien, en étroite collaboration avec Washington, décida alors de se tourner vers Saddam Hussein pour le convaincre d’attaquer l’Iran. Saddam accepta. Bilan : plus d’un million de morts. Belle leçon de pacifisme !
Le clan des Saoud est une famille extrêmement réactionnaire et fermement attachée au pouvoir. C’est pourquoi elle obéit comme un vassal à Washington, son grand protecteur, et a toujours tout mis en œuvre pour détruire une nation ennemie. Concernant le roi Abdallah en particulier, il aurait donc prôné la paix ? Vraiment ? N’a-t-il pas envoyé son armée le 14 mars 2011 afin de réprimer des manifestations pacifiques à Bahreïn ? Cette féroce répression n’a-t-elle pas fait 76 morts du côté des manifestants ? Chers François Hollande, David Cameron, Stephen Harper, votre mémoire vous fait-elle défaut ? Et enfin, n’oublions pas un événement très important qui a eu lieu le 3 juillet 2013 : Le coup d’État du général Al-Sissi en Égypte contre Mohammed Morsi. S’en est suivi une répression impitoyable contre les partisans des frères musulmans qui a entraîné la mort de plus de 1000 personnes. Un massacre réalisé avec la bénédiction de...l’Arabie Saoudite qui n’a cessé de soutenir Le Caire. Nous avons là l’exemple parfait qui démontre la mémoire sélective avec laquelle les chefs d’État et de gouvernement occidentaux traitent l’histoire. Apparemment, massacrer des manifestants pacifiques dans un pays allié des puissances du Nord ne semble pas être un problème.
Intéressons nous maintenant au fameux « terrorisme ». Ce mot voyageur que tous nos médias et dirigeants utilisent et qui ne semble plus signifier grand-chose. Le roi Abdallah aurait été un allié de l’Occident dans la lutte contre le « terrorisme ». Pourtant ni les puissances impérialistes ni l’Arabie Saoudite n’ont lutté contre le « terrorisme », bien au contraire. Notons tout d’abord que l’Europe de l’Ouest, les États-Unis et l’Arabie Saoudite partagent, parmi leurs nombreux points communs, celui essentiel de la haine viscérale envers le communisme. C’est par ailleurs pour cela que Ryad éprouvait une haine aussi profonde envers l’Égypte de Nasser, grand allié de l’Union Soviétique. L’Arabie Saoudite serait donc un pays qui combat le terrorisme.
Alors pourquoi a-t-elle financé et armé, avec l’aide des États-Unis, des fondamentalistes fanatiques, des moudjahidin pour lutter contre le gouvernement socialiste de Nour Mohammad Taraki en Afghanistan avant même que l’Union soviétique n’envahisse le pays ?
L’Arabie Saoudite a financé sans problème le terrorisme et cela n’a jamais gêné les chancelleries occidentales. Et, plus récemment, quel pays ne cesse d’envoyer des armes et de financer les groupes djihadistes et terroristes en Syrie ? Encore l’Arabie Saoudite pour qui la « fin justifie les moyens ».
Je vous propose de terminer avec la palme d’or des déclarations suite à la mort du roi Abdallah. La palme est décernée à Christine Lagarde, directrice générale du FMI qui a déclaré tout tranquillement que le roi était « d’une manière discrète, un GRAND DEFENSEUR DES FEMMES ». Apparemment, Madame Lagarde ne semble pas avoir peur du ridicule mais il semble qu’elle puisse sans crainte se permettre de tenir ces propos puisque tous les journalistes en face d’elle se sont tus, aucun n’a bronché. Belle déontologie journalistique. Si Abdallah était défenseur des femmes, il était en effet fort discret. Interdire aux femmes de conduire, de voyager ou d’être admises seules dans un hôpital, leur interdire de voter, les lapider lorsqu’elles commettent un adultère, est-ce l’attitude d’un « défenseur des femmes » ? Christine Lagarde ne devrait-elle pas être jugée pour apologie de la violation des droits de l’homme ?
Amnésie médiatique et droits de l’homme à géométrie variable
Analyser l’actualité nous mène automatiquement à nos chers médias. Comment les professionnels de la propagande et du mensonge ont-ils abordé la mort du roi Abdallah ? Tous plus ou moins de la même manière. On retiendra notamment la présentation que France 24 a faite du tyran en le qualifiant de « garant de la stabilité ». L’Arabie Saoudite qui, à travers le financement de fanatiques religieux embrasant tout le Moyen-Orient, a soutenu le coup d’État du général Al Sissi en Égypte est selon la chaîne d’information internationale française un « garant de la stabilité ».
Mais de quelle stabilité parlent-ils ? Peut-être celle qui a permis au pouvoir de se maintenir à Bahreïn ? La stabilité dans le sang, c’est peut-être cela que salue France 24 ? Les autres médias dominants ont évoqué le sujet saoudien en lui consacrant cinq minutes environ. Une minute pour montrer les images de l’arrivée des dirigeants occidentaux à Riyad, une minute pour évoquer le bilan positif d’Abdallah, une minute trente pour présenter son successeur et ce qui l’attend à la tête du pays et une minute trente pour évoquer les violations des droits de l’homme.
