Les Celtes
L'Âge du fer commence vers 700 av. J.-C. avec l'arrivée des Celtes en Irlande en provenance de Grande-Bretagne. Ils partagent un certain nombre de traits culturels communs avec les autres peuples celtes du centre et de l'ouest de l'Europe.
La structure de la société celtique reprend le schéma de la structure sociale tripartite des Indo-européens au sommet de laquelle on trouve une classe sacerdotale composée des druides, des bardes et des vates. Les druides ont en charge la religion, le sacrifice, la justice, l’enseignement, la poésie, la divination ; les bardes sont spécialisés dans la poésie orale et chantée et doivent faire la louange, la satire ou le blâme ; les vates sont des devins qui se consacrent plus particulièrement à la divination et à la médecine. En Irlande, les filid (bardes) deviennent les membres les plus influents de la classe sacerdotale, dont une des prérogatives est de conseiller le roi. Dans la civilisation celtique, le rôle du roi est non seulement de mener la guerre, mais surtout de redistribuer les richesses et de dire la justice, inspirée par les druides. Longtemps, ces rois n’ont été que des chefs au pouvoir incertain et aux successions problématiques. La deuxième classe de la société est celle des guerriers et la troisième est celle des producteurs, artisans, agriculteurs et éleveurs.
La christianisation
La christianisation de l’Irlande marque la fin de la civilisation celtique, du moins en ce qui concerne sa mythologie, car la structure de la société s’est maintenue, avec une classe sacerdotale prédominante. Les circonstances exactes de l’introduction du christianisme dans l’île sont mal connues, d’autant que les textes relatifs à son initiateur, saint Patrick sont largement hagiographiques.1
Les Vikings
Au VIIIe siècle, la croissance démographique et des guerres de succession entraînent, semble-t-il, des peuples scandinaves, Norvégiens et Danois, à sortir de leurs territoires. Les Varègues partent vers l’est et fondent en Russie des embryons d’États, les Vikings (du norrois fara í víkingu : partir en expédition et víkingar qui désigne ceux qui partent) déferlent sur les îles britanniques à l’ouest et le continent au sud.
L’Irlande vit un âge d’or intellectuel par le dynamisme de ses institutions religieuses, mais sur le plan politique l’île est divisée entre cent à cent cinquante tuatha (les clans), à la tête de chacun desquels se trouve un rí (roi). Ces chefs sont eux-mêmes assujettis au roi d’une des cinq provinces (Ulster, Connacht, Munster, Leinster et Meath). Le Ard rí (roi suprême) porte un titre honorifique : son titulaire ne bénéficie pas d'une réelle autorité.
C’est dans ce contexte d’instabilité que les Vikings arrivent dans l’île. Les premières expéditions attestées sont de 795, ils brûlent l’église de l’île de Lambay ainsi que les monastères d’Inisbifin et d’Inismurray ; ce dernier subira un nouvel assaut en 807. Dès 812 les raids se concentrent sur la côte ouest, puis sur les rivages de la mer d'Irlande. Au début des années 820 le tour de l’île est accompli. Pendant une quarantaine d’années, les Vikings vont multiplier les raids et les razzias, privilégiant les monastères, non pour des raisons religieuses, mais parce que plus riches en trésors. Durant les années 830, ils remontent les fleuves et pénètrent à l’intérieur des terres qu’ils ravagent. En 836, ils empruntent la rivière Shannon et pillent le Connaught. L’année suivante, deux flottes d’une soixantaine de drakkars chacune, reconnaissent la Liffey et La Boyne, les territoires sont systématiquement ravagés, les habitants massacrés. Nombreux sont les exemples de leurs méfaits. L’hiver 840-841 marque une étape, puisque pour la première fois les Vikings passent la saison dans l’île et s’installent dans des places fortifiées qui deviennent aussi des lieux de commerce : Dublin, Annagassan, puis par la suite, Wexford, Cork, Limerick, pour ne citer que quelques établissements. Ce sont autant de bases retranchées qui permettent des expéditions vers l’intérieur, dont le point culminant semble être l’année 845, à tel point que l’on parle d’invasion. Le revers de la médaille est que les rois celtes peuvent parfois les contenir et les assiéger.2
L’Irlande médiévale voit la montée en puissance de deux grands rois : Brian Boru au Sud et Mael Sechnaill au Nord. Le premier étend son influence sur le Munster et s'empare de la ville viking de Limerick tandis que le second, devenu roi de Tara, remporte la bataille de Tara en 980 sur les Vikings et assiège avec succès la ville de Dublin.3
Sous la couronne anglaise
Après la victoire de Brian Boru à la bataille de Clontarf, en 1014, l'Irlande connaît une brève période d'indépendance. Mais à la fin du XIIe siècle, l'Angleterre entreprend sa conquête. Après s'être limitée à l'ouest de l'île, en 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l'île (loi Poynings). En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d'Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors.4
Les plantations en Irlande
Les plantations ont été installées aux XVIe et XVIIe siècles en Irlande par confiscation des terres occupées par les clans gaéliques et les dynasties hiberno-normandes, principalement en Munster et en Ulster. Ces terres ont été attribuées à des colons (planters) venus de Grande-Bretagne par la couronne britannique. Ce processus commence sous le règne d'Henri VIII d'Angleterre et continue sous les règnes de Marie Ire d'Angleterre et Élisabeth Ire d'Angleterre. Il s'accéléra ensuite sous le règne de Jacques Ier d'Angleterre.
L'apogée des Plantations en Irlande fut atteint dans les années 1630 sous Charles II d'Angleterre. Expropriés, des milliers d'irlandais ont dû migrer, comme engagés volontaires, sur les petites îles antillaises de la Barbade et Montserrat. Le gouverneur de cette île depuis 1632, Anthony Brisket, se rend en Angleterre en 1636 pour y trouver de la main d'œuvre irlandaise. Grâce à ses relations à la cour d'Angleterre, en la personne de John Withe, du comté de Cork, sa famille avait obtenu des terres lors des Plantations en Irlande. Près de 125 000 colons anglais s'installent en Irlande, au cours de la seule année 1641, ce qui déclenche la Rébellion irlandaise de 1641.
Thomas Wentworth (1593-1641), proche de Charles Ier et Lord Deputy d'Irlande depuis 1632, les accéléra, imposant en particulier les plantations dans le Connacht, qui avaient été auparavant différées. Dans une pétition au roi de 1636, le gouverneur de Montserrat Anthony Brisket lui demande de bénéficier de "contrats sur le tabac au même taux" que ceux du capitaine Thomas Warner, l'un des fondateurs de l'île. En attisant les rancœurs des catholiques et les craintes des protestants installés en Ulster, ces plantations dans le Connacht contribuent à déclencher en 1639 les guerres des évêques en Écosse et conduisent à l'exécution de Wentworth en 1641 par le parlement britannique, puis à la guerre des trois royaumes.
Si les premières plantations, au XVIe siècle, sont créées sur la base de petites colonies modèles, les suivantes sont basées sur des confiscations en masse des terres et par l'implantation d'un très grand nombre de colons en provenance d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles. Les dernières plantations officielles sont créées dans les années 1650, quand les troupes Parlementaires sont installées en Irlande après la conquête de l'île par Oliver Cromwell.
En dehors de ces plantations, une immigration significative continua en Irlande jusqu'au milieu du XVIIIe siècle en provenance de Grande-Bretagne et d'Europe continentale.
Les plantations ont changé la démographie de l'Irlande en créant de grandes communautés ayant une identité anglaise et protestante. Ces communautés s'opposèrent de fait aux intérêts des habitants originels, d'identité gaélique et catholique. La société irlandaise changea elle aussi avec l'introduction de nouveaux concepts : droit de propriété, de commerce et de crédit. Ces changements engendrèrent la création d'une classe dirigeante anglo-protestante qui assura la pérennité de la couronne britannique en Irlande au XVIIe siècle.5
La première révolution anglaise
Une grande révolte éclate en 1641, année de la première révolution anglaise. Les Irlandais ont alors profité de la situation confuse pour tenter de recouvrer leur indépendance mais se heurtent à Oliver Cromwell en 1649 lors des massacres de Drogheda et Wexford, après que Cromwell eut réussi à mater les rébellions dans la New Model Army. Cromwell débarque à Dublin (durant l'été 1649) avec ses soldats, les « Côtes de Fer » et organise un véritable massacre. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population de l'île est massacrée. Après sa défaite, l'Irlande est soumise à l'autorité et aux lois de l'Angleterre et les terres du nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d'Écosse et d'Angleterre.6
Jacques II, roi catholique chassé du trône de l'Angleterre protestante, tente de reprendre pied en Irlande et y est défait à la bataille de la Boyne (1690), le sort de l'Irlande s'aggrave encore. En 1695, Guillaume III promulgue des « lois pénales » anti-catholiques. Celles-ci interdisent notamment l'enseignement en langue irlandaise, excluent les Catholiques de l'administration, de l'armée, de l'enseignement dans les écoles, les empêchent d'être propriétaires terriens, et leur interdisent d'exercer des professions libérales.7
La guerre ouverte pour une réelle indépendance
La société des patriotes irlandais s’est radicalisée et s’est transformée en une société secrète à la suite de son interdiction. Leur programme était plus radical : « renverser la tyrannie gouvernementale, briser les liens qui attachent l’Irlande à l’Angleterre, conquérir une réelle indépendance, et enfin oublier les particularismes religieux ». Les patriotes irlandais cherchèrent l’alliance de la France, en guerre avec l’Angleterre depuis 1793. Des contacts ont été établis entre le gouvernement français et le directoire exécutif des irlandais unis. Ce fut Theobald Wolfe Tone qui fut le véritable artisan de l’alliance franco-irlandaise. Réfugié à Paris, il a harcelé les ministres et fini par les rallier à sa cause. Le général Lazare Hoche fut chargé de monter l'Expedition d'Irlande (1796). Une armée de 15 000 hommes embarqués sur quarante deux vaisseaux est sortie de la rade de Brest le 15 décembre 1796. Mais elle fut dispersée par la tempête. À cause des éléments naturels, et aussi de la mauvaise volonté des officiers, une occasion favorable a été irrémédiablement gâchée. Affolés par les menaces de débarquement, les groupes protestants réactionnaires ont multiplié les abus et les provocations en formant de nombreuses milices (Wrekers et Peep O’day boys). De plus entre mars 1796 et avril 1797, presque la totalité de l’Irlande est placée sous la loi martiale. La presse contestataire est interdite, et les principaux dirigeants sont arrêtés. Les troupes anglaises du général Lake ont désarmé les Irlandais en commettant de nombreuses exactions (meurtres, tortures, incendies). De leur côté, les patriotes irlandais préparent une insurrection générale.
En 1798, une dénonciation permit au gouvernement de décapiter l’organisation révolutionnaire, et une dizaine de chefs sont arrêtés. C’est dans ce climat de violence et de méfiance que débute l’insurrection générale le 23 mai 1798, elle fut écrasée par des forces anglo-irlandaises le 21 juin 1798. La rébellion de juin 1798 a échoué car le mouvement était désorganisé et la plupart des chefs des Irlandais Unis étaient en prison. Ce nouveau soulèvement est nourri aussi bien par l'émancipation des États-Unis que par l'exemple de la Révolution française.
C’est le moment que choisit le directoire pour monter une nouvelle Expedition d'Irlande (1798), analogue à celle de 1796. Le 6 août 1798, une petite escadre pris la mer avec un millier d’hommes à son bord, sous le commandement du général Humbert. Le 27 aout 1798, lors de la Bataille de Castlebar, les forces françaises et les rebelles irlandais l'emportèrent sur une force de 6 000 Britanniques dans ce qui fut plus tard surnommé la « course de Castlebar » pour se moquer de la vitesse et la distance que les Anglais parcoururent dans leur fuite. Une éphémère République de Connaught a été déclarée après la victoire et John Moore (irlandais), chef de la Mayo Irlandais-Unis a été déclaré son président. Encerclé à Ballynamuck par des forces supérieures en nombre, le général Humbert dut capituler. Une petite flotte commandée par le général Hardy, avec Wolfe Tone, s’était portée en renfort. Elle fut défaite dans la baie du Donegal. Wolfe Tone fut jugé à Dublin devant la cour martiale. Il fut condamné au gibet. La veille de l’exécution, il se trancha la gorge avec un canif et agonisa toute une semaine avant d’expirer le 19 novembre 1798.
La répression fut terrible et, le 1er août 1800, la Grande-Bretagne proclama un « acte d'union » unissant totalement l'Irlande au nouveau Royaume-Uni.
Des patriotes irlandais participent aux guerres napoléoniennes, au côté de la Grande Armée dans une Légion irlandaise.
La grande famine
Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l'Amérique, émigration accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 18488. Cette catastrophe fut en grande partie le résultat de cinquante années d'interactions désastreuses entre la politique économique impériale britannique, des méthodes agricoles inappropriées et l'apparition du mildiou sur l'île, un parasite qui anéantit quasi radicalement les cultures locales de pommes de terre, nourriture de base des paysans irlandais, l'immense majorité de la population d'alors.
La venue d'Europe continentale du mildiou, alliée à l'humidité du climat, provoqua une forte chute, de l'ordre de 40 %, de la production de pomme de terre en 1845 et entraîna une famine de grande ampleur. Contrairement à ce qui s'était passé pendant la famine de 1780, les ports irlandais restèrent ouverts sous la pression des négociants protestants et l'Irlande continua à exporter de la nourriture. Alors que dans des régions de l'île des familles entières mouraient de faim, des convois de nourriture appartenant aux landlords, escortés par l'armée, partaient vers l'Angleterre. Certains propriétaires expulsèrent même leurs paysans, y compris s'ils étaient en mesure de payer leur loyer comme lors de l'incident de Ballinglass. Malgré tout, en 1845, la pénurie ne fut pas de plus grande ampleur que d'autres crises régionales précédentes qui ne sont pas restées dans les mémoires. Ce n'est que l'anéantissement de la récolte de pomme de terre au cours de trois des quatre années qui suivirent qui entraîna la famine et les épidémies auxquelles les institutions de secours, qu'elles soient gouvernementales ou privées, s'avérèrent incapables de faire face.
