L’Islande est le dernier pays d’Europe à avoir été peuplé. Ainsi, son histoire, qui n'a pas connu de période préhistorique, diffère de celle des autres pays européens.
Cependant, d'après certaines légendes et histoires, le pays a pu être connu bien plus tôt. Le navigateur grec Pythéas rapporte avoir découvert entre 330 et 320 av. J.-C. une île, qu’il nomme « Thulé », et qu'il présente comme la dernière de l'archipel britannique et la limite septentrionale de son périple. Il pourrait s'agir de l'Islande, Thulé étant le plus ancien nom de l’île, toujours utilisé pendant le Moyen Âge.
Au cours du Moyen Âge, les Irlandais se sont mis à rechercher des lieux isolés pour servir Dieu dans la solitude. Ayant d’abord abordé aux îles Féroé au milieu du VIIe siècle, ils poussent vers le nord, jusqu'à l'Islande – ou Thulé, comme ils l'appellent ; leur arrivée peut même avoir été antérieure puisque Bède le Vénérable (674-735), le savant anglais, mentionne Thulé dans ses écrits.
En 825, Dicuil, moine irlandais ayant enseigné en France, écrit dans De Mensura Orbis Terrae que des moines irlandais lui ont dit avoir vécu en 795 pendant environ six mois sur une île inhabitée qu’ils appelaient « Thulé ». Pendant l’été, ont-ils ajouté, la lumière du jour y brille la nuit comme le jour. D’après lui, des moines irlandais se sont trouvés en Islande un siècle avant la colonisation des Vikings, ce que corrobore le Livre des Islandais de Ari Þorgilsson le Savant qui mentionne qu'à leur arrivée, les Vikings ont rencontré ceux qu'ils appellent des papar (pères), c'est-à-dire des Irlandais.
L'âge de la colonisation (874-930)
La période comprise entre 874 et 930 est appelée l’« âge de la colonisation » ou de l’« établissement », car la plupart des zones habitables a été alors colonisée. Dans les manuscrits des Livre des Islandais et Livre de la Colonisation, sont consignés quatre cents noms de colons, avec l’histoire des familles et les détails concernant les conditions de leur établissement. Certes, bien d'autres voyageurs ont débarqué en Islande, mais seuls les chefs les plus importants sont recensés. La grande majorité des immigrants sont venus du sud-ouest de la Norvège, et aussi des îles Britanniques.
Les raisons de cette immigration sont nombreuses. Le roi Harald Ier de Norvège essaie d’unifier son pays en un seul État, ce qui engendre de nombreux conflits et incite ses ennemis à s'enfuir en Islande. Beaucoup quittent aussi la Norvège pour des raisons politiques, tant sont élevées les taxes imposées au peuple et s'avère rude l’oppression menée par le roi. Enfin, le constant besoin de terres nouvelles incite certains au départ. Pour faire face à cette vague d’émigration, un compromis est négocié, en vertu duquel tous les colons islandais doivent s'acquitter d'un impôt dû au roi. Cette taxe reste permanente, même après l’âge de la colonisation
À la fin de l’âge de la colonisation, en 930, la population est estimée à 6 000 personnes.
Fondation de l'Althing (930)
Les colons sont venus en Islande en groupes, hommes libres, femmes, enfants et esclaves, souvent issus d'une grande famille, chacune étant regroupée sur une partie de l’île. Chaque groupe est gouverné par un homme riche et de descendance noble, qui édicte les règles applicables à sa colonie et prend également soin des offrandes nécessaires aux dieux. Pour ces services, les colons doivent payer des taxes, ce qui renforce la place du chef devenu de ce fait plus riche et plus puissant. À travers le pays, de nombreuses principautés se développent, pratique normale pour des Vikings n’apportant avec eux que leurs coutumes. Ainsi, les membres de chaque communauté se réunissent en assemblée à certains moments de l’année pour discuter des lois et juger les contrevenants aux règles établies.
La multitude de colonies en Islande a eu pour conséquence une multitude de lois différentes. Comme de nombreux colons veulent vivre en paix, les chefs se rangent à la conclusion que l’unification du droit et de la société serait bénéfique pour le pays. Ainsi se met en place l’État libre islandais en 930.
Une fois le pays unifié, les chefs délèguent Úlfjótur en Norvège pour qu'il y apprenne le mode de fonctionnement du droit et des formes de gouvernement. Autre délégué, Grímur Geitskör est envoyé à travers l’Islande pour repérer un endroit susceptible d'accueillir le parlement et se concilier le soutien des autres chefs. Au même moment, un fermier de Bláskógar, des environs de Reykjavik, est déclaré coupable du meurtre d’un homme libre. Il est condamné à une amende et la confiscation de ses terres. C’est sur ces terres, à Þingvellir, devenues propriété publique, que s'érige l’Alþing. La chambre, trente-six chefs représentant chacun une communauté, se réunit pour la première fois en 930. Cette assemblée, dotée du pouvoir judiciaire et législatif, évolue au fil du temps. L'exercice du pouvoir exécutif, cependant, reste d'ordre privé. L'Alþing est considéré comme étant le plus vieux parlement d'Europe.
L'âge des sagas (930-1030)
La période comprise entre 930 et 1030 est connue sous le nom de l'âge des Sagas, d'après les événements héroïques de cette période qui y sont consignés. Les sagas, transmises oralement de génération en génération, ont été retranscrites pendant les XIIe et XIIIe siècles, ère de prospérité pour les Islandais, en majorité agriculteurs et pêcheurs, richesse que confortent les raids vikings.
Naviguer sur les océans est, en effet, une grande tradition viking, et les Islandais, continuant l'exploration des mers, découvrent de nouvelles terres, telle le Groenland peu éloigné et assez tôt abordé. Les Vikings avaient inventé un calendrier séparant l'année en deux semestres : un où la lumière monte, l'autre où elle décline. Le premier à apercevoir ses côtes est Gunnbjörn Úlfsson au Xe siècle, suivi de Snaebjörn Galti qui tente d’accoster en 978. La nouvelle s'en est très vite répandue, et Eiríkur Thorvaldsson (ou Erik le Rouge), de la côte ouest, décide de partir aux alentours de 980 vers cette terre de l'ouest. Il la nomme Groenland et s'y installe définitivement en 986, telle est du moins l'histoire que narre la Saga d'Erik le Rouge.
Leifur, fils d'Erik le Rouge, ou Leif Ericson l'Heureux, est né en Islande, mais s'installe plus tard avec son père ; aventurier et explorateur comme lui, il navigue vers le sud-ouest en l'an 1000 et découvre plusieurs territoires, d'abord Helluland (l'île de Baffin), puis Markland (le Labrador), enfin Vinland ou « Terre du Vin » (peut-être L'Anse aux Meadows de Terre-Neuve ou plus sûrement Bay Saint Lawrence, au nord de Cape Breton en Nouvelle-Écosse). Selon la tradition des sagas scandinaves, Leif Ericson serait donc le premier européen à explorer des terres de l'Amérique du Nord.1
VINLAND est le nom donné par le Viking islandais Leif ERICSON au territoire Nord-Américain qu'il découvrit autour de l’an 1000. Des fouilles ont permis de retrouver des traces de la présence des Vikings à L'Anse aux Meadows à Terre-Neuve (Canada). On continue à débattre s’il s’agit là du VINLAND de Leif Ericson (ou s'il s'agit plutôt de la colonie fondée par Þorfinnr Karlsefni), dont certains ont situé les divers emplacements possibles sur une aire géographique allant du Labrador à la Floride.2
Leif ERICSON aurait donc découvert l'Amérique avant Christophe Colomb, autour de l'an mil.
VINLAND = VIN
An l'an mil, le Pape était GERBERT d'Aurillac.
GERBERT = GERBER T
T = 20 = VIN
GERBERT = GERBER le VIN
À travers la découverte éventuelle du Nouveau Monde en l'an mil, Dieu nous fait comprendre que nous pourrons construire un nouveau monde lorsque nous GERBERONS le VIN de Jésus, c'est-à-dire lorsque nous ne laisserons plus César diriger le monde.
VINLAND = LAND
Le chef-lieu du département des LANDES est MONT-DE-MARSANT.