On avait pourtant connu nos médias plus indignés et plus révoltés, notamment lorsqu’il s’agissait de défendre la liberté d’expression. Ils ont à peine évoqué le sort du jeune blogueur Raif Badawi, condamné par le régime à 1000 coups de fouet et dont le sort ne semble pas horrifier la presse. Alors que, quand la jeune Iranienne Sakineh fut menacée de lapidation, les médias se sont largement indignés et Bernard Henri Lévy, chemise ouverte sur le poitrail, a pu exprimer toute son émotion sur les plateaux de télévisions. Si les médias ont donc parlé des violations des droits de l’homme, il faut dire qu’il aurait été difficile de ne pas évoquer le sujet. Mais alors pourquoi éludent-ils ce sujet quand un événement touche l’Arabie Saoudite.
Pourquoi ne sont-ils pas plus offensifs et insistants sur la question saoudienne ?
Oublient-ils que les femmes sont traitées comme des objets, des sous-espèces humaines ?
Oublient-ils qu’on coupe la main des voleurs ?
Qu’on lapide les femmes ?
Qu’on emprisonne tous ceux qui osent critiquer même timidement le pouvoir en place ?
Étrange amnésie des médias qui ne disent jamais un mot sur les violations des droits de l’homme dans les pays alliés de l’Occident : le Mexique, Bahreïn, l’Égypte, le Paraguay...Pourtant ils n’hésitent pas à condamner en permanence les « régimes » iranien, russe ou encore vénézuélien.
Des nations qui bien évidemment ne se soumettent pas aux intérêts des puissances de l’OTAN et qui entendent se développer de manière autonome et indépendante en formant dans ce but un « bloc du sud » anti-impérialiste et anticolonial. Prenons un exemple concret afin de comparer le traitement médiatique sur un sujet précis : la mort d’un dirigeant. Nous avons vu comment Paris, Londres ou encore Ottawa ont réagi à la mort du roi despote. Souvenez-vous du traitement médiatique suite à la mort du commandante Hugo Chavez. Le son de cloche était totalement différent. Quelques secondes pour montrer les avancées sociales et économique impulsées par Chavez et on passait vite à l’aspect critique. Et là, on avait droit aux habituelles accusations de « despotisme », de « populisme » du président Chavez. Grand défenseur de la souveraineté populaire, il a été calomnié voire insulté en Occident alors qu’il avait remporté 14 des 15 scrutins organisés sous sa présidence. En fait, Chavez était le « mauvais élève » du Tiers-Monde puisqu’il avait osé s’opposer aux multinationales en nationalisant des pans entiers de l’économie. Abdallah, lui était le « bon élève du Tiers-Monde », le « bon arabe », le meilleur des valets.
Enfin, finissons avec les gouvernements occidentaux. Leur attitude en dit long sur leur cynisme et leur hypocrisie. Rappelons qu’aucun dirigeant occidental n’était présent lors des funérailles d’Hugo Chavez, un dirigeant qui avait pourtant réellement œuvré en faveur de la paix. Il était en effet intervenu en tant que médiateur dans le dialogue entre le gouvernement colombien et les FARC. Il avait énormément travaillé pour qu’émerge enfin un processus de paix. Et puis, il avait soutenu avec la Ligue Africaine une solution pacifique en Libye pour éviter ce qui s’est passé par la suite avec les hordes criminelles de Washington, Londres et Paris. Cette homme était un « grand défenseur des femmes » et pas discrètement. En effet, sa nouvelle constitution donne un statut nouveau à la femme. Par exemple, une femme au foyer est désormais considérée comme une travailleuse à part entière et reçoit donc un salaire de l’État.
Cette comparaison entre deux sujets similaires peut mettre en lumière le vrai visage des puissances impérialistes et néocoloniales. Elles prônent officiellement la démocratie, les droits de l’homme mais n’hésitent pas à soutenir et financer les pays et les organisations les plus obscurantistes et réactionnaires comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Égypte. Un soutien dans le but de préserver leurs intérêts et d’affaiblir les principaux concurrents comme la Chine. Au fond, les dirigeants occidentaux se foutent royalement des valeurs démocratiques et humaines. Ce qui les intéresse, c’est l’argent, les matières premières.
Henry Kissinger avait très bien résumé l’esprit qui anime ces pays « Si nous devons choisir entre la démocratie et nos intérêts, nous choisirons toujours nos intérêts » On a vu ce que ça a donné au Chili... Tous ces discours à la gloire de l’État de droit et au respect des droits de l’homme sont de véritables escroqueries intellectuelles. Déjà, nos nations occidentales ne sont elles-mêmes pas des démocraties mais des oligarchies. Elles n’ont donc aucune leçon à donner. Et, concernant les droits de l’homme, je ne pense pas que la France ou encore l’Angleterre soit bien placée pour dire au reste du monde ce qu’il convient de faire. Leur lourd passé colonial et leur présent néocolonial devrait les inciter à se taire.