Plusieurs initiatives de charité ont été prises. En 1845 par exemple, le sultan ottoman Abdülmecit Ier a déclaré son intention d'envoyer 10 000 £ pour les paysans irlandais, mais la reine Victoria a demandé que le sultan n'envoie que 1 000 £, parce qu'elle-même avait donné seulement 2 000 £.
S'il n'existe pas de décompte officiel du nombre de décès entre 1846 et 1851, diverses estimations récentes évaluent à un million le nombre total de victimes, particulièrement dans les comtés les plus pauvres. La Grande Famine eut d'ailleurs des conséquences importantes en matière foncière, en accentuant le phénomène de concentration des terres et d'augmentation de la taille moyenne des exploitations souhaité par les landlords : entre 1841 et 1851, la part des tenures de moins de cinq acres passa de 35 à 20 %, quand celle des tenures de quinze acres et plus augmenta de 31 à 48 % des terres agricoles irlandaises.
La famine perdura jusqu'en 1851, mais eut des répercussions pendant encore plus longtemps, en particulier sur la démographie de l'Irlande. Aux morts de la famine, il faut en effet ajouter près de deux millions de réfugiés, et autant d'émigrants, essentiellement à destination de la Grande-Bretagne, des États-Unis, du Canada et de l'Australie. Si les émigrants venaient de toutes les régions d'Irlande, ils étaient plus nombreux à venir des comtés et des classes sociales pauvres. L'émigration irlandaise de l'époque se caractérisait en outre par la plus grande part de femmes à s'exiler, contrairement à ce que l'on pouvait constater généralement dans les autres pays. En tout, la population irlandaise baissa de près d'un quart en dix ans, passant de huit à environ six millions de personnes. L'émigration devint dès lors un phénomène structurel : elle se poursuivit jusqu'en 1911, date à laquelle la population irlandaise tomba à 4,4 millions de personnes, soit son niveau de 1800.
Les Irlandais accusèrent le Royaume-Uni de les avoir volontairement abandonnés. L'armée britannique possédait les plus grandes réserves alimentaires d'Europe, qu'elle refusa de partager. Cette catastrophe est à l'origine d'un renouveau du nationalisme irlandais, se traduisant notamment par la naissance du mouvement Young Ireland. John Mitchel, l'un des leaders du mouvement, a écrit en 1860 : « Le Tout-Puissant, en effet, a envoyé le mildiou, mais les Anglais ont créé la famine ».9
Vers l'indépendance
À la fin du XIXe siècle, le mouvement pour l'indépendance reprend de la force, les élus irlandais au parlement britannique s'en font l'écho. Une suite de réformes agraires commence à restituer des terres aux Irlandais. En 1905, le Sinn Féin indépendantiste est fondé. De son côté, James Conolly fonde le premier journal socialiste irlandais : Workers' Republic. Des syndicats irlandais se développent.
En 1912, le Home Rule est voté, donnant une autonomie relative à l'île. Néanmoins le pouvoir suspensif de la Chambre des Lords puis le déclenchement de la Première Guerre mondiale l'empêcheront d'être mis en œuvre.
La Révolte de Pâcques
En 1916, sous la direction de l'Irish Republican Brotherhood, du Sinn Féin et de l'Irish Citizen Army de James Conolly, éclate l'insurrection de Pâques 1916 à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Elle est écrasée au bout d'une semaine. Mais le Sinn Féin en retire une popularité accrue : il remporte triomphalement les élections de décembre 1918, constitue un parlement irlandais (le Dáil Éireann) et proclame l'indépendance10. Éamon De Valera est désigné comme président de la République irlandaise. Les Volontaires irlandais se transforment en une armée républicaine irlandaise (IRA).
Le traité de Londres
Les Anglais tentent d'abord la répression. Ils organisent des corps spécialisés, les Blacks and Tans, aux assauts desquels les hommes de l'IRA répondent par le terrorisme (1920). Les Anglais acceptèrent alors de négocier avec l'IRA et notamment Michael Collins, le leader indépendantiste. Londres proposa un traité aux Irlandais. Celui-ci fut concrétisé par le Government of Ireland Act 1920 dans laquelle l'île fut partagée en deux entités politiques ayant chacune leurs institutions :
- Est créé l'État libre d'Irlande, constitué de la majeure partie de l'Irlande.
- Les forces britanniques doivent évacuer le territoire de l'État libre à l'exception de trois bases militaires souveraines stratégiques, soit Berehaven (ou Castletownbere), Queenstown (actuelle Cobh) et Lough Swilly, établies lors du Treaty ports.
- L'État libre a le statut de dominion à l'image du Canada ou de l'Australie, le souverain britannique est le chef de l'État et est représenté par un Gouverneur général.
- Les membres du Dáil Éireann doivent prêter allégeance à la couronne britannique.
- L'Irlande du Nord (séparée institutionnellement du reste de l'Irlande depuis 1921), pourra choisir de rester au sein du Royaume-Uni, ou de se rattacher à l'état libre.
- Si l'Irlande du Nord choisit de demeurer au sein du Royaume-Uni (ce qui sera le cas), une commission de modification du tracé de la frontière sera désignée afin de permettre le rattachement à l'Irlande du Sud des régions catholiques d'Irlande du Nord le désirant.
- L'État libre devra assumer une partie de la dette contractée par le Royaume-Uni pendant la guerre.
La séparation des Six comtés de l'Ulster formant l'Irlande du Nord (à majorité protestante et pro-britannique) n'est pas décidée par le traitée, elle est officielle depuis 1921. À l'époque, il ne s'agissait pas d'échapper à l'indépendance, mais de permettre à deux régimes de home rule (autonomie interne) différenciés d'exister : un pour les régions protestantes, et un pour les régions catholiques. Le traité n'aborde ce point qu'à travers l'hypothèse d'une réunification volontaire, et à défaut d'une redéfinition de la frontière pour les régions catholiques.
Ratification
Le traité est signé à Londres le 6 décembre 1921 par les membres des délégations. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par la Chambre des communes britannique et le Dáil Éireann, rassemblant les élus du Sinn Féin.
Il est ratifié facilement à la Chambre des communes par un vote de 401 contre 58 le 14 décembre 1921.
L'opposition au traité est vive au sein du Dáil, Éamon de Valera et Cathal Brugha affrontent violemment Michael Collins et Arthur Griffith, refusant la partition et le serment d'allégeance et demandent son rejet.
Après des débats houleux, le traité est finalement ratifié par 64 voix contre 57 le 7 janvier 1922. Sa proclamation royale, le 6 décembre 1922, au Royaume-Uni entraîne son entrée en vigueur.
Ce vote entraîne la démission de de Valera en tant que président du Dáil, remplacé par Arthur Griffith qui forme alors le gouvernement provisoire de l'État Libre, dont la Constitution sera votée en décembre 1922 par l'assemblée.
En accord avec les termes du traité, des élections générales sont organisées pour réélire un nouveau Dáil remplaçant à la fois le Dáil précédent et la Chambre des communes d'Irlande du Sud instituée auparavant par les Britanniques.
Ces élections (mars 1922) sont avant tout une approbation du traité par le peuple irlandais, qui donne à ses partisans la victoire.
Conséquences
Refusant les résultats du vote, Éamon de Valera, ancien leader du mouvement indépendantiste et une partie de l'IRA s'opposent au traité. En avril 1922, Rory O'Connor et 200 membres de l'IRA opposés au traité occupent le palais de justice de Dublin (four Courts), espérant entraîner une confrontation générale avec la Grande-Bretagne, et provoquer l'échec du traité.
Soumise à une forte pression britannique, la nouvelle direction de l'état libre d'Irlande, en particulier le président du Dáil, Arthur Griffith, et le commandant en chef de l'armée nationale Michael Collins, font bombarder le palais de justice en juin 1922.
Le pays plonge alors dans la guerre civile d'Irlande entre les anciens compagnons de lutte. Éamon de Valera s'affirme comme chef politique des républicains, et affronte Michael Collins et Arthur Griffith. La guerre est finalement gagnée par les partisans du traité, en mars 1923.
En 1925, le gouvernement britannique refuse l'application des modifications de frontière envisagées par le traité au bénéfice des régions d'Ulster à majorité catholique. La boundary commission (commission des frontières) formée pour l'occasion est donc un échec. Le gouvernement irlandais accepte finalement le statu-quo en échange d'une remise sur sa dette à l'égard de la Grande-Bretagne, à un moment de grande difficulté financière. Le maintien d'une très forte minorité catholique en Irlande du Nord, couplée à une politique très discriminatoire de la majorité protestante, mènera aux violences séparatistes des années suivantes, particulièrement entre 1969 et 1997.
En décembre 1931, le statut de Westminster accorde l'indépendance formelle à tous les dominions, donc également à l'Irlande. Cette modification est cependant plus symbolique que pratique, les pouvoirs du gouvernement irlandais s'étendant déjà à tous les domaines classiques de la souveraineté.
En 1932, le Fianna Fáil de de Valera gagne les élections. La plupart des limitations du traité, à l'exception de la division de l'Irlande, sont alors révoquées. Le serment est supprimé, les versements financiers à la Grande-Bretagne cessent et l'institution de Gouverneur général représentant la Couronne est abolie.11
De Valera au pouvoir
En 1937, il fait adopter une nouvelle constitution qui renomme l'État en Éire ou en anglais Ireland et en français, Irlande (preface to the Constitution). Un traité conclu en 1938 avec le Royaume-Uni, lui laissant ses bases navales en Irlande, entérine cette indépendance. L'Irlande reste neutre durant la Seconde Guerre mondiale, interdisant même officiellement au Royaume-Uni l'usage militaire de ses ports et aéroports.
En février 1948, le parti Fine Gael remporte les élections. Le gouvernement de coalition qu'il constitue avec le parti travailliste proclame la République d'Irlande, le 18 avril 1949, quittant le Commonwealth.
Croissance et l'intégration européenne
Dans les années 1960, l'Irlande (République d'Irlande) connaît un changement économique majeur par suite des réformes du Taoiseach (Premier ministre) Seán Lemass et du ministre des Finances T. K. Whitaker. Le taux de croissance de la République double ainsi dans les années 1960 et 1970, passant d'une moyenne annuelle de moins de 2 % à près de 5 %.
En 1968, le ministre de l'Education, Donnchadh O'Malley, rend l'enseignement secondaire gratuit.
Au début des années 1960, l'Irlande demande son admission dans la Communauté économique européenne, mais, parce que 90 % de ses exportations étaient destinées au marché du Royaume-Uni, elle ne fait rien pour y entrer jusqu'à ce que le Royaume-Uni le fasse en 1973.
Crise pétrolière et récession mondiale
Les problèmes économiques mondiaux des années 1970, aggravés par une mauvaise politique économique des gouvernements suivants, dont celui de Premier ministre Jack Lynch, entraînent une stagnation de l'économie. Les troubles en Irlande du Nord découragent les investissements étrangers. La livre irlandaise, ou Punt, créée en tant que monnaie véritablement séparée de la livre anglaise en 1979, est dévaluée lors de sa création.
Retour à la croissance
Toutefois, les réformes économiques des années 1980, aidées par les investissements de la Communauté européenne, conduisent à l'émergence de l'un des taux de croissance économique les plus élevés du monde avec une immigration massive (en particulier de personnes en provenance d'Asie et d'Europe orientale) comme caractéristique de la fin des années 1990. Cette période sera connue comme celle du « Tigre celtique » et servira de modèle de développement économique dans les États de l'ancien bloc de l'Est qui rejoignent l'Union européenne au début des années 2000. La valeur des propriétés est multipliée par un facteur compris entre quatre et dix entre 1993 et 2006, en partie à cause du boom économique.12
Le Tigre celtique
Pour expliquer le phénomène du Tigre celtique, les raisons suivantes ont été avancées :
Beaucoup d'économistes attribuent la croissance irlandaise au faible taux d'impôt sur les sociétés (entre 10 et 12,5 % à la fin des années 1990) et aux subventions, appelées « paiements de transfert », reçues des pays de l'UE plus développés tels que la France et l'Allemagne et qui représentèrent jusqu'à 7 % du PNB. Ces aides ont financé des investissements dans le système éducatif (par exemple l'inscription universitaire était gratuite) et les infrastructures physiques. Le tout a amélioré la capacité de production de l'économie irlandaise et l'a rendue plus attrayante pour des entreprises de haute technologie. Une hypothèse plus critique postule que la croissance irlandaise est due au fait que l'économie de ce pays a été si longtemps à la traîne du reste de l'Europe de l'Ouest qu'elle est devenue l'une des rares sources occidentales où les entreprises pouvaient s'approvisionner largement en main-d'œuvre peu coûteuse. Parallèlement, l'appartenance de l'Irlande à l'Union européenne depuis 1973 lui a facilité l'accès à l'énorme marché européen, en plus des subventions reçues, alors qu'auparavant le commerce irlandais était tourné essentiellement vers le marché du Royaume-Uni.
Effectivement, la dotation de subventions et l'investissement en capital par des organismes tels que IDA Ireland ont attiré avec succès en Irlande une grande variété de compagnies de haut profil (comme Dell, Intel, Microsoft et Gateway) durant les années 1990, favorisant une économie extravertie (économie avec un fort taux d'ouverture). Ces sociétés furent attirées en Irlande grâce à l'appartenance de ce pays à l'Union européenne, aux salaires relativement bas, aux subventions gouvernementales et aux faibles taxes. De plus, l'Irlande avait une force de travail jeune, anglophone et bien éduquée. Ceci permit aux employés irlandais de communiquer facilement et efficacement avec les Américains, un facteur majeur dans le choix de l'Irlande pour les quartiers généraux européens de ces sociétés, contrairement aux autres pays de l'UE où les salaires sont également bas comme le Portugal ou l'Espagne. Un autre facteur majeur rendant les employés irlandais plus attractifs du point de vue des multinationales était l'augmentation massive de la productivité en Irlande entre 1994 et 2003 – avec une croissance d'environ 4 % par an. Alors que les salaires augmentaient dans la dernière partie des années 1990, le coût global d'un employé irlandais restait bas grâce aux très faibles taxes (tax wedge) [moins de 5 %]. À titre d'exemple, celles-ci sont au-dessus de 40 % en Suède et de 30 % en Allemagne.