MONT DE MARSANT = la MARRE DE SANG
Après la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, le continent fut le théâtre d'un véritable BAIN DE SANG.
Le VIN symbolise donc le SANG.
Leif ERISON aurait découvert l'Amérique avant Christophe Colomb.
ERICSON = SON ECRI
Dieu ÉCRIT le scénario de l'histoire de l'humanité, par conséquent, c'est SON ÉCRITURE.
Christophe Colomb a découvert l'Amérique en 1492.
1492 = NIB
« NIB » signifie « la plume du stylo » en anglais.
Dieu nous révèle qu'il écrit chaque ligne du scénario et nous pourrons enfin créer un nouveau monde, lorsque nous prendrons le stylo que Dieu a pour l'instant laissé entre les mains de César.
Le VINLAND est également nommé « Terre du VIN ».
Le VIN symbolise le pouvoir des rois et le sang qu'ils font couler.
Durant plusieurs décennies, les États-Unis d'Amérique ont possédé le plus grand nombre de milliardaires au monde, et depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses dirigeants ont multiplié les guerres en provoquant la mort de plus de 10 millions d'êtres humains.
L'Amérique du Nord est donc bien la « Terre du VIN ».
L'âge de la paix (1030-1220)
Le premier évêque islandais, Ísleifur Gissurarson, nommé en 1056 et ne disposant d'aucun diocèse, a un statut de missionnaire. Durant cette période, l'Église et le christianisme se renforcent en Islande. À la mort de Ísleifur Gissurarson, c'est son fils, Gissur Ísleifsson, qui lui succède.
La dîme de 1097 a eu une grande importance pour l'Église et a radicalement changé l'État libre islandais. L’Église est devenue plus riche et les évêques ont joui d'une puissance accrue. Les chefs, dispersés à travers l'île, en profitent pour se faire nommer prêtres, détournant ainsi l'argent en principe destiné aux pauvres.
Avant l'évangélisation, les Islandais ne connaissent que l'alphabet runique. L'introduction du christianisme s'accompagne de l'alphabet latin. Les lois sont transcrites pour la première fois durant l'hiver 1117-1118.
Pendant le XIIe siècle et le début du XIIIe siècle, la structure sociale du pays subit un changement radical. La richesse croissante de l'Église profite à certains Islandais qui, désormais très puissants, contractent peu à peu et au mépris des lois, des alliances susceptibles d'agrandir leurs territoires.
La guerre civile et la fin de l'État libre islandais (1220-1262)
À partir du XIIIe siècle, la plupart des pouvoirs économique et politique est entre les mains de quelques familles, ce qui entraîne d'inévitables tensions. Au même moment, la monarchie s'étant renforcée en Norvège, le roi Håkon IV essaie d'étendre son influence sur l'Islande. Plusieurs chefs islandais sont devenus ses vassaux, dont le plus puissant d'entre eux, Snorri Sturluson de la famille Sturlungar.
L'âge dit « des Sturlungar » commence en 1220 alors que Snorri Sturluson revient de Norvège après avoir promis au roi Håkon IV de placer l'Islande sous domination norvégienne. Serment non respecté, cependant, ce qui pousse le roi à s'allier au neveu de Snorri Sturluson, Sturla Sighvatsson, qui devient dès 1235 son représentant en Islande. Cependant, la tyrannie de ce dernier conduit à la guerre civile qui fait rage jusqu'en 1262, date de la fin de la vieille République. En 1238, lors de la bataille de Örlygsstaðir qui l'oppose à Gissur Þorvaldsson et à Kolbeinn Arnórsson. Sturla est défait et trouve la mort. L'Islande passe sous le contrôle de ses deux adversaires, vassaux du roi de Norvège.Gissur Þorvaldsson reçoit l'ordre d'assassiner Snorri Sturluson, ce qui est fait en septembre 1241.
La domination norvégienne et danoise (1262-1550)
Les guerres incessantes entre clans finissent par fragiliser l'autorité de l'Alþing et l'île passe sous domination étrangère jusqu'en 1944. La chute de la République est due à un concours de circonstances ; pour autant, les Islandais n'ont pas été conquis par une puissance étrangère. L'Islande passe d'abord sous domination norvégienne jusqu'en 1380, puis sous domination danoise jusqu'en 1944.
L'Union de Kalmar et le début de l'emprise danoise (1380-1550)
L'Union de Kalmar entre tous les pays nordiques, destinée à servir de rempart à l'expansion germanique, est conclue à l'initiative de Marguerite Ire de Danemark en 1397. La reine Marguerite Ire de Danemark gouverne ses pays avec une rare fermeté jusqu'à sa mort en 1412.
La peste noire touche la Norvège, comme la plupart des pays européens, en 1349-50. Mais la peste n'a atteint l'Islande qu'au début du XVe siècle (vers 1402-04). Le nombre exact des morts de la peste n'est pas connu, mais on estime que leur nombre se situe entre un tiers et la moitié de la population. La peste a eu plusieurs conséquences en Islande. Beaucoup de fermes ont été abandonnées, et l'Église a tiré profit de cette situation, puisque de nombreuses personnes lui ont donné leurs terres. La peste a causé une rupture dans la culture islandaise : très peu de sources écrites datent de cette époque car les activités littéraires s’y sont ralenties. L’Islande a mis longtemps avant de se remettre de cette épidémie, d'autant plus qu'une autre est survenue en 1494-95.
Durant le XVe siècle, les réserves de poisson de l'île sont devenues très précieuses en raison de la forte demande des autres nations européennes. À cette époque, la pêche a succédé à la laine en tant qu'article principal d'exportation. Les marchands norvégiens, qui ont contrôlé le commerce islandais pendant un certain temps, voient les Allemands de la ligue hanséatique prendre une part plus importante dans ces échanges. Mais cette période est surtout appelée le « siècle des Anglais », en raison du nombre important de pêcheurs anglais qui viennent dans les eaux islandaises.
En 1536, l'Union de Kalmar prend fin, l'Islande faisant désormais partie du Royaume de Danemark-Norvège.
La Réforme protestante (1550-1701)
L'activité commerciale des Hambourgeois culmine vers 1530. Véhiculées par ces marchands hambourgeois, les idées luthériennes font leur chemin et leurs sectateurs visent d'abord et avant tout à éliminer le catholicisme, ensuite à soumettre encore plus étroitement le pays au pouvoir politique danois. Au Danemark, le roi Christian III sécularise les biens d'Église et chasse tout le clergé catholique. Toute résistance est écrasée par une chasse aux sorcières
En Islande, l'atmosphère est différente. Le peuple reste fidèle au catholicisme et l'évêque du nord de l’île (Hólar í Hjaltadal), Jón Arason, reprend tous les biens d'Église confisqués par le pouvoir danois et ses partisans protestants. Dès 1540, il s'est procuré une presse, la première introduite dans le pays. Appartenant à une très puissante famille de l'île, il fait figure de roi non couronné en Islande. Mais trahi par l'un des siens, il est fait prisonnier, et le 7 novembre 1550, Jón Arason et ses deux fils sont décapités.
En 1572, le pays se voit imposer un gouverneur particulier, membre du Riksråd (« Conseil du Royaume ») danois. L'Islande n'est plus qu'un pays vassal de la Couronne.
La misère s’accroît encore aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1602, les Danois imposent le monopole royal du commerce. En 1662, les Islandais sont contraints de se soumettre au pouvoir absolu du monarque danois.
Les conséquences de la Réforme
Une fois que le roi Christian III de Danemark a imposé de force la Réforme à l'Islande, lui et ses gouverneurs s'emparent de la plus grande partie des pouvoirs. L'Alþing perd la majorité des siens, et se contente désormais d'approuver les affaires qui lui sont soumises. Après la Réforme, le roi saisit toutes les terres appartenant aux monastères, et en tant que chef de l'Église, administrait tous ses domaines. Les taxes, les amendes et les revenus de toutes sortes commencent à affluer dans la trésorerie royale.