Quant à l’Arabie Saoudite, elle va continuer à jouer le rôle du bon serviteur des États-Unis. Le pétrole va continuer à être quasi gratuit et le royaume va poursuivre sa mission de nation mercenaire au service de Washington. Enfin, rien ne devrait changer sur le plan intérieur. Les exécutions et les lapidations vont continuer à faire partie du paysage saoudien et ce, avec la bénédiction des États-Unis et de leurs alliés. Néanmoins, Riyad a peur. Peur de disparaître ou du moins de perdre de sa force au Moyen-Orient. Cette monarchie obscurantiste ne sait pas de quoi demain sera fait. Elle s’interroge et devient de plus en plus violente et belliciste. Après l’intervention à Bahreïn, le régime saoudien a tenté de renverser Bashar Al Assad en finançant des groupes terroristes. Mais derrière Al-Assad, c’est tout l’arc chiite Iran-Syrie-Hezbollah libanais qui est visé. En essayant indirectement de faire tomber Assad, Riyad essaie d’affaiblir Téhéran. Car le voilà son véritable ennemi dans la région.
Les deux pays se disputent le leadership au Moyen-Orient et chacun des deux pays a choisi son camp. Pour l’Arabie Saoudite, l’allié est Washington. Pour Téhéran, c’est Moscou et surtout Pékin. Les États-Unis sont en plein déclin et l’Arabie Saoudite n’est pas sûre de pouvoir bénéficier éternellement de l’aide états-unienne. Une chose est sûre : si demain Washington n’est plus en mesure de protéger l’Arabie Saoudite, le royaume s’effondrera. Et, comme les États-Unis sont en pleine crise économique et civilisationnelle, cette option est plus que jamais envisageable, peut-être plus tôt qu’on ne le croit.33
Intervention militaire de l'Arabie Saoudite au Yémen (2015)
Les houthistes, une organisation politico-religieuse se réclamant d’une branche du chiisme, sont traditionnellement implantés dans le nord du Yémen, à la frontière de l’Arabie saoudite. Ils ont gagné en influence en se mobilisant contre la corruption et l’augmentation des prix après le printemps 2011. À partir de l’été 2014, ils se sont emparés de territoires de plus en plus étendus avant de prendre possession de la capitale, Sanaa, et d’en chasser le président Hadi en janvier 2015. Alliés aux forces de l’ancien président Saleh, qui avait dû quitter le pouvoir en 2011, ils ont alors commencé à menacer Aden et le sud du pays.
Dans un pays unifié il y a seulement vingt-cinq ans, l’État yéménite s’est effondré, l’armée étant éclatée entre une partie restée fidèle à Saleh et une autre qui soutient Hadi. À cette guerre, il faut ajouter les attentats suicides opérés par Al-Qaïda et ceux revendiqués par Daech, qui cherche à étendre son influence au-delà de la Syrie et de l’Irak, dans la péninsule arabique.
Cette situation a été encore aggravée par l’intervention de l’impérialisme américain qui a utilisé, depuis 2012, des drones pour bombarder le sud du pays, sous prétexte d’y débusquer les chefs terroristes d’Al-Qaïda.
Le 25 mars 2015, en intervenant à la tête d’une coalition de neuf pays, l’Arabie saoudite entendait montrer qu’elle restait la puissance régionale avec qui il fallait compter, en opposition à l’Iran qui soutenait les milices chiites houthistes. Ce message était aussi adressé aux États-Unis, qui se sont trouvés mis devant le fait accompli. L’impérialisme américain s’est certes toujours appuyé sur l’Arabie saoudite, et Obama a déclaré publiquement soutenir l’opération militaire de cette alliée historique dans la région. Mais cette offensive militaire ne pouvait que l’embarrasser, à un moment où il conduisait un rapprochement avec l’Iran, son allié contre Daech en Irak.
La population yéménite est depuis des années victime des rivalités entre milices et bouts d’appareil d’État. L’intervention des puissances régionales et le jeu qu’elles mènent avec les USA venait encore alourdir le tribut qu’elle paye.34
Les Saoud détruisent le Yémen : « Chut, ce sont nos salauds ! »
Quelles furent les raisons du silence médiatique à propos de la guerre au Yémen ?
La guerre proportionnellement la plus meurtrière n’existe pas. En tout cas, dans les médias occidentaux.
9 000 morts dont 500 enfants brûlés vifs par les bombardiers. 1,5 million de réfugiés. Pas important, les bombardeurs du Yémen sont « nos » salauds : les Saoud !
Routes, ponts, écoles, hôpitaux, zones résidentielles, cimetières, aéroports détruits. Pas grave, les destructeurs sont « nos » salauds : les Saoud !
Plus de 10 millions de civils privés d’eau ou de nourriture, dit l’ONU. On s’en fout, les organisateurs du blocus sont « nos » salauds : les Saoud !
Continuez « nos salauds », les Saoud !
Trente sites archéologiques majeurs dévastés, dont le temple antique de Nakrah, la forteresse médiévale d’al-Qahira, le musée de Dhamar (douze mille objets vieux de cinq mille ans en poussière) : continuez donc, « nos salauds », les Saoud !
« C’est la première fois en 10 ans de missions que je suis plongé dans un tel climat de violence. Même à Gaza, en Côte d’Ivoire, en Somalie ou en Centrafrique, je n’ai jamais vu pareille situation où le conflit ne s’arrête jamais. Les trêves ne sont jamais respectées plus de deux heures. Les équipes de MSF travaillent jour et nuit, elles sont exténuées. Le quotidien est rythmé par les cris, les pleurs, le sang et les morts. » L’homme qui parle ainsi revient du Yémen, c’est Thierry Goffeau de Médecins sans Frontières. Un habitué pourtant.
