Antiquité
L’histoire écrite de l’Écosse commence avec l’arrivée des Romains en Grande-Bretagne. Ils occupent et administrent les territoires de l’Angleterre et du Pays de Galles actuels sous le nom de province de Bretagne. Après la conquête de l'Angleterre (env. 45 après J.-C.) par Claude, les Romains n'ont pas réussi ou n'ont pas souhaité pacifier l'Écosse1. Ils se sont retranchés derrière le mur que l'empereur Hadrien fit édifier vers 120 après J.-C., sorte de « muraille de Chine » qui réussit à contenir tant bien que mal les Pictes jusqu'en 364.
Moyen Âge
Au Moyen Âge, l'ensemble humain de ce qui devient l'Écosse est composé de peuples différents : des Celtes (les Picti, les Bretons, les Scots venus d'Irlande), et des Nordiques (à la suite des invasions norvégiennes des Orcades et de l'écosse).2
Émergence du royaume d'Alba
Le mythe de la trahison de MacAlpin montre la naissance d’Alba, quand le roi de Dal Riada, Kenneth MacAlpin, conquiert les territoires pictes (843).
Au départ, ce nouveau royaume correspond à la partie de l’Écosse située au nord des fleuves Forth et Clyde. Au sud-ouest se situe le royaume brittonique de Strathclyde tandis que le sud-est appartient au royaume brittonique de Bernicie autour de 638, puis du royaume de Northumbrie. Les territoires du sud-est sont revendiqués par les Écossais dès l'époque de Constantin II et tombent finalement entre leurs mains en 1018, quand Malcolm II étend le territoire du royaume d’Alba jusqu’à la rivière Tweed. Cette frontière est toujours la frontière sud-est de l’Écosse à l'heure actuelle (à l’exception d’une zone autour de Berwick-upon-Tweed).
L’Écosse termine son expansion pour atteindre les limites géographiques actuelles avec l’intégration du royaume de Strathclyde. En 1034, Duncan Ier, roi de Strathclyde, hérite du royaume d’Alba par son grand-père maternel, Malcolm II. À l’exception des Orcades, d’une partie des Hébrides, des comtés de Caithness et Sutherland, détenus par les Vikings, l’Écosse reste unifiée.
Macbeth, dont la famille est évincée du trône par Malcolm II, tue Duncan lors de la bataille de Pitgaveny en 1040. Il règne ensuite pendant 17 ans jusqu’à ce que le fils de Duncan, Malcolm III, prenne le dessus. Dans Macbeth, William Shakespeare évoque ces événements sans trop respecter la vérité historique.
L'influence anglo-normande
La victoire de Malcolm annonce un tournant majeur dans l’histoire de l’Écosse, qui se déroule au cours des douze années suivantes. En effet, s’appuyant sur l’aide de la Northumbrie pour regagner le trône, l’Écosse devient un sujet de convoitise constant de la part des dirigeants anglais, la réciproque étant également vraie.3
Les guerres d'indépendance
Les Guerres d’indépendance de l’Écosse furent une série de campagnes militaires qui opposèrent l’Écosse à l’Angleterre durant la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle.
La Première Guerre (1296-1328) débuta avec l’invasion anglaise de l’Écosse et se termina avec la signature du traité d’Édimbourg-Northampton en 1328. La Deuxième Guerre (1332-1357) éclata lors de l’invasion d’Édouard Balliol, soutenu par les Anglais, en 1332, et se termina en 1357 à la signature du traité de Berwick. Ces guerres firent partie d’une grande crise nationale pour l’Écosse et l’époque fut décisive pour l’histoire du pays. À la fin des deux guerres, l’Écosse maintint son statut de nation libre et indépendante, ce qui fut son objectif tout au long du conflit. Ces guerres furent notables pour d’autres raisons, comme l’émergence de l’arc long en tant qu’élément clé de l’armement médiéval.4
Fin du Moyen Âge
En 1468, la dernière extension du territoire écossais a lieu quand Jacques III épouse Marguerite de Danemark, recevant les Orcades et les Shetland pour dot. Après la mort de celui-ci, assassiné en 1488, son successeur Jacques IV réussit finalement à mettre un terme à la quasi-indépendance du Lord des Îles, amenant ainsi l’intégralité des Hébrides sous contrôle royal pour la première fois. En 1503, il épouse la fille de Henri VII d'Angleterre, Marguerite Tudor, établissant ainsi les bases de l’union des Couronnes d’Angleterre et d’Écosse. Le règne de Jacques IV est généralement considéré comme une période de développement culturel ; c’est d’ailleurs à cette époque que l’Écosse s’ancre à la Renaissance européenne. Jacques IV est le dernier roi écossais connu sachant parler le gaélique écossais, bien que selon certains son fils en ait également été capable.
En 1512, dans un traité étendant les attributions de l’Auld Alliance, tous les ressortissants de l’Écosse deviennent également ressortissants français, et vice versa. Ce statut n’est supprimé qu’en 1903 par la France et ne l'est peut-être pas encore en Écosse. Toutefois, une année plus tard, cette alliance a des effets désastreux pour cette dernière quand il est demandé à Jacques IV d’envahir l’Angleterre afin de soutenir la France, attaquée par Henri VIII. L’invasion est stoppée à la bataille de Flodden Field, où le roi, nombre de nobles et quelque 10 000 soldats — les Flowers of the Forest, commémorés par la chanson The Flooers o' the Forest — sont tués. L’impact du désastre atteint toute l’Écosse en raison du grand nombre de morts, et le pouvoir tombe une fois de plus dans les mains de régents.
À partir de 1554, Marie de Guise prend la régence du trône d’Écosse et continue à favoriser les intérêts français. L’influence culturelle française se traduit par une large imprégnation du Scots par le vocabulaire français. Toutefois, un sentiment anti-français monte, particulièrement parmi la communauté protestante, qui voit en l’Angleterre leur allié naturel. En 1560, Marie de Guise meurt et avec elle l’Auld Alliance lors de la signature du traité d’Édimbourg. Marie Ire, âgée de 19 ans et récemment veuve, revient en Écosse afin d’y prendre le pouvoir dans une ambiance hostile. Après seulement sept années d’un règne mouvementé, au terme duquel les protestants réussissent à prendre le contrôle de l’intégralité du pays, elle est forcée d’abdiquer et s’enfuit en Angleterre, laissant Jacques VI, son jeune fils, dans les mains des régents. La fin du XVIe siècle et le début du XVIIe voient aussi le développement de l'émigration écossaises vers les Plantations d'Irlande.
La réforme
Parallèlement, au cours ce même XVIe siècle, la Réforme atteint l’Écosse. Dans la première moitié du siècle, les écrits de Martin Luther et Jean Calvin commencent à influencer la population. Les exécutions de prêcheurs protestants, particulièrement le luthérien Patrick Hamilton en 1527 et plus tard le calviniste George Wishart en 1546, condamnés pour hérésie et brûlés sur le bûcher à Saint Andrews par le cardinal Beaton, n’entravent en rien la montée du mouvement. Le cardinal David Beaton est d’ailleurs assassiné peu après l’exécution de George Wishart.
La Réforme de l’Église écossaise est entérinée par le Parlement à partir de 1560, alors que Marie Ire est encore mineure. Le personnage le plus influent de cette période est John Knox, disciple à la fois de Calvin et de George Wishart. Le catholicisme n'est toutefois pas éradiqué et reste fortement implanté dans des régions des Highlands.
Durant tout le règne de Marie Ire, catholique, la Réforme reste précaire ; son fils Jacques VI est cependant élevé dans la tradition protestante. À la mort d’Élisabeth Ire d’Angleterre, en 1603, ce dernier hérite de la Couronne d’Angleterre. Il y règne sous le nom de Jacques Ier, unifiant ainsi les deux pays. Il reste à l’époque le seul lien entre ces deux nations indépendantes, mais ceci préfigure la future union de l’Angleterre et de l’Écosse sous la bannière du Royaume-Uni de Grande-Bretagne en 1707.
Une des principales différences est d’ordre religieux. Alors que les deux pays sont protestants, l’Église d’Angleterre n’adopte pas le calvinisme comme celle d’Écosse. Elle conserve notamment sa gouvernance épiscopale tandis que les Écossais sont en majorité presbytériens. Les monarques suivants de la lignée Stuart tentent d’imposer le pouvoir des évêques sur l’Église écossaise, avec un succès limité.
La guerre des évêques
Peu après le début de son règne, la tentative de Charles Ier, roi d’Angleterre et d’Écosse, d’imposer aux églises écossaises des livres de prières dans le style anglais provoqua des émeutes dans tout le pays. Des représentants des différentes classes sociales de la société écossaise créèrent le mouvement des covenanters, réassurant une pratique religieuse presbytérienne. Charles Ier rassembla des forces militaires mais opta la veille de l’invasion pour la négociation. Les notables écossais campèrent sur leurs positions. Charles Ier utilisa la force mais ses troupes furent repoussées après un affrontement indécis. À la suite de la « guerre des évêques », Charles Ier tenta de recruter une armée de catholiques irlandais, mais fut forcé de faire machine arrière après un vent de protestation en Angleterre et en Écosse. Ces opérations risquées eurent pour conséquence une rébellion en Irlande, ce qui obligea Charles Ier à convoquer le Parlement anglais afin d’obtenir des fonds, en échange de quoi celui-ci exigea des réformes politiques, ce qui conduisit à la première révolution anglaise. Cette série de guerres civiles qui frappèrent la Grande-Bretagne dans les années 1640 et 1650 est désignée par les historiens britanniques sous le nom de Guerres des Trois Royaumes (Wars of the Three Kingdoms), tandis que les Français confondent souvent, sous le terme de « guerre civile anglaise » l’ensemble de ces affrontements. Les covenanters furent durant cette période seuls à gouverner l’Écosse et levèrent une puissante armée afin d’imposer leurs pratiques religieuses aux chrétiens épiscopaliens et aux catholiques du nord-ouest du pays.
L'occupation de Cromwell et la restauration de la monarchie
Les covenantaires s’opposent à l’arrestation puis à l’exécution de Charles Ier en 1649 par le parlement anglais. Les Stuart sont en effet d’ascendance écossaise et ont promis une alliance avec eux contre le parlement anglais. Le fils aîné de Charles Ier est proclamé roi sous le nom de Charles II à Édimbourg. Oliver Cromwell envahit alors l’Écosse en 1650. Il vainc l’armée écossaise dans une série de batailles à Dunbar et Worcester .
Lors de son écroulement, et avec le rétablissement de Charles II, l’Écosse regagne son indépendance et son parlement, même si les Navigation Acts anglais empêchent les Écossais d’amorcer ce qui aurait été un commerce lucratif avec les colonies anglaises grandissantes. La frontière entre les deux pays est rétablie, avec des droits de douane qui protègent l’industrie textile écossaise des importations anglaises à bas coût mais empêche l’accès du bétail et de la laine écossaise au marché anglais.
Charles II ignore l’Écosse pour les deux décennies qui suivirent, préférant se consacrer à l’accroissement de ses pouvoirs en Angleterre. Cependant, son frère Jacques, en tant que Duc d’York, institue la Commission pour la pacification des Highlands qui travaille en coopération avec les chefs des clans écossais. Charles II, toutefois, continue la politique de son père de réintroduire une hiérarchie épiscopalienne dans l’Église d’Écosse. En dépit du fait que celle-ci n'est pas sans soutien au sein de la société écossaise, elle provoque une autre rébellion presbytérienne dans le sud de l’Écosse en 1679. Charles contient cette rébellion et massacre les covenantaires dans un épisode connu sous le nom de the Killing Time. Quand il meurt en 1685, son frère, catholique, lui succède sous le nom de Jacques VII d’Écosse (ou Jacques II d’Angleterre).
La fin du XVIIe siècle est une période économiquement difficile pour l’Écosse. Les mauvaises récoltes des années 1690 provoquent une famine aiguë et une dépopulation. Le protectionnisme anglais écarte les Écossais des nouvelles colonies, et la politique étrangère anglaise interrompt le commerce avec la France. Beaucoup d’Écossais émigrent alors en Ulster. En 1695, le parlement écossais vote un certain nombre de lois dans le but de remédier à la situation économique désespérée, créant les bases de la Banque d’Écosse. L’Act for the Settling of Schools établit un système éducatif paroissial dans toute l’Écosse. La Company of Scotland reçoit le droit à une levée de fonds par souscription publique pour commercer avec l’Afrique et les Indes. Par le Projet Darién à Panama, l'Écosse participe à la révolution financière britannique. Son échec précipite l'Acte d'Union de 1707 qui voit les parlements des deux nations fusionner.
Les colonies écossaises
Afin de s’étendre, les Écossais envoient auparavant des colons dans les colonies anglaises du New Jersey et en établissent une colonie, qui ne se perpétue pas, à Stuart's Town dans l’actuelle Caroline du Sud. La Company of Scotland se trouve rapidement impliquée dans le Darién Scheme, un ambitieux plan de William Paterson visant à établir une colonie sur l’isthme de Panama dans le but de nouer des relations commerciales avec l’Extrême-Orient — principe qui guidera bien plus tard le percement du canal de Panama ; elle trouve facilement des fonds à Londres. Le gouvernement anglais s’oppose toutefois au Projet Darién : impliquée dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg entre 1689 et 1697 contre la France, il ne veut pas offenser l’Espagne, qui revendique le territoire comme faisant partie de sa colonie de Nouvelle-Grenade. Les investisseurs anglais se désistant, la Company of Scotland retourne à Édimbourg où elle lève 400 000 livres en quelques semaines. Trois petites flottes embarquant 3 000 hommes débarquent finalement à Panama en 1698. L’entreprise tourne au désastre. Mal équipés, sous une pluie incessante, subissant les attaques des Espagnols depuis leur colonie de Carthagène et s’étant vu refuser l’aide des Anglais présents dans les Antilles, les colons abandonnent leur projet en 1700 ; seuls 1 000 hommes survivent, et un seul navire réussit à regagner l’Écosse. Un vaisseau en perdition, ayant appelé Port Royal à l’aide, se la voit refuser sur ordre du gouvernement anglais. Réalisant les dangers d’avoir à gouverner deux royaumes ayant des revendications et des buts conflictuels, Guillaume d’Orange appelle à l’union de l’Angleterre et de l’Écosse, en vain. Quand elle se réalise, en 1707, avec un seul parlement pour les deux pays, l’union rétablit le libre-échange entre les deux pays, et donne aux Écossais accès à l’Empire anglais naissant.
L'union, la dynastie des Hanovre et les jacobites
Dès 1692, le roi catholique d'Angleterre s'était allié à Louis XIV, son cousin, pour renverser la nouvelle monarchie parlementaire protestante, mais avait échoué à la Bataille de la Hougue. Dans la première partie du XVIIIe siècle, les rois catholiques d'Angleterre vont encore tenter trois fois de remonter sur le trône, en débarquant à chaque fois en Écosse, avec des troupes françaises, pour s'allier aux jacobites écossais, en 1708, 1715 et 1745.
Vers 1700, la monarchie protestante semble devoir s’éteindre avec la reine Anne Ire. Au lieu de retourner vers son frère Jacques François Stuart, catholique, le parlement anglais décide que la Couronne revient à Sophie de Hanovre et à ses descendants (Act of Settlement de 1701). Cependant, son pendant écossais, l’Act of Security, interdit simplement un successeur catholique, laissant ouverte la possibilité à une séparation des Couronnes.
Plutôt que de risquer le possible retour de Jacques François Stuart, vivant alors en France, le parlement anglais pousse à l’union des deux pays. En 1707, en dépit d’une forte opposition en Écosse, le traité d’union est conclu5. L'échec du projet darien a joué un rôle majeur dans cette union. En effet, l'échec de l'expédition a ruiné les actionnaires et causé la faillite de l’Écosse, permettant à l'Angleterre de se poser en sauveuse lors de l'Acte d'Union de 1707, voté par le parlement écossais. Pendant sept ans, William Paterson, l'un des rares survivants, met tout en œuvre pour parvenir à cette issue, sur fond de tentatives successives de débarquement des troupes jacobites exilées en France. Le texte prévoit que les actionnaires de la Compagnie du Darien seront non seulement indemnisés complètement, à hauteur des 398 000 livres souscrites, mais recevront un intérêt de 5 %, dans l'attente qu'une solution soit trouvée, sous forme de nouvelle société. Plutôt que recevoir cet argent, les principaux actionnaires se sont regroupés dans la Company of Equivalent Proprietors en proposant un échange d'actions, permettant de donner un sens à cette indemnisation.
Les titres de cette nouvelle société sont ensuite échangés contre les actions d'une Scottish Banking Company fondée en 1727. Très vite renommée Royal Bank of Scotland elle est près de trois siècles plus tard la deuxième plus grande banque du Royaume-Uni. Ses archives contiennent plusieurs documents sur le schéma du Darién, qui laisse un souvenir fort en Écosse, au point de donner le nom de Darién à la ville qui est créé en 1730, sur les terres encore vierges de Géorgie puis de l’Acadie lorsque les Anglais s'en emparent après le Grand Dérangement de 1755.
Le traité, qui devient l’Acte d’Union, confirme la succession de la dynastie des Hanovre. Il abolit les parlements d’Angleterre et d’Écosse, et institue à la place celui de Grande-Bretagne. L’Écosse doit avoir 45 sièges dans la Chambre des Communes, ainsi qu’une représentation dans la Chambre des Lords. Ce traité crée également une citoyenneté commune, donnant aux Écossais un libre accès au marché anglais. La position de l’Église d’Écosse ainsi que les lois et la Justice écossaises sont préservées. Cette union est très controversée au sein de la population écossaise, d’autant plus que l’embellie économique attendue ne se concrétise pas immédiatement. Quand celle-ci advient, seuls les Lowlands en profitent.6
Ce cocktail de croissance écossaise encore plus rapide qu'en Angleterre et de concurrence bancaire font que l'Écosse est le pays à adopter le plus vite les billet de banque, après la Hollande. En 1772, elle compte déjà 31 banques dont 21 à Édimbourg. L'une d'elle, l'Ayr Bank fait défaut sur ses billets, aggravant la crise de 1772 via une cascade de faillites en Ecosse puis en Europe. Les écossais sont alors violemment critiqués par les anglais.7
La révolution industrielle, les Clearances et les lumières écossaises
Après la Bataille de Culloden de 1745, les autorités britanniques agissent de manière à supprimer le plus rapidement possible la culture traditionnelle écossaise. Porter du tartan ou de jouer de la cornemuse est interdit. Les chefs claniques sont incités à se considérer comme propriétaires des terres qu’ils contrôlent, jusqu’alors considérées comme bien commun au clan. Les autres habitants sont recrutés, en tant que soldats, pour servir dans le vaste empire britannique.
Quand les chefs de clan convertissent les terres en pâtures à moutons, plus rentables, les habitants dépossédés sont forcés à l’exil. Au cours de ce qui est décrit aujourd’hui comme les « Highland Clearances », la population diminue sensiblement. Dans un premier temps, les habitants émigrent en Virginie (sur le territoire de l'actuelle Virginie-Occidentale), Caroline du Nord et Caroline du Sud. Ils vont également en Nouvelle-Écosse après la guerre de Sept Ans (1756–1763), ainsi que dans les localités de l’est du Québec et dans le Haut-Canada. Une partie d'entre eux vont aussi progressivement être embauchés par les premières usines de la révolution industrielle, souvent de taille modeste, pour la fabrication de textiles en lin, qui se développent en Écosse.
Dans le même temps, la révolution agricole écossaise transforme les Lowlands et fait passer le système traditionnel d’exploitations de subsistance en un ensemble plus stable et productif, ce qui provoque également une migration des habitants, connue sous le nom de « Lowland Clearances ».
Peu après la bataille de Culloden contre les exilés écossais, le Royaume-Uni gagne la guerre de Sept Ans (1756–1763) contre la France et l'Espagne, devenant une grande puissance. Alors que le souvenir de la rébellion des jacobites s’évanouit, les années 1770 et 1780 voient le retour de beaucoup de lois draconiennes passées auparavant. En 1792, la plupart d’entre-elles sont ainsi exhumées, les clergés catholique et épiscopalien ne refusant plus de prier pour le monarque en place, bien que les unitariens soient toujours affectés.