Jusqu'à la Réforme, l'Islande a été un pays relativement prospère, mais après, les Islandais commencent à glisser vers la pauvreté. En fait, depuis 1262, soumise à un roi mais conservant certains droits, après la Réforme, l'Islande ressemble de plus en plus à une colonie exploitée. Le roi instaure également un monopole commercial et en 1602, le commerce se fait exclusivement avec des marchands de Copenhague, d'Elseneur et de Malmö. Ce monopole dure pendant près de deux siècles jusqu'en 1787. En 1661, le roi Frédéric III de Danemark impose la monarchie absolue, et en 1662, les Islandais se soumettent à cette décision à la suite de l'abolition du Vieux Pacte de 1262.
Malgré la prise de tous les pouvoirs par le roi, ce dernier néglige la protection de l'Islande. Ainsi, des pirates de différentes nationalités y abordent pour assassiner, piller et commettre d'autres atrocités. En 1627, le pays est attaqué par une bande venue d'Algérie, qui pille et vole toutes les richesses qu'elle peut trouver et tue de nombreux Islandais. Plusieurs centaines de femmes, d'enfants et d'hommes, la plupart venant des îles Vestmann, sont capturés et vendus en Afrique du Nord. Seuls 37 des 370 prisonniers réussissent à rentrer en Islande. Ces pirates algériens sont appelés les « Turcs » en Islande, car l'Afrique du Nord fait partie de l'Empire ottoman. L'Islande subit un nouveau raid barbaresque en 1687.
La fin du XVIIe siècle est très difficile pour les Islandais pour différentes raisons, en particulier la froidure du climat et la pauvreté croissante et presque endémique.
L'après réforme (1701-1830)
À la fin du siècle, des milliers d'Islandais meurent de famine et, durant le XVIIIe siècle, la population connaît son plus faible niveau depuis la colonisation, avec 50 358 habitants en 1703 et 44 845 en 1762.
En 1700, avec l'accession au trône du roi Frédéric IV de Danemark, les délégués islandais demandent au roi d'aider la population ; il nomme alors une commission composée de deux Islandais, Árni Magnússon et Páll Vídalín, qu'il envoie en Islande en 1702 pour rechercher des solutions. Les deux délégués inspectent et enregistrent les propriétés disséminées à travers l'île, essaient d'améliorer les conditions de vie en allégeant les charges et réparant les nombreux préjudices commis par les représentants gouvernementaux et les juges. Cette mission, poursuivie sur dix années, s'avère particulièrement utile, mais en 1707, une terrible épidémie de variole tue environ 18 000 personnes, soit un tiers de la population.
Au cours du XVIIIe siècle, le Piétisme, très actif au Danemark, se développe fortement en Islande, favorisant l'imprimerie et la littérature. Cependant, l'éducation piétiste devant se limiter à l'étude de la religion, en 1741, deux théologiens, l'Islandais Jón Þorkelsson et le Danois Ludvig Harboe, sont dépêchés en Islande avec mission de « venir en aide au peuple » ; des années durant, ces délégués régissent l'éducation des enfants et prêchent, en particulier, contre l'apprentissage des sagas.
Les temps difficiles (1783-1800)
Pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, de nombreuses catastrophes naturelles accablent l'Islande. Entre 1752 et 1759, l'agriculture connaît une période de famine et voit l'abandon de nombreuses fermes. Avec cela, les Islandais doivent affronter les éruptions du Katla en 1755 et de l'Hekla en 1766.
La pire de ces calamités est l'éruption des Lakagígar qui, commencée au printemps 1783, s'étend sur plus d'une année. La lave recouvre une superficie de 565 km2, le plus grand champ de lave jamais créé par une seule éruption. Des gaz toxiques se répandent, empoisonnant la faune et la flore. S'ensuit une très grande pénurie et une période de famine qui affecte la plupart des régions. Pendant les années 1783-1784, environ 10 000 personnes meurent de faim et la population de l'Islande retombe une nouvelle fois sous la barre des 40 000 habitants. D'importants tremblements de terre surviennent également en 1784. À Skálholt tous les bâtiments, à l'exception de l'église, sont détruits. Le roi et le gouvernement danois dépêchent de l'aide et l'évacuation de l'île est évoquée, quoique l'idée n'en soit finalement pas retenue.
Les autorités gouvernementales, tant en Islande qu'au Danemark, s'efforcent d'améliorer les conditions de vie des Islandais. L'idée de Skúli Magnússon, de supprimer le monopole danois sur les échanges commerciaux, est adoptée en 1787, mais le commerce reste de fait la prérogative des sujets du roi.
En 1800, le roi, appuyé par certains Islandais, abolit l'Alþing, jugée désormais sans intérêt, et la remplace par une Cour suprême. Son premier président, Magnús Stephensen, est issu d'une famille très puissante ; son père, Ólafur Stephensen, a d'ailleurs été gouverneur de l'Islande de 1790 à 1806.
L'Islande et les guerres napoléoniennes
Au début du XIXe siècle, les guerres napoléoniennes rendent les échanges maritimes plus difficiles, ce qui affecte durement l'Islande. Le Danemark s'allie à Napoléon Ier après l'attaque de Copenhague par les Britanniques. Pour autant, ces derniers s'avèrent, par leurs fournitures, très utiles aux Islandais. En juillet 1809, un navire accoste à Hafnarfjörður avec, à son bord, Jørgen Jørgensen, aventurier danois qui, aidé de comparses anglais, arrête le gouverneur, le Comte Trampe, et proclame le 26 juin l'abolition de la souveraineté du Danemark. Après quoi, affirmant sa volonté de quitter son poste dès la réunion d'une assemblée constituante, il promet la protection de la Grande-Bretagne et s'octroie tous les pouvoirs en tant que « protecteur » de l'Islande et commandant en chef sur terre comme sur mer.
Après la défaite de la France, les Danois paient le prix de leur alliance avec Napoléon Ier et, en 1814, ils doivent céder la Norvège à la Suède. L'Islande, unie à la Norvège depuis 1262, reste sous domination danoise avec le Groenland et les Îles Féroé.
Une nouvelle ère (1830-1944)
De nouveaux courants politiques sont apparus en Europe après la révolution de Juillet en France et l'arrivée d'un roi plus libéral. Les vagues de cette révolution se font sentir jusqu'au Danemark. À partir du milieu du XIXe siècle, des mouvements indépendantistes voient le jour en Islande.
La lutte pour l'indépendance (1830-1874)
Les Islandais pétitionnent auprès du roi pour disposer de leur propre assemblée au lieu d'envoyer des représentants au Danemark. Cette idée, également appuyée par le Gouverneur, fait son chemin et Jón Sigurðsson commence à apparaître sur la scène politique. Selon lui, l'Alþing doit se situer à Reykjavik, siège du Gouvernement, et Reykjavik servir de capitale. En dépit d'oppositions réclamant l'installation de l'Alþing à Þingvellir, l'avis de Jón Sigurðsson est suivi, et en 1843, le roi Christian VIII met en place une assemblée consultative, l'Alþing. Elle s"assemble pour la première fois en 1845 avec vingt représentants élus par les propriétaires terriens islandais et six désignés par le roi.
À la suite de la révolution française de 1848 et de certaines révoltes, le roi Frédéric VII réunit une convention nationale devant doter le royaume danois d'une constitution. La Convention met fin à ses travaux le 5 juin 1849 et la monarchie absolue s'en trouve abolie. En 1848, Jón Sigurðsson esquisse les principaux points de sa stratégie politique pour l'Islande. Selon lui, à la suite de l'adoption de la constitution danoise, l'Islande retrouve le statut du Vieux Pacte avec la Norvège en 1262, autrement dit l'Islande n'est liée au Danemark que par une union dite « personnelle ». Une Convention nationale (Þjóðfundur) est mise en place en 1851 pour discuter de l'avenir politique de l'île, mais est rapidement dissoute par le Gouverneur. En 1865, un nouveau Gouverneur, Hilmar Finsen, rédige un projet conférant aux Islandais un certain pouvoir législatif et financier, bientôt accepté par l'Alþing mais rejeté par le Parlement en 1869. Finalement, le Danemark impose à l'Islande une loi constitutionnelle en 1871, selon laquelle l'Islande est inséparable du Danemark mais dispose de certains droits locaux. Le gouverneur prend désormais le titre de Vice-roi. Les Islandais, mécontents de cette constitution qui leur est imposée, demandent au roi un nouveau texte avant 1874, année marquant les mille ans de la colonisation de l'île.