Un décalage horaire favorable a permis aux employés irlandais de travailler aux heures exactes durant lesquelles les travailleurs américains dormaient. Ceci fut particulièrement attractif pour les compagnies ayant d'importants services juridiques et financiers ; un avocat irlandais pouvait ainsi travailler sur une affaire pendant que son équivalent américain se reposait. Peu d'interventions gouvernementales dans les affaires économiques par rapport aux autres membres de l'Union européenne et particulièrement aux pays d'Europe de l'Est ont assuré aux entreprises américaines un environnement stable. La stabilité croissante en Irlande du Nord obtenue grâce aux accords de Belfast a accru l'image de stabilité de l'Irlande du point de vue économique. La construction du International Financial Services Centre à Dublin a conduit à la création de 14 000 emplois à forte valeur ajoutée dans les secteurs de la gestion légale et financière.
Conséquences
Durant la période du Tigre celtique, l'Irlande, qui était autrefois l'un des pays les plus pauvres d'Europe, est devenue l'un des plus riches. Après plusieurs gouvernements faibles et composés de politiciens corrompus comme le déshonorant Charles Haughey, le pays s'est rapidement transformé en une des nations les plus riches d'Europe.
Conséquences sociales et culturelles
La tendance traditionnelle à l'émigration fut enrayée, et l'Irlande commença même à devenir une destination pour de nombreux immigrants – cela changea de manière significative la démographie irlandaise, et aboutit à l'expansion du multiculturalisme, particulièrement dans la région de Dublin.
- L'enrichissement fut accusé d'augmenter le taux de criminalité chez les jeunes ; en particulier, la violence liée à la consommation d'alcool se développa en même temps que le pouvoir d'achat.
- Nombreux sont ceux en Irlande qui considèrent que la culture irlandaise a été affectée durant les années fastes par la montée du consumérisme et l'adoption d'idéaux capitalistes américains.
- Les succès de l'économie irlandaise améliorèrent un moral auparavant assez bas, et atténuèrent le sentiment d'infériorité qui accablait la société irlandaise depuis des décennies. L’Irlande semblait traîner un boulet depuis des années ; pourtant, les Irlandais sont désormais bien plus enclins à participer à des activités diverses, et à prendre des risques, tels la création d'entreprises.
- De nombreux jeunes ont quitté leur campagne, pour vivre et travailler dans les centres urbains. Cela a accentué l'urbanisation de l'Irlande.
- La période du Tigre celtique fut marquée – et même précédée – par d'énormes changements sociaux en Irlande – le divorce et l'homosexualité furent légalisés, les référendums pro-vie ont été rejetés (deux fois), (et deux femmes (dont une candidate du Irish Labour Party, le Parti travailliste) furent élues présidentes de la République.)
- Dans une moindre mesure, la période faste a également contribué à des succès culturels et sportifs – le footballeur Ray Houghton, Riverdance et les groupes U2 ou The Corrs en sont des exemples.
- Parmi d'autres facteurs, la période du Tigre celtique a certainement contribué au processus de paix en Irlande du Nord. La fin des Troubles semble aujourd'hui bien plus proche que dans les années 1980. Le commerce inter-frontalier a rapproché les différentes communautés, et la baisse du chômage des deux côtés de l'île a mis fin à la tradition selon laquelle, en Irlande du Nord, « the devil makes use of idle hands » (« le démon occupe les mains sans emploi »).13
La société irlandaise adopte également une politique sociale relativement libérale au cours de cette période. Le divorce est légalisé, l'homosexualité dépénalisée, alors que l'avortement dans des cas limités est autorisé par la Cour suprême irlandaise. De graves scandales, sexuels et financiers, touchent l'Église catholique irlandaise, coïncidant avec une diminution généralisée de la pratique religieuse dont une fréquentation de la messe divisée de moitié en vingt ans. Une série de tribunaux créés dans les années 1990 sont chargés d'enquêter sur les malversations présumées des politiciens, du clergé catholique, des juges, des hôpitaux et de la Garda (police).
La crise financière de 2008-2009
Le 12 juin 2008, un référendum organisé sur le traité de Lisbonne recueille une majorité de non pour des raisons multiples, basées surtout sur la nouvelle puissance économique du pays. Mais celui-ci est frappé peu après de plein fouet par la crise économique de 2008 et un nouveau référendum récolte 58 % de oui.14
La crise économique de 2008 a provoqué la fin du miracle et amené le retour a la réalité. La forte dépendance aux bénéfices réalisés par les multinationales (en grande majorité américaine) implantées en Irlande, et la récession rapide américaine, ont eu un effet démultiplicateur sur l'économie irlandaise. La chute des bénéfices de ces entreprises combinées à l'effondrement du marché immobilier a plongé le pays dans une crise durable.15
La crise irlandaise : fiasco complet du néolibéralisme
Pendant une décennie, l’Irlande a été présentée par les plus fervents promoteurs du capitalisme néolibéral comme le modèle à suivre. Le « tigre celtique » affichait un taux de croissance plus élevé que la moyenne européenne. Le taux d’imposition des sociétés avait été ramené à 12,5 % et le taux effectivement payé par les nombreuses transnationales qui y avaient élu domicile oscillait entre 3 et 4 % : un rêve ! Un déficit budgétaire égal à 0 en 2007. Un taux de chômage de 0 % en 2008. Un vrai charme : tout le monde semblait y trouver son compte. Les travailleurs avaient un emploi (certes très souvent précaire), leurs familles consommaient allègrement, elles jouissaient de l’effet richesse et les capitalistes tant nationaux qu’étrangers affichaient des résultats extraordinaires.
En octobre 2008, deux ou trois jours avant que le gouvernement ne sauve de la faillite les grandes banques « belges » (Fortis et Dexia) aux frais des citoyens, Bruno Colmant, directeur de la Bourse de Bruxelles et professeur d’économie, s’est fendu d’une carte blanche dans Le Soir, le quotidien belge francophone de référence, pour affirmer que la Belgique devait absolument suivre l’exemple irlandais et déréglementer encore un peu plus son système financier. Selon Bruno Colmant, la Belgique devait modifier le cadre institutionnel et légal afin de devenir une plate-forme du capital international comme l’était l’Irlande. Quelques semaines plus tard, le Tigre celtique était terrassé.
En Irlande, la dérèglementation financière a encouragé une explosion des prêts aux ménages (l’endettement des ménages avait atteint 190 % du PIB à la veille de la crise), notamment dans le secteur de l’immobilier, ce qui a boosté l’économie (industrie de la construction, activités financières, etc.). Le secteur bancaire a enflé d’une manière exponentielle avec l’installation de nombreuses sociétés étrangères et l’augmentation des actifs des banques irlandaises. Des bulles boursière et immobilière se sont formées. Le total des capitalisations boursières, des émissions d’obligations et des actifs des banques a atteint quatorze fois le PIB du pays.
Ce qui ne pouvait pas arriver dans ce monde enchanteur arrive alors : en septembre-octobre 2008, le château de cartes s’effondre, les bulles financières et immobilières éclatent. Des entreprises ferment ou quittent le pays, le chômage monte en flèche (de 0 % en 2008, il grimpe à 14 % début 2010). Le nombre de familles incapables de payer les créanciers croît très rapidement. Tout le système bancaire irlandais est au bord de la faillite et le gouvernement, complètement affolé et aveuglé, garantit l’ensemble des dépôts bancaires à concurrence de 480 milliards d’euros (près de trois fois le PIB irlandais qui s’élevait à 168 milliards d’euros). Il nationalise l’Allied Irish Bank, principal financier de l’immobilier en injectant 48,5 milliards d’euros (environ 30 % du PIB).
Les exportations ralentissent. Les recettes de l’Etat baissent. Le déficit budgétaire bondit de 14% du PIB en 2009 à 32 % en 2010 (dont plus de la moitié est attribuable au soutien massif aux banques : 46 milliards d’apport de fonds propres et 31 de rachat d’actifs risqués).
Le plan européen d’aide avec participation du FMI de fin 2010 s’élève à 85 milliards d’euros de prêts (dont 22,5 fournis par le FMI) et il est déjà avéré qu’il sera insuffisant. En échange, le remède de cheval imposé au tigre celtique est en fait un plan d’austérité drastique qui pèse fortement sur le pouvoir d’achat des ménages, avec comme conséquences une réduction de la consommation, des dépenses publiques dans les domaines sociaux, des salaires de la fonction publique et dans l’infrastructure (au profit du remboursement de la dette) et des recettes fiscales.
Les mesures principales du plan d’austérité sont terribles sur le plan social :
- suppression de 24 750 postes de fonctionnaires (8 % de l’effectif, cela équivaut à 350 000 postes supprimés en France) ;
- les nouveaux embauchés le seront avec un salaire inférieur de 10 % ;
- baisse des transferts sociaux avec diminution des allocations chômages et familiales, baisse importante du budget de la santé, gel des pensions ;
- augmentation des impôts à charge principalement de la majorité de la population victime de la crise, notamment hausse de la TVA de 21 à 23 % en 2014 ; création d’une taxe immobilière (concerne la moitié des ménages jusque là non-imposables) ;
- baisse de 1€ du salaire horaire minimum (de 8,65 à 7,65 euros, soit -11 %).
Les taux des prêts accordés à l’Irlande sont très élevés : 5,7 % pour celui du FMI et 6,05 % pour les prêts « européens ». Ils serviront à rembourser les banques et autres sociétés financières qui achèteront les titres de la dette irlandaise qui, elles, empruntent à un taux de 1 % auprès de la Banque centrale européenne. Une vraie aubaine de plus pour les financiers privés. Selon l’AFP, « le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a déclaré : 'Cela va marcher, mais bien sûr, c’est difficile [...] parce que c’est dur pour les gens’ qui vont devoir faire des sacrifices au nom de l’austérité budgétaire ».
L’opposition dans la rue et au parlement a été très forte. Le Dail, chambre basse, n’a adopté le plan d’aide de 85 milliards d’euros que par 81 voix contre 75. Loin d’abandonner son orientation néolibérale, le FMI a indiqué qu’il plaçait parmi les priorités de l’Irlande l’adoption des réformes pour supprimer « les obstacles structurels aux affaires », afin de « soutenir la compétitivité dans les années à venir ». Le socialiste Dominique Strauss-Kahn s’est dit convaincu que l’arrivée d’un nouveau gouvernement après les élections prévues début 2011 ne changerait pas la donne : « Ce dont je suis convaincu, c’est que même si les partis d’opposition, le Fine Gael et le parti travailliste, critiquent le gouvernement et le programme [...], ils comprennent la nécessité de le mettre en œuvre ».
En somme, la libéralisation économique et financière qui visait à attirer à tout prix les investissements étrangers et les sociétés financières transnationales, a abouti à un fiasco complet. Pour ajouter l’injure aux dommages subis par la population victime de cette politique, le gouvernement et le FMI n’ont rien trouvé de mieux que d’approfondir l’orientation néolibérale pratiquée depuis 20 ans et d’infliger à la population, sous pression de la finance internationale, un programme d’ajustement structurel calqué sur ceux imposés depuis trois décennies dans les pays du tiers-monde. Ces trois décennies doivent au contraire servir d’exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire. Voilà pourquoi il est urgent d’imposer une logique radicalement différente, au profit des peuples et non de la finance privée.16
Le « sauvetage » de l’Irlande : 67,5 € milliards de prêts, 89,5 milliards transférés aux banques
Le 15 Décembre 2013, l’Irlande est devenue le premier pays à sortir d’un programme de « sauvetage » de la Troïka - Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et FMI. Au moment où les élites politiques européennes sablent le champagne en l’honneur du « succès » irlandais, Attac publie une étude inédite à partir de chiffres officiels jusqu’ici dispersés. Alors que l’Irlande a reçu 67,5 milliards € de prêts pour son renflouement depuis la fin de 2010, le pays a transféré un montant total de 89,5 milliards € à son secteur financier au cours de la même période. 55,8 de ces milliards sont tombés dans les poches des banques créancières, toutes étrangères et certaines françaises. L’étude confirme que la situation économique et sociale de l’Irlande demeure désastreuse : ces milliards n’ont en rien profité aux Irlandais, broyés par la politique d’austérité infligée à leur pays pour payer ces dettes illégitimes.
Cette étude publiée par le réseau des Attac d’Europe a été coordonnée par Attac Autriche et Attac Irlande :
- 18,1 milliards € ont été utilisés pour recapitaliser directement les banques irlandaises.
- 55,8 milliards € sont allés aux créanciers de l’État irlandais. € 37,5 milliards ont servi à rembourser des obligations gouvernementales à échéance et € 18,3 milliards pour payer les intérêts sur les obligations en circulation.
- 1,6 milliard € ont été dépensés par la National Asset Management Agency (NAMA ), une structure de défaisance garantie par l’Etat, pour acheter les mauvais actifs immobiliers détenus par les banques irlandaises.
- 14 milliards € ont été utilisés jusqu’à présent pour la liquidation de la Compagnie de liquidation des banques irlandaises (IBCR), la fusion de deux banques nationalisées en faillite. 12,9 milliards entre eux ont été utilisés par l’AMNA pour acheter le reste des actifs de l’IBCR. Un autre 1,1 milliard a été versé aux créanciers de la banque à la suite d’ une garantie du gouvernement.
« Au cours de son soi-disant sauvetage, l’Irlande a mis plus d’argent dans le secteur financier qu’elle n’a reçu de prêts pour son renflouement », conclut Dominique Plihon d’Attac France, « la population irlandaise s’est lourdement endettée pour sauver le secteur bancaire européen ».