Économiquement parlant, Glasgow et Édimbourg commencent à croître à un rythme élevé vers la fin du XVIIIe siècle. Les Lumières écossaises marquent de leur empreinte les sciences et la philosophie avec des personnages comme Adam Smith, David Hume, James Boswell, James Hutton, Lord Kelvin et James Watt.8
Adam Smith
Adam Smith (5 juin 1723 - 17 juillet 1790) est un philosophe et économiste écossais des Lumières. Il reste dans l’histoire comme le père de la science économique moderne, dont l'œuvre principale, les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, est un des textes fondateurs du libéralisme économique. Professeur de philosophie morale à l’université de Glasgow, il consacre dix années de sa vie à ce texte qui inspire les grands économistes suivants, ceux que Karl Marx appellera les « classiques » et qui poseront les grands principes du libéralisme économique.
Voyage en Europe
Smith et son élève, Charles Townshend, quittent la Grande-Bretagne pour la France en 1764. Ils restent dix-huit mois à Toulouse, ville dont la société lui semble ennuyeuse. Séjournant dans le sud de la France, il rencontre et enthousiasme Voltaire, ainsi qu’une marquise dont il doit repousser les avances. Pendant ce long séjour dans une Provence qui l’ennuie, Smith entame la rédaction d’un traité d’économie, sujet sur lequel il avait été amené à dispenser des cours à Glasgow. Après être passés par Genève, Smith et son élève arrivent à Paris. C’est là qu’il rencontre l’économiste le plus important de l’époque, le médecin de Madame de Pompadour, François Quesnay. Ce dernier avait fondé une école de pensée économique, la physiocratie, en rupture avec les idées mercantilistes du temps. Les physiocrates prônent que l’économie doit être régie par un ordre naturel : par le laissez-faire et le laissez-passer. Ils affirment que la richesse ne vient pas des métaux précieux, mais toujours du seul travail de la terre et que cette richesse extraite des sols circule ensuite parmi différentes classes stériles (les commerçants, les nobles, les industriels). Adam Smith est intéressé par les idées libérales des physiocrates, mais ne comprend pas le culte qu’ils vouent à l’agriculture. Ayant vécu à Glasgow, il a conscience de l’importance économique de l’industrie.
La pensée d'Adam Smith
Bien que connu de son vivant pour ses œuvres de philosophie, la postérité a surtout retenu son talent d’économiste. Les sciences économiques l’ont très rapidement élevé au rang de fondateur. Le courant libéral, autant économique que politique, en a fait un de ses auteurs de référence. Qu’y a-t-il dans La richesse des nations qui justifie une telle postérité ? Paradoxalement, Adam Smith n’a apporté presque aucune idée nouvelle à la philosophie et à l’économie dans son ouvrage. La plupart de ces idées ont déjà été approchées par des philosophes et des économistes comme François Quesnay, John Locke, William Petty, David Hume (avec qui il entretenait des relations amicales), Turgot ou encore Richard Cantillon. La Richesse des Nations mentionne plus d’une centaine d’auteurs auxquels sont empruntées les différentes analyses.
Ce qui donne toute sa valeur à l’œuvre de Smith n’est donc pas son originalité, mais la synthèse de la plupart des idées économiques pertinentes de son temps. La plupart des auteurs qui l’ont précédé ont développé des idées brillantes, mais distinctes de tout système global cohérent, et souvent associées à d’autres conceptions économiques beaucoup moins pertinentes (comme la stérilité de l’industrie chez les physiocrates). Smith corrige les erreurs a posteriori évidentes des auteurs qui l’ont précédé, il approfondit leurs idées et les lie entre elles pour tisser une compilation cohérente. Son mode de pensée repose souvent sur le principe suivant : pour Smith ce qui est sage pour le chef de famille ne peut pas être une folie dans la gestion d’un empire.
La nature et la richesse
Avant Smith, les économistes avaient proposé deux grandes définitions de la richesse. Smith reprend, dans le Livre IV de la Richesse des Nations, une critique des mercantilistes que Schumpeter qualifiera d'« inintelligente », à savoir que la richesse est définie par la possession de métaux et de pierres précieuses, car ce sont eux qui permettent de financer les guerres, ce sont eux qui ont une valeur durable dans le temps et reconnue partout. Il s’agit d’une richesse essentiellement princière. « Jamais les mercantilistes n'ont soutenu cela », souligne Schumpeter. Pour les physiocrates, la production agricole est la seule source de richesse, les autres activités n’étant vouées qu’à la transformation de cette richesse première.
Pour Smith, la richesse de la nation, c’est l’ensemble des produits qui agrémentent la vie de la nation tout entière, c’est-à-dire de toutes les classes et de toutes leurs consommations. L’or et la monnaie ne constituent donc plus la richesse, elles n’ont en elles-mêmes aucune autre utilité que celle d’intermédiaire de l’échange. Adam Smith rejoint donc la vision de la monnaie proposée par Aristote dans l’Antiquité. Pour lui, l'origine de la richesse est le travail des hommes. Il pose ainsi les bases de la doctrine de la valeur travail, qui sera pleinement théorisée au siècle suivant par David Ricardo.
Cette richesse, comment est-elle produite, et comment peut-on l’accroître ? En tentant de répondre à cette question, Smith propose une analyse de la croissance économique. Analysant l’économie de son temps, il distingue trois grandes causes de l’enrichissement de la nation : la division du travail, l’accumulation du capital, et la taille du marché.
La division du travail
La division du travail consiste en une répartition toujours plus spécialisée du processus de production de sorte que chaque travailleur peut devenir spécialiste de l’étape de la production à laquelle il se dédie, accroissant donc l’efficacité de son travail, sa productivité.
Ce qui permet la division du travail, c’est l’échange. Les hommes se répartissent les tâches pour survivre, puis s’échangent les fruits de leur travail. Plus les échanges s’accroissent, plus les hommes sont à même de se consacrer à une tâche particulière et d’espérer des autres la satisfaction de leurs autres besoins.
Il existe toutefois un obstacle à la division du travail, c’est la taille du marché. Plus les hommes sont nombreux, plus ils peuvent se diviser les tâches. Si le marché n’est pas assez grand, le surplus de production permis par une division du travail toujours accrue ne trouvera pas acheteur.
Par ailleurs, la division du travail n’a pas que des avantages. Smith note qu’elle peut avoir des effets désastreux sur l’intellect des ouvriers qui sont abrutis par la répétition de gestes d’une simplicité toujours plus grande. Il invite donc l’État à faire quelque chose pour qu’il en soit autrement, peut-être à mettre en place un système éducatif. Ce faisant, Adam Smith approche la notion d’externalité que développeront plus tard les économistes et qui justifiera en partie l’intervention de l’État.9
Le marché et la « main invisible »
Dans le domaine socio-économique, la main invisible est une expression d'Adam Smith évoquant l'idée que des actions guidées uniquement par l'intérêt personnel de chacun peuvent contribuer à la richesse et au bien-être de tous.10
La notion de « main invisible » est susceptible d'une double interprétation suivant que l'on suppose qu'il y a une discontinuité dans l'œuvre de Smith entre la Théorie des Sentiments moraux et la Richesse des Nations (approche dite parfois Leibnizienne) ou non. Les analystes de Smith ont longtemps débattu sur une éventuelle opposition entre les thèses exposées dans ces deux ouvrages. Ce débat est connu depuis Joseph Schumpeter comme « das Adam-Smith-Problem ». D’un côté, la Théorie des sentiments moraux donne une explication morale au fonctionnement harmonieux de la société, centrée sur le concept de « sympathie », tandis que la Richesse des nations l’explique par un mécanisme économique reposant sur l'intérêt personnel. De multiples interprétations ont été données de ce problème.
La main invisible dans l'approche du libéralisme classique
Cette approche est celle du libéralisme classique et aurait été diffusée « inconsciemment par des milliers d'auteurs de manuels ». Dans cette version, la « main invisible » serait une métaphore par laquelle Smith signifierait que les marchés sont autorégulateurs et conduiraient à l'harmonie sociale.
Selon cette interprétation, comme dans la Théorie des sentiments moraux, Smith se demanderait dans la Richesse des nations comment survit une communauté où chaque individu se préoccupe avant tout de son intérêt égoïste. Toutefois, il avancerait une explication nouvelle et différente de celle proposée dans son ouvrage précédent.
En fait, les actions des individus seraient coordonnées et rendues complémentaires par le marché et ce qu’il appelle la « main invisible ». Selon Smith, les « lois » du marché, associées au caractère égoïste des agents économiques, conduiraient à un résultat inattendu : l’harmonie sociale. La confrontation des intérêts individuels mène naturellement à la concurrence, et cette dernière amène les individus à produire ce dont la société a besoin. En effet la forte demande provoque l’envolée des prix, cette dernière amène donc naturellement les producteurs avides de profits à produire le bien recherché. L’égoïsme d’un individu seul est nuisible, mais la confrontation des égoïsmes mène à l’intérêt général. Si un producteur tente d’abuser de sa position et fait monter les prix, des dizaines de concurrents tout aussi avides de profit en profiteront pour conquérir le marché en vendant moins cher. La main invisible oriente donc le travail vers l’usage le plus utile à la société car c’est aussi celui qui est le plus rentable. Elle règle avec justesse aussi bien les prix, que les revenus et les quantités produites.
Adam Smith avancerait donc l’idée d’un marché « autorégulateur » que n’auraient pas eu les physiocrates. Paradoxalement ce mécanisme, paradigme du libéralisme économique, est très contraignant pour l’individu qui se voit imposer aussi bien son activité que sa rémunération. Il ne s’agit pas de faire ce que l’on veut, car le non-respect des recommandations du marché mène à la ruine. En fait, « l’individu est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ».
L’idée que l’économie puisse être régulée par des mécanismes amoraux n’est pas nouvelle. Bernard de Mandeville l’avait déjà fait remarquer dans sa Fable des Abeilles, où il expliquait comment les vices privés, c’est-à-dire la consommation de richesses, se révélaient être des vertus collectives, susceptibles de stimuler l’activité économique.
Mais cette vision est contestée de nos jours. Tout d'abord, pour Heilbroner, Adam Smith n'est pas l’apôtre d’un capitalisme sauvage. Le principe du marché tel qu’il le décrit s’applique à l’économie artisanale de son époque. Il en a conscience et dénonce les industriels qui par les ententes et les monopoles tentent de contourner la loi du marché à leur seul profit. Ce n’est donc pas l’État qui menace le plus l’économie de marché mais plutôt les industriels, et il revient à l’autorité souveraine de s’assurer du respect des règles du marché.
Le rôle de l'État
Dans le livre V de la Richesse des nations, Adam Smith définit enfin les fonctions d’un État gardien de l’intérêt général (et non de l’intérêt du prince). Il s’agit d’abord des fonctions dites régaliennes (police, armée, justice). L’État doit protéger les citoyens contre les injustices et les violences venant du dedans comme du dehors.
Adam Smith définit donc les devoirs régaliens dans leur sens moderne : la protection des libertés individuelles fondamentales contre les agressions du dedans et du dehors. Pour autant, Smith ne refuse pas à l’État toute intervention économique. Aux devoirs de protéger les citoyens et leurs biens contre les injustices venues de l’intérieur et d’empêcher les invasions d’armées étrangères, Smith attribue à l’État une dernière fonction :
« Le troisième et dernier devoir du souverain est d’entretenir ces ouvrages ou ces établissements publics dont une grande société retire d’immenses avantages, mais sont néanmoins de nature à ne pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou plusieurs particuliers, attendu que, pour ceux-ci, le profit ne saurait jamais leur en rembourser la dépense. »
Avec ce « devoir », Smith justifie clairement un certain interventionnisme de l’État dans la vie économique. Il définit aussi ce que la science économique appellera plus tard le « bien commun ». Selon Smith, le marché ne peut pas prendre en charge toutes les activités économiques, car certaines ne sont rentables pour aucune entreprise, et pourtant elles profitent largement à la société dans son ensemble. Ces activités doivent alors être prises en charge par l’État. Il s’agit surtout des grandes infrastructures, mais l’analyse peut s’étendre aux services publics.
L'héritage d'Adam Smith
Adam Smith n’a pas fait naître le libéralisme économique. Déjà Montesquieu écrivait en 1748 dans De l'esprit des lois : "Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers." Puis le physiocrate Vincent de Gournay avait demandé aux gouvernants de « laisser faire les hommes » et de « laisser passer les marchandises », mais il ne s’agissait alors que de dénoncer le système des corporations et d’encourager la libre circulation des grains dans les provinces d’un unique royaume. Et Turgot écrivait en 1759 dans l'Éloge de Vincent de Gournay : « L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement, toujours fautives et nécessairement dirigées par une théorie vague et incertaine ». On considère néanmoins que c’est Adam Smith qui, en faisant de l’initiative privée et égoïste le moteur de l’économie et le ciment de la société, achève d’énoncer le dogme libéral.
Sur le plan intellectuel, l’influence la plus directe d’Adam Smith se manifeste dans l’inspiration que trouvent dans la Richesse des nations les économistes des décennies suivantes. Parmi eux se réclament de Smith des auteurs dont la célébrité deviendra presque aussi grande comme Thomas Malthus, David Ricardo et John Stuart Mill en Angleterre, Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat en France. Ces auteurs libéraux donnent une impulsion sans antécédents à la science économique en discutant dans leurs ouvrages les avis de celui qu’ils nomment le Dr Smith. Karl Marx, lui-même admirateur d’Adam Smith, les qualifie de « classiques », bien que ses propres travaux, fondés sur la méthode « scientifique » et rigoureuse des classiques, l’amènent à prôner une doctrine, le communisme, opposée au libéralisme.
Le plus étonnant est de retrouver dans la Richesse des nations nombre de petites phrases qui semblent annoncer les grandes idées économiques des siècles futurs. Quelques exemples :
Au début des années 1980, les « théoriciens de l’offre » avancèrent l’idée que des taux de prélèvements obligatoires trop élevés, en décourageant l’activité, peuvent finalement engendrer des recettes fiscales inférieures à celle d’un impôt plus modéré. Cette théorie modélisée par la courbe de Laffer, popularisée par la célèbre formule « trop d’impôt tue l’impôt » et qui motiva une partie de la politique économique de Ronald Reagan n’avait rien de nouveau. En 1776, Smith écrivait déjà :
« L’impôt peut entraver l’industrie du peuple et le détourner de s’adonner à de certaines branches de commerce ou de travail, qui fourniraient de l’occupation et des moyens de subsistance à beaucoup de monde. Ainsi, tandis que d’un côté il oblige le peuple à payer, de l’autre il diminue ou peut-être anéantit quelques-unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire. »
Plus généralement c’est le concept du marché, comme mécanisme de base de la société tout entière qui devint le sujet de prédilection des économistes qui depuis lors s’intéressent à ses imperfections, à ses incapacités, et à son inexistence relative dans l’économie réelle où les situations de monopoles sont courantes.
Si nombre d’économistes admirent Smith, c’est peut-être parce que nombre de courants peuvent y voir le père de leurs idées. Les libéraux le saluent comme celui qui a mis en lumière l’importance du marché comme mode de régulation automatique de la société, ceux recommandant une intervention modérée de l’État peuvent pourtant rappeler que Smith en a aussi souligné les imperfections éventuelles et a appelé la puissance publique à les corriger.
Influence politique
En Angleterre, l’idée selon laquelle la recherche du profit individuel se fait au profit de la nation tout entière devient le dogme de la bourgeoisie capitaliste, qui y trouve une justification. De cette façon, les idées de Smith ont été profondément détournées. Le concept de la main invisible, qui devint si chère aux défenseurs de l’entrepreneuriat capitaliste, ne s’appliquait qu’à l’économie essentiellement artisanale de l’époque d’Adam Smith, qui se méfiait lui-même des industriels et de leurs manigances visant à établir des ententes et des monopoles afin de s’affranchir des contraintes du marché et d’imposer leurs prix. Bien que caricaturée, l’analyse smithienne du marché permit une longue et progressive transition des législations économiques, notamment en Angleterre, qui furent favorables à la Révolution industrielle et à la libre-entreprise.
Quelle étendue peut-on prêter à l’influence d’Adam Smith sur le monde ? L’économiste britannique John Maynard Keynes écrit au XXe siècle :
« Qu’elles soient justes ou erronées, les idées des théoriciens de l’économie et de la politique exercent une puissance supérieure à celle qu’on leur prête communément. En fait, ce sont elles qui mènent le monde ou peu s’en faut. Tel pragmatique déclaré, qui se croit libre de toute influence théorique, suit en fait aveuglément un économiste défunt. Tel maniaque de l’autorité, qui entend des voix, ne tire en fait sa frénésie que d’un docte barbouilleur de papier des années précédentes. Je suis certain qu’on s’exagère l’influence des intérêts acquis par rapport à l’emprise progressive des idées. »11
Adam Smith est considéré comme le père du libéralisme économique, il considérait que les libertés économiques (libre-échange, liberté d'entreprendre, libre choix de consommation, de travail, etc.) étaient nécessaires au bon fonctionnement de l'économie et que l’intervention de l’État devait y être aussi limitée que possible.
L'idéologie d'Adam Smith règne sur le monde. Actuellement, « le libre-échange permet l'ouverture de toutes les frontières commerciales par la disparition graduelle des droits de douane, des obstacles non tarifaires de biens et de services, indépendamment de toute considération sociale, écologique et de droits humains. Ainsi, l'intégrisme libre-échangiste détruit-il – c'est son objectif avoué – la capacité des États à définir des politiques économiques autonomes répondant aux aspirations de leurs citoyens.
La libre circulation des capitaux, c'est la totale latitude laissée à leurs détenteurs de les placer, de les investir où ils veulent, ou de les retirer, sans la moindre contrainte posée par les pays d'accueil, dont certains sont des paradis fiscaux.
Tout se tient : la production se fera là où le travail est le moins cher, là où le droit du travail est le moins appliqué, là où les normes environnementales et fiscales sont les plus laxistes, et là où l'ordre règne. La parfaite mobilité des capitaux conduit ainsi à la mise en concurrence directe des travailleurs et des systèmes sociaux des pays du centre du capitalisme avec ceux de la périphérie, pour le plus grand profit du capital financier. »12
Le néolibéralisme est parfois employé comme synonyme de nouveau libéralisme.
Le néolibéralisme est une forme radicalisée de libéralisme économique.