Un statut autonome (1874-1918)
En janvier 1874, le roi fait connaître son intention d'octroyer une constitution à l'Islande lors de sa visite pour les célébrations du millénaire. Simple ajout à la loi constitutionnelle de 1871, ce texte garantit une large autonomie dans les affaires intérieures, dont une part du pouvoir législatif dévolu à l'Alþing. Toutes les lois votées par l'Alþing doivent être contre-signées par le roi. Les Islandais se montrent plutôt optimistes, jugeant que le nouveau texte leur permettra une plus grande indépendance et sortira leur île de la pauvreté. En 1875, la monnaie devient la Króna et dix ans plus tard, la Banque nationale d'Islande est créée, ce qui contribue à promouvoir l'industrie émergente.
À cette même époque, l'Islande connaît également, en raison des conditions de vie difficiles, une forte vague d'émigration vers l'Amérique du Nord. Certains s'installent dans le Wisconsin et le Dakota, mais la plupart se rend dans le Manitoba à l'ouest du lac Winnipeg. Entre 1870 et 1914, entre 10 000 et 20 000 Islandais s'expatrient en Amérique du Nord.
L'année 1904 constitue un tournant dans la lutte pour l'indépendance. En effet, le pouvoir exécutif est transféré en Islande à la suite d'un amendement constitutionnel adopté par l'Althing en 1903 et accepté par les autorités danoises. Le roi du Danemark nomme Hannes Hafstein Premier ministre, qui reprend ainsi les fonctions jusqu'alors exercées par un Gouverneur royal.
Les couleurs du drapeau islandais sont adoptées, après débat à l'Alþing, en 1913.
Le royaume d'Islande (1918-1945)
Le 1er décembre 1918, à la suite de la tenue d'un référendum, le régime dit de l'union personnelle est décrété entre le Danemark et l'Islande ; le roi de Danemark demeure roi d'Islande, mais les deux royaumes deviennent formellement distincts. L’autonomie de l’Islande est consacrée par l'Acte de l'Union du 30 novembre 1918, qui stipule que le Danemark conserve la souveraineté sur les affaires de défense et étrangères. Il a été prévu de réexaminer cet acte après un délai de 25 ans, soit en 1943.
Après la Première Guerre mondiale, l'Islande, comme le reste du monde, connaît une période difficile jusqu'en 1924. Le redressement économique qui s'amorce ensuite est anéanti par les répercussions de la Grande Dépression de 1929, dont l'une des victimes principales est la Banque d'Islande. La crise génère une pauvreté croissante, le chômage et la stagnation, ce qui incite le gouvernement islandais à lancer une politique de grands travaux avec construction de ponts, d'écoles et de centrales hydroélectriques. Après la guerre, la pêche est une industrie en plein essor, l'industrie du hareng que les Norvégiens ont constituée dans le nord est reprise par les Islandais et le port de Siglufjörður connaît une très forte activité jusqu'au milieu du XXe siècle et la chute des réserves de poissons.
Du 26 au 28 juin 1930, les Islandais célèbrent le millénaire de l'Alþing sur le site de l'ancien parlement à Þingvellir, où environ 35 000 personnes sont rassemblées, avec pour invités le roi Christian X de Danemark et la reine.
La Seconde Guerre mondiale (1940-1945)
Le 9 avril 1940, le Danemark est envahi et tombe sous la coupe de l’Allemagne nazie, ce que le Royaume-Uni considère comme un risque majeur. En effet, que les sous-marins allemands puissent se ravitailler dans les possessions danoises, les îles Féroé, l’Islande, ou le Groenland, leur confère une quasi domination de l'Atlantique-Nord et menace d'autant plus les convois acheminant du ravitaillement vers l’Union soviétique.
Pour pallier ce danger, les Britanniques envahissent l’Islande neutre un mois après l’invasion et s’installent d’autorité près de Keflavik, à 45 kilomètres à l'ouest de la capitale, et dans le fjord de Hvalfjörður, site portuaire situé à 50 kilomètres au nord. Leurs effectifs atteignent 25 000 hommes pour une population d’environ 120 000 Islandais. Les premiers éléments de l’armée américaine arrivent, eux, en août 1941 et s'installent dans les bases britanniques. L'Alþing est conduit à désigner un régent avant de prononcer en mai 1942 la séparation politique totale entre l'Islande et le Danemark.
Officiellement neutre, l'Islande a joué un rôle stratégique non négligeable dans le conflit, permettant aux forces britanniques et américaines d'opérer depuis des bases situées sur son territoire national et d'assurer ainsi aux Alliés le contrôle de l'Atlantique Nord.
Référendum et proclamation de la république (1944)
Le traité d’Union entre l’Islande et le Danemark doit se renégocier en 1943, mais le Danemark est dans l’impossibilité d’intervenir. Les Islandais décident d’agir unilatéralement et organisent un référendum au début de 1944 pour déterminer si la population approuve la sécession. Sur les 98,6 % de votants, 97,3 % se prononcent pour le oui. Le 17 juin 1944, jour du 133e anniversaire de la naissance du nationaliste Jón Sigurðsson (1811-1879), le Parlement islandais proclame la République à Þingvellir. Sveinn Björnsson en devient le premier président et la nouvelle république est reconnue par les puissances alliées et l’Union soviétique. Le roi Christian X, souverain du Danemark occupé par les Allemands, s’incline devant le fait accompli et envoie un télégramme de félicitations au peuple islandais.
La nouvelle vie politique sous la République
Principalement fondée sur la constitution de l'ancien Royaume d'Islande, à la différence qu'un Président de la République remplace le Roi à la tête de l'exécutif, la nouvelle constitution islandaise entre en vigueur le 17 juin 1944, Sveinn Björnsson, élu par le Parlement en 1944, en devenant le premier président.
La principale tâche des différents gouvernements qui se succèdent après la proclamation de la République est d'assurer l'indépendance d'avec le Danemark. La structure politique de l'Islande est telle qu'un parti politique n'a jamais pu y gouverner seul. Pendant la deuxième moitié du XXe siècle, si la vie politique est dominée par le Parti de l'indépendance, cette formation doit constituer diverses coalitions avec les principales composantes que sont le Parti social-démocrate, le Parti du progrès et le Parti libéral.
L'Islande et l'OTAN
L’Islande est libre, mais toujours occupée par les troupes américaines. Contrairement aux obligations contractuelles, le gouvernement des États-Unis, voyant venir la guerre froide et profitant de la position stratégique de l’Islande, ne veut pas rapatrier ses troupes à la fin de la guerre, et réclame même des bases permanentes dans le pays. Le gouvernement islandais refuse, mais un compromis est signé en 1946 : les États-Unis gardent le contrôle de l’aéroport de Keflavik pendant six ans et demi.
En 1951, pendant la guerre de Corée, les États-Unis obtiennent la permission de faire stationner des troupes en Islande, mais cette fois sous la bannière de l’OTAN.
En 1985, le Parlement islandais interdit tout passage d’arme atomique sur son sol.
Jusqu'à la fin des années 1980, les États-Unis ont dépêché 3 000 hommes pour veiller à la sécurité de l'Islande, et leur présence s'est poursuivie jusqu'en 2006, date à laquelle le président américain a décidé de les retirer. La base de Keflavik est vide depuis le 30 septembre 2006 et ses 1 900 hommes ont regagné leur pays. Le ciel islandais était protégé par quatre chasseurs F15 approvisionnés par un avion ravitailleur KC 135. Seule est demeurée opérationnelle une station radar jusqu'au 15 août 2007, des négociations devant déterminer son devenir. Néanmoins, dans le cadre de l'accord bilatéral de 1951, les États-Unis s'engagent à intervenir en cas de besoin.3
La « guerre de la morue »
La ou les « guerre(s) de la morue » est le nom que l’on donne généralement à plusieurs conflits d’ordre économique qui opposèrent le Royaume-Uni et dans une moindre mesure la RFA à l’Islande entre les années 1950 et 1970 au sujet des zones de pêches islandaises. Même si la marine britannique fut mobilisée, les deux pays ne se déclarèrent jamais la guerre. Le théâtre des opérations fut les eaux à proximité de l'Islande que le gouvernement islandais souhaitait interdire aux chalutiers étrangers par crainte de voir les ressources halieutiques s'épuiser. En 1952, l'Islande décide d'étendre sa zone de pêche de 3 à 4 miles nautiques au large de ses côtes, ce qui engendre une vague de protestations en Grande-Bretagne et le gel temporaire des importations de poisson islandais.