La Troïka aggrave les erreurs du gouvernement irlandais
Dans la période qui a précédé le programme de renflouement, la population irlandaise a été écrasée par ce qui est de loin le plus grand programme de renflouement des banques de la zone euro. Entre 2008 et 2010, 76,5 milliards € de fonds publics ont été transférés directement ou indirectement à des institutions financières irlandaises. « Le gouvernement irlandais a poursuivi une politique de renflouement des banques à durée indéterminée - et la Troïka a encore aggravé ce cours », critique Lisa Mittendrein, d’Attac Autriche.
La BCE a contraint l’Irlande à rembourser les hedge funds
L’influence de la Troïka est également visible dans les détails de la politique de gestion de la crise irlandaise : les banques irlandaises nationalisées doivent rembourser tous ses créanciers, même ceux qui ne sont pas couverts par la garantie de l’État. Une expertise commandée par le Parlement européen montre que la BCE a forcé le gouvernement irlandais à prendre cette mesure en menaçant de suspendre le financement d’urgence des banques irlandaises. Et cela bien que le remboursement intégral des obligations non garanties ne fasse pas partie du mémorandum de sauvetage, et malgré la demande du FMI que ces créanciers subissent des pertes (« haircut »). Ce faisant, la BCE a protégé les investisseurs les plus spéculatifs tels les hedge funds. Ils avaient prêté de l’argent aux banques irlandaises à des taux élevés quand il était déjà clair que celles-ci étaient sur le point de s’effondrer ou d’être secourues par l’État. Le rapport conclut que la BCE a sans doute outrepassé son mandat et recommande de ne pas l’inclure dans de futures Troïkas. « Par le chantage et la coercition, la BCE s’est assurée qu’au bout de cinq ans de renflouement des banques, les spéculateurs auront perçu 6 Md € de fonds publics », selon Plihon.
Le Who’s Who des profiteurs
L’identité des détenteurs d’obligations non garanties est tenue secrète par les élites politiques. L’ex- courtier et blogueur Paul Staines a divulgué une liste incomplète des créanciers d’Anglo Irish, la plus grande banque irlandaise en faillite. Elle comprend de grandes institutions financières internationales telles que Allianz, Barclays, Crédit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC et Société Générale. En Octobre 2013, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a ainsi commenté la situation irlandaise : « l’Irlande a fait ce qu’elle avait à faire ... et maintenant tout va bien ». Lisa Mittendrein fustige cette attitude : « Les seuls qui vont très bien sont les élites financières européennes. C’est le gratin du secteur bancaire qui a été sauvé, pas le peuple irlandais. L’Irlande est tout sauf une success story ».
Le pillage du Fonds national des retraites
La population irlandaise paye les sauvetages répétés du secteur financier par une austérité brutale. L’Irlande a co- financé son « sauvetage » par € 17,5 milliards, dont 10 milliards € ont été pris au NPRF, le fonds de pension public, mis en place au départ pour garantir les retraites irlandaises à l’avenir. L’argent du fonds a été utilisé pour la recapitalisation directe des banques. À la fin de 2013, le gouvernement a décidé de transformer entièrement le NPRF en un fonds d’investissement, la protection des pensions futures n’étant « plus une priorité ». En outre, la population a été durement touchée par six années de mesures d’austérité : la TVA a été augmenté à 23 %, les allocations familiales ont été baissées, les allocations de chômage pour les jeunes divisées par deux et les frais de scolarité ont triplé, à 2500 euros. Au total, la facture sociale s’élève à plus de 28 milliards € depuis 2008 pour l’Irlande.
La dette illégitime
Comment on détermine une dette illégitime
4 moyens d’analyse
- La destination des fonds :
l’utilisation ne profite pas à la population, bénéficie à une personne ou un groupe. - Les circonstances du contrat :
rapport de force en faveur du créditeur, débiteur mal ou pas informé, peuple pas d’accord. - Les termes du contrat :
termes abusifs, taux usuraires... - La conduite des créanciers :
connaissance des créanciers de l’illégitimité du prêt.
Au cœur de la crise
« Nos résultats montrent que l’objectif principal de la politique de gestion de crise menée par les élites politiques est de sauver le secteur financier européen et les fortunes sous-jacentes des plus riches », conclut Mittendrein : « pour atteindre cet objectif, ils sacrifient la prospérité de toute la société et acceptent d’énormes taux de chômage, la pauvreté et la misère ». Après que € 670 milliards d’aide directe de l’État ont été donnés aux banques européennes depuis 2008, d’autres centaines de milliards sont actuellement canalisées vers le secteur financier par des pays comme l’Irlande ou la Grèce. Le fait que ce n’est pas le peuple ou l’État irlandais qui a été sauvé, mais les élites financières européennes, est confirmé par Andy Storey, sociologue et économiste à l’University College de Dublin et militant d’Attac Irlande : « l’argent que les contribuables européens ont prêté à l’Irlande a été en grande partie détourné vers le remboursement de la dette privée socialisée dont les citoyens ordinaires - en Irlande ou ailleurs en Europe - n’auraient jamais du avoir la charge. La dette illégitime est au cœur de cette crise » .
Un changement radical de politique est urgent
Un changement de cap radical est urgent dans la politique de gestion de la crise européenne. « Nos gouvernements doivent cesser de dépenser d’énormes sommes d’argent public pour sauver un secteur financier sans scrupules », demande Mittendrein. Au contraire, une réglementation stricte est nécessaire : les banques jugées « trop importantes pour faire faillite » doivent être démantelées de sorte qu’elles ne puissent plus mettre en danger des sociétés entières. À moyen terme, le secteur bancaire doit se limiter à sa tâche essentielle : la gestion des dépôts et des prêts, sans servir des intérêts privés mais le bien-être public. Il faut stopper ces politiques d’austérité, qui visent à détruire les systèmes de protection sociale et de soins de santé et qui menacent de la pauvreté des centaines de millions de personnes en Irlande et en Europe. Elles doivent laisser la place à des programmes d’investissement public et à une coordination européenne des politiques fiscales et économiques dans l’intérêt de la population. Par le biais de l’allègement de la dette et d’un impôt sur la fortune coordonné à l’échelle internationale, les créanciers et les riches doivent prendre le fardeau de la crise. « La taxe européenne sur les transactions financières doit être rapidement adoptée en suivant le projet de la Commission européenne amendé par le récent accord CDU-SPD : le gouvernement français doit renoncer à en affaiblir la portée. Le coût de la crise doit être payé par ceux qui en sont responsables », souligne Dominique Plihon.17
Le match de football France-République d'Irlande (2009)
Le match France-République d'Irlande, match de barrage pour la qualification à la Coupe du monde de football 2010, s’est déroulé le 18 novembre 2009 à Saint-Denis au stade de France.
Il s’agit du match retour des barrages joués au terme des matchs éliminatoires permettant de se qualifier pour la Coupe du monde. Le match aller s’était soldé par la victoire, à Dublin, de l’équipe de France sur le score de 1 but à 0.
Ce match reste marqué par la controverse créée par l’action qui amène l’égalisation française lors de la prolongation : les Français égalisent sur une action de jeu marquée par un double contrôle de la main de Thierry Henry, passeur décisif pour William Gallas. Tous les joueurs irlandais se précipitent à la suite de Given pour protester auprès de l’arbitre Martin Hansson qui vient de valider le but malgré la faute de main et l'après match est donc marqué par la polémique autour de cette main. Les Irlandais demandent à la FIFA de faire rejouer le match, ou de participer quand même à la Coupe du monde mais la FIFA refuse ces deux propositions.
Combiné à la victoire du match aller, le match nul (1-1) qualifie l'équipe de France pour la Coupe du monde.18
La MAIN de Thierry Henry, INVISIBLE aux yeux de l'arbitre, symbolise la « MAIN INVISIBLE » qui guide les marchés.
Lors de la crise financière, l'Irlande a pris cette MAIN en pleine figure et le coup fut douloureux car le chômage passa de 4,5 % avant la crise à 13 % en novembre 2009.
L'Irlande était présentée comme le modèle de réussite du néolibéralisme. La libéralisation de l'économie dans le début des années 1990 avait fait passer le taux de chômage de 14 % a 4,5 % en 2007, mais sa réussite était notamment fondée sur une bulle immobilière et une pratique déloyale à travers un taux d'imposition sur les entreprises de seulement 12,5 %, alors qu'il était de 33,33 % en France. Au lieu de favoriser l'harmonisation fiscale, l'Union européenne a ainsi instauré la concurrence fiscale ou plus exactement la « triche » fiscale, et lors du match France-Irlande en 2009, la MAIN de Dieu a sanctionné l'Irlande pour ses pratiques déloyales.
Thierry Henry portait le maillot numéro 12 et il a triché avec les 5 doigts de sa main – symbolisant ainsi le taux d'imposition de 12,5 % qui permet à l'Irlande de tricher.
12 5 = 12 MAI = L MAI = MAIL
Un MAIL est un MESSAGE.
Dieu nous transmet ainsi un MESSAGE à travers la MAIN de Thierry Henry.
Le 18 janvier 2010, la commission de discipline de la FIFA s'est réunie pour juger la main de Thierry Henry mais elle a décidé de ne pas le punir car « aucun texte juridique ne permet de sanctionner un fait ayant échappé aux officiels », s'est justifié l'organe de la FIFA.19
Dans le même sens, aucun texte juridique n'empêche l'Irlande de « tricher » en instaurant un taux d'imposition sur les sociétés extrêmement bas. L'Irlande a ainsi « joué ouvertement les prédateurs d'emplois et de capitaux, tirant le plus grand profit des aides financières de l'Union (les "fonds structurels") et manifestant sa gratitude aux pays qui payent ces aides en y démarchant systématiquement des entreprises candidates à la délocalisation. Le projet européen, qui fut à l'origine celui de la paix et de la coopération entre les États de l'Union, laisse ainsi la place à la guerre économique entre les États de l'Union. »20
La FIFA s'est réunie pour juger la main de Thierry Henry le 18 janvier 2010 (18 1 2010).
18x1x2010 = 36180
Le code postal 36180 est celui de la commune de PELLEVOISIN.
L'expression « à la PELLE » signifie « en abondance, en grande quantité ».
La « triche » fiscale de l'Irlande a eu un impact direct sur ses VOISINS européens car les entreprises ont délocalisé « à la PELLE » leurs activités dans ce paradis fiscal.
Désormais, « il n’a jamais été aussi simple d’échapper à l’impôt pour une entreprise. L’optimisation fiscale est une pratique résolument passée dans les mœurs, même parmi les entreprises de taille moyenne. En témoigne le cas de Smartbox, cette "success story française", qui s’attèle depuis des années à réduire son résultat imposable en France. L’entreprise s’appuie ainsi sur plusieurs sociétés comme l’indiquent les conditions d’utilisation de son site commercial. On y trouve notamment Smart&Co, une enseigne française basée à Courbevoie, propriétaire de la marque Smartbox, et dotée de 22 millions d’euros de capital. On y trouve également Smartbox Experience Ltd, société irlandaise, exploitante officielle de la marque Smartbox, mais dotée de 10 000 euros de capital seulement. En Irlande, la société exploitant la marque Smartbox jouit donc de conditions fiscales avantageuses, et même d’une base de repli fort utile par temps de crise. Alors que Smartbox prenait la décision de se séparer de 90 salariés français en avril 2012 suite à de mauvaises performances, l’entreprise s’est résolue à recréer ces emplois en Irlande.
La question de la fiscalité des entreprises et de ses dérives est intimement liée au phénomène d’internationalisation de l’activité économique. Dans un contexte fortement libéralisé et où les technologies de l’information permettent des communications en temps réel, il n’a jamais été aussi simple d’éparpiller les différentes parties d’une organisation à travers le monde et de les opérer à distance. L’optimisation fiscale n’est que le résultat naturel de ce phénomène qui entraîne, de fait, un délitement des frontières. »21
« Le succès des Apple, Microsoft, Google, Amazon ; les performances de groupes comme Starbucks et d’autres, ne sont pas dus qu’au génie de leurs fondateurs, aux talent de leurs chercheurs et de leurs services marketing. Leur succès financiers est directement lié à l’imagination de leurs services juridiques, de leurs fiscalistes. Ils ont maximisé les profits en minimisant les impôts. Toute l’astuce de ces multinationales repose sur la déconnexion entre la fourniture de biens et de services, la localisation de la facture, et l’imputation de redevances diverses à partir de paradis fiscaux. Internet facilitant bien sur ces mouvements. »22
Apple par exemple, localise l’essentiel de ses revenus internationaux en Irlande car elle a trouvé une technique imparable pour ne payer quasiment aucun impôt. Cette technique est appelée « le Double irlandais et le sandwich hollandais » et elle consiste en substance à réduire l'impôt en acheminant les bénéfices vers un paradis fiscal, par l'intermédiaire de filiales irlandaises et hollandaises. « La législation fiscale américaine est fondée sur le principe selon lequel une entreprise est assujettie à l'impôt sur les bénéfices dans le pays où la valeur est créée, et non dans celui où les produits sont vendus. Dès lors, toute l'idée est de faire transiter la valeur selon un système qui permet de ne localiser qu'une petite partie de la valeur aux États-Unis et de faire provenir les bénéfices de l'étranger. La structure du "Double irlandais" a été créée dans les années 1980. Les autorités irlandaises ont offert à Apple un allégement fiscal en échange de la création d'emplois.
En pratique, la technique d'Apple est relativement simple. En effet, l'avantage premier d'Apple a été de transférer en Irlande le produit des droits tirés des brevets développés en Californie. Les transferts de fonds restent au sein de la société, ils sont uniquement déplacés vers une filiale à l'étranger (Irlande). Dès lors, au lieu que certains bénéfices soient taxés à 35 % comme aux États-Unis, le taux d'imposition est de 12,5 % en Irlande. De plus, la filiale irlandaise ("le double irlandais") permet que d'autres bénéfices soient comptabilisés dans des sociétés exemptées d'impôts dans certain centre financiers offshore ("paradis fiscaux"). Ensuite, grâce à des traités signés entre l'Irlande et certains pays européens, une partie des bénéfices d'Apple peuvent transiter sans payer d'impôt en passant par les Pays-Bas ("le sandwich hollandais"). Par conséquent, ce mécanisme a permis à Apple de limiter l'imposition sur ses bénéfices à 2,2 % en 2012, et à 3,2 % en 2011. Sans cette technique, Apple aurait probablement dû payer plusieurs milliards de dollars supplémentaires à l'administration fiscale américaine. Plusieurs autres entreprises utilisent maintenant cette technique. »23
Vous comprenez pourquoi les grandes entreprises se délocalisent « à la PELLE » en Irlande et que par conséquent, un pays VOISIN comme l'Angleterre, avant le Brexit, a baissé son taux d'imposition des bénéfices des entreprises de 28 à 20 % afin de mieux concurrencer l'Irlande pour attirer les multinationales.