« Les principes de base du néolibéralisme se résument en peu de mots : le marché est bon, l'État est mauvais. Alors que la protection sociale était considérée comme un critère de progrès dans la société, on la dénonce, aujourd'hui, comme un encouragement à la paresse et un obstacle à l'effort. Alors que l'impôt était considéré comme un moyen essentiel pour concilier développement économique et justice sociale, il est aujourd'hui accusé de freiner l'action des plus dynamiques, des plus entreprenants. Il faut réduire l'impôt et le champ des lois sociales, et déréglementer, c'est-à-dire faire reculer l'État sur toute la ligne pour que le marché puisse libérer les énergies créatrices de la société. Dans la majorité des pays, on prétend aujourd'hui que, ni sur le plan économique, ni sur le plan social, l'État ne doit plus intervenir. Il faut privatiser et livrer au jeu du marché la santé, l'éducation, l'information. »13
Le néolibéralisme est issu d'un mouvement lancé par Milton Friedman dans les années 1950 afin de permettre au capital international de « reconquérir les terres libres hautement profitables et hors-droit qu'Adam Smith, ancêtre des néolibéraux d'aujourd'hui, admirait tant mais assortie d'une manipulation. Au lieu de traverser des "nations sauvages et barbares", où les lois occidentales n'existent pas (solution désormais inenvisageable), le mouvement s'est donné pour tache de démanteler systématiquement les lois et les règlements existants afin de recréer l'absence de lois d'antan. Là où les colonisateurs de Smith engrangeaient des profits mirobolants en acquérant "presque pour rien des terres incultes", les multinationales d'aujourd'hui considèrent les programmes gouvernementaux, les actifs publics et tout ce qui n'est pas à vendre comme des territoires à conquérir et à confisquer : la poste, les parcs nationaux, les écoles, la sécurité sociale, l'aide aux sinistrés et tout ce qui est administré publiquement. »14
« Dans la logique économique du néolibéralisme, l'État fait figure de territoire colonial que l'entreprise conquistador pille avec la même détermination et la même énergie impitoyable que mettaient ses prédécesseurs à rapporter chez eux l'or et l'argent des Andes. Là où Adam Smith voyait les terres vertes fertiles des pampas et des prairies transformées en pâturage rentables, Wall Street voit le réseau téléphonique chilien, la compagnie aérienne de l'Argentine, les champs pétrolifères de la Russie, les aqueducs de la Bolivie, les ondes publiques des États-Unis. Et les usines de la Pologne – bâtis par le public, puis vendus pour une bouchée de pain – comme autant d'"occasions" à la mesure de ces terres verdoyantes. Il ne faut pas oublier non plus les trésors qu'on crée de toutes pièces en obtenant de l'État qu'il brevette ou fixe le prix de formes de vie et de ressources naturelles qu'on n'avait jamais osé envisager comme des produits – les semences, les gènes et même le carbone présent dans l'atmosphère terrestre. En cherchant sans relâche de nouvelles sources de profits dans le domaine public, les néolibéraux sont pareils aux cartographes de l'époque coloniale qui suivaient de nouveaux cours d'eau en Amazonie ou marquaient l'emplacement d'une cache d'or dans un temple inca. »15
« Dans une grande partie de l'hémisphère sud, on qualifie couramment le néolibéralisme de "deuxième pillage colonial" : lors du premier, les richesses furent arrachées à la terre ; lors du second, elles furent dérobées à l'État. Après les courses folles au profit viennent les promesses : la prochaine fois, on adoptera des lois rigoureuses avant que des actifs ne soient vendus, et des régulateurs de même que des enquêteurs au-dessus de tout soupçon superviseront de près toute la démarche. La prochaine fois, on aura recours à la "création d'institutions" avant de privatiser (pour reprendre le langage adopté après la débâcle russe). Mais exiger la loi et l'ordre une fois les profits engrangés à l'étranger, c'est légaliser le vol après coup, un peu comme les colonisateurs européens eurent soins de consolider leurs enquêtes territoriales au moyen de traités. Comme Adam Smith l'avait parfaitement compris n'a rien de problématique. Au contraire, elle fait partie du jeu, au même titre que la contrition et la promesse solennelle de faire mieux la prochaine fois. »16
Désormais, une même oligarchie, l'oligarchie impérialiste, qui dispose du capital financier multinational, règne sur la Terre. « Elle asservit les travailleurs industriels, agricoles, tertiaires d'Occident comme elle exploite, affame, détruit les travailleurs du Tiers Monde. Le degré d'exploitation varie : le travailleur du centre est aliéné, privé de tout pouvoir économique, politique, financier réel, soumis à la monocratie patronale, harcelé par les cadences de production privé d'avenir réduit à sa pure fonctionnalité marchandise ; mais en Occident, la pénurie est vaincue. On meurt de solitude, de désespoir, d'accidents du travail, de l'empoisonnement de l'air... pas de faim. Dans les sociétés du Tiers Monde, la situation est tout autre : les sociétés multinationales y pratiquent une stratégie d'exploitation qui pille l'État et saigne le peuple.(…) Au pied des gratte-ciel de Caracas, de Kinshasa, de Dakar, de Kuala Lumpur, la mer morte des bidonvilles s'étend de jour en jour. Un immense peuple de la nuit retiré de l'Histoire, enfermé dans une souffrance muette, subit sa lente et irréductible agonie. »17
Ce sont les conséquences du libéralisme économique qui a permis aux capitalistes de confisquer les richesses de la Terre en imposant la loi du plus fort.
Le mot « liberté », utilisé à toutes les sauces du libéralisme, peut donc faire croire que nous sommes libres, alors que la réalité de l’analyse des rapports sociaux actuels, montre que nous n’avons jamais été autant prisonniers de ce système18. L’imagerie de l’esclave prisonnier de ses chaînes, n’est pas démodée, dès lors que l’on substitue aux chaînes rouillées, l’actuel enfermement de la pensée et des idées, dont l’objectif est de masquer les chaînes bien réelles, mais invisibles – à l'instar de l'extermination de millions d'esclaves chaque année, rendue invisible par le régime capitaliste pour ne pas nous donner l'envie de nous révolter.
Adam Smith, le père du libéralisme économique, est né en ÉCOSSE.
ÉCOSSE = ECO SS E
« ÉCO » est l'abréviation du mot « ÉCONOMIE ».
Les SS étaient les soldats nazis.
E = 5
Le E symbolise les 5 doigts de la main de l'électeur.
Dieu nous fait ainsi comprendre qu'en votant pour le libéralisme économique, nous agissons comme des soldats SS en votant pour un système ÉCONOMIQUE responsable de la mort de millions d'êtres humains chaque année, le libéralisme économique permettant à une infime minorité de la population mondiale d'accaparer la majeure partie des richesses de la Terre.
Adam Smith est considéré comme le père du libéralisme économique car il est né avant David Ricardo, mais pour être précis, ils sont tous les deux fondateurs du dogme ultra-libéral qui est au fondement du surmoi collectif des maîtres qui dirigent le monde. « Que dit ce dogme ? Abandonné à lui-même et débarrassé de toute limitation et de tout contrôle, le capital se dirige spontanément et à chaque instant vers le lieu où ses profits seront maximaux. C'est ainsi que le coût comparatif des frais de production détermine le lieu d'implantation de la production marchande. Et il faut constater que cette loi produit des merveilles. Entre 1960 et 2000, la richesse de la planète a ainsi été multipliée par six, les valeurs boursières cotées à New York ont augmenté de 1 000 %.
Reste à régler le problème de la distribution.
Ricardo et Smith étaient deux savants profondément croyants. Glasgow et Londres étaient deux villes peuplées de nombreux miséreux. Leur sort préoccupait profondément les deux savants. Leur recette ? Le trickle down effect, l'effet de ruissellement.
Pour Ricardo et Smith, il existe une limite objective à l'accumulation des richesses. Celle-ci est liée à la satisfaction des besoins. Le théorème s'applique aux individus comme aux entreprises.
Prenons l'exemple des individus. Voici ce que dit le théorème : lorsque la multiplication des pains atteint un certain niveau, la distribution aux pauvres se fait presque automatiquement. Les riches ne pouvant jouir concrètement d'une richesse dépassant par trop la satisfaction de leurs besoins (si coûteux et extravagants soient-ils), ils procéderont eux-mêmes à la redistribution.
Bref, à partir d'un certain niveau de richesses, les riches n'accumulent plus. Ils distribuent. Un milliardaire augmente le salaire de son chauffeur parce qu'il ne sait – au sans précis du terme – plus quoi faire de son argent.
Eh bien, je tiens cette idée pour erronée. Pourquoi ? Parce que Ricardo et Smith lient l'accumulation aux besoins et à l'usage. Or, pour un milliardaire, l'argent n'a rien – ou très peu – à voir avec la satisfaction des besoins, aussi luxueux qu'ils soient. Qu'un pharaon ne puisse voguer sur 10 navires à la fois, habiter dix villas en une journée ou manger 50 kilos de caviar en un repas, reste finalement sans importance. L'usage n'a rien à y faire. L'argent produit de l'argent. L'argent est un moyen de domination et de pouvoir. La volonté de domination est inextinguible. Elle ne rencontre pas de limites objectives. »19
Adam Smith a commis une erreur : le RICHE cumule l'argent, il ne le redistribue pas suffisamment. C'est la raison pour laquelle le père du libéralisme économique est né en ÉCOSSE car Dieu nous fait comprendre qu'en votant pour cette idéologie, nous agissons comme des SS.
En effet, en permettant au RICHE d'accaparer la majeure partie du pain, des milliards d'êtres humains ne récupèrent que les miettes et un enfant meurt de faim toutes les 5 secondes.
ÉCOSSE = ÉCO SS E
E = 5
RICHE = REICH
Le RICHE provoque la mort d'un enfant toutes les 5 secondes donc nous devons fixer des règles pour obliger le RICHE à redistribuer équitablement le pain. Voilà pourquoi il faut mettre un terme au libéralisme économique.
Le chiffre 5 symbolise également les 5 doigts de la « MAIN invisible » qui supprime toute régulation et entraîne la mort d'un enfant toutes les 5 secondes.
Comprenez bien que le libéralisme est fondé sur la recherche de l'intérêt personnel qui selon la légende, serait censé apporter la prospérité au plus grand nombre ; le libéralisme économique vise alors le profit égoïste et non le besoin collectif. Une économie qui se fixerait comme objectif de maîtriser sa production pour nourrir la population, la loger, l'éduquer, la soigner, la transporter, ou la cultiver commencerait par recenser les besoins. Puis elle coordonnerait la production de ses différentes branches, elle la planifierait en gérant l'économie comme un tout, sous le contrôle constant de la population, des choix de celle-ci et de l'évolution de ces choix. Car il ne s'agirait pas seulement de décider de ce qui doit être produit, mais aussi de contrôler constamment et démocratiquement la mise en œuvre de ce qui a été décidé.
Il pourrait y avoir des surproductions dans telle ou telle branche, on peut même dire que pour éviter la pénurie il faudrait qu'il y ait presque constamment des stocks. Les erreurs de planification seraient inévitables car on ne peut pas anticiper toutes les évolutions, y compris dans les envies et les goûts de la population. Mais ces erreurs seraient rectifiées en essayant de limiter au maximum le gâchis.
Dans une telle économie, les producteurs, au sens large, c'est-à-dire tous ceux qui participent à la production de biens ou aux différents services, seraient aussi les consommateurs. L'économie, propriété collective de l'ensemble de la société, serait maîtrisée par la participation active et les décisions démocratiques de tous.
Mais l'économie libérale et capitaliste ne fonctionne pas ainsi. Les moyens de production sont la propriété privée d'une minorité qui les gère en fonction d'un seul critère : l'obtention du profit maximum. C'est une économie de « marché » fondée sur la concurrence.
Dans la recherche du profit, les besoins que cette économie prend en compte sont les besoins solvables, c'est-à-dire de ceux qui peuvent payer. Les autres, les besoins élémentaires d'une large partie de l'humanité n'intéressent pas ceux qui détiennent les moyens de production et qui décident de leur utilisation. C'est la raison pour laquelle des centaines de millions d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable, 800 millions d'hommes, de femmes et d'enfants souffrent de la faim, près de deux milliards n'ont pas accès à l'électricité tandis que les capacités manuelles et intellectuelles de millions de personnes servent à produire des choses inutiles, voire nuisibles, au plus grand nombre. Cela va du yacht toujours plus grand, toujours plus délirant, aux industries d'armement ou encore à la finance.20
Nous devons ainsi mettre un terme au libéralisme économique afin de répondre aux besoins de tous les êtres humains sur Terre, et non permettre à une minorité d'accumuler des profits démesurés en vendant des yachts ou des engins de mort. Actuellement, l'économie de marché, fondée sur la concurrence, n'est pas le fruit d'une organisation consciente et coordonnée : elle résulte de millions de choix individuels ; donc Dieu nous demande de rompre avec le libéralisme pour que l'économie résulte désormais des choix des 8 milliards d'êtres humains sur Terre. Évidemment, le chemin sera long mais c'est l'objectif à atteindre.
Le néolibéralisme, qui dirige actuellement le monde, est une forme radicalisée du libéralisme économique. Friedrich Von Hayek et Milton Friedman sont considérés comme les deux pères du néolibéralisme. Milton Friedman a reçu le prix Nobel d'économie en 1976.
Le père du libéralisme économique est Adam Smith et il a posé les fondements du libéralisme dans son ouvrage La richesse des nations, publié en 1776.
200 ans séparent les années 1776 et 1976.
200 ans est égal à 2400 mois.
Le chef-lieu du département 24 est la ville de PÉRIGUEUX.
Dieu révèle qu'à cause du libéralisme économique, le GUEUX PÉRI par millions chaque année car les richesses mondiales ne sont pas utilisées pour répondre aux besoins fondamentaux de tous les habitants sur Terre.
2400 = 2004
Adolf Hitler est né un 20 04 (20 avril).
Le père d'Adolf Hitler se prénommait ALOIS et il était douanier.
ALOIS = SALOI
Dieu nous montre qu'Adolf Hitler impose SA LOI parce que le libéralisme économique force les pays pauvres à ouvrir leurs frontières au libre-échange, et c'est l'une des raisons pour lesquelles le GUEUX PÉRI en masse chaque année.
L'article suivant vous permettra de mieux comprendre ce message.
Un livre-enquête de Jean Ziegler : "Destruction massive (géopolitique de la faim)" - Seuil, 2011
Synthèse par Serge Lellouche de cette enquête qui démasque le libre-échangisme néolibéral :
Né en Suisse en 1934, Jean Ziegler est un homme politique, altermondialiste et sociologue. Il a été rapporteur spécial des Nations-Unies pour le droit à l'alimentation (de 2000 à 2008). Dans ce contexte, il a pu observer pour ce qu'il est le « libre-échangisme » néolibéral : un très profitable assassinat de masse par la faim. Dans cette synthèse, les phrases à la première personne du singulier sont de lui.
Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné
La destruction, chaque année de dizaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants par la faim, constitue le scandale de notre siècle. Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim alors que l'agriculture mondiale pourrait nourrir sans problème 12 milliards d'êtres humains.
À cette destruction massive, l'opinion publique oppose une indifférence glacée. Tout au plus lui accorde-t-elle une attention distraite lors de catastrophes particulièrement « visibles », comme celle qui, depuis l'été 2011, menace d'anéantissement le chiffre exorbitant de 12 millions d'êtres humains dans cinq pays de la Corne de l'Afrique.
Depuis peu, de nouveaux fléaux se sont abattus sur les peuples affamés de l'hémisphère Sud : les vols de terre par les trusts de biocarburants et la spéculation financière sur les aliments de base. Les dirigeants des sociétés transcontinentales de l'agro-industrie et des Hedge Funds, par leurs actions, engagent la vie et la mort des habitants de la planète. L'obsession du profit, la cupidité illimitée des oligarchies prédatrices du capital financier globalisé l'emportent sur toute autre considération. Dans le même temps, combien de fois n'ai-je entendu à la suite de conférences, des objections du type : « Monsieur, si les africains ne faisaient pas des enfants à tort et à travers, ils auraient moins faim ! ».
Et que dire des seigneurs des trusts agroalimentaires, des dirigeants de l'OMC ou du FMI, des diplomates occidentaux, des requins tigres de la spéculation et des vautours de l'« or vert » qui prétendent que la faim, phénomène naturel, ne saurait être vaincue que par la nature elle-même : un marché mondial en quelque sorte autorégulé ? Celui-ci créerait, comme par nécessité, des richesses dont bénéficieraient tout naturellement les centaines de millions d'affamés... »
« Ce n'est pas seulement la violence immédiate qui a permis à l'ordre de se maintenir, mais que les hommes eux-mêmes ont appris à l'approuver. » (Max Horkheimer).
Le Massacre :
Le droit humain à l'alimentation, définit par l'article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels est certainement le droit qui est le plus constamment et le plus massivement violé sur notre planète. La faim tient du crime organisé. On lit dans l'Ecclésiastique : « Une maigre nourriture, c'est la vie des pauvres, les en priver, c'est commettre un meurtre. C'est tuer son prochain que de lui ôter sa substance, c'est répandre le sang que de priver le salarié de son dû. » (34, 21-22).
Selon l'ONU, le nombre de personnes gravement et en permanence sous-alimentées s'élevait en 2009 à 1023 millions. Mourir de faim est douloureux. L'agonie est longue et provoque des souffrances intolérables. Elle détruit lentement le corps et le psychique. L'angoisse, le désespoir, un sentiment panique de solitude et d'abandon accompagnent la déchéance physique. Chez les enfants sous-alimentés, l'agonie est d'autant plus rapide. Le corps épuise d'abord ses réserves en sucre, puis en graisse. Les enfants deviennent léthargiques, perdent vite du poids, leur système immunitaire s'effondre et les diarrhées accélèrent l'agonie.
Chez l'être humain, les neurones du cerveau se forment entre zéro et cinq ans. Si durant ce temps l'enfant ne reçoit pas une nourriture adéquate, suffisante et régulière, il restera mutilé à vie. Son destin est scellé, il restera un crucifié de naissance. L'espérance de vie en Suisse est de 83 ans ; elle est de 32 ans au Swaziland, petit royaume d'Afrique australe ravagé par le sida et la faim.
La faim est, et de loin, la principale cause de mort et de déréliction sur notre planète. En 2000, l'objectif de l'ONU de réduire de moitié, d'ici 2015, le nombre de personnes souffrant de la faim, ne fut pas atteint.
Qui sont les plus exposés à la faim ? Majoritairement les communautés rurales pauvres des pays du Sud : travailleurs migrants sans terre ou métayers surexploités par les propriétaires. Ainsi dans le nord du Bangladesh, les métayers musulmans doivent remettre à leur land lords hindous vivant à Calcutta, les quatre cinquièmes de leurs récoltes. Le nombre de travailleurs ruraux sans terre est estimé à environ 500 millions de personnes. Ils sont les plus pauvres parmi les pauvres de la Terre.
90% des paysans du Sud ne disposent comme outils de travail, que de la houe, de la machette et de la faux. Seulement 3,8% des terres d'Afrique subsaharienne sont irriguées. L'acheminement des récoltes vers les marchés est un autre grand problème. J'ai vécu en Éthiopie, en 2003, cette situation absurde : à Makele, au Tigray, sur les hauts plateaux martyrisés par les vents, là où le sol est craquelé et poussiéreux, la famine ravageait 7 millions de personnes. Or, à 600 kilomètres plus à l'ouest, au Gondar, des dizaines de milliers de tonnes de teff pourrissaient dans les greniers, faute de routes et de camions capables de transférer la nourriture salvatrice...
Par ailleurs, dans les campagnes d'Amérique centrale et du Sud, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, la violence est endémique. En 2005, au cours de notre séjour au Guatemala, 387 personnes ont été assassinées. Parmi les victimes, quatre jeunes syndicalistes paysans. Des tueurs avaient mitraillé leur voiture dans la sierra de Chuacas. L'ONU évidemment ne fera rien. Planqués dans leurs villas à Ciudad Guatemala, les fonctionnaires onusiens se contentent d'administrer de coûteux programmes dits de développement. Au Guatemala, en 2011, 1,86% de la population possède 57% des terres arables, tandis que 90% des producteurs survivent sur des lopins de 1 hectare ou moins.
Après 2005, la courbe globale des victimes de la faim a grimpé de manière catastrophique, en lien direct avec avec la flambée des prix des aliments de base que sont le riz, le blé et le maïs. En février 2011, la FAO a lancé l'alerte : 80 pays se trouvaient alors au seuil de l'insécurité alimentaire.
Arrêtons nous maintenant sur le cas du Niger. Dans ce magnifique pays du Sahel qui abrite certaines des cultures les plus splendides de l'humanité, seul 4% du territoire national est apte à la production agricole. Le Niger, écrasé par la dette extérieure, subit la loi d'airain du FMI qui a ravagé le pays par plusieurs programmes d'« ajustement structurel » successifs. Le FMI a notamment ordonné la liquidation de l'Office national vétérinaire, ouvrant le marché aux sociétés multinationales privées de la pharmacopée animale. Désormais, les éleveurs nigériens doivent acheter sur le marché libre de Niamey les antiparasitoses, vaccins et vitamines pour traiter leurs bêtes aux prix dictés par les multinationales occidentales. La majorité des éleveurs sont bien incapables de payer les nouveaux prix, avec les conséquences que cela implique sur la santé des bêtes et par extension sur la santé humaine.
À ce pays de famines récurrentes, le FMI a imposé la dissolution des stocks de réserves détenus par l'État, qui s'élevait à 40 000 tonnes de céréales, prévus en cas d'urgence alimentaire. La direction Afrique du FMI à Washington est d'avis que ces stocks de réserves pervertissent le libre fonctionnement du marché. Le commerce des céréales ne saurait être l'affaire de l'État, puisqu'il viole le dogme sacro-saint du libre-échange.
Le Niger est une néocolonie française. En 2011, deuxième pays le plus pauvre du monde, il était pourtant le deuxième producteur d'uranium au monde ! Areva, société d'État française, exerce le monopole d'exploitation des mines d'Arlit. Les redevances payées par Areva au gouvernement de Niamey sont ridiculement faibles. Lorsque, face à cette tutelle, le Niger envisagea des accords d'exploitation minière avec des sociétés chinoises, la sanction fut immédiate, sous la forme d'un coup d'État militaire portant au pouvoir un obscur militaire, qui rompit toute discussion avec les chinois et réaffirma « la gratitude et la loyauté » du Niger vis-à-vis d'Areva.
Le deuxième producteur d'uranium du monde n'a pas été en mesure de financer un projet de mise en place d'un système d'irrigation qui aurait permis l'autosuffisance alimentaire du Niger, mettant à l'abri de la faim 10 millions de Nigériens. La misère des peuples du Niger est à l'origine de la révolte touarègue, endémique depuis dix ans, et de l'infiltration de réseaux liés à Al-Qaïda. Les tueurs d'Al-Qaïda, spécialisés dans la prise d'otages d'européens, recrutent sans peine des jeunes touaregs réduits par la politique d'Areva à une vie de chômage permanent, de désespoir et de misère.