La première « guerre » de la morue ne commence qu'en 1959 après une extension par l'Islande de ses eaux territoriales à 12 miles nautiques. Les Britanniques décident alors d'envoyer des navires de guerre pour protéger leurs chalutiers qui pêchent dans cette zone. Les relations s'apaisent après la conclusion d'un accord entre les deux pays. Mais le conflit reprend en 1972 lorsque l'Islande étend sa zone de pêche à 50 miles nautiques, puis à 200 miles nautiques en 1975.
Malgré des opérations parfois violentes, aucune victime humaine n’est à déplorer. Le différend prit fin officiellement en 1976 avec la reconnaissance par les Britanniques des prétentions islandaises. Ce conflit a posé les bases de la mise en place d'une zone économique exclusive, qui sera reprise par la Convention de Montego Bay de 1982.4
L'Islande aujourd'hui
L'Islande a accueilli le sommet de Reykjavik en 1986 entre le président des États-Unis Ronald Reagan et le premier ministre soviétique Mikhaïl Gorbatchev, au cours duquel des mesures importantes furent prises en faveur du désarmement nucléaire. Quelques années plus tard, l'Islande est devenue le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Estonie, de la Lettonie, et de la Lituanie, rompant de ce fait les relations diplomatiques avec l'URSS. Tout au long des années 1990, le pays a accru son rôle international et a développé une politique étrangère orientée vers les causes humanitaires et de maintien de la paix. À cette fin, l'Islande a fourni une aide et une expertise à diverses interventions dirigées par l'OTAN en Bosnie, au Kosovo et en Irak.
Ascension et chute de l'Islande comme centre financier
Dans les années 2003-2007, à la suite de la privatisation du secteur bancaire sous le gouvernement de Davíð Oddsson, l'Islande s'est déplacée vers une économie basée sur les services financiers et la banque d'investissement. Elle est rapidement devenue l'un des pays les plus prospères dans le monde, mais a été durement touchée par une crise financière majeure. La crise a donné lieu à la plus grande migration de l'Islande depuis 1887, avec une émigration nette de 5 000 personnes en 2009.5
Le référendum sur le paiement de la dette
Payer pour les banquiers faillis, non merci !
Le 6 mars 2010, à l'occasion d'un référendum, les électeurs islandais ont refusé à 93 % de rembourser les 3,8 milliards d'euros de dette résultant de la faillite de la banque Icesave.
Lors de la faillite du système financier islandais, pendant le krach général de l'automne 2008, plusieurs centaines de milliers de déposants britanniques et néerlandais avaient tenté en vain de récupérer leurs avoirs placés chez Icesave, filiale britannique d'une banque islandaise. Craignant les faillites en chaîne, les États de ces deux derniers pays avaient alors partiellement remboursé ces rentiers malheureux et ces spéculateurs en herbe, puis s'étaient retournés contre l'État islandais pour se faire rembourser à leur tour, le menaçant de toutes les représailles possibles, s'il ne payait pas. La banque Icesave, nationalisée de fait avec toutes les banques islandaises en déroute, étant évidemment insolvable et l'État islandais se trouvant en faillite, le gouvernement n'avait alors rien trouvé de mieux que d'exiger que chaque Islandais s'acquitte d'une partie de la dette de cette banque, soit 12 000 euros par personne. On pouvait étaler les paiements, moyennant un intérêt de 5,5 %... Devant les protestations de la population, le président de la République avait finalement accepté d'organiser le référendum du 6 mars.
La dette de Icesave n'est que la partie émergée de l'iceberg, car la faillite des banques islandaises a entraîné la ruine de l'État, l'arrêt de pans entiers de l'économie, la mise au chômage de 10 % de la population, en plus du licenciement des ouvriers immigrés, et l'impossibilité pour tous les ménages endettés de faire face à leurs échéances. En plus de la baisse de leurs revenus, ces derniers subissent en effet une augmentation du montant de leurs traites, car leurs dettes étaient à taux variables, en fonction du cours de la monnaie islandaise... qui a perdu 60 % de sa valeur. Ils devaient désormais bien plus que la valeur des biens acquis avec leurs emprunts !
Dans les années précédant le krach financier, l'Islande était devenue un paradis pour spéculateurs, un concentré de l'économie de casino qui prévaut dans le monde entier. Outre la déréglementation générale des marchés financiers, les banquiers islandais bénéficiaient alors de lois particulièrement favorables et d'institutions, gouvernement et banque centrale, prêtes à fermer les yeux sur tous leurs montages. Les banques islandaises ont ainsi pu s'engager pour des montants équivalant à neuf fois la richesse produite par le pays en un an et spéculer avec des capitaux dont elles ne possédaient pas la plus petite partie. Elles ont aussi pu attirer des centaines de milliers d'épargnants britanniques, petits et gros, en leur promettant des taux d'intérêt records qu'elles ne pouvaient servir qu'en lançant de nouveaux emprunts.
Quelques fortunes spectaculaires sont ainsi apparues et on a pu voir des « Vikings de la finance » bâtir rapidement des fortunes colossales. Mais ils ont perdu à ce jeu face à des capitalistes beaucoup plus gros qu'eux qui, dès avant le krach de septembre 2008, avaient parié sur l'insolvabilité de l'Islande, comme ils le font actuellement sur celle de la Grèce.
Si les banquiers islandais et leurs complices ministres et hauts fonctionnaires n'ont pas été inquiétés et coulent toujours des jours heureux, les pots cassés sont entièrement à la charge de la population. Un ministre islandais l'expliquait assez crûment : « Partout dans le monde, c'est l'argent du contribuable qui sauve le système financier. La différence, c'est qu'avec le référendum le peuple peut s'exprimer. Mais un non gagnant laisserait entier le problème. »
En effet, il ne suffit pas que la population donne son opinion. Encore faudra-t-il qu'elle la fasse prévaloir en forçant les responsables à payer. Et pas seulement en Islande.6
Les habitants refusent à nouveau de payer pour les banques
Lors d'un autre référendum organisé le 9 avril 2011, les électeurs islandais ont rejeté pour la deuxième fois, à près de 60 % des voix, avec une participation supérieure à 75 % des inscrits, un plan de remboursement de l'ardoise laissée, en 2008, par la faillite de la banque Icesave, filiale en ligne de la banque islandaise Landsbanki.
Il y a à peine plus d'un an, ils avaient déjà massivement refusé un premier plan, concocté « à l'amiable » par leur gouvernement en accord avec ceux des Pays-Bas et de la Grande-Bretagne, adoubés par le FMI et l'Union européenne. Le deuxième plan proposé à leurs suffrages leur imposait de rembourser aux banques britanniques et hollandaises, et aux spéculateurs gros et petits qu'elles avaient su appâter avec des taux de 5 à 6 %, une somme de près de quatre milliards d'euros. Celle-ci correspond à l'évaporation des placements financiers investis chez Icesave, mise en faillite en 2008.
Le remboursement que le gouvernement de coalition écologistes/social-démocrates demandait à la population d'accepter représenterait 12 000 euros par habitant, étalés sur trente ans. Alors que le chômage a, en deux ans, grimpé de 1 à 8,6 %, que de nombreuses familles ont à cause de la crise perdu leur maison, ne pouvant plus faire face à leurs prêts immobiliers, la population islandaise a désavoué ses parlementaires et son gouvernement. Et cela malgré la pression des sondages favorables au « oui », malgré les menaces de « chaos politique et économique » invoquées par la Première ministre et malgré Dominique Strauss-Kahn qui, à la tête du FMI, rappelait : « Il y a des obligations internationales à respecter pour le pays (...). L'Islande, comme certains autres pays, ne peut pas être immunisée contre ce qui a été fait par son secteur financier. »
De leur côté les banques créancières, soutenues par leurs gouvernements respectifs, avaient l'air décidées à porter l'affaire devant les tribunaux, comme le claironnait le ministre britannique du Trésor. Quant au gouvernement islandais, il a immédiatement tenu à rassurer « les marchés », en précisant que la banque-mère, Landsbanki, avait de toute façon les moyens d'indemniser 90 % des fonds déposés et que le référendum n'aurait en quelque sorte aucun impact sur les remboursements.