La triche fiscale génère ainsi des rentrées d'argent beaucoup moins importantes dans les caisses des États. La multinationale Google a par exemple déclaré un chiffre d’affaires officiel très bas en France pour ne s’acquitter en 2011 que de 5,5 millions d’euros d’impôt, au lieu des 150 millions qu’elle aurait dû payer ! Concernant Apple, en France en 2011, son chiffre d'affaires s'est élevé à 3,5 milliards d'euros, grâce à la vente de ses iPhone, iPad et autres Mac. Cela devait générer de confortables bénéfices pour la firme à la pomme mais ce ne fut pas le cas pour le fisc. Apple détient trois filiales en France : Apple Europe Inc (société de droit étranger), Apple Retail France EURL (qui gère les magasins Apple Stores) et Apple France SARL (chargée du marketing des produits). La première ne dépose pas ses comptes, la deuxième est déficitaire, et la troisième s'est acquittée de 6,7 millions d'impôts au titre de l'exercice clos fin septembre 2011, soit un taux d'imposition ridicule de 1,9 % ! Et voilà comment la première capitalisation boursière du monde ne paye quasiment pas d'impôts en France, alors que la population et les classes populaires ne peuvent échapper aux impôts directs et indirects24. Le monde est bien fait... pour les RICHES grâce à la TRICHE. À l'instar de Thierry Henry lors du match France-Irlande, les tricheurs ne sont pas sanctionnés mais parce qu'il n'y a aucun arbitre pour sanctionner d'un carton rouge l'optimisation fiscale.
Le 14 octobre 2014, le ministre irlandais des Finances, Michaël Noonan, annonçait qu'il allait mettre fin d'ici à 2020 au mécanisme fiscal permettant aux sociétés multinationales installées en Irlande, comme Google et Apple par exemple, de délocaliser l'essentiel de leurs revenus dans un paradis fiscal où elles sont peu ou pas imposées. C'était une façon de répondre aux critiques de l'administration américaine et de la Commission européenne qui reprochaient cette pratique aux autorités irlandaises.
Dorénavant, les multinationales installées en Irlande ne pourront plus délocaliser leurs revenus dans les îles Caïmans ou dans les Bermudes. Mais grâce à un nouveau mécanisme fiscal, elles pourront, en déclarant leurs revenus en Irlande, continuer à bénéficier d'un régime fiscal plus que favorable, avec un taux d'imposition qui devrait être fixé entre 5 % et 6,5 %. D'ailleurs, si l'on en croit la presse, l'annonce de cette réforme a laissé les multinationales visées « sereines ». Il faut croire qu'elles n'y perdront pas grand-chose.
Pour les grandes entreprises, c'est le paradis fiscal à domicile.25
Le 30 août 2016, la Commission européenne a condamné Apple à verser une amende de 13 milliards d’euros à l’État irlandais au titre d’arriérés d’impôts non payés… suite à un accord fiscal passé avec ces mêmes autorités irlandaises. L’État irlandais a annoncé qu’il refusait d’encaisser les 13 milliards de pénalités imposés à Apple et qu’il ferait appel de la décision de la Commission européenne.26
Pour une fois, un arbitre est donc intervenu pour sanctionner l'un des principaux tricheurs, mais il n'a pas sorti le carton rouge étant donné que l'optimisation fiscale est toujours autorisée, et les tricheurs se remplissent les poches. Le commissaire européen à la Fiscalité, Algirdas Gediminas Semeta, chiffre la moins-value fiscale imputable aux « montages fiscaux abusifs » à 1 000 milliards d’euros par an au sein de l’Union européenne, c'est-à-dire que les tricheurs se partagent un butin de 1 000 milliards d'euros chaque année alors que cette fortune devrait revenir aux peuples européens.
Il n'y a donc pas d'arbitre pour mettre un terme à la triche fiscale et ce n'est pas étonnant puisque les tricheurs sont au pouvoir mais nous les démasquons seulement lorsqu'ils sont pris la MAIN dans le sac.
En effet, lors de la rencontre France-Irlande en 2009, l'arbitre du match était le suédois Martin Hansson.
Martin Hansonn est né le 6 avril 1971 (6 4 1971).
6x4x1971 = 47304
Le code postal 47304 est l'un des codes postaux de la ville de Villeneuve-sur-Lot dont le maire était Jérôme Cahuzac au moment du match France-Irlande.
Jérôme Cahuzac fut ministre délégué chargé du Budget du gouvernement Jean-Marc Ayrault, du 16 mai 2012 au 19 mars 2013, date de sa démission à la suite d'accusations de fraude fiscale.
En décembre 2012, alors qu'il était devenu un élément important du gouvernement Ayrault et qu'il portait le projet de loi de finances 2013, les accusations de fraude fiscale provenant du journal en ligne Mediapart stoppèrent son ascension politique. Il démissionna de ses fonctions ministérielles le 19 mars 2013 et fut remplacé par Bernard Cazeneuve. Après avoir nié posséder un compte à l'étranger publiquement et devant le Parlement, Jérôme Cahuzac reconnaissait, le 2 avril 2013, l'existence d'un tel compte et annonça le rapatriement de 600 000 € en France. Exclu du Parti socialiste le 9 avril, le 18 avril, il renonça à retrouver son siège de député un mois après son départ du gouvernement, bien que la loi l'y autorisait.
En juin 2013, Mediapart affirma que Jérôme Cahuzac avait touché des pots-de-vin entre 1988 et 1991 lorsqu'il travaillait pour le ministre de la Santé, Claude Évin : ces pots-de-vin auraient été versés pour obtenir des décisions favorables du ministère dans l'attribution de scanners et d'IRM (appareils d'imagerie par résonance magnétique) à des établissements de santé.
En mars 2014, son ex-épouse révéla l'existence d'un compte, crédité de 2,5 millions d'euros, non déclaré sur l’île de Man, un paradis fiscal.27
Ainsi, l’ex-ministre PS du Budget, censé diriger la lutte contre la fraude fiscale, fraudait lui-même. Il expliquait les nécessités de la rigueur au bon peuple, mais s’en exonérait ! L’ancien cardiologue reconverti dans la chirurgie esthétique soignait surtout… ses comptes en banque.
Frauder au fisc est une seconde nature pour tout bourgeois qui se respecte. Fondé sur l’exploitation, dirigé par les plus fortunés, ce système a fait de l’individualisme et de l’enrichissement ses valeurs cardinales. Il est pourri de fond en comble par l’argent, et c’est logiquement qu’il engendre des politiciens à son image, aussi cupides que dénués de scrupules. Affaire Cahuzac, affaire Sarkozy, affaire Guerini, affaire Woerth, affaire Guéant, affaire Le Pen… : Que ce soient l’UMP, le PS ou le Front National, la bourgeoisie à la classe politique qu’elle mérite.
Si l’attitude de Cahuzac fut révoltante, la vertueuse indignation de tous les politiciens, du PS à l’UMP, ne l'étaient pas moins. Ils ont joué les vierges effarouchées parce qu’un des leurs avait « menti à l’Assemblée », « menti au peuple », et aurait ainsi, nous ont-ils dit, « décrédibilisé la parole politique »...
Quelle hypocrisie ! Que font-ils d’autre, tous autant qu’ils sont, que de mentir à longueur de journée, de se faire élire sur des mensonges, d’agir sur des mensonges ! La gauche s’est fait élire en promettant de défendre le monde du travail : mensonge ! Elle a fait semblant de s’offusquer des entreprises qui ferment : mensonge ! Elle a voté des lois favorables au patronat, en prétendant que c’était pour le bien du peuple : mensonge encore !
Pour les politiciens de gauche comme de droite, mentir est une seconde nature, un mode de vie. Comment pourraient-ils se faire élire s’ils disaient la vérité : que leur seul objectif est de servir fidèlement les intérêts de leurs maîtres, les grands capitalistes ?
Et même s’il y a d’autres ministres moins véreux que Cahuzac, ils n’en sont pas moins au service de la même classe bourgeoise, habitués à faire les poches des travailleurs pour faire des cadeaux au patronat. Tous nourrissent ainsi le fumier sur lequel prospéreront les Cahuzac et leurs maîtres fortunés tant que durera le système capitaliste.28
« Le vol est la passion maîtresse de la bourgeoisie, et il faut qu'à tout prix qu'elle satisfasse sa passion. » Paul Lafargue.
À l'époque, « la presse s'est emparée de l'affaire Cahuzac. Deux jours plus tard, la publication quasi simultanée du travail de 160 journalistes d'investigation, enquêtant à travers le monde sur les paradis fiscaux, change la donne. Il ne s'agit plus d'un cas isolé, mais de la mise en évidence de la fraude généralisée utilisant les paradis fiscaux pour éviter ce que les détenteurs de ces comptes estiment être l'enfer social.
L'enquête OffshoreLeaks, publié dans Le Monde le 5 avril 2013 et les jours suivants, révèle l'ampleur des fonds gérés dans le secret de l'opacité. Cet escamotage des fortunes sert d'arme aux membres de l'oligarchie, pour exiger des peuples qu'ils remboursent les déficits et les dettes dus à la spéculation financière débridée et mondialisée. Rien que pour la seule Union européenne, le manque à gagner est ainsi estimé à 1 000 milliards d'euros.
Une mission parlementaire menée en 2012 à l'initiative du Groupe communiste républicain et citoyen du Sénat estime que l'argent des paradis fiscaux prive l'État français de 40 milliards d'euros par an. L'évaluation du syndicat des impôts Solidaires Finances publique oscille entre 60 et 80 milliards d'euros. Une première liste française est annoncée par l'enquête OffshoreLeaks avec 130 noms, dont celui du trésorier de la campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier. Tous deux se connaissent depuis bien longtemps puisqu'ils ont fait l'ENA dans la promotion Voltaire. J-J. Augier est actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïman, un paradis fiscal des Caraïbes, sous souveraineté britannique.
Cette collaboration entre 36 médias internationaux et le Consortium de journalistes d'investigation internationale (ICIJ) est un extraordinaire pied de nez à ceux qui auraient voulu faire croire que la "finance n'a pas de visage" et que la fraude fiscale et le mensonge ne sont que des problèmes individuels. Il s'agit au contraire d'une stratégie ancienne et massive pour ne pas payer les impôts selon les lois en vigueur. L'impunité est assurée par la complexité et l'opacité des montages financiers que sont capables de réaliser les avocats fiscalistes.
Dans le monde de l'argent, il n'y a pas d'autres valeurs que celle des profits à deux chiffres. On peut pratiquer pour cela un œcuménisme financier de bon aloi : c'est un proche du Front National de Marine Le Pen qui, selon la presse, a ouvert en 1992 le compte du socialiste Jérôme Cahuzac à la banque UBS en Suisse. Dans les affaires il faut savoir utiliser les compétences, quelles que soient leurs origines.
Le libéralisme induit un laxisme collectif, celui d'une classe sociale dont les intérêts ne doivent connaître ni obstacle ni contrainte, mais aussi un laxisme individuel qui fait du cynisme et du déni de la règle le mode de fonctionnement du dominant. La concomitance du dévoilement, par ce collectif international de journalistes, de l'ampleur et de la systématicité du recours aux paradis fiscaux de l'oligarchie mondialisée et de l'affaire Cahuzac en France confirme qu'au néolibéralisme et à ses déréglementations tous azimuts correspond un individu néolibéral sans morale ni principe. »29
« La classe dominante lorsqu'elle devient système oligarchique, présente une violence accrue dans les rapports sociaux qui permet à des individus lucides et cupides de faire valoir leurs intérêts particuliers en aménageant de surcroît la légalité à leur convenance. Les oligarques qui mènent la France, l'Europe et peut-être la planète tout entière à sa perte n'ont jamais reconnu leur responsabilité dans la crise financière de 2008. Ils accusent les peuples de coûter trop cher, d'être trop gourmands, de dépenser trop pour leur santé et leur éducation. Ils cherchent ainsi à se défausser sans jamais, eux, remettre en cause leur cupidité financière.
La déréglementation de la vie économique a donc permis l'éclosion d'un cynisme individuel et collectif. L'exilé fiscal assume au grand jour sa volonté d'échapper à la loi et ne pas s'acquitter des impôts dont il est redevable. Il le proclame haut et fort. Depardieu révolte, mais fait rire aussi, fascine et obtient un certain soutien, y compris populaire. C'est en affichant ouvertement son déni de la règle que le dominant prend le pas sur les dominés, eux-mêmes tentés de se replier sur un individualisme de dernier recours en abandonnant utopies et luttes collectives. Ce renoncement est une sorte de fatalisme particulier qui associe d'une manière contradictoire acceptation et non-consentement. »30
Par ailleurs, « ''la délinquance financière ne se voit pas, on a l'impression qu'elle n'existe pas, alors qu'elle a un impact sur l'économie globale bien plus fort qu'un petit dealer.'' Selon un rapport de l'OCDE de 2012, il n'y aurait eu depuis l'an 2000 que trois condamnations prononcées par des juges français concernant les entreprises françaises et la corruption de fonctionnaires pour leur faciliter l'obtention d'investissements dans des pays étrangers.