Le réveil des consciences :
La faim comme fatalité : Jusqu'au milieu du siècle passé, la faim était considérée comme un fléau invincible, sur lequel l'homme ne pouvait avoir prise. Plus qu'aucun autre penseur, Thomas Malthus a contribué à cette vision fataliste de l'histoire de l'humanité. Si la conscience collective européenne a pu voir dans ce massacre quotidien une forme de régulation démographique nécessaire, c'est en grande partie à son idée de « sélection naturelle » que nous le devons.
Malthus est né en 1766 dans le sud-est de l'Angleterre. En 1798 parut son célèbre Essai sur le principe de population dans la mesure où il affecte l'amélioration future de la société. Pour le pasteur Malthus, la « loi de la nécessité » est l'autre nom de Dieu : la population croît sans cesse, la nourriture et la terre qui la produit sont limitées. La faim réduit le nombre des hommes. Elle garantit l'équilibre entre leurs besoins incompressibles et les biens disponibles. D'un mal, Dieu ou la Providence font un bien. Pour Malthus, la faim relève de la loi de la nécessité, car la réduction de la population par la faim est la seule issue possible pour éviter la catastrophe économique.
Par voie de conséquence, son Essai contient des attaques virulentes contre l'idée de « lois sociales » qui viseraient à alléger le sort terrible fait aux familles prolétaires des villes. Ainsi il écrit : « Si un homme ne peut pas vivre de son travail, tant pis pour lui et pour sa famille », ou encore : « Le pasteur doit avertir les fiancés : si vous vous mariez, si vous procréez, vos enfants n'auront aucune aide de la société ». « Les épidémies sont nécessaires». Son livre rencontra très vite un immense succès auprès des classes dirigeantes de l'Empire britannique, et ses thèses se diffusèrent dans toute l'Europe. L'idéologie malthusienne servait admirablement les intérêts des classes dominantes et leur pratique d'exploitation. En adhérant à la vison de Malthus, la bourgeoisie pouvait calmer ses propres scrupules et se « libérer » de sa mauvaise conscience : la vraie menace, c'était l'explosion démographique, et l'élimination des plus faibles par la faim était la solution.
En naturalisant le massacre, en le renvoyant à la nécessité, Malthus a déchargé l'Occident de ses responsabilités morales.
Josué de Castro : Ce n'est que juste après la Seconde Guerre mondiale que le tabou de la faim fut brisé, et Malthus, temporairement renvoyé aux poubelles de l'histoire. Les horreurs de la guerre, du nazisme, des camps d'extermination, les souffrances et la faim partagées induisirent un extraordinaire réveil de la conscience européenne. La conscience collective se révolta : « plus jamais ça ! ». Cette révolte imposa aux États la protection sociale de leur population, des normes de droit international et des armes de combat contre la faim. En 1946, 44 États membres de l'ONU, fondée un an auparavant, créèrent l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Celle-ci devait développer l'agriculture vivrière et veiller à l'égale distribution de la nourriture entre les hommes. En 1948, la Déclaration universelle des droits de l'homme consacre, dans son article 25, le droit à l'alimentation. Plus tard, en 1963, les États membres créèrent le Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de l'aide d'urgence. Il allait alors de soi que les peuples ne pouvaient laisser au libre jeu des forces du marché la réalisation du droit à l'alimentation. Des interventions normatives étaient indispensables.
Un homme a tout particulièrement contribué à ce réveil de la conscience : le médecin brésilien Josué Apolônio de Castro. Par son œuvre scientifique, sa vision prophétique et son action militante, il a profondément marqué son époque en brisant la loi de la nécessité et en démontrant que la faim procédait d'abord des politiques conduites par les hommes. Géopolitique de la faim constitue une des grandes œuvres scientifiques de l'après-guerre, dont le succès fut universel. Ce livre fut publié en France en 1952 à l'initiative d'un mouvement chrétien.
Castro y démontrait que la malnutrition et la faim entraînaient pour la société un état de guerre permanent et larvé. Les causes premières en étaient la colonisation, la monopolisation du sol et la monoculture, responsables à la fois de la faible productivité et de l'inégale distribution des récoltes.
Josué de Castro se lança en politique contre les grands propriétaires terriens et les multinationales étrangères qui contrôlaient la majeure partie de la production agricole du Brésil.
Sur le plan international, il fonda en 1957 l'Association mondiale de lutte contre la faim (ASCOFAM), dont la liste des membres comporte notamment l'Abbé Pierre, le père Georges Pire, René Dumont, Tibor Mende ou le père Louis-Joseph Lebret. En 1960, ils parvinrent à persuader l'Assemblée générale des Nations unies de lancer la première Campagne mondiale contre la faim.
Le « plan Faim » d'Adolf Hitler : Sa victoire sur Malthus, Josué de Castro « la doit » aussi à Adolf Hitler. Les nazis, parallèlement à la discrimination raciale, instaurèrent une discrimination en matière alimentaire, séparant rigoureusement des groupes de population bien alimentés, insuffisamment alimentés, affamés ou destinés à être exterminés par la faim. La stratégie de la faim visait à la fois à assurer l'autosuffisance allemande et à soumettre les populations à la loi du Reich.
Une fois la guerre déclarée, Hitler organisa systématiquement le pillage alimentaire des pays occupés. « Une race inférieure a besoin de moins d'espace, de moins de vêtements et de moins de nourriture que la race allemande. » déclarera Robert Ley, responsable du Reichsnährstand, l'organisme chargé de dirigé la bataille du ravitaillement, créé par Hitler dès 1933. La Pologne fut envahie en septembre 1939. Immédiatement, les plaines céréalières furent soumises à l'administration du Reichsnährstand. La famine s'installa dans toute la Pologne.
L'économiste norvégienne Else Margrete Roed décrivit en ces termes l'invasion de la Norvège : « Les allemands fondirent sur le pays, comme une nuée de sauterelles, et ils dévorèrent tout ce qu'ils trouvèrent. Non seulement nous avions à nourrir des centaines de milliers d'allemands gloutons, mais encore les navires allemands qui les avaient conduit chez nous s'en retournaient chargés d'aliments de Norvège. A partir de ce moment, tous les produits disparurent du marché les uns après les autres. »
La consommation de graisse s'effondra : en Belgique, de 30 grammes par jour et par adulte, elle tomba à 2,5 grammes.
Heinrich Himmler avait conçu un plan scientifique d'anéantissement par la faim de certains groupes de populations « indignes de vivre » : le Hungerplan (le plan Faim) s'acharnera prioritairement sur les juifs et les tziganes. Les ghettos juifs, hermétiquement clos et « protégés » par des cordons de SS furent soumis à la « diète noire ». Dans les camps de concentration, de vastes enclos étaient prévus pour y laisser mourir de faim les prisonniers entassés. Certains SS relatent avec force détails dans les journaux de camps rigoureusement tenus, des cas récurrents de cannibalisme qui les font jubiler. Ils voient dans le cannibalisme pratiqué par de jeunes soviétiques mourant de faim la preuve ultime et définitive de la nature barbare de l'homme slave.
Une lumière dans la nuit : les Nations unies : En Europe, le calvaire de la faim ne cessa pas avec la capitulation du Troisième Reich. Les agricultures étaient ravagées, les économies en ruine, les infrastructures détruites. La main d'œuvre agricole manquait cruellement. En France, plus de 100 000 agriculteurs avaient abandonné la terre entre 1939 et 1945, soit que leur ferme eût été dévastée, soit que l'occupant les eût ruinés financièrement. Pendant la guerre, 400 000 agriculteurs français avaient été faits prisonniers, 50 000 tués.
Marqués par la souffrance de la sous-alimentation durant les années sombres du nazisme, les européens allaient rejeter l'idéologie malthusienne de la loi de la nécessité. La construction d'organisations internationales contre la faim s'inscrit dans cet état d'esprit d'après-guerre. Les peuples qui avaient enduré la famine n'acceptaient plus la doxa de la fatalité.
Les ennemis du droit à l'alimentation :
Les croisés du néolibéralisme : Aujourd'hui, on est bien loin de cet élan d'après-guerre. Pour les États-Unis et leurs organisations mercenaires (OMC, FMI, Banque mondiale), le droit à l'alimentation est une aberration. Derrière, se profilent bien sûr les gigantesques sociétés transcontinentales privées. Ces sociétés réalisent des profits astronomiques et exercent un monopole de fait sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, de la production à la distribution au détail en passant par la transformation et la commercialisation des produits. Dix sociétés seulement (parmi lesquelles Aventis, Monsanto, Pioneer et Syngenta) contrôlent un tiers du marché des semences et 80 % du marché des pesticides. Six entreprises contrôlent 77 % du marché des engrais : Bayer, Syngenta, BASF, Cargill, DuPont, Monsanto.
Doan Bui constate au sujet de ces mêmes seigneurs oligarques : « Des semences aux engrais, du stockage à la transformation jusqu'à la distribution finale, elles font la loi pour des millions de paysans de notre planète, qu'ils soient agriculteurs dans la Beauce ou petits fermiers dans le Punjab. Ces entreprises contrôlent la nourriture du monde » (Les Affameurs. Voyage au cœur de la planète faim, Paris, Editions Privé, 2009). Des pieuvres de l'agro-industrie, João Pedro Stedilé dit : « Leur but n'est pas de produire des aliments, mais des marchandises pour gagner de l'argent ».
L'influence de ces sociétés sur les stratégies des organisations internationales est souvent décisives. Elles agissent en adversaires déterminés du droit à l'alimentation. Leur argumentation, relayée par les États-Unis et les organisations interétatiques, est la suivante : la faim est due à une productivité agricole insuffisante. Pour lutter contre la faim, il faut accroître la productivité par une intense industrialisation. Le corollaire sera l'élimination de la myriade de fermes réputées « improductives » de l'agriculture familiale et vivrière. Deuxièmement, la libéralisation aussi complète que possible du marché agricole mondial. Telle une pluie d'or, le marché enfin libéré déversera ses bienfaits sur l'humanité. Tel est le credo.
Les cavaliers de l'Apocalypse : En 2011, la banque mondiale était dirigée par Robert Zoellnick, le FMI par Dominique Strauss-Kahn et l'OMC par Pascal Lamy. Ces trois technocrates de très haut vol, réalistes dépourvus d'états d'âme, disposaient de pouvoir exceptionnels sur les économies des pays les plus fragiles de la planète. Ils avaient en commun la foi libérale chevillée au corps.
Le FMI et l'OMC ont été de tout temps les ennemis les plus déterminés des droits économiques, sociaux et culturels, et notamment du droit à l'alimentation. Leurs dirigeants et leurs fonctionnaires tiennent en horreur toute intervention normative dans le libre jeu du marché. Ils présupposent un combat de boxe qui réunirait Mike Tyson, le champion du monde en titre des poids lourds, et un chômeur bengali sous-alimenté. Les ayatollahs du dogme néolibéral disent que justice est assurée puisque les gants de boxe des deux protagonistes sont de même facture, le temps du combat égal pour eux, l'espace de l'affrontement unique, et les règles du jeu constantes. Alors, que le meilleur gagne ! L'arbitre impartial, c'est le marché.
L'absurdité du dogme néolibéral saute aux yeux. Depuis plus de deux décennies, les privatisations, la libéralisation des mouvements de marchandises, de services, de capitaux et de brevets ont progressé de façon stupéfiante. Une étude d'Oxfam devenue célèbre a démontré que partout où le FMI a appliqué, au cours de la décennie 1990-2000, un plan d'ajustement structurel, de nouveaux millions d'êtres humains ont été précipités dans l'abîme de la faim. Là où sévit le FMI, les champs de manioc, de riz, de mil se rétrécissent. L'agriculture vivrière meurt.
À l'égard des pays les plus pauvres, le FMI joue partout du chantage à la dette : il accorde aux pays surendettés un moratoire temporaire sur leur dette, à condition que le pays surendetté se soumette au plan dit d'ajustement structurel : réduction dans les budgets des pays concernés, des dépenses de santé et de scolarité, suppression des subventions aux aliments de base et de l'aide aux familles nécessiteuses...
La deuxième tâche du FMI est d'ouvrir les marchés des pays du sud aux multinationales de l'alimentation. C'est pourquoi, dans l'hémisphère sud, le libre-échange porte le masque hideux de la famine et de la mort. Haïti est aujourd'hui le pays le plus misérable d'Amérique latine et le troisième pays le plus pauvre du monde. Le riz y constitue la nourriture de base. Or, au début des années 80, Haïti était autosuffisant en riz ; un tarif douanier de 30 % frappait le riz importé. Mais au cours des années 80, Haïti a subi deux plans d'ajustement structurel. Sous le diktat du FMI, le tarif douanier protecteur fut ramené de 30 à 3 %. Entre 1985 et 2004, les importations de riz étranger à Haïti, essentiellement nord-américain et fortement subventionné par le gouvernement, sont passées de 15 000 à 350 000 tonnes par an. En même temps, la production rizière locale s'est effondrée, passant de 124 000 à 73 000 tonnes. La destruction de la riziculture a provoqué un exode rural massif, et le surpeuplement de Port-au-Prince et autres grandes villes du pays a entraîné la désintégration des services publics. Haïti est devenu un État mendiant, subissant la loi de l'étranger. Lorsqu'en 2008 les prix mondiaux du riz ont triplé, le gouvernement n'a pu importer suffisamment de nourriture et la faim s'est mise à rôder du côté de Cité-Soleil, ce gigantesque bidonville au pied de la colline de Port-au-Prince.
Même chose en Zambie, ou ailleurs, ou ici au Ghana : en 1970, 800 000 producteurs locaux fournissaient la totalité du riz consommé au Ghana. En 1980, le FMI a imposé une sévère baisse du tarif douanier et exigea que l'État supprimât toutes les subsides versés aux paysans pour faciliter l'achat de pesticides, d'engrais minéraux et de semences. Aujourd'hui, le Ghana importe plus de 70% du riz consommé dans le pays. L'Afrique entière a dépensé, en 2010, 24 milliards de dollars pour financer sa nourriture importée et la spéculation financière faisant exploser les prix mondiaux des aliments de base, l'Afrique ne pouvait pas, en 2011, importer une quantité suffisante de nourriture. Partout, la violence et l'arbitraire du marché libre de toute contrainte normative, tue.
Quand le libre-échange tue : À Hong-Kong, en décembre 2005, lors d'une conférence ministérielle visant à relancer le cycle des négociations entamé à Doha en 2001, l'OMC s'attaqua à la gratuité de l'aide alimentaire. Selon l'OMC, cette pratique pervertissait le marché. En bref, le PAM (Plan Alimentaire Mondial) ne devait distribuer désormais que des aliments achetés sur le marché. La réaction du PAM fut vigoureuse. À Hong-Kong, les pays de l'hémisphère sud se dressèrent contre les puissances dominantes de l'OMC. La proposition de taxation de l'aide financière fut balayée. Cette fois-ci, Pascal Lamy et les siens furent battus.
Pascal Lamy est le Savonarole du libre-échange. Aucun états d'âme. Cet homme est un homme de pouvoir dont seuls les rapports de force l'intéressent. Il a façonné l'OMC dès ses premiers pas, dans un inlassable combat contre toute forme de contrôle normatif ou social des marchés. Lamy ne laisse rien passer. Il est constamment en éveil, traquant sans pitié les déviants du dogme libre-échangiste. Ses informateurs sont partout. J'en ai fait moi-même l'expérience, en participant en septembre 2009 dans le Dauphiné, au Festival de la Vie, qui réunit tous les ans les mouvements sociaux, les syndicats, les communautés religieuses de la région. Y prenant la parole, j'y ai critiqué, pourtant de façon mesurée, la stratégie de l'OMC en matière de commerce alimentaire. Il devait y avoir dans l'assistance un homme de Pascal Lamy... À peine quelques jours plus tard, je reçus une lettre outrée du même Pascal Lamy ; lettre disons de « recadrage ».
La ruine du PAM et l'impuissance de la FAO :
La FAO et le Programme alimentaire mondial (PAM) sont aujourd'hui deux institutions menacées de ruine. La PAM, qui jouit d'une grande indépendance au sein de l'ONU, se consacre à l'aide alimentaire d'urgence. Contrairement à une époque où les États-Unis déversaient leurs énorme surplus alimentaires au PAM, ceux-ci fondent aujourd'hui à grande vitesse. Depuis 2005, les contributions en nature fournies par le gouvernement de Washington au PAM ont chuté d'environ 80%.
Le PAM a assuré jusqu'en 2009 les repas scolaires de 22 millions d'enfants vivant dans les pays les plus pauvres. Il a aussi été pionnier d'une méthode d'intervention par laquelle les victimes en état de travailler sont engagés par le PAM pour divers travaux d'intérêts publics, en échange de quoi, les pères ou mères de familles sont payés en nature. J'ai vu à l'œuvre ces chantiers « nourriture contre travail » en Géorgie, ou encore au Tigray dans le nord de l'Éthiopie, au Guatemala et dans les plaines de Mongolie. J'ai été impressionné par l'ardeur avec laquelle des familles entières s'engageaient dans ce programme, source à la fois de nourriture et de dignité pour les personnes. Mon admiration pour le PAM s'enracine dans les si nombreuses rencontres que j'ai pu faire en son sein et au cours de ses actions.
La grande victoire des prédateurs : Durant toutes mes années de rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation, mes plus beaux moments, les plus intenses et les plus émouvants, je les ai vécus dans les cantines et les cuisines scolaires d'Éthiopie, du Bangladesh, de Mongolie... Là, je me sentais fier d'être un homme. La nourriture des repas du PAM variait selon les pays. Le repas était préparé avec les produits locaux. Un repas quotidien dispensé à la cantine scolaire pouvait inciter les parents à envoyer leurs enfants à l'école et à les y maintenir. 50 dollars suffisaient pour nourrir un enfant à l'école pendant une année. Grâce à ce dispositif, des familles entières recevaient des vivres quand leurs enfants allaient à l'école. Dans la mesure du possible, pour que cela profite aux petits exploitants agricoles, les aliments étaient achetés sur place.
Avant 2009, le PAM fournissait donc des repas scolaires à 22 millions d'enfants en moyenne, dans 70 pays, avant le coup d'arrêt...
Le 22 octobre 2008, en pleine tempête financière, sur le perron de l'Élysée, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy annonçaient que 1700 milliards de dollars allaient être libérés pour remobiliser le crédit interbancaire et pour augmenter le plancher d'autofinancement des banques de 3 à 5 %.
La folie spéculatrice des prédateurs du capital financier globalisé a coûté, au total, en 2008-2009, 8900 milliards de dollars aux États industriels occidentaux. Ils ont versé des milliers de milliards de dollars pour renflouer leurs banquiers délinquants. Mais les ressources de ces États n'étant pas illimitées, leurs versements au titre de la coopération au développement et de l'aide humanitaire aux pays les plus pauvres ont dramatiquement chuté. Une ONG suisse a calculé que le versement aux banques de 8900 milliards de dollars correspond à soixante-quinze ans d'aide publique au développement... Le budget ordinaire du PAM, d'environ 6 milliards de dollars en 2008, chuta l'année suivante de moitié ! Pays par pays, le PAM a désormais suspendu la plupart de ses repas scolaires. Les conséquences en furent dramatiques. En 2011, le PAM s'attendait à un effondrement encore plus marqué des subsides versés par les États donateurs, et donc à un nombre encore plus grand de personnes condamnées à mourir de faim.
Les vrais responsables étaient les spéculateurs-gestionnaires des Hedge Funds. Ces prédateurs devraient être traduits devant un tribunal pour crimes contre l'humanité. Depuis 2009, ils ont repris leurs activités comme si de rien était. À titre d'exemple, Brady Dougan, président du directoire du Crédit Suisse a touché en 2010 à titre de bonus personnel la modeste somme de 65 millions d'euros.
La défaite de Diouf : 191 États sont membres de la FAO. Largement effacée par le FMI, l'OMC et la banque mondiale quant à la politique agricole mondiale, elle est par ailleurs combattue par les multinationales, situées au cœur du marché mondial agroalimentaire. Résultat, les gouvernements restreignent toujours plus son budget. Depuis quelques années, elle est l'objet d'attaques virulentes, notamment relatives à son gigantisme bureaucratique.
Si certaines de ces critiques sont recevables, la FAO doit pourtant être défendue envers et contre tout, surtout contre les pieuvres du négoce agroalimentaire et leurs complices gouvernementaux. Le budget annuel de la FAO (349 millions de dollars) est mille fois inférieur à celui des subsides dispensés à leurs agricultures par les pays de l'OCDE.