La population, qui n'a pas vu la couleur des profits phénoménaux réalisés tant par les banques islandaises que par leurs homologues britanniques et néerlandaises, venait cependant d'infliger aux gouvernants comme aux banques une volée de revers bien placée.7
La « Révolution des casseroles »
La révolution islandaise, aussi appelée révolution des casseroles, est l'ensemble de mouvements de protestations survenus à partir d'octobre 2008 en Islande, principalement à Reykjavik, sa capitale. Ces mouvements de protestations naissent alors que les trois banques principales du pays, dont Landsbanki, se déclarent en faillite en moins d'un mois. À la télévision, le Premier Ministre de l'époque, Geir Haarde en appelle à "Dieu pour sauver l'Islande", ce qui est notable dans un pays qui n'est pas habitué aux références religieuses en politique.
C'est une initiative de Hördur Torfason qui est à l'origine du mouvement. Cet auteur-compositeur islandais organise le 11 octobre 2008 le "One man's protest" devant l'Althing, le Parlement islandais. Mais cette initiative ne fait que reprendre un mouvement débuté la veille. En effet, dès le 10 octobre, 200 manifestants réclament devant le bâtiment de la Banque Centrale d'Islande la démission de son Directeur, Davíð Oddsson.
Très vite, un rendez-vous hebdomadaire est fixé, et les manifestants se regroupent sous l'étiquette de la Voix du Peuple. Le 18 octobre 2008, les participants aux rassemblements sont plus de 2000, ce qui représente un centième de la population de l'agglomération de Reykjavik. Chaque semaine, autant de manifestants se regroupent, souvent équipés d'instruments de cuisine. Le 25 octobre, plus de 2000 manifestants défilent dans les rues de Reykjavik. Des actions symboliques sont menées : on brûle en public des drapeaux des banques qui ont fait faillite, on hisse celui de la chaîne de distribution Bónus sur le porte-drapeau du Parlement.8
Les protestations populaires (sous forme de casserolades) aboutissent à l'abandon du remboursement (par deux référendums successifs) et au renversement du gouvernement. Le 27 novembre 2010, à la suite de l'initiative du gouvernement de gauche, les Islandais élisent une assemblée constituante formée de vingt-cinq Islandais issus de la société civile avec mission de réviser la constitution, jusqu'alors inspirée de celle du Danemark.9
Lors de la « Révolution des casseroles », la RUE islandaise a eu le denier MOT.
RUE MOT = MORUE
Lors de la « guerre de la MORUE », les Islandais souhaitaient interdire aux chalutiers étrangers l'accès à leurs zones de pêches par peur de voir leurs ressources halieutiques s'épuiser.
Pendant la « guerre de la MORUE », de nombreux incidents se sont produits entre l'Islande et le Royaume-Uni. Le 4 septembre 1958, alors qu'un patrouilleur islandais, Ægir, tentait d’arraisonner un chalutier britannique pour le ramener vers les Vestfirðir, il entra en collision avec une frégate britannique, le HMS Russell (F97) provoquant de graves tensions entre les deux pays.10
Le même jour, le 4 septembre 1958, en France, le général de Gaulle exposait aux Français son projet de Constitution lors d'un discours place de la République à Paris. La date et le lieu n'avaient pas été choisis au hasard car le 4 septembre était le jour anniversaire de la proclamation de la IIIe République qui avait enraciné durablement le régime républicain en France.
Ainsi, le même jour, lors de « la guerre de la morue », le patrouilleur ÆGIR entrait en collision avec une frégate britannique, le HMS RUSSELL.
AEGIR = AGIR
À travers la date du 4 septembre 1958, Dieu nous demande d'AGIR afin d'abolir la Ve République, en réécrivant la Constitution pour renverser le système capitaliste, et nous y parviendrons en supprimant notamment la propriété privée des moyens de production. La RUE prendra ainsi le pouvoir en main en prenant possession des MOTS.
À travers la « guerre de la MOT RUE », Dieu nous montre que la RUE aura le dernier MOT : le peuple aura un jour le pouvoir en main.
Lors de la « guerre de la morue », le patrouilleur AEGIR est entré en collision avec la frégate britannique, le HMS RUSSELL.
Cet incident a eu lieu le 4 septembre 1958, et la « guerre de la morue » ne prendra officiellement fin qu'en 1976.
HMS = 8x13x19 = 1976
Dieu nous fait comprendre que le scénario est ÉCRIT à l'avance.
J'ai traduit précédemment le signe obtenu à travers Leif ERICSON et la découverte éventuelle de l'Amérique :
ERICSON = SON ECRI
Dieu ÉCRIT chaque ligne de l'histoire, c'est SON ÉCRITURE.
Il nous prouve son existence afin que nous suivions ses directives.
Il demande ainsi à la RUE d'AGIR afin de renverser la Ve République.
Il nous transmet ce message à travers la collision entre le patrouilleur AEGIR et la frégate HMS RUSSEL.
AEGIR = AGIR E
E = 5
Dieu nous demande d'AGIR avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
HMS RUSSELL = RUSSELL
RUSSEL = RUE SS LL
La RUE symbolise le peuple.
La S.S. était l'une des principales organisations du régime nazi.
LL = DEUX AILES
La RUE constitue actuellement un rouage essentiel du nazi-capitalisme car le peuple vote majoritairement pour Adolf Hitler à chaque élection présidentielle.
Dieu nous demande de ne plus AGIR comme des SS, ce qui signifie que nous devons voter pour renverser le règne du RICHE – le jour de l'élection présidentielle – avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
LL = DEUX AILES
Nous devons AGIR pour sauver notre prochain de l'extermination programmée par le système capitaliste – afin d'obtenir les DEUX AILES qui nous permettront de nous envoler au paradis.
Il faut ainsi abolir la nazi-République, et à travers le PATROUILLEUR AGIR, Dieu nous demande de ne PAS avoir la TROUILLE d'AGIR : nous sommes capables de prendre collectivement le pouvoir en main.
HMS RUSSELL = HMS
HMS = 1976
Le chef-lieu du département 19 est la ville de TULLE.
Le chef-lieu du département 76 est la ville de ROUEN
François Hollande est l'ancien maire de TULLE et il est né à ROUEN.
Dieu demande ainsi à la RUE d'AGIR afin que les hommes politiques comme François Hollande n'arrivent plus jamais au pouvoir.
Le discours du général de Gaulle et la collision entre le patrouilleurs AEGIR et la frégate HMS RUSSEL, ont eu lieu le 4 septembre 1958 (4 9 1958).
4x9x1958 = 70488
704 = GOD
« GOD » signifie « DIEU » en anglais.
88 = HH = c'est le sigle de Heil Hitler : le salut nazi
88 = HH = les deux H assemblés forment une échelle.
Si tu AGIS comme DIEU te le demande, tu monteras l'échelle pour entrer au paradis, mais si tu AGIS comme un SS en votant pour le nazi-capitalisme le jour de l'élection présidentielle, tu descendras l'échelle pour aller en enfer.
Louis-Philippe est le dernier roi de France et il a abdiqué le 24 février 1848 (24 2 1848).
24x2x1848 = 88704
4 septembre 1958 = 4x9x1958 = 70488
Ce sont les mêmes chiffres.
704 = GOD = DIEU 88 = HH
À travers les nombres 88704 et 40788, DIEU associe le jour où le général de Gaulle a présenté son projet de Constitution aux Français, au jour où le dernier roi de France a abdiqué, car il nous fait comprendre que nous forcerons les rois à abdiquer en changeant la Constitution. Nous devons ainsi supprimer la propriété privée des moyens de production pour prendre le contrôle des entreprises, ce qui nous permettra de renverser le pouvoir des rois, c'est-à-dire les capitalistes. La RUE aura alors le pouvoir en main pour la première fois dans l'histoire de France, lorsque nous changerons la Constitution avec les MOTS afin de prendre le contrôle des richesses que nous produisons.