"Jamais une enquête approfondie sur les secrets de ces cheikhs qui interdisent toute vie normale aux femmes mais se tapent des prostituées"
Mais de tout cela, vous n’entendez guère parler. Il y a bien, de temps en temps, l’une ou l’autre brève, voire un reportage un peu objectif, mais noyés dans le flot quotidien de propagande contre les « salauds-qui-ne-sont pas-avec-nous », de news sans intérêt et de divertissements-diversions. Jamais une question méchante posée à Hollande et Fabius qui soutiennent « nos salauds », jamais une enquête approfondie sur les secrets de ces cheikhs qui interdisent toute vie normale aux femmes mais se tapent des prostituées, interdisent la culture, mais collectionnent les gadgets « impies », se prétendent musulmans mais pratiquent l’esclavage et jamais une campagne médiatique pour sanctionner l’État le plus rétrograde, le plus antidémocratique et le plus cruel du monde. Ben oui, ce sont « nos salauds », ils nous filent le pétrole à prix cassés, investissent dans nos multinationales, financent les terroristes que nous n’osons soutenir ouvertement, soutiennent Israël et divisent les Arabes, sponsorisent nos campagnes électorales présidentielles.
Les Yéménites sont-ils massacrés, aujourd’hui encore, avec des armes « démocratiques » européennes ?
Et en plus, ces gens merveilleux achètent nos armes. En 2013, le Moyen-Orient a représenté 40 % des ventes françaises d’armement. L’Arabie saoudite était le principal client : 28 %. En 2014, les Saoud ont commandé pour trois milliards d’euros d’armements à la France et sont devenus le premier importateur mondial d’équipements militaires. Ils représentent un quart des ventes d’armes belges (souvent transmises à Daech d’ailleurs).
De même, l’Allemagne a fourni les missiles Iris et les fusils d’assaut G36 (Heckler & Koch), et Londres, les avions de combat Tornado et Eurofighter. Ces livraisons ont-elles continué après que Riyad a déclenché sa guerre illégale ? Oui. Les Yéménites sont-ils massacrés, aujourd’hui encore, avec des armes « démocratiques » européennes ? Oui. Les pétrodollars n’ont pas d’odeur et les marchands d’armes pas de morale.
Quand Daesh massacre des civils innocents, le monde s’indigne, mais quand les Saoud font pareil, on regarde ailleurs Voilà pourquoi le Yémen meurt en silence. Les médias se prosternent devant nos gouvernants, qui se prosternent devant les hommes d’affaires, qui se prosternent devant les pétrodollars.
Résultat ? Quand Daech détruit des monuments historiques, patrimoine de l’humanité, le monde s’indigne, mais quand les Saoud font pareil, silence complet. Quand Daesh répand le fanatisme religieux, réprobation générale, mais quand les Saoud font pareil, silence complet. Quand Daech massacre des civils innocents, le monde s’indigne, mais quand les Saoud font pareil, on regarde ailleurs.
A quand une campagne de masse pour boycotter l’Arabie saoudite à travers ses complices à l’Ouest ? 35
Mascarade, dictature et égalité des sexes
En décembre 2015, pour la première fois, les femmes pouvaient voter aux élections municipales en Arabie saoudite. 14 d’entre elles auraient été élues. Une révolution nous dit-on... En fait une mascarade hypocrite qui donne la mesure du régime arriéré et dictatorial qu’est la dictature théocratique de la monarchie saoudienne, principal soutien des puissances occidentales au Moyen-Orient, « un Daech qui a réussi » pour reprendre l’expression d’un journaliste.
Les obligations humiliantes auxquelles devaient se soumettre les femmes candidates donnent un aperçu de leur situation inacceptable. Avant de pouvoir se présenter, elles devaient demander l’autorisation à leur mari ou le cas échéant à leur tuteur masculin. Il leur était alors demandé leur carte nationale d’identité, à laquelle elles n’ont droit que depuis peu, la majorité d’entre elles n’ayant qu’une « carte de la famille » de leur tuteur. De même, une preuve de résidence était demandée, cela alors que la plupart des femmes vivent dans leur famille. Et parce qu’elles n’ont pas le droit de conduire et qu’elles doivent obtenir l’accord d’un homme pour travailler ou voyager, c’est donc conduite par un homme de leur famille ou un chauffeur que les électrices se sont rendues dans les bureaux de vote. Au final, les électrices, inscrites pour la première fois, étaient 119 000, sur près de 1,5 million d’électeurs... Dix fois moins que les hommes !
La mixité dans les lieux publics étant interdite, les candidates n’ont pu rencontrer que leurs électrices. Et pour s’adresser au sexe opposé, les candidates ont dû recourir à la vidéo ou à des porte-parole hommes ! De plus, elles ne pouvaient pas faire apparaître leur visage sur les réseaux sociaux, ni sur les affiches ou les tracts de campagne... Loujain Hathloul, militante emprisonnée deux mois après avoir tenté en 2014 d’entrer dans le royaume au volant de sa voiture depuis les Émirats arabes unis, a vu sa candidature rejetée. Une autre candidate a dû se retirer face à l’opposition de dignitaires religieux.