On est loin de la détermination avec laquelle la justice poursuit les petits malfrats, voleurs de téléphones portables ou arracheurs de sacs à main, dont les délits, certes répréhensibles, ne menacent pas la société dans ses fondements. Il est vrai que le petit voyou suscite de la crainte de l'autre, il peut engendrer une peur de la ville, de la foule, ou au contraire de la solitude aux heures tardives. Cela aussi est une menace pour la vie en collectivité. Mais les dégâts de la finance malsaine sont sans commune mesure, car ils mettent en péril jusqu'aux États, comme on peut le voir en Grèce, en Espagne et ailleurs. »31
« La délinquance des riches, dans la phase actuelle du capitalisme financiarisé et mondialisé, s'est banalisé. Les exilés fiscaux font donc régulièrement la Une des journaux. On découvre ainsi que le ministre qui a en charge la fraude fiscale possède un compte dans un paradis pour contribuables fortunés. Les rémunérations des P-DG en millions d'euros sont justifiées au nom de la même compétitivité qui va bientôt mettre à mal le Smic. Cette banalisation n'est rendue possible que par la mutation de l'État en société de services pour les dominants, ce qui est attesté par les allées et venues entre le secteur public et le secteur privé. Stéphane Richard est emblématique de cette oligarchie de droite et de gauche qui s'investit dans des responsabilités au sommet de l'État et dans des entreprises privatisées. En apprenant, le 12 juin 2013, que le P-DG de France Télécom était mis en examen pour "escroquerie en bande organisée", le commun des mortels a dû se dire qu'il y avait une erreur, car ce type d'accusation évoque plus les cités défavorisées que les cabinets ministériels. Or, il s'agit de l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, ministre de l'Économie sous Nicolas Sarkozy. Ancien élève de l'ENA et d'HEC, inspecteur des finances, Stéphane Richard a participé à la mise en place du tribunal arbitral qui a accordé plus de 403 millions d'euros à Bernard Tapie en juillet 2008. Stéphane Richard avait déjà connu la garde à vue en 2006, en qualité d'ancien directeur des affaires immobilières de Vivendi. Il a également dû faire face à un redressement fiscal portant sur 660 000 euros dont il a fini de s'acquitter alors qu'il était devenu, en 2007, directeur de cabinet à Bercy (le Ministère de l'Économie et des Finances). Accepter la nomination à un poste de responsabilité d'un personnage en bisbille avec l'administration dans laquelle il allait jouer un rôle de premier plan était un pari pour le moins hardi. Mais c'était un ami, un frère, un camarade en recherche de fortune que l'on investissait. Un membre du clan, pour ne pas dire de la bande. Stéphane Richard a été conseiller, en 1991, de Dominique Strauss-Khan, alors ministre de l'Industrie. Ce dernier a assisté le 14 juillet 2006, comme deux autres socialistes, Claude Bartolone et Manuel Valls, à la cérémonie au cours de laquelle Nicolas Sarkozy a remis la Légion d'honneur à Stéphane Richard en l'honorant d'une déclaration laudative : ''Stéphane, t'es riche, t'as une belle maison, t'as fait fortune... Peut-être plus tard y parviendrai-je moi même... C'est la France que j'aime !''
La réaction de Stéphane Richard à sa mise en examen a été vive : ''On ne déstabilise pas une entreprise de 170 000 personnes et cela ne se passera pas comme ça !'' Il a annoncé qu'il allait déposer un recours. À la différence du délinquant appartenant aux classes populaires, un inspecteur des finances vivant au cœur du système oligarchique n'aura jamais le sentiment d'avoir commis une escroquerie en bande organisée, puisque l'entre-soi des beaux quartiers lui renverra toujours une image de respectabilité. La richesse et le pouvoir donnent un sentiment d'impunité d'ailleurs largement conforté par la dépénalisation du droit des affaires. Cette banalisation de la délinquance en col blanc peut entraîner le sentiment de la fatalité du "tous pourris" devant tant de cynisme. »32
Il est temps de mettre un terme à tout ce cirque. « Le mépris des hommes politiques pour le peuple n'a d'égal que leur vile soumission aux plus riches. Tous ces hommes corrompus mènent directement et indirectement des politiques de classe qui consistent à confisquer la richesse produite par l'immense majorité pour l'offrir à une minorité de parasites.
Le parti « Socialiste » comme les Républicains et La République En Marche qui alternent au pouvoir, déploient un zèle singulier à servir les puissants : destruction systématique des services publics de l’Éducation, de la Santé, des Transports, de l'Emploi, de la Culture, baisse continue des retraites, précarisation et flexibilisation du marché du travail, démantèlement du Droit du travail, augmentation de la TVA payée essentiellement par les plus démunis, cadeaux fiscaux pour les plus riches, des milliards d'euros octroyés sans contrepartie aucune aux banques et aux grandes entreprises, bref tout pour le capital et les patrons et rien pour le travail et les travailleurs.
La rigueur de cette politique d'austérité contraste violemment avec la lâcheté et la misère morale de ceux qui l'appliquent.
La paupérisation de larges franges de la population est la conséquence directe de cette politique économique de classe. Les « socialistes » par exemple qui ont tant promis au peuple, ont plongé le pays en si peu de temps dans la misère et le désespoir ouvrant ainsi la voie à une extrême droite toujours prête à sauter sur le pouvoir pour servir encore mieux les plus riches.
En contrepartie, la classe dominante les laisse se servir dans les fonds publics. Mieux, elle leur offre sa protection judiciaire et politique. Les hommes politiques corrompus sont rarement condamnés. La relaxe et le non lieu restent largement majoritaires et l’inéligibilité rarissime. Les condamnations, lorsqu'elles existent, se résument bien souvent à des peines symboliques comme la prison avec sursis ou des amendes dérisoires par rapport aux sommes concernées. L'impunité n'est donc pas un sentiment mais une réalité. Mr. Sarkozy, malgré l'impressionnante liste des affaires qui le concernent reste insaisissable par la justice.
La politique, à condition de savoir gérer et servir les intérêts des riches, est un vaste domaine qui offre des possibilités fabuleuses d'enrichissement personnel ou de son organisation en puisant dans l'argent public. »33
Dieu associe Jérôme Cahuzac à l'arbitre du match France-Irlande, car à l'instar de Thierry Henry, Jérôme Cahuzac n'a pas été sanctionné d'un carton rouge par l'arbitre, puisque le 15 mai 2018, la justice l'a condamné à deux ans de prison ferme et deux ans avec sursis, lui permettant de bénéficier d'un aménagement de peine et de ne pas faire de prison ferme. L'arbitre n'a donc pas sorti le carton rouge, Cahuzac n'ayant pas été envoyé en prison, et par ailleurs, il a été condamné à cinq ans d'inéligibilité, ce qui lui permettra de revenir sur le terrain de jeu politique une fois ce laps de temps écoulé.
En associant Cahuzac à l'arbitre du match France-Irlande, Dieu nous demande désormais de prendre le sifflet en main pour faire la loi en condamnant les tricheurs à de la prison ferme sans peine aménageable, car actuellement, les tricheurs sont au pouvoir, par conséquent, la plupart du temps, les arbitres ne sortent pas le carton rouge pour les envoyer en prison lorsqu'ils braquent les coffres-forts de l'État français. Le citoyen lambda qui vole des centaines de milliers d'euros dans une banque est condamné à de la prison ferme, mais un ancien ministre qui vole 210 000 euros dans les caisses de l'État ou un riche qui fraude des centaines de milliers d'euros au fisc, bénéficient bien souvent d'un régime de faveur : ils paieront simplement une amende et seront éventuellement condamnés à de la prison avec sursis ou à de la prison ferme mais avec une peine aménageable leur permettant d'éviter la détention. Deux poids et deux mesures. Frauder le fisc ou braquer une banque est la même chose mais tant que les tricheurs seront au pouvoir, les délits commis par les plus riches seront bien souvent impunis. Le cas d'Alain Juppé est le plus symbolique. Il a été condamné par la justice en 2004 pour détournement de fonds publics mais aucun arbitre ne l'a sanctionné d'un carton rouge, il a donc pu revenir sur le terrain politique, et si François Fillon n'avait pas participé à la primaire des Républicains, Juppé serait probablement devenu président de la République en 2017.
Les tricheurs peuvent ainsi régner au plus haut sommet de l'État, donc Dieu nous demande désormais de sortir le carton rouge pour faire régner la justice.
TRICHE = RICHE
Avant d'évoquer l'évasion fiscale du RICHE, il faut d'abord souligner que la France elle-même pourrait être considérée à bien des égards comme un paradis fiscal. Derrière les taux d'imposition officiels sur les hauts revenus, sur les bénéfices et sur le patrimoine, une nuée de niches fiscales permettent aux plus RICHES d'alléger considérablement leurs impôts. La Cour des comptes elle-même estime qu'à cause de ces niches le manque à gagner total pour l'État est de près de 150 milliards d'euros par an.
Des exonérations à 90 % sur les plus-values réalisées lors de vente de filiales (la « niche Copé »), aux déductions liées à des investissements réalisés dans les départements et territoires d'outre-mer (la « niche Girardin Industriel », dont un journal patronal comme La Tribune pouvait dire qu'« elle permet à certaines grandes fortunes et à des patrons du CAC 40 de ne pas payer d'impôts ou quasiment pas »), ces « niches » sont innombrables. Et plus on est RICHE, plus les possibilités s'ouvrent d'accéder à de nouvelles ristournes fiscales.34
À travers ces « niches », les RICHES volent ainsi près de 150 milliards d'euros par an au peuple français et cela se fait en toute légalité, ou pas. Car l'imbrication des dispositifs de défiscalisation est telle qu'elle rend la recherche de ce qui est légal ou illégal parfois presque impossible. D'autant plus que le nombre de contrôleurs fiscaux diminue. À propos du contrôle des investissements en Outre-mer une inspectrice des impôts, spécialisée dans les dossiers « à fort enjeu », confiait au rédacteur d'un article du journal Le Monde Diplomatique de février 2013 : « Moi, ces investissements-là, je ne les regarde même plus [...]. Pour les contrôler, il faudrait y aller, et on n'en a absolument pas les moyens. Les collègues sur place sont complètement débordés, donc ils renoncent ; il y en a trop, et ils ne sont pas assez nombreux. »35
Ainsi, en France, comme dans tous les pays capitalistes, esquiver l'impôt est un sport que pratique chaque bourgeois, petit ou grand. Très rares sont ceux qui ne trouvent pas un moyen ou un autre pour réduire voire supprimer l'impôt sur leur capital. Il est révélateur que, dans un pays comme la France, la moitié des recettes de l'État proviennent de la TVA ou de la taxe sur les produits pétroliers, c'est-à-dire d'un impôt sur la consommation, frappant les plus pauvres, proportionnellement au revenu, incomparablement plus fort que les plus RICHES.36
RICHE = TRICHE
En France, au delà des 150 milliards d'euros par an volés « légalement » par les plus RICHES, la fraude fiscale représente une perte de 60 à 80 milliards d'euros par an pour l'État, et tant que les RICHES tiendront les rênes du pays, ce butin n'est pas prêt de leur échapper.
La fraude fiscale dans la classe dominante est ainsi monnaie courante, et fait souvent partie de l’histoire familiale. En effet, le nom de la famille Peugeot qui s’est établie en Suisse, mais aussi celui de quelques sénateurs ou anciens ministres, apparaissaient déjà dans la première liste des fraudeurs français... en 1932. C’est donc une pratique assez ancienne et que rien n’a vraiment arrêté.
Comme le disent les Pinçon-Charlot, on assiste là « au plus gros casse des caisses de l’État », avec, il faut le dire, une certaine complaisance de la part de l’État.
En effet, c’est en partie au sein de l’État que s’organisent les faveurs fiscales dont bénéficient les plus riches, avec le fameux « verrou » de Bercy, dérogation au droit commun datant de 1977 ayant pour objectif « d’éviter l’acharnement fiscal sur certains contribuables », et qui donne au seul ministre du Budget le pouvoir d’engager des poursuites judiciaires pour fraude fiscale, permettant ainsi d’étouffer la poursuites contre certains amis.
Face aux scandales à répétition dus à des journalistes sérieux ou à des lanceurs d’alerte, le gouvernement Hollande a dû réagir. C’est en ce sens qu’a été votée, en décembre 2013, une loi de lutte contre la fraude fiscale renforçant les sanctions pénales, en créant un procureur de la République financier avec des magistrats spécialisés, en modernisant le contrôle fiscal externe... tout en maintenant le fameux « verrou » de Bercy.
Une loi sur la transparence de la vie publique, obligeant les éluEs et les membres du gouvernement à déclarer leur patrimoine a également été adoptée. Mais on peut se demander à quoi sert cette « transparence », puisque régulièrement on apprend que certains ministres et éluEs oublient quelques éléments de leur patrimoine, sans être réellement inquiétés. A aussi été mis en place un nouveau service au sein de la direction générale des Finances publiques, le service de traitement des déclarations rectificatives (STDR) qui permet aux contribuables ayant « oublié » de déclarer des avoirs détenus à l’étranger de régulariser leur situation, leur permettant ainsi d’avoir des pénalités moindres. On a connu l’État moins compréhensif...37
« Pour traiter ces dossiers complexes, les inspecteurs du fisc doivent mobiliser des ressources importantes. Or, depuis 2007, la baisse des effectifs a été constante. Pourtant, chaque fonctionnaire affecté à cette lutte rapporte en moyenne 1,2 million d’euros nets par an à l’État. Et ce n’est pas le travail qui manque. Faute de moyens, seuls 10 % des fraudes connues font l’objet de poursuites judiciaires.
Imaginez, vous découvrez la cave d’Ali Baba. Les 40 voleurs l’apprennent et commencent à s’organiser pour vider la cave. Tout est question de temps. Vous avez cinq fonctionnaires avec vous pour faire des aller-retour et récupérer le trésor avant qu’il ne soit déplacé ailleurs. Vous démarrez l’ouvrage, mais décidez en même temps de virer un des fonctionnaires !
C’est exactement ce qui se passe en France. Nous avons connaissance de milliers de comptes illégaux et de fraudes avérées, et nous réduisons le nombre d’employés destinés à instruire les dossiers.
En 2016 les effectifs ont de nouveau baissé de 8,5 %, alors que la lutte contre la fraude sociale augmentait son personnel de 15 %. Cherchez l’erreur !