Dieu nous demande d'AGIR ainsi, n'ayons pas la TROUILLE de régner sur la France : la GAULE nous appartient alors éjectons ce parasite de César qui vole les richesses que nous produisons depuis plus de 2000 ans.
Le chiffre 70488 est également symbolique car lorsque l'UMP (devenu Les Républicains) était au pouvoir, le siège du parti se situait rue de Vaugirard, qui est la plus longue rue de Paris avec 407 numéros d'immeubles.
704 = 407
407 = DOG = CHIEN = Hitler était AUTRICHIEN.
704 = GOD = DIEU
Les chiffres 407 et 704 sont inversés parce que Dieu nous montre que si nous votons pour Les RÉPUBLICAINS, nous ferons l'inverse de ce qu'il nous demande, étant donné qu'il nous demande d'AGIR afin d'abolir la RÉPUBLIQUE et renverser le pouvoir des rois. Le chiffre 88 symbolise le salut nazi car si nous votons pour Les Républicains, nous voterons pour un système économique qui extermine un enfant toutes les 5 secondes. Le chiffre 88 symbolise également une échelle, parce que Dieu nous révèle que si nous faisons l'inverse de ce qu'il nous demande, nous descendrons l'échelle dans le sens inverse du paradis, c'est-à-dire que nous descendrons l'échelle pour aller en enfer.
Dieu nous transmet ces messages à travers la date du 4 septembre 1958.
4 septembre = 49
Le chef-lieu du département 49 est la ville d'ANGERS.
ANGERS = ANGE
Pour devenir un ANGE, tu dois ainsi AGIR en votant pour le mouvement humaniste le jour de l'élection présidentielle.
Le département 58 est celui de la NIÈVRE.
NIÈVRE = ÈRE VIN
L'ÈRE du VIN est terminée. Dieu remplace l'Alliance du VIN par celle de L'EAU – qui nous impose d'AGIR en renversant le pouvoir de César pour que la RUE prenne le contrôle de la Gaule.
En rejoignant l'Alliance de L'EAU, la RUE aura le dernier MOT.
Nous devons prendre exemple sur l'unité du peuple islandais lors de la « Révolution des CASSEROLES ».
Le mouvement révolutionnaire a été lancé par HORDUR Torfason.
HORDUR se prononce comme le mot ORDURE.
Nous devons ainsi nous unir pour nous débarrasser des ORDURES qui dirigent notre pays.
Nous allons déraciner la République pour enraciner un OLIVIER car cet arbre symbolise la paix.
Suite à une affaire de blanchiment d'argent concernant Claude Guéant, l'ancien ministre de l'Intérieur, OLIVIER Besancenot a déclaré le 2 mai 2013 à un journaliste de I-Télé : « Ce que je sais simplement, c'est que les CASSEROLES de gauche s'accumulent aux CASSEROLES de droite et c'est toute la cuisine qu'il faut changer. »
2 mai 2013 = 2 5 2013
2x5x2013 = 20130
20130 = MOT
La RUE aura le dernier MOT lorsque nous prendrons possession des MOTS pour renverser le pouvoir des rois.
Il faut inverser les ROLES afin que les ordures qui dirigent notre pays se CASSENT : nous devons donc mener la révolution des CASSEROLES.
Une alternative à l’austérité
Alors que l’Union européenne se trouvait en pleine récession, l’Islande a bénéficié d’un taux de croissance de 2,1% en 2011 et prévoyait un taux de 2,7% pour 2012, et un taux de chômage oscillant autour de 6%. Le pays s’est même offert le luxe de procéder au remboursement anticipé de ses dettes auprès du FMI.
Le président islandais Olafur Grímsson a expliqué les choses ainsi : « La différence est qu’en Islande, nous avons laissé les banques faire faillite. C’était des institutions privées. Nous n’y avons pas injecté de l’argent pour les maintenir à flot. L’État n’a pas à assumer cette responsabilité .»
Contre toute attente, le FMI a salué la politique du gouvernement islandais – qui a appliqué des mesures aux antipodes de celles qu’il préconisait –, qui a permis de préserver « le précieux modèle nordique de protection sociale ». En effet, l’Islande dispose d’un indice de développement humain assez élevé. « Le FMI déclare que le plan de sauvetage à la manière Islandaise fournit des leçons pour les temps de crise ». L’institution ajoute que « le fait que l’Islande soit parvenue à préserver le bien être social des ménages et obtenir une consolidation fiscale de grande ampleur est l’une des plus grandes réussites du programme et du gouvernement islandais ». Le FMI a néanmoins omis de préciser que ces résultats ont été possibles uniquement parce que l’Islande a rejeté sa thérapie de choc néolibérale et a mis en place un plan de relance alternatif et efficace.
Le cas de l’Islande démontre qu’il existe une alternative crédible aux politiques d’austérité appliquées à travers l’Europe. Celles-ci, en plus d’être économiquement inefficaces, sont politiquement coûteuses et socialement insoutenables. En choisissant de placer l’intérêt général au-dessus de celui des marchés, l’Islande montre la voie au reste du continent pour sortir de l’impasse.11
Mobilisations populaires, référendums refusant les diktats des créanciers, l’actualité islandaise avait de quoi donner un peu d’espoir. Mais pas de quoi être euphorique. En effet, malgré ces quelques rebondissements, il n’est pas raisonnable, comme certains l’ont fait, de parler d’une révolution en marche. Ce mouvement social n’était pas de nature à remettre en cause l’adhésion aux principes du libre marché, du néolibéralisme et de l’orthodoxie économique. Les élections n’ont pas vraiment changé la donne : le capitalisme est toujours aussi structurellement dominant qu’il l’était avant la crise. L’élite restreinte de l’île est toujours bien en place. L’élection de l’Assemblée constituante en novembre 2011 n’a pas réellement suscité des passions : seulement 36% des inscrits se sont déplacés aux urnes pour sélectionner ses membres. Et, malgré une forte participation aux pétitions et aux manifestations, la crise « Icesave » n’a pas stimulé un intérêt démesuré pour la politique de la part des Islandais, ni un désir particulier de faire tomber le système qui les a ruinés.12
La Révolution reste à faire.
L’Islande annule (encore une fois) une partie des emprunts immobiliers des ménages
C’était une promesse de campagne : le Premier ministre islandais, Sigmundur Davíd Gunnlaugsson, élu en 2013, a confirmé que le pays allait annuler une partie de la dette des ménages islandais qui avaient contracté des emprunts immobiliers avant la crise de 2008.
La mesure, appelée « Leidréttingin » (‘correction’), permettait aux foyers qui avaient souscrit des emprunts hypothécaires indexés sur l’inflation avant 2008 de bénéficier d’une annulation d’une partie de leur dette, à concurrence de 4 millions de couronnes islandaises (25 800 euros). Depuis le mois de juillet, 69 000 familles islandaises ont sollicité de pouvoir profiter de cette mesure. Celle-ci leur permettait de réduire leurs mensualités de 13 à 14 % en moyenne, soit une réduction individuelle de 95 à 130 euros.
Le gouvernement a prévu de financer cette mesure, qui devait lui coûter l’équivalent de 4,3 % du PIB du pays, par une augmentation des taxes sur les actifs des banques mises en liquidation en 2008.
En février 2012, le gouvernement islandais avait déjà annulé l’équivalent de 13 % du PIB en prêts hypothécaires. Plus d’un quart des ménages islandais avaient été concernés par cette mesure. À l’époque, il avait signé un accord avec les banques partiellement nationalisées, pour annuler la part de l’endettement des ménages qui dépassait 110 % de la valeur de leur propriété. De plus, en Juin 2010, un jugement rendu par la Cour Suprême islandaise avait statué que les prêts indexés sur des devises étrangères étaient illégaux et que les familles n’étaient plus tenues de rembourser la part qui correspondait aux pertes de change de la couronne islandaise.