Jusqu'à cette année 2011 et depuis 2000, Jacques Diouf, socialiste sénégalais et nutritionniste, en a été le directeur général. Sa façon directe voir brutale de s'adresser aux chefs d'États, ses nombreuses interventions médiatiques pour alerter l'opinion, agacent profondément nombre de dirigeants politiques occidentaux, cherchant tous les prétextes pour tenter de le discréditer.
En Juillet 2008, suite à la flambée des prix des aliments de base et aux émeutes de la faim, Diouf était déterminé à lancer une campagne internationale massive visant à paralyser l'action des spéculateurs. Il convoqua tous les responsables d'organismes internationaux liés à la lutte contre la faim, au cours d'une réunion à Madrid. Il nous secoua comme un ouragan. Associant toute une série de mesures précises à l'encontre des spéculateurs, son projet de résolution provoqua des discussions intenses. Diouf tint bon et l'accord fut trouvé. En septembre, devant l'Assemblée générale de l'ONU, soutenue par le Brésil et la France, l'Espagne présenta sa résolution.
Mais elle fut balayée par une coalition conduite par le représentant des États-Unis et un certain nombre d'ambassadeurs téléguidés par des multinationales de l'alimentation. »21
Après avoir lu cette synthèse du livre de Jean Ziegler, j'espère que vous comprenez mieux pourquoi Dieu nous révèle qu'Adolf Hitler impose SA LOI.
Le libéralisme économique TUE et son père fondateur est né en ÉCOSSE car Dieu nous fait comprendre que les électeurs agissent comme des SS en votant pour ce système ÉCONOMIQUE qui provoque la mort de millions d'êtres humains chaque année.
Or la majeure partie des électeurs occidentaux ne se rendent pas compte que leur vote affame une partie de l'humanité, et lors de l'élection présidentielle, ils ne pensent généralement qu'à préserver leur emploi et leur pouvoir d'achat, sans mesurer la violence des coups que le libéralisme économique inflige à des milliards d'êtres humains.
Le Pape François a dénoncé cette situation dans la Joie de l'Évangile : « Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon. »22
Adam SMITH est le père du libéralisme économique.
SMITH = SIM HT
H T se prononce ACHETER.
Les SIMS est un jeu vidéo de simulation de vie.
Le SIM est un personnage virtuel programmé par le joueur, et dans le monde réel, l'homme est un SIM programmé par le capitaliste par le biais d'un écran (télévision, ordinateur, smartphone).
La télévision, notamment, formate notre cerveau afin de nous donner l'envie obsessionnelle d'ACHETER le maximum de produits superflus, si bien que le pouvoir d'achat est l'un des enjeux majeurs dans le vote des électeurs. Ainsi, nous ne votons pas pour le bien-être de la majorité des habitants de la planète mais uniquement pour satisfaire notre intérêt personnel.
« Cette vision particulière de l'existence est entretenue par un conditionnement psychique qu'aucune civilisation humaine, quel qu'ait été son degré de despotisme, n'a jamais connu. Dans le monde entier, les populations qui ont accès à la télévision – la "classe globale des consommateurs", environ un milliard et demi de personnes – la regardent près de trois heures par jour. Et chaque jour, de ce fait, ils subissent plusieurs dizaines de réclames qui les invitent à acheter et détruire davantage afin d'être heureux.
Les programmes eux-mêmes sont orientés vers cette fin, comme l'avait reconnu au détour d'un entretien le dirigeant de la première chaîne européenne de télévision, la française TF1. Pour Patrick Le Lay, donc, ''le métier de TF1, c'est aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible''. Cette phrase justement célèbre exprime exactement le mécanisme de l'aliénation. Celle-ci, rappelons-le, signifie vendre à autrui ce que l'on est. Les téléspectateurs acceptent de vendre leur cerveau. Et bien sûr, nous sommes d'autant plus sûrement aliénés que nous croyons n'avoir jamais été plus libres23. »
« La publicité est totalitaire à deux niveaux. D'abord, au niveau le plus visible, elle est omniprésente dans la cité. Elle occupe tous les espaces et le temps. Elle obéit à des enquêtes et des analyses de plus en plus affinées sur la réceptivité et les capacités de conditionnement de l'être, à travers notamment le neuro-marketing. La publicité se saisit donc de l'être humain dans toutes ses dimensions : neuro-sensorielle, mentale, sociologique, etc. La publicité est aussi totalitaire dans sa conception de l'être humain. Elle prétend répondre à tous les aspects de l'existence : le bonheur relationnel, l'engagement citoyen, la dimension spirituelle. Elle est une mainmise sur toutes les valeurs traditionnelles, valeurs qui sont en opposition avec la consommation. Des thèmes comme la révolution ou la transgression sont partout : les pubs prônent la révolution tous les matins. La publicité prétend occuper tout le champ humain ; en cela, c'est un totalitarisme. Ce qui le différencie des totalitarismes d'antan, c'est qu'il est moins brutal mais beaucoup plus insidieux. Comme le disait Aldous Huxley, le principe de la stabilité sociale consiste à faire désirer aux gens ce qu'on a programmé pour eux. C'est exactement ce que fait la publicité24. » Et désormais, « il faut être comme les autres. On est individualistes, mais sur le même modèle. Si vous avez un comportement qui n'est pas habituel, le regard social pèse sur vous et vous suspecte d'anormalité, d'arriération, d'archaïsme. On cultive donc ce que René Girard a défini comme le "désir mimétique". Je dois désirer ce que l'autre désire. Le spectacle publicitaire consiste à me montrer des gens qui ont des désirs qui les rendent heureux pour me donner ces mêmes désirs.(...) Le produit est le salut. C'est la solution à tous les problèmes. Il est relié au primat du technique : le produit est "produit". Le produit, c'est la valeur... On a un problème existentiel : le produit arrive et tout va bien. L'identité aussi est un produit, quand les personnes qui n'ont pas d'autres moyens d'exister s'aliènent aux marques en croyant y trouver leur identité. En dehors des sensations que vous procure la consommation, vous n'existez pas. Ce qui est terrible dans le bonheur publicitaire, c'est que tout est dans le renouvellement de l'instant. On est dans une perspective où il y a du progrès, du nouveau, perpétuellement. La personne est en état d'extraversion permanente sans jamais saisir ce qui est réellement son désir. Et ce qu'elle croyait être la carotte s'avère être le bâton. Il faut continuer à consommer, ce qui suppose gagner de l'argent, travailler, etc. »25
« Nous baignons tellement dans l'endoctrinement publicitaire que nous oublions à quel point il est récent : il y a quarante ans, les gens regardaient beaucoup moins la télévision, entendaient et voyaient beaucoup moins d'injonctions à consommer. Cette progression fantastique (le chiffre d'affaires publicitaire mondial représente plus de 330 milliards d'euros) a accompagné l'évolution du capitalisme vers un individualisme exacerbé. Car pour la personne à qui l'on répète sans arrêt que sa vie ne dépend que d'elle et que les liens sociaux sont d'importance secondaire, la satisfaction se trouve d'abord dans la satisfaction matérielle : elle est source de plaisir – un plaisir qu'on ne trouve plus dans l'interaction et le partage avec les autres – et elle valorise la personne puisque l'accumulation de biens est le signe de sa réussite, donc de sa survie dans un univers ultra-compétitif. Les objets sont des signes, comme l'avait démontré dans les années 1960 Jean Baudillard. Cela explique pourquoi la théorie de la rivalité ostentatoire de Thorstein Veblen est si puissante aujourd'hui, précisément aujourd'hui : dans un univers inégalitaire, concurrentiel, individualiste, la course à la suprématie symbolique par l'exhibition toujours plus démesurée de choses prend une vigueur exacerbée. »26
Ainsi, nous ne sommes pas programmés par la télévision pour aider notre prochain mais pour ACHETER des biens de consommation superflus. Nous sommes des SIMS programmés par les rois du capitalisme, et nous les sacrons à chaque élection présidentielle car la télévision nous fait croire que leur enrichissement personnel nous apportera la prospérité – mais sans nous mentionner que des millions de pauvres dans les pays du Tiers Monde seront exterminés par notre SHOAH politique.
Nous votons alors pour la théorie du LAISSEZ-FAIRE qui LAISSE LUCI FER.
LUCIE DÉCOSSE est une judoka française dont la carrière internationale s'étend de 2000 à 2013. Elle évolue dans la catégorie moins de 63 kg jusqu'en 2008 avant de concourir en moins de 70 kg. N°1 française et mondiale dans les deux catégories, la gauchère mesurant 1 m 67 se constitue un palmarès exceptionnel : championne du monde 2005, 2010 et 2011, vice-championne du monde 2007, quatre fois championne d'Europe, vice-championne olympique à Pékin en 2008 et enfin, championne olympique à Londres le 1er août 2012.27
Le libéralisme économique est un sport de combat qui consiste à éliminer son concurrent sous peine d'être éliminé soi-même. Le monde est devenu un tatami géant sur lequel les individus, groupes, entreprises, pays, s'affrontent sans relâche pour leur survie et aucun arbitre n'intervient pour empêcher les plus forts de combattre et d'éliminer les plus faibles. C'est la survie du plus apte, pas de pitié pour les canards boiteux, marche ou crève. « Si je témoigne de la solidarité à l'endroit d'autrui, mon concurrent profitera instantanément de ma faiblesse. Il me détruira. En conséquence, (...) je suis contraint, à chaque instant du jour et de la nuit, et quel que soit le prix humain à payer, de pratiquer la maximalisation du profit et de l'accumulation, de m'assurer de la plus-value la plus élevée dans le laps de temps le plus court et au prix de revient le plus bas possible. »28
Au judo, le perdant qui tombe à terre se relève toujours du tatami mais dans le cadre de l'économie de marché, sans arbitre, le perdant ne se relève pas – car le libéralisme économique détruit notamment l'agriculture vivrière des pays du Tiers Monde ce qui provoque la mort de nombreux êtres humains, principalement des enfants qui ne se relèveront jamais. Ce combat morbide ne sera jamais diffusé à la télévision parce que les images d'adultes exterminant des enfants seraient insoutenables et les téléspectateurs détesteraient alors ce sport qui enrichit uniquement la minorité de gagnants.
Le père du libéralisme économique, ADAM Smith, est né en ÉCOSSE.
ADAM = 1x4x1x13 = 52
Le chef-lieu du département 52 est la ville de CHAUMONT.
Lucie DÉCOSSE est née à CHAUMONT.
« Je suis Lucie DÉCOSSE » car en votant pour le libéralisme économique, je mets à terre les pauvres du Tiers Monde afin de permettre à mon pays d'obtenir la médaille d'OR. C'est dans mon intérêt, les médias me répètent en boucle que si mon pays gagne la compétition économique, je serais assuré d'avoir du travail et une augmentation de mon pouvoir d'achat. Je pourrais ainsi continuer à dormir dans mon petit nid DOUILLET pendant que les pauvres du Tiers Monde crèveront de faim et de maladies dans les bidonvilles afin de permettre à Total, Orano, Bolloré, Bouygues ou Suez d'obtenir la médaille d'OR dans leurs catégories respectives.
En 2011, lors des Championnats du monde de judo à Paris, Lucie Décosse a remporté la médaille d'or en battant en finale la Néerlandaise Édith BOSCH.
BOSCH se prononce BOCHE.
Un BOCHE était un soldat allemand qui combattait pour le REICH.
REICH = RICHE
À travers Lucie DÉCOSSE et Édith BOSCH, Dieu associe le BOCHE au libéralisme économique car son père fondateur est né en ÉCOSSE.
La France a adopté le libéralisme économique en 1978 et le changement de régime fut annoncé par Raymond BARRE le 19 avril 1978 (19 4 1978).
19x4x1978 = 150328
1 = UN
50328 = BOCHE
Dieu nous révèle qu'en adoptant le libéralisme économique, un « BOCHE » tient la BARRE étant donné que l'État n'intervient quasiment plus dans l'économie. Le RICHE capitaliste prend alors le contrôle du pays et c'est un BOCHE, car contrairement à l'État, il n'agit pas dans l'intérêt collectif mais uniquement dans son intérêt personnel, par conséquent, il n'EMBOCHE pas, et l'actualité nous donne régulièrement l'exemple d'entreprises qui multiplient les profits mais licencient quand même. C'est ce qui se passe quand un BOCHE tient la BARRE : il n'agit pas dans l'intérêt de la collectivité.
Le père du libéralisme économique est né en ÉCOSSE.
Lucie DÉCOSSE a battu Édith BOSCH en finale des Championnats du monde de PARIS.
Édith BOSCH est née aux Pays-Bas dans la commune de Le Helder qui se situe dans la province de HOLLANDE-Septentrionale.
François HOLLANDE est un adepte du libéralisme économique, c'est la raison pour laquelle Dieu l'associe à un BOCHE car durant son mandat, HOLLANDE a agi contre les intérêts du peuple français. À travers les Championnats du monde de PARIS, Dieu nous fait comprendre qu'en votant pour HOLLANDE, la majorité des électeurs ont PARIÉ sur un BOSCH.
Effectivement, durant son quinquennat, HOLLANDE a donné les pleins pouvoirs aux BOCHES, le patronat, en lui offrant jusqu'à 40 milliards d'euros de cadeaux fiscaux chaque année, sans rien lui demander en échange, alors les BOCHES se sont gavés de subventions publiques sans EMBOCHER car durant les 5 ans de HOLLANDE au pouvoir, il y a eu 1 million de chômeurs de plus, toutes catégories confondues.
Les BOCHES détruisent ainsi notre économie mais également celle des pays du Tiers Monde. Alors que nous perdons nos emplois en France, les habitants du Tiers Monde perdent la vie. Les BOCHES accaparent leurs richesses en provoquant la mort de 25 000 personnes par jour, des suites directes ou indirectes de la faim.
Les électeurs français ont voté en 2012 pour le Troisième REICH mais ils ne s'en sont pas rendus compte car les victimes du libéralisme économique se trouvent à des milliers de kilomètres, là ou les caméras de télévision ne vont quasiment jamais – afin de cacher aux électeurs le massacre perpétré par cette idéologie qui enrichit tant les BOCHES qui dirigent notre pays.
Dieu t'envoie ainsi des signes clairs en écrivant avec la couleur rouge, la couleur du sang, le mot BOSCH sur la blouse de François HOLLANDE.
Ce jour-là, il visitait le site de l'entreprise BOSCH à Rodez. On lui donnerait le bon Dieu sans confession alors que cet homme est un tueur, il a mené une politique économique responsable de la mort de millions d'êtres humains chaque année.
François Hollande a visité l'entreprise BOSCH le 29 mai 2013 et Édith BOSCH est née le 31 mai 1980, elle fêtait donc ses 33 ans, 48 heures après le déplacement de François Hollande dans l'usine BOSCH.
Le chiffre 33 est symbolique car c'est l'âge du Christ.
Le Christ est Jésus de NAZARETH.
NAZ ARET = ARRETE le NAZI
Dieu te transmet le message suivant : « ARRÊTE le BOCHE ! ».
Vote désormais pour le mouvement humaniste car le BOCHE est un tueur et tu auras du sang sur les mains si tu PARIS sur un clone de HOLLANDE le jour de l'élection présidentielle.
Nous devons agir comme Lucie Décosse en mettant le BOCHE à terre, mais pour y parvenir, nous devons être plus de 20 millions d'électeurs sur le tatami le jour de l'élection présidentielle.
L'usine BOSCH se situe à RODEZ et dans la série télévisée The Walking Dead, les RODEURS sont des morts-vivants qui ne cherchent qu'à dévorer les êtres humains.
RODEZ est le chef-lieu du département 12.
12 = L = AILES
À l'instar des RODEURS, les BOCHES sont des morts-vivants car les RICHES capitalistes n'obtiennent jamais les AILES qui mènent au paradis, alors ils errent sur Terre sans autre but que d'accumuler le maximum d'argent, et les pires d'entre eux n'hésitent pas à s'engraisser de profits en dévorant le corps des enfants du Tiers Monde.
Le BOCHE peut être un État. Par exemple, l'État français est l'actionnaire majoritaire d'Orano (ex-Areva) et il pille chaque année les richesses du Niger en laissant des enfants mourir de faim. Voilà pourquoi François Hollande est un BOSCH, c'est un mort-vivant, un RODEUR qui a dévoré les enfants du Tiers Monde pour que son pays et ses frères de classe capitalistes s'engraissent de profits. Alors ne sois pas un RODEUR parce que si tu votes pour les BOCHES, tu seras un mort-vivant comme ceux de la série The Walking Dead.
Le nom gaélique, gallois et breton de l’ÉCOSSE est ALBA.
ALBA = BAAL
BAAL se prononce BALLE.
J'ai expliqué précédemment que lorsque l'électeur vote pour le libéralisme économique, il devient un soldat SS en votant pour un système économique qui extermine un enfant toute les 5 secondes. Il fait ainsi le SHOAH de soutenir un véritable génocide.
Donc le jour de l'élection présidentielle, lorsque l'électeur vote pour le libéralisme économique, il tire une BALLE dans la tête de 50 millions d'êtres humains en 5 ans. Son SHOAH tue ainsi des millions d'innocents.
La « Shoah par balle »
Lors de la SHOAH, les juifs ont été exterminés dans les chambres à gaz mais pas seulement, on l'oublie trop souvent mais nombre d'entre eux sont morts sous les BALLES.
« Sous la direction des S.S., Himmler a constitué des unités de tueurs, les Einsatzgruppen. Ils seront utilisées sur le front de l'Est, dans la guerre contre l'URSS.
Au fur et à mesure de leur avance en URSS, les nazis exécuteront les Juifs ».29
Cette photo symbolise les conséquences de ton SHOAH le jour de l'élection présidentielle lorsque tu votes en faveur du libéralisme économique. Tu tires une BALLE dans la tête de 50 millions d'êtres humains, mais les capitalistes qui contrôlent les médias te cachent leur exécution. Il y a suffisamment de richesses sur Terre pour les sauver mais en votant pour le libéralisme économique, tu permets aux BOCHES d'accaparer la majeure partie de ces richesses, et tu assassines alors 50 millions d'êtres humains en 5 ans.
Si tu ne votes pas pour mettre un terme au libéralisme économique, tu te retrouveras un jour dans cette CAGE.
Adolf Eichmann était un criminel de guerre nazi, haut fonctionnaire du Troisième Reich, officier SS Obersturmbannführer (comparable à lieutenant-colonel dans l'armée) et membre du parti nazi. Nommé pendant la guerre à la tête du RSHA Referat IV B4, qui s'occupait des « affaires juives et de l'évacuation », il était responsable de la logistique de la « solution finale » (Endlösung). Il organisait notamment l'identification des victimes de l'extermination raciale prônée par le NSDAP et leur déportation vers les camps de concentration et d'extermination.
Ayant réussi à échapper à la justice après la capitulation allemande, et notamment au procès de Nuremberg, retrouvé, puis capturé par des agents du Mossad en mai 1960 à Buenos Aires en Argentine, où il vivait depuis 10 ans, caché sous le nom de Riccardo Klement, Eichmann fut exfiltré en Israël où il sera condamné à mort et exécuté à l'issue d'un retentissant procès tenu à partir d'avril 1961 à Jérusalem.30
À l'instar du IIIe Reich et autres régimes totalitaires, le régime capitaliste a réussi à faire passer aux yeux de la population, le mal pour le bien, en nous faisant croire que laisser une minorité de la population accaparer les richesses n'est pas quelque chose de mal, alors que des millions d'êtres humains meurent de faim et de maladies en étant privés de ces richesses. Il y a un tel endoctrinement, un tel lavage de cerveau opérés par l'Éducation nationale et les médias, que le massacre qui se déroule sous nos yeux, la cruauté, la violence, la destructivité, sont complètement banalisés. La philosophe Hannah Arendt, parlant d'Eichmann, soulignait que celui-ci n'était pas pervers, qu'il éprouvait même de la répulsion devant le sang, qu'il avait demandé à être dispensé de visite dans le camp de concentration et qu'il se considérait plutôt comme un homme sensible. Eichmann disait avoir suivi les ordres, à l'instar de l'électeur d'un parti capitaliste qui suit les ordres inculqués par les médias qui répètent en boucle qu'il n'y a pas d'alternative au nazi-capitalisme.
À la différence d'Eichmann, l'électeur d'un parti capitaliste ne se rend pas réellement compte qu'il assassine des êtres humains, mais dorénavant, avec la traduction des signes, il sait que son vote tue et nous verrons combien de Eichmann voteront pour Hitler lors de la prochaine élection présidentielle.
N'oubliez pas qu'Eichmann se cachait avec de nombreux nazis en ARGENTINE car Dieu nous fait comprendre que nous agirons comme des nazis, des SS, si nous votons pour une idéologie qui permet à une minorité de la population mondiale d'accaparer la majeure partie de l'ARGENT sur Terre.