Nous avons donc d’un côté une volonté gouvernementale de freiner la lutte contre la fraude, et de l’autre des politiques d’austérité qui conduisent à la réduction du nombre de fonctionnaires capables de générer des millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’État (depuis 2008, 11 000 postes ont été supprimés en France et 56 000 en Europe, alors que la fraude représente entre 1 000 et 2 000 milliards par an au sein de l’UE). Un comble quand on sait que les déficits budgétaires pourraient être entièrement couverts par la fin de l’évasion fiscale. »38
La situation n'est plus supportable, les RICHES qui dirigent le pays nous demandent de nous serrer la ceinture alors qu’ils braquent quotidiennement les contribuables français et planquent des dizaines de milliards d'euros dans des comptes secrets. Il faut donc refuser cette logique qui vise à faire payer l'échec du système capitaliste à celles et ceux qui n’en sont pas responsables, c'est-à-dire les jeunes, les classes populaires, les salariés. Pour nous protéger des tricheurs, il faut prendre des mesures de ruptures démocratiques, comme le contrôle et la possibilité de révoquer les élus, leur rémunération au niveau du salaire moyen de la population. Nous devons par ailleurs imposer la levée du secret bancaire, l’ouverture des livres de compte dans les entreprises pour récupérer l’argent là où il est afin d'augmenter les salaires et financer les services publics. Il faut réquisitionner les banques et les grandes entreprises qui licencient alors qu’elles font des profits. Car lorsque nous serons en mesure de peser sur l'évolution de la société, ce ne sont pas les boîtes à lettres des filiales des banques, sous les tropiques ou ailleurs, qu'il faudra contrôler, mais bien les maisons mères. Derrière l'aspect tentaculaire du système financier mondial, il y a en réalité à peine quelques dizaines de très grandes banques. Et les centres de décision de ces banques se trouvent dans les métropoles des grands États impérialistes. Ils sont à portée de MAIN des exploités, à portée de main des centaines de milliers d'employés qui y travaillent, comme des millions de travailleurs exploités par le capital contrôlé par ces banques. Ce n'est qu'en mettant la main sur les grandes banques, que nous pourrons rendre transparente et contrôler toute l'économie. Alors les paradis fiscaux disparaîtront39. Mais tant que la majorité de la population ne prendra pas ses affaires en MAINS, les tricheurs dirigeront toujours l’économie et la société. Ces gouvernements qui ne cessent de se succéder ne sont véritablement pas les nôtres. Pour mettre un terme à la TRICHE organisée par les plus RICHES, il faut nous organiser et lutter tous ensemble pour dégager ces parasites qui ruinent nos vies et notre pays depuis trop longtemps.
Élections européennes de 2014
Les élections ont eu lieu entre le 22 et le 25 mai selon les pays, et le vendredi 23 mai 2014 en Irlande. C'étaient les premières élections depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne qui a renforcé les pouvoirs du Parlement européen et modifié la répartition des sièges entre les différents États-membres. Aussi, les Irlandais ont élu 11 députés au lieu de 12 précédemment, mais toujours au scrutin à vote unique transférable. Ce même jour, les électeurs irlandais ont voté pour les élections locales.
Ces élections ont été marquées par le succès des candidats indépendants ainsi par que par le Sinn Féin, seul grand parti irlandais à avoir fait campagne contre les politiques d'austérité. Trois candidats indépendants ont donc été élus, dont deux d'entre eux dans la circonscription Midlands-Nord-Ouest. Le Sinn Féin a quant à lui remporté un succès jamais connu jusqu'alors, terminant premier dans la circonscription de Dublin, et faisant élire un député européen dans chacune des trois circonscriptions. Les deux plus grands partis irlandais, le Fianna Fáil et le Fine Gael, arrivés à égalité en nombre de voix, ont réuni bien moins de suffrages exprimés que lors des élections précédentes. Le Fianna Fáil, dans l'opposition, a souffert des très faibles transferts de voix en sa faveur, ne faisant élire qu'un de ces candidats, alors que le Fine Gael du premier-ministre d'Enda Kenny, a conservé ses quatre députés. Son partenaire au gouvernement, le Parti travailliste, a quant à lui connu un véritable échec, ne réunissant que 5% des suffrages et perdant tous ses élus au Parlement européen. Enfin, en dépit d'une augmentation de son score, et notamment à Dublin (12,5%), le Parti vert a échoué à retourner au Parlement européen.40
Touche pas à mon eau !
Au pays de la Guiness, une mobilisation populaire a grandi face à la décision du gouvernement de rendre l’eau du robinet payante. Décision imposée par le FMI et la troïka, la mobilisation a élargi ses revendications, contre l’austérité et le gouvernement.
Le 21 mars 2015, ils étaient plus de 80 000 personnes dans les rues de Dublin à dire non à la fin de la gratuité de l’eau. L’Irlande était le dernier pays de l’Union européenne à faire exception en matière de service public de l’eau. En effet, cette dernière était gratuite suite à une mobilisation au milieu des années 90, avec boycott des factures dans quelques villes d’Irlande, obligeant le gouvernement d’alors à graver dans le marbre la gratuité par une loi de 1997. Jusqu’à aujourd’hui, l’eau était donc payée par l’impôt.
Mais la crise de 2008 est arrivée et les plans de sauvetage des banques irlandaises (30 milliards d’euros) amenèrent comme partout en Europe leur lot de mesures d’austérité. Seul pays à ne pas faire payer l’eau aux usagers, dans une Europe dominée par les marchands d’eau comme Veolia et Ondeo (Suez), la soif des capitalistes ne pouvait se satisfaire de cette situation.
Malgré la fin du marasme économique, puisque l’Irlande renoue avec la croissance, une des plus fortes d’Europe, cette mesure arrive après le déluge. En effet, les Irlandais ne voient pas les retombées de cette croissance, le chômage dépassant toujours les 10 %. Les mesures austéritaires ont été des plus douloureuses : les banques ont récupéré 64 milliards d’euros d’aides publiques en 2008 (30 % du PIB, 15 000 euros par Irlandais), baisse de 10 % du salaire minimum, de 20 % du salaire des fonctionnaires, hausse de la TVA et des taxes indirectes (alcool, tabac, électricité), coupes de 25 % du budget des services publics, augmentation du temps de travail, de 35 à 37,5 heures dans le public...
Une mobilisation historique
La coupe était donc bien pleine. Le paiement de l’eau devait coûter 280 euros minimum par foyer (de 4 personnes), la mesure prévoyant la gratuité des 30 000 premiers litres d’eau. Les premières factures devaient arriver en avril et, depuis septembre 2014, la mobilisation ne faiblissait pas : ce sont des centaines de milliers de personnes qui se mobilisaient chaque mois, cela dans un pays de 4,5 millions d’habitantEs...
L’argument donné par le gouvernement pour masquer son allégeance aux vautours de la troïka était une meilleure gestion de la ressource et de sa qualité. Dans un pays qui ne manquait pas d’eau, cela ne passait pas du tout. L’équipement en compteurs d’eau devait coûter plus de 540 millions d’euros à l’État, et les interrogations sur l’avenir de Irish Water, société créée pour l’occasion, étaient importantes, avec le risque d’une future privatisation. Nul doute que la troïka n’a pas imposé cette mesure, qui coûte cher en investissement public, pour le seul plaisir de créer un service public, alors que tous sont rabotés ou privatisés... Le nom de Veolia circulait déjà, la firme française leader mondiale étant déjà bien installé sur l’île.
En attendant, le gouvernement, qui attendait le retour de 2 millions de formulaires d’enregistrement auprès de Irish Water n’en a reçu que la moitié, différents mouvements appelant au boycott avec un certain succès. Et la mobilisation prenait de plus en plus une dynamique de manifestation contre les politiques d’austérité menées par le gouvernement, et appelant même à la démission de ce dernier. 76 % des Irlandais se déclaraient opposés au projet et 54 % se déclaraient prêt à ne pas payer ces nouvelles charges. Dans un pays où le non à la Constitution européenne l’avait emporté avant de passer en force, la classe politique et le gouvernement tremblent devant la mobilisation populaire.
Premier dans l’opposition, le Sinn Fei tirait pour l’instant les marrons du feu, en étant très présent dans les mobilisations, mais l’alliance anti-austérité (AAA) constituée il y a un an, en partie animée par le Socialist Party, rencontrait de plus en plus de succès.41
L’austérité sanctionnée
Avec une chute des voix pour les deux partenaires de la coalition gouvernementale sortante et une progression pour les partis qui dénoncent l’austérité, les résultats des élections du 26 février 2016 sont bien à l’image de la crise sociale et politique qui existe en Irlande comme dans le reste de l’Europe.
Le principal parti du gouvernement, Fine Gael (droite nationaliste) obtient 25 % (36 % en 2011), mais c’est son partenaire, le Parti travailliste (Labour), un parti historiquement très lié aux syndicats, qui paie le prix le plus fort pour son soutien à cinq années de gestion néolibérale de la crise : 7 %, en chute libre par rapport à son score en 2011 (19 %).
L’autre grand parti nationaliste, Fianna Fail, après une chute vertigineuse en 2011 (de 41 % à 17 %), remonte à 24 %. Quant au Sinn Fein, historiquement l’aile politique de l’IRA et dirigé par Gerry Adams, il a mené une campagne très marquée contre l’austérité, passant de 10 % à 14 %.
Comme dans d’autres pays, on assiste ces dernières années à un affaiblissement des partis traditionnels au profit, entre autres, d’une série de partis indépendants. En Irlande, un des phénomènes les plus intéressants pour les anticapitalistes est l’émergence d’une coalition électorale entre le Anti Austerity Alliance animée par des militants du Socialist Party (CWI) et une autre formation, People Before Profit (le peuple avant le profit), animée par des militants du Socialist Workers Party (IST). En 2011, une coalition similaire (les mêmes plus une autre organisation - « Action de travailleurs et chômeurs ») avait obtenu 2,7% des voix mais grâce au système proportionnel avec vote préférentiel, cela lui a permis d’avoir 5 députés parmi les 158 que compte le Parlement irlandais. Cette fois-ci avec 3,9 % des voix, la nouvelle coalition (AAA et PBF seules) augmente son score et passe à 6 députés.
Crise politique sur fond de crise économique et sociale
La volatilité de l’électorat est le reflet d’une situation sociale elle-même très volatile. Pendant des années, l’Irlande était présentée comme un exemple du succès du modèle néo-libéral. Mais avec l’éclatement de la bulle en 2008, la chute du « tigre celtique » a été encore plus dure.
L’Irlande a longtemps été un pays très pauvre qui a vu une émigration de millions de ses habitantEs. La bonne santé du « tigre » avait fait que certains étaient revenus, et surtout que beaucoup de jeunes de l’Europe de l’Est étaient venus pour travailler. Avec la crise de 2008, beaucoup sont repartis et des Irlandais, surtout des jeunes (400 000 !), ont recommencé à émigrer.
La médecine néo-libérale appliquée à une Irlande très fortement endettée a été présentée par la droite comme un remède efficace qui aurait produit une réduction de la dette et une baisse du chômage. Mais le prix payé par la population a été très lourd, avec une forte baisse des salaires, de nouveaux impôts et une explosion de la précarité et des inégalités :- 272 000 emplois à plein temps... mais 13 milliardaires de plus qu’en 2007 !
La colère est dans la rue
Face aux attaques, l’élément qui a vraiment marqué les dernières années et qui explique en grande partie le rejet électoral, de gauche, des partis pro-austérité, c’est le développement des résistances dans la rue et la confiance qui en découle. Celles-ci se sont cristallisées autour de la mobilisation profonde contre un impôt terriblement injuste sur la consommation d’eau. Des manifestations monstres ont eu lieu, non seulement à Dublin (100 000 personnes pour un pays de seulement 4,5 millions d’habitants) mais dans énormément de petites villes à travers tout le pays.42
Derrière l’émeute, la crise sociale
Le 23 novembre 2023, une attaque au couteau à la sortie d’une école a servi de prétexte à des activistes d’extrême droite pour susciter une explosion de violence au centre-ville de Dublin, aux abords d’un quartier où vit une importante population immigrée.
Le point de départ de cette émeute a été l’agression de trois enfants et d’une salariée par un homme, sans doute d’origine algérienne. La police a fait savoir peu après son arrestation qu’il était naturalisé irlandais depuis vingt ans, et on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un déséquilibré. Mais la rumeur que l’assaillant était un migrant, véhiculée sur les réseaux sociaux par des militants d’extrême droite, a suffi pour faire converger vers le lieu du drame des centaines de jeunes enragés. Pendant plusieurs heures, drapeaux irlandais en main, ils ont provoqué les riverains, brûlé bus et trams, caillassé les policiers et incendié leurs voitures. Ce saccage s’est accompagné de slogans xénophobes : « Irish Lives Matter » (Les vies irlandaises comptent), « Ireland is full » (L’Irlande est pleine) ou « Get them out » (Qu’on les mette dehors).
Le calme n’est revenu que dans la soirée, après l’arrestation d’une trentaine d’émeutiers. Le chef de la police a dénoncé les agissements d’une « faction de hooligans complètement fous », et le Premier ministre Leo Varadkar a ajouté qu’ils faisaient « honte à Dublin, honte à l’Irlande ». Les plus hauts dirigeants de l’Union européenne – ceux-là mêmes qui font de la Méditerranée un cimetière pour migrants – n’ont pas été en reste en matière de paroles indignées. Pourtant, ils ont tous une lourde responsabilité dans les événements récents et dans l’évolution malsaine qu’ils reflètent.
La police irlandaise s’est montrée jusqu’à présent bien laxiste face aux exactions de l’extrême droite, qui pourtant se multiplient devant les lieux où sont hébergés les demandeurs d’asile : en mai 2023, des nervis ont même mis le feu à des tentes abritant des réfugiés. Quant au gouvernement de centre-droit, qui réunit les deux partis qui ont géré le pays en alternance depuis son indépendance en 1922, Fine Gael et Fianna Fail, il est dans la lignée de ses prédécesseurs, entièrement au service des riches. L’impôt sur les sociétés est si bas que l’Irlande a tout d’un paradis fiscal, notamment pour les géants d’Internet. Mais la hausse des prix sévit autant qu’au Royaume-Uni, accompagnée d’une crise du logement aiguë. Après la crise de 2008, l’État a cessé d’investir dans les logements sociaux : pour les travailleurs, prêts et loyers sont devenus hors de prix, et pas seulement dans la capitale. C’est pourquoi, malgré des avancées sociétales comme le mariage pour tous en 2015 et la reconnaissance du droit à l’avortement en 2021, la société irlandaise recule.