Et les quelques élues, moins de 1 % de l’ensemble des élus, n’auront pas de pouvoir dans les 284 conseils municipaux, les seules assemblées à inclure des représentants élus, pour le simple fait que ces conseils municipaux, créés en 2005, n’en ont eux-mêmes aucun... toutes les décisions politiques étant prises par la famille royale.
L’oppression des femmes, un complément indispensable à la dictature des amis de Hollande.36
Le régime souffle sur le feu
L’exécution de 47 condamnés en Arabie saoudite le 2 janvier 2016 a provoqué une vague d’indignation au Moyen-Orient et une nouvelle montée de la tension.
C’est paraît-il la plus importante exécution de masse dans le pays depuis 1980. C’est surtout la mise à mort du cheikh Nimr Baqer al-Nimr, figure de la contestation chiite du pouvoir sunnite saoudien, condamné à mort en 2014 pour sédition et désobéissance au souverain, qui risque d’embraser encore plus une région déjà déchirée par des affrontements qui prennent de plus en plus la forme d’une guerre entre sunnites et chiites.
Dès le lendemain de l’exécution, des manifestations hostiles à l’Arabie saoudite avaient lieu à Ankara, Bagdad, Beyrouth, à Bahreïn, jusqu’au Pakistan et au Cachemire. En Iran, l’ayatollah Khamenei condamnait fermement l’exécution, tandis que l’ambassade saoudienne était mise à sac et incendiée par des manifestants. En Irak, deux mosquées sunnites étaient attaquées le 4 janvier, et un muezzin abattu, sans doute par des milices chiites, tandis que plusieurs parlementaires chiites irakiens exigeaient la mise à mort d’une soixantaine de détenus saoudiens emprisonnés en Irak.
La monarchie saoudienne ne pouvait ignorer que la mort du cheikh al-Nimr provoquerait de violentes réactions parmi les chiites. En rivalité avec l’Iran et inquiets du rapprochement des États-Unis avec Téhéran depuis 2015, les dirigeants saoudiens cherchent à creuser encore plus le fossé entre les deux courants de l’islam en se présentant comme les porte-parole des populations sunnites, tandis que, pour des raisons similaires, les dirigeants iraniens font de même avec les populations chiites. C’est dans ce cadre que l’Arabie saoudite mène au Yémen une guerre contre les houthistes, rébellion de confession zaïdiste (une branche du chiisme) alliée de l’Iran, ou qu’elle soutient militairement les bandes djihadistes en Syrie.
En fait, sur les 47 condamnés politiques, 43 étaient des sunnites en liens avec Al-Qaïda. Leur exécution est aussi une façon de signifier que l’Arabie saoudite sera désormais sans pitié avec des djihadistes qu’elle a longtemps regardés avec complaisance, tant qu’ils ne se tournaient pas contre son régime. Cela concerne Al-Qaïda mais aussi l’État islamique, dont le chef avait récemment appelé à renverser le régime saoudien. C’est une façon de signifier à ces groupes qu’on ne les tolérera et qu’on ne les aidera que s’ils se tournent exclusivement contre l’Iran, le régime d’Assad en Syrie ou leurs alliés et tous ceux que les dirigeants saoudiens considèrent comme leurs ennemis. L’antiterrorisme de l’Arabie saoudite, comme d’ailleurs de ses alliés occidentaux, est à géométrie variable, ne s’exerçant contre les groupes djihadistes que lorsqu’ils commencent à échapper à leur contrôle.
En tout cas, par ces exécutions, au demeurant odieuses et qui montrent de quel régime sanguinaire il s’agit, le pouvoir saoudien a pris consciemment le risque d’augmenter encore la tension. Cela n’a pas manqué, puisqu’en Iran le régime semble avoir été dépassé par ses extrémistes, qui l’ont mis en difficulté en incendiant l’ambassade saoudienne. En rompant leurs relations diplomatiques avec l’Iran, l’Arabie saoudite et nombre de ses alliés ont encore accentué l’escalade.
Pour contrôler le Moyen-Orient, les dirigeants impérialistes se sont appuyés sur des divisions ou les ont même créées. Ils ont soufflé sur le feu des rivalités entre puissances régionales. Celui-ci n’est pas près de s’éteindre.37
Hollande décore le terrorisme, la lapidation et la décapitation
Le 4 février 2016, dans le silence assourdissant des médias français, on apprend par l’agence de presse saoudienne SPA que François Hollande vient de remettre la Légion d’Honneur, plus haute distinction française au « Prince Mohammed bin Nayef bin Abdelaziz Al Saoud, prince héritier, vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur ». Fait exceptionnel, cette nomination n’a pas été publiée au Journal Officiel.
L’Arabie Saoudite
L’Arabie Saoudite est une des dictatures les plus meurtrières de la planète. En 2015, 153 personnes ont été exécutées par pendaison, lapidation ou décapitation. C’est la pire année depuis 20 ans. L’année 2016 a été inaugurée par l’exécution de 47 personnes la même journée dont un opposant religieux Chiite, ce qui a déclenché une crise sans précédent avec l’autre grande puissance régionale : l’Iran.