Eichmann a été enfermé dans une CAGE de verre lors de son procès.
CAGE = 3x1x7x5 = 105
105 = JE
Le JE symbolise l'égoïsme, c'est-à-dire le capitalisme qui permet à 8 personnes d'accumuler autant d'ARGENT que les 3,6 milliards d'êtres humains les plus pauvres de la Terre.
Le libéralisme économique est une doctrine qui sous-entend que la recherche du profit et de l'intérêt personnel constituent le moteur du progrès. Les défenseurs du libéralisme économique font ainsi passer le mal pour le bien – en faisant l'apologie du « JE » – alors que l'individualisme extermine des millions de pauvres chaque année. Dieu nous révèle que si nous votons pour le « JE », nous serons enfermés éternellement dans une CAGE, c'est-à-dire dans un cercueil, mais nous ne dormirons pas profondément puisque nous serons enfermés vivants, et vous le comprendrez lorsque vous lirez la partie du site internet consacrée à l'Inde.
Donc votez pour le « NOUS » et vous obtiendrez la vie éternelle.
L'économie SS
Des S.A. venus par camions parcourent les villes allemandes et en particulier Berlin.
Les affiches collées sur le camion disent :
Allemands !
N'achetez pas dans les magasins juifs !
Les nazis appelaient les Allemands à boycotter les magasins des juifs, et aujourd'hui, notre devoir est de boycotter les marchandises fabriquées par des entreprises nazi-capitalistes, pour n'acheter que les produits de l'économie révolutionnaire. Nous parviendrons ainsi dans les prochaines années à sauver la vie de centaines de millions d'êtres humains en prouvant qu'il existe une alternative au IIIe REICH, c'est-à-dire une alternative solidaire au règne du nazi-capitalisme : le règne du RICHE.
Alexander Graham BELL est l'inventeur du téléphone et il est né en ÉCOSSE en 1847.
À travers Alexandre Graham BELL, Dieu nous communique un message :
BE L L = 25 12 L
Le 25 12 (25 décembre) célèbre la naissance de Jésus.
La lettre L se prononce AILE.
Dieu a créé Jésus pour « communiquer » aux hommes son message et leur donner les termes de la nouvelle Alliance. Ainsi, après la résurrection de Jésus, les hommes ont su qu'il était possible d'obtenir des AILES pour s'envoler au paradis et vivre éternellement dans le royaume de Dieu.
Jésus a donc rempli le rôle d'un téléphone car il était l'outil de communication entre Dieu et les hommes.
Alexandre Graham BELL a consacré sa vie à apprendre à parler aux sourds, encouragé par le fait que sa mère et sa femme étaient sourdes.31
La mission de Jésus était de convaincre les hommes de ne pas rester sourd au message de Dieu.
Dieu m'a donné la même mission donc j'enseigne aux sourds le langage des signes.
Je suis le téléphone qui vous relie à Dieu.
BELL = 2x5x12x12 = 1440
1440 = 144 0
144 se prononce 100 44.
Jules César est né en l'an 100 et mort en 44. av. J-C.
0 = le chiffre 0 a la forme de la lettre O (EAU).
À travers Alexander Graham BELL – l'inventeur du téléphone – Dieu nous communique désormais un nouveau message en nous révélant qu'il remplace l'Alliance du VIN avec Jésus par celle de l'EAU – qui nous impose de prendre collectivement le pouvoir politique en main – à la place de César : le RICHE – afin de construire un monde égalitaire.
Ma mission est ainsi de vous communiquer les messages de Dieu : je suis le téléphone qui vous relie à lui.
Pour appeler quelqu'un ou recevoir un appel, nous avons besoin d'une carte SIM dans notre téléphone portable et pour l'utiliser nous devons entrer au préalable un numéro de code PIN.
PIN = 16x9x14 = 2016
J'ai mis en ligne ce site internet en 2016, donc depuis 2016, je vous apprends le langage des signes afin que vous puissiez recevoir l'appel de Dieu.
Dieu nous impose de partager équitablement le PAIN et si vous écoutez son message en votant pour le juste partage des richesses, vous obtiendrez la vie éternelle.
Dieu nous demande ainsi de rompre avec l'économie SS théorisée par Adam SMITH.
SMITH = SIM HT
Dieu te donne une carte SIM et plusieurs numéros de code PIN afin que tu reçoives ses messages.
Il te reformate puisque le régime capitaliste t'a endoctriné pour te donner l'envie compulsive d'ACHETER le maximum de biens superflus, donc tu penses essentiellement à l'ARGENT, mais Dieu te fait comprendre que le sens de la vie sur Terre est d'AIDER ton prochain, c'est la raison pour laquelle tu dois le sauver car il est actuellement assassiné par le règne d'une minorité de la population qui a accaparé la majeure partie des richesses.
Dieu multiplie les signes pour te montrer que tu dois AIMER ton prochain et non lui tirer une balle en pleine tête le jour de l'élection présidentielle.
Jésus est né un 25 décembre (25 12).
25-12 = 13
13 = M
La lettre M se prononce AIME.
Dieu te transmet ainsi le message suivant : « AIME ton prochain ».
Le Pape François a dénoncé la théorie de la « main invisible » d'Adam SMITH dans La joie de l'évangile :
« Nous ne pouvons plus avoir confiance dans les forces aveugles et dans la main invisible du marché. La croissance dans l’équité exige quelque chose de plus que la croissance économique, bien qu’elle la suppose ; elle demande des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres qui dépasse le simple assistanat. Loin de moi la proposition d’un populisme irresponsable, mais l’économie ne peut plus recourir à des remèdes qui sont un nouveau venin, comme lorsqu’on prétend augmenter la rentabilité en réduisant le marché du travail, mais en créant de cette façon de nouveaux exclus. »32
Jean Paul Sartre disait que « pour aimer les hommes, il faut détester fortement ce qui les opprime ».
Quand Dieu nous demande d'AIMER notre prochain, il nous demande de combattre fortement ce qui l'opprime, c'est-à-dire l'inégale redistribution des richesses de la Terre.
Le Pape François doit joindre la parole aux actes en s'engageant politiquement dans le combat humaniste qui vise le renversement du capitalisme.
À travers Jésus, Dieu nous demande d'AIMER notre prochain.
25-12 = 13
13 = M = AIME
25 12 = 2x5x12 = 120
120 se prononce SANS VIN.
Dieu précise que pour AIMER notre prochain, nous devons supprimer le VIN car l'Alliance du VIN avec Jésus a laissé le pouvoir politique entre les mains de César ; par conséquent, en le laissant diriger le monde, nous le laissons opprimer notre prochain puisque César accapare la majorité des richesses de la Terre et ne les partage pas avec les pauvres – il les laisse alors mourir de faim et de maladies.
Dieu change ainsi le VIN en EAU.
Le message adressé au Pape François est sans ambiguïté : dorénavant c'est « SANS VIN ».
Un homme qui reste neutre politiquement face à l'extermination des plus faibles n'aime pas son prochain, c'est un lâche.
Aimer son prochain c'est avoir le courage de combattre politiquement un système économique qui l'extermine.
Vous me direz, mais si c'était pire après avoir renversé le système capitaliste ?
Ce raisonnement équivaut à la situation suivante : Imaginez qu'Adolf Hitler et le nazisme règnent actuellement sur la Terre, cette idéologie extermine 10 millions de juifs chaque année en les laissant mourir de faim dans les camps de concentration, or cette idéologie a apporté une certaine prospérité économique en Occident, et depuis 20 ans, la faim dans le monde recule. Les citoyens sont plus ou moins conscients que le nazisme tue des millions de juifs et qu'il y a de grands écarts de richesse, mais ils se disent aussi que c'est l'idéologie qui leur a apporté le plus de prospérité dans l'Histoire, le « communisme » ayant échoué en URSS. Par conséquent, si les citoyens décidaient de changer radicalement de système économique, il n'y aurait peut-être plus du tout de prospérité, et rien ne dit que les 10 millions de juifs seraient sauvés, peut-être que la nouvelle idéologie entraînerait la mort de 15 millions de juifs ?
Ce n'est pas le bon raisonnement à avoir étant donné que nous ne pouvons pas accepter que 10 millions de juifs soient exterminés chaque année dans les camps de concentration. Un être humain a le devoir moral de tout faire pour les sauver, quoi qu'il lui en coûte. Nous ne pouvons pas accepter que des innocents soient détruits par une idéologie, alors nous devons agir pour mettre en œuvre un système économique qui permette à chacun de vivre dignement sans procéder à l'extermination de millions d'êtres humains chaque année.
Il faut avoir du courage pour changer radicalement de modèle économique, et Dieu nous a envoyé des signes suffisamment clairs pour nous montrer que nous n'avons pas à craindre de renverser le capitalisme car il sera toujours à nos côtés pour nous aider à libérer le monde du pouvoir de la BÊTE.
C'est ce risque de l'inconnu qui donne des AILES pour entrer dans le royaume de Dieu. Le croyant doit être prêt à perdre éventuellement temporairement son travail ou son train de vie, pour mettre en place un nouveau système économique qui sauvera la vie de millions d'êtres humains et permettra à des milliards de personnes dans le monde de vivre dignement. S'il n'y avait aucun risque, ce serait trop facile d'obtenir l'immortalité, c'est comme dans l'Ancien Testament, lorsque Dieu demande à Abraham de lui offrir son fils Isaac en holocauste, il lui demande alors de tuer son propre fils, et Abraham s'apprête à le faire quand un ange vient lui dire d'arrêter car Dieu cherchait uniquement à tester sa foi. Donc à l'instar d'Abraham, vous devez être prêt à sacrifier votre fils pour Dieu, et le seul sacrifice pour votre fils sera éventuellement, pendant un temps, de ne pas pouvoir acheter la dernière console de jeu à la mode et de manger des pâtes plusieurs fois par semaine, mais il y aura toujours quelque chose à manger dans son assiette ce qui n'est pas le cas actuellement de 800 millions d'êtres humains. Alors vous n'avez rien à craindre pour vous et vos enfants, ayez FOI en Dieu et pensez surtout aux enfants des autres qui vivent actuellement dans des conditions inhumaines.
Désormais, nous ne devons plus laisser cette « main invisible » diriger le monde. Dieu aussi est invisible, et à travers le chiffre 5 qui symbolise les 5 doigts de la main, il nous révèle sa présence afin de ne plus être « invisible » et nous lancer un appel pour que nous dirigions collectivement le monde.
En effet, ce chiffre 5 est symbolique à plusieurs titres :
Le 5e mois de l'année est celui de MAI.
MAI = IAM
« I AM » signifie « JE SUIS » en anglais.
Dans la Bible, Dieu emploie le terme « JE SUIS » lorsqu'il révèle sa présence aux prophètes.
Par conséquent, à travers le chiffre 5, Dieu nous révèle sa présence.
C'est la raison pour laquelle le département numéro 5 est celui des HAUTES-ALPES.
ALPES = APEL S
À travers le chiffre 5, Dieu – appelé « le Très-HAUT » – nous révèle sa présence pour nous lancer un APPEL.
S = 19
Le chef-lieu du département 19 est la ville de TULLE.
Il nous transmet le message suivant : « TUE LE RICHE ».
HAUTES = HAUT ES
HAUT = 8x1x21x20 = 3360
Le 336e jour de l'année est traditionnellement le 2 décembre (2 12).
2 12 = 2 L = 2 AILES
0 = le chiffre 0 a la forme de la lettre O (EAU).
ES = 5+19 = 24
Le chef-lieu du département 24 est la ville de PERIGUEUX.
Le Très-HAUT nous fait ainsi comprendre que pour obtenir les 2 AILES qui mènent au paradis – la nouvelle Alliance de l'EAU nous impose de TUER le RICHE car le GUEUX PERI par millions chaque année à cause de l'inégale redistribution des richesses de la Terre.
À travers le chiffre 5, Dieu précise que nous devons TUER le RICHE avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote.
Le chef-lieu du département 5 est la ville de GAP.
5 = E
GAP+E = PAGE
Dieu nous demande ainsi d'écrire une nouvelle PAGE de l'histoire de l'humanité avec les 5 doigts de notre main qui tiennent le bulletin de vote – afin de créer un monde égalitaire.
Voilà pourquoi nous ne devons plus laisser la « main invisible » du diable créer l'enfer sur Terre.
Dieu nous révèle donc sa présence à travers le MOIS de MAI.
MAI = I AM = JE SUIS = DIEU
MOIS = MOI S
S = 19
Le chef-lieu du département 19 est ville de TULLE.
Par conséquent, à travers le MOIS de MAI, Dieu nous révèle sa présence pour nous transmettre le message : « TUE LE MOI ».
LE « MOI » symbolise l'égoïsme, l'individualisme.
Dieu nous demande ainsi de supprimer l'individualisme, la concurrence, la compétition, en créant un monde solidaire, égalitaire, altruiste.
Une année est composée de 12 MOIS.
Il n'y a pas de 13e MOIS car la 13e lettre de l'alphabet est le M.
M = AIME
Dieu a donc supprimé le 13e MOIS car il n'y a aucun MOIS dans l'année où l'AMOUR règne sur Terre – étant donné qu'un enfant meurt de pauvreté chaque jour, dans l'indifférence générale.
Et le responsable de leur mort, le RICHE, est glorifié dans le monde entier car il est censé apporter la prospérité, alors qu'il n'apporte que la misère et la mort ; par conséquent, c'est la haine qui règne chaque MOIS dans le monde.
Alors Dieu nous demande désormais de mettre un terme au règne du MOI – l'égoïsme, la cupidité, l'indifférence – en renversant le règne du RICHE : le capitalisme.
Voilà les termes de la nouvelle Alliance.
Aux origines du nationalisme écossais
Rappelons que l’existence indépendante de l’Écosse se termina avec ce qu’on appelle encore en Grande-Bretagne la Glorieuse Révolution de 1688, qui marqua la fin de la révolution bourgeoise en Angleterre, le triomphe de la grande bourgeoisie marchande sur les forces plébéiennes de la révolution et l’instauration d’une monarchie constitutionnelle. La bourgeoisie écossaise se rangea avec armes et bagages derrière celle de Londres et finalement, le 22 juillet 1706, le traité de l’Union consacra la formation du Royaume-Uni, comprenant l’Angleterre, le pays de Galles et l’Écosse, traité qui entra en application le 1er mai 1707.
Par la suite, la révolution industrielle transforma le Royaume-Uni en une entité économique étroitement intégrée, dans laquelle le statut de l’Écosse n’était ni pire ni meilleur que celui de bien des régions d’Angleterre. Néanmoins, l’Écosse avait une structure sociale différente de celle de l’Angleterre, au sens où sa campagne restait dominée par la grande aristocratie terrienne. De sorte qu’avec le développement de l’agriculture commerciale, les métayers en furent chassés brutalement, provoquant un exode rural encore plus important qu’en Angleterre. Les paysans expulsés allèrent grossir les rangs des chômeurs des centres urbains qui se développaient autour des deux grands ports écossais, Édimbourg et Glasgow, mais aussi les agglomérations de Belfast, en Irlande du Nord, et de Liverpool et Manchester en Angleterre. Ce processus accéléra la disparition des spécificités linguistiques. L’identité écossaise perdit son caractère national pour devenir un régionalisme qui ne se concevait pas en dehors de l’Union.
D’ailleurs, non seulement l’Écosse s’intégra complètement au cadre économique créé par la bourgeoise anglaise, mais elle joua un rôle de premier plan dans l’essor colonial et impérialiste de la Grande-Bretagne. L’estuaire de la rivière Clyde, autour de Glasgow, devint le plus gros centre de l’industrie navale britannique, avec une puissante industrie métallurgique et d’armement. Édimbourg, la capitale culturelle et financière de l’Écosse, fut communément désignée, à partir du 19e siècle, comme la « seconde ville de l’Empire », après Londres. Comme la centralisation londonienne de l’État limitait les carrières en Écosse, la bourgeoisie écossaise joua un rôle disproportionné dans les aventures coloniales. Ce fut elle qui fut à l’origine de quelques-uns des plus grands groupes de l’histoire britannique, en faisant fortune grâce au pillage colonial de l’Empire, tels que la banque HSBC, les groupes commerciaux Swire et Jardine Matheson, ou encore le géant de l’armement portuaire Hutchinson.
Jusqu’au milieu du 19e siècle, il n’y eut aucun courant politique se réclamant d’un nationalisme écossais. Il fallut les crises économiques de la deuxième moitié du 19e siècle pour que le mécontentement de la petite bourgeoisie donne naissance à un courant favorable à l’autonomie écossaise, similaire à celui qui prit naissance à la même époque en Irlande. Ce courant fit néanmoins long feu et disparut. Le Parti travailliste écossais, lancé à la même époque par le leader syndicaliste Keir Hardie sur des bases similaires, ne connut pas beaucoup plus de succès dans la classe ouvrière et finit par se dissoudre au sein du Parti travailliste indépendant puis du Parti travailliste britannique, qui laissa les partisans de l’autonomie écossaise mener une existence discrète en son sein.
Paradoxalement, ce fut l’aile internationaliste du mouvement ouvrier écossais qui remit à l’ordre du jour le nationalisme écossais. Face à la trahison des organisations ouvrières britanniques, ralliées au camp de leur impérialisme dans la Première Guerre mondiale, les ouvriers de la Clyde furent au centre de la résistance à la trêve sociale. Dans cette pépinière militante émergea un courant qui défendit l’objectif d’une « République ouvrière d’Écosse », incarné par l’une des figures du marxisme révolutionnaire, John Maclean. Bien qu’il se soit agi surtout d’une façon de se délimiter d’un mouvement ouvrier anglais qui avait tourné le dos à toute perspective de classe, c’était une idée dangereuse pour l’unité du mouvement ouvrier, qui devait laisser des traces pour longtemps. Néanmoins, avec la généralisation de la résistance à la conscription dans la classe ouvrière anglaise, à partir de 1916, et surtout avec l’élan impulsé par la révolution d’Octobre et la fondation de l’Internationale communiste, ce courant s’intégra au sein du Parti communiste britannique et le particularisme ouvrier écossais perdit toute forme organisationnelle significative.
Il fallut une autre crise, bien plus grave celle-là, la Grande Dépression des années 1930, pour que le nationalisme écossais réapparaisse. Des groupes régionalistes ou nationalistes se formèrent face aux effets catastrophiques de la crise en Écosse et d’autres, plus à gauche, suite au ralliement du leader travailliste Ramsay MacDonald avec toute une aile de son parti à un gouvernement d’union nationale dont le but était de faire payer la crise à la classe ouvrière.
Finalement, en 1934, les groupes nationalistes traditionalistes qui formaient l’aile droite de ce mouvement s’allièrent aux membres écossais du Parti conservateur pour former le SNP. Mais ce parti ne connut qu’un succès des plus limités. Il lui fallut attendre une trentaine d’années avant de réussir à prendre un peu d’importance.
Un pion écossais dans le jeu politicien britannique
Au début des années 1960, faute de modernisation, les vieilles industries lourdes écossaises connurent une crise. Celle-ci frappa de plein fouet la classe ouvrière mais plus encore la petite bourgeoisie, dont le niveau de vie avait progressé après-guerre. Et comme le reste de la Grande-Bretagne ne semblait pas (pas encore, en tout cas) connaître un sort similaire, le mécontentement des commerçants, cadres et membres des professions libérales écossais les poussa à se raccrocher aux illusions nationalistes colportées par le SNP, et les scores électoraux du SNP se mirent à monter.
En 1970, l’inauguration de la première plate-forme pétrolière en mer du Nord, au large des côtes écossaises, donna du grain à moudre au SNP pour appuyer son projet grandiose d’une Écosse indépendante, autour du slogan « ce pétrole appartient à l’Écosse ». Puis vint l’explosion des prix du pétrole en 1973, qui permit au SNP de faire miroiter le mirage d’un Koweït écossais, dont les ministres de Londres seraient contraints de quémander les faveurs.
Le SNP troqua alors son ton traditionaliste pour un langage plus populiste, accusant l’Angleterre de vivre en parasite des ressources pétrolières écossaises. Aux élections d’octobre 1974, il rafla 30,4 % des voix en Écosse, un succès sans précédent pour un parti qui n’était pas l’un des « trois grands ». Du fait du scrutin majoritaire à un tour, le succès du SNP fut plus mitigé en termes de sièges, puisqu’il n’en obtint que 11, contre 41 pour les travaillistes et 16 pour les conservateurs. Néanmoins, le SNP avait réussi à prendre aussi bien des sièges ruraux, détenus jusque-là par les conservateurs, que des sièges urbains détenus par les travaillistes.