Le durcissement de la vie quotidienne a coïncidé avec une hausse relative du nombre de réfugiés : sur cinq millions d’habitants, un million sont nés à l’étranger. L’extrême droite tente d’en faire des boucs émissaires des difficultés, bien que les immigrés soient les « premiers de corvée » et que les réfugiés soient les plus mal logés de tous. Aussi, même si l’extrême droite n’a pas percé électoralement pour l’instant, l’approfondissement de la crise sociale pourrait lui apporter des votes, voire des troupes, y compris parmi les jeunes en colère des milieux populaires. Déclarant qu’il était temps pour l’Irlande d’« arrêter l’afflux des réfugiés », Varadkar a d’ailleurs apporté de l’eau à son moulin.
Des commentateurs ont souligné que, sur les trois personnes ayant désarmé l’homme au couteau, il y avait un lycéen français et un livreur Deliveroo d’origine brésilienne. De quoi ridiculiser, en effet, les insanités sur une prétendue menace étrangère. D’autres ont rappelé que les Irlandais, chassés de leur pays par la faim et la pauvreté, ont longtemps été les « sales immigrés » par excellence, que ce soit en Grande-Bretagne, en Amérique du Nord ou en Australie. Mais les discours humanistes, antiracistes ne suffiront pas à stopper la poussée d’une extrême droite qui fait son miel de la dégradation des conditions de vie.43
L'IRLANDE DU NORD
1919-1925 : Fin de la guerre d'indépendance et partition
Après une guerre d'indépendance débutée en 1912 entre l’Armée républicaine irlandaise et le gouvernement britannique et des émeutes unionistes (notamment Pâques sanglantes) dans le nord, Londres accepta de négocier avec l'IRA (notamment Michael Collins). Londres proposa un traité aux Irlandais. Celui-ci fut concrétisé par le Government of Ireland Act 1920 dans laquelle l'île fut partagée en deux entités politiques ayant chacune leurs institutions :
- L'Irlande du Nord, constitués de six comtés de l'Ulster majoritairement peuplés de protestants ;
- L'Irlande du Sud, formé des 26 autres comtés, en majorité catholiques.
Ce traité, signé le 6 décembre 1922, ne fait pas l'unanimité chez les nationalistes et les désaccords sur les conditions d'application de celui-ci sera à l'origine de la guerre civile qui débuta cette année-là.
En 1922, comme le prévoient les accords signés avec Londres, la faction nationaliste partisane du traité proclame la création d'un État libre dans la partie méridionale, possédant Parlement et ministères, en échange d'un serment d'allégeance à la couronne britannique et appartenant au Commonwealth.
Au même moment, dans la partie septentrionale, les politiciens unionistes, partisans de la préservation de l'appartenance de cette entité au sein du au Royaume-Uni sont portés au pouvoir par la majorité protestante de la population et enlèvent aux catholiques le droit de vote. L'Irlande du Nord traversa le XXe siècle au rythme des affrontements sectaires et des tensions intercommunautaires (de 1921 jusqu’en 1972).
Il est judicieux de rappeler que le conflit n'est pas entre catholiques et protestants mais plutôt entre républicains et royalistes ou bien nationalistes et unionistes. En effet, les premiers sont (globalement) descendants des anciens habitants irlandais, et les seconds sont (majoritairement) descendants des colons anglais ou écossais.
Années 1960-1980 : Début et croissance du conflit
Les premiers mouvements de contestation d'ampleur de la communauté catholique, notamment en août 1968, demandaient l'égalité des droits et la fin de la discrimination instituée par la majorité protestante unioniste : droits de vote basés sur la propriété des moyens de production détenus majoritairement par les protestants, découpage électoral inéquitable, attribution de logement inéquitable, etc. Ce mouvement ressemblait en cela à celui pour les droits civiques des citoyens noirs aux États-Unis. Mais le courant unioniste vit dans ces demandes une menace envers son existence et ses intérêts (justice, police, logement, etc.). Les rassemblements furent interdits tandis que les policiers (majoritairement composés de protestants) réprimaient de plus en plus violemment les manifestations.
L’administration de l’Irlande du Nord fut déstabilisée par de violents affrontements entre catholiques et protestants à Derry/Londonderry (Derry pour les nationalistes et Londonderry pour les unionistes), notamment Bloody Sunday (30 janvier 1972), où les commandos de parachutistes britanniques tirèrent sur des manifestants non-armés et pacifiques. Les conflits s’étendirent à Belfast. Là, des familles catholiques durent fuir leurs maisons qui étaient brûlées par les policiers et la foule protestante opposée au changement (Ardoyne, Nord de Belfast, 1969). Les quartiers nationalistes catholiques se trouvaient à la merci des émeutiers protestants et des forces de l’ordre. Les insurgés irlandais s’armèrent et commencèrent par défendre les quartiers avant de passer en phase offensive. L’IRA se réorganisa spontanément pour permettre la défense de sa communauté.
Une nouvelle notion entra dans l’équation du conflit : la réunification des deux Irlande. Les catholiques en firent un leitmotiv. Tandis que les protestants percevaient une Irlande unifiée comme une menace, notamment sur le plan religieux (Intervention du Vatican).
En 1969, Londres envoya l’armée britannique pour séparer les deux communautés et rétablir le calme. Mais les soldats, au début perçus par les catholiques comme des protecteurs, devinrent les outils du gouvernement en place et les troupes pratiquèrent la même répression que les policiers. L’IRA tourna alors ses activités contre l’armée britannique. Le but avoué des nationalistes devint la libération de l’Irlande du joug britannique. Des milices paramilitaires protestantes se formèrent pour défendre les intérêts du peuple protestant. L’Ulster Volunteer Force, la Loyalist Volunteer Force et l’Ulster Defence Association prirent pour cible des membres de l’IRA, du Sinn Féin (aile politique de l’IRA) et les civils de la communauté catholique. S’ensuivit un conflit de type guérilla, appelé avec pudeur « Troubles » où explosions, fusillades et autres actes de guerre furent commis par les différents protagonistes.
Plusieurs tentatives pour mettre fin au conflit furent tentées. Mais elles échouèrent toutes durant les années 1970 et 1980.
Années 1990-2000 : Le processus de paix
Dans les années 1990, Londres accepta secrètement de rencontrer les cadres de l'IRA pour négocier un cessez-le-feu durable. Le Sinn Féin tenta de participer aux discussions. Mais il fallut près de huit ans pour que le parti politique s'installe à la table des négociations. Ce qui permit à l'IRA de mettre un terme temporairement au conflit.
Un changement de cadres au sein des partis facilita les négociations qui ont culminé en 1998 avec l’Accord du Vendredi Saint (ou Accord de Belfast). Cet accord entre les partis de l’Irlande du Nord et les gouvernements du Royaume-Uni et de la République d’Irlande prévoyait : un parlement autonome dans la province ; des garanties de droits humains ; des conseils administratifs transfrontaliers en matière d'environnement et de tourisme, des langues régionales (l’irlandais et le scots d’Ulster) ; un conseil britannico-irlandais pour rassembler les gouvernements des îles Britanniques (du Royaume-Uni, de la République d’Irlande, de l’Irlande du Nord, de l’Écosse, du Pays de Galles, de Jersey, de Guernesey et de l’île de Man).
L'accord permet la mise en place d'un système de gouvernement local et de partage du pouvoir entre unionistes et nationalistes. Il fonctionne, sans difficultés, jusqu'en 2002. David Trimble est alors Premier ministre de l'Irlande du Nord. Le 14 octobre 2002, le fonctionnement du parlement autonome est interrompu alors qu'éclate un scandale d'espionnage de l'état-major de l'IRA. Ce retour au contrôle direct de Londres dure quatre ans.
En 2006, de nouvelles négociations aboutissent aux accords de Saint-Andrews qui permettent l'organisation de nouvelles élections en mars 2007, la reprise du fonctionnement de l'assemblée le 7 avril de la même année et finalement la mise en place le 8 mai d'un gouvernement impliquant pour la première fois Ian Paisley, le leader du Democratic Unionist Party. Il devient premier ministre d'Irlande du Nord. Le vice-premier ministre est Martin Mc Guiness. Les deux hommes ont célébré la réouverture du Stormont (le parlement nord irlandais) le 29 mai. Leur entente semble cordiale et de bon augure pour l'avenir du pays.44
La violence interconfessionnelle n'est néanmoins pas totalement éteinte. Alors que s'accroît la ségrégation spatiale (entraînant la disparition des quartiers mixtes) et sociale (les jeunes générations communiquant moins que leurs parents avec des membres de l'autre communauté), des Peace Walls sont régulièrement construits pour limiter le risque d'affrontements et des émeutes éclatent régulièrement lors des parades orangistes, en particulier à Portadown, ou encore autour d'écoles catholiques situées dans un quartier protestant.
Un conflit armé
Selon le Police Service of Northern Ireland, de 1969 à 2003, il y a eu 36 923 fusillades, 16 209 attentats ou tentatives d'attentats à la bombe, 2 225 incendies ou tentatives d'incendies volontaires. Entre 1972 et 2003, 19 605 personnes sont mises en examen sur une charge de terrorisme.
Sur les 3 526 morts du conflit, entre 1969 à 2001, selon Malcolm Sutton :
- 2 058 sont tués par les groupes paramilitaires républicains ;
- 1 018 sont tués par les groupes paramilitaires loyalistes ;
- 363 sont tués par les forces de sécurité britanniques ;
- 1 842 sont des civils ;
- 1 114 sont des membres des forces de sécurité britanniques ;
- 393 sont des paramilitaires républicains ;
- 167 sont des paramilitaires loyalistes.
Le Northern Ireland Annual Abstract of Statistics compte entre août 1969 et 2002, 22 539 vols à main armée pour un total de 43 074 000 livres sterling dérobées.
Selon le Police Service of Northern Ireland, les forces de sécurité saisissent, entre 1969 et 2003, 12 025 armes à feu et 112 969 kilos d'explosif.
Historiographie du conflit
Les recherches sur le conflit se sont longtemps concentrées sur la violence militaire et paramilitaire. Si le fonctionnement des groupes républicains (IRA provisoire et Irish National Liberation Army en particulier) est principalement étudié, l'analyse des groupes loyalistes s'est concentrée sur leurs activités purement criminelles. L'Armée britannique et la police nord-irlandaise sont étudiées tant du point de vue structurel et stratégique que sur les multiples controverses qu'elles suscitent. Avec la fin relative du conflit, on observe une baisse de l'analyse de la violence militaire et paramilitaire au profit de recherches sur l'évolution de l'Irlande du Nord après les accords de paix. Les sciences sociales sont mobilisées pour expliquer les violences, les relations entre les deux communautés et la situation « post-conflit », selon différentes approches (socio-économique, géographique et identitaire). La ségrégation identitaire de la société nord-irlandaise est un des axes majeurs d'analyse du conflit et du pays.45
La victoire du Sinn Féin
Le 5 mai 2022, pour la première fois depuis l’accord de paix de 1998, les élections au Parlement nord-irlandais ont vu le parti nationaliste Sinn Féin (SF) se classer en tête, avec 29 % des voix et 27 sièges sur 90, devant les unionistes du DUP, en net recul avec 21 % des voix et 25 sièges.
La logique voulait donc que la dirigeante de SF, Michelle O’Neill, prenne la tête d’un nouveau gouvernement.
Mais tout est très compliqué dans cette petite province du Royaume-Uni, artificiellement séparée du reste de l’Irlande par l’impérialisme britannique depuis un siècle exactement. Certes, la victoire électorale du Sinn Féin est indiscutable. Elle résulte largement d’un phénomène démographique : la proportion des catholiques, en général d’origine irlandaise et favorables au rattachement de l’Irlande du Nord à la République d’Irlande, est en augmentation par rapport aux protestants, en général d’origine anglaise ou écossaise et favorables au maintien de l’union avec la Grande-Bretagne au sein du Royaume-Uni. Qui plus est, le SF, longtemps vitrine légale de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), a fait une campagne moins centrée sur la cause nationaliste que sur ce qui préoccupe le plus la population aujourd’hui, toutes confessions confondues : le pouvoir d’achat.
En face, le principal parti unioniste, le DUP, s’était focalisé uniquement sur une dénonciation du protocole nord-irlandais inclus dans le traité du Brexit. C’est un échec, le DUP avait choisi d’appuyer la campagne de Johnson pour le Brexit, et sa base se sent désormais flouée par l’accord passé entre Londres et Bruxelles. Car, pour ne pas réintroduire de frontière dure entre le nord et le sud de l’Irlande et ne pas susciter la colère des nationalistes irlandais, ce protocole fait passer la frontière entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en pleine mer d’Irlande, donc entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne – une atteinte à l’intégrité du Royaume-Uni que l’électorat unioniste trouve intolérable.
Pourtant, malgré un résultat sans appel, la formation d’un gouvernement conduit par le SF n’était pas immédiat. L’accord de 1998 stipule en effet, au nom de la paix entre les communautés, que si le Premier ministre est unioniste, le vice-Premier ministre doit être nationaliste, et vice versa. Cette décision de graver dans le marbre des institutions les appartenances politico-religieuses est non seulement réactionnaire, mais impraticable. Depuis 1998, l’obligation de former un tandem a souvent débouché sur une vacance du pouvoir, et un retour à une gestion de la province directement par Londres. C’est le cas depuis février 2022, quand le Premier ministre DUP Paul Givan a présenté sa démission, par refus du protocole nord-irlandais. Le DUP a d’ailleurs déclaré qu’il refusait de revenir au gouvernement tant que les contrôles douaniers en mer d’Irlande n’avaient pas été abolis.46
Sources