L’Arabie Saoudite est le régime le plus barbare de la planète. Les femmes adultères sont lapidées. On coupe la main aux voleurs. On coupe les mains et les pieds aux auteurs d’actes de banditisme. Les personnes reconnues coupables de diffamation ou d’avoir bu de l’alcool sont fouettées sur la place publique. Nul besoin d’être un sujet Saoudien pour se voir appliquer ces peines moyenâgeuses. Ainsi en 2015, un retraité britannique a été condamné à 350 coups de fouet parce que la police a retrouvé sur le siège arrière de son véhicule une bouteille de vin.
L’Arabie Saoudite abrite le plus célèbre prisonnier politique au monde. Fin 2014, le blogueur Raïf Badawi a été condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet parce qu’il avait critiqué sur son blog la police religieuse saoudienne.
La France, championne auto-proclamée de la laïcité décore donc un dirigeant d’un pays où l’apostasie est punie de la peine de mort. La France, championne de la défense des droits des homosexuels décore un dirigeant d’un pays où l’homosexualité est punie de la peine de mort.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais
Les dignitaires saoudiens, eux, sont réputés dans le monde entier pour leurs parties de débauche. Depuis des dizaines d’années, ils viennent passer l’été au large d’Ibiza dans des yachts ultra luxueux, entourés de prostituées. Récemment, ils se sont mis à débarquer sur les côtes françaises en privatisant des plages. Fin 2015, le prince Majed ben Abdulaziz Al-Saoud est accusé d’avoir menacé de mort des employées qui refusaient ses avances sexuelles pendant un séjour à Beverly Hills. Selon elles, le prince passe sa vie à se saouler, prendre de la cocaïne et mener une vie de débauche avec des prostituées.
Alors pourquoi cette décoration ?
En 2015, La France a vendu pour 16 milliards d’euros d’armement dont 13 milliards au proche-orient. Le plus gros client de la France est… l’Arabie Saoudite. Si les pétrodollars servent à équiper le royaume saoudien qui se lance aussi dans ses propres guerres, comme celle qu’il mène au Yémen avec la bienveillance des occidentaux, la manne pétrolière est également utilisée pour équiper les voisins. Ainsi l’Arabie Saoudite finançait un contrat de 3 milliards d’euros destiné à la modernisation de l’armée libanaise. Contrat suspendu en raison du soutien jugé trop mou du Liban aux dirigeants Saoudiens dans leur persécution contre leurs opposants. Et puis, le tableau ne serait pas complet si on ne mentionnait pas les Mistral. En prenant prétexte de la situation en Crimée et de la guerre civile en Ukraine, Hollande avait refusé de livrer les Mistral aux Russes, violant ainsi un contrat pourtant signé en bonne et due forme. Qui est venu sauver la face ? L’Arabie Saoudite, une fois de plus, qui a généreusement financé l’achat des deux bâtiments par une autre très grande démocratie qui brille pour son sens aigu du respect des droits de l’homme : l’Égypte.
Cette Légion d’Honneur est une honte
Cette remise intervient un an après les attentats de janvier qui ont ensanglanté la France. Après ces attentats revendiqués par Daesh, François Hollande avait remis la Légion d’Honneur à titre posthume à plusieurs victimes qui doivent aujourd’hui se retourner dans leur tombe en voyant qu’on décore aussi un des principaux leaders du régime qui inspire, arme et finance les plus grandes organisations terroristes de la planète.
Le régime qui est décoré à travers l’un de ses principaux dirigeants est une dictature sanguinaire qui applique à la lettre la Charia, comme l’État Islamique. Quelle est la différence entre Daesh, érigé faussement en ennemi numéro 1 de la France et l’Arabie Saoudite ? Comme Daesh, l’Arabie Saoudite lapide les femmes adultères, décapite les opposants, coupe les mains aux voleurs. Mais l’Arabie Saoudite vend du pétrole à la France et surtout lui achète des armes, beaucoup d’armes. On proposerait bien aux dirigeants de Daesh de passer quelques commandes d’armement à la France pour voir si on ne leur propose pas en plus la Légion d’Honneur.
Enfin, le prétexte de la lutte contre le terrorisme est une vaste Hollanderie, pardon, fumisterie. Une de plus. L’Arabie Saoudite a été à l’origine des principaux mouvements terroristes qui ensanglantent la planète, à commencer par Al-Qaïda et Ben Laden. Selon l’ancien responsable français des renseignements, Bernard Squarcini, l’Arabie Saoudite est le principal financeur des mouvements terroristes en Syrie.
Alors, donner la légion d’honneur à un dignitaire saoudien pour sa contribution à la lutte anti-terroriste, c’est comme décorer un pédophile pour son amour des enfants.
C’est d’une hypocrisie sans nom. En décorant l’Arabie Saoudite François Hollande décore le terrorisme. Et oui. Parce que le terrorisme est indispensable au gouvernement d'alors pour se maintenir au pouvoir. C’est la menace terroriste qui permet au gouvernement de violer toutes les libertés fondamentales dans le pays auto-proclamé des droits de l’homme. C’est encore la menace terroriste qui permet d’appeler à la sacro-sainte unité derrière François Hollande. C’est enfin la menace terroriste qui permet d’instaurer une répression sans précédent sur toute contestation en instaurant l’état d’urgence permanent. Sans Daesh, les socialistes français ne sont rien. Toute leur politique depuis 4 ans n’est qu’une succession d’échecs, aussi bien en ce qui concerne la dette, le chômage et maintenant la réforme du code du travail qui va mettre des millions de personnes dans la rue.