Bientôt, une occasion s’offrit au SNP. En 1978, ayant perdu le soutien des Libéraux, le Premier ministre travailliste Callaghan se trouva sans majorité parlementaire. Du coup les 11 députés SNP et leurs 3 collègues nationalistes gallois de Plaid Cymru se trouvèrent en position d’arbitrer le rapport des forces au Parlement. En échange de leur appui, Callaghan leur promit des référendums sur la dévolution. Il s’agissait d’une forme britannique de régionalisation, s’appuyant sur un Parlement régional élu auquel seraient délégués une partie des pouvoirs d’État exercés par Londres, y compris quelques pouvoirs en matière fiscale ainsi que la faculté d’emprunter dans certaines limites sur les marchés financiers. Ces référendums eurent lieu en mars 1979. Mais, alors qu’arithmétiquement le Oui l’emporta avec 51,6 % des voix, il n’atteignit pas les 40 % d’inscrits requis par la loi, du fait de l’ampleur de l’abstention.
Après le retour des conservateurs au pouvoir en 1979, les scores du SNP s’écroulèrent de moitié et il perdit 9 de ses 11 députés, ce qui montrait à quel milieu politique le SNP devait sa fortune électorale.
La dévolution revient à l’ordre du jour
La dévolution du pouvoir au Royaume-Uni fait référence au statut accordant des pouvoirs du Parlement du Royaume-Uni au Parlement écossais (Scottish Parliament), à l'Assemblée nationale de Galles (National Assembly for Wales) et à l'Assemblée nord-irlandaise (Northern Ireland Assembly) et à leurs branches exécutives respectives, le gouvernement écossais (Scottish Government), le gouvernement gallois (Welsh Government) et à l'exécutif nord-irlandais (Northern Ireland Executive).
De l’acte d’Union du 18e siècle, l’Écosse avait gardé un certain nombre d’institutions étatiques qui lui étaient propres, malgré la centralisation de l’État britannique, en particulier ses systèmes juridique et éducatif.
Mais ce qui avait été une concession aux classes privilégiées écossaises au 18e siècle était devenu à double tranchant. Par exemple, les officiers de justice écossais avaient sans doute un monopole sur leurs professions. Mais inversement, les différences importantes entre les systèmes juridiques écossais et anglais leur interdisaient d’exercer leur charge en Angleterre, or l’Écosse offrait bien moins de carrières que l’Angleterre. Qui plus est, du fait de la centralisation de l’État britannique, la plupart des hautes positions de l’appareil d’État étaient à Londres et beaucoup nécessitaient une formation anglaise, ce qui en excluait la plupart des candidats écossais. D’où le mécontentement des intéressés, que le déplacement à Édimbourg du secrétariat d’État aux Affaires écossaises ne suffit pas à calmer.
Après 1979, ces tensions furent aggravées par la récession qui toucha encore plus brutalement l’Écosse que l’Angleterre, y entraînant la disparition d’un cinquième des emplois en tout juste deux ans. L’effondrement des grandes industries écossaises, la concentration des nouvelles industries de services en Angleterre et la réduction des emplois publics privèrent une partie de la petite bourgeoisie écossaise de toute perspective de carrière.
Dans ce contexte, un Parlement écossais prenant en charge les fonctions du secrétariat d’État aux Affaires écossaises et disposant d’une certaine autonomie financière – c’est-à-dire la dévolution régionale – en vint à apparaître à nombre de ces petits-bourgeois comme la seule façon pour eux de retrouver leur statut social perdu.
Bien que d’abord limitée au milieu nationaliste et à une petite bourgeoisie frustrée, l’idée de la dévolution gagna des couches plus larges de l’électorat écossais, surtout parmi les classes populaires qui souffraient le plus de la politique du gouvernement conservateur de Londres. Car, entre 1979 et 1992, quatre élections parlementaires successives donnèrent une majorité conservatrice à Londres alors que les travaillistes l’emportaient en Écosse, de sorte que les classes populaires écossaises ne se sentirent plus représentées à Londres.
Quant au Parti travailliste, il avait lui aussi tout intérêt à une dévolution appuyée sur un Parlement dans lequel il pouvait espérer une majorité confortable. Après son retour au pouvoir, en 1997, il organisa donc des référendums sur la dévolution en Écosse et au pays de Galles. Pour éviter une répétition du fiasco de 1979, il supprima toute condition de quorum, et le Oui l’emporta dans les deux régions malgré un taux d’abstention dépassant les 40 %. Ce qui permit à Blair de se poser à la fois en champion de la démocratie régionale et en garant de l’unité du Royaume-Uni.
Néanmoins, en Écosse, le taux d’abstention de 42 % enregistré en 1999 lors des premières élections au Parlement régional (contre seulement 29 % lors des élections parlementaires de 1997) montra que l’électorat écossais n’était guère convaincu. Lors de ces élections, les travaillistes remportèrent 56 des 129 sièges, contre 35 pour le SNP, et durent former une coalition avec les Libéraux-Démocrates pour diriger la première administration écossaise. Et ce fut la même coalition, toujours sous direction travailliste, qui fut reconduite aux élections suivantes, en 2003. Comme chaque fois le SNP arriva en second derrière les travaillistes en termes de sièges, ce fut lui qui constitua, conformément aux pratiques en cours au Parlement de Londres, l’opposition officielle à l’exécutif régional écossais.
La manne de la dévolution
Légalement, l’administration écossaise n’avait aucun droit de regard sur certains domaines, en particulier la diplomatie, la défense et l’immigration. Mais elle était responsable d’autres : les services sociaux et la santé, l’administration territoriale, l’éducation et la formation, le logement et le transport, la justice et la police, l’agriculture et la pêche, les forêts et l’environnement, les arts et... la création d’emplois. Ses dépenses publiques étaient financées par une enveloppe annuelle calculée au moyen d’une méthode des plus opaques – la formule de Barnett – dont le seul objectif était de répercuter en Écosse les variations de budget décidées à Londres pour l’Angleterre, sans tenir aucun compte des besoins réels.
Bien qu’insuffisante par rapport aux besoins réels, cette enveloppe, dont le montant est passé de 34 milliards d’euros à 46 milliards d’euros en 2014, était une véritable manne pour des politiciens en mal de pouvoir, d’autant qu’ils pouvaient en moduler l’utilisation, quitte à déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Très vite le Parlement et l’administration écossais se mirent à présenter les mêmes traits de parasitisme corrompu que les institutions de Londres. Une série de scandales éclatèrent, dans lesquels furent compromis à peu près tous les partis, mais plus spécifiquement le Parti travailliste, sans doute parce qu’ayant plus de pouvoir que les autres il avait la possibilité de se créer plus d’occasions lucratives. C’est ainsi qu’alors que la première décision des députés écossais avait été de précéder chacune de leurs sessions d’une séance de prières (pour avoir l’air vertueux, sans doute), la seconde fut de s’attribuer des frais de résidence (en plus de leurs frais administratifs) pouvant atteindre un quart de leurs confortables salaires. Et les années suivantes virent de nombreux scandales, similaires à ceux du Parlement du Londres, révélant que de nombreux députés écossais se servaient de cet argent pour se livrer à une spéculation immobilière des plus profitables.
Un autre scandale fut celui du nouveau siège du Parlement écossais, près du château de Holyrood, dans le centre d’Édimbourg, dont le coût final atteignit 861 % du budget qui lui avait été alloué, ce qui lui valut le sobriquet populaire de « Follyrood » ! On ne sut jamais qui s’était rempli les poches au passage, mais l’idée que c’était des membres haut placés du Parlement fut largement évoquée.
Les pratiques de lobbying si communes au Parlement de Londres, bien que totalement illégales, apparurent très vite à Édimbourg. Un scandale éclata par exemple autour du rôle joué par la firme de relations publiques Beattie Media. On apprit que Jack McConnell, ministre des Finances écossais et ancien leader du Parti travailliste en Ecosse, ainsi que son assistante parlementaire étaient d’anciens employés de cette firme, laquelle employait toujours les rejetons de deux politiciens travaillistes écossais devenus ministres à Londres. Mais ce scandale n’empêcha pas McDonnell de diriger l’exécutif écossais entre 2001 et 2007, ni Beattie Media de remporter de gros contrats médiatiques avec l’administration écossaise.
En matière de « création d’emplois », qui était de sa responsabilité, le Parlement écossais fit très fort – mais d’une façon bien particulière. Entre 1999 et 2007, le nombre des fonctionnaires écossais passa de 45 à 60 000. Sur ces 15 000 postes nouveaux, certains fournirent sans doute un salaire et un travail utile à des chômeurs. Mais, par exemple, on ne pouvait que se demander à quoi pouvaient servir les 4 500 postes censés pourvoir aux seuls besoins de la vingtaine de membres de l’exécutif écossais. De même pour la centaine d’agences publiques créées entre 1999 et 2007. Leur rôle exact était souvent obscur, mais toutes employaient nombre de directeurs, de conseillers juridiques et financiers et d’experts techniques. En fait, un grand nombre de ces créations d’emplois n’eurent d’autre but que de fournir des sinécures bien payées à tout un milieu qui n’avait rien de défavorisé et à la clientèle des partis au pouvoir.
Bref, ceux qui avaient espéré que le climat écossais pourrait nettoyer le parlementarisme bourgeois de la corruption et du clientélisme de Londres ne tardèrent pas à déchanter.
Au service du patronat, comme à Londres
Le Parlement écossais pouvait faire varier le taux des impôts sur le revenu de 3 % en moins ou en plus par rapport à l’Angleterre. Mais en fait il ne s’en est jamais servi jusqu’à ce jour – pas même pour diminuer les impôts des contribuables les plus modestes, ni pour augmenter ceux des contribuables les plus riches. En revanche, Blair avait pris soin de ne lui laisser aucun pouvoir susceptible d’affecter les intérêts des entreprises. En particulier, il n’avait aucun pouvoir sur l’impôt sur les bénéfices, les plus-values financières ou les héritages, ni sur les taxes à la consommation, l’indemnisation du chômage, les minima sociaux ou les allocations sociales.
Mais les politiciens écossais se montrèrent tout aussi respectueux des intérêts de la bourgeoisie que ceux de Londres. Pour commencer, tout un monde de consultants issus des sphères dirigeantes des grandes entreprises furent engagés à prix d’or. Ce fut le cas par exemple de sir John Ward, ancien président du Medef écossais et PDG de deux importants établissements financiers, qui fut nommé, à raison d’une journée et demie de présence par semaine, au poste de président de Scottish Enterprise, une agence chargée de distribuer un gros budget aux entreprises – qui mieux qu’un patron pouvait se montrer expert dans l’art de distribuer des subventions au patronat ?
Durant cette période 1999-2007, l’essentiel des mesures en faveur du patronat introduites par le gouvernement Blair en Angleterre le furent également en Écosse. En particulier on y vit, comme en Angleterre, la privatisation systématique de fonctions relevant jusque-là des services publics, par le biais de contrats de sous-traitance passés avec des entreprises privées, opérations qui se traduisaient invariablement par une dégradation du service public et plus encore par une dégradation des conditions de travail et de salaire des travailleurs concernés. Comme en Angleterre, on assista au transfert de toute une partie des budgets publics vers les coffres des grandes entreprises, par le jeu des partenariats public-privé, par exemple dans le domaine des hôpitaux ou de l’entretien et de la gestion financière des cités HLM des grandes villes.
Il en alla de même des mesures anti-ouvrières introduites par Blair, en particulier celles prises à l’encontre des chômeurs. Se réfugiant derrière le fait qu’il n’avait aucun pouvoir dans ce domaine, l’exécutif et le Parlement écossais se contentèrent d’appliquer toutes ces mesures avec zèle et sans la moindre protestation.
Il n’y eut que deux domaines où le Parlement d’Édimbourg chercha réellement à se distinguer de celui de Londres. Il le fit dans le domaine linguistique d’abord, en faisant apparaître des bribes d’une langue gaélique que quasiment personne ne comprenait plus en Écosse, dans les titres de ses publications. Et, sur un terrain qui aurait pu être moins symbolique, il prit quelques mesures concernant les soins à la personne, pour les personnes âgées et lourdement handicapées – puisqu’il s’agissait justement d’un domaine où il avait tout pouvoir. Au moment où, en Angleterre, Blair retirait ces soins du domaine de la santé publique pour les rendre payants, le Parlement écossais les rendait gratuits pour les plus de 64 ans, dès lors qu’ils étaient reconnus médicalement justifiés. C’était un progrès, à ceci près qu’aucun financement ne fut débloqué pour le mettre en œuvre. Faute de personnel et de moyens matériels, des queues interminables se formèrent, d’abord pour passer le test pour la gratuité, et ensuite, une fois le test validé, pour que les soins eux-mêmes soient mis en place. En fait, des milliers de personnes âgées n’eurent jamais les soins dont elles auraient eu besoin, parce que la machine administrative dont dépendait la gratuité de ces soins était tout simplement bloquée.
Les nationalistes au pouvoir
En 2007, les déceptions suscitées tant par les institutions écossaises que par la politique des travaillistes à Édimbourg et à Londres (en particulier la guerre d’Irak) entraînèrent un renversement de majorité au Parlement d’Édimbourg. Les trois grands partis perdirent un total de 6 sièges, dont 4 pour le Parti travailliste, mais le SNP nationaliste en gagna 20, raflant pratiquement tous les sièges précédemment obtenus par les petites listes, depuis ceux des Verts, jusqu’à ceux de l’extrême gauche. Il devint le plus grand parti au Parlement, de peu, car il n’avait que 47 sièges contre 46 pour les travaillistes. Mais cela suffit pour que le SNP se trouve à même de prendre la direction des affaires, à la tête d’un gouvernement minoritaire.
Pour arriver à ce résultat, il avait néanmoins fallu que le SNP subisse un ravalement de façade. Après l’élection à sa tête d’Alex Salmond, un vétéran de son aile gauche, en 2004, le langage du SNP s’était gauchi, afin de le faire apparaître comme à la gauche du Parti travailliste. Il est vrai que ce n’était pas très difficile tant le cours de Tony Blair avait viré à droite. Face à un Parti travailliste qui, à Londres, bradait les services publics à tour de bras et s’attaquait sans vergogne à la protection sociale, le SNP apparut à bien des électeurs écossais comme incarnant le travaillisme traditionnel que Blair avait, à leurs yeux, trahi. Par ailleurs, en adoptant une posture d’opposition à l’occupation de l’Irak – sans jamais rien faire contre néanmoins – Salmond put capitaliser l’hostilité d’une grande partie de l’électorat à cette guerre, tant à gauche qu’à droite.
Une fois au pouvoir, le SNP se trouva très rapidement confronté à la crise financière, qui toucha la Grande-Bretagne dès 2007. Sa politique ne fut pas différente de celle du gouvernement travailliste de Gordon Brown à Londres. Il contribua sans rechigner au sauvetage des banques, d’autant que deux des plus grandes banques britanniques, RBS et HBOS, étaient basées en Écosse. Il multiplia les subsides au patronat, par le biais de Scottish Enterprise auquel, miraculeusement, les restrictions budgétaires ne s’appliquèrent pas. Et, tout comme Londres, il sabra dans les services publics et les budgets sociaux.
Mais le SNP n’en chercha pas moins à consolider sa popularité par quelques mesures phares mais peu coûteuses. La première, en 2007, visa avant tout son électorat petit-bourgeois. Il rendit gratuites les études universitaires pour les étudiants écossais faisant leurs études en Écosse, supprimant ainsi les frais de scolarité léonins introduits par Blair en 1998. Cela créa une situation ubuesque, car les étudiants anglais en Écosse durent continuer à payer les mêmes frais de scolarité qu’ils auraient payés en Angleterre, alors que, pour respecter les règles de l’Union européenne, ceux des autres pays de l’Union purent faire leurs études gratuitement en Écosse !
Mais surtout la mesure la plus marquante, durant ce premier terme du SNP, fut la réintroduction de la gratuité des médicaments pour tous, gratuité qui avait été supprimée quatre ans après son introduction par les travaillistes, en 1948, alors qu’en Angleterre la plupart des adultes ayant un emploi devaient payer une somme forfaitaire pour chaque médicament prescrit (aujourd’hui environ 10 euros). Le SNP renforça ainsi auprès de l’électorat populaire le sentiment qu’il incarnait désormais les valeurs du travaillisme traditionnel, avec lesquelles Blair avait rompu en se faisant le champion des marchés au nom d’un « nouveau travaillisme ».
Cette dernière mesure ayant été adoptée tout juste un mois avant les élections écossaises de mai 2011, les arrière-pensées du SNP étaient évidentes. Néanmoins, cette démagogie grossière permit au SNP d’augmenter son score d’un tiers et le nombre de ses sièges de moitié, et ceci en grande partie grâce au discrédit de la coalition conservateurs-libéraux-démocrates qui était arrivée au pouvoir à Londres l’année précédente. Car ces élections furent moins un raz-de-marée nationaliste qu’un vote sanction contre les partis de cette coalition, qui perdirent la moitié de leurs sièges. Dans les zones rurales du nord de l’Écosse, le SNP prit la place des Libéraux-Démocrates qui les avaient dominées jusque-là. Quant au Parti travailliste, ses pertes furent moindres. Mais dans l’agglomération ouvrière de Glasgow, considérée jusque-là comme une forteresse imprenable des travaillistes, le SNP réussit à les battre en voix, arrivant à égalité en sièges. Au bilan, le SNP se retrouva avec une majorité absolue des sièges au Parlement d’Édimbourg et les mains libres pour mettre en œuvre sa politique.
Le beurre et l'argent du beurre
Ayant promis un référendum sur l’indépendance au cours de sa campagne électorale, la victoire du SNP exigeait qu’il passe à l’acte. Des négociations furent donc engagées avec le gouvernement Cameron et, finalement, les législations nécessaires pour assurer sa tenue furent passées simultanément par les Parlements de Londres et d’Édimbourg, fixant sa date à septembre 2014.
Mais ces négociations furent marquées par une valse-hésitation de la part du SNP qui ne manqua pas d’ironie. Au cours de ses marchandages avec le gouvernement de Londres, il apparut qu’après tout le SNP ne tenait pas tant que cela à l’indépendance et que ses préoccupations étaient finalement bien plus terre à terre que le laissaient entendre ses grandes envolées nationalistes.
Ainsi chercha-t-il à obtenir qu’au lieu d’un vote pour ou contre l’indépendance le référendum offre une troisième option, surnommée Devo-Max, qui poussait la dévolution jusqu’aux confins du fédéralisme. Dans cette configuration, les autorités d’Édimbourg auraient été entièrement responsables des finances écossaises. Elles auraient fixé et collecté les impôts directs et indirects, auraient emprunté auprès des banques et des marchés financiers sans avoir à rendre de comptes à Londres, tout en versant au gouvernement central une contribution aux dépenses de fonctionnement générales de la Grande-Bretagne. La défense et les affaires étrangères auraient été les seuls domaines où Londres aurait conservé ses prérogatives. Du coup, les nationalistes auraient eu le beurre et l’argent du beurre : la gestion financière complète et sans restriction de tout un appareil d’État, avec tous les avantages matériels qui s’y attachent pour ceux qui en sont responsables, tout en conservant la sécurité financière que peut offrir le fait de faire partie intégrante d’une entité économique aussi riche que la Grande-Bretagne.
Mais il n’était pas question pour Cameron de faire la moindre concession au SNP sur ce terrain. Non seulement, il ne voulait pas d’une Devo-Max qui n’aurait pu que susciter encore plus de doutes sur les marchés financiers quant à la santé déjà plus que précaire des finances publiques britanniques. Mais en plus, en prévision des élections parlementaires de mai 2015, Cameron avait à tout prix besoin d’une victoire pour redorer un blason pour le moins terni par sa politique d’austérité. Or, si les sondages indiquaient quelque chose à ce stade, c’était que la seule option qui semblait susceptible de recueillir une majorité dans l’électorat était justement la Devo-Max.
Le SNP s’accrocha autant qu’il le put à sa proposition, mais en vain. La réalité était que Cameron était seul maître du jeu, ne serait-ce que parce que, sans l’accord de Londres, le référendum ne pouvait tout simplement pas avoir lieu. Donc, après plus d’un an d’une négociation marathon, l’accord final en revint à la seule question : « Êtes-vous favorable à l’indépendance de l’Écosse ? » La seule concession que Cameron consentit à faire au SNP fut d’abaisser le droit de vote à 16 ans – une première dans les annales britanniques, sur laquelle les leaders du SNP comptaient semble-t-il beaucoup pour renforcer leur campagne.