En 2013, il avait également incité les citoyens à accélérer le remboursement de leur prêt immobilier en réduisant la taxation des cotisations versées à leur fonds de pension, lorsque celles-ci étaient utilisées pour anticiper le remboursement de leur emprunt.
Ainsi, l’endettement des Islandais devait se réduire, pour ne plus représenter que 94 % du PIB, contre 105 % jusqu'alors. Le gouvernement comptait également sur cette mesure pour stimuler la consommation et la croissance.
Par ailleurs, un tribunal islandais a décidé de condamner l’ancien CEO de la banque Landsbanki à 12 mois de prison, dont 9 avec sursis, pour manipulation de marché. Il rejoignait ainsi Larus Welding ex-CEO de la banque Glitnir, ainsi qu’Hreidar Mar Sigurdsson, l’ancien CEO de la banque Kaupthing, et Sigurdur Einarsson, l’ex-président de son conseil, qui ont aussi été condamnés à des peines de prison.
Landsbanki, Glitnir, et Kaupthing étaient les 3 plus grosses banques de l’Islande. Elles s’étaient lancées dans une frénésie d’acquisitions, orchestrées par des hommes d’affaires islandais basés à l’étranger. En automne 2008, elles avaient accumulé l’équivalent du décuple du PIB du pays, lorsqu’elles se sont effondrées, ruinant le pays.
Ces condamnations illustrent l’approche différente adoptée par l’Islande par rapport au reste de la zone euro pour faire face à la crise financière. Contrairement à celle-ci, le pays n’a pas porté secours à ses banques en difficulté, mais il les a laissées faire faillite. Ce sont donc les créanciers de ces banques, et non les contribuables, qui ont subi les pertes correspondantes.
L’Islande est quasiment le seul pays du monde occidental à avoir lancé des poursuites au pénal contre les dirigeants de banques pour leur rôle dans la crise financière.13
« Panama papers » déclenche une crise politique
Les révélations du 3 avril 2016 sur les « Panama papers » ont éclaboussé le gouvernement islandais de droite car le Premier ministre et deux ministres (parmi 600 Islandais de la classe dominante) ont planqué leur argent dans des sociétés établies dans des paradis fiscaux.
Le 4 avril, entre 8 000 et 20 000 manifestants se sont rassemblés à Reykjavik devant le Parlement pour exiger la démission du gouvernement et des élections anticipées. C’est l’équivalent d’une manifestation de 2 à 4 millions de personnes à Paris !
La droite a manœuvré pour éviter de nouvelles élections. Le Premier ministre a démissionné (mais il est redevenu député et est resté à la direction de son parti). Le reste du gouvernement est resté en place en attendant des élections annoncées à « l’automne ». Les manifestations ont continué, avec encore 10 000 personnes le 9 avril. La colère était d’autant plus grande que trois anciens dirigeants de banques condamnés pour délits financiers venaient d’être libérés en ayant purgé moins d’un quart de leur peine.
Droite rejetée, gauche discréditée
La droite au pouvoir depuis 2013 est rejetée, mais la gauche n’en profite pas. En janvier 2009, d’immenses manifestations avaient contraint le gouvernement de droite à la démission, et la gauche avait gagné les législatives du printemps. Les Islandais se souviennent de sa trahison entre 2009 et 2013 : elle a imposé l’austérité et cherché à imposer le remboursement des créanciers étrangers. Néanmoins, par deux fois (en 2010 et 2011), les Islandais ont rejeté par référendum le remboursement de la dette de la banque Icesave à l’égard du Royaume-Uni et des Pays-Bas.
Le gouvernement de gauche avait aussi enterré le projet de nouvelle Constitution. Une assemblée constituante avait été mise en place par tirage au sort de 950 personnes pour définir quelques principes. Puis une assemblée de 25 rédacteurs (élus par le peuple) avait rédigé une Constitution certes bourgeoise mais progressiste, actant la propriété publique sur les ressources naturelles ou l’extension du champ de la démocratie directe. Cette Constitution avait été largement adoptée (67 %) lors d’un référendum en octobre 2012. La droite était vent debout, et la gauche a renoncé à faire voter le Parlement. La nouvelle constitution a été enterrée.
Balayer la classe politique
L’ensemble de la classe politique traditionnelle est discréditée. Le Parti pirate est désormais crédité de 43 % d’intentions de vote (contre 5 % en 2013). Il milite pour la transparence de la vie publique, plus de démocratie participative, et la mise en place de la nouvelle Constitution. C’est progressiste, mais cela ne suffira pas à ébranler le système.
Les travailleurs ont renoué avec les grèves en 2015, et les salaires augmentent à nouveau (après la chute de 2009-2010 et un blocage les années suivantes) dans un contexte de reprise économique. La mobilisation doit se donner l’objectif de balayer l’ensemble de la classe politique corrompue et d’établir un véritable pouvoir populaire basé sur l’auto-organisation des travailleurs. Les capitalistes doivent être expropriés et les travailleurs doivent prendre le contrôle des moyens de production et de la monnaie.14
46 ans de prison confirmés pour neuf grands banquiers islandais
L’Islande a agi différemment du reste de l’Europe et des États-Unis en permettant que les banquiers soient poursuivis comme des criminels plutôt que de les traiter comme une espèce protégée.
L’Islande a reconnu neuf grands banquiers coupables et les a condamnés à des décennies de prison pour des crimes liés à la crise économique de 2008.
Le 6 octobre 2016, la Cour suprême d’Islande a rendu un verdict de culpabilité pour les neuf accusés dans l’affaire de manipulation du marché Kaupthing, après un procès de longue haleine qui débuta en avril de l’année d'avant.
Kaupthing est une grande banque internationale basée à Reykjavik en Islande. Elle s’est développée au niveau international pendant des années, mais s’est effondrée en 2008 sous le poids de dettes énormes, paralysant l’économie de la petite nation.
L’ancien directeur de la banque Kaupthing, Hreiðar Már Sigurðsson, qui fut déclaré coupable et emprisonné en 2015, a vu sa peine prolongée de six mois le 6 octobre.
Selon l’Iceland Monitor, les neuf banquiers sont reconnus coupables de crimes liés au financement abusif d’achats d’actions –- la banque prêtait de l’argent pour l’achat d’actions tout en utilisant ses propres actions comme garantie pour les prêts.
Ils sont également reconnus coupables d’avoir suscité une demande déloyale pour les actions Kaupthing par tromperie et faux-semblants.
L’approche islandaise
Ces verdicts de culpabilité ne sont que les dernières mesures de répression sans précédent prises par l’Islande depuis le crash économique. Les autorités ont poursuivi les patrons des banques, les directeurs généraux, les fonctionnaires et les pilleurs d’entreprise pour des crimes allant du délit d’initiés à la fraude, au blanchiment d’argent, à l’induction en erreur des marchés, à la violation des droits des fonctionnaires par mensonge.
Pendant ce temps, l’économie, qui s’effondra de manière spectaculaire, rebondit après avoir laissé ses banques faire faillite, imposant des contrôles de capitaux et protégeant ses propres citoyens plutôt que l’élite patronale des banques responsables de ce gâchis.
Cette détermination à rendre compte au peuple des actions qui causèrent le marasme financier contraste fortement avec ce qui se pratiqua au Royaume-Uni, dans le reste de l’Europe et aux États-Unis. Là, des amendes furent bien imposées aux vingt plus grandes banques pour les transgressions telles que la manipulation des marchés, le blanchiment d’argent et la mise en vente de prêts hypothécaires, mais retombèrent finalement sur les actionnaires et, en entravant la capacité des banques à prêter, pénalisèrent également le reste de la société.
Pendant ce temps, les banquiers coupables, grâce aux renflouements gouvernementaux, continuèrent de faire des profits phénoménaux et d’empocher des bonus obscènes, comme si de rien n’était.
En 2015, le Fonds monétaire international reconnut que l’Islande avait renoué avec la reprise économique « sans compromettre son modèle de bien-être » ou avoir puni ses citoyens pour des crimes commis par ses banquiers.
L’Islande va incarcérer ses banquiers -– et les États-Unis et l’Europe ont tort de se contenter de tirer quelques oreilles et de donner implicitement un feu vert aux outrages futurs.15
Sources