S’il n’y avait pas les terroristes et ceux qui les soutiennent pour faire croire aux Français que ce gouvernement sert à quelque chose, il aurait été balayé depuis longtemps. Ça vaut bien une petite médaille non ? 38
Le progrès à pas de tortue
Le roi Salman d’Arabie saoudite a décidé de permettre aux femmes de passer le permis de conduire à partir de juin 2018. C’est l’aboutissement d’une lutte de près de trente ans au cours de laquelle des dizaines de femmes ont été arrêtées et souvent condamnées à de la prison pour avoir pris le volant. « Nous avons gagné », a dit une de ces militantes.
En Arabie saoudite, les femmes ne peuvent pas sortir sans être accompagnées d’un homme de leur famille et pour la moindre démarche, quel que soit leur âge, elles ont besoin de l’autorisation de leur tuteur légal. Dans cette société machiste, c’est donc une petite révolution : une femme pourra s’inscrire toute seule pour passer le permis de conduire, et pourra sans chaperon prendre des leçons de conduite.
Outre le combat des femmes, la réforme répond plutôt aux difficultés économiques. La chute du prix du pétrole, unique ressource du pays, réduit les revenus de l’État, au moment même où la guerre au Yémen et le conflit avec le Qatar grèvent le budget.
Ainsi certains riches Saoudiens, qui sont des rentiers de l’État, ne peuvent plus payer chaque mois les 1 000 dollars en moyenne de frais de déplacement de leur femme, en taxi ou par chauffeur privé. Quant aux moins riches, qui doivent conduire eux-mêmes leur femme dans tous ses déplacements, ils doivent travailler davantage et n’en ont plus le temps. Or près d’un tiers des Saoudiennes travaillent déjà, comme vendeuses, enseignantes, soignantes – pour femmes évidemment. À quelque chose la crise est bonne.39
Un assassinat trop visible
L’assassinat de Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite d’Istanbul le 2 octobre 2018 a mis une nouvelle fois au grand jour la brutalité du régime saoudien.
La mort de ce journaliste très connu dans le monde arabe et occidental, travaillant au Washington Post, ne pouvait pas passer inaperçue. La disparition de Khashoggi a fait la « Une » des médias dans le monde, y compris de la presse turque très informée des avancées de l’enquête policière. Une manière peut-être pour Erdogan de se payer le luxe d’apparaître comme un défenseur des libertés, lui qui n’hésite pas à jeter dans les prisons de Turquie les journalistes qui le dérangent…
Régime ultra-répressif
L’affaire prenant de l’ampleur, la monarchie saoudienne a dû reconnaitre la mort du journaliste dans le consulat, prétextant une bagarre. Avec un commando de quinze personnes venues spécialement d’Arabie saoudite pour cette rixe ?
S’ils osent se comporter ainsi avec un journaliste devenu opposant, mais longtemps au service des princes saoudiens, issu d’une grande famille du pays, et connu en Occident, on imagine le traitement réservé aux autres victimes du régime.
L’Arabie saoudite est un pays dans lequel une simple accusation de vol, surtout lorsque le coupable est un de ces nombreux immigrés venus des pays pauvres de la région pour chercher du boulot, peut entraîner une décapitation. Une accusation d’« insulte » à l’islam peut quant à elle valoir une condamnation à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet.
Une monarchie saoudienne intouchable ?
Peu discrète, l’affaire a suscité une chaîne de réactions et de justifications de la part des dirigeants des grandes puissances, qui pouvaient difficilement, en tout cas en parole, faire comme si de rien n’était.
Macron a préféré d’abord attendre que « toute la lumière » soit faite – ou plutôt, d’attendre de voir si la nouvelle serait enterrée ; il a fini par condamner l’atteinte à la liberté d’expression, avant que les confirmations des Saoudiens ne contraignent Le Drian a déclaré sans plaisanter que « la France condamne ce meurtre ». Trump a aussi joué la girouette, en appelant d’abord à la prudence, puis en se sentant un peu obligé de qualifier l’événement de « très mauvais », avant de finalement affirmer que les « aveux » du royaume était « crédibles » et un « bon premier pas ». Pour ajouter dans la foulée : « Nous avons 450 milliards de dollars [de contrats avec l’Arabie saoudite], dont 110 milliards de commandes militaires. […] Ce n’est pas constructif pour nous d’annuler une commande comme celle-là ».