Sur le terrain du capitalisme
Dans un premier temps, le SNP centra sa campagne pour le référendum autour de ses thèmes traditionnels. Le pétrole de la mer du Nord (« notre pétrole ») fut de nouveau appelé à la rescousse pour accréditer l’idée que la population écossaise était indûment exploitée par Londres et que l’indépendance lui assurerait un niveau de vie sans commune mesure avec sa situation présente. Comme la crédibilité de cet argument était quelque peu usée par l’épuisement des gisements de la mer du Nord, le SNP produisit des études officielles qui étaient censées démontrer que des réserves pétrolières plus importantes encore restaient à exploiter au large des côtes écossaises.
Les nationalistes firent miroiter tous les bienfaits qui pourraient résulter de cette manne dans une Écosse indépendante qui pourrait en disposer à sa guise. Ils proposèrent la mise en place d’un fonds souverain alimenté par les recettes pétrolières, à l’instar de ceux du Koweït ou de Norvège, qui garantirait que l’éducation et la protection sociale restent publiques, gratuites et universelles, en étant protégées contre les soubresauts de l’économie et les mesures d’austérité et de privatisation des politiciens, contrairement à ce qui s’était passé en Angleterre, en particulier depuis de début de la crise.
Mais, bien sûr, il n’était pas question pour le SNP de pointer le doigt sur les véritables responsables de la crise. Si sa démagogie s’adressait en partie à l’électorat populaire, la politique qu’il proposait s’adressait avant tout au capital – écossais ou pas. Ses mirages pétroliers passaient allégrement sous silence le fait que c’était les multinationales du pétrole, et non la population anglaise, qui avaient empoché les profits des gisements de la mer du Nord et que l’indépendance de l’Écosse n’y changerait rien. Lorsqu’il se faisait fort d’utiliser la manne pétrolière pour attirer les investisseurs en Écosse, redonner vie à son industrie dévastée par les crises successives et ramener le plein emploi, il se gardait bien de mettre en accusation les puissants groupes industriels qui avaient licencié à tour de bras en Écosse, tout comme ils l’avaient fait dans toute l’Angleterre, ni de préciser que, pour attirer ces fameux investisseurs, il faudrait que la classe ouvrière écossaise se rende suffisamment « attractive », c’est-à-dire prête à accepter une aggravation de son exploitation.
Mais, dans ce rôle de champions respectueux des intérêts du capital, les nationalistes ne pouvaient guère l’emporter – en tout cas pas aux yeux des capitalistes. Il est vrai que ceux-ci ne s’inquiétaient pas forcément outre mesure de ce qui allait advenir après le référendum. Un haut dirigeant de HSBC, la plus grande banque britannique, expliquait par exemple, dans une interview au quotidien financier Financial Times, que les banquiers avaient toujours pu compter sur le zèle des États à se mettre d’accord entre eux afin de faciliter les transactions entre grands groupes financiers et qu’il n’y avait pas de raison qu’il en soit autrement en cas de victoire du Oui.
Certains, comme Jim Ratcliffe, principal actionnaire de l’un des dix plus gros groupes pétrochimiques mondiaux, Ineos, dont la notoriété en tant que patron de combat n’était plus à faire, y allèrent même de leur couplet, vantant les avantages d’un « petit État » dont les dirigeants seraient bien plus accessibles aux entreprises. Il est vrai que cela pouvait se comprendre pour un groupe comme Ineos, pour qui les frontières importent peu. N’a-t-il pas son siège social en Angleterre, son siège fiscal en Suisse et ses unités de production dans une demi-douzaine de pays aux quatre coins de la planète ? Quant à l’accessibilité des dirigeants écossais pour quelqu’un comme Ratcliffe, elle s’expliquait mieux quand on savait que le chiffre d’affaires d’Ineos était du même ordre de grandeur que le budget du gouvernement écossais !
Mais sur ce terrain, face au SNP, les grands partis londoniens qui s’étaient regroupés autour de la campagne Better together (Mieux ensemble) pour le Non avaient des arguments d’un tout autre poids : d’une part leur long et loyal passé au service du capital et d’autre part le poids économique de l’État britannique, avec tout ce qu’il peut apporter en subventions et autres garanties financières aux entreprises, petites et grandes. De sorte que Cameron, appuyé de tout son poids par le leader travailliste Ed Miliband, n’eut aucun mal à donner le ton dans cette campagne.
Et ils firent donner la grosse artillerie. La presse des milieux d’affaires se fit un plaisir de publier des pages entières de publicité pour le Non où figuraient les signatures des PDG des plus gros groupes britanniques. RBS (Royal Bank of Scotland) et la banque Lloyds, qui sont toutes deux enregistrées en Écosse et dont l’État britannique est le principal actionnaire depuis le sauvetage bancaire de 2008, firent savoir obligeamment qu’en cas de victoire du Oui, elles déplaceraient le centre de gravité de leurs activités à Londres. Le géant privé de l’assurance et des placements financiers Standard Life, dont le siège est à Édimbourg, ne tarda pas à suivre le mouvement. Les groupes de métallurgie et d’armement BAE et Babcock, deux gros sous-traitants de la marine de guerre britannique qui emploient directement ou indirectement des dizaines de milliers de salariés en Écosse, laissèrent entendre qu’ils pourraient avoir à relocaliser leurs activités en Angleterre.
Le chantage comme argument politique
En fait, l’un des principaux axes de la campagne du Non se résuma à un chantage sur les nombreux cataclysmes qu’une victoire du Oui ne manquerait pas d’entraîner.
La fuite catastrophique des emplois hors d’Écosse, qui ne manquerait pas de se produire selon Cameron et ses alliés, en fut l’un des exemples. Mais il y en eut bien d’autres.
Il y eut par exemple la polémique autour de la monnaie, dans laquelle les grands partis réussirent sans grand mal à faire perdre au SNP un peu de son crédit. La question était de savoir quelle serait la monnaie d’une Écosse indépendante. Les nationalistes proposaient une solution qui n’était pourtant pas très populaire dans les milieux nationalistes – celle de conserver la livre britannique dans le cadre d’une union monétaire avec l’Angleterre. Ce à quoi Cameron rétorqua que c’était hors de question, dans la mesure où Londres n’aurait plus les moyens de contrôler les dépenses du nouvel État et donc d’assurer la stabilité de la livre. Et il souligna que l’introduction d’une nouvelle monnaie écossaise rendrait très difficile au nouvel État d’emprunter sur les marchés financiers sans avoir à payer des intérêts exorbitants.
Le SNP chercha alors à se tirer d’affaire en rappelant que son intention était de demander immédiatement son adhésion à l’Union européenne et que, faute d’une union monétaire autour de la livre, l’Écosse pourrait toujours intégrer la zone euro. Mais Cameron eut beau jeu de lui rappeler que, même en admettant que les demandes de l’Écosse soient agréées par l’Union européenne et la zone euro, ce qui n’était pas du tout certain – surtout si Londres s’y opposait, mais cela, il le laissa entendre sans jamais le dire explicitement – tout cela prendrait des années et qu’entre-temps l’Écosse risquait de connaître une dure période de vaches maigres.
Puis vint une autre polémique, cette fois sur la répartition des dettes de la Grande-Bretagne en cas d’indépendance. Les nationalistes du SNP avaient toujours mis un point d’honneur à démontrer leur responsabilité vis-à-vis des intérêts de la grande finance, en affirmant leur détermination à assumer la responsabilité d’une partie des dettes britanniques, en proportion de la taille de la population écossaise. Moyennant quoi Cameron prit le SNP à sa propre démagogie, en argumentant que la seule façon équitable de partager les dettes était de le faire en proportion du PIB de chacun. Et comme, grâce au pétrole, l’Écosse avait (sur le papier en tout cas) un PIB par habitant bien supérieur à celui de l’Angleterre, elle devrait reprendre à son compte une part de la dette publique bien plus élevée que ne le disait le SNP, ce qui, d’après les calculs produits par les services officiels de Cameron, nécessiterait une hausse significative des impôts sur le revenu en Écosse. Il y avait là de quoi effrayer l’électorat petit-bourgeois, le gros de la base électorale du SNP, qui pouvait commencer à avoir des doutes sur les baisses d’impôts financées par le pétrole promises par le SNP.
Un nationalisme réactionnaire contre l’autre
Si les nationalistes du SNP n’avaient rien d’autre à vendre que des mirages, les partisans du Non n’avaient réellement aucun autre argument que celui de la peur.
Car, en dehors de leurs menaces apocalyptiques, qu’avaient-ils donc de positif à proposer aux électeurs ? Le maintien dans cette survivance d’un passé depuis longtemps révolu qu’est le Royaume-Uni, avec sa royauté d’un autre âge et ses institutions politiques et judiciaires qui ont à peine changé depuis le 18e siècle ? L’appartenance à une Grande-Bretagne qui continue à occuper l’Irlande du Nord contre la volonté d’une grande partie de sa population, empêchant ainsi sa réunification avec la République d’Irlande ? Une Grande-Bretagne qui, par ailleurs, continue à guerroyer pour le compte d’une poignée de multinationales aux quatre coins de la planète, semant la terreur et la mort parmi les populations des pays pauvres ?
Et que dire des partisans du Non ? Un Cameron qui menace les Écossais des pires conséquences s’ils choisissaient de rompre l’Union avec l’Angleterre, mais qui n’hésite pas lui-même à agiter la menace du retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, sous prétexte de protéger le pays contre la menace d’une invasion de travailleurs immigrés européens, mais en réalité pour protéger les profits des banquiers de Londres et permettre au patronat britannique de pratiquer le dumping social contre ses concurrents européens. Ou un Miliband dont le Parti travailliste a donné son soutien, voire présidé à toutes les aventures militaires de l’impérialisme britannique, de la guerre de 14-18 à l’invasion et aux bombardements de l’Irak, en passant par d’innombrables expéditions coloniales et par l’Irlande du Nord. Ce même parti qui a orchestré le sauvetage des banques en 2008, et préparé le terrain aux années d’austérité et de recul de ses conditions de vie que la classe ouvrière a subies depuis.
Mais en face, les mirages du SNP n’étaient pas seulement illusoires, ils étaient réactionnaires. Ajouter une frontière de plus aux innombrables reliques artificielles qui divisent le monde et en particulier l’Europe, qui sont sources d’autant de tensions et ne font que contribuer à alimenter l’irrationalité du fonctionnement du système capitaliste, ne pouvait être qu’un pas en arrière. Ce ne pouvait être qu’un développement réactionnaire, comme l’a parfaitement illustré la détermination affichée par le SNP de constituer sa propre armée en Écosse et d’obtenir son adhésion à l’OTAN. Qui plus est, cela aurait constitué un développement réactionnaire pour les quelque 800 000 travailleurs écossais qui vivent en Angleterre et seraient devenus des immigrés, du jour au lendemain, dans leur propre pays. Quant aux travailleurs d’Écosse, ils auraient vite eu à faire face au chantage à l’investissement étranger, et aux pressions pour accepter de se rendre plus compétitifs afin d’attirer les investisseurs. Eux aussi auraient payé la note pour permettre à une maigre couche de notables et de politiciens de s’asseoir à la mangeoire d’un appareil d’État à eux.33
La victoire du « non »
L’establishment britannique, le roi et les partis du régime en Espagne, les gouvernements de l’Union européenne, Obama et les responsables de l’OTAN ont poussé un immense soupir de soulagement : finalement, seuls 1,6 million de votants sur un total de 3,6 millions (pour 5,3 millions d’habitants) se sont prononcés pour l’indépendance lors du référendum écossais du 18 septembre 2014.
Malgré la poussé du « oui » au cours des dernières semaines, les réflexes de peur l’ont emporté, alimentés par la formidable propagande des partis institutionnels, des médias et du grand patronat britanniques. C’est ainsi que les grands groupes industriels et financiers ayant leur siège en Écosse, tels la Royal Bank of Scotland (deuxième banque de Grande-Bretagne et d’Europe jusqu’à la crise de 2008 et son sauvetage sur fonds publics), avaient annoncé qu’ils se délocaliseraient en Angleterre si jamais le « oui » l’emportait.
Tout indique cependant que ce vote sera loin de décourager les partisans de l’indépendance. Un indice en est les demandes d’adhésion spontanées reçues, dans les quelques jours ayant suivi le référendum perdu, par les trois principales formations politiques du camp indépendantiste. Le SNP en aurait reçu 40 000. Pour les Verts (les Greens britanniques sont bien plus à gauche que leurs homologues européens, et c’est encore plus vrai en Ecosse), le chiffre annoncé est de 5000. Et il est de 2500 pour le SSP, Scottish Socialist Party, l’organisation anticapitaliste qui avait déjà recruté plusieurs centaines de nouveaux membres durant la campagne et connaît un véritable renouveau, après la grave crise qu’elle avait traversée depuis 2006.
La grande mobilisation populaire de terrain, menée principalement à travers la Radical Independence Campaign (RIC), une coalition militante large soutenue par le SSP, les Verts, la gauche travailliste et de petits groupes d’extrême gauche, devrait également laisser plus que des traces. La RIC entend en tout cas poursuivre ses activités et annonce dès à présent de nouvelles initiatives.
Un vote ouvrier et jeune
La campagne l’avait mis en évidence, les enquêtes sortie des urnes l’ont confirmé : le « oui » a obtenu ses meilleurs scores chez les jeunes, les ouvriers et les chômeurs. 71 % des 16-17 ans, pour la première fois autorisés à voter, se sont prononcés en faveur de l’indépendance. Et celle-ci a été majoritaire dans les deux bastions de la classe ouvrière que sont Glasgow et Dundee (également les régions les plus pauvres, où le nombre des chômeurs est le plus élevé et l’espérance de vie la plus faible).
Le lien entre question nationale et question sociale apparaît ainsi évident – quand bien même il s’est trouvé aussi de nombreux travailleurs, notamment ceux encore influencés par le Labour (travaillistes), pour voter « non » par crainte pour leur salaire, leur emploi ou leur retraite.
Le fait de savoir si, depuis l’Acte d’Union de 1707, la nation écossaise (officiellement constitutive du Royaume-Uni comme le sont aussi l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord) a subi ou non une oppression nationale dans le cadre de l’Etat britannique, est controversé y compris au sein de la gauche radicale : oui, dit le SSP, fondé en 1998 sur l’objectif central d’une « République socialiste écossaise » ; non, estiment d’autres marxistes, tel l’universitaire et historien Neil Davidson, qui a pourtant pris position en faveur de l’indépendance.
Mais ce n’est pas, de toute façon, le plus important. Car la spectaculaire résurgence du séparatisme écossais, resté longtemps très minoritaire, obéit à d’autres raisons.
Des ressorts politiques
Ces causes sont avant tout politiques. L’Écosse est une terre de gauche qui, jusque récemment, votait massivement pour le Labour. Elle s’est sentie agressée, dépossédée, violée par les politiques imposées depuis Londres, sans discontinuité à partir de l’accession au pouvoir de Margaret Thatcher, en 1979. C’est en Écosse que les manifestations et le mouvement de désobéissance civique contre la poll tax, l’impôt forfaitaire par tête que Thatcher tenta d’instaurer en 1989 (sans succès, ce qui contribua à forcer sa démission), avaient débuté et été les plus puissantes.
Majoritairement opposée aux privatisations et aux coupes dans les budgets sociaux, la population constate que ces politiques décidées ailleurs – au parlement de Westminster – échappent totalement à son pouvoir de décision et de contrôle : d’où le très fort développement de l’aspiration à l’autogouvernement, ainsi que le lien établi entre la nécessité de « chasser les tories » (conservateurs) et l’obtention de l’indépendance.
Au rejet des politiques néolibérales s’ajoute une autre dimension : le refus des guerres menées en Afghanistan et en Irak, plus généralement celui de la politique impérialiste de l’État britannique. Cette opposition s’est concentrée sur l’exigence de la fermeture de la base navale de Faslane, dans l’estuaire de la Clyde. Faslane abrite les sous-marins lanceurs de missiles Trident, qui constituent la force de dissuasion nucléaire de l’Etat britannique (elle héberge aussi une unité de l’OTAN spécialisée dans le sauvetage sous-marin). En lien avec les aspirations écologiques, le mot d’ordre « pour une Écosse sans nucléaire » n’a cessé de gagner du terrain.
Le jeu habile du SNP
Pour s’imposer à la tête du gouvernement autonome écossais, avec une majorité de députés relative en 2007 puis absolue à partir de 2011, le SNP a choisi d’épouser en partie ces aspirations populaires. Sa politique sociale le fait apparaître, sans trop de difficultés, comme nettement plus à gauche que le « nouveau » Labour. De fait, il a repris de larges pans de ce qu’était son programme avant Tony Blair. Dans les domaines de compétence de son gouvernement, le SNP mène une politique qui est libérale au plan économique, mais comporte un véritable volet social.
Et cela se voit. Aujourd’hui en Écosse, au contraire de la situation dans le reste du Royaume-Uni, les études universitaires, les cantines scolaires, les soins aux personnes âgées sont gratuits. Les patients n’ont pas à acquitter de ticket modérateur (prescription charge) sur les ordonnances médicales. L’enseignement public a été préservé, la gestion de l’eau et le traitement des déchets restent eux aussi publics. La bedroom tax, un nouvel impôt britannique touchant ceux des foyers, bénéficiaires de l’aide sociale (donc les plus pauvres), qui disposent chez eux d’une chambre à coucher non occupée en permanence, a été neutralisée suite à une décision du parlement écossais.
Le SNP s’engageait également, si l’indépendance était votée, à fermer la base de Faslane – posant ainsi un très gros problème au gouvernement britannique, qui ne dispose d’aucun autre site aménagé pour recevoir ses sous-marins nucléaires et voyait ainsi menacé son statut de puissance disposant d’un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU.
Certes, dans le même temps, le SNP proposait qu’une Écosse indépendante garde la reine, la livre sterling et reste dans l’OTAN. Tout en se livrant à un discours assez démagogique, sur le fait que les acquis sociaux distinguant l’Écosse pourraient être garantis et même étendus, à la condition que l’on reprenne le contrôle de « notre » pétrole et « notre » gaz, aujourd’hui indûment accaparés par les financiers de la City. Mais après tout, on parle ici d’un parti qui est bourgeois et pro-capitaliste, qu’à ce titre il convient de combattre, et l’on sait par ailleurs qu’une indépendance véritable ne pourra être que socialiste.
Pour autant, décrire la bataille du référendum comme ayant opposé fondamentalement deux classes bourgeoises – l’écossaise et l’anglaise – également prédatrices et dominatrices ne correspond pas à la réalité. Comme l’indique Neil Davidson, « il y a eu à Glasgow une grande bourgeoisie, propriétaire des chantiers navals et de l’industrie lourde qui avaient fait sa gloire impériale. Mais tout cela a entièrement disparu. Ils ont vendu et sont partis. L’industrie écossaise appartient aujourd’hui à un petit groupe de multinationales, états-uniennes, japonaises ou britanniques, dont les propriétaires vivent à Londres, New York ou ailleurs (…) Il y a une classe écossaise de capitalistes petits et moyens. Elle soutient le SNP et l’indépendance. »
Une caractéristique particulière
La dénonciation abstraite du « nationalisme », qui serait très mauvais parce que seul l’internationalisme est bon, n’est pas plus pertinente. En ces temps tourmentés où, dans la plupart des pays, le terme est synonyme d’égoïsme, d’exclusion voire de haine, le nationalisme écossais a en effet une caractéristique très particulière : il est inclusif, ouvert et fraternel aux étrangers. Le discours hégémonique – et repris par le gouvernement du SNP – est : si vous voulez construire ce pays avec nous, bienvenue.
Le vote du 18 septembre était ainsi ouvert aux ressortissants de tous les pays de l’Union européenne et du Commonwealth, soit l’immense majorité des non britanniques résidant en Écosse. La campagne du « oui » comptait dans ses rangs un
« Collectif des Anglais pour l’indépendance écossaise ». Plus généralement les réfugiés, principalement originaires d’Asie (et, dans ce cadre, d’Etats membres du Commonwealth), sont infiniment mieux traités au nord qu’au sud de la frontière.34
Désormais, les préoccupations qui ont été exprimées pendant la campagne au sujet de la pauvreté, la justice sociale, la santé ou la guerre, portées en partie par le Parti national écossais (SNP), mais surtout par des militantEs de la Radical Independence Campaign et des groupes qui ont émergé, comme les « Femmes » ou les « Asiatiques écossais pour l’indépendance », ne sont pas prêtes de disparaître.35
Sources