Complicités occidentales
L’arrestation, à la suite des révélations du régime, de 18 Saoudiens liés à l’affaire, et le limogeage de proches du prince héritier par son père, le roi d’Arabie saoudite, n’est qu’un petit coup de balai sur les marches du palais pour rejeter la faute sur des subalternes. De la démission forcée d’Hariri au Liban, sous la pression du régime de Riyad, à la sanglante guerre au Yémen, qui avait déjà fait quelque 10 000 mortEs et plus d’un million de déplacéEs, et désormais cet assassinat en Turquie, la monarchie saoudienne se sent les mains libres. Encore plus avec le choix de Trump de s’appuyer sur elle pour son bras de fer avec l’Iran. Pour Trump, les enjeux sont, en effet, bien plus importants que les seuls juteux contrats d’armement. Il a besoin des Saoudiens pour relayer sa politique au Moyen-Orient et si nécessaire jouer le rôle de gendarme régional. Mais du côté des dirigeants européens, Macron en tête, les déclarations gênées sur un assassinat trop visible cachent mal leur réelle complicité avec la dictature saoudienne. Pétrole et marché d’armes obligent.40
Mohammed Ben Salman exécute… le Dakar passe
En avril 2019, alors que l’Arabie saoudite en était à sa 104e exécution depuis le début de l'année, les dirigeants du groupe Amaury Sport Organisation (ASO) et la télévision publique France 2 ont annoncé que le Paris-Dakar passerait de 2020 à 2025 en Arabie saoudite. Le fait que ce soit une dictature sanguinaire ne leur posait aucun problème : ils y voyaient l’occasion de s’enrichir grâce aux recettes publicitaires. Il est vrai que Macron et le gouvernement français leur donnaient l’exemple en acceptant de vendre des armes à ce régime. 41
Même sans le fouet, une dictature réactionnaire
La monarchie saoudienne a renoncé à la flagellation dans son système pénal, ont annoncé des médias locaux le 24 avril 2020 après un communiqué de la très officielle Commission des droits humains du royaume.
La peine du fouet ne serait plus infligée après que la Cour suprême, dont les membres sont nommés par le roi, a ordonné son remplacement par des amendes ou des peines de prison. La flagellation pouvait être auparavant infligée en cas de meurtre, d’atteinte à l’ordre public ou de relations extraconjugales. Ainsi, en 2014, le blogueur saoudien Raif Badawi avait été condamné à dix ans de prison et à recevoir 1 000 coups de fouet pour insulte à l’Islam.
Mais même sans le fouet, le régime saoudien demeure une dictature particulièrement féroce. En 2019, les exécutions par décapitation au sabre n’ont jamais été aussi nombreuses, 184 selon Amnesty International. Depuis 2017, le nombre de journalistes et de blogueurs derrière les barreaux a plus que triplé. La plupart d’entre eux sont en détention arbitraire et, selon Reporters sans frontières, la torture est presque systématique pour les prisonniers d’opinion. Des ONG ont dénoncé la mort en détention des suites d’un accident vasculaire cérébral d’un militant des droits de l’homme, Abdallah el-Hamid, condamné à onze ans de prison pour avoir rompu « l’allégeance au roi », selon Amnesty International.
En remisant officiellement le fouet au placard, la monarchie saoudienne voudrait se donner une image plus moderne ou, plus simplement, donner à ses alliés occidentaux un prétexte pour dire qu’elle évolue dans le bon sens. Car les grandes puissances veulent continuer à faire des affaires avec ce régime dictatorial, parmi les plus réactionnaires de la planète, ne serait-ce que sur la question des droits des femmes encore quasi inexistants.42
Rencontre entre assassins
Le 15 juillet 2022, pendant que Macron accueillait à Paris le président des Émirats arabes unis, Joe Biden était reçu en Arabie saoudite par Mohamed ben Salman (MBS), le prince héritier au pouvoir.
La tournée d’un président des États-Unis au Moyen-Orient n’a certes rien d’extraordinaire. Après une escale obligée en Israël, Biden a participé à un sommet réunissant les dirigeants de six pays du Golfe et ceux de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Irak. Comme ses prédécesseurs, Biden venait tester l’allégeance des dirigeants de la région à la première puissance impérialiste. Alors que les États-Unis étaient, de fait, en guerre contre la Russie, Biden est venu vérifier que ses alliés gardaient leurs distances avec les partenaires de Poutine au Moyen-Orient mais aussi avec la Chine, autre pays jugé trop indépendant de l’impérialisme. Il l’a formulé explicitement : « mon pays ne se détournera pas du Moyen-Orient en laissant un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran. »
Pour essayer de contenir l’envolée du prix du pétrole provoquée par l’embargo contre le pétrole russe, Biden cherchait à obtenir un relèvement de la production saoudienne. En fait, celle-ci semble limitée par la vétusté des installations. Mais si la visite de Biden en Arabie-Saoudite a été si commentée, c’est parce qu’il a mis en scène sa réconciliation avec MBS, après quatre ans de mise à l’index. MBS est en effet le commanditaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, étranglé puis dépecé par les sbires du régime au sein même de l’ambassade saoudienne en Turquie.
Le régime saoudien exécute chaque année des dizaines de prisonniers politiques mais aussi des mineurs. Il mène au Yémen, pour le compte des grandes puissances, une guerre qui a fait plus de 400 000 morts. Il prive les femmes de la plupart de leurs droits élémentaires. Rien de cela n’émeut le président des États-Unis. Mais la barbarie de l’assassinat de ce journaliste et le cynisme de MBS avaient choqué dans le monde entier, obligeant l’administration américaine à prendre quelques distances.
La mise en quarantaine n’aura pas duré longtemps. Biden, Macron et les autres dirigeants occidentaux interviennent militairement partout dans le monde « au nom de la démocratie ». Ils envahissent et détruisent des pays entiers pour faire tomber les régimes plus assez dociles baptisés « dictatures ». Mais, toute honte bue, ils fréquentent, reçoivent, embrassent et surtout arment les dictateurs les plus sanguinaires... tant qu’ils les servent.43
Sources